Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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La classification des fanfictions repose sur le système américain utilisé pour le cinéma et par simplicité ce système est repris pour le classement des fanfictions. Les classifications les plus courantes sont: - G : pas de violence, pas de situation ou de référence à caractère sexuel (pas de nudité, pas de sexe, pas de drogue, ...) - Tout public - PG: Accord parental souhaitable - Absce ...

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 25 :: Chapitre 25

Publiée: 26-03-20 - Mise à jour: 26-03-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Quelques moments un peu durs… bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

Chapitre 25  

 

Poussant un long soupir de frustration, Ryo raccrocha. Il ne savait combien de coups de téléphone il avait passés depuis plus de trois semaines pour avoir toujours la même personne et toujours la même réponse. C’était frustrant après tous les efforts et entourloupes qu’il avait dû faire pour trouver le numéro de l’appartement.  

 

- Madame James ne veut pas vous parler, Monsieur Saeba. Elle vous prie de ne plus l’importuner., lui répétait toujours la même voix féminine.  

 

Il avait essayé d’argumenter au début, de demander à parler à Kaori pour l’entendre de sa propre voix mais impossible de l’avoir… et c’était justement ce qui le poussait à continuer jusque maintenant. Kaori n’était pas lâche et, si elle avait vraiment voulu ne plus lui parler, elle le lui aurait dit de vive voix. Il n’avait pas un seul instant douté d’elle et de ses sentiments. Elle l’aimait si profondément qu’elle ne pouvait avoir effacé cela de sa vie. Il le savait, il le sentait au fond de lui-même. Il se rappelait de toutes les fois où il avait senti leurs deux coeurs battre comme s’ils ne faisaient qu’un. Il ne l’avait pas imaginé, ça avait été bien réel.  

 

C’était la dernière fois qu’il appelait, non pas qu’il avait abandonné l’espoir de la contacter parce que l’idée ne l’avait même pas effleuré mais il avait un autre atout dans son jeu. Il décrocha le téléphone et rappela aux Etats-Unis.  

 

- Weekly News, Sayuri Tachiki., entendit-il au bout du fil.  

- Sayuri, c’est Ryo.  

- Ryo ? Tu as des nouvelles de Kaori ?, lui demanda-t-elle, inquiète.  

- Non, ils refusent de me la passer., lui apprit-il.  

- Je vais appeler. Je vais…, commença-t-elle.  

- Non, attends. Si tu appelles en te présentant comme sa sœur, ils risquent de te remballer aussi. Tu es mon joker, Sayuri., lui dit-il.  

 

Il prit le temps de lui exposer son plan et la journaliste y adhéra. Il lui fallait maintenant de nouveau attendre…  

 

Avec appréhension, Kaori entendit les portes de l’ascenseur s’ouvrir et Andrea saluer David. C’était la fin de la trêve. Quand il entra dans la pièce, elle leva la tête mais ne se leva pas.  

 

- Bonjour, ma chérie., lui dit-il avec un grand sourire.  

- Bonjour David., répondit-elle d’un ton neutre.  

 

Il l’observa et son regard se durcit.  

 

- Que tu ne m’apprécies pas, c’est un fait mais la politesse voudrait au moins que tu te lèves pour m’accueillir., la tança-t-il sévèrement.  

- Je dois rester allongée, ordre strict du médecin., rétorqua-t-elle sans faillir.  

- Tu t’es blessée ? Que se passe-t-il ?, l’interrogea-t-il, inquiet en détaillant son corps de haut en bas, ne notant aucune trace de plâtre ou atèle, ses sourcils se fronçant au fur et à mesure.  

- Je suis enceinte de six semaines et j’ai des saignements. La situation est préoccupante d’après mon obstétricien.  

- Mais… pourquoi tu ne m’as pas prévenu ? Ma mère ne m’a rien dit.  

- Elle n’est pas au courant et tu étais loin. Je sais me gérer seule. Personne ne savait., lui répondit-elle, résolue.  

