Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 41 :: Chapitre 41

Publiée: 11-04-20 - Mise à jour: 11-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Nous arrivons à la première confrontation mari/femme. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

Chapitre 41  

 

Le silence régnait dans la pièce, seulement brisé par le babillage de Kei qui jouait dans le lit pliant à côté du divan. Toute la bande était réunie : les trois couples, Eriko, le Professeur, Saeko et Reika. Sayuri était même arrivée en début d’après-midi, impatiente de revoir sa jeune sœur. Elle avait profité du battage autour de l’affaire James, des soupçons de blanchiment d’argent qui pesaient sur lui ainsi que de la plainte déposée par sa femme au Japon puis aux Etats-Unis pour demander à son patron de l’envoyer au pays. Après tout, elle avait déjà fait un article sur lui et couvert le mariage…  

 

- Ca a l’air d’aller., pipa Miki, mal à l’aise.  

 

Les autres la regardèrent en grimaçant. Ils n’avaient peut-être pas tous les détails de l’histoire mais revoir Kaori enceinte d’un autre, portant encore visiblement des marques de coups n’était pas vraiment l’image qu’ils se faisaient de quelqu’un qui « avait l’air d’aller ».  

 

- Ca va mieux., répondit Kaori, compatissante.  

 

Elle sentait le malaise de ses amis et n’en menait pas large non plus. Il n’y avait eu ni baiser ni embrassade. Chacun était entré calmement, se maîtrisant pour ne pas se jeter sur elle, et elle leur en était reconnaissante mais elle voyait bien que ça les perturbait, surtout Miki qui était de nature chaleureuse façon tactile et Mick qui avait plutôt l’habitude de lui sauter dessus. Il n’y avait qu’Umibozu qui semblait égal à lui-même et encore elle le sentait également sur la réserve. Elle sut alors, si elle en avait douté, que, si elle avait été personnellement touchée, ils l’avaient tous été également à leur manière.  

 

- Je n’ai pas envie de vous raconter tout ce qui s’est passé. C’est encore difficile pour moi. Peut-être qu’un jour, j’y arriverai mais pas aujourd’hui., leur dit-elle.  

- On comprend, Kaori., intervint Sayuri.  

 

Les deux sœurs se regardèrent un moment, affrontant cette réalité qui était qu’elles se revoyaient dans des circonstances plus agréables, que Kaori était maintenant en sécurité et que les choses allaient reprendre leur cours.  

 

- Je voulais juste vous remercier pour tout ce que vous avez fait, que ce soit pour moi ou Ryo. Je n’aurais pas tenu le coup sinon. Mick, si tu as Jack au téléphone, remercie-le de ma part. Il a été un précieux soutien. Merci de l’avoir placé sur ma route., lui dit-elle.  

- Je t’avais dit que je garderais un œil sur toi., éluda-t-il.  

- Je suis content que tu sois de retour et que Kei soit en pleine forme., ajouta-t-il.  

- Oui, c’était le plus important., pipa-t-elle, posant une main sur son ventre alors que le bébé bougeait, appuyant sur ses côtes.  

 

Elle ferma un instant les yeux, luttant contre la douleur et les émotions contradictoires qui l’assaillaient, et ne vit donc pas les regards surpris de ses amis auxquels Ryo lança un regard d’avertissement. Ils détournèrent alors les yeux au moment où elle les rouvrit.  

 

- Tu en es où de ta procédure de divorce ?, demanda Reika.  

 

Kaori la regarda, surprise de ne ressentir aucune jalousie ni aucun ressentiment mais un réel intérêt de sa part.  

 

- Nous avons vu l’avocat que nous a conseillé le juge. Je dois rencontrer David demain matin pour une tentative de conciliation et une confrontation sur les accusations de violence s’il refuse le divorce par consentement mutuel., répondit Kaori.  

- Aucune chance qu’il accepte., intervint Saeko, visiblement ennuyée.  

- Il a fait un scandale dans le commissariat parce qu’on ne vous retrouvait pas. Il a déposé plainte ce soir pour enlèvement sur Kei. Ca veut dire que, dès que tu arriveras au palais de justice demain, les policiers te tomberont dessus.  

 

Kaori jeta un regard inquiet vers Ryo. Elle ne supporterait jamais que d’autres hommes que lui la touchent tout comme elle ne supporterait pas d’aller en prison et que dire de Kei, sinon qu’elle refusait de le voir retourner entre les mains de David…  

 

- On va trouver une solution., la rassura Ryo.  

