Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 39 :: Chapitre 39

Publiée: 02-03-21 - Mise à jour: 02-03-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 39  

 

Lorsque Ryo et Kaori arrivèrent à la Midtown le lendemain matin, Mick les attendait dans le parking.  

 

- Des nouvelles d’Asami ?, les interrogea-t-il, soucieux.  

- Son état est stable. Elle s’est réveillée ce matin quelques minutes., lui répondit Kaori.  

- Super. On vous a installés au service juridique, le seul étage où il restait deux bureaux libres côte à côte avec des fenêtres sans vis-à-vis. Les fenêtres du dernier seront changées d’ici fin de semaine., leur apprit-il.  

- Merci Mick. Tout a été transporté ici ?, s’étonna Ryo.  

- Les ordinateurs et dossiers. On n’a pas déplacé les archives. On a juste fermé la porte à clef. Si vous avez besoin de quelque chose, vous me prévenez et j’irai vous le chercher., leur offrit l’américain.  

- Ca ira. On se débrouillera., répondit le dirigeant, posant ses affaires dans son bureau.  

 

Il le détailla du regard et se retint de fermer les stores de la vitre qui le séparait des autres bureaux en voyant tous les regards tournés vers eux. Il n’avait rien à cacher.  

 

- Il y a une porte communicante entre les deux bureaux, un garde restera posté là en permanence., indiqua-t-il, l’homme déjà à son poste.  

 

Ils se retournèrent tous en entendant une conversation assez vive à l’extérieur et, sans réelle surprise, virent Reika en pourparlers avec le garde du corps.  

 

- Les vautours sont de sortie., maugréa Ryo, se dirigeant vers la porte.  

- Bonjour Reika, que veux-tu ?, lui demanda-t-il sans ambages.  

- Bonjour Ryo. Je voulais juste te dire que j’étais soulagée que ce tueur fou ne t’ait pas touché et aussi te proposer de remplacer Asami., lui fit-elle savoir avec un sourire charmeur.  

- C’est gentil mais ce n’était pas moi qui étais visé et Asami n’a pas besoin de remplaçante. Kaori assure l’intérim., lui répondit-il.  

- Elle n’est que stagiaire. Tu ne peux pas la laisser à ce poste sans tuteur., lui fit-elle remarquer, tentant de réprimer son petit air victorieux.  

- Merci de me signaler ce point. Je l’avais effectivement omis. Je vais faire le nécessaire. Bonne journée, Reika. Il me semble que Kazue t’appelle., l’informa-t-il, voyant la jeune femme à la porte de son bureau  

- A plus tard, Ryo., répliqua-t-elle, satisfaite.  

 

Il ne pouvait plus reculer maintenant, se dit-elle. Il allait avoir besoin d’une assistante et elle était toute désignée pour le poste. Ne resterait plus qu’à lui montrer toute l’étendue de ses compétences professionnelles puis extra-professionnelles et de faire déguerpir la gêneuse. Le tour était joué et elle s’appellerait bientôt Reika Saeba. Ravie, elle se laissa sermonner par sa cheffe, se disant que bientôt elle lui rabaisserait le caquet à elle aussi. C’était une bonne journée, soupira-t-elle d’aise.  

 

- Un souci ?, l’interrogea Mick.  

- Non, du tout. Pour une fois, elle m’a été utile., répondit Ryo, décrochant le téléphone.  

- Ton stage est fini, Sugar. Tu me donneras ta fiche d’évaluation si j’en ai une à remplir et le contact à ton école., l’informa-t-il.  

- Tokie, bonjour, c’est Ryo. Oui ça va merci. J’ai un contrat à faire en urgence. Ma stagiaire, elle passe en contrat aux mêmes poste et salaire qu’Asami, ancienneté déduite. Non, ce n’est pas une plaisanterie., répliqua-t-il, fronçant les sourcils d’impatience.  

- Et c’est un contrat à durée indéterminée. Vous me l’envoyez par mail dès que c’est fait. Merci., acheva-t-il, raccrochant le téléphone.  

- Tu ne peux pas faire ça, Ryo., balbutia Kaori.  

- Pourquoi je ne pourrais pas ? Tu vas faire le même travail qu’elle et je ne sais pas combien de temps elle sera absente., lui opposa-t-il.  

- Mais je n’ai pas ses compétences., se justifia-t-elle.  

