Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 96 :: Chapitre 96

Publiée: 11-05-21 - Mise à jour: 11-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire, bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 96  

 

Ryo raccrocha et poussa un long soupir. Ce n’était pas la nouvelle qu’il attendait dans la journée. Ca remettait en cause tous les projets qu’il avait pour le week-end. Résigné, il se leva et sortit de son bureau. Il y avait comme un air de déjà vu, de très mauvais déjà vu. Il s’arrêta à la porte, observant Kaori plongée dans son rapport. Comment lui dire ? Comment atténuer le choc qui allait suivre, la peur et la douleur également ? Il se souvenait encore de son regard en début de semaine lorsqu’elle lui avait montré le cadeau qu’elle avait acheté. Lumineux, ravi, excité… Il ne voulait pas que ça change mais il n’avait pas d’autre choix et il devait en plus passer outre sa propre douleur pour le faire.  

 

- Ryo ? Tu tombes bien, je viens de finir. Je vais rentrer. Tu me suis ou tu restes ?, lui demanda-t-elle, se levant un peu plus maladroitement qu’avant.  

 

Il observa son ventre qui avait pris du volume sur la semaine. Elle n’avait presque pas pris de poids mais le bébé s’était positionné beaucoup plus haut.  

 

- Ca va ? On dirait que…, commença-t-elle, se mettant face à lui.  

- Je viens d’avoir Will…, lui apprit-il, posant la main sur son ventre pour sentir leur bébé.  

- Ca y est ? Le petit coquin s’est décidé à sortir ?, plaisanta-t-elle.  

- Oui…, souffla-t-il, sa gorge se serrant.  

- Ryo, que se passe-t-il ?, s’inquiéta-t-elle, le voyant perdu.  

 

Comment gérerait-il si ça leur arrivait ? Comment surmonterait-il cette douleur insoutenable et serait-il capable d’être là pour celui qui restait ?  

 

- Ryo, parle-moi., insista Kaori, anxieuse.  

- Ils ont eu un accident de voiture en allant à l’hôpital. Ils ont accouché Maya mais…, commença-t-il.  

- Mais le bébé était mort né., conclut-il, sentant les larmes rouler sur ses joues.  

- Non…, souffla la future maman, stupéfaite.  

- Non ! Il ne peut pas… Non ! Ce n’est pas juste !, s’écria-t-elle, se mettant à pleurer.  

 

Il la prit dans ses bras et l’enlaça fermement comme pour contenir sa douleur. Elle devait savoir qu’il était là et il avait besoin d’elle, de sa chaleur pour lutter contre le froid qui l’avait envahi. Ce n’était pas seulement le froid mais la peur également qui le submergeait. Il avait mal pour Maya et Will mais il était terrifié à l’idée de ce qui pouvait arriver à Kaori ou à leur bébé, à l’idée de se retrouver complètement seul ou seul avec leur bébé sans sa mère ou de devoir affronter le chagrin de la perte de cet enfant qu’il attendait avec impatience et de ne savoir comment consoler sa femme. Rien qu’à cette pensée, il se sentit trembler et resserra encore son étreinte.  

 

- Maya ? Comment va Maya ? Elle va s’en sortir ?, hoqueta-t-elle.  

- Oui. Elle… Elle va s’en sortir., murmura-t-il, fermant les yeux.  

 

Il ne pouvait imaginer l’état dans lequel se trouvaient sa sœur et son beau-frère. Rien qu’à ce qu’il souffrait, ils devaient vivre un enfer.  

 

- Il… Il faut qu’on y aille., murmura Kaori, se calmant progressivement.  

- Ils auront besoin de soutien., ajouta-t-elle, se redressant.  

- Je sais mais je ne suis pas sûr que tu devrais venir., pipa-t-il, soucieux.  

- C’est ma famille aussi. Je veux être là pour eux., lui opposa-t-elle.  

- Kaori…, tenta-t-il, posant une main sur son ventre.  

- Lui aussi, c’est ta famille. Je ne veux pas t’écarter mais je ne suis pas sûr que faire le voyage et affronter la douleur de Will et Maya soit une bonne chose pour vous deux et je ne pense pas que te voir enceinte soit une bonne chose pour eux., lui expliqua-t-il posément.  

- Je ne veux pas les laisser tomber. S’ils ne veulent pas me voir, je comprendrai et je resterai à l’écart mais ne m’éloigne pas., lui confia-t-elle.  

 

Ils s’observèrent un long moment, cherchant quelle était la meilleure solution à adopter, tous les deux conscients qu’être sur place serait aussi douloureux qu’être séparés.  

 

- Je ne veux pas que tu sois seul., finit-elle par dire.  

- D’accord…, souffla-t-il à regrets.  

 

Il aurait préféré lui éviter cela mais il était soulagé de ne pas être seul pour affronter la situation et surtout de ne pas avoir à regretter de l’avoir laissée seule au cas où un souci apparaîtrait.  

 

- Téléphone d’abord à ton médecin. Je veux son aval et surtout une conduite à suivre si jamais tu n’es pas bien., lui ordonna-t-il.  

- Je le fais tout de suite. Il faut aussi que je prenne certains dossiers pour déplacer tes rendez-vous… et que j’appelle Miki parce qu’on avait rendez-vous demain matin., lui dit-elle.  

- Je vais appeler Shin et lui proposer de faire le voyage avec nous. Il ne doit pas non plus être seul., répondit Ryo.  

 

Elle acquiesça et ils se séparèrent, menant à bien leurs diverses tâches avant de se retrouver.  

 

- Tu as déjà réservé l’avion ?, lui demanda Ryo alors qu’il prenait ses affaires.  

