Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 85 :: Chapitre 85

Publiée: 26-04-21 - Mise à jour: 26-04-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 85  

 

Assise sur un tabouret au bout du bar, Miki donnait le biberon à Hime, tenant compagnie à Falcon qui servait les clients avec l’aide de Kasumi. Ce fut avec plaisir qu’elle vit arriver deux de leurs amis qui poussèrent la porte, faisant tinter la petite clochette. C’était un son qu’elle adorait entendre et elle était ravie qu’Hime n’en soit pas importunée. Pour elle, elle l’aurait enlevée mais ça l’aurait attristée.  

 

- Bonjour !, salua-t-elle gaiement Ryo et Kaori qui approchèrent en souriant.  

- Bonjour Miki. Incapable de rester loin du champ de bataille., la taquina son amie.  

- J’aime l’ambiance du café. C’est convivial et il faut bien qu’elle s’habitue., répondit la jeune maman, redressant son bébé sur son épaule.  

- Elle est toujours aussi belle., la complimenta Kaori, caressant la joue d’Hime tendrement.  

- Ca va, toi ? Tu as une petite mine., s’inquiéta la barmaid.  

- Manque de sommeil et nouvelles impromptues., résuma la rouquine, adressant un regard complice à son mari.  

 

Il lut dans ses yeux la chaleur au souvenir de leurs ébats de la nuit qui avaient oscillé entre tendresse et passion effrénée, entre caresses innocentes et véritables appels au péché, de leurs silences complices aux cris d’extase libérés au summum de leurs unions mais aussi l’anxiété qui montait à l’imminence du rendez-vous qui allait bouleverser au minimum deux vies.  

 

- Rien de grave, j’espère ?, s’inquiéta Miki, Falcon les rejoignant.  

- Bonjour Falcon. En fait, Hide et Ryo ont retrouvé ma famille biologique. J’ai donné rendez-vous à ma sœur ici dans quelques minutes., expliqua Kaori, sentant une main se poser sur sa hanche en signe de soutien.  

- J’aurais peut-être dû vous poser la question avant…, s’excusa-t-elle.  

- Pourquoi ? C’est un café ouvert au public ici et, si tu t’y sens à l’aise pour faire cette nouvelle rencontre, j’en suis plus que ravie., objecta Miki, posant une main sur celle de Kaori.  

- Tu vois, je te l’avais dit. Détends-toi. En plus, si jamais je vous laisse seules pour discuter un peu, tu sais que tu as des amis non loin. Alors relaxe-toi un peu, Kaori., lui enjoignit Ryo.  

- Je vais essayer., pipa-t-elle, sceptique malgré tout.  

- Alors ces préparatifs de mariage ?, embraya leur amie pour lui changer les idées.  

 

Kaori l’observa et lui sourit, consciente et reconnaissante du stratagème. Elle prit place sur le tabouret à ses côtés et tendit son doigt au bébé qui l’agrippa.  

 

- Ryo a été faire son essayage pendant que je suis allée commander les fleurs. Je n’aurais jamais cru que ce serait si compliqué de choisir et trouver un juste milieu. J’espère juste que je ne me suis pas trompée et que ça conviendra., expliqua-t-elle, nerveuse.  

- Ce sera parfait, tu verras. Détends-toi., lui conseilla son mari, les mains sur ses épaules.  

- On a sélectionné le repas et tout ce qu’il fallait pour la réception qui le précédera, les tenues sont en cours, l’église est réservée et Shin nous prête sa demeure pour le reste., résuma Kaori.  

- Je vais chercher les alliances d’ici ce soir et Mick a géré la sécurité. Et pour la presse, c’est en suspens., acheva Ryo, se tournant en entendant un bruit derrière eux.  

- Viens, la table dans le coin s’est libérée. On sera bien., conseilla-t-il à sa femme.  

- Excusez-nous mais elle ne devrait pas tarder à arriver. On aura certainement plus de temps après., expliqua-t-il à leur couple d’amis.  

 

Ils acquiescèrent et le couple les laissa pour s’installer à la table que Kasumi venait de débarrasser.  

 

- Qu’est-ce que je vous sers ?, leur demanda-t-elle, sortant son calepin.  

- Un café et un chocolat, s’il te plaît., commanda Ryo, posant une main sur la cuisse de sa femme qui regardait anxieusement par la vitrine.  

 

Kasumi acquiesça et les laissa seuls.  

 

- Ca va ?, s’inquiéta-t-il, sentant la jambe de sa compagne tressauter sous ses doigts.  

- Je suis nerveuse., admit-elle.  

- Vous vous êtes bien entendues la semaine dernière. Il n’y a pas de raison que ça change, Kaori., tenta-t-il de la rassurer.  

- On a si peu de temps devant nous et comment va-t-elle réagir ? Est-ce qu’elle va se dire que j’aurais dû faire des recherches avant ? Est-ce qu’elle va se fâcher contre Hideyuki ? Me demander de choisir peut-être ?…, commença-t-elle, anxieuse.  

- Kaori, c’est une jeune femme intelligente. C’est une reporter et ça m’étonne même que ce ne soit pas elle qui ait fait cette recherche., lui retourna-t-il, espérant la calmer.  

 

Elle leva les yeux vers lui et sonda son regard, cherchant quelque chose sans qu’il arrive à en comprendre la nature.  

 

- Alors… alors peut-être qu’elle ne veut pas savoir… Peut-être que je ne l’intéresse pas et je vais tomber comme un cheveu sur la soupe. Qu’est-ce qui m’a pris ? Je ferais mieux de la laisser tranquille., fit-elle, se levant pour s’en aller.  

 

Ryo la retint par le poignet et la força à se rasseoir. Elle le regarda un instant puis baissa les yeux, ayant de plus en plus de mal à garder son calme. Sentant une main sur sa joue, elle releva le visage et croisa celui paisible de son mari.  

 

- Elle va t’adorer, j’en suis sûr. Et, dans l’hypothèse pessimiste où ça ne l’intéresse vraiment pas, tu n’auras pas de regrets à avoir : au moins, tu lui auras dit et elle aura le choix de te connaître ou non… Ce sera son choix, Kaori., lui opposa Ryo calmement.  

