Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 46 :: chapitre 46

Publiée: 16-04-20 - Mise à jour: 16-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Nous arrivons au premier Noël de Kei. Malgré la fin du parcours juridique, il reste encore un long chemin pour notre héroïne soutenue par son nettoyeur de mari. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

Chapitre 46  

 

Alors que les flocons commençaient doucement à tomber sur Tokyo, blanchissant lentement les rues enluminées mais presque désertes de la ville, tout un groupe d’amis était réuni à l’appartement et fêtait noël, rattrapant en ce jour le temps qu’ils n’avaient pu passer ensemble pendant de très longs mois. Kaori regarda d’un œil humide tous ses amis attablés, discutant joyeusement de tout et de rien. Miki et Kazue s’occupaient à tour de rôle de Kei qu’elles lui avaient kidnappé depuis leur arrivée, se servant sans honte du bébé pour insuffler une certaine envie chez leurs hommes. Mick et Umi faisaient semblant d’ignorer leurs compagnes et de ne pas comprendre les messages sous-jacents avec un léger sourire qui démentait leur indifférence apparente. Elle était heureuse d’avoir accepté cette réunion de dernière minute.  

 

Ryo lui voguait entre la cuisine et le séjour, amenant les plats à table, desservant, rangeant… Elle ne l’avait pas vu s’arrêter une minute sauf lorsque tout était servi et qu’il venait enfin manger avec eux. Elle devait avouer qu’au départ, son absence l’avait mise mal à l’aise. Elle se retrouvait là, hôtesse de maison, à devoir accueillir et évoluer autour de toutes ces personnes et craignait que chaque geste, chaque toucher malencontreux ne la fasse sursauter ou hurler mais ça n’avait pas été le cas. Il n’y avait toujours pas eu d’embrassades, de Mick lui sautant dessus mais ils avaient pu s’étreindre brièvement sans malaise. Elle se souvint avec émotion de la petite phrase du Professeur.  

 

- Je ne pensais pas pouvoir te serrer entre mes bras avant un très très long moment, Kaori. Pour moi, ce moment n’a jamais été aussi bon., avait-il admis, un regard admiratif posé sur elle.  

- Tu as accompli un travail sur toi étonnant.  

- Je ne suis pas encore guérie. Je ne le serais sûrement jamais., avait-elle modéré.  

- Je pense que j’aurais peut-être l’occasion de voir un deuxième miracle dans ma vie. Pas étonnant que vous vous soyez rencontrés tous les deux., avait-il constaté en jetant un œil vers Ryo.  

 

Elle sentit la chaleur la gagner en sentant l’affection qui l’entourait. Elle tourna la tête et vit Ryo réintégrer encore une fois la cuisine. Elle se leva souplement, enfin autant qu’un ventre arrondi par sept mois et demi de grossesse le lui permettait. Elle pénétra dans la cuisine et fut surprise de la voir aussi nickel que possible. Les couverts et plats à nettoyer attendaient empilés et triés la fin du cycle du lave-vaisselle que Ryo avait insisté pour acquérir maintenant qu’ils étaient trois. Il rangeait la vaisselle propre qu’il venait de sortir et le plan de travail et la table auraient presque pu briller.  

 

- Je suis épatée mais je serais presque en colère aussi., plaisanta-t-elle, les bras croisés, l’air faussement sévère.  

- Depuis tout ce temps, tu savais cuisiner et t’occuper de la maison et tu ne m’en as jamais fait profiter…, le taquina-t-elle.  

- C’est vrai mais il faut me comprendre, Madame le Juge. J’avais une superbe femme à la maison que je pouvais observer à loisirs sous toutes les coutures en pleine activité avec parfois des extras sous forme de parcelles de peau dénudée. Je ne suis qu’un pauvre homme mû par de bas mais naturels instincts.  

 

Kaori sentit le rouge lui monter aux joues sous le compliment et baissa les yeux, luttant contre son envie de fuir.  

 

- Si tu le pouvais, tu t’enfuirais encore plus vite que Bip-Bip, n’est-ce pas ?, murmura-t-il, posant une main sur sa joue, l’effleurant du pouce avant de remonter placer une mèche derrière son oreille.  

- Oui., admit-elle, s’apaisant à son contact.  

