Chapitre 63 :: Chapitre 63

Publiée: 12-01-24 - Mise à jour: 12-01-24

Commentaires: Bonsoir, voici l'épisode suivant des claps de fin. Il a lieu après la rencontre de nos chouchous avec la jeune Aline Boudard, policière devant participer au JO et que Saeko confie à Ryô pour l'aider à perfectionner ses compétences. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

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Chapitre 63 : Episode 72 : Protection rapprochée d’une belle tireuse.  

- Donne-moi ton arme. Je vais la nettoyer.  

Kaori regarde Ryô, surprise par sa proposition. Elle hésite et se demande si elle doit y lire un signe, une indication sur le fait qu’elle s’occuperait mal de son colt Lawman. Pourtant, elle chérit cette arme, non pas pour sa fonction mais pour la personne à qui elle a appartenu précédemment.  

- Non, je vais le faire. Je m’appliquerai encore plus s’il le faut., lui oppose-t-elle, se demandant comment elle ferait alors qu’elle suivait déjà ses instructions à la lettre.  

Il l’observe un instant puis pousse un très léger soupir : son plan ne va pas se dérouler aussi facilement qu’il le pensait et ça le frustre un peu car il ne se voit pas lui avouer de but en blanc ses véritables intentions.  

- Je n’ai rien à redire sur la façon dont tu t’en occupes., lui fait-il savoir.  

- Ah… Pourquoi veux-tu nettoyer mon arme alors ? Tu m’as toujours dit que j’en étais responsable., lui rappelle-t-elle.  

Merde, se dit-il, si en plus elle se met à retourner ses propres paroles contre lui, il n’est pas sorti de l’auberge… Tiens, en parlant d’auberge, c’est peut-être une idée…  

- Pour te faire gagner un peu de temps. En fait, j’ai envie de manger ce plat que tu ne fais que rarement, tu sais avec du bouillon, des légumes, du poisson et le tout doit mijoter pendant un petit bout de temps…, fait-il, feignant de chercher le nom du plat.  

- Je vois… Tu as vraiment envie de cela ? Tu n’arrêtes pas de dire que ce n’est pas terrible., lui rappelle-t-elle à nouveau, dubitative.  

- Eh bien… J’en ai envie ce soir. Ca me ferait plaisir même si tu prenais le temps de me le préparer., l’amadoue-t-il, lui tendant la main.  

Kaori ne peut s’empêcher de rosir de plaisir. Après ce magnifique « rêve » alors qu’elle était amnésique, il lui avoue qu’il aimerait qu’elle cuisine un plat pour lui. Ca fait très… couple… et elle en frémit de plaisir.  

- D’accord., lui concède-t-elle, allant chercher son revolver dans son sac à main.  

- Tu es sûr que ce n’est pas parce que je le nettoie mal ?, lui demande-t-elle malgré tout, pris d’un dernier doute.  

- Ne t’inquiète pas, je ne m’en serais pas privé., la rassure-t-il avec un sourire narquois.  

Elle grimace en acceptant cette assertion et lâche l’arme dans sa main.  

- Bon, je n’ai plus qu’à aller cuisiner alors…, fait-elle.  

- Y a plus qu’à… Kaori… Merci., lui dit-il d’une voix chaude qui la rend toute chose.  

Il la regarde s’en aller en cuisine et s’assoit à la table de la salle à manger, son magnum et le colt devant lui. Par mesure de prudence, il commence par nettoyer la sienne. Il la connaît par cœur, serait même capable de le faire les yeux fermés. Cela lui permet de laisser ses pensées errer sur les derniers jours.  

La venue d’Aline, la jeune collègue de Saeko, partie représenter le Japon aux Jeux Olympiques l’a fait réfléchir. La jeune femme était restée traumatisée après avoir tiré sur un malfaiteur au début de sa carrière alors qu’elle manquait encore de justesse dans son tir. Elle l’avait touché au visage et non à l’épaule comme elle l’avait souhaité. A quelques centimètres près, elle le tuait. Son traumatisme aurait été encore plus grand, voire insurmontable.  