- Tu ne peux pas me cacher des choses pareilles, Kaori !, lui reprocha-t-il, furieux.  

 

Elle lui lança un long regard où il pouvait lire toute la haine qu’il lui inspirait.  

 

- C’est mon corps. J’en dispose comme je le veux., le menaça-t-elle.  

- Tu n’avorteras pas…, lâcha-t-il d’une voix blanche.  

- C’est mon droit mais, non, je n’avorterai pas. Sache juste qu’il m’est interdit d’avoir des rapports pour le moment et de me lever plus que cinq minutes très ponctuellement.  

- Mais la soirée de charité…  

- Impossible. Je suis persuadée que les gens comprendront que la vie du bébé compte plus que des mondanités et, pour le mariage, je n’en parle même pas. D’ailleurs à ce sujet, je tiens à te dire que je refuse de porter une meringue de tissu et que la robe de mariée que je porterai sera celle que j’aurai choisie. Il n’y aura pas de demoiselle d’honneur non plus puisque je ne peux avoir aucun de mes amis à mes côtés. Et, si ça ne te va pas, tu te trouveras une doublure pour me remplacer., lui dit-elle, déterminée.  

 

David serra les dents et se leva, faisant un bref aller-retour entre les deux fauteuils.  

 

- Je vois que tu n’es pas revenue à des sentiments meilleurs., maugréa-t-il.  

- Et toi, tu as décidé quel pas tu ferais dans ma direction ?, lui demanda-t-elle.  

- La discussion semble fermée, donc il ne sert à rien qu’on en parle., répondit-il sombrement, cachant le fait qu’il n’avait rien à lui proposer, que tout ce qu’elle voulait, ne serait-ce que garder le contact avec ses amis, était tout simplement inenvisageable pour lui.  

 

Il s’en alla, les épaules raides, et elle se rallongea, réprimant le hurlement de frustration qui voulait sortir. Elle voulait rentrer chez elle, retrouver des endroits chaleureux et joviaux, quitter cet appartement froid et sinistre. Elle voulait retrouver les bras de son mari, avoir son soutien face à cette incertitude sur la survie de leur bébé… Elle sentit la détresse monter et les larmes affluer dans ses yeux. Elle avait tellement peur et se sentait si seule. Elle ne put réprimer le sanglot qui sortit de ses lèvres et se recroquevilla sur elle-même pour comprimer la douleur grandissante. Une contraction douloureuse marqua son visage.  

 

- Il faut vous calmer, Madame James., murmura Jack à ses côtés.  

 

Elle lui lança un regard désespéré et il posa une main sur son épaule. Leur relation avait passé un cap lorsqu’il l’avait emmenée d’urgence à l’hôpital quelques jours plus tôt. Elle s’était réveillée au matin son bas de pyjama ensanglanté et avait appelé au secours. Il était arrivé de suite et n’avait pas tergiversé. Elle lui avait annoncé sa grossesse dans la voiture, en larmes, terrifiée, et il était resté calme et rassurant.  

 

Il la prit dans ses bras et l’emmena dans sa chambre. Kaori lui en fut gré, c’était le seul endroit où elle se sentait à peu près en sécurité. Il la posa dans son lit et la recouvrit de la couverture.  

 

- Pourquoi vous ne lui avez pas dit que j’étais au courant de votre grossesse ?, lui demanda-t-il.  

- Parce que jaloux comme il est, il serait fichu de vous virer. Vous ne méritez pas ça et, très égoïstement, je n’ai pas envie de vous voir partir., avoua-t-elle.  

- Ne vous méprenez pas. Je n’envisage pas… Je ne veux pas dire…, bafouilla-t-elle, se rendant compte que ses paroles pouvaient ressembler à une déclaration de sentiments.  

- Je vous aime bien… comme un ami., se reprit-elle.  

- Vous me faites penser à quelqu’un, un roc imperturbable, présent mais discret., lui expliqua-t-elle, ayant une pensée pour Umibozu dont la sérénité l’aurait bien aidée.  