- On y arrivera, Kaori. Un jour, tu arriveras à parler de pulsions sexuelles sans prendre tes jambes à ton cou. Tu continueras à rougir mais cela, tu le faisais déjà avant, donc ça ne compte pas., la taquina-t-il.  

 

Elle le laissa relever son visage et croisa son regard chaud. C’était agréable de sentir ses doigts toucher son visage sans crainte, sans s’effaroucher. C’était un nouveau cap de franchi en dix jours et, si elle regardait en arrière, ils en avaient franchi tellement en trois mois…  

 

- J’espère. En attendant, si tu venais un peu avec nous ? Tu n’arrêtes pas depuis tout à l’heure. Le reste peut attendre., lui demanda-t-elle.  

- D’accord. Ca va, toi ? Pas trop fatiguée ?, s’inquiéta-t-il.  

- Si, un peu mais je suis tellement heureuse de ce moment que ça ne me dérange pas., lui assura-t-elle.  

- Je voudrais juste câliner un peu mon fils avant qu’il aille se coucher., dit-elle, regardant l’horloge qui indiquait dix-huit heures.  

- A votre service, Madame., fit-il cérémonieusement.  

 

Ils rejoignirent leurs convives et, alors que Kaori s’asseyait de nouveau à sa chaise, Ryo s’approcha des filles et leur chipa son fils.  

 

- Mais…, s’indigna Miki.  

- Kaori veut en profiter un peu aussi. Je pense que le message est passé, les filles. Reste à voir s’ils sauront le décoder., plaisanta-t-il, leur tirant un sourire.  

 

Il serra Kei, heureux de le retrouver, contre lui et l’amena à sa mère. Le petit garçon lui fit la fête. Appuyé contre elle, il se dressait fièrement sur ses deux jambes et observait son environnement de toute sa hauteur.  

 

- Ca change la donne d’avoir un enfant parmi nous., lâcha Kazue, rêveuse.  

- Noël prend une autre signification., ajouta-t-elle.  

- C’est vrai. Kei ne réalise pas encore mais, dans deux ou trois ans, il nous en parlera pendant des jours avant., répliqua Miki.  

- Profitons du moment présent. Nous ne savons que peu de choses sur ce qui arrivera dans les mois à venir. Ca ne sert à rien de se projeter., répondit calmement Kaori, le regard fixé sur Kei, un sourire aux lèvres.  

 

Ryo l’observa et vit l’ombre qui traversa ses prunelles noisette. Il l’avait déjà vue dans la journée et lui avait donné du temps. Peut-être qu’une discussion s’imposerait après la fête… Légèrement nerveux, il ressentit le besoin de prendre l’air.  

 

- Je vais fumer une cigarette et je reviens., prévint-il sa femme.  

- D’accord. Ne prends pas froid., lui dit-elle, soucieuse.  

- C’est lui le bébé, Kaori., fit-il en pointant vers Kei.  

 

Il caressa légèrement sa joue et lui adressa un clin d’oeil avant de se retourner.  

 

- Je sais mais je tiens à toi., répondit-elle sans se soucier de l’auditoire.  

- Attends Ryo, tu oublies ta veste., cria Mick, se levant de table.  

- Je vais les suivre sinon ils vont encore se chamailler comme deux gamins., grogna Umibozu, déployant sa haute stature.  

- Moi, je reste là pour profiter de ses dames et de leurs charmes., feignit de se complaire le Professeur, se frottant les mains.  

- Belle fête…, lâcha Mick, allumant sa cigarette et faisant tourner son briquet.  

- Tu t’es décarcassé pour tout cela., remarqua-t-il.  

- J’en avais envie et elle le mérite. Puis la voir à l’aise parmi vous quand je ne suis pas à ses côtés, est aussi un signe d’avancée., répondit Ryo, le regard posé sur le lointain.  

- Mais tu sens qu’elle n’est pas tout à fait là, n’est-ce pas ?, lâcha Umibozu.  

- Elle a bien progressé mais la Kaori que l’on voit n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a encore beaucoup de chemin à faire et les semaines à venir vont être cruciales., soupira-t-il.  

 

Mick et Umibozu se regardèrent avant de tourner de nouveau leur attention vers leur ami. Ryo leur avait fait part des progrès de Kaori. Sans verser dans l’excès de confiance, il s’était montré très rassurant et c’était la première fois qu’ils lui sentaient cette humeur sombre depuis son retour.  

