Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genre de choses reste subjective, donc certains seront plus vite choqués que d'autres. Nous essayons de respecter certaines limites pour les fanfictions R, mais nous pouvons ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 97 :: Chapitre 97

Publiée: 13-05-21 - Mise à jour: 13-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 97  

 

En début d’après-midi, le couple retourna à l’hôpital. Main dans la main, ils approchaient de la chambre de Maya lorsque Ryo s’arrêta et fit face à sa femme.  

 

- Tu es sûre de vouloir y aller ? Ca a été assez pénible pour toi hier…, lui fit-il remarquer.  

- Je n’ai pas envie d’y aller mais je sais que je le dois, pour Maya et Will, pour toi et pour moi. S’ils ne veulent pas de moi, je m’en irai comme hier mais je dois au moins me présenter à eux. Ils sont de ma famille comme Hide et Saeko. Quand ils seront prêts, je serai là., lui affirma-t-elle.  

 

Il l’observa un moment, ouvrit la bouche et la referma, ne sachant comment lui exprimer le fond de sa pensée sans lui paraître blessant ou condescendant. Il ne voulait surtout pas raviver les dissensions nées lors de leur voyage. Elle lui avait pardonné, avait compris ses motivations mais il savait que l’oubli mettrait un peu plus de temps… parce que lui-même avait encore du mal à juguler ses réactions et ses peurs, encore plus quand il entendait des paroles comme celles qu’elle venait de prononcer, des paroles qui lui ressemblaient tellement mais qui attisaient ses craintes.  

 

- Et toi, Kaori ? Es-tu sûre d’être prête pour ça ?, finit-il par l’interroger, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille pour adoucir ses mots.  

- Tu ne vas pas recommencer…, murmura-t-elle, détournant le regard.  

- Non, je ne vais pas recommencer mais comprends que je m’inquiète quand je t’entends parler du souci que tu portes aux autres sans te prendre en compte., répliqua-t-il, réprimant le mouvement d’impatience qu’il sentait non loin.  

- Je sais ce que je ressens avant d’entrer dans cette chambre et je me souviens de ce que ça m’a fait hier. Je me sens mal pour Maya, mal à l’aise pour ce que j’ai et qu’ils n’ont plus, et angoissé aussi à l’idée que ça pourrait nous arriver. Ca me stresse et c’est éprouvant, Kaori. Alors tu ne me feras pas croire que ça ne te fait rien. C’est toi qui portes notre enfant, qui a déjà cette connexion H-24 avec lui. S’il lui arrivait quelque chose, tu te prendrais cette perte de plein fouet. Moi, j’aurais mal, ça me démolirait sûrement mais j’ai cette distance que tu n’as pas. Alors ose me regarder dans les yeux et me dire que ça ne te fait rien., lui demanda-t-il d’une voix posée.  

 

Elle aurait voulu avoir le cran de le regarder droit dans les yeux et lui dire qu’elle ne ressentait pas tout cela, juste pour le rassurer et ne pas risquer une nouvelle dispute, mais Ryo avait été honnête avec elle, ses mots n’étaient pas agressifs et elle ne sentait aucune envie d’obtenir une victoire verbale dans leur discussion. Elle n’avait pas le droit de lui mentir.  

 

- Je… Je suis terrifiée. J’avais envie de croire qu’après tout ce qui nous était arrivé, on pourrait finir ce moment tranquillement mais la mort de leur bébé…, commença-t-elle avant de s’arrêter, la gorge serrée.  

 

Elle sentit deux bras l’entourer et l’attirer contre un torse puissant sur lequel elle s’appuya sans aucune honte, entendant les battements de cœur bien connus sous son oreille.  

 

- Ca me rappelle qu’il n’y a rien d’assuré dans la vie. La seule chose qui reste, ce sont les liens que nous avons, l’amour que nous nous portons les uns les autres. J’ai besoin d’être là pour les soutenir, soutenir Shin et te soutenir. J’ai besoin d’être là pour moi aussi, pour que tu sois là et m’aide à traverser cette épreuve, à affronter mes peurs. Et je me sens mal parce que c’est eux qui souffrent et une partie de moi tourne autour de moi, de nous au lieu d’être uniquement concentrée sur eux., avoua-t-elle, les larmes aux yeux.  

- C’est normal, je pense…, finit-il par murmurer au bout d’un moment, les doigts dans ses cheveux, les caressant doucement.  

- C’est humain de se demander ce qu’on se ferait dans la même situation d’être renvoyés à notre propre destin. Ce n’est pas ce qui nous rend détestable. Tu n’es pas égoïste parce que tu as peur. Tu le serais si tu t’enfermais et refusais d’aller vers ceux qui souffrent pour les réconforter., lui opposa-t-il.  

- Alors es-tu sûre d’être prête pour ça ?, lui redemanda-t-il.  

- Oui… si tu es prêt à m’épauler comme je suis prête à le faire., lui répondit-elle, levant les yeux vers lui.  

 

Il lut autant son appréhension que son espoir dans son regard et il sentit ses propres peurs diminuer un peu.  

 

- Je te promets de te prévenir si je ne me sens pas bien et de ne pas batailler quand tu diras qu’on rentre., ajouta-t-elle, sa réponse tardant à venir, la rendant nerveuse.  