- En fait, Miki a proposé de nous emmener là-bas si tu acceptes deux passagers supplémentaires., lui expliqua-t-elle.  

- Hime et Falcon ?, suggéra-t-il.  

- Oui. Il a besoin de reprendre contact avec le terrain. Ce serait une bonne occasion pour lui et, pour nous, ça nous donne un peu plus de souplesse. Ca te va ?, lui demanda-t-elle.  

- Parfaitement. Et ton médecin ?, se soucia-t-il.  

- Il a faxé une ordonnance à la pharmacie et m’a envoyé un mail avec un protocole à suivre selon les cas de figure et mon dossier si je dois être hospitalisée là-bas… en espérant qu’on n’en arrive pas là et j’ai pour consigne d’aller le voir à notre retour., lui apprit-elle.  

- J’y veillerai., lui affirma-t-il, posant un regard sombre sur elle.  

 

Elle frémit à l’intensité du tourment qui l’agitait. Elle n’était pas habituée à l’idée de perdre un enfant mais elle savait depuis longtemps que c’était des choses qui y arrivaient. Elle avait appris à vivre avec cette éventualité. Ca lui faisait peur mais elle connaissait les statistiques. Ryo avait intégré cette peur en même temps qu’il avait accepté sa grossesse. C’était récent pour lui et elle ne savait pas comment il pouvait réagir. Elle approcha de lui et prit sa main qu’elle posa sur son ventre.  

 

- Il va bien alors ne te laisse pas submerger., lui conseilla-t-elle d’une voix douce.  

- Tout peut basculer en un claquement de doigts. Je ne cesserai jamais de m’inquiéter pour toi ou pour lui., murmura-t-il, l’enlaçant.  

- Je sais mais ça ne doit pas t’empêcher de vivre., lui opposa-t-elle.  

- Je vais essayer de me contrôler. Il faut qu’on y aille. Shin nous rejoint à l’appartement., lui dit-il, prenant sa sacoche.  

 

Il attrapa celle de son épouse et, main dans la main, ils se dirigèrent vers l’ascenseur. Quand les portes s’ouvrirent, ils tombèrent nez-à-nez avec Mick.  

 

- Les grands esprits…, s’exclama-t-il, jovial.  

- Je venais te voir.., lui annonça-t-il.  

- Je ne peux pas, Mick. On doit partir., lui apprit Ryo, l’air sombre.  

- Encore une négociation en urgence ? Tu pars où cette fois ?, l’interrogea l’américain.  

- On part à New York, voir Maya et Will., répondit Kaori, posant une main sur l’avant-bras de son mari.  

- Elle a accouché ? Alors garçon ou fille ?, demanda Mick.  

 

La jeune femme leva les yeux vers son époux, ne sachant quoi répondre puisqu’elle ne savait pas.  

 

- Je ne sais pas., souffla Ryo, défait.  

- Vous en faites une tête tous les deux… Il y a un souci ?, s’inquiéta l’américain, voyant leur air un peu hagard.  

- Maya a eu un accident de voiture sur le chemin de la clinique. Elle a… Elle a…, expliqua son ami.  

- Le bébé… est mort né., compléta Kaori, luttant contre le nœud dans sa trachée.  

 

Elle sentit la pression sur sa main et croisa le regard reconnaissant de son mari alors que le silence s’installait dans la cabine.  

 

- Merde…, murmura Mick.  

- Je suis désolé. Vous partez de suite, je suppose., ajouta-t-il, défait.  

- Oui. On rentre à l’appartement, fait nos bagages et, quand Shin sera là, on ira à l’aéroport. Je ne sais pas encore quand on rentrera., lui apprit Ryo.  

- On… Ca veut dire que tu y vas aussi ?, demanda Mick à Kaori.  

- Oui… avec l’aval de mon médecin., précisa-t-elle.  

- Tu es sûre que c’est sage ?, s’inquiéta-t-il.  

- Je ferai attention mais je dois être là pour ma famille., lui affirma-t-elle, reconnaissante malgré tout de son inquiétude.  

- Fais attention à toi., lui conseilla-t-il, l’enlaçant brièvement.  

- Toi aussi, mon pote., salua-t-il son ami, les laissant sortir au sous-sol.  

 

Sous son regard bleu azur, ils montèrent en voiture et Kenji les emmena aussitôt à l’appartement. Sans un mot, ils montèrent à la chambre et firent leurs bagages.  

 

- Tu crois qu’il y aura un enterrement ?, lui demanda-t-elle soudain, le regard perdu dans le vide.  

- Je… Je crois que je voudrais qu’il ait une sépulture…, pensa-t-elle tout bas, une larme roulant sur sa joue.  

- Je ne sais pas. On n’aura pas à vivre ça, Kaori., lui affirma-t-il, l’enlaçant par derrière.  

 

Il se le répétait comme un mantra pour tenir bon parce qu’il avait beau l’aimer comme un fou, il se sentait à deux doigts de s’enfuir juste pour ne pas risquer de vivre cela. Il avait connu la douleur, la solitude, l’impression d’être dans un puits sans fond parfois et il ne voulait plus jamais en passer par là et surtout pas pour un enfant. Un enfant survivait à ses parents, pas le contraire. Ses grands-parents avaient perdu leur fille, ses parents étaient partis avec leur deuxième enfant, c’était une tradition qu’il ne voulait pas voir perdurer…  

 

- On n’aura pas à vivre cela. Je ne perdrai pas un enfant à mon tour., répéta-t-il, cherchant à se rassurer.  

