Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genre de choses reste subjective, donc certains seront plus vite choqués que d'autres. Nous essayons de respecter certaines limites pour les fanfictions R, mais nous pouvons ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 77 :: Chapitre 77

Publiée: 15-04-21 - Mise à jour: 15-04-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires qui sont un réel plaisir. Il faudra s'habituer à la coupure du mercredi, elle risque de durer un moment ;). Il nous reste 35 chapitres à explorer pour la première partie de cette histoire. Alors nous avions laissé Ryo seul face à son destin. Que va-t-il advenir? Bonne lecture et merci pour vos reviews^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 77  

 

Lorsqu’elle arriva au bureau le lundi matin, Reika fut surprise de trouver Ryo déjà là. Elle était habituée à arriver très tôt depuis sa prise de poste, ce qui lui laissait plus de latitude pour travailler sans être dérangée, enfin travailler… Elle sentit son cœur se serrer à cette idée et poussa un long soupir pour chasser l’anxiété. Reprenant le dessus, elle alla frapper à la porte de Ryo et entra quand elle y fut invitée. C’était un fait nouveau : elle savait qu’avant, Asami et même Kaori frappaient et entraient sans attendre. Elle ne l’avait fait qu’une fois et il l’avait renvoyée assez sèchement. C’était vexant de ne pas avoir la même confiance mais c’était après tout une réaction logique.  

 

- Bonjour Reika., la salua-t-il, fermant le rapport qu’il venait de signer.  

- Bonjour Ryo. Tu es tombé du lit ?, plaisanta-t-elle, approchant.  

- Si j’avais dormi…, répondit-il avec un petit sourire amusé.  

 

Elle le regarda, un instant interdite, et ne tarda pas à sauter sur la première conclusion qui s’imposait, provoquant sa jalousie : il avait passé la nuit à batifoler avec sa nouvelle greluche. Ryo se retint de sourire un peu plus à la contrariété de la jeune femme, sachant très bien que son insomnie était loin, bien loin de l’orgie qu’elle devait lui prêter.  

 

- Tiens, tu pourrais me ramener tous ces rapports aux services concernés. C’est urgent., lui demanda-t-il, se levant et lui donnant la pile de pochettes.  

- Je les mettrai à la navette., répondit-elle sèchement.  

- Non. Je veux que tu ailles leur amener en personne. Tu as quand même deux minutes pour allumer ton ordinateur. Le service informatique l’a ramené., l’informa-t-il, la suivant dans le hall.  

- Tant mieux. Ça devenait compliqué de bosser correctement sans tout ce qu’il fallait., apprécia-t-elle, essayant de dominer sa colère.  

- Je te comprends. Au fait, tu feras attention : j’ai mis sur notre serveur un dossier très confidentiel. Personne ne doit y avoir accès, j’ai bien dit personne. L’avenir de la société en dépend., lui apprit-il, plongeant un regard intense sur elle.  

- Je peux avoir confiance en toi ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle déglutit, fit tourner entre ses doigts l’émetteur qu’elle n’avait à nouveau pas pu placer où elle le devait et acquiesça.  

 

- Je… Bien sûr, Ryo., murmura-t-elle, rangeant le petit objet dans sa poche.  

- Bien. Alors je te laisse bosser. Bonnes retrouvailles avec ton ordinateur et n’oublie pas d’aller apporter les rapports. Préviens-moi quand tu y vas, je laisse la porte ouverte., l’avertit-il.  

- Pourquoi as-tu besoin de savoir quand je m’en vais ? Je dois te justifier que je travaille tout le temps maintenant ?, rétorqua-t-elle, mécontente.  

 

Il la regarda posément, sans sourciller avant de pousser un long soupir.  

 

- Non, je dois juste veiller parce que j’ai une réunion dans quelques minutes et que je n’ai pas envie de laisser les participants en plan., lui répondit-il.  

- Oui, c’est vrai, il y a une réunion ce matin. Je n’ai pas préparé la salle. J’y vais…, affirma-t-elle, s’en voulant de son emportement.  

- Pas la peine. Je l’ai déjà fait. Je sais que la salle n’est jamais prête en arrivant le matin., répliqua-t-il d’un ton blasé.  

 

Reika serra les dents et encaissa le coup sans rien dire. C’était la stricte vérité. Elle trouvait toute cette partie inutile.  

 

- Je me dépêche d’allumer mon ordinateur et j’y vais. Je serai de retour avant les premières arrivées., lui promit-elle.  

 

Intérieurement, il sut qu’elle n’avait aucune chance d’y arriver. Elle devait aller dans cinq services différents à des étages assez éloignés les uns des autres pour qu’elle n’ait pas envie de prendre les escaliers. C’était l’heure d’arrivée dans les bureaux. Les ascenseurs mettraient un peu plus de temps à arriver entre deux visites. Pour assurer le coup, il avait interverti des dossiers dans trois pochettes. Il y aurait bien au moins un service qui s’en apercevrait et la forcerait à faire des allers-retours.  

 

- J’y vais., le prévint Reika.  

- Très bien. A tout à l’heure., répondit-il, penché sur ses notes pour la réunion.  

