Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 91 :: Chapitre 91

Publiée: 04-05-21 - Mise à jour: 04-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^. A jeudi pour la suite.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 91  

 

- Regardez qui est de retour…, plaisanta Miki, voyant la porte s’ouvrir sur le couple de jeunes mariés.  

 

Cinq paires d’yeux supplémentaires se tournèrent vers eux, visiblement aussi heureux de les revoir qu’ils l’étaient. Ils avancèrent dans la salle et les rejoignirent au comptoir.  

 

- Ca pousse., fit remarquer Hide en enlaçant sa petite sœur dont la robe épousait les lignes de son corps.  

- Oui. Ca fait bizarre d’avoir du ventre., rit-elle, amusée.  

- Félicitations pour le bébé., lui retourna-t-elle, émue de la nouvelle dont son frère lui avait fait part la semaine précédente par SMS.  

- Merci. Alors ce voyage de noces ?, les interrogea-t-il.  

 

Les deux mariés se regardèrent, complices, avant de s’asseoir après avoir dit bonjour à tout le monde.  

 

- C’était reposant., déclara Kaori, acceptant le jus d’orange que Miki lui tendit.  

- Reposant ?, s’étonna Mick.  

- Tu te fais vieux ou on a oublié de t’expliquer le concept du voyage de noces ?, demanda-t-il à son ami, lui filant un coup de coude dans les côtes.  

- Je n’ai pas pour habitude de me vanter de mes prouesses sexuelles., répliqua Ryo d’un ton pince-sans-rire.  

- Je suis sûr que, si je pose la question à Hide ou Umi, ils n’utiliseront pas le terme reposant., affirma l’américain.  

- Educatif., concéda Falcon avec un sourire amusé.  

 

Kaori vit son amie rougir légèrement, un sourire satisfait aux lèvres, et se douta que l’apprentissage n’avait pas été qu’innocent.  

 

- Educatif ? Que ne faut-il pas entendre… Et toi, Hide ? J’espère que tu as mieux à proposer., fit Mick, exaspéré.  

- Pragmatique…, proposa l’inspecteur, se souvenant de l’appétance de sa chère et tendre à tester certaines situations comme elles se présentaient.  

- Réflexive aussi., suggéra Saeko sur le même train de pensées.  

 

Avec un soupçon d’imagination, on était capable de beaucoup de choses, se rappela-t-elle.  

 

- Ne les écoute pas, Kazue. Il y a tromperie sur la marchandise, erreur de concept., s’insurgea l’américain.  

- Ou tout simplement de la pudeur. Arrête de faire l’imbécile et dis-leur simplement qu’ils t’ont manqué., lui opposa-t-elle.  

- C’est vrai. Ce n’était pas pareil sans vous. Je n’avais pas le loisir d’aller embêter mon pote préféré., geignit Mick.  

- Tu sais que je ne te paye pas à m’embêter mais à travailler ?, lui fit savoir Ryo, un sourcil levé.  

- Je ne suis pas ton amuseur privé ?, s’enquit son ami innocemment.  

- Ca, c’était avant. Aujourd’hui, tu as un vrai travail avec de vraies responsabilités., lui rappela son patron, lui tapotant l’épaule.  

- J’ai confiance en toi, tu seras grand un jour., ironisa-t-il.  

- Tu ne devrais pas prendre les choses si au sérieux. C’est mauvais pour le cœur., lui renvoya l’américain, continuant à taquiner son ami.  

 

Ryo lui sourit en enlaçant sa femme et posant une main sur son ventre.  

 

- Ne t’inquiète pas pour mon cœur, il est entre de bonnes mains et je n’ai jamais été aussi léger de toute ma vie., admit-il sans aucune gêne devant tous, tirant un sourire attendri de Kaori.  

- Je vais chercher Hime., fit Miki, entendant sa fille se réveiller.  

- Viens., dit-elle à Kaori, la prenant par la main et l’entraînant.  

- Tu ne crois tout de même pas que je vais me contenter d’un « reposant »., lui fit-elle savoir avec un clin d’oeil malicieux.  

