Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 92 :: Chapitre 92

Publiée: 06-05-21 - Mise à jour: 06-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 92  

 

Une tasse de café en main, Mick prit le journal et le déplia, regardant sa compagne aller et venir de la chambre à la salle de bains. C’était une routine à laquelle il s’était habitué et qui lui convenait. Les choses s’étaient mises en place naturellement entre eux. Quand il n’était pas coquin, le matin était toujours le même : se réveiller, discuter quelques minutes dans le lit le temps d’effacer les derniers lambeaux de sommeil avant de se diriger dans la salle de bains où il se rasait pendant qu’elle se douchait puis ils échangeaient de place et, quand il sortait, elle finissait de se maquiller avant de se coiffer, encore entourée de la serviette. Il avait souvent fini de se préparer avant elle et leur préparer le petit-déjeuner qu’il commençait en l’épiant comme il était en train de le faire en lisant le journal.  

 

La voyant arriver, il se reconcentra pour ne pas lui laisser voir certaines de ses petites manies et grogna en lisant le titre.  

 

- Mauvaise nouvelle ?, l’interrogea-t-elle, se penchant sur lui, une main sur son épaule pour voir.  

- Je doute qu’ils vont apprécier d’être en une., affirma Mick.  

- J’en doute également, d’autant que ça risque d’accentuer le risque. Un bébé, c’est un moyen de pression supplémentaire., pipa Kazue, relisant le titre affiché en caractères gras en première page : « un héritier pour l’entreprise Saeba ».  

- J’ai trop déteint sur toi, darling., plaisanta-t-il, surpris qu’elle parle comme lui, ce qui ne serait probablement pas arrivé quelques mois auparavant.  

- D’un autre côté, elle n’aurait pas pu le cacher bien plus longtemps., suggéra Mick, voyant une photo du couple dans l’entrée de l’hôpital.  

 

Le ventre arrondi de Kaori ne pouvait tromper, encore moins leurs deux mains posées dessus alors qu’ils se faisaient face, sortant probablement d’une visite de contrôle. Mick serra les dents. C’était, à ses yeux, des moments privilégiés, intimes mais ces foutus journalistes ne leur laissaient aucun moment de répit. Outre le fait d’avoir brisé ce moment, ils venaient de donner à celui qui les menaçait une nouvelle proie, un être innocent et sans défense.  

 

- C’est vrai. Un héritier… C’est moche comme dénomination., grimaça Kazue.  

- Je suis d’accord., concourut-il, repliant le journal en se levant et le posant sur la table avant de lui verser une tasse de café.  

- En plus, ils ne l’ont pas conçu pour cela… Enfin… Je veux dire… Ce n’est pas le cas, non ?, lui demanda-t-elle.  

- J’ai confiance en toi alors tu gardes ce que je vais t’apprendre pour toi. Ce bébé, il ne devrait pas être là si tout s’était passé sans encombre. C’est un accident de parcours et j’ai vraiment eu peur qu’il les sépare., lui apprit-il sombrement, se souvenant des nombreuses heures où il avait réconforté, ou tout du moins tenté de le faire, Kaori.  

- Mais pourtant ils se sont mariés et ils ont l’air heureux., objecta Kazue.  

- Ils le sont… maintenant parce que Ryo a changé d’avis et affronté ses problèmes. Ryo ne voulait pas d’enfant, donc certainement pas d’un héritier. Je doute d’ailleurs que la nouvelle le fasse bondir de joie., pensa-t-il, allant chercher sa veste dans la chambre.  

 

Réassortissant le présentoir à gâteaux, Miki vit débouler son amie, visiblement pressée. Elle regarda au-delà et vit la berline garée juste devant, le garde du corps posté à la porte attendant Kaori.  

 

- Salut, Miki. Tu peux nous faire un café, un chocolat et nous mettre… ce que tu veux à manger, s’il te plaît ?, lui commanda la rouquine, visiblement tendue.  

- Distraction matinale ?, la taquina son amie.  

- Si seulement…, pipa la future maman, se détendant enfin depuis leur réveil brutal.  

- Panne de réveil. C’est le téléphone qui nous a sortis du lit. Rien de mieux qu’un appel de New York à sept heures et demie du matin pour vous mettre en forme, ça et une heure dans la vue pour se préparer., expliqua-t-elle, esquissant un sourire.  

- Que tu sois fatiguée, je peux le concevoir mais Ryo a vraiment loupé son réveil ?, s’étonna Miki, préparant deux sachets.  

- Il a oublié de le mettre hier soir. Il était un peu… distrait., avoua Kaori, son sourire se rehaussant d’une légère teinte sur les pommettes.  

- Je vois le genre… Ce n’est pas la plus désagréable manière de se fatiguer. Pensez juste à mettre le réveil avant la prochaine fois., la taquina son amie.  

 

Elles éclatèrent de rire toutes les deux, complices, et profitèrent de ce moment de détente avant que Miki ne reprenne son sérieux.  

 

- Comment a-t-il pris la nouvelle alors ?, lui demanda-t-elle après une légère hésitation.  

- Quelle nouvelle ?, s’enquit Kaori, fronçant les sourcils.  

- Vous n’avez pas lu le journal ? Je pense que ça doit être la une de beaucoup de journaux., fit Miki, surprise.  

- Non. Je me suis préparée pendant qu’il était au téléphone et, le temps que je sorte le repas de ce midi, il était prêt et nous sommes partis., lui apprit la future maman.  

- Tiens, prends-le. Je ne pense pas que ça vous plaira., l’informa la barmaid, poussant le journal vers elle.  