 

Toujours dans la même position, il tendit l’oreille et, dès qu’il entendit les portes de l’ascenseur se refermer, il se leva et se dirigea vers le bureau de son assistante. Dans sa poche, il avait l’une des deux cartes SD que le Professeur lui avait confiées la semaine précédente et qu’il n’avait pu installer suite à une panne de l’ordinateur de Reika. Il inséra la carte et vit le curseur apparaître en position de travail. Inconsciemment, il pianota pendant quelques instants à la même vitesse que le curseur tournait avant de penser à s’occuper en cherchant des stylos et calepins, d’agrafer des feuilles ensemble sans prêter attention et de les mettre dans des pochettes comme s’il s’agissait de rapports. Régulièrement, il jetait un œil vers l’ascenseur, veillant les numéros qui apparaissaient, craignant de voir Reika réapparaître.  

 

Enfin, le curseur revint à la normale et il retira avec soulagement la carte de son emplacement, la remettant au fond de sa poche. Il quittait la place quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur les premiers participants. Il souffla de soulagement de ne pas se trouver devant Reika. Il aurait bien pu trouver une excuse bidon ou même simplement l’ignorer mais il ne voulait pas éveiller ses soupçons.  

 

- Avancez et je vous rejoins de suite., accueillit-il les premiers arrivants, souriant.  

 

Il alla reprendre ses notes dans son bureau, profitant pour télécharger le dossier confidentiel en moins de deux minutes, puis partit en réunion. Une demi-heure plus tard, il vit Reika arriver, furieuse. Elle devait avoir appris que, finalement, il n’y avait aucune urgence à transmettre ses rapports. Il se retint de sourire et se concentra de nouveau sur la réunion. Il en sortit, satisfait des avancées et des décisions prises, et rendit le dossier à son assistante.  

 

- Tu peux mettre à jour et diffuser., lui dit-il, allant se chercher une tasse de café dans la salle à archives.  

 

Il commençait à ressentir les effets des trois nuits sans sommeil ou presque qu’il venait d’accumuler et il devait encore assurer pour la visioconférence de l’après-midi. Il rentrerait juste après, se promit-il, et il se coucherait tôt pour récupérer.  

 

- Pourquoi tu m’as envoyée alors que ce n’était pas urgent ?, lui demanda-t-elle abruptement.  

- Parce que j’estimais que ça l’était. Tu remets en cause mes décisions ?, lui retourna-t-il, un sourcil levé.  

- J’avais peut-être mieux à faire que me balader dans les couloirs de l’entreprise… et rattraper tes erreurs de classement., répliqua-t-elle.  

- J’aurais pu préparer la salle., lui affirma-t-elle.  

- J’avais aussi vite fait de le faire moi-même. Kaori préparait la première réunion du matin dès la veille au soir. Elle n’avait qu’à rouvrir les fenêtres en arrivant. Prends-en de la graine. Quant aux erreurs, j’ai pris les dossiers tels qu’ils étaient., mentit-il avant de s’enfermer dans son bureau.  

- Kaori, Kaori, Kaori ! J’en ai assez. Elle n’est plus là !, cria-t-elle, énervée, ne s’adressant à personne en particulier.  

 

Ryo ferma les yeux en entendant cela et se retint d’intervenir. Après les évènements du week-end, il n’était pas sûr de pouvoir se contenir et ne pas lui balancer à la figure tous les soupçons qu’il avait sur elle. Il ne pouvait pas. Il foutrait tout en l’air et il avait besoin que ça marche. Il espérait bien qu’elle téléchargerait le dossier confidentiel rapidement, sachant que celui-ci lui permettrait de remonter jusqu’à son complice, jusqu’à Alejandro. Même si une part de lui ne voulait pas avoir raison parce que ça ferait du mal à Shin, il était plus que sûr de l’implication de son frère.  

 

Plus il remonterait à lui rapidement, plus vite il retrouverait Kaori, plus vite il pourrait lui dire pour le bébé et soulager ses inquiétudes. Son regard se posa sur les cartons qu’il avait gardés dans un coin et son sourire s’élargit. Il allait être père. C’était la décision qu’il avait prise la veille après bien des tergiversations, après avoir fait une plongée aussi douloureuse qu’enrichissante dans son passé, affrontant enfin ses fantômes. Kaori avait eu une fois de plus raison : leur avoir parlé, en quelque sorte, lui avait fait du bien et il se sentait un peu plus léger. Dès qu’il le pourrait, il parlerait à son père pour savoir s’il avait d’autres choses qui venaient d’eux mais il attendrait d’avoir résolu cette affaire. Il ne voulait pas donner d’autres billes à Alejandro pour l’attaquer. Désormais, cette affaire devait se régler vite et sans plus de complication. Ils avaient un avenir à décider tous les deux pour eux trois. Il avait déjà la sensation d’avoir perdu trop de jours de la grossesse de sa compagne.  

 

- J’ai une course à faire et je reviens pour la réunion, Reika., l’informa-t-il, sortant de son bureau, le fermant de nouveau à clef.  

- Tu ne veux pas… qu’on déjeune ensemble ?, lui proposa-t-elle, sa voix mourant alors que les portes de l’ascenseur se refermer sur lui sans qu’il ait même tourné le regard vers elle.  

 

Elle soupira et se tourna vers son écran. Elle afficha le dossier dans lequel était classé le document confidentiel dont il lui avait parlé et se demanda encore quoi faire. Certes, elle était fâchée et vexée mais, là, ce n’était plus son amour-propre qui guidait sa décision mais sa conscience. Elle savait qu’elle faisait du tort à la société depuis quelques mois et elle savait que les incidences étaient croissantes mais elle n’avait jamais envisagé que l’une d’elles pourraient conduire à la faillite de la boîte. Ryo lui avait clairement dit que ce dossier-là jouait un rôle essentiel. Elle ferma la fenêtre et se remit à la tâche mais, comme si on pouvait lire dans ses pensées, son téléphone sonna et elle ouvrit le SMS qui venait d’arriver.  