- Pourtant, ça l’a été…, répondit Kaori avec un léger sourire.  

- Par rapport à notre voyage d’avril., nuança-t-elle.  

 

Elles entrèrent dans la chambre d’Hime qui s’agitait dans son lit et Miki prit sa fille à bras avant de la poser sur la table à langer et de fermer le babyphone.  

 

- Il n’y a plus que nous deux, elle ne racontera rien., lui affirma la jeune maman.  

- Donc vous avez quand même…, commença-t-elle.  

- Ben… oui, nous ne sommes pas chastes non plus… mais il y a eu bien d’autres choses. Nous nous sommes baladés autour du chalet plusieurs fois par jour., lui apprit Kaori, tendant une couche à son amie.  

- Au chalet où tu étais avec Mick ?, s’étonna cette dernière.  

- Oui, il l’a acheté pour en faire notre résidence secondaire et il l’a fait rénover. C’était une surprise., lui avoua la rouquine encore touchée par ce geste.  

- Il ne t’en avait pas parlé avant ?, lui demanda la barmaid.  

- J’étais d’accord pour qu’il le fasse mais je ne savais pas que c’était déjà fait., répondit la jeune mariée.  

- Et il a bien choisi ? C’est dans tes goûts ?, s’enquit Miki, rhabillant Hime.  

- Oui. C’est peut-être un peu plus dans ses goûts, ce qui n’est pas dérangeant en soi, mais il a fait attention à plein de choses dont on avait parlé pour l’appartement. J’adore ce qu’il a fait., lui confia Kaori, acceptant Hime à bras.  

 

Elle regarda la petite fille qui la contemplait calmement en retour. Elle avait le cœur léger en la tenant, sachant maintenant que son tour viendrait, dans pas si longtemps d’ailleurs, et elle appréciait pleinement ce moment avec celle qu’elle considérait comme une nièce.  

 

- Elle a déjà changé en une semaine. On ne s’en aperçoit pas forcément en la voyant presque tous les jours mais elle a grandi. Elle te ressemble sauf pour les cheveux où elle tire plutôt sur Falcon., plaisanta-t-elle, faisant rire son amie.  

- Oui, pas un poil sur le caillou, la coquine. Et moi, je m’entête à lui mettre des bandanas pour qu’on ne dise pas que c’est un garçon., se moqua Miki d’elle-même.  

- Elle est belle comme un cœur. Elle en fera chavirer plus d’un., affirma Kaori.  

- On a préparé la chambre du bébé là-bas., lui apprit-t-elle.  

- Déjà ? Vous avez pris de l’avance., s’étonna la maman.  

- C’est Ryo. Il voulait que tout soit prêt le plus tôt possible. Ici, on va s’y mettre aussi., répondit la rouquine.  

 

Suivant son amie, elles se dirigèrent vers le café.  

 

- Vous avez le temps, non ? Vous ne voulez pas attendre de savoir si c’est un garçon ou une fille ?, lui demanda Miki.  

- Non. On préfère avoir la surprise., l’informa Kaori.  

 

C’était la décision qui était intervenue dans la semaine, définitive cette fois. La discussion entamée le dimanche s’était achevée ainsi sur ce compromis. Ils prévoiraient des prénoms pour les deux sexes et tout le reste serait neutre. La décision lui convenait. Elle aurait aimé savoir mais, d’un autre côté, elle ne tenait pas à revoir un jour Ryo en mode cocotte minute comme les jours qui avaient suivi son anniversaire et la découverte du livre sur sa famille. Ces trois jours-là avaient été invivables et elle ne voulait pas gâcher sa grossesse et risquer la vie de son enfant pour une broutille.  

 

- C’est un choix. Si ça vous va, vous avez raison mais ça va être l’enfer pour les cadeaux., se plaignit Miki.  

- On a besoin de rien. On est bien entourés, c’est suffisant., objecta Kaori, passant par la porte qu’elle lui tenait ouverte pour rejoindre les autres.  