- Justement. Je peux vous proposer d’arrêter moi-même Kaori., commença-t-elle.  

 

Ce fut ainsi que Kaori arriva menottée et guidée par Saeko le lendemain au palais de justice comme l’avait précisé le mandat d’amener lancé par le juge Iwasaki. Saeko l’avait contacté juste après avoir quitté l’immeuble aux briques rouges et, toujours dans la logique qui l’avait guidé, il avait accepté ce stratagème pour moins traumatiser la jeune femme.  

 

- Mademoiselle Makimura ?, s’inquiéta son avocat.  

- Tout va bien, maître Yoshi. Enfin, ça pourrait être pire., relativisa-t-elle.  

- Votre ami ne pouvait pas être avec vous ?  

- Non, il s’occupe de Kei., répondit Kaori, rassurée de savoir son fils en sécurité.  

- Vous avez su que mon… mari a porté plainte pour enlèvement ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui mais ce matin. J’ai plaidé hier toute la journée. Je suis désolé de ne pas avoir pu faire plus., s’excusa-t-il.  

- Tout va bien. Le juge a été conciliant et m’a évité de passer par l’interrogatoire au commissariat de police., répliqua-t-elle.  

 

Elle entendit soudain des bruits de pas qu’elle connaissait bien dans le couloir et se tendit. Elle sentit son cœur s’accélérer et la panique monter. La main de Saeko se serra sur son poignet.  

 

- Reste calme. Il ne peut plus rien contre toi. Tu es rentrée, Kaori. Ryo a Kei. Tu es forte., lui murmura-t-elle à l’oreille.  

- Ma chérie, tu es là. Si tu savais comme je suis rassuré. Où est Kei ?, s’enquit David, feignant d’être soucieux.  

 

Il approcha d’elle et fit pour la prendre dans ses bras mais elle recula d’un pas avant que Saeko ne s’interpose.  

 

- Ne me touche pas., lui dit Kaori.  

- Monsieur James, veuillez rester à distance, je vous prie. Madame James est sous ma responsabilité et ne peut être approchée jusqu’à audition avec le juge., lui ordonna Saeko.  

- Mais c’est ma femme., objecta-t-il, contrarié.  

- Vous avez porté plainte contre elle pour enlèvement, Monsieur James., lui rappela-t-elle.  

- Je me suis peut-être un peu emporté., la contra-t-il.  

- Monsieur James, je vous conseillerai…, intervint celui qui devait lui servir d’avocat.  

- La ferme, vous !, le rabroua l’américain.  

 

Kaori pinça les lèvres de dégoût. Même si ce n’était pas son domaine de compétence, il se croyait plus fort.  

 

- Ma chérie, comment tu vas ? Comment va le bébé ? Tu as bonne mine., susurra-t-il.  

- J’espère que tu as eu longuement mal à la tête., gronda-t-elle.  

 

David serra les dents sous un accès de colère.  

 

- Où est Kei ?, lui demanda-t-il, un regard sévère posé sur elle.  

- Chez quelqu’un de confiance., répondit-elle, soutenant son regard.  

- Je suis heureux de te retrouver en tous cas. Donne-nous une deuxième chance. Tu auras tout ce que tu veux., lui promit-il.  

- J’ai ce que je veux. Tu peux garder ton fric. Je n’en veux pas. Je n’en ai jamais voulu., cracha-t-elle.  

 

L’américain serra les poings et faillit répondre mais il fut interrompu par l’arrivée du juge.  

 

- Entrez., les invita Tomo.  

 

Il plaça les deux avocats l’un à côté de l’autre et les époux à l’opposé, Saeko prenant place à côté de Kaori dans une posture neutre. Néanmoins, la nettoyeuse se sentait moins seule et elle appréciait ce soutien muet en l’absence de Ryo.  

 

- Bonjour à tous, maîtres., commença le juge.  

- Monsieur le Juge., répondirent-ils tous avec déférence.  

- Bon, nous allons procéder par étape et c’est un peu compliqué de définir l’ordre exact. Nous allons commencer par la plainte pour enlèvement que vous avez déposée hier, Monsieur James., fit-il, se tournant vers l’américain.  