 

Elle vit Kaori blêmir en voyant le titre et serrer les dents de colère en voyant la photo. Quel était l’intérêt ? Pourquoi faire la une de sa grossesse et surtout de cette manière-là ? Ca n’avait rien d’un fait public. C’était juste leur vie de couple après tout.  

 

- Ca va aller, Kaori ?, s’inquiéta Miki face à son silence.  

- Oui… Oui, ça va aller. Je suppose que c’est aussi quelque chose à quoi je dois m’habituer., soupira Kaori.  

- Maintenant, il va falloir que je prévienne Ryo. Il se demandait quand faire l’annonce. Ca lui évitera de se poser encore la question…, tenta-t-elle de positiver, se doutant que les choses ne seraient pas aussi simples.  

- Tiens, prends le journal aussi. J’en ai encore., lui opposa-t-elle, la voyant prête à objecter.  

- Merci Miki., souffla la rouquine, attrapant les deux sachets et le journal.  

- Kaori, appelle si tu as besoin de parler., lui dit-elle alors qu’elle partait.  

 

La jeune femme s’arrêta et lui fit face, lui adressant un sourire chaleureux et reconnaissant. Les choses n’étaient peut-être pas toujours faciles mais, au moins, elle savait pouvoir compter sur ceux qui les entouraient.  

 

- Je sais. Merci Miki. On se voit plus tard., la salua-t-elle avant de sortir suivie par le garde du corps.  

- Quand je pense que certaines doivent envier ta place… Elles ne savent pas ce que c’est., soupira la barmaid, restée seule.  

 

Kaori était à peine rassise que la voiture démarra. Ryo étant encore au téléphone, elle sortit une des viennoiseries que Miki avait choisies pour elle et commença à manger.  

 

- Désolé, ça a été plus long que prévu., s’excusa Ryo, concluant son deuxième appel de la journée.  

- Un problème en Californie ?, s’enquit-elle, sachant que ça pouvait bouleverser leur planning de la semaine, lui tendant son gobelet de café.  

- Merci. Oui. Je dois recevoir plus d’éléments par mail et je verrai de quoi il retourne., l’informa-t-il, prenant une gorgée.  

- Tu as le journal ? Super ! Ca me laisse quelques minutes pour y jeter un œil avant qu’on arrive., s’exclama-t-il.  

- Tu ne veux pas manger d’abord ?, lui suggéra-t-elle, pas vraiment pressée de voir sa réaction.  

- Non, je mangerai en regardant mes mails… et ne râle pas. Asami le faisait tout le temps et j’avais la désagréable impression d’être un gamin., maugréa-t-il, une lueur de tendresse dans le regard malgré tout.  

- Tu es comme son fils. D’ailleurs, si tu ne lui as pas encore dit, tu risques de te faire houspiller., le prévint-elle, lui tendant le journal.  

 

Bien que la remarque fut humoristique, il sentit la légère tension dans sa voix et l’observa un instant avant de le prendre. La photo lui sauta aux yeux avant le titre et il n’apprécia pas de se voir en une dans un moment de tendresse. Il se souvenait parfaitement de ce moment. C’était la veille au matin et ils sortaient d’une consultation pré-natale où ils avaient de nouveau vu leur bébé, un bébé qui avait grandi et pris tout à fait forme humaine, qui s’était montré actif et pudique, se tournant à chaque fois que la sonde le touchait, ce qui les avait fait rire. Ca avait été un moment encore très fort et il serra les poings en sentant la colère monter, froissant le papier, alors que cette photo venait le gâcher.  

 

- Ils sont partout, ces rapaces., gronda-t-il.  

- On ne peut même pas avoir un moment d’intimité sans risquer d’être immortalisés pour le public., ajouta-t-il.  

- Ryo, on va faire avec…, intervint Kaori d’une voix calme, posant une main sur la sienne.  

- Je ne veux pas faire avec ! Je veux avoir la paix !, se fâcha-t-il.  

 

Kaori ne répondit pas. Ca ne servirait à rien de toute manière. Quand il était dans cet état, il fallait juste lui laisser le temps de se calmer un peu. Elle laissa sa main là où elle était et attendit. Ryo savait qu’il devait se reprendre mais c’était dur : ce moment précis avait été important à ses yeux. Il se souvenait de l’inquiétude soudaine qu’il avait ressentie lorsque Kaori s’était arrêtée brusquement alors qu’ils sortaient, les mains sur son ventre, les yeux écarquillés.  

 

- Tu as mal ? Ca ne va pas ?, lui avait-il demandé, posant la main sur l’arrondi.  

- Je… Non… C’est juste étrange… J’ai le sentiment d’avoir des bulles dans le ventre., lui avait-elle expliqué.  

- Miki avait parlé de cela, non ? C’était quelques jours avant de sentir Hime bouger, il me semble…, s’était-il rappelé.  

- Oui, c’est vrai. Alors tu l’as écoutée ?, l’avait-elle taquiné, émue.  

- J’écoute toujours. Parfois, on glane des informations intéressantes. Parfois, on capte l’attention de personnes importantes., lui avait-il répondu avec un léger sourire, repensant à la première fois où ils s’étaient rencontrés.  

- J’ai hâte de le sentir bouger., avait-il murmuré, les yeux fixés sur son ventre.  

- Bientôt… Je viendrai te déranger en pleine réunion s’il le faut., lui avait-elle promis, malicieuse.  

- Je t’y autorise. Je te l’ordonne même., lui avait-il annoncé avant de l’attirer à lui et de l’embrasser.  

- On ferait mieux d’y aller où tu vas être en retard à ta réunion., lui avait-elle conseillé quand ils s’étaient séparés.  