- Donc vous avez bien profité de votre semaine., reprit Hideyuki à peine les deux jeunes femmes parties.  

- Oui. Ca nous a fait du bien de se retrouver à deux sans projet sur le feu, ayant juste à profiter l’un de l’autre. En plus, l’endroit est sympa., affirma Ryo.  

- Elle a aimé les aménagements que tu as faits ?, lui demanda Mick qui avait été mis dans la boucle.  

- Je crois, oui. Pour la chambre du bébé, j’ai attendu qu’elle soit là., répondit le jeune marié.  

- Vous avez déjà préparé la chambre du bébé là-bas ?, s’étonna Hide.  

 

Il n’était pas le seul à être surpris d’ailleurs, les quatre autres personnes présentes l’étant tout autant.  

 

- Tu as encore six mois pour te retourner., lui fit remarquer Falcon.  

- Je sais mais peu de choses ont été simples pour nous depuis qu’on se connaît alors je prévois… d’autant que ça pourrait s’agiter de nouveau., répliqua le dirigeant, jetant un œil vers la porte par où était partie Kaori avant de sortir un carton emballé dans un sachet plastique et la tendant à Hide.  

 

L’inspecteur, sa femme dans son dos, la prit et la lut à voix haute.  

 

- Tous nos vœux de bonne heur aux nouveaux mariés. Que le bouquet de mariée ne se transforme pas en gerbe mortuaire…  

- Ca fait froid dans le dos., murmura Kazue.  

- Encore un petit malin qui aime les jeux de mots., maugréa Mick, posant une main dans le dos de sa compagne.  

 

L’humeur du dirigeant s’assombrit un peu plus, conforté dans son pressentiment. Il avait essayé de se convaincre que ce ne pouvait qu’être l’oeuvre d’un mauvais plaisantin comme il pouvait en attirer mais ça avait été vain. Il pressentait que c’était plus dangereux que cela et visiblement, ses amis aussi.  

 

- Kaori l’a vue ?, l’interrogea Hide, soucieux.  

- Non et, quelque part, je suis soulagé qu’elle m’ait forcé à commencer les cartes de remerciements là-bas. Je n’aurais pas aimé qu’elle lise cela., admit Ryo, se souvenant de la conversation épique qu’ils avaient eue le lundi.  

- Je me disais qu’on pourrait commencer les cartes de remerciement., avait-elle lancé alors qu’ils déjeunaient.  

- Appelle l’imprimeur., lui avait-il suggéré, ne voyant pas grand intérêt à la chose.  

- Toutes ces personnes se sont déplacées ou nous ont envoyé un petit mot manuscrit. Je refuse d’envoyer un message stéréotypé., lui avait-elle opposé, déterminée.  

- On va y passer des heures…, s’était-il plaint.  

 

Elle l’avait observé avec ce petit regard auquel il ne pouvait jamais dire non et, malgré cela, il avait tenté de résister, rechignant à devoir accomplir une tâche administrative pendant leur voyage de noces.  

 

- Allez, juste une heure par jour et on aura tout bouclé à la fin de la semaine prochaine, peut-être même avant. Il suffit de jeter quelques mots sur une carte et de la mettre dans l’enveloppe avec l’étiquette correspondante. J’enverrai tout ce qu’on aura fait à notre retour à Tokyo., avait-elle argumenté, prenant une petite moue en plus du regard implorant.  

- Je te le revaudrai ?, avait-elle proposé.  

- Comment ?, lui avait-il demandé, soudain un peu plus intéressé.  

- Comme tu voudras. Je suis ta femme., lui avait-elle rétorqué, bravache, les poings sur les hanches comme si elle était prête à tout affronter.  

- Tout ? Intéressant… C’est d’accord., avait-il finalement concédé.  

