Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 104 :: Chapitre 104

Publiée: 22-05-21 - Mise à jour: 22-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 104  

 

- Tu n’as pas arrêté de me tanner pour arriver plus vite et, maintenant, tu ne veux plus sortir de la voiture ?, plaisanta Kenji.  

 

Plongé dans ses pensées, Ryo regardait l’hôpital, se demandant ce qu’il allait retrouver… ou trouver. Cela faisait deux jours qu’il n’avait pas eu de nouvelles de sa femme, deux très longs jours à se demander s’il serait père quand il rentrerait ou si tout serait exactement comme lorsqu’il était parti, si quelque chose avait dérapé ou si tout avait suivi son cours voire un peu mieux, accordant un peu de répit à sa femme. Sentant le regard de son chauffeur sur lui, il sortit de sa contemplation.  

 

- Pardon, Kenji. Mon téléphone est en rade depuis hier. Je n’ai pas eu Kaori. Je ne sais pas si…, avoua Ryo, passant une main nerveuse sur son visage.  

- Elle n’a pas accouché. Il suffisait de demander pour savoir., répliqua son chauffeur, amusé.  

- Tu crois qu’on n’aurait pas tenté de te joindre par tout moyen si ça avait été le cas ?, lui demanda-t-il.  

- Oui, c’est vrai. Je ne sais pas pourquoi j’ai paniqué. Merci et à tout à l’heure, Kenji., le salua Ryo, soulagé.  

 

Il pénétra dans l’enceinte hospitalière et, plus il avançait, plus son pas se faisait rapide au point qu’il ne s’imagina même pas attendre l’ascenseur et emprunta les escaliers, forçant son garde du corps à suivre le même rythme. Il dut se forcer à ralentir quand il faillit renverser une infirmière et son chariot en déboulant dans le service.  

 

- Pardon… Je suis désolé…, s’excusa-t-il.  

- Jeune papa ?, s’amusa-t-elle.  

- Pas encore… enfin, j’espère. Ma femme n’en est pas encore à sept mois de grossesse., expliqua-t-il au regard surpris de la dame.  

- Ca se comprend. Bonne journée, futur papa., le salua-t-elle, compréhensive.  

- Merci à vous aussi, Mademoiselle., répondit-il, reprenant son chemin.  

 

Arrivé devant la porte de la chambre, il s’arrêta et tenta de dompter son cœur qui battait à cent à l’heure, de maîtriser ses traits pour ne pas laisser voir à sa femme les doutes qui l’avaient assiégé. La porte s’ouvrit brusquement, laissant apparaître Shin.  

 

- Tu es de retour, mon garçon. C’est bon de te revoir., l’accueillit-il, l’étreignant brièvement.  

- Toi aussi, papa. Quoi de neuf ?, lui demanda son fils, quelque peu anxieux de le savoir là, de savoir s’il servait involontairement de messager pour son fils même s’il ne voulait pas y croire.  

- Il est reparti en prison il y a deux jours., lui apprit Shin.  

- Je suis venu voir ma belle-fille, m’assurer qu’elle allait bien., ajouta-t-il, le laissant passer.  

- Et ?, fit Ryo, allant embrasser sa femme.  

- On va bien tous les deux., lui assura-t-elle, posant une main sur son ventre.  

- Il est encore là, bien au chaud. Il n’y a pas eu de complications depuis qu’on s’est parlés., lui apprit-elle.  

- Bonjour, toi., lui dit-il.  

 

Il se pencha et l’embrassa avant de baisser le drap, remonter son tee-shirt et d’embrasser son ventre.  

 

- Et toi aussi. Mon téléphone est tombé en panne il y a deux jours et je n’ai pas pu le remplacer.  

- Ryo, comme je disais à Kaori, je suis désolé de ce qu’Alejandro a fait. Il est complètement incontrôlable. Je pensais qu’il ferait profil bas pour s’assurer de ton soutien pour sa demande d’effectuer sa peine dans son pays mais… je ne comprends plus., soupira Shin, désemparé.  

- Tu ne peux pas influer sur ses faits et gestes, Shin. Cesse de culpabiliser., lui enjoignit Kaori.  