 

Il n’avait pas vu le photographe, le service de sécurité non plus a priori, et il s’en voulait. Est-ce que ça aurait été différent si ça avait été un tueur ? Certainement, la photo semblait prise d’assez loin, une distance peut-être un peu trop grande pour un meurtrier, enfin l’espérait-il. Un meurtrier… Il réalisa alors que ceux qui étaient après eux étaient désormais informés de la grossesse de Kaori. Ca augmentait l’impact que toute attaque pouvait avoir.  

 

- Bon sang, ce n’était vraiment pas le moment., murmura-t-il.  

- Parle-moi., l’incita Kaori, le voyant un peu plus posé.  

- Tu dois te douter de ce qui me trotte en tête…, lui retourna-t-il, se tournant vers elle.  

- J’ai peur pour vous deux et je suis fâché qu’on nous ait surpris à ce moment-là., ajouta-t-il.  

- Tu n’es pas fâché par le titre ?, s’étonna-t-elle.  

 

Elle se souvenait parfaitement de ce qu’il lui avait confié, du fait qu’il ne voulait pas que leur enfant soit étiqueté dès le plus jeune âge. Elle avait compris cela mais n’avait pas pensé que ça arriverait déjà avant sa naissance… Elle regarda Ryo relever le journal et lire le titre, chose qu’il n’avait a priori pas faite avant à en juger son regard qui s’assombrit et sa mâchoire qui se crispa.  

 

- Décale ma réunion d’une demi-heure. J’ai un appel à passer., lui dit-il, visiblement furieux.  

- Ryo, à quoi ça servira ?, osa-t-elle.  

- Tu vas les appeler et leur dire tout ton dégoût, que tu ne vois pas notre enfant comme l’héritier de la boîte et après ? Il y aura un autre journaliste, un autre titre et encore un autre, toujours un autre. Tu peux passer ta vie à tous les appeler pour les invectiver, ça ne changera pas grand-chose. Prends-le autrement. Il est peut-être temps de faire ce communiqué que tu repoussais depuis quelques temps déjà., lui conseilla-t-elle.  

 

Il l’observa un moment, pensif, puis acquiesça, se détendant.  

 

- Tu es devenue trop sage. J’aimais bien quand tu volais dans les plumes du premier venu qui t’emmerdait., lui fit-il savoir.  

- C’est peut-être ton contact ou alors la maternité…, répondit-elle avec un sourire.  

- Et si vous avez d’autres questions aussi idiotes à me poser, ne perdez pas votre temps !, répliquait-elle quelques minutes plus tard, assise à son poste, alors qu’un journaliste venait de l’appeler pour lui poser des questions sur sa grossesse.  

- Je te jure. Celui-là si je l’avais en face de moi…, gronda-t-elle.  

- Voilà qui me rassure…, plaisanta Ryo, appuyé sur le chambranle de la porte de son bureau.  

- Mon caractère de feu préféré est encore bien là., ajouta-t-il, malicieux.  

- Ca fait longtemps que tu es là ?, balbutia-t-elle, légèrement honteuse.  

- Suffisamment pour avoir un peu pitié du pauvre hère qui a subi tes foudres…, la taquina-t-il, approchant de son bureau.  

 

Elle baissa les yeux un court instant avant de les relever, chassant ses doutes sur la façon dont elle avait traité l’importun.  

 

- Et que devais-je lui répondre quand il m’a demandé si le contrat de mariage était avantageux ? Ou combien de temps pensais-je rester mariée ou ce qu’il fallait pour bénéficier des clauses du contrat de mariage ? Si la pension alimentaire pour moi était plus élevée avec un enfant ?, lui demanda-t-elle.  

- On s’y attendait, Kaori. On en avait déjà parlé., lui rappela-t-il, tentant de l’apaiser comme elle l’avait fait plus tôt.  

- Je sais mais ce que je n’ai pas supporté, c’est qu’il m’ait demandé comment je m’y étais prise pour tomber enceinte et te contraindre à m’épouser, qu’il affirme que, si cet enfant venait à point pour ta succession, il venait aussi à point pour moi après notre séparation afin de ne pas perdre les avantages que tu me procurais., admit-elle.  

 

Elle vit son regard s’assombrir de colère même s’il n’explosa pas ouvertement, certainement pour ne pas l’accabler un peu plus.  

 

- Tu crois que notre journaliste préférée accepterait de faire un article sur nous ?, lui demanda-t-il, après un moment de réflexion.  

 

Il devait renverser la situation et s’appuyer sur quelqu’un en qui il avait confiance. Si Sayuri pouvait gérer cela, il savait que ce seraient leurs paroles qui apparaîtraient et non, une déformation de la vérité acide ou trop mièvre. Leur histoire était trop belle pour être salie par des journalistes.  

 

- Je vais lui envoyer un message. Je crois que tes interlocuteurs arrivent., lui fit-elle savoir, voyant les numéros défiler à l’affichage au dessus de l’ascenseur.  

- Tout est prêt ?, lui demanda-t-il, se souvenant avoir entendu le téléphone sonner alors qu’ils venaient à peine d’arriver.  

- Non, je dois finaliser. J’y vais de suite., lui apprit-elle, le laissant.  

 

Il lui prit les dossiers des mains et la suivit dans la salle de réunion.  

 

- Où en es-tu de l’organisation de la journée marathon ?, l’interrogea-t-il, disposant les pochettes autour de la table.  

- C’est en cours. J’ai encore trois rendez-vous à caler mais ça coince avec les agendas de certains directeurs. Je dois réussir à en persuader de déplacer leur horaire pour les caler. Ca va durer plus longtemps que la dernière fois., le prévint-elle.  