- Je te promets d’être raisonnable et d’essayer de ne plus laisser mes propres peurs guider mes réactions., lui promit-il à son tour.  

- On y va, partenaire ?, lui proposa-t-il avec un léger sourire.  

- D’accord., acquiesça-t-elle, glissant sa main dans la sienne en quête de soutien.  

 

Ils se dirigèrent vers la chambre de Maya et frappèrent, entrant quand ils y furent invités. La jeune femme était seule et observait le ciel par la fenêtre d’un air perdu.  

 

- Salut, p’tite sœur., la salua Ryo, forçant un sourire sur ses lèvres.  

- Bonjour, Ryo., lui répondit-elle dans un murmure sans aucun entrain.  

- Will n’est pas là ?, l’interrogea-t-il, venant s’asseoir à ses côtés.  

- Papa l’a emmené manger il y a quelques minutes., lui apprit-elle, tournant les yeux vers Kaori qui était restée un peu en retrait, lui laissant le temps de décider si elle voulait la voir ou non.  

- Bonjour Maya., balbutia la rouquine.  

- Si tu préfères que je m’en aille, je comprendrais., ajouta-t-elle, se retenant de poser une main sur son ventre alors que l’anxiété montait.  

- Non… Reste… Je… La vie continue, je suppose., bafouilla Maya, les larmes lui montant aux yeux.  

 

Kaori approcha et prit la main de sa belle-sœur. Elle vit les larmes s’accumuler jusqu’à tomber librement sur son visage défait et ne put se retenir de la prendre dans ses bras.  

 

- Je suis désolée, Maya. Je ne sais pas quoi te dire pour t’aider à part que tu n’es pas seule., chuchota Kaori d’une voix étranglée.  

 

Elle sentit les deux mains de la jeune femme s’accrocher à ses épaules et ensuite les sanglots qui secouèrent son corps. Comme en soutien, le torse de Ryo se colla contre son dos et ses bras passèrent autour d’elles, se posant dans le dos de sa sœur.  

 

- Pleure autant que tu en as besoin. On est là., lui dit-il d’une voix posée malgré la tension que sa femme pouvait y discerner.  

 

Ils restèrent ainsi un long moment même après que Maya eut cessé de pleurer. Elle finit par s’écarter d’elle-même, essuyant ses yeux humides et rougis.  

 

- Pardon, je voudrais être plus forte mais…, commença-t-elle, ses mots se bloquant dans sa trachée.  

 

Sa détresse sans fond était visible. Elle s’inscrivait dans son regard, dans ses traits, dans tout son corps. Elle irradiait d’elle.  

 

- Laisse ta peine sortir, Maya. Ne refoule pas tout cela au plus profond de toi ou tu ne t’en sortiras pas., lui conseilla son frère, prenant sa main.  

- Je n’en sortirai jamais., balbutia-t-elle.  

- Si, tu t’en sortiras. Je ne dis pas que tu oublieras ton enfant mais tu arriveras à surmonter cette épreuve., lui opposa Kaori.  

- Prends chaque jour comme il vient, un pas après l’autre. Pour l’instant, tu dois évacuer ta peine et elle doit te paraître infinie. Mais ça va se calmer. Il faudra juste accepter que tu as le droit de vivre même s’il n’est pas là., ajouta-t-elle.  

- Comment le pourrai-je ? C’était mon enfant. Je devrais le tenir dans mes bras !, se fâcha Maya.  

- Tu le pourras., lui assura sa belle-sœur.  

- C’est facile à dire pour toi ! Toi, tu es là avec ton bébé encore bien au chaud et bien vivant. Tu n’as jamais subi cela, alors tu ferais mieux de te taire plutôt que de me tenir des propos convenus !, continua la maman endeuillée.  

- Maya…, plaida Kaori, ne s’offusquant pas de ses paroles malgré la douleur qu’elles réveillaient.  

- Sors ! Sortez tous les deux, je ne veux plus vous voir !, cria-t-elle en réponse, pointant la porte du doigt.  

- Va m’attendre dehors., demanda Ryo à sa femme, pressant sa hanche.  

 

Elle se retourna pour objecter mais s’arrêta en croisant son regard. Elle lui avait promis de ne pas faire de difficultés et de s’effacer si Maya ou Will le désirait. Elle acquiesça et se leva, murmurant un au revoir qui resta inentendu à la maman endeuillée. Dès que la porte fut fermée, Ryo se tourna vers sa sœur. Il avait encore des choses à lui dire avant de s’en aller comme elle le demandait.  

 

- Je t’ai demandé de t’en aller, Ryo ! Je n’ai pas besoin de ta pitié ! Va te faire voir avec ton petit bonheur parfait !, hurla Maya.  

- Je n’ai pas pitié de toi, Maya., lui affirma-t-il pour commencer.  

- Espèce d’immonde…, commença-t-elle par gronder, surprise.  

- Je n’ai pas pitié de toi. Je ferais tout ce que je pourrais pour te rendre ton enfant si je le pouvais car je n’ose imaginer ce que tu ressens à l’instant présent et, pour être honnête, je ne veux même pas avoir un jour à le vivre. Je comprends ta colère mais je ne te laisserai pas t’en prendre à ma femme parce qu’elle est enceinte et plus toi., lui dit-il d’une voix déterminée.  