- Monsieur le Juge, ce serait plutôt par la plainte pour violences conjugales qu’il faudrait commencer. Celle-ci a été déposée antérieurement., plaida son avocat.  

 

David lui fit signe de rester à sa place, mécontent.  

 

- J’étais anxieux de la santé de ma femme enceinte et de notre enfant. Je n’ai cherché qu’à accélérer les recherches de la police qui s’est montrée fort incompétente sur le sujet., dit-il d’un ton méprisant, coulant un regard noir vers Saeko qui le soutint sans faillir.  

- Vous voulez dire que votre plainte ne doit plus être ?, éclaircit Tomo.  

- Oui, tout à fait. Je souhaite d’ailleurs la retirer., les informa-t-il.  

 

Son avocat faillit objecter à nouveau mais un autre signe de David l’invita à se taire.  

 

- Très bien. Alors signez ici, je vous prie. La plainte est classée. Vous pouvez enlever les menottes de Madame., ordonna le juge.  

 

Saeko s’empressa de s’exécuter et retira les bracelets métalliques de Kaori avant de les ranger. La jeune femme respira un peu mieux. Elle avait craint toute la nuit que David ne se serve de sa plainte pour l’obliger à revenir. Elle ne comprenait pas son jeu mais ça lui allait très bien.  

 

- Continuons. Nous sommes donc également ici pour instruire l’affaire de violences conjugales, viols, viol sous influence, coups et blessures, tentatives de coups et blessures sur enfant, harcèlements moral et physique sur la personne de votre femme et de votre enfant.  

- Ma chérie, nous ne sommes peut-être pas obligés d’en passer par là. Sois raisonnable comme je viens de l’être, voyons., intervint David, se tournant vers sa femme.  

 

C’était donc cela qu’il visait en déposant plainte contre elle. Qu’elle retirerait la sienne quand il aurait retiré la sienne. Kaori serra les poings et redressa le menton mais ne lui répondit pas. Elle ne voulait pas se laisser porter par ses émotions et paraître instable. Elle devait se montrer forte pour Kei, pour Ryo et pour elle. Son vrai mari lui avait montré le chemin vers la personne qu’elle était. Elle devait continuer la route pour se retrouver. Elle devait se battre comme elle l’aurait fait avant, comme elle l’avait fait pendant tout son mariage même si elle avait eu l’impression d’avoir baissé les bras. C’était ce que Ryo lui avait répété, ce que ses amis lui avaient dit la veille avant de partir, ce que sa sœur lui avait confirmé. Elle n’avait pas abdiqué : elle avait choisi ses batailles pour les protéger. Elle pouvait être fière de ce qu’elle avait fait.  

 

- Kaori, dis quelque chose, chérie. N’oublie pas ce qui nous attend à Los Angeles., lui dit-il d’une voix posée où elle entendit cependant la menace gronder.  

- Il n’y a rien qui m’attend à Los Angeles., dit-elle simplement en soutenant son regard.  

- Rien, ni attaches sentimentales, ni photographies importantes. Plus rien., ajouta-t-elle.  

 

Elle vit son regard se teinter de surprise et un léger frémissement de sa lèvre. Etait-il inquiet ou fâché ? Elle n’aurait su le dire. En tout cas, il devait comprendre qu’il n’avait plus de prise sur elle, presque plus en fait, se corrigea-t-elle pensant à Kei et au bébé.  

 

- Madame James, maintenez-vous votre plainte ?, lui demanda le juge.  

- Oui.  

- J’ai reçu une demande de l’ambassade des Etats-Unis qui m’enjoint de les représenter au sujet de votre plainte déposée également aux Etats-Unis. La maintenez-vous également ?  

- Oui.  

- Kaori, réfléchis à ce que tu fais., gronda David.  

- Monsieur James, je vous prierai de ne pas vous adresser à votre femme de cette manière., le réprimanda Tomo.  

- C’est ma femme. Je lui parle comme je le souhaite. Vous n’avez pas le droit…, se fâcha-t-il.  

- Justement, j’ai le droit de vous demander de vous taire et de respecter la procédure. Vous êtes dans mon bureau, Monsieur James. Vous parlez comme vous le souhaitez à vos employés dans votre bureau mais vous ne faites pas la loi ici. Votre manière de vous comporter ne me plaît pas alors reprenez-vous ou je vous fais sortir !, le tança sévèrement le juge.  

