Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 32 :: chapitre 32

Publiée: 02-04-20 - Mise à jour: 02-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire AVERTISSEMENT: CHAPITRE DIFFICILE ET VIOLENT. Pour répondre à vos commentaires, j'ai essayé d'être le plus réaliste possible. J'ai pris vingt chapitre pour mettre en place la situation, prendre le temps de mettre en lumière les liens du couple et des autres personnages, nous en arrivons au dixième chapitre d'une descente progressive aux enfers. Il y en a quelques-uns encore à venir avant de libérer notre héroïne et lui permettre enfin de prendre le chemin de la "guérison". Comme déjà dit, je me suis basée sur le caractère des personnages pour monter l'histoire. Ce n'est pas la mienne ou celle d'une personne lambda. Vous me donnerez votre verdict à la fin. Globalement, elle a été bien accueillie sur le site où je l'ai déjà publiée mais cela ne préjuge pas de la façon dont vous l'accueillerez. Cela vous seul pouvez en décider et j'accepterai tous vos avis. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

Chapitre 32  

 

- Je te préviens, Kaori. Si tu me frappes encore une fois alors que je veux coucher avec toi, je me vengerai., la prévint-il, le soir qui suivit.  

 

David se relevait après avoir essuyé un nouveau coup de la femme qu’il convoitait sexuellement et qui se refusait à lui bec et ongles. C’était déjà la troisième fois qu’elle le repoussait violemment ce soir-là.  

 

- Je ne veux pas avoir recours au GHB à tous les coups pour que tu ne deviennes pas dépendante mais je le ferai s’il le faut., lui dit-il.  

- Je le sais. Tu es un violeur. Un violeur !, hurla-t-elle, se tenant sur ses gardes.  

 

Elle entendit soudain Kei chouiner et se laissa distraire. David en profita pour la gifler. Surprise, elle se retrouva assise sur le lit et il n’attendit pas pour l’allonger et s’approprier son corps qu’il avait réussi à dénuder au cours de son approche musclée. La jeune femme pleura tout au long de son assaut et hurla quand il s’immobilisa enfin au plus profond d’elle dans un râle de jouissance.  

 

- Tu finiras par apprécier, Kaori. Ton corps se plaît à mon contact. Il n’y a que ton sacro-saint entêtement pour refuser l’évidence., lui asséna-t-il.  

 

Elle n’attendit pas et le repoussa pour courir sous la douche et tenter de limiter les risques même si elle savait que c’était vain. Il se complaisait à l’humilier et à l’utiliser comme réceptacle. Recroquevillée sous la douche, elle pleura toutes les larmes de son corps. La situation se répéta tous les soirs la semaine qui suivit. Elle aurait pu en parler à Jack quand il revenait la journée mais elle ne l’avait pas fait. Elle ne voulait voir dans ses yeux ni sa pitié ni son mépris et surtout, elle ne voulait pas que la nouvelle de son viol parvint de l’autre côté de l’océan. Ryo ne devait pas l’apprendre, jamais. Elle le quitterait, ils s’arrangeraient pour la garde de Kei mais il ne saurait pas pour ses viols. Elle ne pouvait lui avouer qu’elle avait échoué à se protéger, elle ne pouvait pas voir la culpabilité au fond de son regard onyx, encore moins le dégoût…  

 

- Kaori, tu es prête. Nous devons aller chez mes parents., l’appela David, pénétrant dans sa chambre sans y être invité.  

 

La jeune femme passa rapidement le pull qu’elle avait choisi, un pull ample et chaud qui la couvrirait et la réchaufferait, dans lequel elle se sentait en sécurité.  

 

- Un pull au mois de mai ? Il fait vingt-cinq degrés dehors, Kaori., lui dit-il, stupéfait.  

- J’ai froid. Fiche-moi la paix, David., lui dit-elle, d’une voix éteinte.  

- Tu vas arrêter tes enfantillages et mettre une robe. Je veux te voir resplendir., lui ordonna-t-il.  