- Pas pour toi. Tu dois rentrer avant. La journée va être exténuante. Je ne compte pas que tu rentres avec moi., lui retourna-t-il sérieusement.  

- Promis. Va chercher ta veste, je finis., lui conseilla-t-elle, vérifiant les derniers points.  

- Tu ne m’incites jamais à laisser la veste de côté…, lui fit-il remarquer, le regard pétillant.  

- Nous avons mis des règles en place, Monsieur Saeba. Tu feras tomber la veste ce soir en rentrant à la maison et je t’expliquerai ou plutôt te redirai pourquoi je ne t’y incite pas ici puisque tu sembles avoir une légère perte de mémoire., se moqua-t-elle.  

- Je m’en souviens très bien… et je ne suis pas contre sentir ton regard errer sur moi de temps à autre., lui fit-il savoir.  

 

Elle lui offrit un sourire chaud et approcha de lui, attrapant sa cravate pour l’attirer à elle.  

 

- Tu me sentiras errer sur toi, ne t’inquiète pas… mais ce soir. Alors tâche de ne pas faire durer tes réunions trop longtemps en fin de journée., lui conseilla-t-elle, l’embrassant.  

 

Entendant la sonnerie de l’ascenseur, elle le lâcha et alla au devant des arrivants, le laissant regagner son bureau pour récupérer sa veste et son ordinateur.  

 

- Essuie tes lèvres., murmura-t-elle, passant à ses côtés.  

 

Il esquissa un sourire et passa le doigt sur sa bouche doucement en la regardant droit dans les yeux.  

 

- C’est bon ?, lui demanda-t-il d’une voix suave.  

- Dégage travailler., lui dit-elle, se laissant prendre par le désir qu’il instillait.  

 

Il le comprit et rit doucement. Finalement, la journée apportait ses bons moments, pensa-t-il, et, tant qu’ils en trouvaient, il pouvait ne pas s’inquiéter tout le temps pour elle et faire en sorte qu’elle garde l’esprit le plus léger possible.  

 

Elle n’avait même pas regagné son siège que Kaori entendit de nouveau le téléphone sonner. Soupirant déjà à l’idée d’avoir un nouveau journaliste au bout du fil, elle regarda le numéro de l’appelant et décrocha avec plaisir.  

 

- Salut, ma belle. Alors comment il a réagi ?, lui demanda Mick.  

- Plutôt bien si on considère qu’il voulait juste voler dans les plumes du journaliste., répondit-elle, amusée.  

- Tant mieux. Je me doutais que ça ne lui plairait pas. Pour information, nous avons fait bloquer tous les appels entrants vers vos postes hormis ceux dont les numéros sont enregistrés dans vos répertoires. Il y avait trop d’appels de journalistes et autres. Le service comm va les gérer. Et pour ce qui est des journalistes qui campent à l’extérieur, on les a cantonnés. Avec le protocole en place, aucun n’arrivera à monter jusqu’au dernier étage. Il vous suffit de ne pas ouvrir la porte des escaliers si l’un d’eux arrive à se faufiler par là, ce qui est peu probable., lui apprit-il.  

- Ok, ça marche. Merci Mick., lui répondit-elle, toujours un peu surprise de l’impact médiatique que pouvait avoir la vie de son mari.  

- Préviens Ryo qu’il devra faire quelque chose. Tant qu’il ne se sera pas exprimé, ça ne se calmera pas., lui fit-il savoir.  

- On s’est mis en contact avec ma sœur., lui apprit-elle.  

- D’accord. On reste en contact., lui dit-il avant de raccrocher.  

 

La journée se déroula sans plus de heurts et Ryo vit sa femme s’en aller alors qu’il avait encore une réunion. Lorsqu’il en sortit une heure plus tard, il ne tarda pas à rassembler ses affaires et prendre l’ascenseur, s’arrêtant à l’étage de la sécurité.  

 

- Tout s’est bien passé avec les journalistes ?, interrogea-t-il son directeur.  

- Nickel, on a géré. On a aussi récupéré cela à l’accueil. Tout un lot de cartes et messages suite à l’article. Ca vous fera un peu de lecture pour ce soir., plaisanta l’américain.  

- Très drôle. Je me serais bien passé de cette publicité-là., répliqua Ryo, d’un ton pince sans rire.  

- Je me doute mais tu t’es fait griller par les journalistes. Je sais que tu ne voulais pas attirer plus les regards malfaisants sur elle, je ne te juge pas. Mais là, tu as perdu le contrôle. Il va falloir reprendre les rênes., lui conseilla Mick.  

- Je sais. J’y travaille. Rentre chez toi, Mick., l’enjoignit son ami qui lui fit un petit salut militaire en retour.  

 

Assis dans la voiture, Ryo sortit la pochette avec les messages et commença à ouvrir les enveloppes pour voir ce qu’elles contenaient. Depuis le mariage, il appréhendait chaque pli reçu et, s’il ne pouvait empêcher Kaori de gérer le courrier au travail, il s’en chargeait dès qu’il le pouvait chez eux. Comme lui avait dit Hide, la piste était restée froide. L’examen de la carte n’avait rien donné comme il l’avait prédit et aucun autre fait notable n’était intervenu les trois dernières semaines.  

 

- Changement de plan : on va au commissariat !, ordonna-t-il à Kenji d’une voix tendue.  

 

Aucun fait jusqu’à aujourd’hui, se corrigea-t-il. Il regarda une nouvelle fois la carte qu’il avait entre les doigts à peine surpris de les voir trembler. Sans un mot, il sortit son téléphone et s’assura que tout allait bien à l’immeuble auprès du service de sécurité avant d’envoyer un texto à sa femme, l’informant qu’il était pris par un appel de dernière minute et qu’il aurait un peu de retard. Il lui dirait tout mais quand il serait face à elle, pas avant.  

