Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 53 :: Chapitre 53

Publiée: 16-03-21 - Mise à jour: 16-03-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 53  

 

Raccrochant, Ryo consulta son agenda et vit qu’il avait une dizaine de minutes avant son prochain rendez-vous. Connaissant Mick, ce serait beaucoup moins que cela parce qu’il arriverait un peu en avance pour discuter avec Kaori. Bien qu’en couple, et heureux de l’être, il l’avait déjà surpris en train de charmer sa compagne. Il savait que ce n’était qu’un jeu mais, malgré tout, ça le mettait toujours un peu sur la défensive. Mick n’avait pas ses a priori… Sortant de son bureau, dossiers sous le bras, il prit place dans l’un des sièges face à l’accueil et observa sa rouquine concentrée à ce qu’elle faisait.  

 

- J’en ai juste pour une minute., lui dit-elle, finissant son tapotage.  

- Pas une minute comme hier soir, j’espère., la taquina-t-il.  

 

Elle tourna brièvement le regard vers lui en lui souriant. Sa minute de la veille avait duré un peu plus d’une demi-heure et n’avait cessé que lorsqu’un certain homme de l’appartement avait râlé alors qu’il l’attendait patiemment dans leur lit.  

 

- Non. Voilà, c’est fait., conclut-elle, enregistrant son fichier puis l’imprimant.  

- Tu n’as plus qu’à relire et signer., lui annonça-t-elle, glissant le document vers lui… en plus d’une pile complète.  

- C’est pas juste. J’étais tout fier de te ramener tout ça., se plaignit-il, posant la pile moins haute sur son bureau.  

- Vous avez bien travaillé, Monsieur le PDG. C’est la rançon de la gloire comme on dit., l’encouragea-t-elle, malicieuse.  

- Ca, ça sent la soirée studieuse…, bougonna-t-il.  

- Non, tu te souviens qu’on dîne avec Pierre ce soir ?, lui rappela-t-elle.  

 

Il la regarda et se retint de grogner de frustration. Son directeur français était venu pour trois jours et repartait le lendemain. C’était le seul soir qu’ils avaient trouvé pour se rencontrer en dehors du bureau.  

 

- C’est vrai. Français ou japonais ?, lui demanda-t-il.  

- J’ai réservé au Palais de l’Orient à la demande de Pierre. Au fait, tu as su à quelle heure Shin nous attend samedi ?, l’interrogea-t-elle.  

- Vingt heures. Il atterrit dans l’après-midi. Tu es sûre que tu veux toujours venir ?, fit-il d’un ton neutre.  

- Et prendre le risque de rater une soirée animée ? Dans tes rêves…, plaisanta-t-elle.  

 

Elle appréhendait la rencontre avec Shin, se demandait ce dont il voulait leur parler mais elle ne laisserait pas tomber Ryo. Ils étaient un couple et ils se serraient les coudes… même en étant conscients qu’ils avaient des faiblesses. Ils n’avaient plus abordé le sujet depuis le week-end mais Ryo avait fait un pas vers elle et soulagé ses craintes. Il se protégeait à chacun de leurs rapports et, si ça rendait leurs élans un petit peu moins fougueux, elle arrivait à s’abandonner sans crainte.  

 

Tous deux tournèrent la tête lorsque Mick arriva et furent surpris de le voir aussi sérieux.  

 

- Bon, je crois que ma réunion va commencer. Si tu ne me vois pas sortir à temps, préviens Pierre et décale la réservation., lui demanda-t-il.  

- Très bien. Bonjour Mick., l’accueillit-elle, se levant.  

 

Il l’embrassa brièvement sur la joue avant de suivre Ryo.  

 

- J’aimerais te dire que ça l’est., fit-il sombrement.  

 

Sa réponse la laissa perplexe et, plus elle y réfléchissait, plus elle s’inquiétait. Qu’avait-il découvert ou à annoncer à Ryo ? Elle ne pensait pas au procès qui avançait normalement d’après les informations. Le jugement serait rendu la semaine qui suivait et ne laissait pas beaucoup de place au suspens. Qu’allait-il se passer ?  

 

Dans le bureau, les deux hommes s’installèrent face à face de chaque côté du bureau. L’air fermé de l’américain ne présageait rien de bon, d’autant que, même dans des moments tendus, Mick semblait toujours garder ce petit côté nonchalant et moqueur. N’aurait-il donc droit à aucun moment de répit ?, pensa Ryo amèrement.  

 

- Annonce la couleur., lui lança-t-il posément.  

- On a un grave problème de sécurité., le prévint son ami.  

 

Le japonais se redressa dans son siège et posa les coudes sur le rebord du bureau, croisant les mains devant lui. Il se surprit lui-même par son calme. A une époque, il n’y avait pas si longtemps même, il aurait déjà bondi sur ses pieds et commencé à faire des allers-retours nerveux, chose qu’il ne faisait qu’en présence de personnes proches. Face aux autres, il était plus réservé. Il se sentait un autre depuis quelques temps, relativisant les problèmes professionnels maintenant qu’il avait autre chose pour lui occuper l’esprit le soir en rentrant chez lui.  

 

- Je t’écoute., l’invita-t-il à continuer.  

- Avant d’installer le programme, le Professeur et moi avons passé du temps à analyser le système informatique de la société. Nous n’avons pas analysé uniquement le site ici mais l’ensemble de l’infrastructure de la multinationale., lui exposa Mick.  

- Une analyse plus que complète… Ca a dû vous prendre un temps phénoménal., apprécia le dirigeant.  