 

David allait objecter quand son conseil posa une main sur son bras, lui faisant un signe négatif de la tête. Enervé, il dégagea son bras avec violence mais garda le silence.  

 

- Bien. Ceci étant dit, Madame James, je vais vous demander de nous expliquer les faits qui constituent l’objet de votre plainte. Prenez votre temps., l’invita-t-il.  

 

Kaori le regarda, prit une profonde inspiration, aussi profonde que la douleur de ses côtes le lui permettait et se lança dans l’explication. Elle relata toute l’histoire depuis le début et ne fut pas interrompue, David se calmant à chaque oeillade sévère du juge.  

 

- Je vous remercie. Cette audience va servir à la fois de confrontation et de témoignage. Je vais donc laisser la partie adverse vous interroger. Maître, je vous demanderai de rester correct vis-à-vis de Madame qui attend un enfant de votre client.  

- Oui, Monsieur le Juge. Vous dites, Madame James, avoir signé un contrat avec Monsieur. Cela signifie donc que vous étiez d’accord pour l’épouser., commença-t-il.  

- Non, je n’étais pas d’accord. Je n’ai pas eu le choix.  

- Pourtant, le contrat était assez « juteux » si je puis me permettre. Il assurait vos arrières et ceux de vos enfants jusqu’à la fin de vos jours, vous accordait une situation financière et sociale que vous n’auriez pu atteindre ici., compléta-t-il.  

- Il m’a achetée comme on achète une œuvre d’art. Je n’étais pas riche mais je vivais bien, entourée de personnes que j’aimais et qui m’aimaient. Je travaillais dur pour gagner ma vie et vivre correctement mais ça m’allait très bien. Quant à ma position sociale, si cela signifie être entourée de personnes hypocrites et méprisables, ça ne m’intéresse pas.  

- Vous ne vous êtes pourtant pas privée de vous afficher au bras de Monsieur James lors d’une soirée mondaine avant votre mariage, soirée dont vous avez tiré d’intéressants contacts., fit l’avocat, plissant les yeux.  

 

Kaori repensa à cette époque et regretta d’avoir accepté.  

 

- Oui, je sais. Je ne l’ai pas fait pour moi-même mais pour les orphelins auprès desquels j’étais bénévole. J’avais bien précisé à Monsieur James que je n’étais pas disponible sentimentalement, que je ne pouvais que lui accorder mon amitié malgré l’attachement qu’il semblait nourrir à mon égard. Je… Je pensais qu’il l’avait compris… jusqu’à ce qu’il me demande en mariage.  

- Que s’est-il passé à ce moment-là ?, l’interrogea le juge.  

- Je lui ai dit non. J’avais accepté une invitation à dîner pour lui dire au revoir et le remercier de ce qu’il avait fait. C’était tout. Je pensais que c’était clair entre nous. Mais il m’a demandé en mariage, j’ai dit non et il s’est fâché. Je me suis enfuie et, quand je suis rentrée, je l’ai vu débarquer peu après et réveiller tout l’immeuble.  

- Il vous a agressée ce jour-là ?  

- Non. Il était fâché. Je l’avais éconduit. Il était malheureux. Enfin… c’est ce que je pensais à l’époque., murmura-t-elle.  

 

Kaori observa ses mains. Elle aurait dû s’en rendre compte déjà à ce moment-là. La façon dont il avait tendance à la considérer comme sienne avait déjà timidement fait apparition lors de ce dîner.  

 

- Madame James, vous dites que mon client vous a forcée à l’épouser. Comment s’y est-il pris ?  

- Il a monté un faux dossier contre un ami proche., mentit-elle.  

 

C’était l’idée de Ryo appuyée par Saeko et apparemment le juge. Elle régna donc sur ses traits pour ne pas se dévoiler.  

 

- C’est faux !, s’insurgea David.  

- Ce dossier est on ne peut plus vrai. Son ami tuait un homme de sang froid et elle y était., l’accusa-t-il.  

- Monsieur James, je suppose que vous avez de quoi appuyer vos dires ?, l’interrogea le juge, sur un ton apparemment neutre.  

- Bien sûr ! Le dossier est aux Etats-Unis., dit-il, fièrement.  

 

Il lança un regard vengeur sur sa femme qui resta impassible. Si elle ne lui revenait pas, alors elle aurait la mort de son ami sur la conscience, pensa-t-il cyniquement.  