- Mais, moi, je veux la connaître, je veux qu’elle me parle d’elle, de sa… de notre famille., soupira-t-elle.  

 

Avec toute autre, il aurait pu soupirer d’exaspération. Il avait comme l’impression que, quoiqu’il dirait, elle trouverait le côté négatif. Il se contenta de lui sourire et de l’attirer à lui pour l’embrasser. Sans se soucier des personnes autour d’eux, il approfondit leur échange, franchissant le barrage de ses lèvres, les sentant trembler contre les siennes. Il effleura sa langue légèrement avant de la caresser un peu plus jusqu’à la sentir venir à sa rencontre et mener une danse endiablée.  

 

- Voilà qui est mieux…, murmura-t-il avec un léger sourire en voyant ses joues rosies et son regard légèrement voilé.  

- Tu sais comment me faire perdre la tête…, chuchota-t-elle, l’embrassant légèrement avant de poser son front contre le sien en fermant les yeux.  

- Respire…, lui conseilla-t-il à voix basse.  

 

Il l’entendit prendre une profonde inspiration et la relâcher doucement. Il sentit ses doigts se détendre sous les siens qui caressaient ses phalanges et continua à l’encourager à voix basse, levant les yeux à chaque fois que la clochette tintait. La cinquième fois, il pressa la main de sa femme.  

 

- Elle est là., lui dit-il, s’écartant d’elle un peu.  

- Reste calme. Je suis là tant que tu en as besoin., lui affirma-t-il, faisant signe à Sayuri qui les cherchait du regard.  

- Monsieur Saeba, je ne savais pas que vous seriez là. C’est un plaisir de vous revoir. Madame Saeba, désolée, je suis un peu en retard., s’excusa la journaliste.  

- Ce… Ce n’est pas grave., éluda Kaori, nerveuse.  

- Vous allez bien ? Vous me paraissez un peu pâle…, s’inquiéta la journaliste.  

- Non, ça va aller. Voulez-vous un café, Sa… Mademoiselle Tachiki ?, lui offrit la cadette poliment.  

- Vous pouvez m’appeler Sayuri. Oui, je veux bien, Madame Saeba., accepta son aînée.  

 

Ryo commanda la boisson, laissant à Kaori la possibilité de continuer, ne le surprenant pas quand elle offrit :  

 

- Appelez-moi Kaori, s’il vous plaît.  

- Alors de quoi vouliez-vous discuter, Kaori ? Cela concerne la cérémonie ou la réception ?, l’interrogea Sayuri, sortant un calepin.  

 

Kaori posa une main sur le carnet, le refermant et effleurant par la même occasion sans le vouloir les doigts de la jeune femme, les retirant aussitôt, gênée.  

 

- Ca… Ca ne concerne pas le mariage… C’est… personnel., lui apprit Kaori alors que Falcon déposait une tasse devant la journaliste.  

- Personnel ? Je ne comprends pas ce que vous pouvez attendre de moi., lui opposa cette dernière, fronçant les sourcils.  

- Je… J’ai été adoptée lorsque j’avais moins de deux ans…, commença Kaori, jouant nerveusement avec sa cuillère à café sans s’en rendre compte.  

 

Ryo posa une main sur la sienne, la faisant arrêter. Elle tourna les yeux vers lui et y puisa la force dont elle avait besoin pour avancer.  

 

- Je suis navrée pour vous, Kaori, mais je ne peux rien y faire. Je ne fais pas de recherche de personnes disparues., s’excusa Sayuri.  

- Je vais vous laisser., fit-elle, mal à l’aise, se levant.  

- Non, attendez ! S’il vous plaît…, lui demanda la future maman, désespérée.  

- Je ne vous demande pas de faire des recherches pour moi. Je sais qui je dois chercher., ajouta-t-elle, prenant une profonde inspiration.  

- Vous souhaitez lui lancer un appel ? Il y a des journaux plus adaptés pour cela que le Weekly News., lui fit savoir la reporter, reprenant place.  

- Je n’ai pas besoin d’un journal. J’ai juste besoin que… que…, balbutia Kaori, luttant contre sa trachée nouée.  

 

Sayuri la dévisagea un moment, sentant le malaise qui l’habitait depuis quelques minutes augmenter d’un cran.  

 

- J’ai juste besoin que vous m’écoutiez., reprit Kaori, plongeant dans son regard, n’arrivant pas à expulser les mots de sa gorge.  

 

La journaliste fut bouleversée par la lueur de ses prunelles brillant d’une émotion si intense qu’elle semblait irradier d’elle et de cette vérité qu’elle pressentait et qu’elle avait du mal à admettre.  

 

- Voulez-vous bien m’écouter quelques minutes, s’il vous plaît ?, lui demanda la jeune femme face à elle.  

 

Comme figée sur place, Sayuri acquiesça. Kaori baissa les yeux un instant avant de les relever, trouvant le courage de poursuivre.  

 

- J’ai été adoptée quand j’avais moins de deux ans. Mon père adoptif était officier de police et il m’a rencontrée sur une scène de crime. En fait, il a pris en chasse mon père biologique qui avait assassiné un homme et l’a tué en état de légitime défense. Je… J’étais dans la voiture et, malgré des recherches effectuées, il n’a pas pu retrouver ma mère biologique que mon père lui avait dit morte ni aucune autre famille et il m’a adoptée. Mon frère m’a appris hier qu’il a de nouveau effectué les recherches à la demande de mon mari…, commença Kaori.  

- C’était ta demande à la base, Kaori. Tu m’as dit que tu aimerais avoir la chance de pouvoir retrouver tes racines., lui rappela-t-il, pressant sa main qu’il tenait toujours.  

- Oui, c’est vrai… mais j’avais peur de froisser mon frère., avoua-t-elle, baissant les yeux.  

 

Sayuri les regarda tour à tour, n’arrivant à croire ce qu’elle pensait être la seule réponse possible, la seule raison qui pousserait ces deux personnes à lui dévoiler à elle, une journaliste pouvant potentiellement tout publier sans aucune considération de leur vie privée, quelque chose d’aussi sensible.  