- C’était un accident, Maya, et tu n’es pas responsable, Will ne l’est pas non plus, ni nous. Et les propos de Kaori n’avaient rien de convenu. Elle a perdu son père quand elle était jeune, trop jeune pour avoir les bons souvenirs, plus assez pour ne pas se souvenir de la douleur. Alors ne la prends pas pour une idiote qui ne sait pas de quoi elle parle. Je vais te laisser maintenant comme tu nous l’as demandé. Nous ne reviendrons pas avant que tu nous le demandes mais sache que je ne bouge pas de New York. Quand tu le voudras, nous serons là pour te soutenir., lui assura-t-il, déposant un baiser sur sa tempe alors qu’elle gardait obstinément le regard tourné vers l’extérieur.  

 

Sans plus un mot, il sortit et trouva sa femme, appuyée contre le mur, les yeux brillant de larmes. Il approcha et l’enlaça, appuyant sa tête contre lui. C’était comme ça que ça aurait dû être depuis vendredi, sentir son corps contre le sien, ses bras autour de lui, les siens l’entourant, se soutenir… Il ferma les yeux, réprimant la vague de culpabilité. Il fallait aller de l’avant maintenant, lui montrer qu’il était capable du meilleur après le pire.  

 

- Viens, on rentre à l’hôtel., lui proposa-t-il, l’emmenant vers les ascenseurs quand elle acquiesça.  

- Tu te sens bien ? Pas de douleur au dos, de contraction, de mal de tête, de vertiges ?, l’interrogea-t-il, soucieux.  

- Non, ça va. J’ai juste froid., lui répondit-elle, se serrant contre lui.  

 

Ca, il pouvait gérer et il ne serait pas contre continuer à la tenir contre lui parce qu’il avait un peu froid lui aussi et que ce n’était pas quelque chose de physique.  

 

- Je suis là. Je ne te lâche pas., lui certifia-t-il.  

 

Pour toute réponse, elle posa la tête contre lui, se sentant protégée comme jamais. A peine quelques secondes plus tard, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et ils montèrent dedans, toujours enlacés. A peine sortis dans le hall d’entrée, ils croisèrent Shin et Will.  

 

- Vous repartez déjà ?, s’étonna Shin.  

- Oui, Maya ne veut pas nous voir. C’est trop dur pour elle., expliqua Ryo, posant une main sur le ventre arrondi de son épouse.  

- Je suis désolé., balbutia Will, les yeux rivés sur ce symbole de vie qu’il avait admiré pendant des mois.  

- Ne le sois pas. On comprend. Quand vous serez prêts, dites-le nous, on sera là. On ne bougera pas d’ici., lui affirma Ryo.  

- Tu n’as pas à faire cela, Ryo. Tu as ton entreprise et vous avez…, lui opposa son beau-frère, incapable de finir sa phrase, levant simplement la main vers Kaori.  

- On reste là., confirma-t-elle.  

- On ne s’imposera pas mais on reste en ville., répéta le dirigeant.  

- Merci. Je vous tiendrai informé. Je vais remonter. Prenez un peu de temps à trois si vous le souhaitez., leur proposa Will, voyant l’ascenseur s’ouvrir.  

- Je te rejoins., pipa Shin.  

 

Will les quitta, les laissant à trois.  

 

- Un café ?, leur proposa le vieil homme.  

- Avec plaisir., répondit Kaori.  

- Comment ça va, papa ?, l’interrogea Ryo.  

- Oh, tu sais, j’essaie de tenir le coup pour eux deux. Maya est en colère. Hier, elle n’a cessé de pleurer. C’est compliqué de gérer et de trouver les bons mots, alors on essaie juste de l’entourer comme on peut et, quand on rentre, j’essaie d’être là pour Will. Ses parents doivent arriver dans l’après-midi. Ils sauront peut-être mieux s’y prendre que moi pour lui faire extérioriser ses sentiments., soupira le vieil homme.  

- Peut-être… Tiens-moi au courant de la situation pour eux deux., lui demanda Ryo, lui tendant un gobelet fumant.  

- Je le ferai. Vous retournez à l’hôtel ?, les interrogea-t-il.  

- Je pense. Peut-être qu’on sortira un peu en fin d’après-midi. Central Park n’est pas loin. Un peu d’air ne nous fera pas de mal., répondit son fils.  

- Tout sera fonction de Madame., précisa-t-il, jetant un regard vers Kaori qui observait d’un air absent les personnes qui passaient dans le hall.  

 

La fatigue prenait doucement le pas sur elle. Ce n’était que le début d’après-midi ici mais, à Tokyo, c’était le milieu de la nuit et elle le ressentait fortement. Sentant néanmoins des regards posés sur elle, elle se tourna vers les deux hommes.  

 

- Tu disais ?, répondit-elle, se rendant compte qu’il venait de lui parler.  

- Qu’on irait peut-être marcher un peu selon ton état., répéta-t-il, notant les cernes sous ses yeux.  

- Oui, ce serait une idée mais j’ai besoin de m’allonger un peu avant., apprécia-t-elle.  

- Ils… Ils vont l’enterrer ?, demanda-t-elle à Shin.  

- Oui, ça aura lieu mercredi matin selon un rituel chrétien., lui apprit-il.  