- Si amplement. Le reste, tu l’acquerras sur le terrain, je n’en ai aucun doute. Et ne t’inquiète pas, si tu veux vraiment trouver un poste ailleurs par la suite, je ne te ferai aucune difficulté pour partir., lui promit-il.  

 

Elle l’observa, ne doutant pas de sa promesse mais se demandant si elle bénéficiait d’un traitement de faveur ou non à cause de leur relation, si elle devait se bagarrer ou simplement le remercier. Il approcha d’elle et se retint au dernier moment de poser la main sur sa joue, se souvenant qu’ils pouvaient être vus de tous.  

 

- C’est amplement mérité, Kaori. Tu fais ton boulot. Asami te l’a dit hier. Mick, tu en penses quoi ?, l’interrogea-t-il en soutien.  

- Que je n’ai jamais vu quelqu’un même expérimenté gérer un déménagement d’une société en un week-end. Et Asami m’a également dit qu’elle te verrait bien prendre sa relève quand vous étiez en déplacement. Vous formez une bonne équipe, Kaori., lui assura leur ami.  

- Ca va faire jaser., soupira-t-elle.  

- Continue de bosser comme tu le fais. Les rumeurs finiront par mourir. J’ai besoin de toi, Kaori. Laisse-moi décider de la juste rémunération te concernant comme je l’ai fait pour tes indemnités., lui demanda-t-il.  

- Tu t’es déjà montré très généreux à ce sujet., lui fit-elle remarquer.  

- Je sais et, encore, j’ai divisé par deux ce que je voulais te donner pour ne pas te mettre mal à l’aise., lui apprit-il.  

 

Il vit ses yeux s’arrondir de stupéfaction et sourit. Ils avaient déjà eu l’occasion d’en parler et elle trouvait déjà la somme bien plus élevée que ce qu’avaient en moyenne les étudiants sortant de son cursus.  

 

- Tu travailles bien, Kaori. Je ne sais pas pourquoi tu ne t’en rends pas compte mais j’ai de la chance de t’avoir dans ma société et surtout à mes côtés., lui assura-t-il.  

- L’absence d’Asami va être dure mais je sais que ça ira., lui dit-il.  

- Mais tu feras comment pendant ma semaine d’examen ? Il faudra quand même que j’y aille. Et il va falloir annuler la réservation d’avril. Il y a toutes les convocations à gérer pour les assemblées, les réunions à caler, les dossiers à préparer, les…, paniqua-t-elle.  

 

Elle sentit deux mains se poser sur ses épaules et leva les yeux pour plonger dans ceux de son compagnon, chauds et rassurants. Il n’était pas du tout en stress et lui souriait même. Se rendait-il compte de la responsabilité qu’il lui mettait sur les épaules ? Se rendait-il compte de l’énorme erreur qu’il commettait en la prenant elle ? Elle n’était pas encore prête. C’était Asami qui faisait tourner leur service, pas elle. Elle n’était qu’une petite main.  

 

- C’est trop…, murmura-t-elle.  

- Non. Je sais que c’est beaucoup mais je sais aussi que je peux compter sur toi comme Asami le savait et t’y avait préparée. Pour nous deux, le poste est fait pour toi ou tu es faite pour ce poste comme tu préfères mais tu as ta place et tu es prête. Tu dois juste te faire confiance comme nous le faisons. Pour ta semaine d’examen, j’ai déjà passé des semaines sans Asami. C’est un peu plus pénible mais on gère. Pour notre semaine de vacances, on l’aménagera mais j’y tiens et, pour le travail, un pas à la fois. Tu peux le faire. Je compte sur toi., lui dit-il très sérieusement.  

 

C’étaient les mots qu’Asami avait employé en lui demandant de garder sa place. Ryo avait confiance en elle, Asami aussi et elle avait confiance en leur jugement. Elle prit une profonde inspiration et releva le menton bravement.  

 

- D’accord. Je peux le faire., lui affirma-t-elle.  

- Je me disais bien aussi qu’une jeune femme qui fait un doigt d’honneur au mec qui veut sa peau ne va pas se laisser décourager par quelques tâches administratives., la taquina-t-il, fier d’elle.  

- Bienvenue dans la société Saeba, Mademoiselle Makimura. Au travail !, lui enjoignit-il sous le regard amusé de Mick.  

 

La jeune femme s’éclipsa dans son bureau fermant la porte derrière elle.  

 

- Finalement, tu as eu ce que tu voulais., pipa Mick.  