 

- Que… Que vous a appris votre frère ?, finit-elle par balbutier, le cœur battant à tout rompre.  

 

Kaori prit une profonde inspiration et releva les yeux, les plongeant dans les siens, et ce fut comme si le temps se figeait. Les bruits du café s’estompèrent jusqu’au silence complet, les visages s’effacèrent puis les corps et un brouillard opaque sembla soudain les entourer. Plus rien ne leur parvenait, ni les rires de la table voisine, ni le bruit ronronnant du percolateur ou le tintement des verres que Kasumi sortait du lave-vaisselle, ni le raclement des chaises lorsqu’un groupe quitta la salle. Le bruit des respirations se fit plus oppressant, les cœurs semblaient battre fort, comme en dehors des poitrines, et c’était comme si un lien se matérialisait entre elles par le biais de ce regard.  

 

- Que vous étiez ma sœur., lui répondit Kaori après un temps qui lui sembla interminable.  

- Je… C’est impossible., souffla Sayuri, serrant convulsivement la lanière de son sac à main.  

- Ma mère… ma mère ne m’a jamais parlé… Elle n’a jamais dit… Mon père nous a quittées et est décédé mais elle n’a pas… Elle me l’aurait… Non, c’est impossible., répondit-elle, se levant et s’enfuyant, blême.  

 

Tétanisée, Kaori fut incapable d’esquisser le moindre mouvement. Elle ne put que la regarder partir en ayant le sentiment que son cœur avait cessé de battre, que ses poumons ne fonctionnaient plus et qu’elle allait étouffer en même temps que ce lien s’était brisé. Voyant tous les regards se tourner vers eux et sa femme livide, Ryo se leva et la prit à bras, l’emmenant dans la partie privée du café, à l’abri des regards, Miki lui ouvrant la porte sans attendre. Il posa sa femme sur le divan et la prit contre lui.  

 

- Respire, Kaori. Respire. Calme-toi., lui enjoignit-il alors que le corps contre lui était visiblement immobile.  

 

Il n’était pas dupe et il sentait la vague qui montait et allait bientôt s’extérioriser. Il sentait les frémissements s’intensifier et devenir tremblements contre lui. Le cri ne le surprit qu’à peine et il colla le visage de Kaori contre lui pour l’étouffer et ne pas alerter les personnes dans le café. Le cri se transforma en pleurs et il ne la lâcha pas d’un pouce tant que son corps fut secoué de sanglots. Il ne dit rien et la laissa pleurer, évacuant la tension, la peur et la déception de cette rencontre, et le moment dura longtemps, très longtemps.  

 

Kaori avait beaucoup misé sur ces retrouvailles, depuis bien plus longtemps qu’elle n’avait enfin décidé d’en parler. Elle espérait avoir des réponses à de nombreuses questions qui avaient hanté son adolescence et se faisaient encore plus présentes depuis qu’elle était enceinte mais il fallait croire qu’une fois encore, elle ne saurait pas et devrait définitivement faire une croix sur cette quête. Elle ne put s’empêcher de se demander où elle s’était trompée, ce qu’elle aurait pu faire de mieux, comment elle aurait dû aborder les choses, se reprocha de s’être laissée dominer par ses émotions, de n’avoir pas été assez impassible…  

 

- J’ai été pitoyable…, finit-elle par hoqueter.  

- Tu n’as pas été pitoyable, Kaori. Ce n’était pas une information facile à transmettre., la corrigea Ryo, caressant ses cheveux.  

- Elle ne m’a pas cru., reprit-elle.  

- A priori, elle ignorait qu’elle avait une petite sœur. C’est légitime. Tu n’aurais rien pu faire de mieux., la consola-t-il, ne sachant quoi faire pour améliorer la situation.  

- Viens, on va rentrer., lui proposa-t-il, l’aidant à se lever.  

 

La tenant fermement contre lui alors qu’il sentait ses pas hésitants, ils sortirent de là et trouvèrent Miki, visiblement inquiète, berçant Hime.  

 

- Comment ça va ? Vous êtes restés longtemps. Je me faisais du souci., les accueillit-elle.  

- Ca ne va pas fort. On va rentrer. Désolés du dérangement., s’excusa Ryo, entraînant Kaori, précédés par le garde du corps.  

 

Il la fit grimper dans la voiture et ils rentrèrent rapidement à l’appartement où il la fit se coucher, restant à ses côtés. Il sentait la tension émaner d’elle et craignait vraiment pour sa santé et celle du bébé. Il craignait tellement qu’il finit par appeler son médecin qui arriva dans l’heure et examina la jeune femme avant de lui donner un léger sédatif.  

 

- Elle va dormir quelques heures. Tenez, ce sont des médicaments qui pourront l’aider si elle a des contractions et, si ça ne passe pas ou qu’elle saigne, vous allez à l’hôpital., lui dit-il, lui tendant une ordonnance.  

 

Ryo n’eut même pas à demander que son garde du corps tendit la main pour avoir la feuille et disparut avec, revenant moins d’une demi-heure plus tard avec le sachet.  

 

- Merci., murmura-t-il avant de refermer la porte et de retourner s’asseoir dans leur lit veiller le sommeil de son épouse.  

 

Son téléphone sonnant, il consulta l’appelant. Voyant que c’était Hide, il décrocha, sortant de la chambre en laissant la porte entrouverte.  

 

- Salut Ryo. Je venais aux nouvelles. Elle l’a vue ?, l’interrogea Maki.  

- Oui et ça ne s’est pas bien passé. Elle ne l’a pas crue., lui apprit Ryo.  

- Comment va Kaori ?, s’inquiéta son frère.  

- Elle dort. J’ai fait passer mon médecin., répondit le dirigeant, ce qui, pour l’inspecteur, était un indicateur que sa sœur n’était pas au mieux.  

- D’accord. Je… Tiens-moi au courant, Ryo., lui demanda l’inspecteur avant de raccrocher.  

