Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 6 :: Chapitre 6

Publiée: 11-06-22 - Mise à jour: 11-06-22

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires qui font chaud au coeur. Je vous laisse découvrir les interactions entre nos personnages et continuer vos suppositions. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 6  

 

Peu avant dix-huit heures le soir même, Kaori se présenta à l’accueil de l’immeuble où elle devait travailler. Elle n’avait pas reçu d’appel depuis la veille lui indiquant que sa présence n’était plus souhaitée et elle était donc venue à l’heure convenue. Face à l’homme en costume face à elle, elle croisa discrètement les doigts pour que Monsieur Nishihara n’ait pas fait rayer son nom de la liste.  

 

- Tenez, ceci est un passe pour pouvoir accéder à l’appartement., lui fit savoir son interlocuteur, lui tendant un badge.  

- Merci beaucoup. Bonne soirée., lui dit-elle, soulagée.  

 

Au moins, elle pouvait passer mais, vraisemblablement, Monsieur Nishihara n’était pas là, sinon ça n’aurait pas été nécessaire. Effectivement, elle avait vu juste. L’appartement était désert mais la présence de caméra de surveillance devait laisser penser à son propriétaire qu’il était protégé contre le vol malgré son absence. Elle observa les lieux un instant, se demandant ce que Ryô penserait de la sécurité. Il trouverait certainement quelques lacunes et se rirait de toutes ces précautions qui finalement ne servaient à pas grand-chose. Après tout, à l’appartement, la porte était toujours ouverte…  

 

- Pour ce qu’il y a à y voler…, ironisa-t-elle.  

 

Le plus gros danger qu’ils couraient n’était pas le vol mais l’intrusion d’un assassin venu les tuer, ou seulement Ryô, ce qui n’était pas une consolation à ses yeux, loin de là. Elle aurait pu à loisirs aller et venir dans l’appartement de son client mais n’en fit rien. Elle se contenta d’aller s’asseoir sur le canapé et d’attendre. Dix minutes passèrent, puis vingt… dix-neuf heures sonnèrent quelque part dans l’appartement et peu après ce fut le téléphone qui brisa le silence. Patiemment, elle attendit encore. Vingt heures arrivèrent mais toujours pas de Monsieur Nishihara.  

 

Elle ne se fâcha même pas. C’était certainement sa façon de lui signifier qu’il n’avait pas besoin d’elle. Elle avait parfaitement compris qu’il ne souhaitait pas sa présence mais, tant qu’elle n’aurait pas compris pourquoi sa mère l’avait contrarié en l’embauchant, elle ne baisserait pas les bras. Puisqu’elle lui avait affirmé qu’il n’était pas question de romance, il devait y avoir une autre raison certainement importante pour lui avoir forcé la main. Elle voulait comprendre pour pouvoir prendre la bonne décision. C’était son côté bon samaritain qui parlait : elle ne voulait pas jouer les intruses mais elle ne voulait pas non plus laisser tomber quelqu’un qui avait besoin d’aide…  

 

Lorsque vingt-et-une heures arrivèrent, elle sourit, plutôt amusée par la situation. C’était le genre de choses dont Ryô était capable, information dont ne devait pas être au courant Monsieur Nishihara. S’il savait à quel point elle avait gagné en patience en présence de son partenaire, il baisserait certainement les bras très rapidement.  

 

Elle attendit une dizaine de minutes de plus dans le salon et ne se leva qu’en entendant la sonnerie de l’ascenseur. Le sourire aux lèvres, elle se rendit dans le hall où elle s’engouffra dans la cabine de laquelle venait de sortir son client qui fronçait les sourcils en la voyant encore là.  

 

- Ne vous inquiétez pas, je ne vous facturerai pas ces quelques minutes. Je voulais juste vous souhaiter une bonne soirée. A demain, Monsieur Nishihara., lui dit-elle, l’entendant pester alors que les portes se refermaient.  

 

Cela l’amusa encore plus : c’était comme une toute petite récompense de le voir un peu moins sûr de lui alors qu’elle avait attendu pendant trois heures. Elle salua l’agent d’accueil qui avait changé et s’en alla. Elle traversa le parc, se sentant parfaitement en sécurité, bien que la nuit était tombée. Les principales allées étaient très bien éclairées et elle avait tout ce qu’il fallait pour se défendre au cas où. C’était dommage d’ailleurs toutes ces lumières : elles l’empêchaient de voir les étoiles briller dans le ciel. Elle ne s’en désespéra pas. C’était l’un des inconvénients de Tokyô mais ça ne la ferait pas partir pour autant.  