- Je ne crie pas victoire. Avec sa tête de caboche, elle est capable de vouloir tout de même s’en aller par la suite., répondit Ryo, jetant un regard à sa compagne.  

- Ca serait un problème ?, lui demanda son ami.  

- Non. J’ai confiance en elle et je trouve qu’on fonctionne bien à deux. A terme, ce sera certainement encore mieux qu’avec Asami avec qui j’avais déjà une grande complicité mais, si elle veut vraiment partir, je la laisserai faire. Je ne peux pas modeler toute sa vie. Elle a déjà lâché beaucoup., admit le dirigeant.  

- Vous avez trouvé votre équilibre, Ryo. Ca fait plaisir de te voir enfin serein avec une femme. Bon, je vais cesser de t’importuner et aller mériter le salaire que tu me verses., plaisanta l’américain.  

- Au fait, Mick, ça avance comment ?, l’interrogea soudain le japonais.  

 

Le regard sérieux qu’il lui lança lui fit comprendre qu’il parlait de leur société secrète.  

 

- Bien. C’est bientôt prêt., lui apprit-il.  

- Très bien. Bonne journée., le salua Ryo, prenant place à son siège.  

 

S’ajustant à leur nouvel environnement, le couple fit bureau séparé jusqu’à l’heure du midi où ils se retrouvèrent pour déjeuner tout en balayant certains points en suspens.  

 

- Tiens, c’est ton contrat. Je l’ai déjà signé, tu n’as plus qu’à le faire. Ensuite, tu enverras un communiqué qui établira ta nouvelle fonction à l’ensemble de la société et des filiales., lui dit-il, lui tendant le document.  

- Temporaire…, intervint Kaori.  

- Quoi ?  

- La nouvelle fonction temporaire que j’occupe en l’absence d’Asami., précisa-t-elle.  

- Tête de bourrique… pesta-t-il, amusé.  

- Soit, ce n’est pas notre habitude mais tu peux le préciser si tu y tiens., concéda-t-il.  

- C’est moi ou tous les regards sont de nouveau braqués sur nous ?, l’interrogea-t-il, se refusant à tourner la tête vers les curieux.  

- Non, tu as raison. Ils s’attendent certainement à ce que je passe en dessous du bureau., plaisanta-t-elle.  

 

Au sourire coquin qui étira ses lèvres, elle sut que l’idée n’était pas pour lui déplaire.  

 

- Tu devras attendre ce soir, Monsieur le PDG. Il ne se passera rien ici., lui rétorqua-t-elle, sentencieuse.  

- Tu crois que, dans notre nouvel appartement, on pourra jouer au patron et à sa secrétaire coquine ?, l’interrogea-t-il, faisant pivoter son siège pour être dos à la fenêtre.  

- Tu y tiens vraiment au passage sous le bureau…, plaisanta-t-elle.  

- Pas que… Je te verrais bien en porte-jarretelles sur une petite jupe juste bien taillée. Je me verrais bien balayer le plateau pour t’allonger dessus et t’y faire l’amour… Ce ne sont que quelques idées., lui expliqua-t-il, un sourire mutin aux lèvres.  

 

Il la vit rougir aux suggestions qu’il lui faisait et lisser la jupe de son tailleur en se mordillant la lèvre. Soudain, elle se détendit et lui offrit un sourire très sensuel.  

 

- Dans ton grand plan, il te faut encore attendre six semaines pour tout cela, mon amour. A moins que tu ne craques avant…, suggéra-t-elle, lui décochant un clin d’oeil avant de partir.  

- Pourquoi j’ai l’impression que je vais souffrir ?, murmura-t-il, la fixant en train de téléphoner.  

- Tu peux m’appeler quand tu seras là ? Oui. Super, merci., fit-elle en raccrochant le combiné.  