 

Ryo regagna son poste de vigie pendant que son ami se laissa aller dans le fauteuil, soucieux. Voyant cela, Saeko approcha et s’assit à ses côtés.  

 

- Alors ?, l’interrogea-t-elle.  

- Ca ne s’est pas bien passé. Ryo a dû faire venir son médecin., lui apprit-il sombrement.  

 

Il se demandait comment sa petite sœur allait, si son bébé était en danger, si elle allait souffrir encore plus… Tout cela était de sa faute. Il aurait dû prendre les devants bien avant, déjà pendant son adolescence.  

 

- S’il ne l’a pas emmenée à l’hôpital, c’est qu’elle n’est pas en danger immédiat. Elle a dû être secouée, ce qui est normal, mais ne pense pas de suite au pire., lui conseilla sa femme.  

- Il faut que j’aille la voir…, lâcha-t-il.  

- Kaori ?, lui demanda Saeko.  

- Non, elle dort. Sayuri… Il faut que j’aille la voir et que je lui explique, que je lui donne ce que j’ai, qu’elle comprenne que Kaori ne lui est pas tombée dessus par hasard., lui expliqua-t-il, se levant et prenant sa veste.  

- Je viens avec toi., lui affirma Saeko.  

 

Il se tourna vers elle et l’observa un moment, pensif, évaluant froidement ce que ça pouvait représenter pour la femme qu’il allait voir.  

 

- Je préfère y aller seul. Je ne veux pas lui donner l’impression de vouloir la dominer ou l’oppresser. Elle doit déjà être assez chamboulée., lui opposa-t-il doucement.  

- D’accord. Tu me tiens au courant. Hide, tu n’obtiendras peut-être pas de meilleure réponse., l’avertit-elle d’une voix douce.  

- Je sais mais je dois essayer. J’ai le dossier, certificat de naissance et tout. J’aurais dû les donner à Kaori pour qu’elle lui montre. Ca aurait certainement été plus facile., culpabilisa-t-il.  

- On a tous été pris de court. Vas-y. Fais ce que tu penses devoir faire. Je vais aller chez Ryo pour voir s’il a besoin d’aide., lui apprit-elle.  

- D’accord. A tout à l’heure.  

 

Il attrapa son imper et s’en alla, Saeko le suivant de peu. Elle arriva peu après devant l’immeuble de briques rouges et, passée la sécurité, monta jusqu’au dernier étage. Elle frappa et entra dans l’appartement, même si elle se doutait que son ami ne serait pas dans le séjour. Elle monta directement à l’étage et toqua doucement à la porte, l’entrebâillant.  

 

- Saeko ?, s’étonna Ryo, se levant et la rejoignant.  

- Qu’est-ce que tu fais là ? Il s’est passé quelque chose ?, s’inquiéta-t-il, cherchant Hide.  

- Non, je suis venue voir si tu avais besoin d’aide. Je me doute qu’à quinze jours du mariage, vous aviez des choses prévues, alors si je peux être utile…, lui expliqua-t-elle.  

 

Il l’observa puis jeta un œil dans la chambre où Kaori dormait toujours, hésitant.  

 

- Je lui avais promis d’aller récupérer les alliances aujourd’hui., murmura-t-il.  

- Je peux rester avec elle si tu veux… ou y aller., lui proposa-t-elle.  

- Elle doit encore dormir un moment… Je te la confie. Le bijoutier a ses consignes et c’est moi qui dois aller les récupérer. Je ne veux pas la décevoir sur ce point-là., répondit-il, soucieux.  

- Tu es sûre que ça ne te dérange pas ? Je veux dire, Hide…, ajouta-t-il.  

 

Saeko attrapa la poignet de la porte et la tira vers eux, juste au cas où. Elle leva les yeux vers lui et le regarda très sérieusement.  

 

- Hide est parti voir Sayuri. Il veut réparer l’erreur qu’il pense avoir commise en n’avertissant pas Kaori plus tôt., lui expliqua-t-elle.  

- Je ne sais pas s’il sera plus fortuné qu’elle. Sayuri n’avait même pas l’air de savoir qu’elle avait une sœur., soupira-t-il.  

- On verra bien. Laissons-lui une chance. De toute façon, j’aurais pu lui dire tout ce que je voulais, il ne m’aurait certainement pas écoutée. Je pense que la seule à qui il aurait prêté une oreille, c’était Kaori. Il a besoin de le faire., résuma-t-elle, très sérieuse.  

- Tu es fâchée ?, lui demanda Ryo, soucieux.  

 

Il n’avait jamais imaginé que son initiative aboutirait à cela. Il pensait que ça n’impacterait que Kaori et Hide mais il s’était trompé. Lui-même avait placé de grands espoirs dans cette rencontre et Saeko voyait de nouveau l’amour de sa vie partir au secours de sa petite sœur.  

 

- Non. La situation me chagrine pour la peine qu’elle cause mais, quelque part, ça me rassure aussi. Il est toujours le même, prêt à tout pour sa famille., pipa-t-elle, pensive.  

- Tu ferais mieux d’y aller, Ryo. Plus tu tardes, plus tu as de chances qu’elle se réveille avant ton retour, ce que, je suppose, tu ne veux pas voir arriver., lui conseilla-t-elle.  

- Oui, tu as raison. Il y a des médicaments sur la table de chevet. Si elle a des contractions, elle doit prendre deux comprimés et, si ça ne passe pas, elle doit aller à l’hôpital. Si… si elle a des saignements, c’est directement l’hôpital., murmura-t-il, anxieux.  

- Eh papa, elle a été secouée ce matin mais elle est forte. Alors dépêche-toi d’aller chercher vos alliances et de revenir pour la voir se réveiller et la prendre dans tes bras. Ca, ce n’est jamais de trop., le poussa-t-elle légèrement.  

- Tu es sûre ?, l’interrogea-t-il une dernière fois.  

- Passer une heure à ne rien faire, ça sera un exploit mais je dois pouvoir y arriver., plaisanta-t-elle, poussant la porte.  

- File, Ryo., lui intima-t-elle, la refermant derrière elle.  