- Oui. On y est depuis qu’on a remonté la société au Japon., admit-il.  

- On a trouvé des petites brèches, rien de transcendant ni dangereux jusque là. On a réparé et bloqué certaines applications., expliqua-t-il.  

- Alors dis-moi ce qui a réussi à te faire quitter ton sourire ultra-brite ?, essaya de le taquiner Ryo pour le dérider.  

 

Mick baissa les yeux et lissa son pantalon nerveusement.  

 

- Ca a commencé il y a six semaines. Au début, on ne l’a pas vu. Le flux se mêlait au flux normal et la variation était si infime que ça passait inaperçu., l’informa Mick.  

- Comment vous vous en êtes aperçus alors ?, lui demanda Ryo.  

- Le programme… Il a découvert la fuite. On l’a installé pendant que tu étais en vacances, ce qui nous a permis de corriger quelques bugs que nous n’avions pas vus dans la phase de test. Une fois qu’il a commencé à tourner, ça a été une déferlante d’informations. On n’avait pas prévu qu’il analyserait en premier notre système. Normalement, ça ne devait pas arriver. Mais on s’est dits « pourquoi pas ? ». Pour une phase de test, jouer sur un terrain connu, ça facilite le travail., admit-il.  

- Les résultats sont tombés deux jours plus tard… Je sais, c’est beaucoup. On y travaille., s’excusa-t-il, voyant Ryo ouvrir la bouche.  

- Personnellement, j’allais dire que c’était rapide., le contredit-il.  

- Alors qu’avez-vous trouvé ?, l’invita-t-il à poursuivre.  

- Une brèche infime mais qui représente une faille majeure. On a vérifié pour voir si ce n’était pas une fausse information, une erreur du programme mais ce n’est pas le cas et, si je ne t’en ai pas parlé plus tôt, c’était juste pour tenter de résoudre le problème avant de venir te voir. Tu avais déjà assez de choses à penser., fit Mick, jetant un regard anxieux vers son ami.  

 

Il avait l’impression de l’avoir trahi alors qu’il avait juste voulu le ménager mais le résultat n’était pas celui qu’il avait espéré.  

 

- C’est gentil. Ne culpabilise pas. Alors cette fuite ?, l’encouragea Ryo, contrarié par la nouvelle mais pas fâché par les décisions de son ami.  

 

Il avait confiance en Mick, même après l’aveu qu’il venait de lui faire. Ils se connaissaient suffisamment pour savoir ce qu’il en était.  

 

- Quelqu’un recherche des informations sur les activités plus secrètes de l’entreprise. Pour le moment, il n’y est pas encore parvenu mais il glane d’autres renseignements au passage dont il tire profit via des opérations en bourse entre autres., lui apprit l’américain.  

- S’il n’y a qu’une faille, il suffit de la fermer., réfléchit Ryo.  

- En fait, à l’origine, il y avait plusieurs micro-brèches que nous avons colmatées. Nous n’en avons laissé qu’une ouverte pour pouvoir le pister. Il est cependant très malin. Nous avons suivi un nombre incalculable de pistes mais, chaque fois que nous approchons, il nous sème de nouveau. On s’arrache les cheveux., gronda l’américain, se levant.  

 

Ryo le contempla un moment, pensif. Il avait toute confiance en Mick pour gérer ce problème mais lui aussi avait des idées sur la chose. Il s’était suffisamment intéressé à la question pour en connaître les tenants et aboutissants. Il savait qu’à l’ère du numérique, il ne pouvait négliger la sécurité informatique.  

 

- Il n’a pratiqué que des opérations en bourse avec les informations qu’il a recueillies ?, l’interrogea-t-il.  

- On ne pense pas. Le programme a détecté des mouvements suspects d’entreprises concurrentes sur certains secteurs mais il faut encore que nous les analysions pour déterminer la part due aux fuites et celle due à la simple évolution économique., répondit Mick, observant la skyline de Tokyo.  

- Tu penses pouvoir l’atteindre en laissant la brèche ouverte ?, le questionna son patron.  

- Je pense que oui mais le temps que ça nous prendra lui permettra de récolter encore plus d’informations et d’en user. Je crois que le ratio risque-gain est trop déséquilibré pour continuer ainsi., avoua l’américain, déçu de ne pas avoir réussi à attraper le hacker.  

- Je pense aussi. Quand tu auras colmaté la brèche, le système sera sécurisé ?, lui demanda Ryo.  

- Tu connais les évolutions en matière informatique, Ryo. Je ne peux te garantir un risque zéro en tout temps mais on repérera les failles beaucoup plus rapidement., lui affirma Mick, sûr de son fait.  

 

Ryo l’observa un instant puis se leva à son tour et rejoignit son ami.  

 

- Ferme la brèche. Un homme qui s’est donné la peine d’être patient ne lâchera pas ainsi l’affaire., lui assura le dirigeant.  

- Tu penses qu’il cherchera à s’introduire sur site ?, réfléchit Mick suivant le raisonnement de son ami.  

- En effet. On va s’assurer que tous les projets secrets soient bien conservés sur un serveur à part, ici au Japon, un serveur auquel on ne peut accéder que de ce bâtiment-ci., pensa le japonais.  

- Ca va l’obliger à sortir de son terrier et ainsi il commettra peut-être une erreur., conclut l’américain.  

- Ingénieux., approuva-t-il.  

- Quand on est une nation sans armée, on apprend à réfléchir avec sa tête plutôt qu’avec ses armes., le taquina Ryo.  