 

Jack la regarda et lui sourit amicalement.  

 

- Très bien. Alors je vous suivrai sur ce coup-là., lui assura-t-il, se relevant.  

 

Il s’éloigna de quelques pas puis s’arrêta, se tournant vers elle.  

 

- Un Monsieur Saeba, ça vous parle ?, lui demanda-t-il à voix basse.  

- Ryo ?, souffla-t-elle, un sourire illuminant ses traits, les yeux brillants de tendresse.  

- Je vois qui fait battre votre coeur., répondit-il en souriant.  

- Je… euh non.. c’est un ami., tenta-t-elle de le tromper.  

- Un ami qui a appelé une centaine de fois pour vous avoir en tous cas., lui apprit-il.  

 

Kaori sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Ryo avait appelé. Il voulait l’avoir au téléphone. Il pensait à elle… bien sûr qu’il pensait à elle, se morigéna-t-elle. Il l’aimait, il le lui avait dit, montré, ils étaient même mariés. Elle sentit ensuite son humeur s’assombrir : David faisait filtrer ses appels… Il avait vraiment décidé de l’isoler complètement… Elle n’en était même pas plus étonnée que cela.  

 

- Reposez-vous, Madame James., lui conseilla-t-il avant de sortir de la chambre.  

 

Elle acquiesça et se renfonça dans l’oreiller. Elle ferma les yeux et se laissa sombrer au pays des rêves où elle pouvait enfin parler avec l’homme de sa vie et, même mieux encore, le voir, le toucher, sentir son souffle sur ses lèvres. Elle ne pouvait faire mieux. Avec les complications de sa grossesse, elle savait qu’il lui faudrait encore attendre avant de pouvoir continuer les recherches sur le dossier que possédait David mais ce bébé valait la peine de patienter et elle était certaine que Ryo comprendrait.  

 

Des cris la réveillèrent quelques temps plus tard. Elle émergea difficilement et reconnut la voix de sa belle-mère et de David.  

 

- Vous devez vous marier, David ! Et comme il faut mais rapidement. Il ne sera pas dit que mon fils aura épousé une femme parce qu’il l’a engrossée. C’est ce que tout le monde pensera si vous vous mariez alors qu’elle affiche un ventre arrondi. On va organiser ce mariage au plus vite. Je vais faire jouer mes relations., dit-elle.  

- Maman, elle ne peut pas rester debout., plaida David.  

- Elle le fera., insista Atty.  

- Elle pourrait perdre le bébé.  

- Vous en referez un autre. On ne peut pas perdre la face.  

 

Le sang de Kaori ne fit qu’un tour et, malgré les consignes médicales, elle se leva, une main posée sur son ventre, et sortit de sa chambre, vaseuse. Elle se posta à l’entrée du salon, appuyée au mur, sentant ses jambes faiblir. Elle n’y faisait cependant pas attention, portée par la violence de sa colère.  

 

- Non ! Je m’en fous de votre honneur, de votre image et de toutes vos conneries. Il n’y aura pas de mariage tant que…  

 

Sa voix mourut quand la douleur refit surface. Elle sentit ses jambes flancher et un liquide chaud sortir d’elle.  

 

- Madame James !, entendit-elle derrière elle dans un bourdonnement avant qu’un voile noir ne s’abatte sur elle.  

 

Jack la rattrapa avant même qu’elle ne touche le sol. Il la souleva et l’emmena à l’ascenseur sans attendre de voir si son mari suivait. David s’engouffra au dernier moment dans la cabine. Il le suivit sans mot dire jusqu’à la voiture, le regarda y installer Kaori puis prendre le volant, très sérieux. Il les emmena rapidement à l’hôpital le plus proche. La jeune femme fut prise en charge par l’obstétricien qui l’avait suivie à sa précédente hospitalisation, presque sans délai.  