 

Malgré ses hésitations, il se dépêcha de descendre pour accomplir sa tâche. Il avait envie de rester avec Kaori mais il voulait aussi lui faire plaisir, la rassurer sur le fait que l’organisation du mariage roulait. La voiture quittant le garage, il jeta un œil vers le dernier étage et croisa les doigts pour retrouver sa femme là où il l’avait laissée et pas sur un lit d’hôpital.  

 

Hideyuki s’arrêta devant l’immeuble de Sayuri et leva les yeux, anxieux. Il n’avait aucune idée de la manière dont elle le recevrait, si elle acceptait seulement de le recevoir… Il n’y avait qu’un moyen de savoir, se dit-il, avançant vers la porte d’entrée. Il grinça des dents en voyant l’interphone. Il savait à quel point c’était plus facile de se défiler face à une voix dématérialisée que face à une personne qui vous regardait droit dans les yeux. Il appuya sur le bouton où était indiqué Tachiki et attendit.  

 

- Oui ?, entendit-il une voix fébrile répondre.  

- Bonjour, je suis Hideyuki Makimura. Je voudrais vous parler, Mademoiselle Tachiki., se présenta-t-il posément.  

- Je n’ai rien à vous dire., répliqua-t-elle d’une voix sèche mais enrouée.  

- Alors laissez-moi juste parler. Accordez-moi quelques minutes, s’il vous plaît. Pour elle autant que pour vous., plaida-t-il, nerveux.  

 

Il entendit le combiné être raccroché et soupira. Que devait-il faire ? Insister ? Revenir un peu plus tard lorsque la tension serait redescendue ? Essayer de la voir à son bureau lundi matin ? L’appeler ? Il ne savait pas et resta là à réfléchir un moment. Entendant la porte s’ouvrir, il s’écarta pour laisser la personne sortir, ne pensant même pas à s’engouffrer pour monter jusqu’à l’étage voulu. Malgré toute sa volonté d’arranger les choses, il ne pouvait oublier qu’il était inspecteur de police et qu’il risquait gros s’il se voyait accuser de harcèlement, d’autant qu’il avait son insigne sur lui. Kaori s’en voudrait certainement s’il se faisait sanctionner en voulant l’aider et il n’ajouterait pas à ses tracas.  

 

- Monsieur Makimura ?, entendit-il quelqu’un l’appeler faiblement.  

 

Il se retourna et reconnut la jeune femme rousse qu’il avait vue en photos.  

 

- Oui. Je ne veux pas vous harceler mais Kaori… Je ne sais pas ce qui s’est passé ce matin mais Kaori ne vous a pas menti. Je voudrais juste vous expliquer comment on… j’en suis arrivé là, ce que ma sœur n’a peut-être pas pu., lui expliqua-t-il, un regard implorant posé sur elle.  

 

Sayuri le dévisagea, le cœur partagé entre son envie de ne pas savoir et ne pas bouleverser plus son monde alors qu’elle s’apprêtait à partir et son envie de savoir si c’était vrai et de ne pas gâcher le cas échéant le peu de temps qui lui restait avec celle qui prétendait être sa sœur, cette jeune femme avec qui elle avait partagé presque immédiatement un lien particulier sans aucun effort.  

 

- Je veux bien entendre ce que vous avez à me dire., admit-elle, lui faisant un signe de la suivre.  

 

Soulagé, il lui emboîta le pas et se retrouva un moment plus tard, assis autour d’une table, une tasse de café devant lui.  

 

- Kaori… Kaori a dit que j’étais sa sœur., balbutia Sayuri.  

- Elle ne vous a pas menti. A l’époque où mon père l’a adoptée, il n’avait qu’une des identités de votre père biologique. Les recherches d’empreintes étaient encore faites manuellement et les données n’étaient pas enregistrées dans un fichier partagé nationalement. Il a essayé de retrouver la famille de Kaori bien que son père ait dit que sa mère était morte. En vain… Il n’a pas su et l’a recueillie plutôt que de la laisser dans les arcanes des services sociaux., lui expliqua-t-il.  

- Mais pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tard ?, s’étonna la journaliste.  

- Il est mort trois ans plus tard., lui avoua-t-il, ressentant un pincement de tristesse.  

- Je pense qu’il l’aurait fait sinon. Il n’avait pas l’intention de mentir à Kaori sur ses origines. Il voulait lui dire la vérité à ses vingt ans et je suis presque certain… non, en fait, je suis sûr que, ce jour-là, il aurait tout fait pour être prêt à répondre à toutes ses questions., affirma Hideyuki.  

- Moi, je ne l’étais pas. J’ai pris la suite de mon père mais j’ai négligé cette partie-là. Je ne m’étais même pas rendu compte que Kaori savait qu’elle était adoptée. Je ne voulais pas la bousculer plus en lui expliquant que le père qu’elle avait perdu n’était pas son père biologique, qu’elle avait perdu ses deux pères et sa mère., lui confia-t-il.  

- Ma mère ne m’a jamais parlé d’une sœur et je n’en ai aucun souvenir. Depuis que je suis rentrée, je suis face à ce carton avec ce que je pensais être des papiers à elle mais je n’arrive pas à l’ouvrir. Comment… Comment êtes-vous remonté jusqu’à moi ?, lui demanda Sayuri, visiblement tendue.  

 

Hideyuki posa les deux mains sur le dossier qu’il avait ramené et le fit glisser jusqu’à elle, la regardant l’ouvrir.  

 

- J’ai repris les éléments du dossier et j’ai comparé les empreintes avec celles présentes dans le répertoire national. J’ai retrouvé plusieurs identités et, à force de recherches, je suis tombé sur l’identité originelle du père de Kaori. C’est sous ce nom qu’il a épousé votre mère. C’est aussi sous ce nom que sont enregistrées vos deux naissances., lui apprit-il, se penchant pour lui montrer les deux certificats.  

- Je… Je ne comprends pas… Dans notre livret de famille, il n’y a que moi., murmura Sayuri, se levant pour aller chercher le document et le lui montrer.  