- Non. Ce n’est pas inscrit dans tes gênes, Ryo. Ce bébé viendra au monde en pleine forme., lui promit-elle, la voix tremblante, posant les mains sur les siennes.  

- Je l’espère., murmura-t-il.  

 

Kaori n’eut pas le temps de répondre qu’on frappa à la porte du rez-de-chaussée et Ryo s’écarta d’elle à regrets.  

 

- Ce doit être Shin. Finis ton sac et laisse-le ici. Je viendrai le chercher., lui dit-il.  

 

Elle acquiesça, le regardant partir, le cœur serré. Elle se demandait ce qu’il avait en tête, si ce qui se passait lui donnait des regrets, l’envie de revenir en arrière. Elle n’avait pas su interpréter ses derniers regards et ça lui faisait peur.  

 

- Salut Papa., fit Ryo, l’invitant à entrer.  

- Bonsoir Ryo., murmura le vieil homme, visiblement abattu.  

 

Il posa son sac et se tourna vers son fils qui l’étreignit.  

 

- Ca va aller, tu verras., lui affirma ce dernier.  

 

Il n’en était pas sûr mais c’était ce que son père avait besoin d’entendre et lui aussi. Il sentit le corps de Shin trembler avant d’être secoué par les sanglots. Il le serra plus fort, ne l’abandonnant pas malgré sa propre peine. Ca dura un moment. Aucun des deux n’entendit même Kaori arriver et s’appuyer au mur, émue, une main soutenant son ventre.  

 

- Je… Je suis désolé, Ryo… Je ne m’attendais pas à ça., hoqueta Shin, s’essuyant les yeux.  

- On est tous sous le choc. Je n’ose imaginer Maya…, soupira son fils, avisant la présence de sa femme et se reprenant.  

- Tu es prête ?, lui demanda-t-il, approchant d’elle.  

 

Incapable de parler, elle acquiesça avant de baisser les yeux. Elle sentit des doigts se poser sur son menton et le soulever et croisa le regard de son homme. Il put lire sa tristesse et tout le courage dont elle faisait preuve pour se montrer forte et ne pas être un poids pour lui mais un soutien.  

 

- Tu peux rester ici si tu préfères. Je suis sûr qu’Hide se ferait un plaisir de t’accueillir ou Mick., lui offrit-il.  

- Non, je veux venir avec vous. Tu auras besoin de moi et j’ai besoin d’être là pour vous., lui affirma-t-elle, le laissant mitigé dans les sentiments qu’il ressentait sur sa réponse.  

- D’accord. Je vais chercher ton sac et on y va. Tu peux prévenir Miki qu’on sera là dans un peu plus d’une heure, s’il te plaît ? Je suppose qu’elle est déjà là-bas en train de se réapproprier son joujou., plaisanta-t-il, apportant une bouffée de légèreté dans ce moment difficile.  

 

Elle acquiesça et il laissa son père et sa femme seuls.  

 

- Tu n’es pas obligée de venir, Kaori. Ils comprendront., lui fit savoir Shin après qu’elle eut appelé Miki.  

- Je sais mais c’est la famille., répéta-t-elle, approchant de lui et l’étreignant.  

- Je ne voudrais pas perdre un deuxième petit-enfant., murmura-t-il.  

- Je vais bien, Shin, et lui aussi. C’était un accident., lui rappela-t-elle en douceur.  

- On peut y aller., les informa Ryo, redescendant, un sac sur l’épaule.  

 

Il attrapa le sien, tendit leurs deux sacoches à Kaori avant d’ouvrir la porte. Peu après, ils s’arrêtaient à la pharmacie avant de reprendre la route vers l’aéroport de Narita, se garant dans la partie privée.  

 

- Ca faisait longtemps. J’aurais préféré de meilleures circonstances., murmura Ryo, sortant de la voiture.  

 

Pour toute réponse, il sentit une main se glisser dans la sienne et la presser doucement. Il regarda sa femme et lui fit un léger signe de tête pour la rassurer avant de se diriger vers le jet.  

 

- Je suis désolée, Ryo, Shin., leur fit Miki, visiblement affectée.  

- Merci. Tout est bon pour toi ?, lui demanda le dirigeant.  

- Oui. On peut partir. Le plan de vol est déposé. On a un créneau dans un quart d’heure.., lui répondit-elle.  

 

C’était étrange de la revoir dans son habit de pilote. Il n’avait jamais insisté sur la tenue mais Miki était rigoureuse sur le sujet. Elle disait que ça lui évitait de se faire prendre de haut par ses interlocuteurs quand elle devait s’imposer. Ca leur rappelait qu’elle faisait partie du même cercle que les pilotes de gros porteurs.  

 

- Très bien. Alors on y va., lança-t-il.  

- Je vous laisse entre hommes. Je vais annuler tous tes rendez-vous de lundi et mardi. Pour le reste, on verra après si ça te va., lui proposa-t-elle.  

- D’accord. Kaori… Fais attention à toi. Tu n’as pas à assurer les urgences du boulot et familiales de front avec ta grossesse. Je… C’est une erreur. Tu ne devrais pas être là., se reprit-il, enrageant de sa bêtise et de son égoïsme.  

 

Il avait avant tout cédé pour ne pas être seul. Il devait cesser de penser comme s’ils n’étaient que deux. Ils étaient trois et il l’avait laissée le convaincre de faire un voyage de plusieurs heures en avion pour affronter une situation stressante une fois sur place alors qu’elle était enceinte de cinq mois. C’était de la folie, de l’inconscience. Quel père, quel mari faisait-il pour les mettre ainsi en danger…  

 

- Je rappelle Kenji. Tu rentres à la maison. Je vais demander à Miki de s’arrêter., annonça-t-il, se retournant.  