 

Arrivé au commissariat de police, Ryo fut prié d’attendre la venue d’un inspecteur pour rejoindre Hideyuki. Sans grande surprise, ce fut Saeko qui arriva et les emmena, lui et son garde du corps, à travers les couloirs jusqu’à leur bureau.  

 

- Hideyuki est en intervention mais je peux peut-être t’aider., lui proposa-t-elle, l’invitant à s’asseoir face à son bureau.  

- Suite à l’article qui est paru, j’ai reçu ça., lui dit-il, lui tendant le carton dans son enveloppe.  

 

Saeko sortit une paire de gants en latex et l’enfila avant de prendre le document. Elle examina d’abord l’enveloppe méticuleusement avant de sortir délicatement le carton.  

 

- L’héritier sera-t-il mort avant même de naître ? Son sort est entre vos mains, Monsieur Saeba., lut-elle à voix haute.  

- Comment l’as-tu reçu ?, l’interrogea-t-elle.  

- Vu l’enveloppe, ça a dû être déposé à l’accueil dans la journée., répondit Ryo d’une voix tendue.  

- Personne n’a rien vu compte tenu du brassage de population, je suppose., continua-t-elle.  

- Je t’avoue que je n’en sais rien. Je viens juste de récupérer cela des mains de Mick et de découvrir le carton dans la voiture. Kaori n’est même pas encore au courant., lui apprit-il, se levant pour tenter de relâcher la tension.  

- Où est-elle ?, s’inquiéta l’inspectrice.  

- A la maison. Tout va bien, je viens d’appeler., la rassura-t-il.  

 

Soulagée, elle se leva à son tour et vint près de son ami, posant une main sur son bras.  

 

- On va faire examiner cette carte également même si ça risque de donner les mêmes résultats. Si tu le permets, je voudrais avoir accès aux vidéos du hall pour les visionner. Peut-être qu’on repérera quelque chose ou quelqu’un d’anormal., lui dit-elle.  

- Tu as certainement des choses plus importantes à faire., objecta Ryo, s’en voulant d’à nouveau interférer.  

- Non, figure-toi. Je suis en service restreint jusqu’à la fin de ma grossesse. J’aide l’équipe quand ils sont au bureau, je fais la paperasserie et, quand j’ai fini, je me tourne les pouces., plaisanta-t-elle.  

- J’ai du temps, Ryo, et c’est important. On ne peut pas les laisser vous atteindre et pas seulement parce que vous êtes la famille., lui assura-t-elle.  

- D’accord. Merci, Saeko., souffla-t-il, l’enlaçant brièvement.  

- Pas trop dur de te retrouver sur la touche ?, s’inquiéta-t-il.  

- Si, c’est l’angoisse mais il faut connaître ses priorités., admit-elle.  

- Tout ira bien., lui affirma Ryo, pressant son bras amicalement.  

 

Elle acquiesça tout en regardant les bureaux vides aux alentours.  

 

- Si tu dois passer des nuits sans Hide et que tu ne veux pas être seule, n’hésite pas. La porte t’est grande ouverte. Je supporte déjà une femme enceinte. Je saurai en supporter deux., lui affirma-t-il, malicieux.  

- Merci Ryo. J’y songerai., acquiesça-t-elle.  

- Tu me tiens au courant de ce que vous trouvez ? Je dirai à Mick de te faire parvenir les vidéos., lui dit-il, plus sérieusement.  

- Sans problème. Bonne soirée., le salua-t-elle.  

 

Ryo et son garde du corps regagnèrent la voiture et ils rentrèrent à l’immeuble de briques rouges. Voyant de la lumière dans l’appartement de Mick, il décida de lui passer le message de suite. Il savait qu’au-delà de cette tâche, il reculait simplement le moment d’annoncer à sa femme la mauvaise nouvelle. Il savait qu’elle ferait face comme toujours mais il n’avait pas envie de voir cette lueur d’inquiétude dans son regard. Il ne voulait pas qu’elle craigne pour la vie de leur enfant.  

 

- Ryo ? Je te manquais déjà ?, plaisanta Mick en le voyant à sa porte.  

- Tu as tout compris. Je viens t’avouer mon amour et te proposer de t’enfuir avant qu’il ne soit trop tard pour nous deux., répondit le dirigeant du tac au tac, forçant un sourire sur ses lèvres.  

- Il est déjà trop tard, honey, Tu es marié., lui rappela son ami, l’invitant à entrer.  

- Oui, je sais. Je ne vais pas rester longtemps., lui annonça Ryo, se postant à la fenêtre et regarda l’appartement en vis-à-vis.  

 

La lumière était allumée et Kaori mettait la table, se demandant certainement quand il allait rentrer. Il aurait dû rentrer directement plutôt que de se planquer et retarder l’inévitable. C’était futile et puéril. Il n’était pas du genre à fuir les problèmes, plutôt à les affronter mais, dès que ça la touchait, c’était plus fort que lui : il devait la protéger, peut-être même qu’il se protégeait lui-même de sa tristesse à elle.  

 

- Que se passe-t-il, Ryo ?, l’interrogea Mick, venant s’adosser à la fenêtre à ses côtés.  

- Tu devras envoyer à Saeko les vidéos du hall d’entrée de la journée., lui apprit son ami.  

- Pourquoi ? Ils veulent refaire la déco du commissariat ?, plaisanta l’américain.  

- Quelqu’un a de nouveau déposé une carte de menace., lui apprit Ryo, lui adressant un regard sombre.  

- Dirigé vers le bébé cette fois., précisa-t-il.  