Ca l’a fait réfléchir parce qu’il n’a pu s’empêcher de penser Kaori à la place de la jeune femme, Kaori qui était un peu envieuse des compétences au tir de leur jeune cliente. Si elle savait… Il repose son magnum, nettoyé, graissé, brillant alors qu’il l’a lustré et pose les yeux sur le colt Lawman d’Hideyuki. Il connaît les capacités de cette arme, il l’a déjà utilisée… avant de la lui donner. C’est une très bonne arme, maniable, pas trop lourde, avec une détente ni trop lâche ni trop dure, plus faite pour une main d’homme mais qui convient très bien à Kaori qui a de la poigne. Il a mis dans le mille à chaque fois… avant de la dérégler. Depuis, même lui est incapable de bien viser avec.  

Cette fois, son regard est comme vissé sur l’arme alors qu’il la démonte pièce par pièce, chose que Kaori fait régulièrement, il le sait. Tout comme il sait qu’elle la remonte scrupuleusement comme il le lui a montré, exactement comme il le lui a montré, au millimètre ou degré près selon les pièces. Elle n’a jamais noté le dérèglement de son arme, jamais… Peut-être est-il temps de corriger ce fait, de remettre l’arme comme elle devrait être et d’apprendre à Kaori à tirer. C’était ce qu’il avait en tête lorsqu’il avait décidé de nettoyer son arme.  

En voyant Aline, en se souvenant de ce qu’il lui a dit sur le port, il s’est dit qu’il avait peut-être eu tort de faire ce qu’il avait fait et qu’après son aveu, s’il envisageait de peut-être faire avancer les choses entre eux, ce qui n’est pas d’actualités mais qui pouvait prédire ce qui arriverait dans le futur ?, il était peut-être temps de faire les choses dans les règles de l’art et de cesser de penser qu’elle n’aurait jamais ou peu recours à son arme et que, déréglée, elle ne toucherait et tuerait jamais personne. Il doit aussi penser à sa protection et faire en sorte que, si elle doit user de son arme, elle puisse le faire en toute capacité. Ce ne serait déjà pas une chose aisée mais si elle tuait quelqu’un, il risquait de la perdre et elle se perdrait.  

Il se sent frissonner et ce n’est pas à cause du léger courant d’air qui parvient de la fenêtre derrière lui. C’est la simple idée de ne plus l’avoir dans sa vie, de ne plus l’entendre humer un petit air en cuisinant, de ne plus sentir sa présence dans l’appartement, de savoir qu’elle ne serait pas là quand il rentrerait. Pour le coureur de jupons qu’il est, c’est une première car ce n’est pas le sexe qui motive ses pensées avec elle… Certes, il ne va pas se mentir alors qu’il ne se parle qu’avec cette petite voix intérieure que personne ne peut entendre à part lui : Kaori attise ses sens, fait partie de certains de ses rêves et il a déjà bandé pour elle et pourrait même le refaire. Cependant, ce n’est pas son intérêt premier…  

Il prend les pièces une par une, les frotte, les essuie, gratte les traces de poudre, graisse ce qui doit l’être, passe le goupillon dans le canon et le logement des balles… Il prend son temps, le temps nécessaire pour réfléchir à ce qu’il doit faire alors qu’il entend le couteau glisser énergiquement sur les aliments. Il esquisse un sourire, se remémorant avec tendresse du léger rose qui a teinté les joues de sa partenaire quand il lui a demandé de cuisiner ce plat. Après avoir tant dénigré sa cuisine, elle ne devait vraiment pas s’y attendre. Il n’aurait peut-être pas dû faire cela mais les choses avaient bougé, un peu, entre eux.  

Un tout petit peu qui est déjà un grand pas pour lui. Il a besoin de temps pour voir s’il a envie de plus, s’il est capable de plus, si Kaori en a envie. Et il serait aussi nécessaire qu’ils en parlent mais, sur ce point-là, il se sent aussi paralysé qu’Aline l’a été en revoyant l’homme sur lequel elle avait tiré. Sera-t-il capable de bouger pour avoir plus ? Devra-t-il attendre l’intervention de quelqu’un comme Kaori est intervenue pour aider Aline à sortir de son état de choc ? Le veut-il ?  