- Non ! Arrête Ryo. Arrête de paniquer, s’il te plaît. Ca va aller. Je vais bien. C’est toi qui vas finir par trop me stresser. Fais-moi confiance., lui demanda-t-elle, le retenant par le bras.  

- Tu ne comprends pas que c’est trop dangereux ? Tu ne devrais pas voyager ! Je te soumets au stress toute la semaine et je n’arrive pas à t’épargner les week-ends. C’est mon devoir de te protéger, de vous protéger et je fais n’importe quoi !, se fâcha-t-il.  

- Ton devoir, c’est de m’aimer et de me soutenir, pas de m’infantiliser. Je suis majeure, Ryo. Je décide de ce que je fais de ma vie et je suis sûre que ma place est avec toi, avec vous, là-bas !, s’énerva-t-elle.  

 

Ils s’affrontèrent un long moment du regard jusqu’à ressentir le cahot de l’avion qui se mettait en route.  

 

- Voilà qui règle la question…, fit-elle, se tournant pour aller s’asseoir.  

- Non, Miki peut encore s’arrêter. Je vais lui dire de suite., lui dit-il, se tournant à son tour pour aller avertir sa pilote.  

- Tu ne feras pas ça !, l’arrêta-t-elle, le retenant avec force.  

- Si ! Je le ferai ! Pour toi ! Pour notre bébé !, répondit-il, haussant la voix.  

- Mais ça s’arrêtera où, Ryo ? Tu vas m’interdire de prendre l’avion et après ? Je n’aurais plus le droit de prendre la voiture pour ne pas avoir d’accident ? Non, ce n’est pas une vie. Ce n’est pas la vie que je veux pour nous trois !, s’insurgea-t-elle.  

- C’est mon enfant ! Tu es ma femme ! J’ai mon mot à dire !, hurla-t-il.  

 

Les pleurs d’Hime attirèrent leur attention et ils la regardèrent un instant avant de se regarder de nouveau.  

 

- Sauf que tu ne parles pas, tu cries. Je suis ta femme, Ryo. Tu me faisais confiance. Qu’est-ce qui a changé ?, lui demanda-t-elle, blessée.  

 

Il ne sut quoi lui répondre, sa colère étant principalement alimentée par sa peur et son impuissance.  

 

- On va décoller., les informa Umibozu.  

- Viens t’asseoir., ordonna-t-il à son ami, le faisant prendre place à côté de Shin.  

- Je vais aller voir si Miki a besoin d’aide. Tu peux garder Hime ?, demanda-t-il ensuite à Kaori qui avait pris place un peu plus loin.  

 

Elle essuya les larmes qui roulaient sur ses joues et acquiesça, prenant le bébé à bras.  

 

- Donne-lui ça pendant le décollage., lui recommanda-t-il, lui tendant un biberon.  

- Ce sera fait., lui affirma-t-elle, calant la petite contre elle.  

 

Elle fixa un moment le paysage qui défilait sous ses yeux, faisant le vide, tentant d’oublier la dispute qu’ils venaient d’avoir. Ils s’étaient disputés comme des chiffonniers devant des témoins, leur première vraie dispute depuis… depuis le début peut-être. Elle n’en revenait pas. C’était arrivé d’elle ne savait où et ça avait été si violent…  

 

Sentant l’avion s’immobiliser, elle baissa les yeux sur Hime et l’observa. Elle gazouillait calmement, la dévisageant. Quand elle entendit les moteurs se mettre à ronronner puis monter en puissance, elle tendit le biberon au bébé qui l’aspira bruyamment et se mit à téter. Elle la serra fermement contre elle lorsqu’elle sentit la poussée et se concentra uniquement sur elle, guettant le moindre signe d’inconfort.  

 

- Pourquoi tu t’énerves ainsi, Ryo ?, lui demanda Shin, surpris par la virulence de sa réaction.  

- Parce qu’elle ne devrait pas être là…, répondit-il sèchement.  

- Pourquoi ? Il y a des contre-indications ?, le questionna un peu plus son père, soucieux.  

- Elle est enceinte., répliqua Ryo, le regard noir.  

- Ce n’est pas une maladie. Je suppose que, si elle vient, c’est qu’il n’y a pas de souci, non ? Kaori ne mettrait pas en danger votre enfant, Ryo., tenta de le raisonner Shin.  

- C’est si compliqué de comprendre qu’elle ne devrait pas être là !, asséna-t-il, tapant du plat de la main sur l’accoudoir.  

- Je pense qu’on t’a tous entendu, Ryo. Maintenant, si tu pouvais baisser d’un ton pour cesser d’effrayer Hime, ce serait bien., intervint Kaori d’une voix dure.  

 

Il serra les dents et ne répondit pas. Etant encore en phase de décollage, il ne pouvait même pas quitter son siège et aller s’enfermer pour tenter de reprendre le dessus sur ses nerfs à vif. Etait-ce si difficile de comprendre qu’il ne voulait que son bien ? Pourquoi ne comprenait-elle pas ? Pourquoi ne l’écoutait-elle pas ? Pourquoi ne devait-elle en faire encore une fois qu’à sa tête et les mettre en danger ? Pourquoi s’était-il ainsi laissé piéger ?  