 

- Que s’est-il passé ?, demanda le médecin.  

- Elle s’est énervée puis a fait un malaise., répondit seulement Jack, voyant David garder le silence.  

- Très bien, Messieurs. Sortez maintenant, s’il vous plaît., leur ordonna le praticien.  

- C’est ma femme, Docteur., s’opposa David.  

- Je vais devoir examiner votre épouse intimement. Un peu de respect pour elle. Sortez Monsieur !  

 

Mécontent, David s’exécuta, refermant la porte derrière lui. Peu après, Kaori se réveilla, égarée et inquiète.  

 

- Du calme, Madame James. Vous êtes à l’hôpital. Vous avez fait un malaise. Je dois vous examiner. Vous voulez bien ?, lui demanda-t-il.  

- J’ai perdu mon bébé ?, bredouilla-t-elle, ne maîtrisant pas sa voix.  

- Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, Madame James. Je vais vous examiner. Nous allons refaire une échographie et nous en reparlerons après, d’accord ? Essayez de rester calme pour le moment.  

 

Elle acquiesça, la gorge nouée. Elle ne voulait pas perdre le bébé de Ryo, ne pouvait pas croire qu’en plus de subir cet éloignement forcé, elle pouvait subir cette perte atroce… Elle voulait rentrer un jour au Japon et présenter leur enfant à son père, voir la joie envahir ses yeux, les regarder s’étreindre avec amour.  

 

- Il y a eu des saignements récents mais pas de débris. C’est déjà un bon signe. L’infirmière va vous amener une autre protection pour vous changer. Votre tension est trop haute. Quand nous aurons fait l’échographie, je vous prescrirai un traitement et, cette fois-ci, vous resterez hospitalisée quelques jours si nécessaire.  

- Tout ce que vous voudrez…, murmura-t-elle, angoissée.  

 

Il posa une main rassurante sur la sienne puis sortit. Une infirmière revint peu après et l’aida à se changer, la soutenant lorsqu’elle se leva chancelante. Quelques minutes plus tard, le médecin réapparut suivi de David, apparemment très mécontent d’avoir été mis à la porte.  

 

- Alors ?, demanda-t-il assez brusquement.  

 

Le docteur lui adressa un regard sévère et le businessman se reprit quelque peu.  

 

- Il n’y a pas eu d’expulsion. Il nous reste à savoir si le bébé est toujours en vie et si le placenta n’est pas trop décollé., répondit l’obstétricien calmement.  

- Allez, Kaori, ne fais pas cette tête. Si celui-là ne survit pas, on en fera un autre. C’est courant une fausse couche au premier trimestre., tenta maladroitement de la rassurer son mari.  

- Sors d’ici., gronda-t-elle, la boule au ventre.  

- Sors d’ici ! Va-t-en, je ne veux plus te voir !, se fâcha-t-elle, pâle de rage.  

- Tu es immonde ! Comme si j’avais encore envie que tu me touches ! Dégage, David !, hurla-t-elle à bout.  

- Je reste ici. C’est mon enfant !, répliqua-t-il, lui lançant un regard noir.  

- Calmez-vous, Kaori. Monsieur James, vous allez sortir maintenant ou je fais venir la sécurité. Votre femme a besoin de calme et de soutien, pas que vous lui laissiez penser que votre enfant est déjà mort.  

- Je ne veux pas sortir., répondit-il.  

- Très bien, j’appelle la sécurité., le prévint-il, sortant son téléphone de sa poche.  

 

David le regarda faire, incrédule, puis leva les mains en l’air. Il lança un regard lourd de reproches à son épouse et abdiqua.  

 

- C’est bon. Je sors., céda-t-il, tournant les talons.  

 

Ils le regardèrent s’en aller et le médecin se tourna vers Kaori alors que l’infirmière lui prenait la main en soutien.  

 

- Avez-vous de la famille qui pourrait vous aider ?, lui demanda-t-il avec sollicitude.  

