Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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C'est le nom du site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 93 :: Chapitre 93

Publiée: 07-05-21 - Mise à jour: 07-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 93  

 

- Rien ne t’oblige à y aller.  

 

Ryo se tourna vers Hideyuki à ses côtés et l’observa un moment avant de faire face à la grille. Derrière ce premier barrage, se dressait un bâtiment gris, imposant, un bâtiment qu’il avait déjà vu en passant au loin. Jamais il n’avait imaginé le voir de si près, encore moins y pénétrer.  

 

- Il le faut. Il veut me parler et, si ça peut aider pour l’enquête, ça ne me coûte pas grand-chose et ça peut mettre ma famille à l’abri., répondit-il.  

- D’accord. Je vais rester avec toi pendant tout l’entretien quoiqu’il dise… sauf si tu ne veux pas de moi à tes côtés., suggéra son beau-frère.  

- Je n’ai rien à cacher… même plus que j’ai une histoire avec ta sœur et que je lui ai fait un bébé., plaisanta Ryo, histoire de détendre l’atmosphère.  

- Très drôle. J’en ai déjà vu beaucoup plus que je n’aurais voulu vous concernant., maugréa Hide, se souvenant de ce soir où il les avait surpris presque nus, la main sur l’intimité de l’autre, et une autre fois dans la douche.  

- Tu te souviendras de frapper avant d’entrer…, répliqua le dirigeant, hilare, avant de se calmer.  

- Bon, si on y allait ? On a une sortie prévue avec Kaori ce soir., ajouta-t-il.  

 

Hide acquiesça et ils entrèrent dans l’enceinte du prison. L’inspecteur présenta sa carte de police et le permis de visite de Ryo et ils laissèrent tous deux les objets interdits à l’intérieur dans une caisse à l’entrée avant de se diriger par le parloir.  

 

- Ca fait froid dans le dos. C’est encore pire que ce que je pensais., murmura Ryo, observant les murs en béton peints, les caméras de vidéosurveillance qui jalonnaient tout leur parcours, s’arrêtant devant la troisième grille qui s’ouvrit devant eux, déverrouillée par le gardien armé qui la surveillait.  

- Pourtant, je peux t’affirmer que les conditions se sont nettement améliorées au fil du temps., lui affirma Hide.  

- J’ai l’impression qu’on surveille le moindre de mes mouvements. C’est assez déroutant. Je comprends enfin ce que ressentait Kaori à l’appartement., admit le dirigeant, jetant un regard noir à la quinzième, seizième peut-être, caméra qu’ils croisaient.  

- Tu as fait le nécessaire et, aujourd’hui, elle est bien. Quant à toi, tu n’auras jamais plus à revenir ici, alors prends juste ton mal en patience., lui conseilla son ami.  

- On y est. Il n’y aura que nous trois. Le gardien restera à l’extérieur de la pièce., lui apprit-il, faisant signe à l’homme qui ouvrit la porte.  

 

Ils pénétrèrent dans la salle encore vide et Ryo observa de nouveau les lieux.  

 

- J’imagine bien les commentaires de Kaori sur l’endroit., pipa-t-il, cachant sa tension derrière une boutade.  

- Laisse-moi essayer : froid, impersonnel…, commença Hideyuki, moqueur.  

- Austère… Pour le coup, elle aurait raison. Je crois que la seule chose qu’elle approuverait serait le coût du mobilier., répliqua Ryo, avisant la table et les chaises très basiques.  

- Je pense aussi., affirma l’inspecteur.  

- Asseyons-nous. Il ne devrait pas tarder., lui proposa-t-il.  

 

Comme pour appuyer ses dires, on toqua à la porte juste avant de l’ouvrir. Alejandro apparut, suivi d’un gardien qui le fit asseoir sur la chaise qui faisait face à la porte. Les trois hommes s’observèrent un long moment en silence, surtout les deux frères qui s’affrontèrent du regard.  

 

- Ca fait plaisir que tu ais pris un peu de temps pour venir rendre visite à ton grand frère, Ryo., finit par dire Alejandro avec un sourire ironique.  

- Il paraît que tu as des choses à me dire alors je t’écoute., répliqua simplement le dirigeant.  