 

- Rien de neuf ?, lut-elle.  

 

Elle regarda en direction de la mini-caméra qu’elle avait installée discrètement avec la plante en pot qu’elle avait ramenée.  

 

- J’arrête., répondit-elle par écrit  

- Petit rappel., fut la réponse suivie d’une photo.  

- Envoie-moi ce que tu as., lut-elle de nouveau.  

 

Elle ferma les yeux après avoir regardé la photo qu’elle connaissait par cœur. Réprimant les larmes qui montaient, elle rouvrit le dossier et transféra le fichier par le canal mis en place, seulement à moitié soulagée de le voir encore présent malgré le passage au service informatique. Elle regarda la progression du téléchargement et, au dernier moment, voulut l’annuler, prise de remords, mais elle le fit trop tard et appuya dans le vide.  

 

- Qu’est-ce que j’ai fait ?, murmura-t-elle, la tête entre les mains.  

 

Ce n’était pas la première fois qu’elle se posait la question mais, cette fois, elle n’arriva pas à se l’ôter de la tête en se replongeant dans le travail. Elle avait bien compris qu’elle n’avait plus aucune chance avec Ryo. Elle n’était au final même pas sûre que Kazue avait réussi à faire sa place. Il n’était pas pareil qu’avec elle, qu’avec Kaori. Elle avait pensé réussir à se mettre à l’abri une fois que la rouquine serait évincée. Elle avait essayé de prendre la place mais, malgré tous ses efforts, rien n’y avait fait. Tout ce que ça lui avait rapporté avait été de se ridiculiser. Elle avait voulu le manipuler et c’était elle qui s’était retrouvée en dessous dans le hall, qui avait essuyé rebuffade sur rebuffade. Là, elle avait touché le fond.  

 

Lorsque Ryo revint de sa pause déjeuner, il se sentait bien et de bonne humeur même s’il trépignait d’impatience. Il reprit place à son bureau, sortit le premier rapport qui traînait sur son bureau et s’apprêtait à le lire lorsque Reika frappa à son bureau en même temps qu’une alerte apparut sur son écran : le dossier avait été téléchargé…  

 

- Entre., l’invita-t-il, masquant sa satisfaction.  

- Tiens, je te remets tous ces dossiers… et ça., lui dit-elle d’une petite voix, lui tendant une enveloppe.  

 

Il la prit et l’ouvrit, sortant le papier.  

 

- C’est ma lettre de démission. J’ai… J’ai commis une erreur, Ryo. J’ai sorti des données de l’entreprise. Je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur., avoua-t-elle, alors qu’il reposait la feuille, l’ayant lue en travers.  

 

Très honnêtement, il ne s’était pas attendu à cela. Il pensait avoir à la confondre pour ses faits et pas à la voir lui avouer ses méfaits.  

 

- Assieds-toi et explique-moi tout ça., lui proposa-t-il calmement.  

 

Reika le regarda, étonnée, et fit comme demandé. Elle prit place face à lui, les mains jointes, culpabilisant visiblement.  

 

- Qui est ton complice ?, lui demanda-t-il.  

- C’est… C’est Alejandro, ton frère., balbutia-t-elle, lui lançant un regard anxieux.  

 

Il se laissa aller en arrière, ses soupçons maintenant confirmés. Il était désolé pour Shin qui allait souffrir. Quelques mois en arrière, il aurait douté de son père également mais, là, il n’y songeait même pas. Restait maintenant à comprendre comment Reika s’était retrouvée embarquée là-dedans et voir comment minimiser son implication pour ne pas rejaillir sur Saeko et son père.  

 

- Explique-moi comment tu t’es retrouvée dans ce pétrin., l’incita-t-il.  

- Fais bref., lui préconisa-t-il, voyant l’heure de sa visio approcher.  

- Il m’a approchée la première fois quand il est venu visiter avec Shin. Il nous a vus ensemble et on s’est rencontrés peu après. Il voulait Kaori et je te voulais. On s’est entendus pour essayer de vous séparer mais ça ne marchait pas. Plus tard, lors d’une soirée, il m’a fait boire et… j’ai fini dans le lit d’un de tes concurrents. Alejandro était là et il a pris des photos., lui expliqua-t-elle, serrant les bras autour d’elle, se sentant toujours aussi mal.  

- Je lui avais déjà donné quelques tuyaux et il s’est servi des photos pour faire pression sur moi. J’ai voulu arrêter à plusieurs reprises mais, à chaque fois, j’ai reculé quand il a menacé de t’envoyer les photos… ou à mes parents., avoua-t-elle.  

- Je regrette d’avoir envoyé le dossier confidentiel. J’ai voulu l’annuler mais il était trop tard. Je te donne ma démission et j’assumerai mes erreurs auprès de la police., lui affirma-t-elle, se levant.  

 

Ryo l’observa un moment et reprit la lettre, la déchirant, ce qui la surprit.  

 

- Je refuse ta démission. En fait, je savais que tu étais la taupe en interne. Eloigner Kaori, ce n’était qu’un stratagème pour te confondre. Veux-tu m’aider à réparer une partie de tes erreurs ?, lui proposa-t-il.  

- Oui., souffla-t-elle, surprise.  