- Au fait, c’était un garçon ou une fille ?, l’interrogea Ryo.  

- Un garçon. Ils l’ont appelé Gabriel., leur dit Shin, essuyant une larme.  

- C’est très joli., pipa Kaori, le cœur lourd.  

 

Le silence se fit pendant un moment jusqu’à ce que le vieil homme jeta son gobelet avant de prendre une profonde inspiration.  

 

- Je vais y retourner., leur apprit-il.  

- D’accord. Papa, quoiqu’il arrive, ne reste pas seul. Si tu ne peux rester chez Will, nous sommes à cet hôtel., l’informa Ryo, lui tendant une carte qu’il avait prise au cas où.  

- Ne t’inquiète pas pour moi. Faites attention à vous trois., leur conseilla son père.  

- On y veille, papa., lui assura son fils.  

- Vous avez réussi à surmonter votre dispute à ce que je vois… C’est bien. Vous m’avez fait peur tous les deux., leur dit Shin.  

- On s’est expliqués., balaya le dirigeant.  

- C’est bien. J’y vais maintenant., les salua le vieil homme, les quittant.  

 

Main dans la main, le couple regagna le parking suivi de deux gardes du corps et retrouvèrent peu après l’intimité de leur chambre d’hôtel.  

 

- Quand comptes-tu repartir de New York, Ryo ? Mercredi après-midi ou plus tard ?, lui demanda Kaori, se déchaussant.  

- En fin de semaine. Je pense vendredi après-midi. Ca nous laissera dimanche pour nous reposer et nous retourner. Qu’en penses-tu ?, lui retourna-t-il, s’asseyant à ses côtés dans le divan et attrapant un de ses pieds.  

- Ca me va. Je prendrai un peu de temps ce soir pour déplacer tes rendez-vous de mercredi à vendredi., murmura-t-elle, s’allongeant, appréciant le massage qu’il lui prodiguait.  

- Et si tu appelais plutôt ta sœur pour qu’on dîne ensemble ce soir ?, lui suggéra-t-il.  

- On n’est pas là pour cela, Ryo., lui opposa-t-elle.  

- Non mais ce serait dommage de ne pas profiter de l’occasion. Kaori, on n’est pas obligés de rester enfermés dans cette chambre et d’oublier de vivre. Tu n’as pas eu beaucoup de temps avec Sayuri et c’est important de passer du temps en famille, aujourd’hui plus que jamais, non ?, lui fit-il remarquer, changeant de pied.  

- Certainement sauf si tu continues à me masser les pieds… Ca fait un bien fou., soupira-t-elle.  

- Tu es restée longtemps debout. Tes pieds sont un peu gonflés. Tu devras faire attention., lui conseilla-t-il, continuant à œuvrer.  

 

Elle acquiesça et ferma les yeux, se laissant bercer par leur discussion calme à mi-voix jusqu’à tomber endormie. Quand elle se réveilla, elle était allongée dans le lit et le souffle chaud de son homme balayait son épaule. Elle sentit le bébé bouger et s’étirer, venant pousser sur la main paternelle qui couvrait son ventre. Elle sourit en voyant la main soulevée légèrement et tourna la tête. Ryo avait les yeux rivés sur l’arrondi, un regard sombre, intense où elle pouvait lire sa joie et l’amour qu’il ressentait pour leur bébé et en même temps l’inquiétude, la peur. Elle posa sa main sur la sienne et la caressa doucement.  

 

- Ca ira, tu verras., murmura-t-elle.  

- Je veux y croire. Je voudrais avoir des certitudes mais je sais que ce n’est pas possible alors… je veux y croire., répondit-il d’une voix mal assurée.  

 

Elle se tourna dans ses bras et l’embrassa tendrement, voulant lui communiquer autant d’assurance qu’elle le pouvait, lui redonner la force de croire que ça pouvait être beau, que leurs destins n’étaient pas forcément voués au malheur, que leur bébé irait bien.  

 

- Aime-moi et laisse-moi t’aimer., lui demanda-t-elle, s’écartant de lui.  

- Même après ce que je t’ai dit hier ?, l’interrogea-t-il.  

- Je t’ai pardonné, Ryo. Je n’ai pas encore oublié mais je t’ai pardonné. Aujourd’hui plus que jamais, j’ai envie de te donner de l’amour et de la chaleur… et après, j’appellerai ma sœur., lui apprit-elle, le regard malicieux.  

- Tu ferais peut-être mieux de l’appeler avant, des fois qu’on durerait un peu trop longtemps., lui conseilla-t-il, le regard chaud.  

 

Il ne s’était pas attendu à cela. Après l’affront qu’il lui avait fait, il pensait payer pendant quelques temps mais c’était Kaori avec son grand cœur et peut-être un peu comme lui, le besoin de retrouver des choses sûres et qui leur faisaient du bien.  

 

- Tu as peut-être raison., fit-elle, attrapant son téléphone.  

 

Elle se rallongea et consulta sa liste de contacts, trouvant rapidement le numéro de Sayuri. Pendant qu’elle faisait cela, Ryo avait relevé son haut et caressait son ventre. Avant même que la journaliste ne décroche, il était à califourchon sur ses jambes et ses lèvres erraient sur l’arrondi dénudé, sensuellement, lentement.  