 

Voyant enfin le signal s’éteindre, il se leva et se dirigea vers la salle d’eau, s’y enfermant un long moment dans le noir. Appuyé contre le plan, il rumina ses pensées. Il n’avait aucune envie d’affronter la détresse de Maya même s’il ferait face et serait présent. Ils étaient frère et sœur et avaient vécu beaucoup de choses ensemble, faisant front contre l’adversité que ce fut pour affronter leur père ou faire face à des élèves méprisants. Sa place était à ses côtés, il n’en doutait pas une seconde et ne voudrait être nulle part ailleurs même si simultanément il ne voulait pas y être. Il était également en colère contre sa femme, une colère qui ne cessait d’augmenter au fil des minutes et les raisons étaient diverses : elle lui avait désobéi, elle se mettait en danger, elle mettait en danger leur bébé, elle ne tenait pas compte de ses préconisations, elle n’en faisait qu’à sa tête, elle allait souffrir inutilement, elle l’avait poussé à se donner en spectacle, elle l’avait poussé à avoir ce bébé, à se marier… Un tas de raisons diverses et variées plus ou moins légitimes nourrissaient sa rage et il savait qu’il devait la contenir, a minima jusqu’à ce qu’ils soient seuls. Il n’était pas question d’avoir une nouvelle dispute, encore moins en public.  

 

- Ryo, j’ai besoin de la place, s’il te plaît., entendit-il derrière le panneau.  

 

Sa colère flamba de nouveau et il l’aurait bien envoyée paître s’il n’avait eu des années d’une éducation rigoureuse et si son éducateur ne s’était pas trouvé à quelques pas de là… juste parce qu’il était furieux contre elle. Il ouvrit la porte et sortit sans un regard pour sa femme qui le regarda s’éloigner, poussant un profond soupir de frustration.  

 

Kaori s’enferma à son tour dans la pièce et se soulagea avant de s’asperger le visage d’eau, tentant de chasser le mal de crâne qui montait. De dépit, elle regagna sa place après avoir attrapé une bouteille d’eau et tenta de sortir sa sacoche et son sac à main du porte-bagages. Gênée par son ventre qui l’empêchait d’atteindre le bac, elle jeta un regard désespéré vers son homme qui l’ignora, volontairement ou involontairement, elle n’aurait su le dire, et ce fut le garde du corps placé juste derrière elle qui l’aida.  

 

- Tu aurais pu y aller., entendit-elle Shin gronder.  

- Elle est majeure, elle sait ce qu’elle a à faire., répondit Ryo d’une voix dure sans chercher à se cacher.  

 

Etouffant les sanglots qui montaient, alimentés par la fatigue et le stress de la situation, elle remercia le garde du corps et reprit place, prenant un cachet qui eut bien du mal à passer. Ignorant son mari dont elle voyait l’épaule, elle observa Falcon avec Hime et se demanda si Ryo serait pareil avec leur enfant ou si finalement cette image ne relèverait pas d’une utopie, un rêve qui avait été et ne serait plus lorsqu’elle accoucherait.  

 

Elle dut produire un effort prodigieux pour réussir à chasser ces pensées et sortir son ordinateur. Elle n’avait pas la tête à cela mais elle ne pouvait laisser le planning tel qu’il était prévu. Elle déplaça donc toutes les réunions qui ne pouvaient être tenues à distance dans un premier temps, les casant où elle le pouvait dans un agenda déjà bien chargé, avant de regarder les trois dernières réunions que Ryo pourrait éventuellement faire à distance… s’il le désirait.  

 

Elle jeta un rapide coup d’oeil vers lui, se demandant dans quel état d’esprit il était. Shin et Falcon discutaient calmement par moments mais elle n’avait pas entendu Ryo décrocher un mot depuis bien longtemps. Elle allait donc jouer à quitte ou double, pensa-t-elle. Elle se leva et approcha de lui. Elle rêvait de pouvoir se coller contre lui et sentir sa chaleur l’entourer pour lutter contre la tristesse qui l’engourdissait mais elle avait sa fierté et refusait de plier face à lui. Il avait été injuste et odieux.  

 

- Ryo, tu as deux minutes ?, lui demanda-t-elle.  

- Avec douze heures de vol devant moi, oui, j’ai deux minutes., lui répondit-il sèchement, lui décochant un regard dur.  

- J’ai déplacé tous tes rendez-vous sauf trois que tu pourrais éventuellement faire à distance. Tu veux les maintenir ou je les déplace ?, l’interrogea-t-elle.  

 

Elle ne voulait pas à tout prix le faire bosser mais peut-être que garder ces trois rendez-vous lui permettrait en quelque sorte de souffler dans la tension ambiante. C’était à lui de voir ce qu’il voulait faire.  

 

- Je ne vais quand même pas te dire comment faire ton boulot puisque je n’ai même pas mon mot à dire sur ta grossesse…, railla-t-il.  

- Remarque, là, je suis ton chef donc j’ai le droit de te donner des ordres mais peut-être que tu veux aussi me dicter ma conduite à suivre sur ce plan-là ?, lui demanda-t-il d’un ton mordant.  

 

Kaori serra les dents mais se contint de lui répondre de la même manière. Elle n’envenimerait pas la situation alors que c’était tout ce qu’il semblait attendre.  

 

- Je voulais juste vous laisser de la latitude, Monsieur Saeba, mais, si vous le prenez ainsi, je vais juste les déplacer. Votre agenda sera à jour d’ici cinq minutes, Monsieur., lui répondit-elle d’un ton impersonnel.  

 

Elle referma le clapet de son ordinateur et se retourna pour aller s’asseoir, ignorant le regard furieux de son mari. Soudain, le signal se mit en marche et l’avion fut secoué par une série de turbulences qui fit trébucher la jeune femme qui se cogna contre un siège.  