- Alors continue à faire ce que tu faisais. Suis ses directives et fais m’en part., lui demanda-t-il.  

- Ryo… Je n’en peux plus. Je ne tiendrai pas encore des semaines ainsi., lui opposa-t-elle.  

- Ca sera fini cette semaine. Tu tiendras ?, l’interrogea-t-il, un regard acéré posé sur elle.  

- Cette semaine… Oui, je peux le faire., lui assura-t-elle, reprenant confiance.  

 

Il la fixa du regard quelques instants puis acquiesça.  

 

- On va en rester là pour aujourd’hui mais cette conversation n’est pas close. Je ne sais pas encore ce que je ferai de toi après cela, Reika., l’avertit-il.  

- J’accepterai tout ce que tu me proposeras mais, si on peut éviter les retombées sur ma famille, ce serait… bien., osa-t-elle lui demander.  

- J’y penserai. Reika, essaie de ne pas changer d’attitude. Et, si jamais c’est encore une manigance de ta part pour me trahir, le prix sera encore beaucoup plus cher pour toi., la prévint-il.  

- Ce n’est pas un piège. J’en ai assez. J’ai fait assez de mal., admit-elle.  

- Je t’accorde le bénéfice du doute. Maintenant, reprends ton poste. La journée doit continuer normalement., lui dit-il.  

- D’accord. Donc, là, je suppose que je sors en pestant parce que je n’ai encore une fois pas assuré sur mes rapports., plaisanta-t-elle, soulagée.  

- Il commence à y avoir du mieux mais je pense toujours que ta place n’est pas ici., lui retourna-t-il avec un léger sourire.  

- Tu es trop gentil : tu devrais dire qu’elle ne l’est plus., conclut-elle, se dirigeant vers la sortie.  

 

Elle resta immobile devant la porte un instant avant de prendre une profonde inspiration et de sortir visiblement furieuse. Elle ne retint pas sa force en fermant la porte qui claqua. Les choses semblaient parties dans le bon sens cette fois et il regarda sur son ordinateur le message qui s’était affiché. C’était juste la notification que le programme avait été téléchargé. Il fallait maintenant qu’Alejandro l’ouvre pour qu’il se mette en route. Il ne savait pas ce qu’il y avait comme données dans le fichier mais il faisait confiance au Professeur pour avoir monté quelque chose de plausible.  

 

Satisfait de la tournure des évènements, il se concentra et rejoignit la visioconférence qui se mettait en place. Malgré la fatigue et son impatience à voir les choses avancer, il resta attentif pendant toute la réunion. Il avait même l’impression que tous ses sens étaient aiguisés et, comme le matin, il trouva la rencontre très productive. Il hésita un instant à rester finalement plus longtemps mais revint sur son idée première et fit son sac.  

 

- Je m’en vais., annonça-t-il à Reika, fermant son bureau à clef.  

- Fatigué après cette longue journée ? Si tu le veux, je peux t’accompagner et te faire un petit massage., lui proposa-t-elle.  

 

Il s’arrêta et se tourna vers elle. Un petit sourire aux lèvres, elle lui adressa un clin d’oeil qui n’avait rien de suggestif. Il comprit qu’elle jouait sa partition et décida de jouer la sienne.  

 

- C’est très gentil de ta part mais j’ai tout ce qu’il faut à la maison, Reika., répondit-il.  

- Passe une bonne soirée., lui souhaita-t-il avant de s’en aller, récupérant Kazue au passage.  

 

Après le week-end passée seule, elle s’empressa de prendre ses affaires et de l’accompagner. Elle était toujours aussi surprise de le voir depuis le matin aussi serein, ce qui tranchait avec son humeur du week-end. Maintenant, elle ne savait plus si elle devait aborder la question ou non comme elle en avait discuté avec Miki et Umi. Ils lui avaient conseillé d’attendre qu’il soit plus disposé à parler pour évoquer la question mais, finalement, elle s’était peut-être fait des idées et il avait vraiment été préoccupé par des questions de travail. Après tout, comme il le disait, il devait lui aussi faire face au fait d’être séparé de sa compagne tout en continuant à gérer la société au mieux. Elle n’imaginait même pas la pression qu’il devait subir en permanence alors c’était certainement normal qu’il ait eu besoin de s’isoler pendant deux jours. Si elle n’avait pas habité là, elle ne s’en serait même pas aperçue.  

 

- Kazue, prépare-toi un petit bagage pour deux ou trois jours. Quand le moment sera venu, je t’emmènerai en week-end., lui dit-il à leur arrivée.  

- En week-end ? Tu crois vraiment que c’est nécessaire ?, l’interrogea-t-elle.  

- Fais-moi confiance et prépare un sac., lui demanda-t-il, posant une main sur son épaule.  

- D’accord., acquiesça-t-elle, montant dans sa chambre.  

 

Ryo la suivit et se dirigea dans la sienne pour en faire de même. Dès qu’il aurait toutes les cartes en main, ils partiraient retrouver Mick et Kaori. Il n’imaginait même pas mettre Alejandro à terre en leur absence. Ils avaient tous les deux souffert de ses manigances, Kaori avait été sa cible privilégiée et il avait dans l’idée que l’attaque sur la société de son ami était de son fait également. Il ne savait comment mais son intuition le guidait dans cette direction.  

 

- Tu vas croire que je veux te fuir mais je vais aller me coucher. Je n’ai presque pas fermé l’oeil du week-end., informa-t-il Kazue en s’étirant alors qu’ils finissaient de débarrasser la table.  