 

La remarque tira enfin un sourire à son ami. C’était une de leurs sempiternelles querelles patriotiques depuis qu’ils s’étaient connus. C’était même la querelle qui les avait rapprochés un jour en cours.  

 

- Ca ne sera certainement pas facile de le démasquer mais le terrain de jeu est désormais connu. Colmate la brèche au plus tôt et donne-moi les éléments sur les changements mis en place par nos concurrents. Je refuse de me faire battre pour des raisons d’espionnage industriel., conclut le dirigeant.  

- Je m’occupe de la brèche dès ce soir. Pour le reste, je te fais un topo au plus vite., lui affirma Mick, soulagé de sa réaction.  

- Profite quand même de ton week-end., lui conseilla Ryo.  

- Ne t’inquiète pas pour moi. Kazue est partie en séminaire en Chine. Ca m’occupera., lui apprit-il.  

- A moins que tu aies envie de te faire une virée entre mecs samedi soir ?  

- Je dîne avec Kaïbara samedi soir., l’informa son ami, circonspect.  

 

Mick se tourna vers lui, surpris.  

 

- Il est de retour et tu dînes avec lui ?, répéta-t-il.  

- Oui, il m’a appelé samedi dernier via Maya et il nous a invités à dîner en promettant de ne faire aucune esclandre., répliqua son ami.  

 

Son interlocuteur le fixa un moment, ébahi. Il avait vu Shin à ses heures les plus sombres et entendre dire qu’il faisait amende honorable, c’était tout simplement… incroyable, bluffant, irréel ?  

 

- Que veut-il ?, lui demanda-t-il, méfiant.  

- Me parler de certaines choses sans avoir explicité lesquelles., répondit Ryo, haussant les épaules.  

- Il cherche à te baratiner. Il a déjà vu Maya ?, l’interrogea Mick.  

- Oui.  

- Tu l’as eue depuis ?, poursuivit-il.  

- Non. Je sais ce que tu penses : qu’il cherche à renouer pour pouvoir reprendre là où il en était mais, si ça peut te rassurer, il n’y arrivera pas. Je ne compte pas quitter Kaori à cause de lui., lui affirma Ryo.  

 

Rassuré pendant une demi-seconde, Mick releva le visage en fronçant les sourcils en entendant les quatre derniers mots. C’était la précision inutile sauf si…  

 

- Vous avez des soucis ?, s’inquiéta-t-il.  

- Je… quoi ? Non !, s’exclama Ryo, se rendant compte de sa maladresse.  

- Tu en as trop dit, Ryo. Pourquoi tu quitterais Kaori si ce n’est pas à cause de lui ?, insista Mick.  

- Ca ne te regarde pas., se ferma le japonais, ne souhaitant pas s’épancher sur son couple sous peine de devoir évoquer des sujets dont il ne voulait pas parler.  

- Ryo, déconne pas. Tu n’as jamais été si heureux avec quelqu’un…, soupira son ami.  

- La question n’est pas d’actualité, Mick, alors laisse-moi, s’il te plaît. Il y a des choses qui ne regardent que Kaori et moi., répliqua-t-il d’un air sombre.  

- Il y a des choses que je ne comprends pas avec toi, Ryo, mais soit… J’espère que vous trouverez une solution aux problèmes que vous semblez avoir., lâcha l’américain.  

- Je te laisse. Bon courage pour le dîner., ajouta-t-il avant de s’en aller.  

 

Il entendit à peine la porte se refermer, pris dans ses pensées. Une solution, il n’en voyait pas vraiment. Il rageait de devoir se protéger alors qu’il faisait l’amour à la femme qu’il aimait mais, d’un autre côté, il n’avait pas le droit de la mettre dans une position délicate. En fait, il n’avait pas le droit de laisser exister une situation où ils seraient trois à souffrir.  

 

- Tu as fini ?, lui demanda Kaori, entrant après avoir frappé.  

- Oui, j’arrive., lui dit-il.  

 

Il la regarda fermer la porte et se tourna de nouveau vers la vue de Tokyo. Il avait longtemps été seul dans sa tour d’ivoire, seul et s’était senti protégé des tourments de la vie normale. Il papillonnait, ne se posait jamais, profitait par moments des charmes de la demoiselle toujours consentante et, le lendemain matin, reprenait le cours de sa vie comme si rien ne s’était passé. Un bref passage, comme un éclair, jamais plus, ni la chaleur ni l’éclat du soleil qui s’installait pour la journée, réchauffait et reviendrait inéluctablement le lendemain, jamais jusque Kaori. Elle avait éclairé sa vie d’une autre couleur plus chaude, plus belle mais elle ne savait pas laisser les ombres à leur place… ou plutôt elle était la première à s’y être intéressée. Seulement il ne le voulait pas.  

 

- Ryo, on va être en retard., le prévint-elle, revenant.  

 

Il ne l’avait même pas entendue frapper ni sentie arriver et, pourtant, elle était si proche qu’il n’eut aucun mal à entourer sa taille d’un bras et l’attirer contre lui. Elle en fit de même et se laissa aller contre lui.  

 

- Tout va bien ?, murmura-t-elle.  

- J’aimerais juste que certaines choses soient simples…, chuchota-t-il.  

- Mick t’a appris une mauvaise nouvelle ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Une faille de sécurité qui va être réglée dans les heures à venir., répondit-il.  