 

- Que fais-tu ?, lui demanda sa femme, surprise, recevant un regard malicieux au même moment où Sayuri décrocha.  

- Je rédige un article et toi ? Bonjour au fait., s’amusa cette dernière.  

- B… Bonjour, Sayuri., bafouilla sa cadette dont le haut venait de remonter un peu plus laissant la place libre aux butineuses.  

- Je… me repose., ajouta-t-elle, son souffle se coupant lorsqu’il trouva le sommet d’une de ses collines et le pinça entre ses lèvres.  

- Tu as une drôle de voix. Il y a un problème ?, s’inquiéta sa sœur.  

 

Kaori se sentit rougir, ne s’imaginant pas vraiment expliquer quel type de problème elle rencontrait au moment même… et dans les secondes qui allaient suivre alors qu’elle sentait des doigts glisser sous sa jupe et se rapprocher de la zone du délit.  

 

- Je… Non… Enfin si… Ryo et moi sommes à… New York., lui apprit-elle, sa voix s’étranglant sur les derniers mots alors que le barrage de sa culotte venait d’être passé.  

- Pour affaires ?, la questionna Sayuri.  

- Non… Je t’expliquerai plus tard. Ryo…, soupira-t-elle alors qu’il continuait à la mettre au supplice, l’empêchant de penser et se concentrer à sa conversation téléphonique.  

- Ryo a un souci ?, poursuivit la journaliste.  

- Non… Non non… Il… Il a juste pensé qu’on pourrait dîner ensemble ce soir., débita Kaori d’une traite, tentant de serrer les cuisses alors que son mari les remontait par l’intérieur du bout des lèvres, retroussant sa jupe.  

 

Peine perdue, se rendit-elle vite compte. Soit elle manquait de force pour lutter, soit elle ne luttait pas vraiment, la deuxième option étant la plus plausible…  

 

- C’est une excellente idée. Disons dix-neuf heures trente à Times Square. On décidera où on ira à ce moment-là., lui proposa son aînée.  

- On fait comme ça., accepta la rouquine, trouvant là le moyen d’abréger une conversation qu’elle ne pourrait bientôt plus tenir puisque son sous-vêtement glissait le long de ses jambes en même temps que sa jupe.  

- A tout à l’heure, Sayuri., la salua-t-elle raccrochant.  

- Tu vas me le payer, Ryo., lui promit-elle.  

- Je n’attends que ça., lui répondit-il, plongeant entre ses jambes.  

 

La vengeance est un plat qui se mange froid, se dit-elle, s’entendant gémir sous l’assaut de ses lèvres. Chose promise, chose due, il ne fut pas en reste quand enfin il cessa de torturer son intimité et qu’elle put donner libre cours à son désir et lui montrer à quel point elle l’aimait.  

 

- Dommage qu’on n’ait pas eu le temps pour une balade dans Central Park., lui fit savoir Ryo alors qu’ils attendaient au lieu de rendez-vous, postés le long d’une vitrine pour éviter, si c’était possible, la foule d’un samedi soir à Times Square.  

- Un autre jour peut-être. Cette ballade-là était tout aussi agréable., lui répondit sa femme, lui offrant un sourire heureux.  

 

Ils s’étaient aimés intensément avant de finir par un moment de tendresse et de sensualité sous la douche, prenant soin l’un de l’autre, juste pour le plaisir de se toucher, de s’embrasser, d’être ensemble.  

 

- C’est vrai… Tu me diras si je te fais mal., s’inquiéta-t-il.  

- Je t’ai déjà dit que oui., lui répondit-elle, lui lançant un regard faussement exaspéré.  

- Bonsoir, les amoureux., les salua Sayuri, enlaçant sans attendre sa sœur.  

- Tu m’as manqué, Kaori., lui apprit-elle.  

- C’est bon de pouvoir te tenir dans mes bras plus tôt que prévu.  

- Moi aussi, Sayuri., fit sa cadette, profitant du moment, de ce répit dans cette semaine troublée.  

- Salut Ryo., le salua la journaliste à son tour, l’embrassant sur la joue.  

- Bonsoir, tu vas bien ?, lui retourna-t-il.  

- Je ne pouvais rêver meilleur samedi soir., s’exclama-t-elle, ravie.  

- Je me disais que j’allais vous emmener boire un verre au Marriott pour que vous puissiez profiter de la vue à trois-cent-soixante degrés sur New York. Je vous y aurais bien emmené dîner mais sans réservation trois semaines à l’avance, c’est impossible., leur expliqua-t-elle, déçue.  

 

Le couple s’observa, complice, avant que Ryo ne se tourne vers sa belle-sœur.  

 

- Peut-être pas si impossible que cela., lui dit-il, lui tendant son bras libre.  

 

Surprise et amusée, un peu aussi intriguée, Sayuri glissa la main dessus et se laissa guider.  

 

- Tu sais où est le Marriott ?, s’étonna-t-elle.  

- Ce n’est pas mon premier voyage à New York et m’est avis que tu parles de celui qui est sur Broadway avec son plateau pivotant., pipa Ryo.  

- Oui. Suis-je bête ! Bien sûr que tu es déjà venu à New York : tu y as une filiale…, s’esclaffa la journaliste.  

- Moi, je ne suis jamais venue. Ca me fait plaisir de découvrir., pipa Kaori.  