- Je crois que je vais commencer par les convenances. Les félicitations semblent d’actualités. J’ai vu que tu t’étais marié avec Kaori. Vous allez même avoir un enfant. Quel grand changement dans ta vie… Tu t’es senti obligé de lui passer la bague au doigt ou on a dû aller jusqu’à te contraindre ?, lui demanda son aîné, fixant son regard sur Hideyuki.  

- Je n’ai aucune obligation de me justifier devant toi. Tu devrais savoir depuis le temps que personne ne m’oblige à quoi que ce soit., répondit Ryo calmement.  

- Si c’est tout ce que tu avais à me dire, tu aurais simplement pu m’écrire., ajouta-t-il d’un ton neutre.  

- Toujours dans la maîtrise, Ryo… Y a-t-il des moments où tu lâches prise ? J’espère que tu sais te montrer passionné avec elle parce qu’avec une tigresse comme elle, il le faut. Je me souviens de ses baisers. J’en frissonne encore., lui affirma Alejandro, posant un regard moqueur sur son frère.  

- Dois-je te faire part de la fougue de ce jeune corps pressé contre le mien, de la fermeté de sa poitrine, de la rondeur de ses fesses… Ah, j’en rêve encore. Ca m’aide à lutter contre la fraîcheur des cellules nippones., soupira le sud-américain, rêveur.  

 

Hideyuki observa discrètement son ami. Ryo était visiblement impassible mais il le vit serrer son poing sous la table, signe qu’il faisait tout pour maîtriser sa colère.  

 

- Cette conversation ne mène visiblement à rien. Viens Ryo., fit-il, repoussant sa chaise.  

 

Le dirigeant ne se fit pas prier et imita son ami. Il n’avait pas peur d’affronter son frère mais ils n’étaient pas là juste pour savoir lequel d’eux deux était le plus fort. Ils voulaient obtenir des informations et, dans ce domaine-là, c’était Hideyuki qui menait la danse.  

 

- Non, attendez., intervint Alejandro, contrarié.  

- J’ai d’autres choses à dire mais ce ne sera pas gratuit., lui apprit-il, lui lançant un regard perçant.  

- Si tu comptes que je retire ma plainte, je ne le ferai pas., répliqua Ryo.  

- Je m’en doute. Shin me l’a déjà dit., admit son aîné, semblant s’en amuser.  

 

Ryo l’observa un moment, se demandant ce qu’il attendait de lui, ce qu’il avait à offrir. Alejandro le fixait du regard en retour, attendant certainement qu’il fasse le premier pas mais il ne le fit pas. Il ne se sentait aucunement en position d’obligé.  

 

- Les bruits courent ici, tu sais. J’ai appris que vous aviez reçu des menaces., l’informa son aîné, décidant que l’attente avait trop duré.  

- Nous ne sommes finalement pas si loin du monde extérieur., se moqua-t-il.  

- Tu dois avoir peur pour ta femme et ton enfant, ton fils peut-être, celui qui pourrait prendre la tête de la société. Il tombe à point celui-là d’ailleurs. Tu n’as plus à te préoccuper du sort de la compagnie Saeba, juste à éduquer ce petit pour qu’il devienne un parfait dirigeant de multinationale., affirma Alejandro.  

 

Le futur père serra les dents à cette assertion mais ne s’emporta pas. Il ne pouvait pas laisser son aîné avoir une emprise sur lui.  

 

- Je ne vois pas ce que tu peux nous apprendre en parlant de cela., fit Ryo, se dirigeant vers la porte.  

- J’ai peut-être des pistes à vous offrir pour arrêter ceux qui sont derrière tout cela., suggéra le prisonnier alors qu’il posait la main sur la porte.  

- Si, comme je l’ai appris, ce serait une de mes relations qui mettrait en danger ma belle-sœur et mon neveu, je pourrais certainement faire un effort pour me souvenir de tous ceux avec qui j’ai traité. C’est important la famille. Il faut savoir se serrer les coudes., laissa échapper Alejandro, un petit sourire satisfait aux lèvres.  

- Qu’est-ce qui te dit que nous n’avons pas déjà tous les noms de tes partenaires ?, répliqua le dirigeant, se retenant d’aller l’attraper par le col et de le secouer voire même de lui mettre son poing dans la figure pour lui retirer son petit air du visage.  

- Je suis sûr que vous ne les avez pas tous et je suis sûr que ceux qui sont après vous se cachent derrière l’un des noms que vous n’avez pas., lui affirma tranquillement le sud-américain.  