- Non. Ma famille est au Japon. Je n’ai personne ici., lui apprit-elle, stressée.  

- Docteur…, l’interpela l’infirmière lui indiquant le tensiomètre qui restait haut.  

- Kaori, il va falloir vous relaxer. Vous pouvez essayer ? Je vais tout de suite faire cette échographie. Ainsi vous serez fixée, d’accord ?, lui proposa-t-il.  

 

Elle acquiesça, les larmes roulant librement sur ses joues. Elle était terrifiée à l’idée d’avoir perdu son enfant et, pour l’une des rares fois de sa vie, elle avait du mal à espérer. David se montrait de plus en plus odieux, elle savait devoir se méfier également de sa mère, elle n’avait personne vers qui se tourner, même si Jack lui semblait fiable, elle se retenait quand même. Rien ne lui assurait qu’il ne faisait pas un rapport circonstancié sur ses faits et gestes à David. Elle avançait donc ses pions prudemment avec lui.  

 

Le froid du gel sur son abdomen la fit sursauter et la ramena au moment présent. L’infirmière n’avait pas lâché sa main et elle lui en était gré. C’était l’un des premiers contacts humains sans appréhension ni a priori qu’elle avait depuis son arrivée. Elle pouvait enfin respirer un peu et être elle-même.  

 

- Il est là., indiqua le médecin.  

- Il se développe normalement. On va essayer d’écouter son coeur mais ne vous inquiétez pas si on n’y arrive pas. Ca peut être un peu tôt., la prévint-il.  

 

Il poussa deux boutons et déplaça la sonde à différents endroits et, soudain, ils entendirent un battement régulier. Le docteur se tourna vers Kaori avec un grand sourire.  

 

- Il est là et bien vivant., lui précisa-t-il.  

- C’est vrai ?, murmura-t-elle, la voix étranglée, les larmes aux yeux.  

- Oui, c’est vrai, Kaori. Il va bien. En revanche, le placenta est fortement décollé, ce qui explique les saignements, et votre tension n’est pas bonne, donc je vous garde ici sous surveillance jusqu’à ce que les choses se stabilisent. Interdiction de vous lever même pour aller aux toilettes. On va commencer par une semaine et on avisera ensuite. Je vais aller arranger votre hospitalisation et parler à votre mari. Reposez-vous, vous avez l’air d’en avoir besoin. On devrait venir vous chercher d’ici une heure., lui apprit-il.  

 

Elle acquiesça et se cala dans l’oreiller alors que l’infirmière remontait le drap sur elle.  

 

- Merci. Merci beaucoup à vous deux., dit-elle avant qu’ils ne sortent.  

 

Elle ferma les yeux et s’endormit profondément, épuisée et soulagée.  

 

- Tu as des nouvelles, Mick ?, lui demanda Ryo.  

 

Ils étaient tous deux assis au comptoir du Cat’s devant un café. Le nettoyeur japonais avait l’air sombre. Il avait un mauvais pressentiment et aurait aimé réussir à le chasser mais il savait qu’il n’y arriverait pas. Le seul moyen pour lui aurait été d’être auprès de Kaori.  

 

- Non, mon contact ne m’a pas appelé depuis plus d’une semaine. Je t’avais dit que ce ne serait pas régulier, Ryo. Il fait ce qu’il peut mais tu peux avoir confiance en lui. Je lui ai demandé de ne pas intervenir ni se démasquer sauf urgence. Il vaut mieux ne pas la perdre de vue.  

- Oui, je sais. C’est juste que ça me tue de ne pas pouvoir intervenir…, lâcha Ryo, amer.  

- Tu veux prendre l’avion malgré ta phobie et aller lui botter les fesses ?, plaisanta Mick.  

 

Il ne trouvait pas la situation amusante mais tentait d’alléger l’humeur de son ami. A vrai dire, cette inaction lui pesait aussi.  

 

- Pour elle, je le ferais mais ça risquerait de nous nuire, surtout si je me faisais arrêter aux Etats-Unis…, déclara-t-il.  