 

Elle se tourna vers lui et posa un regard qu’elle espérait noir.  

 

- Tu m’as tuée et tu veux me voir resplendir ? Tu te moques de qui ?, lui demanda-t-elle.  

- Des grands mots, Kaori…, éluda-t-il.  

- Tu m’as arrachée à ma terre, à mes amis, ma famille, l’homme que j’aimais. Tu m’as épousée de force, tu me prends de force. Tu veux m’emmener loin de mon bébé pendant des semaines., se justifia-t-elle.  

- S’il te reste une once d’humanité, un soupçon d’amour pour moi, laisse Kei venir avec nous. Arrête de me menacer de le laisser ici quand je refuse que tu me touches., lui demanda-t-elle.  

- Tu me laisseras te faire l’amour sans me frapper ?, lui demanda-t-il.  

 

Kaori le regarda et serra les bras autour d’elle pour contenir la douleur et le froid qui l’envahissaient.  

 

- Oui même si je ne serai toujours pas consentante., accepta-t-elle à contre-coeur.  

- Très bien. Alors tu iras faire des photos de Kei pour que je lui fasse un passeport., lui dit-il, satisfait de la négociation qu’il venait d’achever.  

 

Il se dirigea vers la sortie.  

 

- Ce ne sera pas nécessaire. Kei a déjà un passeport., lui apprit-elle, relevant le menton.  

 

David s’arrêta et se tourna vers elle, surpris.  

 

- Mais quand ?, l’interrogea-t-il, incrédule.  

- J’avais fait tous les papiers avant sa naissance par correspondance. Il ne manquait qu’une photo et son acte de naissance, ce qui a été fait dans les heures qui ont suivi avant même que tu arrives.  

- Il n’y a pas à dire : tu es organisée., approuva-t-il.  

- Oui.  

- Monsieur, un appel pour vous du bureau de l’immigration., vint l’informer Andrea.  

- J’arrive. C’est certainement pour fixer la date de prestation de serment pour ta naturalisation. Finis de te préparer et amène-moi son passeport. Je le garderai avec le tien.  

 

Il sortit de sa chambre et elle sortit le passeport de Kei à contre-coeur de sa cachette. Elle allait lui donner même si elle savait que c’était un nouveau moyen de la contrôler. De toute manière, même s’il le détruisait, il ne pouvait plus changer la donne avant la majorité de son enfant. Il serait également très surpris du résultat de ses tests pour la procédure de naturalisation… Se préparant à affronter la colère noire de David, elle alla chercher Kei et l’habilla pour partir. Attaché dans son siège-auto, elle alla rejoindre son mari dans le salon.  

 

- Tu as saboté ton entretien pour ta naturalisation., lui reprocha-t-il.  

- Oui. Je suis japonaise, pas américaine. Si ça te pose un problème, divorce., lui répondit-elle.  

- Comment oses-tu me faire un affront pareil ?, gronda-t-il.  

- Je te l’ai déjà dit. On est deux à jouer à ce jeu-là., répliqua-t-elle.  

- Tiens, le passeport de Kei.  

 

David fixa le document de couleur rouge et lentement le saisit.  

 

- Pourquoi son passeport n’est pas bleu ?, lâcha-t-il, n’arrivant pas à croire qu’il tenait un passeport japonais dans les mains.  

- Parce que Kei est japonais., répondit Kaori, simplement.  

- Kei est américain.  

- Non, il est japonais.  

- Il est né aux Etats-Unis, il est américain, c’est le droit du sol.  

- Selon les lois japonaises, le droit du sang accorde la nationalité. Je suis japonaise et mon fils est japonais.  

 

David serra les dents, contenant sa rage montante.  

 

- Tu aurais au moins pu lui donner la double nationalité !, lui reprocha-t-il.  