 

Il n’avait pas envie de lui dire que ses pensées les concernaient eux également. Il voulait garder cet apaisement qu’ils avaient su retrouver malgré l’existence de ces deux problèmes. Il ne voulait pas fuir les choses mais seulement leur laisser du temps, peut-être même se laisser du temps, pour trouver une solution.  

 

- Rien de grave, j’espère. Tu veux que j’annule le dîner avec Pierre ? Il comprendrait certainement., lui proposa-t-elle.  

- Non, n’annule pas. Nous n’aurons pas le temps de nous changer mais, si tu veux te rafraîchir, prends la salle de bains., lui proposa-t-il.  

- J’en ai pour deux minutes, juste le temps pour toi d’effacer ce vilain regard sombre., le taquina-t-elle, levant les yeux vers lui.  

 

Elle posa les lèvres sur les siennes avec tendresse et le sentit l’attirer un peu plus à lui. Elle savait que tout n’était pas réparé entre eux, le sentait instinctivement mais elle voulait croire qu’ils y arriveraient, qu’ils surmonteraient leurs problèmes ensemble et trouveraient l’équilibre qui leur convenait. Pour elle, il s’agissait plus d’acceptation des contraintes liées à leur couple mais aussi de ne plus sentir ce poids sur les épaules de son homme, un poids invisible dont il ne semblait pas se rendre compte ou qu’il ignorait sciemment, un poids qui semblait peser sur sa vie personnelle de manière négative. C’était souvent très discret mais parfois ça prenait de l’ampleur comme trois semaines auparavant ou encore le week-end précédent.  

 

- Tu sais que tu peux tout me dire, Ryo., murmura-t-elle, se séparant de lui et plongeant dans son regard.  

- Je sais… mais ça n’en vaut pas la peine : ce sera bientôt réglé., lui répondit-il, caressant sa joue.  

 

Il la regarda partir vers la salle de bains et retourna à sa contemplation du paysage tokyoïte. Il savait qu’il pouvait lui parler, qu’il devrait même, mais il n’en avait pas envie. La faille informatique serait bientôt du passé et le reste… le reste, il ne voulait tout simplement pas en parler. Il y avait des choses auxquelles il ne voulait plus penser. C’était aussi simple que cela.  

 

Lorsque la place fut libre, il alla se rafraîchir à son tour. Il se força à chasser ses pensées sombres et à afficher un sourire plus léger. Pierre était de compagnie agréable et ils ne passeraient pas la soirée à parler business. Ils aimaient tous deux les voyages et se plaisaient à se raconter des anecdotes qui ponctuaient leurs rencontres de rires. Il voulait profiter de cela.  

 

Tous les trois arrivèrent en même temps à l’heure du rendez-vous et ils rejoignirent le restaurant où ils furent installés à une table basse et engagèrent une discussion conviviale. Au fil du temps, Ryo s’agaça de voir son directeur faire du charme à sa compagne qui n’y semblait pas insensible. Kaori avait ce regard pétillant qu’elle affichait dans les bons moments et qui, il devait l’avouer, lui manquait depuis quelques jours. Discrètement, il posa une main sur sa cuisse, ayant besoin de garder un contact avec elle et la caressa doucement du pouce. Elle posa la sienne dessus et tourna les yeux vers lui, lui adressant un sourire chaud et aimant qui le rassura.  

 

- On m’a dit que vous étiez ensemble…, lâcha Pierre, voyant la scène.  

- Oui, en effet. Cela fait quelques mois maintenant., avoua Ryo, satisfait de pouvoir affirmer leur relation devant lui sans avoir l’air d’un horrible jaloux.  

- Depuis Paris…, affirma Kaori, se rappelant de ce beau moment qu’ils avaient vécu et qui était venu conclure le chemin qu’ils avaient déjà parcouru à deux et ouvrir le suivant.  

- Paris, la ville romantique par excellence. J’espère que vous y reviendrez pour votre voyage de noces., s’exclama-t-il, ravi.  

- Nous n’en sommes pas encore là., répondit la jeune femme d’une voix posée tout en pressant la main de son compagnon.  

 

Elle préférait éluder la question que d’expliquer qu’il n’y aurait jamais de mariage donc pas de lune de miel et de devoir expliquer à Pierre leurs raisons ou lui opposer un silence inconfortable. Elle ne le connaissait que depuis peu mais elle avait bien compris que certaines traditions avaient beaucoup de valeur à ses yeux et le mariage en faisait partie.  

 

- Vous avez raison de prendre votre temps. Beaucoup trop de personnes se marient trop vite et ça finit en divorce. Comme on dit chez nous, mariage plus vieux, mariage heureux…. Quand je pense que beaucoup de monde associe cela à un mariage sous la pluie…, rit-il de bon cœur.  

 

Kaori le suivit avant d’expliquer la subtilité à son compagnon qui sourit à l’allusion.  

 

- La seule pluie qu’on aime, c’est celle des grains de riz ou des pétales de roses., ajouta-t-il avec un sourire franc.  

- Toi, Kaori, tu préférerais quoi ?, lui demanda-t-il.  

- Je… Je ne sais pas en fait. Les pétales peut-être, ça s’insinuerait moins dans la robe, je suppose., répondit-elle, mal à l’aise.  

- Bonne idée, ma femme a pesté tout le long du mariage après les grains de riz. J’en ai même encore trouvés le soir en l’aidant à enlever sa robe., plaisanta-t-il.  

- Grand mariage ou petit comité ?, continua-t-il, inconscient du malaise qui s’installait chez ses deux amis.  

- Petit comité., répondit-elle, ne voulant pas froisser Pierre.  