 

- La naissance…, murmura Mick, d’un ton lourd.  

- Oui., souffla Ryo.  

- Elle a pris sa décision ?, demanda l’américain.  

- Elle veut faire adopter le bébé. On a rendez-vous demain à l’orphelinat pour voir avec la directrice comment on va procéder., leur apprit le nettoyeur.  

- Mais… Kaori… elle ne peut pas… elle ne supportera pas., bredouilla leur ami, sidéré.  

 

Ryo jeta son mégot éteint et le regarda tomber dans le container à poubelles avant de se redresser et de passer une main dans ses cheveux.  

 

- Elle ne se voit pas élever un enfant qu’elle ne pense pas pouvoir aimer. Elle ne veut pas que cet enfant soit malheureux ou le moins possible parce qu’elle sait ce que c’est de se demander d’où on vient., leur expliqua-t-il.  

- Toi, tu en penses quoi ?, lui demanda Umibozu.  

- Moi, je n’ai pas à penser. Je ne veux pas penser et la pousser d’un côté ou de l’autre. Je suis là pour elle, pour passer cette épreuve et avancer, essayer de remonter la pente après. Je ne veux être ni juge ni conscience, elle aura besoin de ma neutralité.  

 

Ryo se tourna et alluma une deuxième cigarette. Il se plongea de nouveau dans la contemplation du paysage. Il ne voulait pas penser ni interférer dans sa décision. C’était un mur qu’elle devait franchir seule. Il ne pouvait qu’assurer ses arrières, être là pour la rattraper si elle chutait, l’encourager pour atteindre le sommet, le franchir et se tourner vers l’obstacle suivant.  

 

- Tu sais qu’on peut tout entendre si ça peut aider., lui assura Mick.  

- Je sais mais elle n’a pas besoin de mes doutes.  

- Tu penses qu’elle devrait le garder ? Tu imagines devoir voir toute sa vie l’enfant de son violeur, devoir l’aimer comme si de rien n’était., s’étonna son ami.  

- Je ne sais pas si elle doit le garder ou non. Je sais qu’elle doit prendre une décision avec laquelle elle pourra vivre et, pour le moment, je ne suis pas sûr qu’elle l’aie fait., répondit Ryo.  

- Je le pense aussi., intervint Umibozu.  

- Je ne vous suis pas, les gars. Elle doit le garder ou non ?, insista le blond.  

 

Ryo et Umibozu se regardèrent un instant avant de détourner le regard en soupirant.  

 

- On n’en sait rien, alors tu imagines Kaori., répliqua Umibozu.  

 

C’était bien là le problème, pensa le nettoyeur japonais. Il n’y avait pas de bonne décision. Si elle le gardait, comment vivre avec cet enfant ? Comment oublier son géniteur ? Comment bâtir une relation saine et naturelle comme avec Kei ? Si, au contraire, elle le donnait à l’adoption, comment vivre avec cette culpabilité de donner une vie sans passé à ce bébé ? Comment vivre sans cet enfant qu’elle avait porté et senti vivre pendant neuf mois ? Non, il n’y avait pas de bonne décision. Il y aurait une décision raisonnable, celle avec laquelle elle pourrait vivre… Peut-être…  

 

- Il faut qu’on y retourne., fit Ryo, calquant un sourire sur ses lèvres.  

 

Les deux autres acquiescèrent et ils retournèrent à l’intérieur. Sentant une présence à l’étage, il se rendit dans la chambre de Kaori et trouva mère et fils endormis sur le lit. Il prit Kei et le mit dans son lit, l’embrassant sur le front avant de le poser. Doucement, il tira la couverture et la posa sur elle, caressant l’ovale de son visage avant de la laisser.  

 

- Kaori s’est endormie en couchant Kei., informa-t-il la bande en redescendant.  

- C’est vrai qu’elle était un peu longue…, releva Kazue.  

- On va te laisser. Merci pour cette journée, Ryo. Embrasse-la pour nous., le salua Miki.  

- Ce sera fait. Je suis sûr qu’elle a apprécié. Merci d’être venus., répondit-il.  

 

Toujours désireux d’avoir cette conversation avec sa femme, Ryo débarrassa la table, la cuisine attendant le réveil de Kaori. Arrivées onze heures, il dut cependant admettre qu’elle ne se réveillerait pas avant le lendemain matin et qu’il ne servait plus à rien de l’attendre. Jetant un dernier coup d’oeil sur l’endormie, il se retira dans sa chambre et s’endormit d’un sommeil agité.  