- Et ne t’inquiète pas, j’ai plus que jamais envie qu’il parte loin de nous. Peut-être que ça te navre mais je dois faire ce qu’il y a de mieux pour ma famille., s’excusa Ryo, pouvant comprendre le dilemme de son père.  

- Non, je comprends. Je me dis quelque part que ce sera peut-être mieux pour lui également. Peut-être qu’avec sa famille, il retrouvera la raison., raisonna ce dernier.  

- Je l’espère pour toi, pour que tu puisses le retrouver. Parce que, très honnêtement, j’espère bien ne plus jamais avoir à faire à lui., avoua Ryo, s’asseyant à côté de sa femme.  

 

Shin baissa les yeux, défait même s’il se doutait de la position de Ryo sur le sujet. C’était dur de devoir se partager entre tous ses enfants. Il était revenu des Etats-Unis pour le procès, pour soutenir Alejandro qui, au final, n’en éprouvait aucun besoin et ne l’épargnait pas non plus, être là pour Ryo qui s’était mis en retrait pour le laisser soutenir son aîné tout en lui assurant qu’il comprenait. Il aurait peut-être mieux fait de rester avec Maya mais elle lui avait demandé de reprendre une vie normale, que ça l’aiderait à le faire aussi même si elle appréciait sa présence et son soutien.  

 

- Je vais vous laisser. Vous avez certainement des tas de choses à vous dire., pipa-t-il, serrant son manteau contre lui.  

- Merci d’être passé, Shin., le salua Kaori.  

- Ca m’a fait plaisir de te voir, papa., affirma Ryo.  

- Attends… Ca fait longtemps qu’on n’a pas passé un moment ensemble. Ca te dit que je passe ce soir en sortant de l’hôpital ?, lui proposa-t-il.  

- Ca me ferait très plaisir… On dîne ensemble ?, lui retourna son père, souriant ému.  

- Ca me ferait très plaisir également., approuva son fils, heureux de le voir sourire.  

- Alors à ce soir, Ryo., répondit-il avant de partir.  

 

Le couple le regarda sortir de la chambre en fermant la porte et se retrouva seul. Ryo défit ses chaussures et s’allongea à côté de sa femme, passant un bras autour de ses épaules.  

 

- Tu en prends des aises. On commence à être serrés ici., plaisanta Kaori, se serrant contre lui.  

- Arrête de prendre du poids… ou plutôt non, je vais en perdre., se corrigea-t-il, le regard pétillant.  

- En perdre ? Et tu vas faire comment ? Te couper une côte ?, répliqua-t-elle, malicieuse.  

- Me faire retirer un ou deux abdominaux… Ils sont si musclés qu’ils doivent peser une tonne., rétorqua-t-il.  

- Oh… Monsieur Saeba, vous êtes un horrible vantard…, le tança-t-elle, le frappant sur le torse.  

- Je serais un vantard si je parlais d’une autre partie de mon corps particulièrement développée et efficace., lui dit-il avec un sourire qui allait d’une oreille à l’autre.  

- Si tu te fais retirer cette partie-là, je crains bien demander le divorce parce que, si je ne t’ai pas épousé pour ça, ça contribue grandement à mon bonheur. Il paraît que c’est aussi nécessaire à l’équilibre psychique et une plus grande longévité., lui affirma-t-elle, laissant ses doigts errer sur son torse avant de descendre jusqu’à sa ceinture.  

- Madame Saeba a les idées bien déplacées…, pipa-t-il, attrapant ses doigts.  

 

Il les porta à ses lèvres avant d’aller chercher sa bouche qu’elle lui offrit avec plaisir. Ils échangèrent un long baiser, leurs doigts frôlant la joue de l’autre avec tendresse avant de descendre et de s’entrelacer.  

 

- Déplacées ? C’est toi qui as suggéré…, murmura-t-elle contre ses lèvres.  

- Je parlais de mon cerveau, Sugar, que de mon cerveau…, répondit-il, souriant, butinant sa bouche en même temps.  

- Menteur…, soupira-t-elle.  