 

Elle observa sa tenue et se retint de gigoter. Il l’avait émoustillée en lui parlant de ses fantasmes. S’ils avaient été en haut, la situation aurait pu dégénérer tellement elle avait envie de sentir ses lèvres contre les siennes. Il avait le don de la faire languir et elle devait avouer que c’était aussi plaisant que frustrant de prendre son temps et de vivre avec ce désir naissant, qu’elle pouvait ainsi l’apprivoiser sans l’appréhender mais elle avait envie maintenant de lui rendre la pareille, d’autant qu’il lui avait fait prendre conscience du pouvoir qu’elle avait sur lui. Peut-être même qu’il apprécierait de la voir prendre part au jeu…  

 

Avisant le contrat devant elle, elle le lut consciencieusement, faillit hurler en voyant le salaire qu’il lui proposait, loin, bien loin de ce qu’elle aurait osé imaginer mais se retint cependant de bondir de son siège pour aller le trouver alors qu’il était au téléphone. Elle se calma et réfléchit à tout ce qu’il lui avait dit, repensa à la conversation qu’ils avaient eu à trois la veille au moment du déjeuner et respira un grand coup avant de signer. C’était mérité à ce qu’ils disaient, elle n’avait donc pas à rougir et travaillerait en conséquence.  

 

- Tiens, paraphé et signé., lui dit-elle, lui tendant le document.  

- Et j’ai envoyé le message., compléta-t-elle.  

- J’ai vu. Bien vu de ne pas mettre temporaire mais d’annoncer ta promotion et de noter en dessous qu’en l’absence d’Asami, ils devaient s’adresser à toi., apprécia-t-il.  

 

Pour lui, ça sonnait moins comme une affectation temporaire et il avait envie d’y voir un signe que sa réflexion allait dans son sens. Il avait vraiment envie d’avoir toutes les occasions d’être avec elle et de profiter de ses compétences en prime.  

 

- Je t’ai entendu et je t’ai promis de réfléchir. C’est ce que je fais., lui apprit-elle.  

- Merci. Bon, au programme de l’après-midi ?, l’interrogea-t-il.  

- Tu as un rendez-vous téléphonique avec Pierre à seize heures et avant… je te ramène tout un tas de dossiers à signer., se moqua-t-elle, se tournant vers son bureau.  

 

Elle s’immobilisa cependant en fixant son regard vers l’ascenseur.  

 

- Tu as de la visite., murmura-t-elle, voyant Shin Kaibara se diriger vers eux.  

- C’est pas vrai., maugréa-t-il.  

- Que va-t-il nous sortir maintenant ?, marmonna-t-il.  

 

Contre toute attente, il vit Shin se plier aux préconisations de sécurité sans râler.  

 

- Je vais gérer, tu peux nous laisser., fit-il à sa compagne.  

- Tu es sûr ? Ca ne me dérange pas de rester., lui assura-t-elle.  

- Non, laisse-nous. Tu as déjà suffisamment à faire., lui répondit-il, souhaitant ne pas lui imposer un stress supplémentaire.  

 

Kaori lui jeta un dernier regard anxieux avant de se retirer dans son bureau au moment où Shin toqua à la porte.  

 

- Bonjour Ryo, tu as quelques minutes à m’accorder ?, lui demanda-t-il d’un ton posé.  

- Oui, je t’en prie., l’invita Ryo, gardant un air amène malgré sa méfiance.  

 

Kaibara prit place dans le siège indiqué et posa sa veste sur celui voisin. Il garda le silence un moment avant de jeter un œil sur les lieux.  

 

- J’ai vu ce qui était arrivé aux informations. J’ai hésité à venir toute la matinée., lui apprit-il.  

- Tu as des nouvelles d’Asami ?, lui demanda-t-il.  

- Son état était stable ce matin. Je rappellerai ce soir et l’hôpital ou son fils vont m’appeler s’il y a un souci., lui répondit Ryo.  

- C’est moche ce qui est arrivé. Asami n’a pas mérité cela., soupira son tuteur.  

- C’était Kaori qui était visée., répliqua le jeune homme, gardant un air neutre.  

- Elle n’a rien ?, l’interrogea Shin.  

 

Ryo faillit en tomber à la renverse. Ce n’était certainement pas la question qu’il attendait de sa part.  

 

- Ca va te décevoir mais non. Pour le moment, elle résiste à toutes les tentatives de meurtre dont elle a été la cible., asséna-t-il sèchement.  

- Du calme, Ryo. Je ne suis pas venu en ennemi. Je voulais juste te voir et m’assurer que tu n’avais rien., lui expliqua son tuteur, levant les mains.  

- Crois-moi ou non mais je ne veux pas sa mort même si je voulais qu’elle disparaisse hors de ta vue.  

 

Le jeune homme l’observa un moment, dubitatif, puis poussa un léger soupir. Il savait que Tanaka avait mis la tête de Kaori à prix. C’était la piste la plus logique mais, à un moment, il s’était pris à douter de Shin. Sa virulence, sa folie même, avait été telle qu’il s’était demandé ce dont il serait capable pour arriver à ses fins.  