 

- Pas d’heure supplémentaire pour en finir ?, fit Ryô quand elle le croisa quelques minutes plus tard dans le hall de leur immeuble.  

- Je suis restée quelques minutes de plus. Monsieur Nishihara n’a pas daigné se présenter avant neuf heures passées., lui apprit-elle, un sourire aux lèvres.  

- On dirait que ça t’amuse., constata-t-il.  

 

Personnellement, il aurait eu horreur de patienter après quelqu’un pendant trois heures juste pour lui tenir compagnie… surtout si c’était un mec… et pas un malfrat.  

 

- En fait… Il me fait un peu penser à toi… dans le genre tête de bourrique., lui expliqua-t-elle, se mordant la lèvre pour ne pas rire franchement face à son froncement de sourcils.  

 

Il ne devait certainement pas apprécier d’être comparé à un autre homme mais elle n’avait pas envie de lui mentir.  

 

- Je ne sais pas comment je dois le prendre., pipa-t-il, bougon.  

- Bien. Enfin… ça dépend des jours. Ca peut aussi être très agaçant., répondit-elle.  

- Mais je me dis que si tu n’avais pas eu autant de caractère… eh bien… tu ne serais peut-être pas arrivé jusqu’ici et je ne t’aurais pas connu., ajouta-t-elle, un peu plus bas.  

- Tu t’en serais peut-être mieux portée pourtant., répliqua-t-il.  

 

Il n’en montra rien mais il était touché par ses mots. Il était conscient qu’elle pouvait attendre mieux d’un homme, que, sans lui, sa vie aurait été tout autre, que son frère serait peut-être même encore vivant. Il était loin d’être un homme qu’on pouvait qualifier de facile à vivre. Il était bordélique, déréglé au niveau des horaires, avare de compliments. Il ne prenait aucun soin de ses affaires, de ce qu’elle faisait. Il l’avait rabaissée. Et pourtant, elle était là et avait encore des mots gentils envers lui, des compliments.  

 

- Je ne pense pas. Ma vie… ma vie n’est pas si mal. Je l’aime beaucoup même., lui apprit-elle.  

 

Elle leva la main et lissa le pli de sa veste. Il la laissa faire pendant quelques secondes avant de poser ses doigts sur les siens. C’était agréable, très agréable même mais il sentait déjà quelque chose monter en lui. C’était sexuel, un peu, et autre chose également, de l’amour, chose qu’il avait du mal à gérer. Il les retira de lui et les lâcha, affichant un air légèrement hautain alors qu’il n’avait qu’une envie : l’amener encore plus près de lui.  

 

- Je dois y aller. Tu me fileras quelques billets lorsque tu auras touché ta paye., lui dit-il, la contournant et s’en allant.  

 

Elle ne se retourna pas. Elle resta là jusqu’à ce que la porte se referme avant de monter. Décidément, ce n’était pas encore ce soir-là qu’ils passeraient du temps ensemble. Elle aurait beaucoup aimé pourtant même si ça n’avait rien eu de romantique… A défaut, elle passerait la soirée avec un apollon télévisuel ou en papier, s’encouragea-t-elle.  

 

Ryô se dirigea vers le coin des bars et cabarets les plus fréquentés du côté du Kabuki Cho. Il traversa le quartier animé, observa la foule hétéroclite, les bunnies qui hélaient les passants, les néons des enseignes qui clignotaient pour certains, le tout entouré d’une musique entraînante qui passait au dessus du brouhaha. C’était une belle soirée pour fréquenter ces lieux de débauche et d’oubli… Dommage qu’il n’eut pas le temps de s’y poser ne serait-ce que quelques minutes… Ca aurait certainement plus agréable que l’endroit où il se rendait.  

 

Il ne broncha pas malgré l’air saturé de nicotine et surtout de sueur, de la sueur de mâles, bien moins agréable que celle qu’il avait l’habitude de côtoyer, féminine, sexuelle, liée à des moments plus excitants… Il approcha du bar et lança un regard au barman qui lui fit un signe de tête vers le fond de la salle. Ryô se dirigea vers la direction indiquée et, attrapant une chaise qu’il retourna, il prit place face à un homme d’allure négligée, les cheveux sales, les traits burinés, les mains calleuses, penché sur un verre à moitié vide qu’il tournait et tournait encore en gardant le silence.  