 

Ryo n’avait franchement pas envie de collaborer avec Alejandro. Même vaincu, celui-ci gardait sa morgue et son envie de se mesurer à lui. Lui n’avait cependant pas cette velléité. Il voulait juste oublier son existence. Néanmoins, il devait penser à Kaori et leur enfant, Kaori qui devait s’inquiéter de cette entrevue, se demander comment ça se passait. Il n’en avait déjà pas dormi de la nuit, s’interrogeant sur le bien-fondé de sa décision. Il s’était abreuvé de l’image de son visage serein et confiant, de la sensation de son corps abandonné contre le sien pour trouver la force de venir. Il devait puiser dans tout cela et dans l’espoir que cette entrevue pouvait peut-être mettre à l’abri les deux personnes les plus importantes de toute sa vie.  

 

- Je suppose que tout cela ne sera pas gratuit ?, pipa Ryo, toujours debout près de la porte.  

- Que voulez-vous en échange ?, insista Hideyuki.  

 

Il pouvait réintervenir maintenant qu’une négociation pouvait se mettre en place. Alejandro était pris dans les mailles et il n’en réchapperait pas. Même si Ryo se désistait de sa plainte, l’affaire était entre les mains du ministère public et il serait jugé quoiqu’il arrive, lui et tous ceux qui avaient déjà été arrêtés. Maintenant, s’il avait encore du monde à leur apporter, dont ceux qui menaçaient sa sœur, il ne cracherait pas dans la soupe et pourrait certainement obtenir quelques années de réduction de peine pour l’information.  

 

- Je ne vais pas demander grand-chose. C’est la famille…, répéta Alejandro, prenant un air affecté.  

- Que veux-tu ?, insista Ryo, s’agaçant de ses airs.  

- Venez vous asseoir, messieurs. Entre personnes de bonne composition, nous pouvons discuter assis, non ?, leur suggéra-t-il, reprenant les rênes du jeu.  

 

Les deux amis se concertèrent du regard et revinrent s’asseoir, attendant patiemment qu’il se lance.  

 

- La famille… C’est important la famille, n’est-ce pas Ryo ?, lui demanda son aîné, lui jetant un regard.  

 

Ryo ne répondit pas et attendit. Il refusait toujours d’entrer dans son jeu. Malgré le silence obstiné de son cadet, Alejandro ne se démonta pas.  

 

- Tu ne réponds pas ? Pourquoi ? Tu as peur d’avouer que tu t’en fous face au frère de ton épouse ou que tu avais tort et de paraître trop faible, moins dirigeant intouchable et intransigeant ?, continua-t-il.  

- Tu prends toujours autant de plaisir à t’entendre parler…, constata Ryo d’un ton ennuyé.  

- Et toi à éviter les sujets qui fâchent…, lui retourna Alejandro.  

- Je ne parle de sujet personnel qu’avec les personnes de confiance…, répondit son cadet.  

- Cette journaliste du Weekly News fait donc partie des personnes de confiance ? Très bel article d’ailleurs… Très bonne idée de rétablir la vérité sur votre conte de fées et de ne pas faire passer ce mariage comme la simple résultante d’un accident de parcours., le félicita le prisonnier.  

- Un accident de parcours qui tombait à point, non ? Tu féliciteras ma belle-sœur. Elle a très finement joué son coup… si je peux me permettre puisque c’est toi qui le lui as mis. Es-tu au moins sûr qu’il est de toi et de non du blondinet qui la reluquait ? Ils sont partis ensemble, il me semble., le nargua Alejandro.  

 

Ryo sentit la fureur flamber dans ses veines. Non seulement il leur avait pourri la vie pendant des mois mais encore aujourd’hui, il se permettait d’insulter sa femme et d’émettre des doutes sur sa fidélité. C’en était trop. Hideyuki dut sentir son mouvement pour se lever et l’en empêcha. Il ne le regarda même pas ni pour savoir ce qu’il pensait ni pour l’invectiver, se rendant compte que c’était exactement ce que recherchait son frère : qu’il se fâche.  

 

- Si tout ce que tu as à me proposer, c’est d’insulter tout ce qui me touche, continue, je t’en prie, mais tu n’as pas besoin de moi pour le faire. Tu n’as qu’à tout mettre par écrit si tu tiens absolument à ce que je le sache. Moi, je m’en vais. C’est une liberté que j’ai., répliqua Ryo d’une voix calme.  