 

- Putain ! Va t’asseoir plutôt que de te balader. Tu veux te tuer ou quoi ?, se fâcha Ryo, bondissant sur ses pieds.  

 

Il la saisit par le bras fortement et la força à avancer vers son siège mais elle se rebella, se retourna et le gifla, excédée par ses mouvements d’humeur. Horrifiée par son geste, elle posa la main sur ses lèvres, les larmes roulant sur ses joues, son regard reflétant toute la douleur qu’elle éprouvait, alors qu’il restait stupéfait, la main sur la joue, là où ses doigts avaient laissé leurs empreintes. Ils s’observèrent ainsi ce qui leur parut un long moment avant que Shin et Falcon n’intervinrent. Le vieil homme tira son fils par le bras pour le ramener à son siège et Falcon poussa Kaori à s’asseoir à sa place avant d’aller chercher sa fille qui dormait, posant son siège face à eux. Sans un mot, il passa un bras autour des épaules de son amie qui éclata en sanglots avant de s’endormir péniblement.  

 

- A quoi tu joues, Ryo ? Qu’est-ce qui te prend pour la traiter si mal ?, gronda Shin.  

 

Entendant sa femme pleurer, réalisant à quelles extrêmes il les avait poussés, le jeune homme fut incapable de répondre. Réprimant un hurlement de douleur, il leva simplement la main pour couper son père qui allait reprendre la parole. Il avait besoin de temps pour réfléchir et, du temps, il en avait encore beaucoup devant lui avant d’atterrir, énormément pour culpabiliser en entendant les pleurs qui finirent par se tarir. Son cœur se serra néanmoins quand il jeta un œil derrière lui et vit le visage épuisé de Kaori, un visage qui n’affichait aucune sérénité dans son sommeil contrairement à ses habitudes.  

 

Le reste du vol se passa dans le silence seulement brisé par le babillement d’Hime. Quand ils atterrirent à New York, à l’heure où ils avaient décollé de Tokyo, le couple, Shin et les gardes du corps prirent la direction de l’hôpital. Ils ne savaient s’ils pourraient voir Maya mais ils devaient au moins essayer. Alors qu’ils ne s’étaient pas rebellés lorsque Shin s’était mis entre eux dans la voiture, ils se rapprochèrent en sortant de la voiture, leurs mains se trouvant malgré tout ce qu’il s’était passé. L’heure n’était plus à la dispute et aux griefs. Ils étaient là pour soutenir leur famille et se soutenir l’un l’autre dans ce difficile moment.  

 

Ils arrivèrent bientôt au service de maternité grâce aux indications reçues à l’accueil et trouvèrent facilement la chambre de Maya. Ce fut un « Oui » étouffé qui leur répondit et ils entrèrent dans la pièce surchauffée. Allongée dans un lit d’hôpital, Will à ses côtés, Maya était livide et ses joues maculées de traces de larmes.  

 

- Que… que faites-vous là ?, bégaya-t-elle, les larmes revenant.  

- Nous n’allions pas vous laisser seuls dans ce difficile moment., lui apprit Shin, venant l’enlacer.  

 

Elle le serra contre elle pendant que Ryo et Kaori allèrent saluer Will, l’étreignant brièvement. Lorsque Maya s’écarta de son père, elle observa son frère qui vint l’embrasser, la serrant contre lui, puis sa belle-sœur dont elle détailla la silhouette pleine, son regard se brouillant de nouveau.  

 

- Je… Je vais aller attendre dehors., bafouilla la future maman, mal à l’aise.  

- Je pense à vous et, si vous avez besoin… Je vais dehors., répéta-t-elle, sentant les larmes monter à son tour.  

 

Elle sortit de la chambre et s’adossa contre le mur, laissant libre cours à son chagrin. Ca avait été horrible de se retrouver dans cette pièce vide d’un bébé qui aurait dû s’y trouver face à deux parents qui pleuraient leur enfant, d’autant plus horrible qu’elle n’avait pu s’empêcher de penser à elle, à eux en priant pour que ça n’arrive pas, qu’elle avait été soulagée de sentir son bébé bouger alors qu’elle affrontait le regard perdu de Maya. Sentant de nouveau le bébé remuer, s’étirer, elle posa les mains sur son ventre et se remit à pleurer, perdue face aux sentiments qu’elle ressentait.  

 

- Madame, vous allez bien ?, s’inquiéta une infirmière qui passait par là, jetant un regard soucieux sur son ventre arrondi.  

 

Elle ne put qu’acquiescer à travers ses larmes, ayant bien du mal à trouver son souffle à cause de sa gorge nouée. Malgré cela, elle sentit une main prendre son coude et l’emmener vers des sièges un peu plus loin, la faisant asseoir.  

 

- Il faut vous calmer, Madame. Respirez doucement., lui conseilla-t-elle, restant à ses côtés.  

- Allez, inspirez… et expirez… doucement., la guida-t-elle.  

 

Kaori tenta de se calquer sur le mouvement, cherchant à dominer la douleur avec difficulté. Les larmes continuaient malgré tout de rouler sur ses joues, la fatigue et le stress de la situation, de la tension dans son couple n’aidant pas à y parvenir.  

 

- Kaori…, entendit-elle soudain à ses côtés.  

 

Elle leva les yeux et croisa le regard inquiet de son mari. Il s’accroupit à ses côtés et prit sa main, reprenant les mots que l’infirmière continuait à lui dire. Si les larmes ne s’arrêtèrent pas, elles se firent néanmoins beaucoup moins violentes.  

 

- On va aller à l’hôtel. Tu as besoin de te reposer., lui dit-il avec sollicitude.  