 

Ils avaient commencé l’après-midi même. Il n’avait pas dû ouvrir dix cartes qu’il était tombé sur cette carte-là, sans nom, sans adresse, typographiée. Il l’avait discrètement mise sur le côté avant de l’emballer précautionneusement à l’abri du regard de sa femme. Dès lors, il n’avait plus rechigné à le faire. Ca réduisait de moitié les risques qu’elle tombe sur ce type de message. Heureusement, ça avait été le seul puisqu’ils avaient fini les remerciements la veille à leur retour et qu’aucun autre n’était apparu.  

 

- Je vais la faire examiner pour voir s’il y a des empreintes. L’enquête se poursuit, Ryo. La date du procès n’est toujours pas fixée parce que les ramifications sont importantes. Je ne suis même pas sûr qu’Alejandro se soit rendu compte que ça allait aussi loin., lui affirma l’inspecteur.  

- Je n’en suis pas si sûr. Il prenait un malin plaisir à se faire passer pour plus idiot qu’il n’était., gronda le dirigeant.  

- C’est le sentiment que j’ai aussi mais je crois qu’il a réussi à toucher des organisations plus grandes, du genre de celles qu’il ne faut pas trop embêter, via certains de ses contacts et ça, je ne pense pas qu’il l’a vu venir., objecta son ami.  

- On ne va pas encore une fois se retrouver dans le collimateur d’une organisation criminelle ?, l’interrogea Ryo, frustré.  

- Je te dirai tout cela quand j’aurai examiné cette petite chose et quand j’en saurai plus., répondit Hide, pressant son épaule.  

 

Ryo ne répondit pas, trop soucieux de savoir sa femme de nouveau la cible de truands. Il ne supporterait jamais qu’il lui arrive quelque chose, ni à elle ni au bébé.  

 

- On va réactiver le protocole de sécurité mis en place avant notre départ., lui promit Mick.  

- Ca veut dire qu’il va falloir que je prévienne Kaori de ce qu’il se passe…, constata le dirigeant, amer.  

 

Quelques semaines de répit, c’était tout ce qu’ils avaient réussi à avoir au final. Y aurait-il un jour où ils seraient enfin tranquilles ?, se demanda-t-il, exaspéré.  

 

- Parfois, je me demande si l’aimer ne reviendrait pas à la laisser partir. Elle ne mérite pas une vie si merdique…, lâcha-t-il sans réfléchir.  

 

Toutes les personnes présentes le regardèrent, interloquées, et il s’en aperçut quand il releva le regard, se rendant compte qu’il avait exprimé tout haut une simple réflexion.  

 

- C’était juste une pensée en l’air, désolé. Je sais que ça ne la rendrait pas heureuse et moi non plus., se reprit-il.  

- Je vais la prévenir et on fera ce qu’il faut., ajouta-t-il.  

- Prévenir qui ?, entendit-il derrière lui.  

 

Il ferma les yeux un court instant, regrettant de devoir lui gâcher ce moment. Il prit une profonde inspiration avant de les rouvrir et de se tourner vers elle.  

 

- Toi., admit-il, approchant et s’arrêtant face à elle.  

 

Elle était juste là devant lui, tenant Hime dans les bras. Elle était belle et sereine et la maternité lui irait tellement bien… Il voulait revoir ce tableau-là dans quelques mois, elle et leur enfant. Il voulait des photos d’eux trois pour afficher partout chez eux, de pouvoir les changer au fil des ans quand leur enfant grandirait, qu’ils vieilliraient, qu’un ou plusieurs autres s’ajouteraient au tableau. Il fallait juste qu’elle soit là.  

 

Comme si elle sentait que la discussion allait être sérieuse, Kaori se tourna vers Miki et lui rendit sa fille, souhaitant la protéger. Carrant les épaules, elle fit de nouveau face à son mari et plongea dans son regard. Elle était prête à affronter ce qui allait suivre.  

 

- Je t’écoute., l’invita-t-elle à continuer d’une voix posée.  

- Assieds-toi… s’il te plaît…, ajouta-t-il, la voyant prête à objecter.  

- Il semblerait qu’on soit de nouveau l’objet de menaces., lui apprit-il quand elle eut pris place.  