 

Elle l’attrapa par sa cravate et l’attira à elle, ne le laissant pas s’écarter d’un millimètre avant d’avoir eu satisfaction. Elle sentit sa langue taquiner ses lèvres et le laissa passer et allait jouer avec sa jumelle. Elle s’entendit gémir sous les assauts répétés tout comme lui et ne put retenir ses doigts qui commencèrent à voyager sur son corps. Pourtant, le gémissement qui suivit était loin d’être de plaisir et elle s’écarta pour pouvoir reprendre son souffle et laisser passer la contraction qui montait.  

 

- Respire…, murmura Ryo, posant les lèvres sur son front, sa main sur son ventre.  

 

Au bout d’une trentaine de secondes, la vague redescendit et la dureté de son ventre s’estompa.  

 

- Ca arrive toujours aussi souvent ?, lui demanda-t-il, caressant l’arrondi.  

 

Il vit la peau se soulever formant un angle au lieu de la bosse habituelle.  

 

- Ca doit être un genou., murmura-t-elle.  

- Il est toujours tête en bas ?  

- Oui et toujours appuyé contre le col qui est totalement effacé et ouvert à un centimètre., lui apprit-elle, posant sa main sur la sienne.  

- Ca donne une indication sur le moment où tu risques d’accoucher ?, la questionna-t-il, tentant de rester impassible.  

- Non. Je pourrais très bien continuer ainsi un très long moment… ou pas. Ils ont arrêté le traitement par tocolyse et m’ont remise sous le traitement précédent. Les contractions douloureuses sont toujours là mais toujours irrégulières., lui apprit-elle.  

- Elles augmentent ?  

- Oui, tout doucement., admit-elle.  

- Encore une semaine à tenir… Tu crois que tu… ce sera possible ?, se reprit-il.  

 

Il ne voulait pas lui mettre la pression. Il savait qu’elle était consciente des enjeux et elle était seul à pouvoir y faire quelque chose… pour le peu qu’elle pouvait contrôler.  

 

- C’est mon désir le plus profond… et même aller plus loin si c’est possible. Je ferai tout ce qui est possible.  

- Je sais.  

- Bon et ce voyage ? A-t-il porté ses fruits ? Tu as rencontré le ministre de l’Industrie français ?, l’interrogea-t-elle, intéressée.  

- Tu ne me croiras jamais. J’ai même rencontré le Président français lors de la soirée du samedi., lui apprit-il, amusé.  

- Et alors ? Il est comment ?, lui demanda-t-elle, curieuse.  

- Comment te dire ?, réfléchit-il, un doigt sur le menton.  

- Allez, ne me fais pas languir, Ryo… Vaut-il mieux que je te demande comment était sa femme ?, le taquina-t-elle, malicieuse.  

 

Il posa les yeux sur elle, descendit sur son tee-shirt tendu sur son ventre rond et ne put que deviner ses jambes sous la couverture. Pour tout un chacun, c’était beaucoup moins seyant qu’une femme en robe de soirée et pourtant…  

 

- Elle est beaucoup moins sexy que toi., lui affirma-t-il, relevant son menton pour pouvoir croiser son regard.  

- Ca, ça m’étonnerait., pipa-t-elle avec une petite moue, lissant son tee-shirt, consciente de ses rondeurs superflues.  

- Pourquoi ? Parce que tu as du ventre et plus de poitrine ?, lui demanda-t-il, voyant la réponse dans ses yeux.  

- Je te trouve magnifique et tellement désirable. Tu ne serais pas coincée au lit, je suis sûr que tu resplendirais et que je devrais chasser les hommes qui te tourneraient autour, même avec ton gros ventre., lui affirma-t-il.  

- Oui mais, là, je fais juste baleine échouée sur le rivage. Ca fait des semaines que je n’ai pas marché pour aller autre part que sous la douche et pas plus de trois minutes encore…, grogna-t-elle.  

- Eh… C’est une situation particulière… et tu fais une très jolie baleine…, plaisanta-t-il.  

- Tu parles d’un compliment…, se vexa-t-elle.  