 

- Dis-moi que tu n’as jamais embauché quelqu’un pour la tuer., lui demanda-t-il.  

 

Il avait besoin de l’entendre de sa bouche, d’être en face de lui pour le jauger et être sûr. Shin fronça les sourcils et faillit s’emporter, se retenant au dernier moment. La question était amplement méritée après tout.  

 

- Non, Ryo. J’étais prêt à beaucoup de choses mais pas la tuer. L’acheter, l’épouser oui mais pas la tuer. Tu es prêt à m’accorder ta confiance sur ce point ?, l’interrogea son tuteur.  

- Oui. J’aurais eu du mal à croire que je te connaissais si mal que ça., admit Ryo après un temps de réflexion.  

- Je me suis laissé emporter, Ryo. Je suis toujours fâché contre vous mais j’ai été trop loin aussi. Je vais partir quelques temps, m’éloigner du Japon pour réfléchir. J’ai laissé ton nom aux employés si besoin. Tu es d’accord ?, le questionna Shin.  

- Oui., acquiesça Ryo.  

- Tu sais, ça ne me plaît pas la façon dont notre relation a tourné., lui avoua-t-il.  

- S’il ne s’agissait que de se disputer sur la façon de gérer la société, ce ne serait rien mais nous sommes en conflit sur tout. Quand est-ce que ça a mal tourné ?, lui demanda-t-il.  

 

Shin le regarda, attristé. Il se souvenait des premières années avec Ryo et Maya. Ils avaient eu de très bons moments, passés les premiers mois très compliqués pour le petit garçon de trois ans orphelin qui cherchait sans cesse ses parents. Lui-même faisait le deuil de ses amis et, si ça lui avait épargné les tracas des dissensions qui existaient entre le père de Ryo et lui sur la gestion de l’entreprise, il avait été vraiment très affecté.  

 

- Je ne sais pas. Je vais te laisser, Ryo. Tu as à faire et moi, je dois organiser mon voyage., dit-il, se levant.  

- Où vas-tu aller ?, l’interrogea Ryo.  

- En Amérique du Sud, je pense. J’y ai passé quelques années et ça me fera certainement du bien de revoir d’anciennes connaissances., lui apprit son tuteur.  

- Tu pars longtemps ?  

- Quelques mois. Je ne sais pas vraiment. J’ai besoin de faire le point., admit Shin.  

- D’accord. Je… Profites-en bien., lui souhaita son pupille.  

 

Il regarda l’homme qui l’avait élevé, le trouva fatigué et vieilli comme il s’imaginait possible en sortant d’une âpre bataille.  

 

- J’ai un regret, Shin., eut-il besoin alors de lui dire.  

- Lequel Ryo ?, lui demanda Shin, se retournant pour le regarder, prêt à l’écouter.  

- Qu’à dix ans, tu m’aies demandé de ne plus t’appeler papa parce que tu ne l’étais pas et que tu m’envisageais comme ton futur beau-fils. Je n’avais pas bien compris ce que ça signifiait mais, si j’avais su, j’aurais peut-être trouvé les mots pour ne pas briser ce qu’on avait alors., regretta le jeune homme.  

- J’ai eu deux pères et je les ai perdus tous les deux. Tu ne voulais plus être que mon tuteur mais une plante même consolidée ne grandit pas bien sans racines., lui expliqua Ryo, amer.  

 

Shin le considéra un moment avant de baisser les yeux.  

 

- Je suis désolé, Ryo. Ce n’était pas ma façon de voir les choses à l’époque. J’aurais certainement dû envisager le tout sous ton angle mais je ne l’ai pas fait. Je ne peux pas changer le passé mais j’espère qu’un jour, on retrouvera un peu de la relation qu’on a eue., souhaita Kaibara.  

- Je l’espère aussi., avoua Ryo.  

 

Sans plus un mot, il s’en alla, refermant la porte doucement vers lui. Perdu dans ses pensées, il contempla un moment le mur gris qui lui faisait face et n’entendit pas Kaori entrer dans son bureau. Elle approcha et posa la pile de dossiers et formulaires qu’il devait signer.  

 

- Tout va bien ?, lui demanda-t-elle avec sollicitude.  

- Shin part en voyage quelques temps. Il voulait me prévenir et voir si j’allais bien., lui expliqua-t-il, le regard dans le vague.  