 

Hide le prit et le feuilleta avant de le reposer.  

 

- Les pages après votre naissance ont été proprement coupées. Je suppose que votre mère ne voulait pas vous perturber. Tous les livrets de famille sont faits de la même manière. Les pages non utilisées ne sont pas coupées., lui fit-il remarquer.  

- Je n’avais pas prêté attention. J’en ai si peu eu besoin. Ma mère me donnait toujours les copies lorsque c’était nécessaire. Vous voulez bien m’aider à ouvrir ce carton et savoir ce qu’il y a dedans. Ce ne sera peut-être rien mais peut-être…, murmura-t-elle, regardant la boîte anxieusement.  

 

Elle aurait pu rire de cette situation ridicule : elle, grande journaliste reporter qui avait déjà enquêté sur des sujets très dangereux, effrayée à l’idée d’ouvrir un carton qui contenait des éléments de son passé.  

 

- Bien sûr., acquiesça-t-il.  

 

Il la suivit sur le canapé alors qu’elle posait la boîte sur la table basse.  

 

- J’ai peur de ce qu’on va découvrir., admit-elle.  

- Vous voulez que je l’ouvre ?, lui proposa Hideyuki.  

 

Elle acquiesça, reconnaissante, et le regarda faire puis jeter un œil.  

 

- Vous ne l’aviez jamais ouvert ?, s’enquit-il, se tournant vers elle.  

- Non. J’ai ouvert les autres, ceux que j’ai emballés mais celui-là était au fond d’une armoire recouvert de poussières. J’ai supposé que c’était des babioles sans intérêt mais, lorsque Kaori m’a annoncé cela, il a pris une toute autre importance. Je suis sûre que… que ce ne sera pas sans intérêt., balbutia-t-elle, lançant un regard anxieux vers le carton.  

 

Hideyuki ne répondit pas et plongea la main à l’intérieur en ressortant un cadre-photo présentant une mère, une petite fille de trois ans et un bébé.  

 

- C’est ma mère et moi… mais le bébé… Je ne le connais pas., dit-elle, touchant les visages sur le cadre.  

- Il y a encore des photos., lui apprit-il, en sortant un petit paquet.  

 

Il les tendit à Sayuri qui les prit et les observa, les larmes aux yeux. Il regardait les photos en même temps qu’elle, des photos de bébé, fillette et mère, seules, à deux ou à trois, des visages souriants aux regards noisette, et son cœur fit un bond quand, le bébé grandissant, il reconnut Kaori.  

 

- Là, c’est Kaori. J’en suis sûr. Ca devait être quelques mois avant d’arriver chez nous., lui apprit-il, souriant en se souvenant de Kaori à cet âge-là.  

 

Il se remémorait de la surprise qu’il avait ressentie lorsque son père lui avait appris qu’il avait désormais une sœur, la tendresse qu’il avait éprouvée face à ses grands yeux noisette posés sur lui d’un air interrogateur puis qui avait brillé de mille feux en tendant les bras vers lui en babillant, l’amour qui avait surgi dans son cœur lorsqu’elle avait posé sa tête contre lui en toute confiance. Elle avait illuminé son monde à une époque où la mort de sa mère avait laissé un voile sombre qui ne voulait pas se lever.  

 

- J’ai une sœur…, murmura Sayuri, se laissant enfin convaincre face aux preuves qui s’accumulaient et venaient étayer ce qu’elle avait ressenti.  

 

Elle se mit à pleurer à la fois de joie, de culpabilité pour sa réaction, de colère pour sa mère qui ne lui avait rien dit, de tristesse pour cette même mère qui avait dû souffrir de la perte de sa deuxième fille tout en devant protéger son aînée, pour ce temps perdu avec elle et le peu de temps qui lui restait et dont elle venait de gâcher une journée si précieuse.  

 

- Oui. Vous avez une sœur…, lui affirma Hideyuki, l’enlaçant amicalement.  

- On… on pourrait peut-être se tutoyer, non ? Finalement, on est un peu frère et sœur nous aussi à travers Kaori… enfin… il me semble… Je ne veux pas que tu aies l’impression que nous sommes rivaux., proposa-t-elle, essuyant ses larmes.  

- Ca me semble une bonne idée., acquiesça-t-il, soulagé de ne pas avoir à se battre avec elle.  

 

La journaliste regarda les photos et soudain s’immobilisa en voyant la fillette, elle, avec un tout jeune bébé contre elle sur un lit d’hôpital. Elle se sentit blêmir en même temps que ses doigts se mirent à trembler.  

 

- Sayuri ?, s’inquiéta Hideyuki alors qu’elle lâchait les photos qui tombèrent à terre.  

- Je… J’ai été lamentable ce matin… Kaori est enceinte… Ma réaction a dû lui faire du mal. Tu sais comment elle va ?, lui demanda-t-elle, terrifiée.  

- Je ne vais pas te mentir. Elle ne va pas bien. Ryo a fait venir son médecin pour l’examiner. Je pense qu’il lui a donné un sédatif. Mais, comme me dit ma femme, Kaori est forte. Elle a été secouée mais, si elle n’est pas déjà à l’hôpital, c’est que ça ira certainement… surtout si elle peut compter sur une personne supplémentaire pour l’entourer., lui répondit-il posément.  

 

Il était anxieux de pouvoir aller voir sa sœur même s’il se montrait confiant. Il ne serait rassuré qu’en la voyant.  

 

- Je vais te laisser maintenant, Sayuri. Je vais aller voir Kaori, m’assurer qu’elle va bien., lui apprit-il, se levant.  

- Tu trouves encore ta place maintenant qu’elle est en couple et qu’elle va avoir un bébé ?, l’interrogea-t-elle, ramassant les photos qu’elle avait fait tomber.  

- J’aurais toujours ma place. C’est ma sœur, la tienne aussi. Elle m’aime et je suis sûr qu’elle t’aimera aussi. Elle voulait te faire une place dans sa vie. A toi de voir si tu veux en faire partie., lui suggéra-t-il.  

 

Elle posa les photos dans le carton et leva les yeux vers lui.  