- Va et ne te retourne point…, se moqua Alejandro.  

- Sauf si tu tiens à sauver la belle et l’enfant… Tu m’enverras une photo à sa naissance que je vérifie ma théorie., lui demanda-t-il, moqueur.  

- Certainement pas. On t’enverra la photo d’un arbre. Ca te sera certainement plus utile puisque tu vas finir tes jours entre quatre murs. J’irai peut-être jusqu’à t’offrir un livre de Feng-shui., ironisa le dirigeant.  

- Il y a de très mauvaises vibrations ici., constata-t-il.  

- C’est ton karma qui se rappelle à toi., répliqua le sud-américain.  

- Ou le tien qui m’irrite. Ce qui se rappelle à moi, c’est l’heure qui tourne. J’ai donné assez de temps pour cette petite plaisanterie., affirma le japonais, se levant.  

- Bonne fin d’après-midi et au plaisir de te revoir lors de ton procès., le salua-t-il, se dirigeant vers la porte, suivi par Hideyuki.  

 

Il ne se mettrait pas à genoux devant Alejandro. Il se le refusait. Rien ne pouvait lui certifier qu’il détenait vraiment les informations nécessaires pour mettre Kaori à l’abri et il avait plus le sentiment que son frère se jouait de la situation pour l’humilier à nouveau.  

 

- Ok, soyons sérieux. Venons-en aux faits., annonça Alejandro, se montrant plus sérieux.  

- J’ai vraiment de nouveaux noms à vous donner qui peuvent vous intéresser., affirma-t-il.  

 

Les deux hommes se retournèrent vers lui et l’observèrent, dubitatifs.  

 

- Que veux-tu en échange ?, lui demanda Ryo.  

- Si ce que je vous donne vous permet de trouver ceux qui en veulent à ta femme, je veux que tu donnes ton accord pour que l’administration accepte ma demande pour effectuer ma peine dans mon pays, près des miens., fit son aîné, se montrant très posé.  

- Qui te dit que je le ferai même si c’est probant ?, lui retourna le cadet.  

- Donne-moi juste ta parole. Je suis sûr que tu la tiendras. Tu ne remettras pas en cause ton honneur pour une demande si inoffensive. Je veux juste me rapprocher de ma famille. Ma mère est âgée. Je veux pouvoir être là pour ses dernières années., plaida le sud-américain.  

- Tu aurais peut-être dû y penser avant de te lancer dans ton entreprise de destruction., lui fit remarquer le japonais.  

 

Alejandro ricana ironiquement en le fixant du regard.  

 

- Me dit celui qui a fait souffrir la femme qu’il aimait pendant des mois., répliqua-t-il.  

- Je te donne ma parole. Si ça porte ses fruits, je donnerai mon accord., affirma Ryo, préférant ne pas répondre à sa dernière pique.  

- Maintenant, c’est à l’inspecteur que tu t’adresses., lui apprit-il, se laissant aller contre son dossier, se mettant en retrait.  

 

Pendant une heure, Alejandro désigna nommément toutes les personnes avec qui il avait été en contact et à qui il avait donné des informations. Ryo ne réagit à aucune des piques qu’il lui lança pendant ce temps ni aux noms qu’il entendit, des concurrents plus ou moins directs, au Japon ou même à l’étranger.  

 

- Voilà, je vous ai tout dit. Je compte sur ton sens de l’honneur pour tenir ta parole., le relança Alejandro.  

- Je t’ai fait une promesse et j’ai pour habitude de tenir mes promesses., répliqua Ryo.  

- Très bien. Nous avons un deal alors., acquiesça le sud-américain.  

- Effectivement. Nous en avons terminé. Au revoir, Alejandro., le salua le dirigeant, se levant.  

- Tu embrasseras Kaori de ma part. Dis-lui que je rêve d’elle toutes les nuits., lui lança son aîné.  

- Demande-lui si elle pense des fois à moi quand elle t’embrasse ou que tu la baises., ajouta-t-il avec un petit sourire mauvais.  

 

Hide frappa à la porte tout en maintenant Ryo, craignant une mauvaise réaction de sa part. Sentir la main de son ami sur son bras canalisa la fureur que le dirigeant ressentit de plein fouet à ces mots. Le gardien rentra et l’inspecteur lui fit signe d’emmener le détenu. En moins d’une minute, Alejandro était loin de là et il put relâcher son beau-frère.  