- Oui, c’est sûr. Tu as prévenu Sayuri ?  

- Oui, elle va intervenir. Mais qui sait s’il répondra…  

- Vous pensez qu’elle tient le coup là-bas ?, s’enquit Miki qui essayait de rester en retrait de leur conversation mais s’inquiétait pour son amie.  

- Honnêtement, je ne sais pas., avoua Ryo.  

- Je sais qu’elle est forte et qu’on peut avoir confiance en elle pour se battre mais je suis incapable de prévoir si elle tiendra dans le temps ou face à ce qu’il lui sortira ou fera., admit-il.  

- J’ai compris ses raisons mais j’ai encore du mal à les accepter., répondit Miki, les larmes aux yeux.  

 

Elle se les tamponna avec son torchon et fit un sourire reconnaissant à son mari quand il posa une main sur son épaule en soutien.  

 

- Moi, j’ai accepté., souffla Ryo.  

- Mais je ne me pardonnerai jamais cette erreur monumentale qui l’a poussée à accepter ce chantage et tout ce qui va avec., leur apprit-il, un pli amer marquant ses lèvres.  

- Ce n’est pas de ta faute, Ryo. C’est ce taré qui est fautif, pas toi., tenta Mick.  

- J’ai tout fait pour la protéger comme me l’avait demandé son frère. J’ai échoué, je suis responsable., répliqua le nettoyeur.  

- Personne n’avait prévu que le danger viendrait d’un homme ordinaire, Ryo., intervint Umibozu.  

- Jusqu’à maintenant, je pensais que le danger viendrait des clans, des organisations malfaitrices, de la racaille. Je n’aurais jamais pensé qu’un col blanc, retors mais honnête, pourrait être à l’origine de tout cela., ajouta-t-il, l’amertume teintant pour une fois sa voix.  

 

Ryo observa son ami un long moment, pensif. Il devait admettre la véracité de ses propos. Leur monde était déjà tellement sombre et dangereux qu’il n’avait jamais imaginé qu’un honnête citoyen, amoral certes, pourrait leur faire du mal. Sur ce coup-là, il savait que David n’était pas attiré par l’argent et il voulait bien croire qu’il était réellement tombé amoureux de sa femme. Il avait juste une bien étrange manière de le lui montrer. Lui-même avait longtemps hésité à rendre Kaori à une vie normale pour finalement céder aux sentiments qui l’étreignaient mais il savait que, si elle en avait exprimé le souhait, il l’aurait laissée partir malgré tout. Son amour pour elle allait jusque là : la libérer si ça pouvait la rendre heureuse. Au fond de lui, il savait que ce ne serait pas le cas de David.  

 

- Oui, tu as certainement raison, Umi. Mais le fait est que je suis libre et elle prisonnière, que je vis ma vie comme je l’entends sans préjudice mais qu’elle se fait ou se fera violer par un homme qui ne voit en elle qu’une chose. Comment ça se finira ? Et si ça se finit et que nous nous retrouvons, est-ce que nous serons capables d’aller de l’avant ? Est-ce que les sentiments seront suffisamment forts pour lutter contre les cauchemars et la douleur ?, se demanda sombrement Ryo.  

 

Il sentit une main sur son épaule et se tourna vers son ami américain.  

 

- Tu as eu tes cauchemars et tes démons, Ryo, et tu les as surmontés avec son aide, avec notre aide dans une moindre mesure. Je sais que tu seras là pour elle, que nous aussi nous serons là pour elle et je sais que Kaori se rappellera de qui elle est. Ca prendra du temps, ce ne sera pas simple et sans douleur mais elle y arrivera. Elle reviendra dans notre famille et nous l’aiderons à retrouver sa place et sa vie avec nous. On s’adaptera tous pour l’aider à repartir, certainement pas comme si rien ne s’était passé mais à accepter, avancer et oublier dans une certaine mesure., lui affirma Mick.  