- C’est la raison pour laquelle tu es ici plutôt que de me téléphoner ? Parce que tu pouvais me demander ça par téléphone…, lui fit remarquer l’américain.  

- Je ne sais pas comment lui dire pour que ça lui fasse moins peur., avoua le japonais.  

- Simplement, sans rien chercher à lui cacher. Vous vous connaissez trop bien pour ne pas sentir ce qui est tu. Elle est forte et le pire que tu puisses faire, c’est lui donner l’impression que tu n’as pas confiance mais tu le sais déjà. Tu veux juste ne pas gâcher ce que vous vivez en ce moment et c’est normal mais je suis aussi persuadé que vous arrivez à passer outre tout cela quand vous êtes ensemble., répliqua Mick.  

 

Ryo resta silencieux un moment et finit par acquiescer. C’était la vérité et, même si c’était souvent ce qu’il se disait, ça faisait du bien aussi de l’entendre de quelqu’un d’autre.  

 

- Merci Mick. C’est ce que j’avais besoin d’entendre., avoua-t-il.  

- Va rejoindre ta femme et ne t’inquiète pas : j’envoie les vidéos à Saeko demain matin première heure., lui assura son ami.  

- Merci. Ne passe pas ta nuit à les visionner., lui conseilla le dirigeant, conscient de l’implication de son camarade d’université dans son poste.  

- Ne t’inquiète pas. J’ai promis à Kazue une soirée sans boulot., lui apprit-il, lui adressant un clin d’oeil.  

- Je ferais mieux d’y aller alors. Bonne soirée et bonne nuit… même si elle risque d’être courte., plaisanta Ryo, le laissant.  

- Parce que tu en fais des plus longues ? Je t’ai connu plus reposé., le taquina Mick.  

- Le deuxième trimestre a sa réputation et elle n’est pas volée. Pour le reste, on en reparlera quand tu connaîtras ce moment-là. Ce n’est peut-être que moi qui crains de sortir d’un rêve éveillé., répondit le japonais, taisant tous ces moments où il restait à observer le sommeil de sa femme.  

- Tu n’as pas de doute sur le choix que tu as fait tout de même ?, s’inquiéta l’américain.  

- Aucun. Je suis serein. C’était le bon choix., lui affirma le dirigeant, s’en allant après l’avoir salué.  

 

Rassuré, Mick referma la porte et attendit sa compagne qui rentra peu après des courses.  

 

- Tu as su finir ? Que s’est-il passé ?, lui demanda Kaori, soucieuse quand il rentra.  

- Bonsoir à toi aussi. Content de te retrouver., la taquina-t-il, l’enlaçant.  

- Oui pardon. Je m’inquiétais. Tu pouvais me rappeler si tu avais besoin de moi. J’aurais peut-être pu te faire gagner du temps., lui fit-elle savoir, se laissant aller contre lui.  

- Non, tu n’aurais pas pu mais j’aurais pu rentrer plus tôt., lui avoua-t-il, l’entraînant vers le divan.  

- Je ne comprends pas., fit-elle, fronçant les sourcils.  

- J’étais en route pour l’appartement quand je t’ai envoyé le message. Je n’avais pas de dernier appel impromptu., lui expliqua-t-il.  

- Mais pourquoi me mentir alors ?, l’interrogea-t-elle.  

 

Il baissa les yeux et prit sa main pour qu’elle sente qu’il était là quand il lui annoncerait.  

 

- On a reçu tout un tas de messages suite à la parution de la nouvelle dans le journal. J’ai commencé à les lire dans la voiture et, parmi, eux, il y avait un nouvel avertissement., lui apprit-il, relevant le regard pour soutenir le sien.  

- Que… Que disait-il ?, le questionna-t-elle anxieusement.  

- L’héritier sera-t-il mort avant même de naître ? Son sort est entre vos mains, Monsieur Saeba., lui récita-t-il, n’ayant même pas besoin de fouiller sa mémoire pour s’en souvenir.  

 

Il la vit pâlir tout en portant sa main libre à son ventre. Il pouvait lire dans ses yeux la peur qu’elle avait, la colère qu’elle ressentait alors qu’on menaçait leur enfant mais tout cela ne dura qu’un instant. Elle releva le menton et plongea dans son regard.  

 

- Ils ne toucheront pas à un seul de ses cheveux. Je te promets de faire attention et de continuer à me soumettre aux consignes de sécurité., lui affirma-t-elle, résolue.  

- Je peux retirer ma plainte si tu le souhaites. L’offre tient toujours., lui fit-il savoir.  

- Ce n’est pas la peine. Le service de sécurité est compétent et nous sommes prudents. Chasse ce regard sombre, Ryo. Tout ira bien et on connaîtra notre enfant. On le regarda grandir et s’épanouir., lui promit-elle.  

- Tu n’as pas besoin de prétendre devant moi, Kaori. Je sais que tu es forte et prudente mais tu as le droit de craquer, de me dire que tu as peur., lui dit-il.  

- J’ai peur mais je ne prétends pas en t’affirmant mon espoir que rien n’arrivera. Si je commence à tergiverser sur tout ce qui pourrait arriver, je ne dormirai plus, je serai sur les nerfs en permanence et il risque vraiment de se passer quelque chose et ce ne sera pas une attaque mais un accouchement prématuré avec des conséquences plus ou moins graves. Or je compte bien mener cette grossesse à terme., lui assura-t-elle, se levant.  

- Mets ça sur le compte de ma jeunesse ou de mes hormones mais tout ira bien., répéta-t-elle, partant en cuisine.  