- Les amis, la famille. C’est bien suffisant, je pense.  

 

Elle n’osait pas regarder Ryo de peur de le voir fâché parce qu’elle ne l’avait pas rembarré ou que le sujet lui déplaisait ou qu’il verrait cela comme une tentative de lui imposer son point de vue et donc de le pousser à se marier.  

 

- Et les enfants ? Vous en voulez combien ? Vous y avez déjà réfléchi ?, leur demanda-t-il.  

- Je…, commença Kaori, ne sachant quoi répondre alors qu’elle triturait nerveusement sa jupe.  

- Pour le moment, j’ai un bébé qui me prend beaucoup de temps., la coupa Ryo, affichant un sourire amusé.  

 

Elle lui jeta un coup d’oeil et remarqua bien que son sourire n’allait pas jusqu’à ses yeux. Il était contrarié et elle se demanda comment allait tourner la soirée à ce rythme-là.  

 

- J’imagine bien. Sans me plaindre, je vois déjà bien la place que prend la société dans ma vie. J’imagine qu’avec une multinationale à gérer, ça ne doit pas laisser beaucoup de temps pour autre chose., répondit Pierre, avec un grand sourire.  

- On se comprend. On en est limite à se fixer des rendez-vous dans nos agendas professionnels, n’est-ce pas, Sugar ?, plaisanta Ryo, un peu plus léger.  

- Oui… Oui, c’est vrai ou à se fixer des impératifs pour conserver nos week-ends…, ajouta-t-elle, reprenant le dessus.  

 

Ils se sourirent complices et la soirée continua sur un ton joyeux. Ils se séparèrent aux alentours de vingt-trois heures et retournèrent chacun de leurs côtés.  

 

- J’espère que tu n’as pas eu l’impression que je voulais te vendre le mariage., murmura Kaori alors qu’ils rentraient à pieds chez eux, un garde du corps les suivant.  

 

Elle avait besoin de chasser ce doute insidieux qui la taraudait depuis la discussion qu’ils avaient eue.  

 

- J’aurais dû ?, lui retourna-t-il, impassible.  

 

Elle s’arrêta, soufflée. Un uppercut n’aurait certainement pas fait mieux. C’était ce qu’il pensait alors ? Il croyait vraiment qu’elle serait capable d’une telle duplicité ? Elle n’arrivait pas à y croire.  

 

- Je suis désolé., entendit-elle, lui faisant relever son regard brouillé.  

 

Il s’était rendu compte un peu trop tard du caractère perfide de ses propos. Il avait été tellement agacé par cette conversation qu’il avait les nerfs à vif. Pourquoi le mariage et les enfants devaient-ils être une suite logique dans toute relation amoureuse ? Pourquoi certaines personnes pensaient qu’ils étaient absolument nécessaires à l’épanouissement d’un couple ? Il était bien dans la relation qu’il avait avec Kaori, il n’éprouvait aucun manque sauf peut-être celui de légèreté depuis qu’ils avaient établi leurs divergences mais chacun essayait de trouver ses marques. Ce n’était qu’une période d’ajustement, un moment transitoire.  

 

- Je sais que tu n’as pas voulu le faire. Je sais que tu respectes mes contraintes et que tu n’as jamais cherché à me forcer la main pour quoi que ce soit., s’excusa-t-il.  

- Je veux juste que nous soyons heureux, Ryo. Quelque part, je regrette le temps où j’étais pourchassée parce qu’à ce moment-là, on se serrait les coudes. Actuellement, j’ai plus l’impression qu’on s’éloigne l’un de l’autre et je ne sais pas quoi faire pour arrêter cela. Je ne comprends pas ce qui se passe. Tu ne vas peut-être pas bien le prendre mais je voudrais juste comprendre ce qui t’empêche de vouloir être père, pas pour te faire changer d’avis mais juste pour comprendre, pour accepter, pour être là., lui expliqua-t-elle.  

- Et au restaurant, je ne voulais pas te vendre notre mariage ou une version allégée du mariage de mes rêves. Je voulais juste t’épargner d’avoir à y répondre tout en ménageant ta relation avec Pierre., ajouta-t-elle, croisant les bras autour d’elle pour chasser le froid qui l’entourait et qui n’était pas dû uniquement à la fraîcheur nocturne.  

 

Il l’observa et soupira. Il le savait, il le savait mais il avait déjà été échaudé par le comportement de Pierre vis-à-vis de sa compagne et le sujet était plus que sensible pour lui et le faisait souvent réagir irrationnellement.  

 

- Tu peux le dire…, lâcha-t-il sombrement.  

- Dire quoi ?, répondit-elle, ne comprenant pas.  

- Que je suis un con doublé d’un idiot., répliqua-t-il avec un léger sourire amusé.  

- Tu peux même tripler d’un horrible jaloux parce que je ne supportais pas la façon dont il était amical avec toi., ajouta-t-il.  

- De quelle façon ?, s’étonna-t-elle.  

 

Il se prit à rire en secouant la tête : bien évidemment, elle n’avait rien vu. C’était toujours sa Kaori dans toute son innocence.  

 

- Charmeur… Il te faisait du charme., répondit-il, passant un bras autour de sa taille.  

- Je hais quand un homme te fait du charme., lui affirma-t-il.  

- Je ne m’en étais pas rendue compte., admit-elle, levant les yeux vers lui.  

- Tu ne crois tout de même pas qu’il m’intéresse ?, lui demanda-t-elle, suspicieuse.  