 

Trop épuisée pour l’envoyer paître après le traitement qu’il lui avait infligé depuis plus de douze heures, elle acquiesça et se leva, se tournant vers la jeune femme qui était restée à côté d’elle pendant un long moment.  

 

- Merci de votre aide., balbutia-t-elle.  

- De rien. Prenez soin de vous., lui souhaita l’infirmière.  

 

Ryo enlaça sa femme et l’emmena vers les ascenseurs.  

 

- Shin ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Il va rester avec Will. Ses parents n’arriveront que demain., lui expliqua-t-il.  

 

Ils prirent la voiture de location qu’ils avaient louée à l’aéroport et gagnèrent l’un des palaces de New York, proche de l’hôpital.  

 

- Je n’avais pas réservé., se souvint-elle.  

- Ils ont toujours de la place… Enfin, c’est rare qu’ils n’en n’ont pas., répondit-il, se voulant léger.  

 

Il savait qu’il avait été trop loin et qu’il faudrait qu’il s’explique et il le ferait mais pas en public. Lui conseillant d’attendre dans l’un des fauteuils de l’entrée, il se rendit à l’accueil et réserva une chambre pour eux et les gardes du corps, revenant quelques minutes plus tard avec leurs sésames.  

 

- Ce sera la suite nuptiale., lui apprit-il, cachant sa nervosité derrière un sourire moqueur.  

- Super… Tu me diras ce que tu penses du canapé alors., répondit-elle, sa colère revenant face à son attitude.  

 

Il pensa à une plaisanterie et y pensait encore quand elle prit son sac de ses mains en entrant dans la pièce et lui claqua la porte de la chambre au nez, s’enfermant à clef.  

 

- Kaori, ouvre !, lui demanda-t-il.  

- Kaori, ouvre-moi, s’il te plaît !, répéta-t-il.  

- Kaori, ce n’est pas drôle. Ouvre la porte !, répéta-t-il encore, frappant sur le panneau.  

- Et ta réaction dans l’avion, elle était sensée me faire marrer ?, répliqua-t-elle de l’autre côté, la colère bien audible dans sa voix.  

 

Il posa le front sur la porte, ne pouvant nier qu’il avait été excessif, qu’il n’avait pas su gérer le stress qui montait à l’idée de devoir voir Maya et d’affronter son regard, ce regard qu’il appréhendait de voir chez sa propre femme et qu’il ne pourrait jamais supporter.  

 

- Je suis désolé, Kaori., lui dit-il.  

- J’en ai rien à foutre de tes excuses à deux balles. Tu n’avais pas le droit, Ryo !, hurla-t-elle.  

- Je sais. Ecoute, je ne chercherai pas à rentrer mais déverrouille la porte, s’il te plaît. Je ne pourrai pas supporter qu’il t’arrive quelque chose et que je ne puisse pas être là si tu as besoin de moi parce qu’il y a un verrou entre nous., lui demanda-t-il.  

- S’il te plaît, Kaori…, l’implora-t-il.  

 

Kaori hésita et finit par tourner le verrou de l’autre sens, restant encore derrière la porte pour l’empêcher d’entrer s’il lui avait menti. Il ne le fit pas et elle en était aussi soulagée que déçue. Epuisée, elle se changea et se glissa dans le lit, s’endormant comme une souche rapidement.  

 

Dans le salon, Ryo tourna et retourna un long moment dans le canapé. Il commença par sourire à l’ironie de la situation. Ce serait la deuxième fois que la suite nuptiale ne ferait pas recette, pensa-t-il avant de s’assombrir en repensant à son comportement depuis qu’ils étaient partis. Il ne comprenait pas comment un homme aussi rationnel que lui avait pu perdre les pédales à ce point. Il avait fallu qu’il voit le couple de sa sœur pour réaliser qu’il avait lâché sa femme à un moment difficile, qu’il l’avait repoussée alors qu’elle voulait être là pour lui, avec lui. Il avait même envisagé de la laisser juste pour ne pas avoir à souffrir comme Maya et Will souffraient. Quel lâche il faisait… Et s’il n’avait été que lâche mais il avait été aussi odieux avec celle qu’il aimait. Se retrouver sur ce canapé n’était qu’un bien faible prix à payer pour ce qu’il avait fait.  

 

Lorsqu’elle se réveilla, Kaori se sentit complètement désorientée. Elle n’était pas dans son lit mais en plus elle était seule. En quelques secondes, tout lui revint en mémoire et avec, la douleur et la colère. Néanmoins, elle ne pouvait laisser cette dernière régir sa vie. Elle espérait seulement que Ryo saurait lui expliquer d’où lui venait cette rage soudaine à son encontre, pourquoi il avait changé d’idée à cent-quatre-vingts degrés en si peu de temps. Elle se leva et quitta la chambre pour le salon. S’arrêtant près de la baie vitrée qui donnait une vue sur la ville et notamment Central Park, elle lui tourna le dos pour observer son mari dormir. Ses traits s’étaient disciplinés mais ils n’étaient pas sereins. Elle avait envie d’approcher pour l’apaiser mais en même temps ne voulait pas lui donner cette compassion qu’il n’avait pas eue pour elle la veille. Frustrée, elle poussa un long soupir et se tourna vers le paysage, cherchant à comprendre ce qui avait pu se passer.  

 

- Déjà debout ?, lui demanda-t-il, se réveillant une demi-heure plus tard.  