 

- Tu crois qu’elle accepterait de me voir aujourd’hui malgré ce que je lui ai fait ce matin ?, lui demanda-t-elle.  

- Je ne le crois pas. J’en suis sûr. Kaori a le cœur sur la main. Elle veut te connaître et, si tu le veux bien, en apprendre plus sur ta famille aussi., lui affirma-t-il.  

- Je suis prête., lui dit-elle, se levant et allant mettre son manteau et ses chaussures.  

- Alors, allons-y., fit Hideyuki, ouvrant la porte et l’invitant à passer.  

 

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, se sentant groggy, Kaori regarda autour d’elle et trouva Saeko à ses côtés.  

 

- Ryo ne devrait plus tarder. Il est parti chercher vos alliances., la rassura l’inspectrice.  

- Comment tu te sens ?, l’interrogea-t-elle.  

- Je… Je ne sais pas trop., murmura la rouquine.  

- Tu n’as pas mal au ventre ou autre ?  

 

Kaori posa la main sur le renflement de son ventre, un moment effrayée, mais se rassura en le sentant encore bien là et surtout aucune douleur ne la prenant.  

 

- Non. Il va falloir que je trouve un autre journaliste pour couvrir notre mariage., fit-elle, se redressant dans le lit pour en sortir et retourner à ses préparatifs.  

 

Elle ne voulait pas penser à ce qui s’était passé et négliger leur mariage qui aurait lieu deux semaines plus tard, mais une main la retint et la repoussa vers le matelas.  

 

- Repos pour le moment. Tu attendras au minimum que Ryo soit rentré. Il est hors de question que tu fasses un malaise en ma présence, sinon je n’aurais jamais le droit de candidater au poste de marraine., la taquina Saeko.  

- Je vais bien, Saeko., lui opposa Kaori.  

- Je sais ce que c’est de préparer un mariage. C’est dur, fatigant et stressant et tu le fais avec un délai plus que réduit, en étant enceinte et avec cette histoire qui te tombe dessus. Alors je ne te laisserai prendre aucun risque tant que tu seras sous ma…  

- Garde ?, suggéra Kaori, un sourcil levé.  

- Vigilance…, proposa l’inspectrice avec un petit sourire.  

- Et j’ai un bon moyen de m’en assurer s’il le faut., lui dit-elle, la prenant entre ses bras.  

- C’est mieux que les menottes, non ?, pipa-t-elle, malicieuse.  

- Oui., souffla Kaori, surprise.  

- Comment tu te sens ?, l’interrogea sa belle-sœur.  

 

Kaori ferma les yeux et lutta contre les larmes qui montaient à nouveau. Elle avait été blessée par la réaction de Sayuri et culpabilisait aussi de l’avoir autant bouleversée. Elle regrettait toujours autant cette occasion perdue d’en savoir plus sur sa vie et de connaître sa sœur.  

 

- Mal…, admit-elle.  

- Ca va aller, Kaori. Elle reviendra peut-être quand elle aura eu le temps de réfléchir., lui suggéra Saeko.  

 

Elle ne voulait pas lui donner trop d’espoir en parlant de l’intervention d’Hideyuki et préférait en attendre le dénouement.  

 

- Je l’espère., murmura Kaori.  

- Repose-toi encore un peu. Je ne bouge pas… et toi non plus., lui conseilla l’inspectrice.  

 

Ce fut ainsi que les trouva Ryo quelques minutes plus tard en revenant de la bijouterie.  

 

- Je dois m’inquiéter ?, les taquina-t-il, adossé au chambranle de la porte.  

- Si tu parles de ce que tu viens de voir à qui que ce soit, je te tue., le prévint Saeko, se levant et passant à ses côtés.  

- Même pas peur., répliqua-t-il, malicieux.  

 

Un coutelas vint se planter derrière lui et il se retourna, surpris.  

 

- Eh ! Mes boiseries !, s’offusqua-t-il.  

 

Elle haussa les épaules et descendit au séjour, laissant le couple un peu seul.  

 

- Comment tu vas ?, s’inquiéta-t-il, s’asseyant près de sa femme sur le lit.  

- Je n’ai pas de douleur mais j’ai mal., lui répondit-elle, posant une main sur son cœur.  

- J’aurais aimé que ça se passe mieux., murmura-t-il, l’enlaçant tendrement.  

- Moi aussi. Tu as été chercher les alliances d’après ce que Saeko m’a dit., fit-elle, souhaitant penser à autre chose.  

- Oui, je les ai rangées dans le coffre.  

- J’aurais aimé les voir., bouda-t-elle légèrement.  

- Je ne peux pas. J’ai trop peur que tu me fasses les ramener au magasin et je m’y refuse., la taquina-t-il.  

- Ryo…, commença-t-elle, fronçant les sourcils.  

 

Il posa un doigt sur ses lèvres pour l’empêcher d’aller plus loin. Il savait quelle serait sa réaction si elle connaissait le prix des deux anneaux et c’était la raison qui l’avait aussi poussé à s’en charger seul mais il avait eu un coup de cœur quand il les avait vus l’un à côté de l’autre. C’était eux qu’il leur fallait et il ne la laisserait pas le dissuader.  

 

- C’est mon choix, Kaori. Mon choix et ma surprise pour toi. Je suis tombé sous leur charme dès que je les ai vues comme toi alors je ne te laisserai aucune occasion de me persuader de les ramener… parce que tu es capable de tellement de choses que je ne prendrai pas le risque., lui affirma-t-il, très sérieux.  

- Bon d’accord., grommela-t-elle après l’avoir observé un moment.  

- Si on descendait ?, lui proposa-t-elle.  

- D’accord mais tu te ménages., lui accorda-t-il.  

 

Elle acquiesça et ils descendirent à deux, main dans la main, retrouvant Saeko. Au même moment, on frappa à la porte et ils se regardèrent tous les trois.  

 

- Va t’asseoir. Je vais voir qui c’est., lui proposa Ryo, la dirigeant vers le divan.  