 

- Viens, on sort d’ici., lui proposa-t-il, l’entraînant dans les couloirs qu’ils avaient foulé près de deux heures plus tôt.  

 

Ils récupérèrent leurs affaires à l’entrée et retrouvèrent l’air frais extérieur. Ryo eut l’impression de respirer de nouveau en sentant le vent frais sur son visage. Cet enfermement, même si temporaire, avait été particulièrement pénible. Supporter Alejandro, son ironie, sa perfidie avait été difficile mais il avait promis à Kaori de ne pas s’abaisser à son niveau.  

 

- Tu pourras rassurer ta sœur sur le fait que je n’ai pas refait le portrait de cette ordure., lâcha Ryo, se dirigeant vers le parking.  

- Il te suffira de lui dire. Elle a confiance en toi. Tu as bien fait de ne pas agir sur tes pulsions., affirma Hideyuki dont le poing l’avait démangé à plusieurs reprises également.  

- J’avais un bon ange-gardien avec moi., apprécia son beau-frère, conscient de ces moments où il l’avait calmé.  

- Je ne crois pas me tromper en disant qu’il y avait quelques noms nouveaux dans sa liste., pipa-t-il.  

- Effectivement. Je vais étudier tout cela en rentrant au bureau. Où allez-vous ce soir ?, l’interrogea l’inspecteur.  

- Première à l’opéra. Une première pour Kaori. J’espère qu’elle appréciera., pipa Ryo.  

- Tant qu’elle est avec toi, ça ira., lui assura Hide, déverrouillant la voiture.  

- Tiens, conduis, ça te changera un coup., lui suggéra-t-il, lui lançant les clefs.  

 

Ryo ne se fit pas prier pour prendre le volant. C’était un plaisir qu’il déléguait depuis qu’il avait pris la direction pour des raisons pratiques, recevant trop d’appels téléphoniques en dehors des heures de bureau et très souvent sur le trajet, et de sécurité. Il les engagea dans la circulation et prit la direction de son immeuble.  

 

- Il y a quelque chose dont je voulais te parler. C’est un peu délicat mais j’espère que tu comprendras., commença Ryo.  

- Je t’écoute. On peut tout se dire, tu le sais., l’encouragea son ami.  

- Notre longue amitié voudrait que tu sois le parrain du bébé, ça et le fait que tu es le frère de Kaori., enchaîna le futur père.  

- Sans Mick, je ne serai pas sur ce chemin-là. S’il ne m’avait pas prévenu, je n’aurais pas eu le temps de réfléchir à la situation, de me replonger dans le passé et de prendre la bonne décision. Kaori serait peut-être loin et on serait malheureux tous les deux., lui expliqua-t-il, la voix tendue.  

- Tu veux demander à Mick d’être le parrain du bébé et tu as peur que je sois vexé ? Ne t’inquiète pas pour cela. J’ai déjà eu l’honneur d’être ton témoin. Pour une fois qu’il fait quelque chose de bien, il a le droit d’en profiter., plaisanta Hide.  

- Merci, Hide. Je voulais te le dire de vive voix, t’expliquer., le remercia Ryo.  

- Ca ne nous empêchera pas d’être présents en cas de besoin., lui affirma son ami.  

- Je sais. Je n’avais aucun doute là-dessus., pipa le dirigeant.  

 

Quelques minutes plus tard, ils se quittèrent devant l’immeuble et Ryo rejoignit sa femme au dernier étage.  

 

- Il y a une petite place pour moi ?, lui demanda-t-il, la trouvant plongée dans un bain.  

- Toujours mais c’est un bain pour personnes sages., l’avertit-elle.  

 

Elle avait tenu deux heures à attendre en sentant la tension monter. Quand elle avait commencé à avoir un mal de dos lancinant, elle était montée se faire couler un bain. Elle devait se relaxer et penser à autre chose. Elle avait allumé des bougies, éteint la lumière et s’était glissée dans l’eau chaude. Elle avait essayé de faire le vide, de penser à autre chose, y était parvenue suffisamment pour que le mal de dos cesse à son plus grand soulagement, mais l’inquiétude était restée jusqu’à maintenant. Elle le regarda se déshabiller rapidement et se releva pour le laisser se glisser derrière elle. Elle se recala contre lui, sentant ses bras se refermer sur elle, attrapant ses mains pour enlacer leurs doigts.  

 

- Alors sages, nous serons., lui promit-il.  