- Impossible. Le Japon est l’un des rares pays au monde à ne pas avoir ratifié de convention de double nationalité. Kei ne peut être qu’américain ou japonais et j’ai décidé qu’il était japonais.  

- Je ferais changer…  

- Il pourra devenir américain à sa majorité. En attendant, comme nous avons tous deux donné notre accord, il est japonais., lui déclara-t-elle.  

- Je n’ai jamais donné mon accord., gronda son mari.  

- Ah, vraiment ? Pourtant, les autorités ont un document portant ta signature. Kei est japonais.  

 

Elle conclut cette conversation en se dirigeant vers la penderie pour prendre son manteau. Cet échange avait décuplé sa rage et lui avait redonné un peu d’entrain. Elle se sentait prête à affronter sa belle-famille. Elle sentit soudain une aura de colère se développer autour d’elle et se retourna au moment où David arrivait et son poing se connecta avec son estomac. Les minutes qui suivirent furent longues et douloureuses pour Kaori. Elle ne sentait que les coups qui pleuvaient sur son corps et la douleur qui jaillissait de partout. Quand enfin tout se calma, elle resta étendue sur le sol, cherchant l’air qui semblait lui manquer, chaque inspiration provoquant une douleur infernale. Il n’y avait que son visage qui semblait intact. Elle regretta l’absence de Jack. Il aurait certainement trouvé un moyen de stopper la rage de l’homme.  

 

- Tu as eu ce que tu méritais ! Ca t’apprendra à me provoquer !, lui cracha-t-il.  

- Maintenant, lève-toi et mets ton manteau. On s’en va., lui ordonna-t-il froidement.  

 

Ravalant ses larmes et ses gémissements de douleur, Kaori se releva et suivit péniblement son mari à la voiture où il installait Kei. Sans un mot, elle s’installa sur le siège passager. Elle n’avait jamais envisagé que David se montrerait aussi violent. Elle l’avait bien catégorisé dans les personnes avec un besoin frénétique de contrôle mais elle n’avait jamais pensé qu’il s’en prendrait à elle de cette manière. Elle n’aurait pas dû se leurrer. Il la contrôlait entièrement. Il avait déjà une emprise psychologique sur elle en l’ayant totalement isolée socialement. Son seul contact amical, et heureusement encore qu’il l’ignorait, était Jack. Il était son lien silencieux avec le Japon mais un lien à sens unique depuis son accouchement. Elle commençait même à se demander si… non elle n’avait pas le droit de douter de ses amis…  

 

Elle aurait dû comprendre qu’entre les gifles et les viols à laquelle il avait cherché à la soumettre puis réussit, il pouvait en arriver là. Elle avait déjà aperçu la violence dont Ryo était capable mais, à part pour remettre les idées en place, son partenaire n’avait jamais levé la main sur une femme. Il se défendait contre celles qui l’attaquait mais les épargnait ou essayait de le faire. La violence de David l’effrayait car elle dépassait tout entendement et il semblait totalement incapable de se maîtriser. Elle savait qu’elle l’avait poussé à bout mais rien ne justifiait qu’il la batte ainsi. Le problème c’était que maintenant il avait son passeport et celui de Kei, qu’elle ne voyait pas ce qu’elle aurait pu faire d’autre pour les garder… Elle passa une main sur ses yeux pour chasser la tension qui naissait.  

 

La situation était devenue totalement incontrôlable et elle ne savait comment faire pour reprendre la maîtrise des évènements. Connaissant maintenant la totalité du côté sombre de son mari, elle avait peur pour Kei et pour elle. Jusqu’où était-il capable d’aller ? Etait-il capable de s’en prendre au bébé ? Sa folie pouvait-elle le conduire jusqu’au meurtre ? Est-ce que ce serait son unique coup de folie ? Elle risqua un œil vers son profil. Il était dur et sombre. Elle sentait la violence qui émanait de son corps et un long frisson lui traversa le corps, la faisant grimacer sous le coup de la douleur. Non, ça ne s’arrêterait pas là.  