- J’ai l’impression que cette histoire nous fait tous grandir., murmura Ryo.  

- Oui et cela vaut mieux. Si ça ne le faisait pas, c’est qu’elle aurait investi beaucoup en nous pour rien et elle mérite bien mieux.  

- Pour une fois, le blondinet ne dit pas de sottises., pipa Umibozu d’une voix égale.  

 

Ryo sentit toutefois la note humoristique et esquissa un léger sourire. Cette conversation lui avait fait du bien. Il avait peut-être oublié un peu trop vite qu’il n’était pas le seul à souffrir de l’absence de Kaori. Ils étaient une famille et ils se serraient les coudes. Cela faisait du bien de se le rappeler et il espérait qu’elle pouvait encore se souvenir de tout cela malgré l’éloignement. S’en suivit une querelle entre Mick et Umibozu qui réussit à leur arracher à tous un sourire.  

 

Le coeur un peu plus léger, Ryo rentra chez lui, passant par l’épicerie pour faire les courses. Rangeant les courses, il ouvrit par erreur le placard des tasses et vit le mug de Kaori. Sans réfléchir, il l’attrapa et le caressa. Il se sentit un peu bête et le rangea. Bientôt, il servirait de nouveau. Il referma le placard et partit faire du ménage dans le salon. Il aurait pu s’en passer mais ça lui faisait du bien de garder l’appartement dans l’état où elle l’avait laissée. C’était un peu comme garder sa présence en ses lieux.  

 

Kaori sortit de l’ascenseur précédée de David et suivie de Jack. Après trois semaines d’hospitalisation, elle pouvait rentrer chez elle. Si elle avait pu choisir, elle serait restée à l’hôpital où elle savait que, le soir venu, elle serait tranquille.  

 

Le lendemain de son hospitalisation, David lui avait fait livrer plusieurs bouquets de roses blanches et roses pâles. Sa belle-mère lui avait rendu visite et présenté des excuses pour ses paroles déplacées. Elle lui avait assuré regretter ses suggestions et que, bien évidemment, ils attendraient pour célébrer le mariage, que sa présence allait leur manquer à la soirée de charité mais qu’ils auraient le plaisir d’accueillir le futur héritier de la famille l’année suivante. La jeune femme s’était retenue de lui dire que celui qu’elle prenait pour son petit-enfant n’aurait pas une goutte de son sang. Elle lui avait seulement souri de manière assez pincée. Prenant sur elle, elle avait accepté ses excuses, tempérant en l’informant qu’il lui faudrait juste un peu de temps pour oublier, ce que sa belle-mère s’était empressée de comprendre. Elle était restée encore deux heures à lui casser les oreilles sur toute la soirée, ce qu’elle avait prévu, les invités présents, l’argent qu’ils espéraient récolter, la tenue qu’elle porterait. Quand enfin elle était partie, Kaori avait vu arriver David. Il s’était excusé à son tour sur son attitude, la mauvaise impression qu’il avait dû lui donner.  

 

- Je tiens à ce bébé comme je tiens à toi, Kaori. C’est juste que je ne suis pas habitué à ne pas être au contrôle. Tu es tellement indépendante et je ne peux rien faire en ce qui concerne votre santé. Je suis désemparé et ça me frustre. J’aimerais tellement que tu acceptes de te reposer un peu sur moi…, lui avait-il avoué.  

- J’en ai assez que tu cherches à contrôler ma vie, mes pensées et mon corps, David. Tu n’as aucun respect pour moi et tu voudrais que je te respecte… Ca ne marche pas ainsi et ce que tu as dit, que ce n’était pas grave si je perdais ce bébé, je… je n’arrive pas à l’accepter.  

- Je suis désolé. J’ai été maladroit., s’était-il excusé.  