Il pousse un léger soupir et commence à rassembler les pièces. Arrivé au moment fatidique, il regarde le canon, le remet dans la bonne position, prêt à aller voir sa partenaire et lui proposer de lui apprendre à tirer… Il finit d’assembler l’arme, vérifie que le barillet revient bien en place et la repose, les deux mains l’entourant. Il est temps d’aller la voir, il est temps de lui parler et de lui proposer de s’entraîner, il est temps d’accepter d’en faire réellement sa partenaire avec les compétences nécessaires, il est temps d’accepter de la voir utiliser une arme à feu et ne pas craindre pour sa vie, physique ou spirituelle.  

Il appuie sur ses mains pour se lever mais semble pris d’un manque de force soudain. Il entend au loin Kaori parler, se donner les consignes de préparation et, instinctivement, redémonte l’arme et la dérègle de nouveau, un petit peu moins cependant, juste pour lui donner un signe encourageant. Il n’est pas prêt à la voir tirer sur quelqu’un et risquer de le tuer. Il a encore besoin de temps.  

- J’ai fini., lui apprend-il, la rejoignant en cuisine.  

- Ryô !, fait-elle, se retournant visiblement surprise par son arrivée.  

- Je ne m’attendais pas à ce que tu arrives si vite., lui avoue-t-elle, esquissant un sourire gêné.  

Oh oui, ils ont encore besoin de temps tous les deux pour s’habituer à certaines choses, se dit-il…  

- Oh non…, lâche-t-elle soudain, fronçant les sourcils.  

- Tu es venu me dire que finalement tu ne dînes pas ici, que tu sors et que je me suis décarcassée pour rien., soupire-t-elle, posant sa cuillère.  

- En fait, oui, je sors. Je dois aller faire le tour de mes indics. J’ai encore le temps avant que ce soit prêt, non ?, lui demande-t-il.  

Il avait effectivement pensé s’échapper mais son regard déçu l’en dissuade et il attend de connaître sa réponse pour aviser.  

- Deux heures de cuisson encore., lui apprend-elle.  

- Alors c’est vrai ? Tu rentres dîner ?, s’assure-t-elle, se mordillant légèrement la lèvre.  

- Oui, Kaori. Je serai là pour le dîner. Je vais voir mes indics et je rentre. En revanche, je vais devoir ressortir ce soir pour récolter des informations., l’informe-t-il nonchalamment.  

Il note le doute dans son regard alors qu’elle doit l’imaginer en train de batifoler avec certaines d’entre elles.  

- Tu pourras regarder à quelle heure a lieu l’épreuve d’Aline, s’il te plaît ? Je voudrais la voir en compétition., lui fait-il savoir.  

- C’est en pleine nuit…, lui fait-elle savoir, surprise.  

- Je me doute, vu où ça a lieu… Je suis sûr que tu voudras savoir aussi., suppose-t-il comme une invitation à partager ce moment avec lui.  

- Je… Oui, je voudrais bien., admet-elle.  

- Alors on pourra peut-être regarder ensemble…, suggère-t-il.  

- Tu me diras ça tout à l’heure., lance-t-il, s’en allant.  

Kaori le regarde faire, stupéfaite, avant qu’un sourire lui mange le visage. Elle va regarder la télé avec Ryô ! Ryô lui a proposé de regarder un programme avec lui ! Elle tourne et retourne la proposition dans tous les sens toujours aussi excitée et finit de préparer le repas avant de mettre la table avec entrain et allégresse.  

Ryô, de son côté, se sent un peu nerveux mais il est content de sa proposition. C’est un petit pas mais dans le bon sens. Peut-être que l’avenir sera fait d’autres petits pas toujours dans le bon sens… Il presse le pas pour rentrer plus vite chez lui. 

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