- Tu as réussi à élaborer ta stratégie, j’espère., lui retourna-t-elle.  

 

Il la regarda, ne comprenant pas à quoi elle faisait référence, avant de se rappeler son excuse. Se reprenant, il lui adressa un sourire heureux.  

 

- Oui. Je t’en parlerai en temps voulu. Merci encore de ta patience ce week-end., fit-il, reconnaissant.  

- De rien. Ce n’est pas parce que j’habite ici que tu me dois des comptes., lui opposa-t-elle.  

- Mais je dois avouer que j’étais très inquiète. Tu étais vraiment bizarre., ajouta-t-elle.  

- C’était vraiment quelque chose de très important. Je te laisse. Dors bien, Kazue., lui souhaita-t-il, l’embrassant sur la joue.  

- Toi aussi., répondit-elle, le regardant partir.  

 

Ce soir-là, il ne mit pas longtemps à s’endormir. A peine la tête posée sur l’oreiller, il ferma les yeux et sombra dans les bras de Morphée, malgré l’impatience qu’il ressentait à être au lendemain matin pour savoir si, enfin, il aurait la réponse tant attendue. Ses rêves furent peuplés de sourires et de rires, de retrouvailles tendres et émouvantes devenant passionnées, de mots doux et de caresses d’une délicatesse exquise. Le réveil fut un peu moins délicat, la sonnerie le sortant des bras de sa compagne de manière trop brusque à son goût. Néanmoins, il ne s’attarda pas dans son lit et descendit quatre à quatre jusqu’à son bureau pour allumer son ordinateur. La déception fut grande de ne trouver aucune notification mais il régna dessus : Rome ne s’était pas faite en un jour, Alejandro avait patiemment mis son plan à exécution, il devait lui même patienter un peu pour voir la fin de cette histoire, se raisonna-t-il.  

 

Il se prépara donc pour affronter cette nouvelle journée. Leurs deux sacs mis dans le coffre de la berline pour être prêts à décoller dès que nécessaire, Kazue et Ryo se rendirent au bureau.  

 

- Donc ce week-end, tu le prévois pour quand ?, lui demanda-t-elle dans un murmure dans la voiture.  

- Avant la fin de la semaine, j’espère. Tiens-toi prête. Je te passerai un appel ou je viendrai te chercher et on décollera dans l’après-midi à seize heures ou sur le champ, on verra. Il faudra que tu puisses annuler tous tes rendez-vous en urgence., la prévint-il.  

- C’est pour les retrouver, n’est-ce pas ?, supposa-t-elle, pleine d’espoir.  

- Oui.  

- D’accord. J’ai hâte, Ryo., soupira-t-elle.  

- Moi aussi. Courage, on arrive au bout., lui dit-il, pressant sa main légèrement avant de la relâcher.  

 

La matinée passa rapidement et, à midi, Reika vint rapporter des rapports à son chef.  

 

- As-tu eu des nouvelles ?, lui demanda-t-il.  

- Non, aucune mais, parfois, il me laisse tranquille pendant quelques jours., lui apprit-elle, visiblement soulagée.  

- Reika, la photo où il embrassait Kaori à la soirée, c’était toi ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui., avoua-t-elle.  

- Et la femme sur les photos pour te faire croire qu’elle te trompait, c’était moi. Je suis désolée., s’excusa-t-elle.  

- Comment as-tu su que c’était moi la taupe ?, le questionna-t-elle, curieuse.  

- Je n’avais qu’un faisceau d’indices mais c’est à cause de ta montre : je l’ai reconnue sur la vidéo où tu installais un dispositif dans le réseau, maquillée en Kaori., l’informa-t-il, désignant le bijou à son poignet.  

 

Elle leva la main et l’observa, fronçant les sourcils.  

 

- Tu m’en avais déjà parlé et j’avais noté que tu la portais toujours, ce que tu m’as même confirmé et ta sœur également., ajouta-t-il.  

- Saeko est au courant ?, souffla-t-elle, les yeux écarquillés.  

- Oui. Je n’ai pas eu le choix. Je devais leur expliquer pour Kaori et je n’ai pas pu taire ton implication., expliqua-t-il.  

- Je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même., pipa-t-elle.  

- Je voudrais l’apprendre moi-même à mes parents. Tu me diras quand je pourrais leur parler, s’il te plaît ?, lui demanda-t-elle.  

- Je le ferai. Retourne à ton poste maintenant et, tiens, c’est du bien meilleur travail., la complimenta-t-il, lui tendant un dossier.  

- C’est vrai ?, fit-elle, incrédule.  

- C’est du juridique. Tu es plus dans ton domaine et tu réfléchis plus à ce que tu écris., lui répondit-il.  

 

Elle reprit le document et s’en alla d’un pas guilleret, fière d’avoir enfin reçu une note d’encouragement de sa part malgré la situation. Le reste de la journée passa rapidement mais, malgré tout, il fut déçu de ne pas avoir de retour du Professeur sur le sujet qui l’importait. Il rentra à l’appartement avec sa colocataire temporaire et ils passèrent la soirée à discuter d’un contrat épineux, ce qui les occupa. Toujours aussi impatient, il ralluma son ordinateur juste avant d’aller se coucher et le referma, n’ayant toujours aucune notification.  

 

- Demain peut-être., soupira-t-il, montant dans sa chambre.  