- Un petit sourire. C’est une plaisanterie. Je ne te trouve ni grosse ni ressemblant à une baleine échouée. Tu es magnifique, splendide, aussi svelte qu’une baguette., se corrigea-t-il, lui offrant un sourire contrit.  

 

Elle garda les sourcils froncés un moment encore avant de se mettre à rire, se détendant. Il la regarda, fronça les sourcils à son tour de s’être ainsi fait jouer avant de l’imiter et de partager ce moment léger avec elle après une semaine de séparation et d’inquiétude.  

 

- Ouch… Ca fait du bien mais ça fait mal., dit-elle, se calmant, essoufflée, et se tenant les côtes.  

- Contraction ?, s’inquiéta-t-il.  

- Non, ça va de ce côté. J’ai juste du mal à reprendre mon souffle et ça tire dans les côtes. Tout va bien. Ca fait du bien de rire, de passer ces moments-là avec toi., lui dit-elle.  

- Ca fait du bien de te retrouver., avoua-t-elle, se calant contre lui.  

- Et moi donc… J’étais tellement inquiet de ne pas être rentré à temps., lui avoua-t-il.  

- Non seulement tu es rentré mais tu auras encore du temps pour profiter de ce moment-là… Quelques jours au moins, j’espère. Mais tu vas me racheter un téléphone vite fait., lui ordonna-t-elle.  

- Dès ce soir mais je devrais te quitter plus tôt si je veux arriver avant la fermeture des magasins., fit-il, un peu contrarié.  

- On se verra demain soir. Ca ne sera que quelques minutes perdues., répliqua-t-elle, conciliante.  

 

Il acquiesça et ils passèrent le reste de la journée ensemble.  

 

- Je suis ravi de te voir, Ryo., fit son père, l’accueillant le soir même.  

- Moi aussi. Comment tu vas ?, s’inquiéta son fils, le trouvant fatigué.  

- Ca va. Le vieil homme que je suis aspire à des moments plus calmes., avoua Shin.  

- Tu as revu ton cardiologue ? Que t’a-t-il dit ?, l’interrogea Ryo, le voyant acquiescer.  

- De mener une vie normale en restant prudent. Je suppose que, par vie normale, il n’entendait pas tout ce qui est arrivé depuis un an…, plaisanta le vieil homme, emmenant son fils au salon.  

- Je suppose que non. Ca a été les montagnes russes pour toi. Personnellement, je suis quand même heureux qu’on ait retrouvé une relation normalisée. Avoir dû m’opposer à toi pour vivre ma vie avec Kaori, te faire croire que je m’étais vraiment marié avec Maya, me battre avec toi pour tout et n’importe quoi, ce n’était vraiment pas plaisant., admit ce dernier, acceptant le verre que son père lui tendait.  

- Je me doute. Ca ne l’était pas pour moi non plus même si j’y mettais beaucoup d’énergie. Je voulais vraiment ce que je pensais être le mieux pour vous deux. Au final, je me suis trompé et ce n’est pas plus mal. Vous êtes tous les deux bien plus heureux en couple chacun de votre côté même si Maya a perdu son bébé. Je sais qu’elle s’en remettra d’une certaine manière. Et vous deux… J’espère que tout ce qu’on aura à déplorer, c’est une naissance précoce., pipa-t-il.  

- Moi aussi. Je me posais une question…, commença Ryo.  

 

Il observa son père, attendant de voir s’il était prêt à répondre. Shin vint s’asseoir à ses côtés et se tourna vers lui.  

 

- Je t’écoute, Ryo.  

- Tu n’as jamais pensé à reprendre quelqu’un pour te seconder après la mort de mon père ?, l’interrogea-t-il.  

 

Son père se fit un pensif un moment, se plongeant dans le passé, avant de répondre.  

 

- J’y ai songé mais deux choses m’ont freiné. La première, c’est que je n’ai jamais trouvé quelqu’un en qui j’avais suffisamment confiance pour le faire. Ton père et moi, nous étions liés comme les doigts d’une main et, si nous avions des divergences, nous avons toujours su fonctionner malgré elles., lui expliqua-t-il.  

- Je comprends. Et la deuxième ?, l’interrogea Ryo.  