- Tu vas voir : c’est impressionnant et, malgré le nombre de personnes qu’il y aura, tu n’auras pas le bruit des autres conversations. Et la vue est vraiment splendide…, ajouta-t-il.  

- Alors comment penses-tu nous obtenir une table ?, le nargua Sayuri alors qu’ils entraient dans l’hôtel.  

- Je vais vendre vos charmes., les taquina-t-il, voyant le regard appréciateur de plusieurs hommes se poser sur les deux jeunes femmes.  

 

Il resserra son emprise sur sa femme, peu enclin à ce qu’un autre profite de la vue même s’il était fier d’être à son bras, et ne la relâcha que dans l’ascenseur.  

 

- Comme si tu laisserais qui que ce soit toucher à Kaori…, lui fit remarquer sa belle-sœur.  

- Je ne vendrai que les tiens alors., répliqua-t-il, amusé.  

- J’espère que tu négocieras bien., lui retourna-t-elle.  

 

Ils s’arrêtèrent au quarante-septième étage et Ryo leur demanda d’attendre un moment pendant qu’il allait voir le maître d’hôtel.  

 

- On aura une table dans une heure. Si nous allions boire un verre ?, leur proposa-t-il, laissant sa belle-sœur baba.  

- Tu as réussi ? Mais comment ?, lui demanda-t-elle.  

- Il accepte de passer une nuit avec toi., la taquina-t-il.  

- Sérieusement !, lui dit-elle, lui donnant une tape sur l’épaule.  

- J’ai donné mon nom… et on loge ici pour la semaine, suite nuptiale…, précisa-t-il, moqueur.  

- A ce prix-là, ils peuvent bien te trouver une table…, pipa-t-elle.  

 

Arrivés au quarante-huitième, ils se laissèrent guider vers une table non loin des baies vitrées. Ils prirent place dans les fauteuils de cuir très cosy dans une ambiance jazzy aux lumières tamisées et commandèrent leurs boissons.  

 

- Alors voyage d’affaires en urgence ?, leur demanda Sayuri.  

- Non… Nous sommes ici pour raisons personnelles., avoua Ryo, prenant la main de sa femme.  

- Maya a accouché et vous êtes venus ? Pourquoi tu ne m’as pas prévenue avant ?, reprocha l’aînée doucement à sa cadette.  

- Parce que… ça ne s’est pas bien passé., expliqua Kaori, posant une main sur son ventre, la chose restant difficile à accepter.  

- Maya et Will ont eu un accident sur le trajet et, s’ils n’ont pas grand-chose, le bébé, lui, n’a pu être sauvé. Ils ont perdu leur fils., relaya le dirigeant.  

- Oh mon dieu…, souffla Sayuri.  

- Ils l’enterrent mercredi matin., ajouta la future maman.  

- Comment vont-ils ?, leur demanda la journaliste.  

 

Les deux époux se regardèrent avant de se tourner de nouveau vers leur interlocutrice.  

 

- Pas bien. Will est sous le choc et essaie de tenir le coup pour Maya., expliqua Kaori.  

- Maya le vit très mal mais on n’en sait pas plus parce qu’elle refuse de nous voir., compléta Ryo, jetant un regard vers son épouse.  

- Quel choc…, soupira l’aînée des deux sœurs.  

- Et vous, comment vous allez ?, leur retourna-t-elle.  

- Ca va., lâcha Kaori, mal à l’aise.  

- Ca va ? C’est tout ? Je ne te crois pas. Vous êtes dans la même situation qu’eux. Vous attendez un enfant. Ne me dites pas juste « ça va » parce que je ne crois pas un instant que ça vous laisse insensibles., répliqua Sayuri, les sourcils froncés.  

- On est sous le choc aussi. On est tristes pour eux., répondit Ryo, peu désireux de s’étaler sur le sujet.  

- On voudrait être là pour pouvoir les aider, le soutenir. Ce qu’ils vivent, c’est inimaginable. C’est atroce et tellement injuste., pipa Kaori, sa voix s’étranglant.  

 

Emue par sa sœur, Sayuri se leva et alla s’asseoir à ses côtés, la prenant dans ses bras, veillant à ne pas gêner Ryo qui tenait toujours sa main. Elle la berça un moment, juste pour lui dire qu’elle était là.  

 

- Tout ira bien, Kaori. Ils s’en remettront., lui assura-t-elle.  

- Je m’en doute. On voudrait juste pouvoir être là pour eux mais elle ne veut pas nous voir à cause du bébé., lui expliqua sa cadette.  

- Laisse-lui du temps., lui conseilla son aînée.  

- Et tu dois aussi prendre soin de toi, Kaori. Tu dois penser à toi et à ton bébé., ajouta-t-elle.  

 

Ryo aurait pu profiter de cette occasion pour insister. Sayuri allait dans son sens après tout, c’était une autre voix pleine de sagesse que Kaori accepterait peut-être d’écouter parce qu’elle ne portait pas ses peurs mais il resta en retrait, comptant sur la sagesse de son épouse pour finir par entendre raison.  

 

- Je vais bien, Sayuri., répliqua Kaori, roulant des yeux.  