- Semblerait… donc ce n’est pas sûr. Tu m’as dit toi-même que quelqu’un dans ta position était toujours potentiellement la cible de méchants., répliqua-t-elle, mimant des guillemets sur le dernier mot.  

- Je ne vois pas ce qui change., conclut-elle, tentant de rester légère.  

 

Malgré ses mots, elle n’était pas sereine. Ryo ne prendrait pas la peine de l’inquiéter si les choses étaient comme toujours. Elle s’attendait donc à la suite et ne fut pas déstabilisée par son regard qui s’assombrit.  

 

- Là, c’est… c’est sérieux, Kaori., lui apprit-il.  

- En quoi c’est plus sérieux que les autres fois ?, argumenta-t-elle.  

 

C’était idiot mais elle refusait de se laisser atteindre sans se battre. Peut-être que ce n’était pas si grave, peut-être qu’il se laissait juste influencer par sa grossesse. Il avait avoué lui-même être plus inquiet depuis qu’il savait. Ryo la regarda, un peu déstabilisé par sa question, peu habitué à ce qu’elle remette en cause ses décisions en matière de sécurité.  

 

- Dans les cartes de vœux, il y en avait une inhabituelle., lui apprit-il, tendant la main vers Hide qui lui redonna le carton.  

- Une carte dont les mots sont menaçants., lui dit-il, la lui donnant.  

 

Kaori prit la carte à contrecœur et la lut, sentant la tension monter de plusieurs crans. Elle resta le regard fixé sur les mots un long moment, n’arrivant pas à croire que, de nouveau, ils allaient être sur des charbons ardents, toujours sur leurs gardes et ne pourraient pas se déplacer comme ils l’entendraient. Serait-ce ainsi toute leur vie ? Est-ce que c’était la vie qu’elle voulait pour son enfant ? Elle étouffa cette pensée dans l’œuf. C’était la vie qu’il aurait parce que c’était ainsi qu’il aurait ses deux parents avec lui pour l’aimer et l’élever en toute sécurité. Elle avait bien réussi à s’adapter à toutes ces précautions en un an, pensa-t-elle, voyant la voiture garée juste devant la vitrine, le garde du corps appuyé dessus surveillant les environs. Il grandirait avec, ce serait sa normalité. Peut-être que ce serait plus facile pour lui…  

 

- D’où vient la menace ?, l’interrogea-t-elle, relevant les yeux vers lui pour lui montrer qu’elle ne craquait pas.  

- Je ne sais pas encore. Hide va chercher les empreintes., lui apprit son mari.  

 

Elle tendit la carte à son frère qui la reprit mais lui adressa un regard surpris quand elle ne la lâcha pas. Leur face-à-face dura quelques instants où elle le sonda, le mettant légèrement mal à l’aise. Comment réagir face à ce regard inquisiteur qu’il voulait continuer à voir léger sans vouloir lui mentir ? Il finit par détourner les yeux et Kaori sut qu’il y avait plus que ce qu’ils voulaient lui dire.  

 

- Si vous voulez ma coopération, je veux la vérité… toute la vérité., leur fit-elle savoir, déterminée.  

- Kaori…, commença Ryo.  

- Ils pourraient s’agir d’organisations criminelles en lien avec Alejandro., l’informa son frère.  

 

Elle lâcha le carton et sa main retomba, attrapée dans sa chute par son mari qui la pressa doucement.  

 

- Je ne le croyais pas si… fourbe, corrompu… Je ne sais pas trop en fait., balbutia-t-elle.  

- Hide pense qu’il n’avait pas prévu cela., lui expliqua Ryo comme si ça pouvait changer quelque chose à la situation.  

- Ca nous fait une belle jambe. Bon, quel est le programme ?, lui demanda-t-elle.  

- On remet en place le dernier système de protection dans la société., lui dit-il, une lueur de culpabilité dans le regard.  

 

Kaori l’observa et s’en voulut à son tour de lui rendre la tâche plus difficile. Elle força un sourire sur ses lèvres et mit en berne ses propres doutes pour alléger la tension.  