- Un homme comme lui te rendrait certainement heureuse. Il t’épouserait et te ferait une myriade d’enfants., répliqua-t-il, échouant à cacher sa colère sous-jacente.  

- Si le mariage et les enfants étaient ma priorité… Mais ma priorité, c’est de vivre avec quelqu’un que j’aime et je t’aime. Je n’aime que toi même., lui affirma-t-elle, passant les bras autour de son cou.  

- Combien de temps cela te suffira-t-il, Kaori ? Tu n’as que vingt ans et je te crois quand tu me dis que ce n’est pas ta priorité mais dans cinq, dix, quinze ans, est-ce que ce sera encore le cas ? Ou quand tu seras ménopausée et que tu te retourneras sur ta vie, comment peux-tu savoir que tu ne le regretteras pas ? Il sera trop tard alors., lui opposa-t-il.  

- Je te l’ai déjà dit, Ryo. Je ne sais pas ce que l’avenir sera. J’aurais sûrement des regrets de ne pas avoir d’enfant, ton enfant, mais est-ce que j’en aurais moins si je te quitte pour en avoir avec un autre ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que je t’aime et que je n’ai pas envie de te quitter., lui assura-t-elle.  

 

Plongé dans son regard, il passa un doigt sur sa joue avant d’aller remettre une mèche derrière son oreille. Elle ne lui mentait pas. Il avait beau lui faire vivre des heures difficiles, elle l’aimait toujours aussi inconditionnellement… et il ne comprenait toujours pas pourquoi.  

 

- Je t’aime., s’entendit-il murmurer avant de se pencher vers elle et de l’embrasser.  

 

Il n’y avait rien de passionné ou de langoureux dans ce baiser. Il était désespéré comme celui qu’on donnait à une personne que l’on avait l’impression de perdre, voulant lui dire tout ce qu’on n’arrivait pas à verbaliser : le besoin d’elle, la peur de la voir quitter sa vie, le cri d’amour qui ne voulait pas sortir et toutes les imprécations qui allaient avec. Comme si elle avait compris, elle le serra encore plus fort contre elle tout en caressant son dos pour l’apaiser.  

 

- Rentrons., lui dit-elle, quand ils se séparèrent.  

 

Elle passa un bras sous le sien et posa la tête sur son épaule et ils finirent ainsi la route dans le silence, silence qui fut encore de mise lorsqu’ils pénétrèrent dans leur appartement et rangèrent leurs affaires dans le placard de l’entrée. Alors qu’il se dirigeait vers la fenêtre pour contempler la nuit, encore pris dans ses pensées tumultueuses, Kaori attrapa Ryo par le poignet et, après un instant où ils s’observèrent, se demandant l’un et l’autre s’il accepterait de se laisser faire, elle l’entraîna vers l’étage et leur chambre. Néanmoins, quand il entreprit de la déshabiller, elle le retint et il lui lança un regard d’incompréhension.  

 

- Tu dois te rappeler, Ryo. On est plus que deux corps qui s’attirent. On peut s’unir charnellement autant qu’on veut mais les liens qui unissent nos âmes sont en train de se fragiliser. On doit retrouver ce qui fait notre essence., lui affirma-t-elle.  

- Ce qui signifie ?, lui demanda-t-il sombrement.  

- On va revenir quelques mois en arrière, quand on dormait ensemble sans plus. Il n’y avait que nous et nos rêves d’avenir en commun. Pas de sexe pour tromper et simuler que tout allait bien., lui répondit-elle.  

- Combien de temps ?, fit-il, nerveux.  

- Cette nuit… pour commencer. Je ne veux pas te perdre mais c’est en train d’arriver. Je le sens là., dit-elle, une main sur son cœur.  

 

Il détourna les yeux parce que ce n’était pas les mots qu’il voulait entendre même si lui aussi sentait que les choses se compliquaient et qu’ils pouvaient en arriver là.  

 

- C’est quoi cette tactique ? Du chantage au sexe ?, gronda-t-il, sur la défensive.  

- Prends-le comme tu veux mais, si c’est ce que tu crois, il vaut certainement mieux en rester là., asséna-t-elle, se retenant de hurler de rage.  

 

Elle se dirigea vers le dressing et en ressortit avec un pyjama, se dirigeant vers la porte.  

 

- Où vas-tu ?, l’interrogea-t-il brusquement, se demandant soudain si elle voulait en restait là pour ce soir ou pour la vie.  

- Dormir dans la chambre d’amis. Il semble qu’un peu de distance ne nous fera pas de mal., répondit-elle, mettant la main sur la poignée.  

 

Elle n’eut pas le temps de la tourner qu’en deux enjambées, il était derrière elle et appuyé d’une main sur la porte, l’empêchant de l’ouvrir.  

 

- Reste…, murmura-t-il.  

 

Elle baissa la tête et réprima un soupir de frustration.  

 

- Tu ne peux pas continuer à me balader sur des montagnes russes, Ryo., lui dit-elle.  

- Je suis perdu, Kaori. Je ne sais plus où j’en suis et c’est la deuxième fois de ma vie que ça arrive. Dans ces cas-là, je n’ai pas trente-six façons de me défendre. J’attaque, je montre les crocs et tu en fais les frais., s’excusa-t-il.  

- J’essaie juste de trouver un moyen pour qu’on s’en sorte. Après tout ce qu’on a vécu, ça ne peut pas se finir ainsi. On s’est toujours parlés. On a été honnêtes l’un envers l’autre. Pourquoi… pourquoi aujourd’hui on n’y arrive plus ? Pourquoi tu ne veux pas m’expliquer ?, lui demanda-t-elle, perdue.  