- Pour le moment mais, si tu ne te ménages pas, ce ne sera pas toujours le cas. C’est bien de vouloir prendre soin des autres mais tu dois aussi prendre soin de toi. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour lui., lui opposa Sayuri d’un ton neutre.  

- Peut-être que ce n’est pas plus mal que tu doives rester en retrait pour le moment., conclut-elle.  

 

Kaori l’observa, dubitative. Elle ne voyait pas les choses de la même manière qu’elle. C’était la famille et elle devait être présente et à l’écoute, prête à les soutenir. C’était sa manière d’être. Elle jeta un rapide regard à son mari mais il ne la regardait pas. Il venait d’embrayer sur le dernier article de sa sœur alors qu’il aurait pu s’empresser de marquer un point supplémentaire. Que devait-elle en penser ?  

 

La question tourna en boucle pendant les heures qui suivirent et les jours également. Maya refusant toujours de les voir, Ryo décida de profiter de l’occasion pour aller voir la filiale new-yorkaise et faire visiter le quartier à sa femme de manière raisonnable. Ils revirent Sayuri le lundi midi et également le mardi soir, veille de l’enterrement, en compagnie de Shin à l’occasion d’un dîner qu’ils tentèrent de garder aussi léger que possible au vu des circonstances.  

 

- Tu crois qu’on a raison d’y aller alors qu’elle ne veut toujours pas nous voir ?, demanda Kaori à son mari le mercredi matin, se préparant pour l’enterrement.  

- On restera à l’écart s’il le faut mais on doit y être. Tu doutes ?, l’interrogea-t-il, soucieux.  

 

Il savait qu’elle avait mal dormi. Il l’avait trouvée à deux reprises observant la ville depuis le salon, le regard dans le vague, des larmes roulant sur son visage.  

 

- Je… Je ne sais plus. Je me disais que notre place était avec eux, qu’elle finirait par se calmer mais… je ne sais plus., avoua-t-elle, lissant sa veste noire sur sa robe.  

- Je ne sais pas comment je réagirais à sa place., pensa-t-elle.  

- Personne ne le sait et j’espère qu’on ne le saura jamais. Tu peux rester ici si tu veux. Appelle Miki pour ne pas rester seule., lui proposa-t-il d’une voix douce.  

 

Elle le regarda, reconnaissante de sa compréhension, puis se regarda dans le miroir, croisant son propre regard.  

 

- Non, je vais venir. Excuse-moi. Je ne sais pas…, commença-t-elle, sa phrase coupée par le doigt qu’il posa sur ses lèvres.  

- Je ne pense pas correctement non plus aujourd’hui., lui opposa-t-il sérieusement.  

 

Elle acquiesça et, sans plus tarder, ils s’en allèrent. Quand ils arrivèrent au cimetière, les lieux étaient déjà bondés. Autour du cercueil blanc, un cercueil tellement minuscule qu’il paraissait incongru, des fleurs blanches s’étalaient. La gorge nouée, les deux époux avancèrent jusqu’à faire face aux deux parents et attendirent leur réaction.  

 

- Bonjour., les salua Will, les yeux rougis par les larmes, venant les étreindre brièvement.  

 

Il leur présenta rapidement ses parents avant de se tourner vers Maya qui fixait d’un regard brillant le ventre de sa belle-sœur. Kaori sentit la tension monter en elle et tout ce qui l’empêcha de faire demi-tour et fuir fut la main de Ryo posée dans son dos. La dernière chose qu’elle voulait, c’était de faire mal à quelqu’un qu’elle aimait et elle n’avait aucune idée de ce à quoi pensait Maya. Soudain, la jeune mère éplorée avança et se posta devant elle avant de lui prendre les mains des siennes glacées.  

 

- Merci d’être venus., murmura-t-elle avant de se mettre à pleurer.  

 

Instinctivement, Kaori ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras et de la serrer contre elle, sentant les larmes lui monter aux yeux.  

 

- J’aurais aimé connaître Gabriel et le voir jouer avec son cousin ou sa cousine., lui dit-elle.  

- Il sera toujours un membre de la famille., lui assura-t-elle.  

 

Les larmes de Maya redoublèrent mais elle la sentit acquiescer contre elle et croisa le regard reconnaissant et soulagé de Will. Peu après, elles se séparèrent et Maya enlaça brièvement son frère, la cérémonie débutant. Le froid hivernal était descendu sur la ville depuis le début de la semaine et, frissonnant, chacun cherchait un peu de chaleur, surtout en ce moment douloureux où ils disaient adieu à un être qui n’avait pas eu le temps pousser son premier cri sur Terre. Will et Shin avaient enlacé Maya pour la soutenir, Ryo entourait la taille de sa femme d’un bras, son autre main posée sur la sienne au dessus de leur enfant. Les larmes de Maya étaient audibles et fendaient le cœur, celles de la future maman silencieuses mais inquiétaient son mari qui sentait la tension et la douleur émaner de son corps.  

 

Il ne la quitta pas d’une semelle même au moment de passer devant le cercueil descendu dans son rectangle de terre gelée pour jeter une poignée de terre au moment même où les premiers flocons commencèrent à tomber.  

 

- Je crois bien que c’est la première fois que je n’arrive pas à me réjouir de voir la neige tomber., murmura Kaori à travers ses larmes.  

- Ils auraient dû fêter Noël avec leur enfant…, réalisa-t-elle, horrifiée.  