- Tu peux cesser de t’inquiéter, Kaori., lui murmura-t-il, posant leurs mains sur son ventre.  

- Que s’est-il passé là-bas ?, l’interrogea-t-elle.  

- On a d’autres choses à penser pour le moment, Kaori., lui opposa-t-il.  

- Si tu veux que je pense à autre chose, mieux vaudrait qu’on écarte ce sujet au plus vite., le contra-t-elle, patiente.  

- Tu es pénible, Makimura., grogna-t-il.  

- Quand je dis cela, j’ai l’impression de parler à ton frère., grogna-t-il à nouveau.  

- Parce que quand tu sens cela, tu as l’impression de parler à mon frère ?, lui demanda-t-elle, posant leurs mains sur ses seins.  

- On a dit sages, Kaori.  

 

Il redescendit leurs mains toujours jointes sur son ventre arrondi.  

 

- Et bien sûr que non, je ne pense pas à ton frère quand je les ai en mains., la taquina-t-il.  

- Je préfère. Alors tu vas cracher le morceau ?, le tança-t-elle.  

- Ce que tu peux être têtue…, gronda-t-il.  

- Alors cesse de faire de la résistance, Ryo., lui dit-elle.  

- Alejandro a donné les noms de toutes les personnes avec lesquelles il a été en contact. Il y avait des noms qu’Hide n’avait pas., lui apprit-il, caressant son ventre.  

- Qu’a-t-il demandé en échange ?, l’interrogea-t-elle, soucieuse.  

- Une réduction de peine, je suppose.  

- Que je donne mon accord quand il demandera à effectuer sa peine dans son pays., répondit-il.  

 

Kaori fronça les sourcils et se demanda pourquoi Alejandro ne voulait pas mieux. C’était vraiment étrange.  

 

- C’est tout ?, répliqua-t-elle, dubitative.  

- C’est tout. Il dit qu’il veut être près de sa mère pour ses dernières années., fit-il.  

- Je… Je trouve cela bizarre., pensa-t-elle.  

- Moi aussi mais… parlons d’autre chose, tu veux bien. Laissons Alejandro de côté pour ce soir. On va aller dîner et ensuite nous irons à l’opéra. Profitons de cette soirée., lui suggéra-t-il.  

- D’accord. Il faudrait peut-être nous préparer alors ?, proposa-t-elle, levant le visage vers lui.  

 

Il captura ses lèvres et l’embrassa tendrement, sa main se posant sous la sienne sur son ventre. Il s’écarta et déposa un baiser sur son front. Soudain, ils sentirent tous deux un mouvement sous leurs paumes.  

 

- C’était quoi ?, s’étonna le futur papa.  

- Le premier coup de bébé., murmura Kaori, les larmes aux yeux.  

- Je suis… Bon sang, c’est génial qu’on l’ait senti en même temps., lui affirma-t-elle, émue.  

- Je ne m’attendais pas à cela., fit-il, tout aussi bouleversé.  

 

C’était beau de sentir la vie grandir et se manifester en elle, de pouvoir vivre ces moments qu’il n’avait jamais prévus. Il pouvait sentir son cœur battre à toute allure et, dans son cerveau, apparaissaient des images de ce bébé qui vivait là.  

 

- Moi non plus. C’est émouvant., admit Kaori, guettant le mouvement suivant.  

- Oui., acquiesça-t-il, son émotion atteignant son épouse.  

- Notre bébé., souffla-t-il.  

- Oui, notre bébé mais je crois qu’il ne bougera plus pour le moment., pipa-t-elle, déçue.  

- Il le refera. J’aimerais pouvoir être là à chaque moment même si je sais que c’est impossible., lui dit-il, caressant de nouveau son ventre.  

- Il faut qu’on y aille, Sugar., lui apprit-il, quelques minutes plus tard.  

 

Galamment, il l’aida à sortir de l’eau et l’entoura d’une serviette, la séchant comme il l’avait déjà fait un samedi matin, doucement, tendrement, délicatement, y prenant autant de plaisir que lorsqu’il la caressait dans un autre but.  

 

- Voilà, prête à t’habiller., murmura-t-il, posant les lèvres dans son cou.  

- Tu veux vraiment que je m’habille ?, chuchota-t-elle, fermant les yeux aux sensations douces et chaudes qu’elle ressentait.  