- La deuxième… c’était toi., lui avoua son père.  

- Moi ? Pourquoi ?, s’étonna son fils.  

- Cette société, c’était ton héritage. Il fallait que je sois sûr que tu en hériterais et non que mon associé en profiterait pour accaparer la direction et t’empêche de reprendre la direction le jour où tu le voudrais., répondit Kaïbara.  

- Je… Je ne sais pas quoi te dire. Je n’avais pas conscience de tout cela. Merci me semble peu parce que ça a sacrément empiété sur ta vie personnelle., murmura le dirigeant.  

- Oui. Après, je pense que j’aurais malgré tout eu du mal à remplacer en quelque sorte ton père. Pourquoi cette question, Ryo ?, l’interrogea en retour son père.  

- J’ai proposé à Mick de devenir mon directeur adjoint., lui apprit son fils.  

 

Shin se laissa aller contre le dossier du divan et réfléchit un moment à la question. Il repensa à toutes ses années passées comme dirigeant, ce qu’il avait sacrifié à l’entreprise, ce qu’il avait pu en tirer comme satisfaction comparé à tout ce qu’il avait raté dans la vie des deux enfants qu’il avait en charge, des enfants déjà bien éprouvés par la vie et contempla la vie que son fils avait construite avec sa compagne et tout ce que son implication dans l’entreprise entraînait.  

 

- C’est un bon choix. Je pense que vous êtes sur la même longueur d’onde. Après, je ne le connais pas beaucoup mais vous trouverez certainement des complémentarités entre vous et le moyen de mieux coordonner vos vies personnelles et professionnelles., apprécia Shin.  

- Je le pense aussi. Mick est quelqu’un de bien et très compétent même s’il fait un peu guignol par moments. Je sais que, si je dois m’éloigner un peu de l’entreprise un temps, il respectera mes consignes, ma façon de penser., affirma Ryo.  

- Vous vous êtes posés tous les deux. Vous avez trouvé une femme avec qui vous établir. La roue a tourné et c’est bien ainsi., répondit son père.  

- Tu n’appréhendes pas de trop ?, lui demanda-t-il.  

 

Ryo regarda le fond de son verre, faisant tourner le liquide lentement.  

 

- Si. J’ai peur de ne pas être à la hauteur., avoua-t-il.  

- Je suis sûr que tu le seras. Puise en toi et en Kaori. Tu sauras quoi faire., lui assura son père.  

- Au pire, regarde ce que j’ai fait et ne le fais pas., plaisanta-t-il.  

- Tu n’as pas été un mauvais père., objecta Ryo, se souvenant des bons moments qu’ils avaient passés à trois.  

- Bon, pas toujours…, nuança-t-il au regard amusé de Shin.  

- Tu es gentil mais, si on a les mêmes souvenirs, les heures à rallonge, les absences répétées, moi te disant de ne plus m’appeler papa, ne te parlant que du jour où tu reprendrais le flambeau, épouserais Maya et ferais un héritier pour transmettre la société, tout cela, ça a bien existé et était de mon fait., admit ce dernier.  

 

Son fils ricana légèrement à l’évocation de ces faits dont il ne pouvait nier l’existence.  

 

- Moi, je me souviens des voyages, du cadre-photo que tu as mis dans ma chambre, de notre grande marche sur la muraille de Chine, des soirs où tu es venu apaiser mes pleurs… Ca compte aussi., répliqua-t-il.  

- Donc je suppose qu’il faut mettre le curseur quelque part entre les deux., suggéra Shin.  

- Oui, je suppose., concourut Ryo.  

- Si tu agis avec ton enfant comme avec Kaori, je n’ai aucun doute qu’il sera heureux. Je vous ai vus à deux : vous êtes à l’écoute l’un de l’autre, vous vous parlez, protégez, soutenez et surtout vous vous aimez sans être dans l’aveuglement. Et pourtant vous n’avez passé que si peu de temps ensemble… Je suppose que l’intensité a été suffisamment forte pour vous faire mûrir plus vite., pensa son père, l’observant.  