 

Elle avait acquiescé, restant distante. Les jours passant, elle avait fait mine de revenir sur son jugement. Elle avait besoin de calme pour la survie de son enfant et cela passait inévitablement par une accalmie dans leur relation. Les résultats s’étaient faits ressentir. Sa tension était revenue sous contrôle, les saignements, sans avoir totalement disparu, s’étaient raréfiés, suffisamment pour permettre son retour à l’appartement.  

 

- Bonsoir Monsieur James, Madame., les accueillit Andrea.  

- Votre secrétaire a appelé : la journaliste a encore téléphoné pour vous demander cette interview., le prévint-elle.  

- Elle m’agace…, gronda David.  

- Qui est-ce ?, interrogea Kaori.  

- Viens t’allonger. Tu ne dois pas rester debout plus longtemps., éluda-t-il, la guidant vers le canapé.  

 

Kaori prit place, se laissant recouvrir par son mari d’un plaid malgré la chaleur ambiante en cette mi-septembre.  

 

- Alors cette journaliste ?, insista-t-elle.  

- Depuis quand ça t’intéresse ?, répondit-il, suspicieux.  

- Excuse-moi de faire un pas vers toi., maugréa-t-elle.  

 

Elle croisa les bras, visiblement contrariée. David l’observa un moment puis vint s’asseoir à ses côtés.  

 

- J’ai vraiment des efforts à faire., soupira-t-il.  

- Une journaliste du Weekly News veut m’interviewer pour montrer non pas le businessman, mais l’homme que je suis., lui expliqua-t-il.  

 

Kaori eut bien du mal à cacher sa surprise en entendant le nom du journal. Il ne faisait aucun doute pour elle que la journaliste en question était Sayuri et que c’était une manœuvre orchestrée par Ryo pour prendre contact avec elle. Elle devait donc assurer sa part du job de son côté et persuader David d’accepter l’interview.  

 

- Pourquoi tu ne le fais pas ? Ca montrerait à beaucoup de monde qui tu es derrière ton grand bureau, que tu n’es pas qu’un odieux chef d’entreprise., lâcha-t-elle, désinvolte avec un léger sourire amusé.  

 

Il fronça les sourcils et la regarda prêt à la tancer mais, quand il vit la petite note humoristique, il se contint et se prit même à sourire et espérer que les choses puissent s’arranger.  

 

- Elle aimerait également s’entretenir, le cas échéant, avec celle, ou celui a-t-elle même dit, qui partage ma vie…, lui expliqua-t-il.  

- Tu as peur que je lui parle de notre contrat, que je te discrédite à ses yeux ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui. J’avoue que oui.  

- Je t’ai fait cette concession le jour de notre départ. Je tiens mes promesses, David., lui assura-t-elle, le regardant droit dans les yeux.  

- Vraiment ? Alors je vais peut-être reconsidérer la question., répondit-il, lui adressant un sourire de remerciement.  

- Réfléchis-y mais je pense que tu devrais le faire. Au pire, si je dis quelque chose qui ne te plaît pas, tu n’auras qu’à en rire et le mettre sur le compte des hormones., lui suggéra-t-elle, malicieuse.  

- J’y songerai. Tu es vraiment surprenante, Kaori., souffla-t-il.  

 

Elle ne le contesterait pas sur ce point. Elle n’imaginait même pas pouvoir jouer aussi bien un rôle aussi longtemps.  

 

- J’en viendrai presque à croire que nous pourrions trouver notre chemin tous les deux., murmura-t-il, posant une main sur sa joue  

- Je m’en tiens à mon mantra : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir., répondit-elle, posant la sienne dessus.  

 

Elle ne rêvait que de chasser ce contact qui la dégoûtait mais ne le fit pas. Elle n’aimait pas se savoir capable de duplicité mais elle devait assurer son billet retour vers le Japon et, avant tout, voir Sayuri, apprendre ce qu’elle savait, profiter de sa présence pour recharger ses batteries… A travers elle, ce serait Ryo qui lui parlerait et à qui elle parlerait. Elle serait leur lien transpacifique. 

 


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