 

Elle n’imaginait même pas ce que ce serait alors qu’elle avait déjà en tête plein d’images en tête pour cet évènement, qu’elle imaginait déjà les cadeaux, les sourires, les rires, les câlins, tout cela effacé d’un coup de balai parce que le destin avait placé une voiture sur leur trajet.  

 

- On va à la voiture., ordonna Ryo, sentant les tremblements des sanglots arriver.  

 

Il ne lui laissa pas le temps d’objecter, croisant seulement le regard de son père qui l’avait entendu et qui acquiesça, et l’entraîna jusqu’au parking, la soulevant à moitié. Il la fit entrer dans le véhicule et se glissa à ses côtés, la reprenant dans ses bras alors que sa peine et ses angoisses éclataient enfin au grand jour. Il ne pouvait pas ne rester qu’un cercueil blanc, pensait-elle.  

 

- Prends ça., lui dit-il, glissant deux comprimés dans sa main et lui tendant une bouteille d’eau.  

- Consignes du médecin en cas de stress intense., lui rappela-t-il.  

 

Bien que difficilement, elle avala les cachets et se laissa de nouveau aller dans ses bras, se calmant au bout d’un très long moment.  

 

- On va rentrer à l’hôtel et tu vas t’allonger. On ira à la réception si tu es en état. Ils comprendront., lui assura Ryo.  

- Je voulais être forte pour eux, ne pas craquer. J’ai été nulle., s’en voulut-elle.  

- Je pense que tu as su trouver les mots, Kaori., objecta-t-il.  

- J’ai pleuré tout du long. J’étais incapable de réfléchir. Je n’ai pensé qu’à nous, Ryo. Ce n’était pas leur nom que je voyais sur la pierre mais le nôtre ! J’ai été nulle et égoïste et insensible., se reprocha-t-elle.  

- Moi aussi, j’ai pensé à cela, Kaori, mais tu leur as donné quelque chose dont ils avaient besoin., lui affirma-t-il d’une voix posée.  

- Tu leur as dit que leur enfant faisait partie de la famille. Cet enfant n’aura pas vécu mais il fait partie de chacun de nous pour toujours et je sais que ce n’étaient pas des paroles en l’air, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle l’observa un moment en silence, ses paroles s’insinuant dans son esprit embrouillé, ses sanglots s’apaisant.  

 

- Non, ce n’étaient pas des paroles en l’air., confirma-t-elle.  

- Ca, c’était important pour eux. Ca l’était pour moi aussi., lui assura-t-il.  

- Maintenant, il y a d’autres choses importantes : c’est de ne plus avoir de mauvaises nouvelles, de limiter les risques. J’ai ma part à faire mais tu as la tienne aussi., lui fit-il savoir, glissant une main sur son ventre.  

 

Elle se retourna pour s’adosser contre son torse, sa main se remettant sur l’arrondi, et regarda son pouce aller et venir doucement. Le bébé qui s’était comme tenu en retrait vint se coller sous la paume de son père.  

 

- Je vais prendre soin de moi, de nous., murmura-t-elle, posant la main sur la sienne.  

 

Elle sentit son soulagement puis ses lèvres se poser sur ses cheveux.  

 

- Merci., souffla-t-il, reconnaissant.  

 

Elle ne répondit rien, se concentrant sur les mouvements de leur enfant qui confortaient sa décision.  

 

Les deux jours qui suivirent passèrent rapidement entre visites à Maya et Will, de Sayuri et les moments de repos que le couple s’accordait. La semaine avait cependant été si intense qu’il leur semblait qu’une éternité s’était passée quand ils retrouvèrent Miki, Hime et Umibozu à l’aéroport.  

 

- Shin ne rentre pas avec nous ?, s’étonna Miki.  

- Non, il reste encore un peu ici avec Maya., répondit Ryo, forçant Kaori à s’asseoir et rangeant son sac dans le compartiment prévu.  

- On décolle dans une demi-heure., les prévint la pilote, les laissant.  

- La semaine s’est bien passée ?, demanda le dirigeant à son ami quand ils furent installés.  

- Bien. Et la vôtre ?, lui retourna-t-il.  

- Intense, exténuante, riche en émotions mais elle s’est surtout mieux finie qu’elle n’avait commencé., admit son ami, caressant la main de sa femme.  

- Tant mieux… Ca m’aurait embêté de devoir expliquer comment tu avais pu sortir de l’avion à dix mille mètres d’altitude…, grommela le géant.  

 

Ryo entendit Kaori ricaner doucement, ce qui lui fit beaucoup de bien.  

 

- Eh !, s’offusqua-t-il.  

- Pourquoi moi et pas elle ?, lui demanda-t-il.  

- Miki risque moins de me taper dessus., répondit Umibozu, haussant les épaules.  

- Je suis un incompris., bouda Ryo.  

 

Pour toute réponse, il sentit cinq doigts se glisser entre les siens avant que des lèvres se posent dessus. Il tourna le regard vers la propriétaire desdites lèvres et croisa son regard chaud et aimant même s’il lisait encore de l’inquiétude et de la tristesse dedans. C’était leur essence même. Ils avaient traversé des turbulences, avaient flanché mais ils s’étaient relevés pour reprendre leur chemin. 

 


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