- Vous ne vous êtes pas disputés au moins. C’est déjà un bon point, non ?, l’interrogea-t-elle, anxieuse.  

- Oui.  

 

Il tourna enfin le regard vers elle et l’observa. Comme il aurait aimé pouvoir la prendre dans ses bras mais il sentait tous les regards braqués sur eux et savait qu’il mettrait le feu aux poudres en le faisant.  

 

- Moi aussi, Ryo…, murmura-t-elle, touchant discrètement sa main comme si elle l’assurait qu’elle partageait le même manque.  

- Je n’ai rien après l’appel de la France ?, l’interrogea-t-il.  

- Non… à part une montagne de dossiers à consulter et signer si tu n’avances pas très vite., plaisanta-t-elle.  

- Je les prendrai à l’appartement s’il faut mais on rentre dès que j’ai fini. C’est possible pour toi ?, lui demanda-t-il.  

- Je m’arrangerai mais il faudra que je bosse en rentrant à la fois pour mon travail et mes examens., lui apprit-elle.  

- Je sais. J’ai juste besoin d’être avec toi., lui dit-il.  

- Alors on rentrera. C’est toi le boss., le taquina-t-elle, lui arrachant un maigre sourire.  

 

Elle lui laissa les dossiers et retourna à son poste. Lorsqu’elle reprit place, elle croisa le regard noir de Reika qui la regardait, revenant également à son bureau.  

 

- La semaine va être longue…, pipa-t-elle.  

 

Le reste de la journée passa rapidement et, comme convenu, après l’appel de son directeur français qui s’éternisa à cause d’un souci juridique, le couple leva le camp, dossiers sous la main. Arrivés au parking, ils furent rattrapés par Mick qui sortait du deuxième ascenseur, un paquet à la main.  

 

- Eriko a laissé cela pour toi à l’accueil. Je connais un petit veinard., plaisanta-t-il avec un sourire complice à son ami.  

 

Kaori se sentit rougir. Elle n’avait pas imaginé que le sachet serait ouvert et qu’un homme verrait ce qu’elle avait demandé à son amie… encore moins Mick. Quelle sotte !  

 

- Pourquoi ? Qu’y a-t-il dans ce paquet ?, demanda Ryo, curieux.  

- Il…, commença Mick avant d’être stoppé par la main de son amie.  

- Un tailleur… Un nouveau tailleur., répondit précipitamment la rouquine sous le regard amusé de l’américain.  

- Un mot, un SMS et t’es un homme mort., gronda-t-elle à son intention.  

- Compris, darling… J’aimerais bien assister au spectacle. Une photo ?, l’interrogea-t-il, plein d’espoir.  

 

La seule réponse fut un regard noir qui le fit rire.  

 

- Allez, grimpe dans la voiture., lui enjoignit-il, amusé.  

- Alors il y a quoi dans ce paquet ?, redemanda Ryo, intrigué.  

- Un nouveau tailleur, regarde., lui montra-t-elle, sortant une robe de couleur rouge.  

- Je me suis offerte un petit cadeau pour mon premier jour de travail., se justifia-t-elle, remettant le vêtement par dessus ceux du fond.  

- Tu as eu raison., approuva-t-il avant de prendre sa main et de retomber dans le silence.  

 

Ils regagnèrent l’appartement et, sans tarder, prirent place autour de la table de séjour. Le calme dura peu longtemps. Ryo n’arrivait pas à se concentrer et repensait sans cesse à la discussion qu’il avait eue avec son tuteur. Il se demandait s’il n’avait pas eu la confiance trop facile. Peut-être était-ce un nouveau stratagème pour pouvoir endormir sa méfiance et trouver un nouvel angle d’attaque… Peut-être avait-il décidé d’aller voir Maya pour refaire pression sur elle et non en Amérique du Sud se ressourcer… Peut-être même qu’il lui avait menti sur le fait de ne pas vouloir tuer Kaori… Nerveux, il se leva et se mit à arpenter la pièce de long en large, se sentant comme un lion en cage dans cet appartement beaucoup trop exigu.  

 

Comme en réponse à ses questions, il ne cessait de voir des flashs de son enfance, avant que Shin lui ait dévoilé ses véritables intentions, avant qu’il l’ait empêché de l’appeler papa. Ils avaient été si proches, il se sentait alors en sécurité, intégré dans une famille qu’il considérait comme la sienne même si Shin lui avait toujours parlé de ses parents.  