 

- Pas un mot de notre chamaillerie à mes parents., lui annonça-t-il d’une voix qui n’admettait aucune contestation.  

- Tu appelles ça une chamaillerie, David ? Tu en as du culot. Tu m’as battue., murmura-t-elle.  

- Un mot et Kei restera ici pendant tout le temps de notre voyage de noces et après., la prévint-il.  

- J’en ai assez de ton comportement irrespectueux et entêté. Tu vas apprendre à m’obéir., ajouta-t-il.  

- Je te déteste., lui répondit-elle.  

 

Arrivé à destination, il se gara et se tourna vers elle, furieux. Il saisit son poignet et le serra fortement.  

 

- Arrête, tu me fais mal., gémit-elle.  

- A toi de voir ce que tu préfères. Te taire et voir ton fils ou souffrir loin de lui., lui demanda-t-il.  

- Je me tais., souffla-t-elle.  

 

Il exerça une dernière pression sur son poignet puis la relâcha.  

 

- Excellente décision., approuva-t-il.  

- Fais un sourire, ma chérie. Dans une semaine, nous ferons un beau mariage et après nous voyagerons quelques temps., lui dit-il, changeant du tout au tout.  

 

Il redevint l’homme policé qu’il était lorsqu’il l’avait rencontrée et sortit de la voiture, prenant le siège-auto de Kei. Elle le suivit, masquant la douleur que lui causait chaque geste. Elle se laissa embrasser par ses beaux-parents, leur sourit affablement, échangea quelques paroles avec sa belle-sœur puis se contenta de hocher la tête et de manger silencieusement. Elle sourit poliment à son mari quand il lui passait un plat ou lui versait un verre, délaissant délibérément l’alcool comme à chaque fois, même aujourd’hui où il aurait pu l’aider à oublier un peu tout cela. Ce n’était bon ni pour elle ni pour Kei.  

 

Lorsque le bébé lui sauva la mise en réclamant son repas, lui offrant plus d’une demie heure de répit, elle se dépêcha de se sauver de là. David l’emmena à sa chambre d’enfant pour qu’elle ait un peu d’intimité.  

 

- Je suis très satisfait de ton comportement depuis que nous sommes arrivés. Je te félicite, Kaori., lui dit-il.  

 

Elle serra les dents mais ne répondit pas. Elle posa le bébé sur le lit et, le tenant, prépara une couche pour le changer ainsi que le nécessaire. Elle lui ôta son pantalon, dégrafa son body tout en lui parlant. Kei s’agitait en poussant des petits cris et ça lui réchauffa le cœur. Au dernier moment, elle lui retira ses chaussettes pour éviter le dernier incident en date où ces dernières avaient fini maculées. D’un geste preste, elle retira la couche, glissa l’autre en la rabattant pour éviter d’être arrosée – les joies d’avoir un petit garçon, pensa-t-elle en souriant -, puis le nettoya rapidement.  

 

- Et voilà, tu es tout propre. On va te rhabiller maintenant., lui dit-elle.  

- Alors coquin, où as-tu mis tes chaussettes ?, lui demanda-t-elle en cherchant partout sur le lit.  

- Bon, parons à ce qui est possible.  

 

Elle lui remit son pantalon, l’ajusta puis, tenant son fils d’une main, retrouva une chaussette qu’elle lui enfila.  

 

- Alors la deuxième ?, l’interrogea-t-elle.  

- Hiiii., vocalisa-t-il.  

- Sous le lit ?  

 

Elle prit le bébé et le posa par terre, puis se pencha et regarda sous le sommier. Elle trouva rapidement la fuyarde et l’attrapa, bousculant un bac en plastique. Elle sentit l’impact d’un poids sur sa main et la retira brusquement. Elle la secoua un peu pour chasser la douleur puis se tourna vers Kei pour lui remettre sa chaussette et, se souvenant de sa maladresse, plongea de nouveau sous le lit pour attraper ce qui était tombé et le remettre en place. Elle saisit l’objet entre ses doigts et le ramena à elle. Elle sentait la sueur perler dans son dos tant les mouvements lui provoquaient des élancements de douleur.  