- Kaori est aussi d’être immature. Avec ce qu’elle a vécu, elle a grandi très vite. Ce n’est pas son jeune âge qui m’a attiré chez elle. C’est tout ce qu’elle m’a montré d’elle, de la personne belle, intègre, généreuse et chaleureuse qu’elle était., répondit son fils.  

- Je m’en doute. Je l’ai compris quand j’ai appris à la connaître., répondit Shin.  

- Elle m’a impressionnée quand elle a géré les négociations lors de ton enlèvement, prenant sur elle pour passer outre sa propre peur et tirer quelque chose de positif de cette histoire, de ne pas abandonner ces personnes alors qu’elle aurait pu ne se préoccuper que de toi., ajouta-t-il.  

- Si le but n’avait pas été de pouvoir aussi vous retrouver, tu aurais presque pu l’embaucher, elle, comme directrice adjointe., plaisanta-t-il.  

 

Ryo imagina un instant sa femme au poste et, bizarrement, ça n’avait rien de saugrenu même si elle n’avait pas les diplômes qui allaient bien pour ce poste, surtout vu l’entreprise qu’il gérait. Elle avait la passion et la hargne nécessaires. Il était aussi persuadé qu’elle aurait tout donné pour gagner les plus récalcitrants.  

 

- Tu n’as pas tort mais je mettrais ma main à couper qu’elle refuserait. Elle me rirait certainement au nez pour avoir osé lui proposer. Elle n’a pas ce genre de prétention. Elle ne voulait même pas de ce poste à la base. Je pense qu’elle l’a gardé pour que nous soyons ensemble un maximum et parce qu’elle s’est attachée à la société., expliqua-t-il à son père.  

- Elle envisage d’arrêter de travailler quand le bébé sera né ?, lui demanda Shin.  

- Non. Je la laisserai libre de son choix si elle change d’avis mais, pour le moment, elle veut rester à son poste., affirma Ryo.  

- Et vu comme elle est têtue, elle ne changera pas d’avis de si tôt., plaisanta Kaïbara.  

- Non… tu crois ?, ironisa son fils.  

 

Ils rirent tous deux de cette petite plaisanterie sur la rouquine au caractère de feu.  

 

- En tous cas, je sais que je ne dois plus m’y frotter depuis qu’elle m’a giflé. Elle frappe fort la gamine., fit le vieil homme, se frottant la joue.  

- A la hauteur de son tempérament., admit Ryo, souriant.  

- Si on passait à table ?, lui proposa son père.  

- Je veux bien. Mitsuko a attendu jusque maintenant ?, s’étonna son fils.  

- Non. Elle a préparé le repas. Il faut juste réchauffer., expliqua Kaïbara, se levant et allant en cuisine.  

- On peut dîner ici si tu veux. Ca me va bien. On n’est pas obligés d’utiliser la salle à manger., proposa Ryo, le suivant.  

- Je suis d’accord.  

 

Ils se partagèrent les tâches et, une dizaine de minutes plus tard, ils dînaient en discutant tranquillement.  

 

- Tu as encore des cartons avec des affaires de mes parents ?, lui demanda soudain Ryo.  

- Il faudrait que je fouille le grenier. C’est possible. J’y regarderai demain., lui proposa son père.  

- J’ai le temps. Ce n’est pas pressé, tu sais., lui opposa son fils.  

- D’accord., murmura le vieil homme dont les traits montraient des signes de fatigue.  

- Tu sais, papa, si tu n’as pas envie d’être seul ici, j’ai encore des appartements libres dans l’immeuble. Tu pourrais avoir ton chez toi sans être seul. C’est plus petit qu’ici mais as-tu encore besoin d’autant de place ?, lui fit remarquer Ryo.  

 

Shin releva le visage, surpris par cette proposition. Ryo avait toujours été assez indépendant et il ne pensait pas qu’il voudrait s’encombrer d’un vieil homme qui n’avait pas toujours été tendre avec lui.  

 

- Tu devrais peut-être en parler avec Kaori avant…, lui opposa-t-il, touché.  