 

Il passa un long moment devant sa fenêtre à regarder les lumières de la ville, espérant bientôt pouvoir de nouveau les contempler en bonne compagnie, peut-être même la tenant contre lui, les mains sur son ventre, sentant la petite vie qu’ils avaient créée grandir en elle. Il se demanda ce que ça lui ferait, ce qu’il ressentirait. Il avait hâte de revoir Kaori, de savoir si sa grossesse se voyait déjà, comment elle se sentait… Un instant, l’idée l’effleura que ça n’avait peut-être été qu’une fausse alerte, qu’elle n’était finalement pas enceinte. Il sentit un pincement au cœur mais l’écarta. Ce ne serait pas si grave pour en finir. Il ne reviendrait pas sur sa décision. Ils auraient ce bébé si elle le voulait toujours. Ce ne serait que partie remise. Qu’il avait hâte de la revoir… et de savoir…  

 

Le mercredi matin arriva en fanfare. Le réveil sonna en même temps que son téléphone. Son cœur bondit d’appréhension en se disant que la seule personne qui l’appellerait si tôt serait Mick et, si Mick appelait, c’était qu’il y avait un problème… Il décrocha sans regarder l’appelant, la gorge tellement serrée qu’il eut bien du mal à articuler un allô hésitant.  

 

- Bonjour Ryo !, s’exclama Maya.  

- Maya ? Je… Bonjour…, balbutia-t-il, soulagé.  

- Ca va ? Tu as une drôle de voix ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Je… Oui… Tu… Tu m’as sorti d’un mauvais rêve., mentit-il.  

- Oh… Tant mieux alors. J’ai une grande nouvelle à t’annoncer., lui apprit-elle.  

- Ce qui explique que tu m’appelles si tôt., répondit-il d’une voix un peu plus enjouée, reprenant le dessus.  

- Tôt… Il est… Oh mince, je n’ai pas fait attention…, s’excusa-t-elle, pouffant de rire, un peu gênée.  

- Vas-y, annonce., l’invita-t-il.  

 

Parfaitement réveillé, il éteignit son réveil et se leva, se dirigeant vers le dressing pour prendre ses vêtements de la journée. Il jeta un œil sur le vide où avaient été les affaires de Kaori, se rappelant toutes les fois où ils s’étaient retrouvés là à deux. Il se demandait comment elle était habillée aujourd’hui. C’était idiot mais il l’imagina et adapta sa tenue en fonction comme ça lui était déjà arrivé auparavant.  

 

- On a choisi la date du mariage ! Enfin de la cérémonie puisqu’on est déjà mariés… mais, je suis bête, tu le sais déjà…, s’esclaffa-t-elle joyeusement.  

 

Il sourit indulgent à la remarque de sa sœur, heureux de la sentir heureuse.  

 

- Oui, j’étais là. Ce sont les hormones qui te rendent si heureuse ou le choix de la date ?, l’interrogea-t-il.  

- Les deux, je crois. On se marie le lendemain de Noël. C’est le jour où on s’est rencontrés. C’est Will qui l’a suggéré et je trouve cela tellement romantique. Tu seras là ? Il faut que tu sois là, Ryo., lui dit-elle, anxieuse.  

- Comme si j’allais laisser ma sœur se marier sans moi…, lui répondit-il.  

- Tu le notes dans ton agenda dès que tu arrives au travail. Promets-le moi., lui ordonna-t-elle.  

- Je te le promets, Maya., répliqua-t-il, riant de son empressement.  

- Je vais même te laisser pour me préparer plus vite et le noter plus vite., lui dit-il, entendant un double appel en fond sonore.  

- Tu… Tu as des nouvelles de Kaori ?, lui demanda-t-elle d’une voix beaucoup plus calme.  

- Je veux dire… tu l’as revue ? Tu lui as pardonnée ?, l’interrogea-t-elle, triste.  

 

Il sentit son cœur fondre à sa demande mais se retint de lui avouer la vérité. La connaissant, elle allait appeler Shin juste derrière et elle ne pourrait s’empêcher de lui en parler et Alejandro risquait d’avoir la puce à l’oreille.  

 

- Non. Maya, je dois te laisser. J’ai un autre appel., lui dit-il d’une voix plus terne.  

- D’accord. Bonne journée, Ryo., le salua-t-elle.  

- Bonne journée. Salut Mark, désolé de t’avoir fait attendre., accueillit-il un de ses collaborateurs new-yorkais.  

 

Il poursuivit sa réunion téléphonique en préparant le café avant de mettre du pain à griller. Il sortait les tartines grillées lorsque Kazue arriva et le dévisagea, rougissant légèrement. Il se rendit compte qu’il était encore en bas de pyjama, torse nu.  

 

- Désolé., fit-il, prenant sa tasse et sortant de la cuisine.  

- La vue n’est pas désagréable., pipa-t-elle, souriant.  

 

Il s’arrêta, surpris, et se tourna vers elle, le téléphone posé contre lui pour bloquer le micro.  

 

- Il y a un an j’aurais sauté sur l’occasion mais cette période-là de ma vie est finie., lui avoua-t-il, amusé.  

- J’aime Kaori. Je veux faire ma vie avec elle sans à-côté., ajouta-t-il.  

- Ca tombe bien. Moi, c’est pareil avec Mick. Ca ne m’empêche pas d’apprécier la vue., plaisanta-t-elle.  