 

Kei commençant à chouiner, elle posa sa trouvaille sur le lit puis se mit dans le fauteuil voisin pour allaiter son enfant. Profitant de ce moment de tranquillité, elle observa un long moment son fils téter, puis la chambre de David. Tout y était ordonné, classé. Ses trophées de sport trônaient sur une étagère et, vu comme ils brillaient, devaient être astiqués régulièrement. Il y avait des photos de lui habillé de sa toge de diplômé, en vacances, faisant du bateau… et toujours ce même air conquérant… Elle regarda ce lit qui avait dû recueillir ses rêves de petit garçon et se demanda s’il était déjà aussi obnubilé par le contrôle et le pouvoir si jeune. Elle n’arrivait pas à imaginer sa mère lui racontant des histoires pour l’endormir. Peut-être que c’était juste sa colère qui parlait mais elle n’arrivait pas à imaginer Atty faisant preuve de tendresse vis-à-vis de son fils.  

 

Kaori sentit Kei s’épuiser puis arrêter de téter. Elle le redressa à moitié endormi et lui fit faire son rot. Elle le laissa ensuite là le temps qu’il s’endorme et continua son observation. Ses yeux tombèrent sur ce qu’elle avait ramassé et son cœur se mit à battre la chamade. Elle sentait les larmes s’accumuler dans ses yeux et lutta pour reprendre le dessus et retrouver son calme. Elle n’avait pas de temps à perdre. David pouvait revenir à tout moment. Elle posa Kei entre deux coussins et se saisit de l’enveloppe marron, une enveloppe jumelle de celle de laquelle il avait extirpé le dossier contre Ryo. Fébrilement, elle l’ouvrit et en sortit le contenu. Elle l’avait trouvé. Elle avait le dossier de David sur Ryo. Tout y était : une clef USB sur laquelle devait être le film et les photos.  

 

Elle regarda les clichés sentant son cœur se serrer en voyant l’homme de sa vie, cet homme qu’elle aimait plus qu’elle ne l’aurait cru possible, qui lui avait donné ce beau bébé et qu’elle ne se sentait plus digne d’aimer ni d’accepter l’amour après la souillure qu’elle avait subie. Machinalement, elle déchira l’un des clichés et le tendit vers Kei endormi.  

 

- C’est papa, Kei. Ton vrai papa, mon cœur., murmura-t-elle.  

 

Elle sentit les larmes et la culpabilité monter. Elle avait oublié. Elle avait osé oublier les raisons de sa présence. Elle avait oublié qu’elle ne se battait pas seulement pour sortir Kei de là mais que son premier objectif avait été de permettre à Ryo de rester libre pour qu’ils puissent se retrouver et vivre leur vie à deux ou trois. Elle sentit ses jambes faiblir et elle s’effondra en larmes. Elle pleura un long moment, évacuant toute l’angoisse ainsi que le stress qu’elle ressentait. Lui pardonnerait-il d’avoir douté d’eux ? Même si elle ne se sentait plus capable d’être aimée, pouvait-elle regagner sa confiance pour qu’ils élèvent Kei dans les meilleures conditions possibles ?  

 

Elle s’était laissée envahir par David. Elle avait pensé avoir encore assez de recul pour gérer la situation mais elle s’était trompée. Il avait réussi à l’isoler complètement et elle se rendait compte qu’elle venait de passer dix mois en apnée, dix mois où elle n’avait eu que quelques rares moments où elle avait pu vraiment respirer, être elle.  

 

- Je t’ai oublié, Ryo. Je t’ai oublié, je suis désolée., murmura-t-elle.  

- C’est fini maintenant. Je me souviens. Je nous sortirai de là. Je te le promets. Nous allons rentrer. Tu entends, Kei. On va retourner au Japon.  