- Je sais ce qu’elle me dira. Réfléchis-y. Ca peut n’être que temporaire ou définitif comme tu le décideras. Tu n’auras pas de compte à me rendre mais, au moins, si tu veux parler à quelqu’un ou que tu ne te sens pas bien, tu ne serais pas isolé même en journée., argumenta Ryo.  

- J’y réfléchirai. Merci Ryo. Ca me touche que tu penses ainsi à moi après tout ce qui nous a opposé toutes ces années., répondit son père.  

- On s’est retrouvés. Pourquoi gâcher encore du temps inutilement ?, le contra son fils.  

 

Shin ne sut quoi lui répondre. Ils avaient passé tant d’années à se battre l’un contre l’autre qu’il ne s’attendait pas à cela. Il était déjà heureux de pouvoir participer à la vie de son fils et bientôt petit-enfant alors se voir inviter à se rapprocher et pouvoir vivre non pas avec mais à quelques étages seulement d’eux, c’était un cadeau inespéré.  

 

- Je vais y réfléchir très sérieusement, voire si j’ai le courage de laisser cette vie derrière moi., lui promit-il, levant les mains et désignant sa maison.  

- Même si cet endroit est trop grand pour moi et qu’il ne représente plus grand-chose, j’y ai quand même des souvenirs. Donc je vais y réfléchir.  

- Fais. Tu me donneras ta réponse quand tu seras décidé et sache qu’il n’y en a pas de bonne. J’accepterai ton choix quel qu’il soit., lui assura Ryo.  

- Je sais, tu as cette capacité que je n’ai pas eue pendant longtemps…, plaisanta Shin.  

- Laquelle ?, l’interrogea son fils.  

- Savoir entendre un non., affirma son père avec bienveillance.  

- Savoir l’entendre ne veut pas dire que je l’accepte., répliqua le dirigeant avec un petit sourire.  

- Je suis sûr du contraire. Je pense que tu sais rendre les armes quand c’est nécessaire, quand ça n’en vaut pas le coup., répondit Kaïbara.  

 

Ryo repensa à tout ce qu’il avait fait depuis quelques temps, rentrer de la soirée de son entreprise, déprogrammer des réunions, accepter d’avoir un bébé dont il ne voulait pas, se marier… Il était revenu sur des décisions qu’il avait prises depuis bien longtemps, délaissé des obligations qu’il n’aurait jamais pensé négliger auparavant… Il savait le faire, accepter un non et ne pas s’entêter si ce n’était pas nécessaire.  

 

- J’aime te voir plus léger, mon fils. Tu as toujours été si sérieux sans que je sache comment faire pour y remédier., affirma Shin.  

- Sérieux ? Tu ne m’as pas vu pendant mes études aux Etats-Unis. Dois-je aussi te rappeler mes nombreuses aventures… disons sentimentales pour rester poli ?, plaisanta Ryo.  

- Je t’ai veillé, Ryo. Si tu n’as pas été un modèle dans ta vie sociale là-bas, je sais que tu n’as pas raté une seule heure de cours, que tous tes travaux ont été exemplaires… Alors tu avais bien le droit d’avoir quelques travers…, pipa son père.  

- Dois-je m’inquiéter de revoir tes incartades… disons sentimentales…, proposa Shin, partageant un sourire malicieux avec son fils.  

- Maintenant que tu es en couple ?  

- Non. J’aime Kaori. Je suis pleinement heureux et comblé. J’ai trouvé celle qui a réussi à équilibrer ma vie., lui affirma Ryo.  

- Je suis soulagé de te voir confirmer l’impression que j’avais., fit Shin, se frottant le menton.  

- Moi aussi. Je pense que je vais te laisser, papa. Tu es fatigué et moi aussi., suggéra Ryo, débarrassant rapidement leurs couverts.  

 

Son père acquiesça et le raccompagna jusqu’à l’entrée, l’étreignant un moment avant de le lâcher.  

 

- Je suis heureux qu’on ait eu ce moment, Ryo. Ca m’a fait plaisir d’avoir eu cette discussion avec toi., lui assura Shin.  

- Moi aussi. Prends soin de toi, papa. Bonne nuit., lui souhaita son fils.  

- Bonne nuit, Ryo.  