 

Ryo la regarda faire sans savoir quoi penser. Il était fier d’elle et de sa force, un peu perturbé de ne pas la voir s’effondrer après tout ce qui était arrivé, très reconnaissant aussi mais il craignait de la voir taire ses sentiments pour ne pas le faire culpabiliser. Il se secoua. Il devait lui faire confiance et acceptait qu’elle ne se laissait tout simplement pas abattre.  

 

- Tu viens manger ?, lui proposa-t-elle, posant le plat à table.  

 

Il la rejoignit mais, avant de s’asseoir, l’enlaça et la serra contre lui sans un mot. Ils restèrent ainsi un moment, profitant de cette proximité, avant de se séparer et dîner.  

 

- Mick, mes parents me demandent si on veut aller passer Noël avec eux., fit Kazue alors qu’ils dînaient l’un face à l’autre, à la lumière des chandelles.  

 

C’était une surprise qui lui était venue en tête juste après le départ de son ami, une envie de profiter du moment présent sans motif particulier autre que lui faire plaisir et ça avait marché. Elle avait été ravie de voir la table disposée élégamment pour deux et de prendre le temps de cuisiner ensemble tout en discutant de tout et de rien.  

 

- J’ai d’autres projets en tête pour nous… mais si tu y tiens vraiment, je décalerai…, répondit-il, visiblement ennuyé.  

- Tes projets, c’est important pour toi ?, l’interrogea-t-elle.  

- Très. Je préférerais ne pas t’en dire plus pour le moment si tu veux bien me faire confiance., répliqua-t-il, levant un regard sérieux vers elle.  

 

Kazue réprima la question qui lui venait naturellement et se contenta d’acquiescer.  

 

- Si tu veux, on peut leur proposer d’aller leur rendre visite à Nouvel-An, passer le réveillon avec eux et aller voir le lever de soleil sur le rivage. Je suis sûr que ce doit être encore plus magnifique que sur la baie de Tokyo., lui vanta-t-il.  

 

Il vit les yeux de sa compagne briller de plaisir et souffla d’avoir réussi à sauver ses projets de Noël tout en appréciant déjà de retrouver sa future belle-famille pour pouvoir leur annoncer leurs fiançailles.  

 

- Je leur demanderai si ça leur va., acquiesça-t-elle.  

- Pas trop déçue pour Noël ?, s’enquit-il, posant une main sur la sienne à travers la table.  

- Non. J’ai confiance en toi, tu le sais bien., lui affirma-t-elle, se demandant en quoi consistaient ses projets et si ça avait trait à leur avenir.  

 

Elle trépignait déjà d’impatience et il lui faudrait encore patienter deux longs mois avant d’avoir sa réponse. Attendre Noël allait être très très long cette année…  

 

- On les a eus., annonça Hideyuki, rentrant de l’intervention prévue.  

- Tout ?, s’enquit Saeko, pleine d’espoir.  

- Tout, les hommes, la marchandise, le chef, les documents. On a tout ce qu’il faut pour les mettre derrière les barreaux définitivement., lui affirma-t-il, retirant son gilet pare-balles et le posant sur son bureau.  

- Ils n’ont pas donné trop de fil à retordre ?, l’interrogea-t-elle, inquiète.  

- Constate par toi-même. Pas une éraflure, pas un trou dans mon imperméable, toutes mes mèches en place., la taquina-t-il, lui cachant qu’ils avaient essuyé malgré tout un feu nourri.  

- Tant mieux. C’est pour cela que vous avez eu besoin de renforts pour le mitraillage en règle ?, fit-elle, un sourcil levé sur un regard malicieux.  

- Tu écoutais la radio ?, ricana-t-il, pris à son propre piège.  

- Je trouve toujours le moyen d’être sur le terrain… même sans y être., lui fit-elle remarquer, un peu amère.  

 

Hideyuki l’observa un instant et vint s’asseoir sur son bureau. Il était conscient que c’était dur pour elle de se retrouver en retrait des enquêtes. Ca faisait un mois maintenant et il en restait encore cinq et demi à tirer avant son congé maternité. Ca devait lui paraître une éternité.  

 

- Tu sais que, sans ton travail ici, nous aurions certainement mis beaucoup plus de temps à les trouver. Si tu n’avais pas trouvé cette récurrence, on serait encore entrain de chercher et tous ces kilos d’héroïne auraient fini dans la nature., lui rappela-t-il.  

- Je sais mais rien n’égale l’adrénaline du terrain. Ne t’inquiète pas, je ne ferai rien d’idiot., le rassura-t-elle.  

- J’amène ça au labo et on peut y aller si tu veux., lui proposa-t-elle.  

- Un nouvel indice ?, s’étonna-t-il avant de froncer les sourcils en reconnaissant un carton comme celui qu’il avait examiné trois semaines auparavant.  

- Pas pour notre affaire. C’est une nouvelle menace que Ryo a reçu., lui apprit-elle, lui montrant le carton.  

 

Hide serra les dents en voyant les mots inscrits sur la carte. Après les menaces sur sa sœur, c’était au tour du bébé d’être visé.  

 

- Il me faut encore quelques heures de travail pour boucler ce dossier mais, après cela, j’irais rendre une nouvelle visite à Alejandro. S’il nous cache quelque chose, il finira par le dire, je peux te le jurer., assura-t-il.  

- Je n’en doute pas. En attendant, on va voir si ça nous apportera une réponse., fit-elle, reprenant la carte et l’enveloppe.  

- Et Ryo va demander à Mick de m’envoyer les vidéos du hall d’entrée. Tu vois, j’ai de quoi faire pendant que tu feras la paperasse., le taquina-t-elle.  