 

- Alors, faites-le venir ici ou une copie., lui demanda le juge.  

- Monsieur le Juge, nous pourrions peut-être prendre cinq minutes pour faire une pause et passer cet appel., proposa l’avocat de David.  

 

Le juge regarda sa montre et accéda à sa demande. David et son avocat sortirent.  

 

- Kaori, ce dossier ?, l’interrogea Tomo.  

- Détruit. Les deux exemplaires sont détruits et le privé s’est évaporé dans la nature. Il n’est pas mort mais il ne refera pas surface., lui répondit-elle.  

- A part par les enfants, il ne peut plus rien contre moi. J’ai besoin d’aller aux toilettes., les informa-t-elle.  

- Ca tombe bien, moi aussi., fit Saeko, lui évitant de devoir demander pour être accompagnée.  

 

Les deux jeunes femmes sortirent de là et croisèrent David au téléphone. Il lança un regard méprisant à sa femme qui l’ignora. Arrivées aux toilettes, Saeko verrouilla la porte.  

 

- Prends ton temps., lui dit-elle.  

 

Kaori acquiesça et s’isola. Enfin un peu seule, elle relâcha la pression et laissa les émotions sortir. Elle sentit les larmes rouler le long de ses joues et les essuya avant de sortir. Voyant sa pâleur, Saeko approcha après avoir capté son regard dans le miroir. Elle posa doucement les mains sur les épaules de son amie, la sentant se raidir.  

 

- Tu t’en sors bien, Kaori. Tu es courageuse et tu ne le laisses pas voir ce que tu ressens. Continue comme cela., l’encouragea-t-elle.  

- Je suis fatiguée, Saeko., admit Kaori.  

- Je sais mais tiens bon encore un peu. Ryo serait fier de toi.  

 

L’inspectrice vit l’effet qu’eurent ces cinq petits mots sur son amie. Elle vit une petite flamme se remettre à brûler plus fort au fond de ses yeux et le petit pli déterminé de son menton.  

 

- Je peux le faire., affirma-t-elle.  

 

Elles sortirent des toilettes et regagnèrent le bureau du juge où David était déjà rentré. Il était visiblement énervé et son avocat se faisait tout petit. Kaori eut un peu pitié de lui.  

 

- Monsieur James, ce dossier ?  

- Introuvable., marmonna-t-il, lançant un regard noir à sa femme.  

- Maître, avez-vous encore des questions à poser à Madame ?, l’invita à reprendre Tomo.  

 

L’avocat observa ses notes, mal à l’aise, et releva les yeux.  

 

- Madame James, n’avez-vous jamais provoqué l’ire de votre époux par des paroles ou des comportements déplacés ?, l’interrogea-t-il.  

- Je n’ai jamais eu ma langue dans ma poche si c’est ce que vous voulez dire mais cela, Monsieur James le savait depuis le départ.  

- Appelle-moi David., gronda-t-il.  

- Monsieur James…, répéta Kaori, l’ignorant volontairement.  

- A ensuite décidé que mon comportement ne seyait pas à son standing et a cherché à m’en faire changer. Je devais en résumé me taire.  

- Vous avez souvent été à l’encontre de décisions prises, n’est-ce pas ?  

- Des décisions unilatérales., le corrigea-t-elle.  

- Nous n’étions pas un vrai couple qui partage, discute et échange. Il m’a tout imposé. J’ai essayé de trouver ma place et me faire respecter.  

- Une robe de mariée rouge et outrancière, Kei… Kaori !, se fâcha David, bondissant de sa chaise.  

- Asseyez-vous, Monsieur James !, lui ordonna le juge.  

 

Instinctivement, Kaori s’était reculée dans son siège, terrifiée. Voyant le juge intervenir et sentant la tension de Saeko à ses côtés, prête à intervenir, elle se calma et regarda David se rasseoir.  

 

- C’était mieux que la robe que ta mère m’a imposée qui ne me permettait pas d’allaiter mon bébé, c’était pour tout ce dont tu me privais, le fait de refuser que j’envoie une carte de Noël aux orphelins, que je téléphone à mes amis ou les invite à notre grand mariage dont je ne voulais pas avec tes neuf cousines et ta sœur en demoiselles d’honneur, ta mère qui aurait préféré que je perde Kei plutôt que de me voir enceinte lors de la cérémonie, que tu filtres mes appels. Tu voulais appeler mon bébé Peter ou Elizabeth parce que c’était honorable, moi Kei parce que ça signifiait ce que je voulais pour lui. Tu n’étais pas là et j’en ai profité, c’est vrai.  