 

Le dirigeant regagna la berline qui le ramena à son appartement. Arrivé à demeure, il défit rapidement sa valise avant d’aller prendre une douche et de se préparer pour dormir. Regagnant sa chambre, il s’arrêta dans celle du bébé, observant un moment les lieux. Il imaginait bien Kaori donnant le sein à leur enfant en pleine nuit ou lui avec un biberon en main même si c’était un peu plus compliqué à visualiser. Il ne savait pas s’il saurait faire du premier coup mais il voulait s’impliquer dans sa vie et ça ne s’arrêterait pas à faire les chèques pour le nourrir, l’habiller ou lui payer ses études. Il entendait bien changer des couches, le nourrir, le bercer et toute autre petite chose qu’on faisait avec un bébé ou un enfant.  

 

Il sentit son téléphone vibrer et regarda le message avant de composer un numéro, un léger sourire aux lèvres.  

 

- Tu ne dors pas ?, entendit-il dès que Kaori décrocha.  

- Non. Toi non plus d’ailleurs., répondit-il, éteignant la lumière de la pièce et gagnant sa chambre.  

- Non. J’ai eu quelques contractions ce soir., lui apprit-elle.  

- Tu vas bien ?, s’inquiéta-t-il.  

- Oui. Ca a l’air d’être fini… pour quelques temps., le rassura-t-elle.  

- Tu m’appelles à toute heure du jour ou de la nuit si tu as besoin de moi., lui affirma-t-il.  

- Je me doute, Ryo. Je ne voulais pas t’inquiéter. J’avais juste envie d’entendre ta voix., lui apprit-elle, étouffant un bâillement.  

- Tu sais que je vais bientôt te détester : je ne sais plus comment me mettre pour dormir., l’informa-t-elle.  

 

Le sourire dans sa voix effaça le reproche qu’il aurait pu y entendre.  

 

- J’aimerais bien être là et te masser le dos ou quoi que ce soit qui pourrait t’aider., lui dit-il d’une voix douce.  

- Je suis sûre que j’apprécierais. Ca s’est bien passé avec Shin ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui. C’était une bonne soirée. Ne manquait que toi pour la rendre parfaite., lui avoua-t-il, un sourire dans la voix.  

- Trop chou, mon Ryo. J’aurais aussi préféré y être., susurra-t-elle, amusée.  

- Kao, je lui ai proposé de venir vivre dans l’immeuble. On aurait peut-être dû en parler avant mais…, commença-t-il.  

- C’est une bonne idée s’il en a envie. Ca l’isolerait moins et tu serais certainement moins inquiet pour lui et Maya aussi., approuva-t-elle.  

 

Elle l’entendit rire au bout du fil et fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu’elle avait pu dire de si drôle.  

 

- J’aurais parié que tu répondrais un truc dans ce genre-là., finit-il par lui avouer après s’être calmé.  

- Tu commences à me connaître., apprécia-t-elle, comprenant mieux sa réaction.  

- On peut le dire ainsi. Notre lit me paraît bien vide sans toi., lui dit-il d’une voix tendre.  

- Et le mien trop grand…, répondit-elle, ne pouvant réprimer un bâillement.  

- Tu ferais bien de dormir maintenant. Imagine que je suis allongé à tes côtés et que mes bras t’entourent., chuchota-t-il dans le combiné.  

- J’adore sentir ton corps contre le mien. Ca me rassure., murmura-t-elle.  

- Dors, Sugar. On se voit demain soir., lui assura-t-il.  

- Je t’aime, Kaori.  

- Moi aussi, je t’aime, Ryo., répondit-elle avant de raccrocher et de fermer les yeux.  

 

Ryo posa l’appareil sur la table de chevet après avoir vérifié qu’il était bien chargé. Il appréhendait de s’endormir et de rater l’appel qui lui annoncerait la naissance de leur bébé. Malgré tout, la fatigue le prit et il s’endormit. A son grand soulagement, il se réveilla le lendemain matin, frais et dispos, sans aucun appel manqué sur son téléphone. Il n’avait tenu son bébé dans ses bras qu’en rêve et c’était bien mieux ainsi pour quelques temps encore. 

 


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