- Je me laisse emporter. C’est de ta faute., susurra-t-il à son oreille.  

- On n’a pas idée d’être aussi belle., l’accusa-t-il.  

- Désolée d’être à ton goût., plaisanta-t-elle.  

- Ne le sois pas. Ca me convient très bien. Allez, va t’habiller. Tu as une robe au fait ?, s’inquiéta-t-il, ne l’ayant pas vu aller faire du shopping.  

 

Elle lui avait déjà échappé et avait disparu dans le dressing.  

 

- Tiens ton smocking., lui tendit-elle.  

- Je suis interdit de dressing alors., s’amusa-t-il, le prenant.  

- Oui., affirma-t-elle simplement.  

- Magnifique…, souffla-t-il quelques minutes plus tard lorsqu’elle sortit du dressing.  

 

Elle portait une robe de soirée vert émeraude qui ne cachait rien de sa grossesse mais mettait sa silhouette arrondie en valeur.  

 

- Une création d’Eriko, je suppose., pipa-t-il.  

- Tout à fait. Un cadeau pour ma maternité. Il est l’heure d’y aller, non ?, suggéra-t-elle.  

 

Il acquiesça et ils partirent après un détour par le bureau où il lui sortit une parure pour accompagner.  

 

- Tu en as encore beaucoup comme cela. C’est déjà la quatrième que tu me sors de ta boîte à malice., le taquina-t-elle.  

- Encore une derrière, je crois… et après je t’en achèterai si j’en ai envie., lui répondit-il.  

- Non… tu sais que ça me gênera. Utilise cet argent à des choses plus utiles si tu veux me faire plaisir., lui demanda-t-elle.  

- J’y réfléchirai., lui promit-il, lui proposant son bras pour s’en aller.  

- J’espère que cette première te plaira., lui dit-il, s’installant à table au restaurant.  

- Je ne m’y connais pas en opéra. On verra bien… mais je te promets de faire bonne figure et d’essayer de ne pas ronfler si je m’endors., chuchota-t-elle, le regard pétillant.  

- Dormir sur la Tosca… J’en doute., plaisanta-t-il.  

 

Il rit beaucoup moins en entendant les légers reniflements de sa femme lors du final de l’opéra et croisa ses yeux noyés de larmes lorsque les lumières se rallumèrent.  

 

- Pourquoi les belles histoires d’amour doivent-elles mal se finir ?, lui demanda-t-elle, émue.  

- Ce ne sont que dans les opéras et les pièces de théâtre, Sugar. Dans la vraie vie, elles se finissent souvent bien., la rassura-t-il, l’étreignant.  

- Souvent, ça ne veut pas dire toujours., objecta-t-elle, s’accrochant à lui.  

- Je sais mais nous, c’est pour toujours., lui affirma-t-il, prenant son visage entre ses mains et le levant vers lui pour lui montrer toute la confiance qu’il avait en ses mots.  

 

Elle le fixa un moment avant d’acquiescer et de se laisser entraîner vers la réception prévue au rez-de-chaussée. Ils passèrent de groupe en groupe, discutant de tout et de rien, ne se séparant que lorsque Kaori eut un besoin pressant. Suivie par le garde du corps, elle se rendit aux toilettes, saluant les quelques femmes qui y étaient avant de s’enfermer. Lorsqu’elle ressortit, elle s’arrêta aux lavabos, se lavant les mains et remettant en place une mèche de cheveux, ce qui lui donnait quelques secondes supplémentaires de répit, loin du bruit et de la foule.  

 

- Quand faut y aller…, murmura-t-elle.  

 

Elle retrouva le garde du corps et ils reprirent les escaliers pour regagner la réception. Les personnes allaient et venaient dans les escaliers, discutant sans trop regarder. Elle vit arriver un serveur qui avait l’air pressé et s’écarta légèrement de son chemin pour ne pas le déranger, son regard captant au même moment son mari qui l’attendait en haut des marches. A tous les coups, il était encore une fois inquiet et cela la fit sourire.  

 

Au même moment, deux faits survinrent : elle fut éblouie par un éclat lumineux et le sol se mit à trembler sous ses pieds. Dirigeant son regard instinctivement vers la lumière, elle vit une lame de couteau se diriger vers elle et sentit son cœur se glacer d’effroi. Elle ne savait comment esquiver et tout ce qui lui vint en tête fut de mettre ses bras en opposition. Elle n’avait même pas eu le temps de les lever qu’elle perdit l’équilibre sous l’effet des secousses et se sentit basculer en arrière dans un cri de surprise, entendant au même moment un « Kaori ! » paniqué résonner.  