- Tu m’as trompé pour le faire. Tous tes coups, tu les faisais en douce ou pour m’humilier., vociféra-t-il.  

- Et toi, tu ne m’as pas humiliée ? Quand tu m’as proposé un million pour t’épouser et cinq pour ma virginité, tu ne t’es pas dit que c’était humiliant pour moi. Je ne suis pas une prostituée, David., dit-elle calmement.  

 

Sentant une contraction monter, elle posa une main sur son ventre et tenta de se calmer pour la laisser passer. Le juge la regarda puis se tourna vers son mari.  

 

- Il me semble plus qu’évident que votre épouse n’a pas apprécié ses mois de mariage. Niez-vous l’avoir frappée et avoir tenté de frapper Kei, un bébé de sept mois ?, lui demanda-t-il.  

- Bien évidemment. Ce ne sont que des fadaises de femme aigrie., répondit David d’un ton méprisant.  

- Des fadaises ?!, s’écria Kaori.  

 

D’un bond, elle se leva et souleva son pull, découvrant son abdomen et le bas de sa cage thoracique encore marqués.  

 

- Regarde-moi, regarde ce que tu as fait et répète un peu. Regarde-moi et dis-moi que la douleur qui irradie à chaque mouvement, à chaque respiration n’est qu’une invention de ma part. Sois un homme, David !, lui ordonna-t-elle.  

- Tu l’avais mérité ! Si tu savais te tenir à ta place et t’occuper de ton gosse, tout cela ne serait jamais arrivé ! Et je te rappelle que tu m’as frappé aussi, Kaori., s’énerva-t-il.  

- C’est vrai ?, demanda le juge, se tournant vers elle et lui adressant un très léger signe de tête pour la rassurer.  

- Oui, pour me défendre quand il voulait me violer., dit-elle d’une voix brisée.  

 

Elle sentit la main de Saeko sur son bras et se rassit. Elle se rendit alors compte que ses jambes tremblaient comme tout son corps.  

 

- C’est arrivé souvent ?, insista Tomo.  

- Il a essayé le jour de notre mariage et s’est endormi. Une autre fois, je l’ai endormi. La troisième fois, je lui ai mis un coup de genou dans les parties génitales. La fois suivante, il m’a droguée et a réussi à avoir ce qu’il voulait. Après, je me suis défendue mais j’ai arrêté quand il a menacé de me séparer de mon fils qui n’avait pas trois mois.  

- Donc vous étiez consentante ?, intervint l’avocat de David.  

- Non !, s’écria Kaori.  

- Jamais, je ne voulais pas de lui dans mon lit et je le lui ai répété et répété., ajouta-t-elle au bord des larmes.  

- Comment ça j’ai essayé le jour de notre mariage ?, fit David, d’une voix dangereusement basse.  

 

Il releva en même temps la tête qu’il avait gardé baissée, en pleine réflexion, depuis qu’elle avait parlé des viols.  

 

- Tu veux dire que je n’ai pas été ton premier amant et que tu as simulé ?, dit-il d’un ton menaçant.  

- Oui., répondit-elle calmement.  

- Mais Kei est né huit mois après. La date de conception collait., reprit-il.  

- C’est fiable à quelques heures près. Kei n’est pas ton fils., lui avoua-t-elle, plongeant un regard noir dans le sien.  

- C’est l’enfant que j’ai eu de l’homme que j’aimais, de celui qui ne m’avait pas touché en sept ans mais qui m’aimait et que j’aimais tellement que j’ai accepté ce sacrifice. Tu ne pourras jamais comprendre cela. Lui a été assez fort pour me laisser partir et tenter de réparer le mal que tu avais fait, pour que l’on puisse être heureux à deux ensuite même si ça nous prendra du temps. Toi, tu ne sais que prendre, pas donner.  

- Tout cet argent…, objecta-t-il.  

- Tu ne l’as pas donné, tu m’as achetée en pensant avoir mon silence et ma soumission. Tu n’as juste pas compris que mon amour n’a pas de prix., répondit-elle.  

 

Elle se tut et se cala dans son siège, cherchant une position pour chasser le mal de dos qui montait et qui, elle se rendit compte rapidement, cachait des contractions.  