 

Nerveuse mais déterminée, elle rangea le dossier dans le sac à langer de Kei, ne gardant qu’un morceau de photo où figurait Ryo.  

 

- Je ne veux plus oublier., dit-elle, glissant le morceau dans son soutien-gorge.  

- Kaori, tu as fini ?, demanda David, frappant à peine avant d’entrer.  

- Tout juste, dit-elle en reprenant Kei.  

- Tu as pleuré ?, s’inquiéta-t-il.  

- Tu n’y as pas été de main morte. J’ai mal., expliqua-t-elle, baissant les yeux.  

 

Elle devait faire profil bas encore un peu. Elle devait détruire le dossier avant toute chose.  

 

- Tu as été suffisamment docile. Tu mérites une récompense. Nous allons rentrer., lui apprit-il, d’un ton condescendant.  

 

Elle lui aurait volontiers fait avaler sa cravate et même sa chemise pour ses paroles mais s’abstint. Elle devait réfléchir froidement comme Ryo.  

 

- Je te remercie., balbutia-t-elle.  

- J’ai enfin trouvé comment te faire marcher droit. C’est bon à savoir.  

 

Il sortit de la pièce et elle le suivit, Kei dans les bras, le sac à langer sur l’épaule.  

 

- Donne-moi cela., dit-il, lui prenant le sac de l’épaule.  

 

Nerveuse, Kaori se retint d’objecter et le laissa faire, priant tous les dieux qu’il n’ouvre pas le sac. Il ne devait pas découvrir qu’elle avait retrouvé ce qui lui permettait de faire pression sur elle. Elle salua et remercia sa belle-mère pour son charmant accueil avant de suivre son mari.  

 

Lorsqu’ils rentrèrent chez eux, Kaori avala deux comprimés de paracétamol pour soulager ses douleurs. Elle souleva son pull et observa les hématomes qui marquaient sa peau.  

 

- Un jour, tu paieras pour ce que tu as fait., gronda-t-elle avant de cacher dans sa chambre la photo de Ryo et de retourner dans le salon où elle trouva David attrapant le sac à langer.  

 

Elle sentit son sang se glacer dans ses veines. Non, ça ne pouvait pas arriver.  

 

- Que se passe-t-il ?, demanda-t-elle, tentant de garder son sang froid.  

- Kei doit être sale. Il chouine. Tiens, fais quelque chose. C’est insupportable., lui dit-il, fronçant les sourcils.  

 

Elle prit le sac à langer, soulagée, et Kei à bras. Il se calma dès qu’il fut contre elle.  

 

- Tu veux avoir plusieurs enfants à la maison alors que tu ne sais pas supporter quelques pleurs de bébé. Tu feras comment quand tu seras seul avec eux parce que je serai à la maternité ?, lui fit-elle, sarcastique.  

 

Voyant son regard noir, elle s’éclipsa et câlina son bébé jusqu’au moment de le coucher. Après le dîner, David vint dans la chambre de sa femme réclamer les moments qu’elle lui avait promis. Sans aucune aide de sa part, il la déshabilla et grimaça quand il vit les marques de coups sur son corps.  

 

- C’est vraiment dommage d’avoir dû en arriver là. Si seulement tu avais été plus raisonnable., soupira-t-il.  

 

Kaori se retint de répondre. Elle devait se montrer froide, cesser de réagir avec son cœur pour le moment. Son tempérament ne devait plus l’emporter. Elle ne pouvait risquer sa vie et surtout de laisser Kei seul.  

 

Son mari l’enlaça et entendit le gémissement de douleur lorsqu’il la serra contre lui.  

 

- Où as-tu mal ?, l’interrogea-t-il.  

- Aux côtes principalement… et un peu partout., répondit-elle.  

- Bon alors je vais te laisser tranquille pendant quelques jours. Tu auras besoin de toutes tes forces pour le mariage.  