- Si tu veux, je peux gérer les vidéos pendant que tu fais le rapport d’arrestation., suggéra-t-il, pas vraiment pressé de taper un long document relatant les faits.  

- Désolée mais comme je n’y étais pas, je ne peux pas le faire…, lui répondit-elle, haussant les épaules.  

- Il faut bien qu’il y ait des avantages à la situation., se moqua-t-elle, malicieuse, prenant son manteau.  

- Tu veux dire que, pendant les mois à venir, c’est moi qui vais me taper toute la paperasserie après les interventions… Le prochain bébé, c’est moi qui le porte !, s’insurgea Hide, faisant se retourner les quelques collègues qui étaient encore là et le regardèrent d’un air moqueur.  

- Un ne te suffit pas ?, l’interrogea-t-elle, arrivée dans l’ascenseur.  

 

Il l’observa un instant, se rappelant qu’ils avaient parlé d’avoir une famille mais jamais du nombre d’enfants qu’ils désiraient avoir.  

 

- Si pour toi, un est suffisant, ça me suffira mais je ne suis pas contre en avoir deux., lui avoua-t-il.  

- On en rediscutera après la naissance de celui-ci. Peut-être que je ne serai pas contre un deuxième non plus. Rien que pour revoir la tête de mon père, ça peut valoir le coup., plaisanta-t-elle.  

- J’ai cru qu’il allait s’évanouir., se souvint Hide.  

- Sous ses airs de gros dur impassible, c’est un ours en peluche, mon père., admit Saeko, posant la tête sur l’épaule de son mari.  

- Tu tiens un peu de lui., lui fit-il remarquer, passant un bras autour de ses épaules.  

 

Ils rirent complices tous les deux, tombant un moment dans le silence. Ils n’avaient pas attendu bien longtemps avant d’annoncer à leur famille la bonne nouvelle. Le test fait, ils avaient été confirmer le résultat par un test sanguin suivi d’une première visite et, le soir même, plutôt que de rentrer chez eux, ils avaient foncé à la demeure familiale.  

 

Hide était sur un petit nuage depuis que la grossesse de sa femme avait été confirmée. Contrairement au samedi où il avait été pris d’un petit air de folie, ce matin-là, il s’était montré tout en tendresse, enlaçant Saeko et l’étreignant fortement contre lui, heureux de savoir que leur famille allait s’agrandir, que le destin qui avait été éprouvant pour lui se montrait enfin vraiment clément, lui donnant un enfant après avoir enfin eu sa belle histoire avec la femme qu’il aimait depuis tant de temps. Il n’avait pas attendu le reste des résultats pour prévenir sa sœur. Kaori avait été de tous les moments, bons comme mauvais, et il voulait partager cela avec elle.  

 

Arrivés à la résidence Nogami, ils avaient surpris les parents qui ne s’attendaient pas à les voir et, après avoir rassuré sa belle-mère, ils avaient pu se rendre au salon pour discuter.  

 

- Alors que nous vaut le plaisir ?, leur avait demandé son beau-père, fixant sur eux un regard scrutateur.  

- Nous avons quelque chose à vous annoncer., avait commencé Saeko.  

- Vous avez trouvé la maison de vos rêves !, avait affirmé sa belle-mère, extatique.  

- Ah non… à vrai dire, on n’a pas vraiment pris le temps de chercher., avait-il avoué.  

- Non. C’est autre chose, maman. Monsieur le Préfet de Police, j’ai l’honneur de vous informer que je vais devoir me mettre en retrait du terrain pendant quelques mois., avait-elle annoncé, la voix légèrement tremblante.  

 

Il avait vu le regard de son beau-père s’assombrir d’inquiétude et avait compris à quoi s’attendre dans les années à venir : beaucoup de bonheur mais aussi d’inquiétude, une inquiétude qui ne se terminerait pas avec l’enfance mais durerait toute leur vie.  

 

- Papa, Maman, vous allez être grands-parents dans huit mois., avait-elle conclu.  

- C’est pas vrai ! C’est merveilleux !, avait crié sa belle-mère, les larmes aux yeux.  

 

Il ne lui avait pas fallu deux secondes pour rejoindre sa fille et l’étreindre avant de se tourner vers lui. Il avait néanmoins eu le temps de voir le choc s’inscrire sur le visage de son beau-père et s’était demandé à quoi il pensait.  

 

- Papa ?, s’était inquiétée Saeko.  

 

Elle avait approché de lui, soucieuse, se demandant s’il était déçu de leur décision. Elle savait qu’il avait misé sur elle, qu’il avait beaucoup d’ambitions pour sa carrière. S’attendait-il à ce qu’elle n’ait jamais d’enfants ?  

 

- C’est vrai ? Tu vas avoir un bébé ?, avait-il balbutié, se sentant trembler.  

- Oui, papa. Tu… Tu es déçu ?, avait-elle osé l’interroger, inquiète.  

 

Il avait pris son visage entre ses mains et, pour la première fois de sa vie, elle avait vu une larme rouler sur sa joue.  

 

- Mon bébé va avoir un bébé. C’est la logique des choses et tout le bonheur que je te… vous souhaite mais ça me fait quelque chose…, lui avait-il avoué, la voix chevrotante.  

- Je suis heureux pour vous., avait-il ajouté.  

- Aménagement de poste accepté, Inspecteur Nogami., fut la conclusion.  

- Il faudra qu’on avance sur notre recherche de maison. Ton appartement est grand mais il n’a qu’une chambre., fit soudain Hide à sa femme alors que l’ascenseur s’ouvrait.  

- Dès ce week-end, on se met sur le sujet., lui affirma-t-elle.  

 

Il approuva et ils rentrèrent chez eux. 

 


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