 

Il ouvrit et se trouva face à son ami et Sayuri. Anxieux, il jeta un regard vers Kaori, hésita puis les pria d’entrer, rejoignant sa femme pour la soutenir. La journaliste s’arrêta devant elle et tenta de sourire malgré sa nervosité.  

 

- Je te dois des excuses, Kaori., balbutia-t-elle.  

- Je n’aurais pas dû m’enfuir comme je l’ai fait. J’aurais dû t’écouter plutôt que de risquer de te perdre., s’excusa-t-elle.  

- Tu veux bien m’accorder une seconde chance ?, l’interrogea-t-elle, le regard empli d’espoir.  

- Il n’y a pas de seconde chance, Sayuri. Tu es ma famille comme toutes les personnes réunies ici. J’espère que tu me pardonneras de m’y être si mal prise., bafouilla Kaori, la gorge serrée par l’émotion.  

 

Emue, Sayuri approcha mais s’arrêta devant elle, hésitant sur la prochaine étape. Kaori fit un mouvement vers elle et elle comprit qu’elle pouvait aller au bout de sa démarche. Elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre et s’étreignirent fortement.  

 

- Je doute que j’aurais fait mieux, Kaori., chuchota la journaliste  

- Apparemment, tu as su trouver les mots., pipa Ryo à Hide, soulagé du dénouement de cette histoire.  

- J’aurais dû les trouver bien plus tôt mais, au moins, elles auront le temps de nouer contact avant d’être séparées., murmura l’inspecteur, observant la scène.  

- Hide, tu as toujours fait ce que tu pouvais pour elle au détriment de ta propre vie par moments. Ne culpabilise pas de ne pas avoir pensé à tout., répliqua le dirigeant, posant une main sur son épaule.  

- Je suis heureuse de pouvoir faire ta connaissance, Sayuri., affirma Kaori, s’écartant d’elle après un moment.  

- Moi aussi., répondit la journaliste.  

- Tu m’excuses deux minutes. J’ai quelqu’un à remercier., fit sa cadette, la lâchant.  

 

Kaori se tourna, cherchant Hide du regard, et le rejoignit. Devant lui, elle s’arrêta et lui prit les mains, les baisant respectueusement avant de poser le visage dessus. Elle n’avait pas besoin de lui poser la question : l’avoir vu en présence de Sayuri suffisait à expliquer ce qu’il avait fait pour elle.  

 

- Merci, Hide., murmura-t-elle, les larmes roulant de nouveau sur ses joues.  

- De rien, ma Kaori., répliqua-t-il, l’attirant dans ses bras.  

 

Elle glissa les siens autour de sa taille et posa la tête sur son torse, fermant les yeux.  

 

- Je t’aime, Hide. Merci pour tout ce que tu fais et as fait pour moi. Je ne saurai jamais te dire à quel point ça compte pour moi. Ta place ne changera jamais dans mon cœur, aniki., lui affirma-t-elle à voix basse.  

- Je t’aime aussi, Kaori. Je suis heureux que papa t’ait ramenée à la maison ce jour-là., lui confia-t-il.  

 

Ils restèrent ainsi quelques instants avant qu’il ne s’écarte d’elle, la tenant par les épaules. Il l’observa avec ce léger sourire qui la rassurait tant quand elle était plus jeune, un sourire affectueux et posé, confiant même.  

 

- Moi, je reste là mais Sayuri s’en va. Tu devrais profiter de ta sœur. Je sais qu’il y a le téléphone ou internet mais ce ne sera jamais pareil qu’une conversation en face-à-face. Va faire connaissance avec elle., lui conseilla-t-il.  

- Tu as raison… sauf sur un point. Allons faire connaissance avec elle., lui dit-elle, le prenant par le coude, ne le laissant pas en arrière alors que de nouveaux liens allaient se nouer.  

 

Ryo regarda frère et sœur se diriger vers leur nouvelle sœur, un sourire aux lèvres. Finalement, tout était bien qui finissait bien.  

 

- Je vais faire du café pour tout le monde. Asseyez-vous et faites les présentations en attendant., proposa-t-il, partant en cuisine.  

 

Il prépara quatre cafés et un chocolat chaud et s’apprêtait à repartir lorsque deux bras l’enlacèrent par derrière. Amusé, il se retourna et entoura la taille de sa femme.  

 

- Que fais-tu là ? Tu devrais être en train de faire connaissance avec ta sœur., lui dit-il, bienheureux malgré tout de la tenir contre lui, souriante et détendue.  

- Il restait une personne que je devais remercier pour ce moment., lui apprit-elle.  

- Toi. Si tu n’avais pas parlé à Hideyuki, je serais passée à côté d’elle sans le savoir. Merci, Ryo. Merci de tenir à moi comme tu le fais et de vouloir ce qu’il y a de mieux pour moi., lui confia-t-elle.  

- Je ne fais qu’essayer de t’aimer aussi bien que tu le fais., répondit-il, touché, caressant son visage tendrement de l’index.  

- Tu m’aimes comme j’en ai besoin., le rassura-t-elle, se mettant sur la pointe des pieds pour l’embrasser.  

 

Il se laissa volontiers faire, le lui rendant, et, quand ils se séparèrent, se fit voler son plateau.  

 

- Attrape une boîte de gâteaux. J’ai faim., lui demanda-t-elle, lui faisant un clin d’œil.  

- S’il y a autre chose pour te faire plaisir…, suggéra-t-il, amusé et rassuré.  

 

Elle s’arrêta près de la porte coulissante et se retourna, lui adressant un regard intense et chaud, si chaud qu’il sentit la chaleur monter en lui en retour.  

 

- Il y a bien autre chose mais on attendra d’être seuls ce soir., répondit-elle avant de partir vers le séjour.  

- Et on n’en est qu’au troisième mois…, murmura-t-il, la regardant s’éloigner et prenant sur lui pour reprendre le contrôle de son corps toujours aussi sensible à sa rouquine.  

 

Les choses étant en ordre, il attrapa deux boîtes dans l’armoire, se sentant affamé sur plusieurs plans, et rejoignit sa famille dans le séjour. 

 


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