 

Il posa ses lèvres sur les siennes puis s’en alla, la laissant quelque peu surprise mais surtout très soulagée. Se changeant rapidement, elle se coucha, sortant brièvement son trésor de sa cachette. Malgré la douleur, elle s’endormit le sourire aux lèvres et ses rêves furent emplis des souvenirs qu’ils s’étaient créés. Lorsqu’elle se réveilla tôt le matin, elle avait un léger sourire aux lèvres et se sentait un peu mieux mais, quand elle regarda le réveil, la panique la gagna. Kei ne l’avait pas réveillée à l’heure habituelle. Elle se leva précipitamment et courut jusqu’à sa chambre. Le cœur dans les talons, elle approcha du berceau et se pencha dessus. Quand elle entendit le léger soupir qu’il lâcha, elle s’apaisa et le regarda dormir un long moment. Ca avait été une belle nuit, la première depuis un long moment.  

 

Kei se réveilla peu après et elle s’en occupa, le cœur léger. Quand il eut fini, elle l’emmena dans la cuisine où Andrea lui préparait un petit-déjeuner.  

 

- Monsieur James est déjà parti et risque de rentrer tard., lui apprit-elle.  

 

Une belle nuit peut-être prélude à une belle journée, pensa-t-elle. Jack arriva peu après.  

 

- Une petite séance de sport, Madame James ?, lui proposa-t-il.  

- Je passe. Mon corps ne le supportera pas., avoua-t-elle, baissant les yeux, mal à l’aise.  

 

Son garde du corps l’observa et nota la raideur de ses gestes et postures. Lentement, il s’approcha d’elle.  

 

- Kaori, qu’est-ce qui s’est passé ?, l’interrogea-t-il.  

 

C’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom et cela lui fit du bien. Elle se mordit la lèvre pour ne pas pleurer et doucement remonta le bas de son haut dévoilant son abdomen marqué.  

 

- Il t’a frappée ?, lâcha-t-il incrédule.  

- Oui… Hier quand il a su que Kei était japonais. Il m’avait déjà giflée et il m’a…, commença-t-elle, incapable de finir sa phrase, la gorge serrée.  

- Et hier il m’a battue., acheva-t-elle.  

- Bon sang, ça va trop loin. Tu dois aller porter plainte et rentrer chez toi., lui dit-il.  

- J’ai le dossier, Jack. Je l’ai enfin trouvé. Mais il a nos passeports.  

- Va porter plainte. Je connais quelqu’un. On va déposer plainte et il gardera le dossier jusqu’à ce que tu sois à l’abri. Accepte, s’il te plaît., la supplia-t-il.  

- Mais ma belle-mère risque de passer., s’inquiéta Kaori.  

- On passera faire les magasins et acheter quelques bricoles. Ca nous servira de couverture. Je vais chercher Kei.  

 

Quelques minutes plus tard, ils s’éloignaient de la maison et se dirigèrent en plein centre de Los Angeles dans un commissariat de police. Ils retrouvèrent la connaissance de David auprès de qui Kaori témoigna de tout ce qu’elle avait vécu. Avec répugnance, elle se dévêtit et le laissa prendre des photos de son corps meurtri.  

 

- Tout ça, ça te servira à divorcer et obtenir la garde exclusive de Kei, d’accord ?, lui affirma Jack, pour la rassurer.  

- Oui. Maintenant, je dois détruire ce dossier., dit-elle, tapotant sur le sac à langer.  

- Viens. Je sais où aller.  

 

Ils ressortirent de là et reprirent la voiture. Jack s’engagea dans une rue à l’écart de la circulation et s’arrêta peu après. Il ouvrit silencieusement la porte à Kaori et prit Kei à bras.  

 

- Jette le dossier dans cette poubelle., lui conseilla-t-il.  