 

Ils se sourirent, se comprenant mutuellement, avant qu’il ne poursuive sa route jusque sa chambre. Il termina son briefing rapidement et sauta sous la douche, impatient de redescendre pour pouvoir aller consulter son ordinateur. Rien n’allait assez vite à son goût et il sortit, les cheveux encore plein de mousse. Grognant, il retourna finir de se rincer et ressortit deux minutes plus tard, se disciplinant difficilement. Il se fit bizarrement l’impression d’être un gamin le jour de Noël. Il se rasa avec des gestes tellement pressés qu’il se coupa à deux reprises.  

 

- Ca m’apprendra…, grommela-t-il, appuyant sur les blessures pour arrêter le saignement.  

- J’ai l’air bien…  

 

Il acheva de s’habiller et, avant même d’avoir noué sa cravate, bleue comme le jean qu’il imaginait sa compagne porter ce jour-là, il était redescendu et pénétrait dans son bureau pour voir si enfin il avait des nouvelles et pouvait faire annuler tous ses rendez-vous des deux jours suivants pour rejoindre Kaori. Son humeur sombra en ne voyant toujours rien apparaître.  

 

- Ca ne fait que deux jours. Tu t’impatientes trop., se reprit-il après avoir rangé ses affaires et être ressorti de là.  

- Tu te bagarres avec ta cravate ?, le taquina Kazue, le voyant lancer un regard noir au miroir alors qu’il la nouait avec des gestes brusques.  

- Non, ça va. La matinée a commencé sur les chapeaux de roue et je n’ai pas suivi., soupira-t-il.  

- Tiens. Mick dit que rien ne valait une bonne tasse de café pour bien démarrer., lui proposa-t-elle, lui tendant un mug.  

- On doit y aller… et j’en ai déjà bu une., lui opposa-t-il.  

- On n’est pas à cinq minutes près et, si tu parles de ta tasse de tout à l’heure, elle est restée là-bas., lui indiqua-t-elle l’objet posé sur une étagère.  

- Je vais me faire tuer par Kaori s’il y a une tâche sur le bois…, fit-il, visiblement soucieux en allant la rechercher.  

- Bois ça, je m’en occupe., lui offrit-elle.  

- Merci, t’es un ange., lâcha-t-il.  

 

Kazue retint la petite réplique « Bientôt une Angel, j’espère » qui lui titillait le bout de la langue. Elle ne voulait pas risquer que ça arrive aux oreilles de son homme et que ça lui mette la pression pour lui passer la bague au doigt, surtout qu’il culpabiliserait certainement de l’avoir ainsi laissée en arrière. Passée la colère des premières semaines, les doutes sur sa relation avec Kaori et après les explications de Ryo, elle était maintenant revenue au stade où il l’avait laissée : elle l’aimait et était plus qu’impatiente de le retrouver. Elle savait en plus que le moment n’allait pas tarder sous couvert d’un week-end romantique avec son boss.  

 

- Elle ne s’apercevra même pas de ton oubli., le soulagea-t-elle, posant la tasse dans l’évier en même temps que lui.  

- Très bien. On ferait mieux d’y aller., lui dit-il.  

 

Ils partirent pour une journée bien remplie et regagnèrent le soir l’appartement. Déçu, Ryo alla s’enfermer dans le bureau pour écumer la colère qui le gagnait. Reika n’avait toujours aucune nouvelle d’Alejandro et il n’en avait reçu aucune du Professeur non plus. Il avait la sensation que quelque chose se tramait, se demandait si son assistante ne l’avait pas trompé une deuxième fois et jouait un double-jeu pour mieux le piéger, si le destin ne voulait pas l’empêcher d’appliquer sa décision et d’enfin vivre pleinement la vie heureuse à laquelle il aspirait depuis si longtemps.  

 

- Tu viens manger ?, lui demanda Kazue, entrant après avoir frappé.  

- Je n’ai pas faim., lui opposa-t-il d’un ton froid.  

- Tu dois manger. Il… Il faut être patient, Ryo., lui suggéra-t-elle.  

- Je n’en peux plus de patienter. Nous avons déjà eu tellement de choses à affronter ensemble qui nous ont retardé que je ne peux plus…, murmura-t-il.  

- Si, pour elle, tu le pourras. C’est en toi. Tu te souviens de ce que tu m’as dit il y a quelques jours ? Tu dois avoir confiance., lui rappela-t-elle.  

 

Il la regarda et se calma un peu. Elle avait raison. Ce n’était qu’une question de jours et, si son impatience était légitime, elle ne devait pas mettre en péril tout le plan et rendre inutile cette séparation qui leur avait déjà fait bien du mal.  

 

- Merci Kazue., fit-il, se détendant.  

 

Il accepta enfin de la suivre et ils dînèrent ensemble avant de regarder un film. Ne dérogeant pas à sa nouvelle habitude de la semaine, il ralluma son ordinateur avant de monter et vérifia si le Professeur ne lui avait toujours rien envoyé. Il poussa un long soupir en ne voyant toujours aucune notification. Il referma le clapet sèchement et monta se coucher. Il passa une nuit blanche, tournant et retournant dans son lit, se demandant quand il pourrait de nouveau enlacer sa compagne ici même, sentir sa chaleur l’imprégner, la douceur de sa peau contre la sienne, ses doigts posés sur son cœur ou traçant les lignes de ses abdominaux, son souffle régulier et chaud sur son torse. Tout ça lui manquait encore plus que le sexe.  