 

- Voyons le bon côté des choses. Ca fera moins de passage au dernier étage, donc moins de distraction. Je pourrai finir plus tôt tous les jours ou presque., affirma-t-elle sur le ton de l’humour.  

- Ca ne sera pas plus mal pour ce petit bout et je serai en meilleure forme pour profiter du deuxième trimestre., ajouta-t-elle, adressant un clin d’œil à son mari.  

 

Ryo entendit les autres pouffer de rire à ses côtés mais son regard était fixé sur elle, uniquement elle, qui, malgré les circonstances, malgré le fait de ne pas vouloir de cette situation, faisait front et essayer d’apaiser son tourment. Reconnaissant de cette force qu’elle avait et qui lui faisait un bien fou, il encadra son visage de ses larges mains et posa les lèvres délicatement sur les siennes un instant avant de poser son front sur le sien.  

 

- Je t’aime., murmura-t-il.  

- Ca va aller, Ryo. Tu verras, ça va aller., lui affirma-t-elle, forte de toute la confiance qu’elle avait en leur avenir.  

 

Il se prit à rire quelques secondes de l’ironie de la situation : c’était lui qui voulait se montrer fort pour la protéger et ne pas l’inquiéter et elle qui finissait par chercher à le rassurer.  

 

- Qu’est-ce que tu pourras faire si tu ne trouves pas d’empreinte sur le carton ?, demanda Mick à Hide.  

- Pas grand-chose malheureusement. Je ferai analyser la typo des lettres pour voir si on a une équivalence avec une autre affaire mais j’ai peu d’espoir. A le voir, il s’agit d’un papier normal, d’encre et d’une typo standard et je pense que, si on a à faire à des professionnels, il n’y aura aucune trace. Après, il faudrait voir les vidéos du mariage pour trouver celui qui a pu le déposer. Va savoir si c’était dans un bouquet ou dans l’urne prévue…, soupira l’inspecteur.  

- Ca ne laisserait plus que la piste de mon frère mais je doute qu’il ait envie de vous aider à vous trouver celui qui serait après nous… si c’est lié à son affaire., pipa le dirigeant.  

- Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il n’y a rien qui est remonté de la rue en votre absence., intervint Falcon.  

- Tu as toujours les oreilles qui traînent ?, plaisanta Hide.  

- C’est toujours bon de travailler ses sens., répliqua le géant avec un petit sourire.  

- Tu veux rentrer ?, demanda Ryo à sa femme.  

 

La journée avait été longue : de nombreux messages et rapports les attendaient pour leur retour au bureau même s’il n’y avait rien eu d’exceptionnel en leur absence. Ca avait été une semaine chargée mais normale…  

 

- Non sauf si tu le veux. On est en famille dans un lieu sécurisé. Profitons-en encore un peu., lui suggéra-t-elle.  

- Rien ne t’oblige à te montrer forte. Tu as le droit de hurler et de m’en vouloir., lui dit-il, ne voulant pas la voir intérioriser des sentiments néfastes.  

- Je n’en vois pas l’utilité. Ca ne me réjouit pas mais on est déjà passés par là., répondit-elle, magnanime.  

- On a d’autres choses à penser. Hime est une petite fille en pleine forme, Saeko est enceinte, Kazue supporte encore Mick…, ajouta-t-elle.  

- Comment ça, elle me supporte ?, s’insurgea l’américain.  

- Elle ne peut plus se passer de moi. Elle est folle de moi., se vanta-t-il.  

- Ah ça, pour me rendre folle, tu me rend folle par moments…, pesta Kazue.  

- Oui mais tu m’aimes quand même. Tu aimes mon petit grain de folie, darling…, lui susurra-t-il, l’enlaçant avant de l’embrasser.  