 

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin très tôt, Kaori se sentit mortifiée : elle s’était endormie alors que tous leurs amis étaient en bas. Elle ne l’avait pas senti arriver : elle avait juste voulu se poser quelques minutes avec Kei pour un moment de tendresse au calme et le sommeil l’avait gagnée. Regardant son fils dormir à travers les barreaux du lit, elle sentit son cœur se serrer. Elle avait voulu passer un Noël normal, joyeux, léger pour lui, pour son premier Noël. Elle n’avait cependant pas pu s’empêcher de se poser des questions sur la décision qu’elle avait prise et qu’elle allait entériner le lendemain. Elle n’avait pu s’empêcher de se demander comment serait le premier Noël de cet enfant et les suivants. Elle avait affiché un sourire de façade par moments, lorsque la douleur devenait trop forte, les regrets aussi.  

 

Elle avait retourné le problème dans tous les sens, pesé le pour et le contre, imaginé la situation sous tous les angles : l’adoption était la seule décision possible. Malgré cela, la culpabilité était là. Elle allait mettre au monde un enfant et le priver de ses racines. Elle allait le jeter dans un océan d’incertitude mais était-ce mieux que de lui faire connaître ses origines, la manière dont il avait été engendré ? Elle ne savait pas. Elle le pensait, l’espérait même. Elle espérait aussi que cet acte lui permettrait de continuer à être la mère à part entière de Kei. Arriverait-elle encore à regarder son fils en face après avoir abandonné l’autre vie qu’elle avait portée ? Et elle, arriverait-elle à assumer son choix, à vivre avec sans honte ? Elle ne le savait pas non plus.  

 

Ryo lui avait donné du temps. Il s’était montré patient quant à la décision qu’elle devait prendre mais elle n’en pouvait plus de tergiverser et de se demander ce que serait son avenir, leur avenir. Alors elle avait tranché le jour même où elle avait su que David avait été condamné à dix ans de prison supplémentaire pour tentative de corruption et que sa peine serait exécutée aux Etats-Unis. Elle tranchait les dernières entraves qui la reliaient au passé.  

 

Elle frissonna dans son lit, resserrant la couverture autour d’elle. Son avocat lui avait proposé d’assister au départ de son ex-mari à l’aéroport, lui disant que ça la rassurerait peut-être. Elle avait refusé. L’avion qui emmenait David décollait à dix heures. C’était l’heure à laquelle elle avait pris rendez-vous avec la directrice de la pension Kurumi pour discuter des modalités de l’adoption du bébé. Malgré tout le détachement qu’elle essayait de maintenir vis-à-vis de ce bébé, elle avait besoin de savoir qu’il serait entre de bonnes mains et elle avait confiance en Madame Tomoka.  

 

Elle quitta silencieusement son lit et se dirigea vers la cuisine, préparant le café pour Ryo et un thé pour elle. Enveloppée par le silence confortable, elle prit sa tasse fumante entre ses mains et observa les volutes de vapeur d’eau grimper dans l’air. Elle s’absorba dans cette contemplation pour oublier la douleur. Jamais elle n’aurait imaginé abandonner un enfant. Jamais. C’était une chose totalement inconcevable pour elle. Chaque enfant méritait d’être aimé et chéri et, pourtant, un évènement tragique et imprévisible avait ébranlé ses convictions. Il était un enfant dont elle ne savait pas si elle serait capable de l’aimer ou non, le sien, un enfant né d’un viol, un enfant qu’elle ne jugeait pas responsable des fautes de son géniteur mais qui allait payer toute sa vie pour lui. Ce profond sentiment d’injustice qui la tenaillait revint à la charge. Elle avait pensé qu’il disparaîtrait avec les condamnations de David mais ce n’était pas le cas car rien ne pouvait réparer ce mal-là.  

 

Sentant les larmes monter, elle appuya du bout des doigts sur les coins de ses yeux pour les réprimer. Elle sentit au même moment une aura réconfortante l’envelopper et deux mains se poser sur ses épaules et se laissa aller en arrière contre Ryo.  

 

- S’il est trop tôt pour cela, on peut annuler Kaori., murmura-t-il.  