- Je… Je ne peux pas. Je voudrais mais je ne peux pas. Ca fait trop… mal, Kaori., chuchota-t-il comme s’il craignait de réveiller quelque chose en parlant plus haut.  

- Tu as peur que je te juge, que je te trouve moins fort si tu craques devant moi ? C’est en lien avec ton passé ?, l’interrogea-t-elle.  

- Tu oublies que je sais ce que c’est, Ryo. Toi, tu as la possibilité de savoir, de connaître ta famille d’une certaine manière. Moi, je n’ai pas cette chance-là., lui rappela-t-elle.  

- Je voudrais avoir des photos, des lettres, des témoignages… Je n’ai rien, même pas un début de piste. Tu pourrais savoir ce qu’ils étaient et peut-être que ça te ferait du bien.  

 

Elle n’alla pas plus loin de peur de trahir les connaissances qu’elle avait acquises. C’était à lui de décider s’il voulait savoir ou non, elle ne le forcerait pas même en lâchant des bribes d’informations au hasard d’une conversation.  

 

- C’est toi ma famille, Kaori. Toi. Dis-moi ce que tu veux pour rester, je te le donnerai. Tu auras tout ce que tu voudras. Je ne peux pas te perdre., murmura-t-il, résigné.  

 

Elle frémit à la fois au souffle chaud qui caressa son oreille et à l’intensité de sa voix. Elle eut mal de le sentir si perdu et désespéré et sentit les larmes rouler sur ses joues. L’amour ne devrait pas être ainsi. L’amour n’était pas quelque chose qui devait faire souffrir ou donner l’impression de devoir capituler. Ce n’était pas un rapport de force où il devait y avoir un gagnant et un perdant. Elle n’avait même pas l’impression d’avoir gagné, juste de l’avoir mis à terre. Elle mit un moment avant d’être capable de réfréner ses larmes et de se retourner en se montrant forte et rassurante.  

 

- Je ne veux rien d’autre que notre bonheur, Ryo. Je ne veux pas que tu abandonnes tes principes parce que tu as peur de me perdre. Si tu dois les abandonner, c’est parce que tu n’y crois plus, parce que tu as envie d’autre chose, de plus pour nous, pour le futur., lui dit-elle, prenant son visage entre ses mains.  

- J’ai besoin de toi., souffla-t-il, son regard sombre plongé dans le sien.  

- Moi aussi., lui retourna-t-elle.  

- J’ai besoin de toi, Sugar., lui redit-il, plus bas.  

 

Elle comprit sa demande et hésita à y accéder. Elle pensait vraiment que retrouver ce qu’ils avaient vécu était nécessaire mais elle était ébranlée par le regard et la tension qui émanait de son conjoint. Elle céda et il le sentit, posant les lèvres sur les siennes. Ils s’embrassèrent tendrement contre la porte. Il lui montra toute la douceur dont il savait faire preuve juste pour effacer la dureté qu’il avait affichée auparavant. Il glissa les bras autour d’elle et la serra contre lui à l’étouffer.  

 

Réussissant à s’écarter légèrement de lui quand il cessa de l’embrasser, elle lui prit la main et l’emmena à leur lit, laissant tomber son pyjama sur le coffre. Ils se glissèrent l’un contre l’autre et se regardèrent un long moment. Tout était devenu si sérieux d’un coup entre eux. Tout avait basculé si vite alors qu’ils auraient juste dû être dans l’allégresse de l’après-témoignage, de la liberté retrouvée, de l’exploration sensuelle de leur couple. Il avait entendu ce qu’elle avait dit, qu’elle ne voulait pas qu’ils fassent l’amour ce soir pour retrouver ce qu’ils avaient été mais il avait tant besoin d’elle, de la sentir proche de lui, contre lui, comme s’ils ne faisaient qu’un. Il glissa la main de son épaule jusqu’à sa nuque puis dans ses cheveux.  

 

- Donne-moi ce soir. Je te promets que demain soir, on fera tout ce que tu voudras mais donne-moi ce soir., l’implora-t-il.  

 

Elle ouvrit la bouche pour objecter mais les mots restèrent bloqués face à son regard. Elle se sentit faible, sans volonté mais il ne lui demandait pas, il la suppliait. Il semblait si désemparé qu’elle ne savait comment lui refuser l’apaisement qu’il lui réclamait.  

 

- D’accord., concéda-t-elle.  

- Merci., eut-il à peine le temps de souffler contre ses lèvres avant de l’embrasser.  

 

Il fut un peu moins doux que quelques minutes auparavant mais elle ressentit encore cette urgence en lui, urgence qu’elle n’expliquait que par sa peur de la perdre mais que lui dire de plus pour le rassurer ? Elle ne savait pas, d’autant qu’elle-même avait cette crainte qu’elle ne savait comment apaiser. Puisque les mots ne semblaient pas l’atteindre, elle tenta de les traduire en gestes.  

 

Les doigts parcoururent les corps, se touchant, se découvrant, gardant ce contact dont ils avaient besoin. Les baisers mêlaient leurs lèvres, leurs langues et ne faisaient qu’un corps qui semblait respirer le même air. Les caresses cherchaient moins à attiser le désir qu’à faire naître ces sensations de chaleur, de partage. Ils restèrent ainsi un long moment habillés dans le lit à se toucher, s’embrasser avant de commencer à se déshabiller. Une fois nus, si les mains vaquaient longuement sur la peau dénudée, si les doigts s’entrelaçaient beaucoup plus qu’à l’habitude, leurs bouches se quittèrent peu. Leurs quelques explorations s’écourtaient rapidement pour retrouver cet oxygène qu’elles ne semblaient trouver qu’à un endroit comme un besoin vital.  