 

A vrai dire, il était resté quelques minutes silencieux à la regarder contempler le paysage. Elle avait une main sur son ventre et, s’il avait vraiment douté de son amour pour leur enfant, les caresses instinctives qu’elle lui donnait auraient balayé ses dernières incertitudes. Le fait était qu’il ne doutait pas un instant de son affection, qu’il s’était juste laissé emporter et avait fait ce qui était facile à faire : accuser l’autre surtout quand on savait qu’il nous pardonnerait plus facilement.  

 

- J’ai déjà dormi dans l’avion., répondit-elle, ne se tournant pas vers lui pour garder l’illusion donnée par sa voix douce et tendre que rien ne s’était passé.  

- Mal dormi, je crois… et j’en suis responsable., dit-il, se levant et venant à ses côtés.  

 

Il aurait bien mis ses mains dans ses poches pour éviter un geste malencontreux mais son pantalon de pyjama n’en comportait pas.  

 

- Je te dois des excuses, Kaori, et des explications aussi., commença-t-il.  

- Tu m’as traitée comme une moins que rien, Ryo. Tu m’as traitée comme… comme quelqu’un en qui tu n’as pas confiance. Tu as insinué que je n’aimais pas notre enfant. Tu as jouée sur ma jeunesse alors que tu sais que c’est un sujet sensible pour moi., lui reprocha-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Je voudrais te hurler dessus mais je n’en ai même pas la force. Tu m’as poussé à te gifler et je me fais horreur pour ce simple geste., ajouta-t-elle, serrant les poings à s’en blanchir les phalanges.  

- Je sais. J’ai été horrible., admit-il, baissant les yeux.  

 

Il observa la main la plus proche de lui et posa la sienne dessus, tentant de la faire desserrer le poing avec difficulté.  

 

- J’ai eu peur, Kaori, horriblement peur de te perdre ou de perdre le bébé ou vous deux. Je voudrais pouvoir te protéger de tout et je pensais m’être raisonné sur le sujet mais cette nouvelle, ça a été un choc. Ils partaient à l’hôpital pour mettre au monde leur bébé et c’est sur la même route qu’il a trouvé la mort. Je pensais que le plus dur, c’était au début, quand on ne sentait pas le bébé bouger mais je me suis rendu compte qu’il ne serait jamais à l’abri. Mes grands-parents ont perdu un enfant, ma mère est morte enceinte, je ne veux pas te perdre ou perdre notre enfant. Je ne le supporterais pas., lui avoua-t-il, la gorge nouée.  

- On s’est toujours dits qu’on était plus forts à deux que tous seuls, Ryo. Pourquoi tu ne crois pas en nous pour te dire qu’on pourrait surmonter cette épreuve ensemble ?, lui demanda-t-elle, blessée.  

- Je n’ai pas ta force., répliqua-t-il.  

- Tu l’as, elle est en toi. Il te suffit de me parler., lui fit-elle savoir.  

- Je ne pouvais pas. Je dois te protéger., rétorqua-t-il.  

- Argh, mais avec quoi je dois te le faire rentrer dans la tête ? Un marteau, un maillet, une massue ? Combien de tonnes ?, s’insurgea-t-elle.  

- Tu n’as pas à me protéger. Je ne suis pas une petite chose en sucre, Ryo Saeba ! Tu devrais le savoir depuis le temps !, lui rappela-t-elle, lui lançant un regard noir.  

 

Il l’observa et sourit de voir le retour de son caractère de feu sans la douleur dans son regard.  

 

- Une piqûre de rappel, c’est nécessaire de temps à autre., plaisanta-t-il.  

- Des piqûres de rappel de ce genre, je m’en passe, Ryo. Celle-là était franchement douloureuse., lui signala-t-elle.  

- Je suis désolé, Kaori. Vraiment désolé., répéta-t-il.  

- Tu regrettes ? Le bébé, le mariage, je veux dire ?, l’interrogea-t-elle d’une toute petite voix anxieuse.  

 

Il l’observa un moment, cherchant les mots adéquats pour lui expliquer.  

 

- J’étais beaucoup moins inquiet à ce moment-là… Enfin, c’est ce qu’il me semblait mais j’étais aussi beaucoup moins heureux., admit-il.  

- Mais est-ce que tu regrettes ? Si je te donnais aujourd’hui la possibilité de te désengager, tu le ferais ?, insista-t-elle.  

- Non, jamais., lui affirma-t-il sans même une seconde de réflexion.  

- Je t’aime, Kaori. J’ai mal réagi, je me suis comporté comme un idiot mais je t’aime et je ne regrette rien. J’ai juste peur de perdre ce que j’ai de plus précieux au monde, quelque chose que ma richesse ne me permettra jamais de retrouver, et ça me fait devenir fou parfois., lui expliqua-t-il.  

- Tu veux bien me pardonner, s’il te plaît ?, lui demanda-t-il, se mettant face à elle pour pouvoir plonger dans son regard.  

 

Il ne lui cachait rien de ce qu’il ressentait et elle lut sa sincérité et ses remords.  

 

- Oui. Je te pardonne., lui dit-elle, se lovant contre lui.  

 

Il l’enlaça tendrement, reconnaissant de la compréhension de cette femme face à son caractère parfois irrationnel. Ce n’était pas facile d’apprivoiser certains sentiments. Il apprenait mais il était encore dépassé parfois.  

 

- Et si on retournait se coucher ?, lui proposa-t-il, l’entendant bâiller.  

- Je veux bien., acquiesça-t-elle, s’écartant de lui tout en gardant un bras autour de sa taille.  

 

Ils s’allongèrent dans le grand lit et se serrèrent l’un contre l’autre, leurs mains posées sur leur enfant, trouvant enfin le sommeil réparateur dont ils avaient besoin pour affronter les jours difficiles de ce séjour… ensemble…  

 


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