 

Elle s’exécuta et il lui donna son fils. Il prit alors une allumette dans sa poche intérieure, la craqua et mit le feu à la poubelle. Subjuguée, Kaori regarda le feu manger le papier de l’enveloppe puis noircir les photos avant de les réduire en cendres. Elle avait comme l’impression que c’était cette fausse vie qui se réduisait en peau de chagrin.  

 

- Viens., fit Jack, la prenant par le coude.  

 

Il la guida jusqu’à un téléphone public.  

 

- C’est l’un des derniers de Los Angeles et il fonctionne encore correctement. Appelle chez toi et dis-lui., lui conseilla-t-il, reprenant Kei qui s’était endormi après lui avoir glissé des pièces dans la main.  

 

Elle le regarda s’éloigner puis les pièces et enfin la cabine. Elle décrocha le combiné poisseux et introduisit, anxieuse, les pièces dans la fente avant de composer le numéro. Cela ne lui avait pris que quelques secondes, quelques secondes qui lui parurent une éternité.  

 

- Saeba…, fit une voix ensommeillée.  

 

Kaori ne put retenir le sanglot qui la prit ni les larmes qui se mirent à couler sur ses joues.  

 

- Kaori, c’est toi ?, reprit Ryo, incrédule.  

- J’ai… J’ai détruit le dossier, Ryo., bafouilla-t-elle entre deux sanglots.  

- Comment tu vas ?, s’inquiéta-t-il.  

- J’ai détruit le dossier, Ryo., répéta-t-elle.  

 

Elle n’arrivait plus à se contrôler. Peu importait comment elle allait, ce qui se passait, il n’y avait qu’une chose qui comptait : elle avait détruit ce dossier.  

 

- J’ai détruit le dossier, Ryo., dit-elle à nouveau comme une litanie.  

 

Assis dans son lit, bien éveillé, Ryo sentit la douleur de sa femme, son angoisse. Il ne voulait même pas imaginer ce que cette ordure lui avait fait de peur de péter un plomb alors qu’elle avait visiblement besoin de lui.  

 

- J’ai détruit le dossier. J’ai détruit le dossier, Ryo. J’ai détruit le dossier. J’ai…, commença-t-elle à réciter en boucle n’arrivant plus à s’arrêter.  

- Je vais vous faire rentrer à la maison, Kaori.  

 

C’était la réponse qu’elle attendait sans le savoir, qu’il lui dise qu’il était là et qu’il gérait comme avant. Ils faisaient un travail d’équipe et c’était à son tour de faire sa part.  

 

- Calme-toi. C’est bientôt fini. Tu vas rentrer à la maison avec Kei. Je serai là et je te protégerai. Je prendrai soin de vous., la rassura-t-il.  

- Je suppose qu’il garde vos passeports., affirma-t-il.  

- Oui., souffla-t-elle, commençant à reprendre ses esprits.  

- Alors c’est lui qui vous ramènera au Japon. Occupe-toi de vous deux. Tu as fait ton job, Kaori. Maintenant, c’est à moi de jouer. Je vais vous faire rentrer. Je suis fier de toi.  

- C’est vrai ?, lui demanda-t-elle dans un murmure, ébahie.  

- Oui. J’ai hâte de vous retrouver et de vous serrer dans mes bras tous les deux.  

- Ca va raccrocher, Ryo., dit-elle en entendant un bip.  

- Je t’aime, Sugar.  

 

Elle eut envie de contester, de lui dire qu’elle n’en était plus digne mais la communication coupa avant.  

 

- Moi aussi., murmura-t-elle, regardant le combiné et raccrochant le cœur lourd.  

- Alors qu’a-t-il dit ?, l’interrogea Jack, quand elle revint à la voiture.  

 

Kaori jeta un œil sur Kei endormi.  

 

- Qu’il allait nous ramener à la maison., répondit-elle, partagée entre la joie de rentrer et l’anxiété des retrouvailles.  

 

Elle savait que plus rien ne serait jamais comme avant. A quoi ressemblerait l’après ? 

 


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