 

Il vit le jour nouveau se lever en se demandant s’il lui apporterait enfin ce qu’il attendait. Il ne traîna pas au lit et fut rapidement prêt bien avant que le réveil sonne et encore plus avant le premier appel. Malgré l’absence de nouvelle en consultant son ordinateur, il prépara le petit-déjeuner, une manière pour lui de remercier son invitée de sa patience à son égard après le week-end où il l’avait délaissée et la semaine certainement stressante qu’il lui avait imposée. Kazue en fut surprise et touchée et, comme si elle voulait lui donner confiance, elle leva sa tasse comme s’il s’agissait d’un verre.  

 

- Aux retrouvailles qui arriveront bientôt., lui proposa-t-elle avec un petit sourire.  

- Aux retrouvailles., acquiesça-t-il, cognant sa tasse contre la sienne.  

 

Ils finirent de déjeuner dans un silence pensif avant que le téléphone sonnant donne le coup d’envoi pour le début de la journée. La matinée du dirigeant fut ponctuée d’appels téléphoniques imprévus, retardant deux de ses réunions, interrompant même l’une d’entre elles. Ca l’empêcha néanmoins de passer son temps à se demander si un message ne l’attendait pas, chose qu’il constata à la fin de la deuxième réunion, trouvant l’écran toujours vide de notification.  

 

- Il m’a demandé si quelque chose avait changé ici., l’informa Reika, lui apportant un rapport pour l’après-midi.  

- Que lui as-tu dit ?, l’interrogea-t-il, soucieux.  

- Que veux-tu que je lui réponde ?, lui retourna-t-elle.  

- Dis-lui que je suis exécrable comme d’habitude, que tout est normal., lui répondit-il.  

- Ok. Tu vas avoir le temps de déjeuner avant ta prochaine réunion ?, s’inquiéta-t-elle, le voyant ouvrir la pochette.  

- Tout juste, merci. Quand me donneras-tu le rapport suivant ?, l’interrogea-t-il.  

- Je l’ai presque fini. Tu l’auras avant l’autre réunion., lui affirma-t-elle.  

 

La pause fut courte avant le début de la réunion suivante qui s’éternisa beaucoup plus longtemps que prévue. Son téléphone sonnait déjà pour la conférence planifiée quand il revint à son bureau. Il ouvrit rapidement le rapport rendu par Reika au passage et le lut en travers pendant les premiers échanges. Une oreille tendue vers la conversation, il rouvrit son ordinateur et consulta ses mails avant de le laisser ouvert, le regard rivé sur l’extérieur, arbitrant certaines décisions nécessaires. Soudain, il vit une fenêtre apparaître sur son ordinateur et son cœur cessa un instant de battre. Il se redressa et cliqua dessus. Le message était bref mais on ne peut plus clair et il s’empressa de télécharger la pièce jointe et de la transférer sur une carte SD. Il recentra la conversation qui digressait sur le sujet central pour boucler la réunion rapidement et raccrocha dès la fin, éteignant son ordinateur et reprenant ses affaires.  

 

- Reika, je m’en vais. Annule tous mes rendez-vous de demain, s’il te plaît., lui demanda-t-il.  

- Un problème ?, lui demanda-t-elle, prête à prendre des réservations d’hôtel et d’avion.  

- Non, je pars en week-end avec Kazue., lui apprit-il, attendant l’ascenseur.  

 

Il n’entendit que le silence derrière lui et pénétra dans la cabine. C’était la fin de l’attente. La descente jusqu’au service juridique lui parut interminable et il pressa le pas pour arriver au bureau de son amie.  

 

- Prête pour ce week-end ?, lui demanda-t-il, s’appuyant nonchalamment au chambranle de sa porte.  

- Prête., affirma-t-elle, refermant son ordinateur et prenant ses affaires à son tour, un large sourire éclairant ses traits.  

 

En deux secondes, elle avait donné ses consignes à son assistante et le suivait pour gagner la voiture.  

 

- Comment tu vas faire pour qu’on ne soit pas suivis ?, lui demanda-t-elle, curieuse.  

- Tu vas voir., lui répondit-il, énigmatique.  

 

Ils roulèrent pendant un moment dans Tokyo et, soudain, alors qu’ils venaient de tourner à un carrefour, elle vit une voiture identique à la leur démarrer pendant qu’ils s’engageaient dans une ruelle et débouchaient dans une autre artère.  

 

- Alors Kenji ?, l’interrogea Ryo, un peu plus tard.  

- L’autre voiture a été suivie. Changement de véhicule dans deux minutes pour nous., répondit le chauffeur.  

- Ca t’arrive souvent ?, pipa Kazue, quelques minutes après, un peu remuée par le cours des choses alors qu’ils roulaient vers l’extérieur de la ville dans un autre véhicule.  

- Ca, non… Enfin, un peu plus depuis que je suis avec Kaori., admit-il, amusé.  

 

Maintenant qu’il savait qu’il était sur le chemin pour retrouver sa compagne, il se sentait beaucoup plus léger même s’il était impatient et surtout très anxieux d’avoir les réponses qu’il attendait depuis quelques jours.  

 

- Je suis bien mieux avec Mick… James Bond, c’est bien mais à la télé., marmonna Kazue, le faisant rire.  

 

Il se calma et la fixa, le regard pétillant.  

 

- Je ne peux te garantir que sa vie sera toujours aussi calme. Tu verras, on se fait à tout par amour., lui affirma-t-il.  

- Prête à le retrouver ?, l’interrogea-t-il.  

- Oh oui et toi ?., souffla-t-elle.  

- Plus que jamais., répondit-il, le regard fixé droit devant lui. 

 


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