 

Elle lui fut gré de sa sollicitude et contempla l’idée quelques instants.  

 

- Non, je dois le faire. Il ne me reste que sept semaines au maximum pour me préparer. J’ai pris ma décision. Il faut que j’aille au bout maintenant., affirma-t-elle, trouvant en elle la force de ne pas s’effondrer.  

 

Elle le pouvait. Ryo lui avait montré le chemin de retour. Elle était forte et courageuse. Elle savait prendre les décisions qui s’imposaient pour elle et sa famille. Ryo avait été patient avec elle, c’était à son tour d’être raisonnable pour lui. Elle apprendrait à vivre avec ses doutes. De toute manière, peu importait la décision, les doutes seraient toujours là.  

 

- D’accord. Je serai là., lui affirma-t-il.  

- Je sais.  

 

Ils restèrent ainsi un long moment avant de vaquer à leurs occupations, de se préparer et préparer Kei qu’ils déposèrent au Cat’s puis de se diriger vers l’orphelinat. Quand ils y arrivèrent après un trajet effectué dans le plus grand des silences, Kaori regarda l’horloge sur le tableau de bord.  

 

- Il est en route vers les Etats-Unis., souffla-t-elle, sentant un poids quitter partiellement ses épaules.  

- Oui. Tu es prête ?, s’enquit le nettoyeur.  

 

La jeune femme réprima la boule d’angoisse qui lui enserrait la gorge et sortit de voiture. Lorsqu’ils débouchèrent du parking vers le jardin de l’orphelinat, Kaori s’arrêta et contempla les bâtiments. Son cœur battit très fort tout en se serrant simultanément. Elle ne sentit même pas les larmes couler le long de ses joues.  

 

- C’est magnifique…, souffla-t-elle.  

- Oui. Là, c’est l’orphelinat et, là, le bâtiment pour les jeunes adultes., désigna Ryo.  

 

Elle observa son rêve devenu réalité. Un bâtiment aux normes, qui ne craignait plus de s’effondrer ou d’être inondé à chaque typhon et un autre qui permettait aux jeunes de rêver d’un avenir meilleur. Son calvaire avait au moins eu un côté positif et cette seule pensée la rendit malade. Elle se retrouva soudainement penchée sur le côté, vomissant le contenu de son estomac, des sanglots l’agitant, le visage baigné de larmes. Elle sentit les bras de Ryo la soutenir mais ses paroles n’atteignirent pas son esprit embrumé. Cela lui prit plusieurs minutes avant de se calmer et de se laisser attirer prostrée dans les bras de son mari. Inquiet, il l’emmena à l’intérieur où il croisa la directrice qui les dirigea sans un mot vers son bureau où elle les laissa avant de revenir avec un verre d’eau. Au bout d’un très long moment de silence, Kaori finit par sortir de son mutisme et posa un regard brouillé sur la vieille dame puis sur Ryo.  

 

- Je suis désolée., bafouilla-t-elle.  

- Vous n’avez pas à l’être. Vous n’imaginez pas comme je suis contente de vous revoir., lui affirma la vieille dame.  

- Nous attendions votre visite avec impatience.  

- Ce n’est pas une visite de courtoisie, Madame Tomoka., indiqua Ryo, tentant de rester neutre pour Kaori.  

- Vraiment ? Mais que…  

- Je souhaiterais confier mon enfant à l’adoption à sa naissance., lui apprit Kaori après avoir pris une profonde inspiration.  

 

Elle vit la vieille dame ouvrir la bouche et les yeux, surprise, puis se tourner vers Ryo pour avoir confirmation, ce qu’il fit en prenant la main de sa compagne.  

 

- Vous ne devez pas être sans savoir les circonstances de sa conception., continua la jeune femme.  

- Non, en effet., murmura Madame Tomoka.  

- Vous comprendrez que je ne peux pas le garder. J’ai confiance en cet orphelinat pour prendre soin de lui ou d’elle en attendant la fin de la période à laquelle il pourra être confié à une famille.  

 

Kaori conclut sa phrase en baissant les yeux. Elle avait tenu bon pour énoncer ses intentions, sa voix n’avait pas tremblé, pas une larme n’avait été versée mais elle se sentait épuisée.  

 

- Vous êtes sûre de vous ?, balbutia la directrice.  

- C’est la solution la plus raisonnable., affirma Kaori.  