 

Kaori les regarda faire en souriant. Elle se tourna vers Miki qui donnait le biberon à Hime sous le regard attentif de son mari, présence imposante mais souvent très discrète, avant d’observer Hide et Saeko qui échangeaient quelques mots à voix basse. Elle observa tout ce monde et se demanda si là encore, ils risquaient d’être impactés par ceux qui étaient après eux. Elle s’en voudrait si l’un d’eux était blessé et se dit que c’était peut-être égoïste de sa part de vouloir continuer comme si de rien n’était. Elle ne savait plus ce qui était bien ou pas, peut-être simplement à cause de la fatigue qui montait.  

 

- Finalement, je voudrais bien rentrer. Je fatigue., avoua-t-elle.  

 

Sans un mot, Ryo lui offrit son bras et ils laissèrent le groupe, rejoignant la voiture. Le trajet d’à peine quelques minutes se fit dans le silence, le seul lien entre eux étant leurs mains jointes. Arrivée à l’appartement, Kaori ne s’attarda pas et grimpa sur le toit. Elle avait besoin d’être seule, de faire le vide dans son esprit face à cette nouvelle donne. Elle s’appuya à la rambarde et observa la ville se parer de ses lumières artificielles. Elle les avait déjà observées de nombreuses fois auparavant mais aujourd’hui, elles ne lui apportaient pas le même réconfort et elle se laissa glisser vers d’autres souvenirs plus récents, plus réconfortants.  

 

- Que fais-tu ?  

 

Elle sourit en revoyant Ryo sortir une couette, des oreillers et des couvertures d’un placard.  

 

- J’ai envie de camper cette nuit et je veux camper là, devant le feu., lui avait-il appris.  

- Mais pourquoi ? Le lit est plus confortable., s’était-elle étonnée.  

- Parce que… j’en ai envie et ma femme a dit que cette semaine était faite pour faire ce qu’on avait envie de faire., lui avait-il répondu.  

- Et toi, tu as envie de dormir devant la cheminée ?, le questionna-t-elle.  

- Oui. Tu me suis ?, l’avait-il interrogée.  

- Comme si j’avais envie de dormir seule…, avait-elle répondu.  

- Tu devrais enlever tes vêtements. Ils sont encore humides de notre balade., lui avait-il suggéré, attisant le feu.  

 

Elle se souvenait avoir ri à ce moment-là, non pas tant à ses paroles qu’au regard qu’il lui avait lancé, chaud, gourmand, suggestif et ça l’avait réchauffée plus que n’importe quelle couverture.  

 

- Tu as raison., avait-elle dit, enlevant ses chaussures.  

 

Elle avait retiré sa veste mais n’avait vu que son dos alors qu’il allait chercher plus de coussins. Elle avait ôté son pull et le lui avait jeté à la figure quand il revenait. Surpris, il avait lâché les oreillers et gardé le vêtement en main avant de la regarder. Elle avait alors passé son tee-shirt au dessus de sa tête en le regardant droit dans les yeux. Son regard avait brillé de gourmandise.  

 

- Dommage qu’on n’ait pas de musique…, avait-il murmuré, la regardant faire glisser ses mains le long de son corps, jouant avec l’élastique de son soutien-gorge ou de son pantalon.  

- Il suffit de l’imaginer., lui avait-elle suggéré, laissant tomber une bretelle de son épaule.  

 

Le jeu avait continué un long moment et elle avait fini en petite culotte devant lui, le déshabillant au rythme d’une musique qu’elle lui fredonnait, perdant sa dernière barrière textile face à l’invasion de ses doigts. Ils s’étaient aimés devant le feu de la cheminée, tout en douceur avant de s’endormir, repus. La nuit avait été rythmée par leurs moments d’éveil, ponctués de discussion ou de silence complice, leurs échanges charnels et ceux où ils dormaient, sentant la chaleur confortable du feu les entourer, le bois crépitant dans l’âtre.  

 

Elle aurait aimé pouvoir retourner une semaine en arrière et retrouver cette insouciance dans laquelle ils avaient baigné pendant quelques jours où ils avaient juste pu être deux jeunes gens amoureux, deux futurs parents se projetant dans l’avenir, un avenir serein à trois, aménageant la chambre de leur bébé, se baladant main dans la main, profitant de la vie tout simplement.  