 

- Monsieur le juge, je voudrais en finir. J’ai besoin de voir un médecin, je pense.  

- Très bien. Alors abordons rapidement le sujet du divorce.  

- Je ne veux pas divorcer., objecta David.  

- Moi si et je veux la garde exclusive des enfants., répondit Kaori.  

- Hors de question ! Ce sont mes enfants. Kei porte mon nom, tu ne me feras pas l’affront de rendre public que tu m’as fait endosser ton bâtard !, hurla-t-il.  

- Ne traite plus mon fils de bâtard, David. Tu n’auras pas les enfants.  

- Tu comptes garder le deuxième alors que, selon tes dires, je t’ai violée pour l’avoir ?, susurra-t-il d’un ton doucereux.  

- Tu m’as violée et tu m’as privé du droit de disposer de mon corps en me confisquant ma pilule et me refusant d’aller avorter.  

- Donc tu ne vas pas garder ce bébé. Monsieur le Juge, je veux la garde des enfants puisque ma femme souhaite faire du mal à notre deuxième bébé. J’ai en plus des moyens plus conséquents de m’occuper d’eux.  

 

Kaori serra les doigts sur les accoudoirs de son siège.  

 

- Je ne vais pas avorter même si je le pourrais encore. Tu n’auras pas les enfants, David. Je…  

 

Une contraction plus douloureuse la coupa dans son élan et elle serra les dents.  

 

- Ca suffit ! Aucune conciliation n’est possible. Monsieur James, l’injonction d’éloignement est maintenue. Vous ne pouvez approcher votre femme et Kei à moins de cinq cent mètres en dehors de ce palais de justice. La procédure de divorce va être amenée devant les tribunaux régionaux qui trancheront le dossier et l’autorité parentale. Je vous ferai parvenir les conclusions sur la plainte de Madame James dans la journée. Inspecteur, Maître, vous pouvez raccompagner Madame. Monsieur James et son conseiller vont attendre ici dix minutes que vous soyez partis.  

- Je ne veux pas !, objecta l’américain.  

- Je ne vous laisse pas le choix. Si vous bravez mon injonction, je demande à l’inspecteur de vous conduire en prison.  

 

David serra les dents et se rassit, très mécontent.  

 

- Merci, Monsieur le Juge., murmura Kaori.  

 

Emmenée par son amie et son avocat, elle sortit de là. Saeko ne tergiversa pas et l’emmena directement à la clinique où elle fut prise en charge par le Professeur. Pendant ce temps, l’inspectrice avait appelé Ryo qui arriva au moment où le Professeur sortait de la chambre.  

 

- Tout va bien, Babyface. Elle a eu des contractions et elle est fatiguée mais ça va rentrer dans l’ordre dans les heures à venir. Elle pourra certainement rentrer ce soir., le rassura-t-il.  

- Tant mieux., soupira le nettoyeur.  

- La confrontation ?, demanda-t-il, se tournant vers Saeko.  

- Elle a été forte et courageuse. Ce type est odieux. Je vais le faire suivre pour m’assurer qu’il ne cherchera pas à soudoyer quelqu’un., lui affirma-t-elle.  

- Merci, Saeko. Je peux aller la voir ?  

 

Le Professeur acquiesça et lui indiqua la chambre. Quand il entra, Kaori avait les yeux fermés. Il approcha doucement du lit et s’assit à ses côtés, prenant sa main. Elle ouvrit alors les yeux et le fixa du regard.  

 

- Ca va ?, murmura-t-il.  

- C’était dur., avoua-t-elle avant que les larmes commencent à rouler sur ses joues livides.  

- Je suis désolée, Ryo., bégaya-t-elle.  

- Pourquoi, Sugar ?  

- Parce qu’à un moment, j’ai oublié de me battre pour toi. Parce que j’ai oublié que je t’aimais tellement que ça avait été mon choix. Parce qu’il m’a fallu tout cela pour m’en souvenir. Je t’aime, Ryo.  

 

Se réfrénant de se jeter sur elle pour l’étreindre, il s’allongea à ses côtés et lui tendit un bras. Hésitant un instant, ne sachant si elle méritait sa mansuétude, elle finit par poser la tête sur son épaule et se laissa enlacer et bercer, retrouvant ce sentiment de sécurité et de calme qu’il lui apportait. 

 


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