 

- J’allais oublier., grogna Ryo quand il s’allongea sur elle, prêt à s’immiscer en elle.  

 

Un peu déphasée, elle le regarda ouvrir le tiroir de sa chevet et en sortir un étui argenté. Même dans la semi-pénombre, elle imaginait bien le regard qu’il portait sur la chose qu’il n’avait accepté de porter que pour elle mais elle n’imagina pas le soupir de frustration qui lui échappa. C’était un de leurs problèmes. Elle savait pourquoi elle le lui avait demandé mais, après un rapide calcul, elle posa une main sur la sienne et la glissa jusqu’à atteindre l’objet qu’elle retira et posa sur le drap.  

 

- On n’en a pas besoin., lui dit-elle.  

- Je ne peux pas tomber enceinte cette semaine., lui affirma-t-elle.  

- Mais tu craignais…, objecta-t-il.  

- Je sais et je le crains toujours mais je dois être plus raisonnable. Le moment est passé et je suis sous pilule. J’ai confiance en l’avenir. Il n’arrivera rien., lui assura-t-elle.  

 

Il n’arriverait rien, se promit-elle. Elle ne tomberait pas enceinte et ils ne se sépareraient pas. Ils avanceraient unis, main dans la main, et apprendraient à vivre avec ce qu’il lui manquerait et ce qu’il refusait d’évoquer. Il fallait juste trouver le moyen d’apaiser leur relation.  

 

- Tu… tu es sûre ?, lui demanda-t-il.  

- Oui. Tu verras, tout ira bien., lui redit-elle, glissant la main dans ses cheveux.  

 

Il se pencha sur elle et l’embrassa amoureusement tout en se glissant entre ses cuisses où il s’immobilisa. Doucement, il attrapa la couette et la referma sur eux comme pour les abriter ou les enfermer dans un cocon n’abritant qu’eux et l’amour qu’ils se portaient, un amour qui avait besoin d’être protégé et gardé bien au chaud. Il sentait sa chaleur l’entourer, la douceur de sa peau contre la sienne, son ventre collé contre le sien, leurs respirations se synchronisant, sa poitrine contre son torse qui se soulevait au rythme de leurs caresses, ses lèvres douces, chaudes et humides contre les siennes, leurs langues qui se mêlaient avec tendresse et ses doigts qui caressaient ses cheveux d’un côté et ses reins de l’autre. Il commençait enfin à se sentir mieux, avait l’impression de retrouver le contrôle de ses émotions, des évènements, de leur vie.  

 

- Merci, Kaori., murmura-t-il, déposant un baiser sur son nez avant de se mouvoir en elle.  

 

Il la regarda fermer les yeux et rejeter la tête en arrière alors qu’il allait et venait avec une lenteur insidieuse prenant le temps de maximiser le contact de leurs intimités. C’était ce qu’il voulait avec elle, la qualité, le temps, les sensations et l’amour qu’elle lui inspirait. Il voulait les mots, les caresses, les moments coquins, les silences, tout ce qu’ils pouvaient partager… presque tout, pensa-t-il, s’assombrissant. Il posa la tête sur son épaule, leurs doigts entrelacés de chaque côté de sa tête et accéléra le mouvement pour oublier ce qu’il ne voulait pas lui dire. Il la sentit se crisper quand il buta un peu trop fort au fond d’elle et ralentit le rythme. Il ne devait plus perdre les pédales. Il n’avait pas le droit de lui faire mal, ni de leur faire du mal.  

 

- Pardon., s’excusa-t-il, culpabilisant.  

- Tu te laisses emporter, mon étalon., plaisanta-t-elle, d’une voix douce pour le rassurer.  

 

Il la regarda bizarrement et cela la fit rire. Avait-elle eu vent de quelque chose ? Mick avait-il encore eu la langue trop pendue ?  

 

- Sous tes airs policés, tu es fougueux, sauvage et indomptable… mais tu sais aussi être doux et paisible. Et surtout tu es fidèle., lui expliqua-t-elle amoureusement.  

- Tu m’as dompté pourtant., lui fit-il remarquer.  

- Non, tu as accepté de devenir mien comme je suis tienne mais, en aucune manière, on ne s’est soumis., lui répondit-elle, caressant son visage.  

- C’est peut-être pour cela que c’est un peu difficile., ajouta-t-elle.  

- Tu l’as dit, Kaori. On y arrivera. Quand on s’aime comme on s’aime, il suffit d’être patient et opiniâtre, de ne pas oublier l’essentiel., lui assura-t-il.  

 

Elle acquiesça et l’attira à elle pour échanger un nouveau long baiser avant de se laisser porter vers le clou de leur danse après lequel ils restèrent enlacés un long moment, se câlinant amoureusement.  

 

- Tu peux dormir, Kaori. Tu m’as donné ce dont j’avais besoin. C’est à mon tour., lui promit-il, prêt à retrouver ce qu’ils avaient été.  

- Tu peux me tenir dans tes bras ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il acquiesça et elle lui tourna le dos, le laissant venir se coller contre elle et l’enlacer. Ils s’endormirent ainsi au bout de quelques minutes, un peu plus confiants en leur capacité à être et rester ou tout du moins de faire le maximum pour y parvenir. 

 


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