 

- Tu as demandé à me voir, papa., avait fait le jeune garçon de dix ans.  

- Oui, Ryo, approche. Tu as eu dix ans, mon garçon. Tu vas rentrer au collège demain et il est temps que tu comprennes certaines choses. Tu ne dois plus dire que Maya est ta sœur tout comme je ne suis pas ton père mais ton tuteur., lui avait alors appris Shin, posant sur lui un regard intransigeant.  

- Mais pourquoi papa ?, lui avait-il demandé.  

- Ryo… Ryo ? Tu vas bien ?, s’inquiéta Kaori, l’interrompant dans ses pensées.  

 

Il sentit alors ses bras autour de sa taille, sa poitrine pressée contre son dos. Levant les yeux, il s’aperçut que cela faisait près d’une demi-heure qu’il était ainsi perdu et qu’elle l’avait laissé, certainement attendant le bon moment, celui où il se déciderait de lui parler ou celui où elle pourrait lui parler.  

 

- Oui, oui. Tu peux retourner travailler. Excuse-moi de t’avoir inquiétée., murmura-t-il.  

- Tu es un piètre menteur sur ce coup-là. Parle-moi., l’incita-t-elle.  

- Je sens que tu ressasses, Ryo.  

- Ce n’est rien. Tu as d’autres choses à penser., lui opposa-t-il.  

- C’est vrai donc si tu ne veux pas que j’y ajoute celle-là, tu devrais peut-être m’en parler., suggéra-t-elle.  

- Je suis là pour toi aussi. Ca marche dans les deux sens., lui rappela-t-elle.  

 

Il regarda ses deux mains l’entourant et se retourna dans ses bras. Il contempla son visage un moment et fit ce qu’il avait eu envie de faire quelques heures plus tôt : il l’enlaça et fourra son nez dans ses cheveux. Il retrouva alors ce sentiment de plénitude et de sérénité qu’il avait trouvé avec elle. C’était quelque chose qui lui avait toujours manqué et qu’il aurait peut-être pu atteindre si Shin n’avait pas agi ainsi lorsqu’il avait dix ans.  

 

- La discussion avec Shin, ça a ravivé pas mal de choses., lui avoua-t-il.  

- Je t’écoute. Je suis là avec toi., lui affirma-t-elle.  

 

Il la garda ainsi encore un moment avant de l’emmener vers le divan, la gardant contre lui. Il chercha comment commencer et reprit là où ses pensées s’étaient arrêtées.  

 

- Tu as demandé à me voir, papa., avait fait le jeune garçon de dix ans.  

- Oui, Ryo, approche. Tu as eu dix ans, mon garçon. Tu vas rentrer au collège demain et il est temps que tu comprennes certaines choses. Tu ne dois plus dire que Maya est ta sœur tout comme je ne suis pas ton père mais ton tuteur., lui avait alors appris Shin, posant sur lui un regard intransigeant.  

- Mais pourquoi papa ?, lui avait-il demandé.  

- Je ne t’ai pas adopté, Ryo. Donc techniquement, je ne suis pas ton père. Mais tu t’entends bien avec Maya. Vous êtes tout le temps ensemble et vous vous aimez beaucoup., avait continué son tuteur.  

- Oui, c’est ma sœur., avait simplement déclaré Ryo.  

- Non, tu dois oublier cela. Maya n’est pas ta sœur. C’est une jeune fille adorable que tu aimes et qu’un jour, tu épouseras pour me faire plaisir., lui avait décrété son tuteur.  

- Je ne peux pas épouser Maya, c’est ma sœur., s’était entêté le gamin.  

- Non, Ryo, tu dois oublier cela. Vous vous marierez et vous serez ensemble pour toute la vie. Tu comprendras, mon garçon, pourquoi c’est ainsi que les choses doivent se passer. Je ne serai pas ton père mais ton beau-père. Nous formerons alors une vraie famille., lui avait-il assuré.  

 

Kaori le regarda et se demanda comment Shin avait pu faire cela à un garçon de dix ans encore en pleine construction.  

 

- J’ai le sentiment d’avoir perdu mon père ce jour-là. J’étais déjà orphelin et Shin avait été une de ces deux figures qui me manquaient. Ce jour-là, je suis redevenu orphelin et je ne comprends toujours pas pourquoi., admit Ryo, l’air sombre.  