- Très bien., répondit-elle, la mort dans l’âme.  

- Vous connaissez la procédure ?, lui demanda la directrice.  

 

Pour la première fois, la nettoyeuse fut incapable d’articuler un mot et secoua négativement la tête. Elle sentit la main de Ryo presser la sienne et redressa le menton.  

 

- Nous allons déjà remplir ce dossier qui indique votre consentement pour l’abandon. Nous allons ainsi recueillir d’ores et déjà des informations qui nous permettront de trouver une famille à cet enfant. Quand est prévu l’accouchement ?  

- Dans sept semaines, pour le quatorze février., répondit la jeune femme, ne voulant pas penser à la signification particulière de cette date.  

- D’accord. Lorsque vous accoucherez, faites-nous prévenir. Le bébé restera à l’hôpital une semaine pour le suivi et ne sera amené ici qu’après. Nous en prendrons soin jusqu’à ses deux mois, âge à partir duquel il pourra être placé et adopté.  

 

La directrice regarda la jeune femme face à elle qui tentait de se montrer courageuse et se sentait mal de la voir ainsi souffrir. C’était bien la dernière personne qu’elle pensait accueillir un jour pour un rendez-vous de ce genre mais elle le tairait, la souffrance était déjà bien plus qu’évidente.  

 

- S’agissant d’un bébé, nous devrions rapidement lui trouver une famille. Vous connaissez le sexe ?, s’enquit-elle.  

- Non, je ne veux pas savoir., murmura Kaori.  

 

Toutes ces nouvelles qui auraient dû la réjouir la déprimaient un peu plus. Elle voulait juste que le rendez-vous se termine et qu’elle puisse s’en aller retrouver l’enfant qu’elle garderait auprès d’elle toute sa vie.  

 

- Pas de souci. Vous devez savoir que ce délai de deux mois est aussi le délai de réflexion que vous avez pour vous rétracter.  

- Je ne changerai pas d’avis. Je ne peux pas., se défendit-elle.  

- Je vous laisse le dossier. Prenez le temps de le remplir au calme. Voulez-vous voir les pièces réservées aux nourrissons ?, lui proposa la directrice.  

- Non, merci. Moins j’en saurai, mieux ce sera., objecta la jeune femme.  

- Je veux m’en aller, Ryo., souffla-t-elle sur le point de craquer de nouveau.  

- Viens.  

 

Il se leva, attrapa sa main et passa un bras autour de sa taille quand elle fut debout. Ils saluèrent rapidement la directrice et se dirigèrent vers la sortie. Kaori souffla lorsqu’ils atteignirent le parking sans avoir vu les enfants. Elle ne s’en sentait pas la force. C’était trop dur encore. Un jour peut-être… La chance ne les poursuivit cependant pas puisqu’ils croisèrent près de la mini Megumi.  

 

- Bonjour Kaori, vous êtes revenue rendre visite aux enfants ? C’est super. Ils ont dû être si heureux., s’enthousiasma-t-elle.  

- Bonjour Megumi., répondit Kaori d’une voix éteinte.  

 

Des larmes commencèrent à rouler le long des joues de la jeune femme épuisée.  

 

- Kaori ?, s’inquiéta la mécène.  

- Megumi… Merci pour votre témoignage lors du procès de David., dit simplement la nettoyeuse luttant contre sa trachée contractée.  

- De rien… Ce qu’il vous a fait… J’ai encore du mal à y croire. Il semblait… bien, un homme correct.  

- Je sais. Je n’ai jamais pensé que ça irait jusque là non plus., admit Kaori.  

- Vous êtes venue voir les enfants ?, réitéra la dame, un pressentiment émergeant.  

 

Megumi vit le regard douloureux de son interlocutrice à son ami et son cœur se serra.  

 

- Non. Je suis venue confier mon enfant à l’adoption. Je ne peux pas garder le fruit de ses exactions., l’informa Kaori.  

 

La bienfaitrice ne sut que répondre et regarda le couple monter en voiture et s’éloigner, horrifiée. Elle sentit la colère monter en elle face à une telle injustice. La contrôlant temporairement, elle se dirigea vers l’orphelinat pour visiter les enfants comme elle l’avait prévu. Elle avait du mal à imaginer que bientôt un nouvel arrivant viendrait compléter les rangs, pas celui-là en tous cas…  

 


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