 

- Tu n’as rien ? Ne bouge pas., lui demanda Ryo, s’accroupissant à ses côtés, visiblement inquiet.  

- Que s’est-il passé ?, souffla-t-elle.  

- Un tremblement de terre., lui apprit-il, tâtant son corps.  

- On a essayé de me tuer., se rappela-t-elle.  

- Il y avait un homme, un serveur, et il avait un couteau. Il venait vers moi. Je n’aurais rien pu faire., se remémora-t-elle.  

- Tomo ?, fit Ryo au garde du corps qui la tenait contre lui, ce dont elle venait juste de se rendre compte.  

- Elle dit vrai. Quand elle a basculé en arrière, elle a échappé au coup de couteau., expliqua l’homme.  

 

Ryo se sentit blêmir. Des menaces, ils étaient passés à l’action. Il avait déjà eu peur de la voir blessée par le séisme. Il ne pouvait qu’imaginer ce qui aurait pu arriver sans cela…  

 

- Je… Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas dévalé les escaliers., murmura Kaori, tenant son ventre, craignant pour la vie de son enfant.  

- Tomo t’a rattrapée et plaquée au sol. Tu as mal quelque par ?, s’inquiéta-t-il.  

- Non, je ne crois pas., répondit-elle.  

- On va quand même aller à l’hôpital… et ce n’est pas la peine d’objecter., précisa-t-il, d’un air déterminé.  

- Je ne comptais pas le faire., admit-elle, tendant la main vers lui.  

 

Il la prit et la pressa doucement, se rapprochant d’elle. Précautionneusement, Tomo se dégagea et remonta pour avertir les secours.  

 

- Ne bouge pas. Je me doute que ce n’est pas confortable mais il vaut mieux éviter de te déplacer., conseilla Ryo à son épouse, enlevant sa veste pour l’en recouvrir.  

 

Elle acquiesça et reprit sa main, anxieuse. A peine deux minutes plus tard, deux secouristes arrivèrent, l’examinèrent rapidement et l’emmenèrent vers l’hôpital où elle était suivie, non loin de là. Elle fut rapidement examinée par un médecin qui lui fit une batterie de tests et une écho puis branchée à différents appareils.  

 

- Pour le moment, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Tout va bien. On vous met sous monitoring foetal pour pouvoir suivre votre enfant au cas où un problème surviendrait à retardement. Ce ne seront probablement que quelques heures de surveillance. Dès qu’on le pourra, vous serez montée dans une chambre en maternité. Vous y serez mieux qu’ici., leur assura le docteur.  

- D’accord, merci, Docteur., le remercièrent-ils, soulagés.  

- Un dur à cuire comme sa mère., plaisanta Ryo.  

- Son père n’a rien à lui envier., répliqua Kaori, le sourire aux lèvres.  

- Et si tu me prenais dans tes bras ?, suggéra-t-elle, tapotant le matelas.  

 

Ryo ne se fit pas prier et vint s’asseoir à ses côtés avant de passer un bras autour de ses épaules. C’était le meilleur moyen d’être sûr qu’elle était là, bien là.  

 

- J’ai eu peur., murmura-t-elle, posant sa main sur la sienne sur son ventre.  

- Moi aussi mais on va juste remercier le hasard d’avoir joué en notre faveur., pipa-t-il, déposant un baiser dans ses cheveux.  

- Tu as raison., acquiesça-t-elle, sentant la fatigue l’envelopper.  

- Dors. Je ne te quitte pas., lui promit-il.  

 

Au bout de quelques minutes, il sentit sa tête retomber légèrement sur son épaule et sa respiration se faire plus profonde et régulière. Elle s’était endormie et il en fut soulagée. Voyant par moments flasher les images de ce qui aurait pu se terminer en tragédie, Ryo se concentra sur les battements de cœur du bébé qui battaient en sourdine régulièrement, sur le corps de sa femme qui se levait et baissait au rythme de sa respiration et, tout doucement, les images cessèrent d’apparaître, la paix le gagna. Tout allait bien. Un frère hargneux, une attaque et un mouvement de colère de la nature n’avaient pas encore eu raison d’eux. Ils avaient encore un bel avenir tracé devant eux. 

 


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