 

- Je suis désolé., entendit-elle derrière elle, juste avant que deux mains ne glissent autour de sa taille, se posant sur son ventre.  

- Tu n’as pas à l’être. Tu n’es pas responsable des agissements des autres., lui retourna-t-elle.  

- Je sais mais j’aurais voulu t’épargner cela… parce que vraisemblablement, c’est encore une fois toi qui seras la cible., lui dit-il.  

- Pourquoi moi plus que toi ?, lui demanda-t-elle.  

- Je ne sais pas. Je suppose qu’ils veulent faire pression pour que je retire ma plainte. Seulement, ça ne changera rien. C’est allé beaucoup trop loin maintenant et, même si je retire ma plainte, ça n’arrêtera pas l’enquête., soupira-t-il.  

- Néanmoins, si tu me le demandes, je la retirerai., lui apprit-il.  

- Non, je ne veux pas. Je veux qu’on continue. Il nous a fait trop de mal., lui opposa-t-elle, pressant ses mains.  

 

Elle sentit qu’il se pressait un peu plus contre elle et posa la tête contre son épaule.  

 

- J’ai confiance en toi, en nous et en l’avenir. Tout ira bien. Alors s’il faut faire plus attention quelques temps, je le ferai. Je supporterai tout cela et toutes les mesures qu’il faudra prendre pour toi, pour notre enfant, pour nous., lui affirma-t-elle.  

- Et vois le côté positif : maintenant, je sais à quoi ressemble le bruit d’un hélicoptère et le Renard d’Argent n’est plus…, plaisanta-t-elle.  

- Quand tu auras accouché et qu’il n’y aura plus de vilain à nos trousses, je t’enverrai danser en boîte de nuit, faire la fête avec tes amis comme ce que tu aurais dû faire si tu avais eu une vie normale d’une jeune femme de ton âge., lui promit-il, déposant un baiser sur sa tempe.  

- Tu sais ce que je ferai actuellement si on n’était pas ensemble ? Je ferai la cuisine dans mon petit appartement en attendant le retour d’Hide, s’il était encore chez nous. Sinon je dînerai dans mon canapé devant la télévision et peut-être que j’aurais un poisson rouge qui tournerait en rond dans son bocal comme moi dans ma vie., lui opposa-t-elle, se tournant dans ses bras.  

- Alors, oui, avoir une épée de Damoclès au dessus de nos têtes n’est pas l’idéal mais je ne regrette en rien d’être ici avec toi plutôt que dans ma vie normale sans aucun danger. Ici, je me sens entourée et aimée. Ici, on est ensemble et c’est tout ce qui compte., lui assura-t-elle.  

 

Il l’observa un moment puis acquiesça, ne pouvant s’empêcher de sourire face à l’obstination de sa rouquine.  

 

- Je ne sais quoi te répondre., admit-il.  

- Dis-moi simplement que tu as préparé à dîner parce que j’ai faim., lui apprit-elle, le regard pétillant.  

- Oui, c’est prêt. Ca n’attend plus que nous., lui répondit-il, remettant une mèche derrière son oreille.  

- Ca va aller ?, s’enquit-il doucement.  

- Ca va aller., lui affirma-t-elle.  

- Sauf si tu ne me nourris pas très vite. J’ai besoin de force, tu sais. Demain, j’entre dans mon deuxième trimestre et tu sais ce qu’on dit…, lui suggéra-t-elle, le regard pétillant.  

- J’en ai entendu parler., avoua-t-il, un sourire se dessinant sur ses lèvres.  

- Je me sens d’humeur câline., lui annonça-t-elle.  

- Je m’efforcerai d’être à la hauteur., lui promit-il, lui volant un baiser.  

 

Ils regagnèrent l’appartement et passèrent une agréable soirée saupoudrée de tendresse et d’insouciance, sentiment qu’ils pouvaient éprouver à l’abri des murs qui les entouraient. 

 


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