- Peut-être qu’en rentrant, il sera capable de te l’expliquer. Peut-être qu’il pourra lever le voile sur certaines choses et t’expliquer tout ce qui s’est passé par la suite. Il s’y est peut-être juste très mal pris., suggéra Kaori.  

- Tu l’aimes encore, n’est-ce pas ?, murmura-t-elle, lui jetant un regard compatissant.  

 

Il la regarda et lui sourit tristement.  

 

- Je ne devrais pas après tout ce qu’il a fait. Je devrais être fâché contre lui et je le suis mais quelque chose en moi fait que je n’arrive pas à me dire que c’est fini, que je coupe les ponts définitivement. Tu m’en veux ? Tu me trouves bête ?, s’inquiéta-t-il.  

- Non. Tu es juste humain. Je pense qu’une part de toi est encore avec ce petit garçon qui a tout perdu. L’amour des parents, c’est important pour un enfant. Moi, j’ai eu Hide pour jouer ce rôle en tant que grand frère un peu paternel…  

- Un peu ? Il est plutôt hyper protecteur, non ?, plaisanta Ryo.  

- Oui, c’est vrai mais il voulait bien faire. Ce n’était encore qu’un adolescent quand il a dû s’occuper de moi., le défendit Kaori.  

- Donc j’ai eu Hide mais, malgré tout, je sais qu’il me manque des parents… J’aurais aimé avoir des parents., soupira-t-elle.  

- J’oublie parfois qu’on a eu le même parcours. Pourtant, le résultat est bien différent. Toi, tu as gardé foi en la vie et l’amour. Tu rêvais mariage et famille pendant que moi, grand cynique, je ne vois que par moi et mes interdits. Comment tu fais ?, l’interrogea-t-il.  

- Je me dis simplement que ma vie ne peut pas être pire. Partant de là, elle ne peut qu’être plus belle et ce serait une belle revanche de voir la prochaine génération s’épanouir dans l’amour et la joie même si, moi, je n’ai pas eu cette chance., répondit-elle simplement, calant sa tête contre son épaule.  

- Ce sont les valeurs qu’Hide m’a inculquées et qu’il a reçues de ses parents. C’est une manière de leur rendre honneur., lui dit-elle.  

 

Ryo médita ses paroles un moment. Il ne savait quoi en penser. D’après ses souvenirs, Shin lui avait apporté de l’amour quand il était enfant. Tout avait basculé le jour où il lui avait rappelé ce qui les liait juridiquement. Ce jour-là avait jeté un voile sur le passé et orienté leur relation conséquente. Il avait douté de la nature réelle des sentiments qui avaient semblé animer son enfance mais peut-être qu’il n’aurait pas dû. Peut-être que tout était réel à cette époque et qu’il lui manquait une partie des clefs pour comprendre les choses dans leur ensemble.  

 

- Que ferais-tu à ma place, Kaori ?, l’interrogea-t-il.  

- Je pense… que je prendrais le temps d’y réfléchir. Si tu le juges nécessaire, tu iras voir Shin quand il rentrera. Avec le temps, les choses seront certainement revenues à leur état normal et vous pourrez peut-être en parler sans passion et éteindre les litiges., lui suggéra-t-elle.  

- Tu as certainement raison. Je vais y réfléchir… et aussi faire à manger parce que je t’ai assez mise en retard., remarqua-t-il en voyant l’heure à l’horloge.  

- Merci Sugar., murmura-t-il avant d’incliner son visage et de l’embrasser avec délicatesse.  

 

Sa main se glissa dans sa chevelure sombre et elle répondit à son étreinte avec une douceur qui fit battre son cœur douloureusement. Il avait trouvé quelqu’un capable de trouver les gestes qu’il lui fallait tantôt tendres, amoureux, passionnés, réconfortants. Il trouvait en elle beaucoup de choses qui l’apaisaient comme si elle savait instinctivement ce dont il avait besoin même lorsqu’il n’en avait pas conscience. Elle savait se retirer quand c’était nécessaire, s’imposer de la même manière… Elle n’était ni étouffante ni absente. Elle était la juste mesure dont il avait besoin tout comme il l’était avec elle. Ils étaient un tout, complémentaires, indissociables.  

 

Un regard, un sourire plus tard, ils se séparèrent et chacun vaqua à sa tâche. Les mots devenaient superflus, les silences commençaient à parler et c’était bien connu, les silences étaient d’or. Ils devenaient riches de cette compréhension invisible et inaudible. 

 


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