 

Ryô patienta. L’homme était âgé et menait une vie dure et âpre et rien que cela méritait un peu de respect. Sur un signe de sa part, le barman ramena deux autres verres de la vodka que l’homme buvait. Le nettoyeur prit une gorgée du liquide blanc, retenant un juron de dégoût : ce n’était vraiment pas de la boisson de première qualité, loin de là. Déjà qu’il ne raffolait pas de ce breuvage-là…  

 

- Merci, vieux., fit son interlocuteur d’une voix rocailleuse.  

- De rien. Il paraît que tu as des choses à me dire…, fit Ryô calmement.  

- En effet. Alors t’es toujours avec ta petite rouquine ?, demanda l’autre avec un sourire graveleux.  

- Ma rouquine ? Quelle rouquine ?, répliqua le nettoyeur d’un ton ennuyé.  

- Fais pas l’innocent. Ta partenaire… Elle est drôlement mignonne., ricana le vieil homme.  

- Tu bois trop…, rétorqua le jeune homme, narquois.  

- Bon, qu’est-ce que tu as pour moi ?, recentra-t-il la conversation.  

 

Il ne voulait pas s’étendre sur le sujet Kaori… enfin, pas en conversation… il grogna intérieurement contre lui-même à la déviation de ses pensées. Il ne devait pas penser à elle pour le moment. Il devait se concentrer sur ce qu’il avait à faire.  

 

- Du lourd, Saeba… du très lourd…, ricana le vieil homme, levant son verre et faisant tourner le liquide transparent.  

- Tu es vraiment décidé à m’agacer en me faisant attendre…, grogna Ryô pour la forme.  

- Eh eh, je ménage le suspens. Je crois que de toutes les informations que je t’ai données, ce sera la plus importante. J’espère que la récompense sera à la hauteur…, fit son interlocuteur, moqueur.  

- On verra ça… Alors tu te décides ? Tu craches le morceau ?, insista le nettoyeur, trempant à peine les lèvres dans son verre.  

- Ouais, j’y viens., répliqua l’autre, vidant son deuxième verre d’un trait et faisant signe pour en avoir un autre.  

 

Il fallut encore attendre que le verre arrive avant qu’il ne se décide à lui dire ce qu’il savait.  

 

- Celui que tu cherches… Bah, c’est pas n’importe qui…, commença le vieil homme d’une voix sarcastique.  

- Et quand je dis pas n’importe qui, c’est vraiment pas n’importe qui…, insista-t-il.  

- Mais encore ?, répliqua Ryô d’un ton ennuyé.  

- Il crèche dans les quartiers huppés.  

- Il ne serait pas le seul.  

- Ouais… Tu fais les blasés, le mec qui a tout vu, tout entendu mais attends un peu ce qui arrive., fit l’autre, vexé.  

- J’attends, j’attends mais je ne vois pas grand-chose…, pipa le nettoyeur, prenant une cigarette et l’allumant.  

 

Comme s’il voulait tester les limites de sa patience, l’homme reprit une gorgée de vodka qu’il fit tourner dans sa bouche un moment avant de l’avaler.  

 

- Trop bonne…, apprécia-t-il, Ryô se demandant s’il avait encore des papilles en bon état.  

- Tu ne dois plus avoir le gosier sec maintenant. Tu vas te décider à parler ?, l’enjoignit ce dernier.  

- Ouais… J’étais sur le port cette nuit, vers genre minuit, une heure. Il y avait des gars qui déchargeaient un bateau. A cette heure-là, tu te doutes que ce n’est pas des babioles très légales…, pipa le vieil homme, amusé.  

- Rien de neuf dans ce bas monde., fit Ryô avec un petit geste de la main l’invitant à poursuivre.  

- Evite de me couper !, le sermonna l’autre, fronçant les sourcils.  

 

Ryô se retint de tout commentaire qui ne mènerait à rien. Visiblement, l’alcool embrumait déjà l’esprit de son interlocuteur et, s’il le poussait à bout, il n’aurait pas les informations qu’il avait.  

 

- Je t’écoute, l’ami, je t’écoute., lui assura le jeune homme.  

- Ouais… prends pas ton air supérieur., le tança le vieil homme.  

- Bon… J’en étais où ?, ajouta-t-il, se grattant le menton avant de reprendre une gorgée.  

 

Tirant sur sa cigarette, Ryô ne dit rien et attendit patiemment, observant rapidement la foule présente.  

 

- Ah ouais… C’est bon je me souviens ! Donc… j’étais sur le port cette nuit et on déchargeait un bateau… Tu ne devineras jamais ce qui est arrivé ensuite…, ricana son interlocuteur.  

- Godzilla est apparu ?, ironisa le nettoyeur, un sourcil levé.  

- Très drôle…, grogna le vieil homme.  

- Puisque tu n’as pas envie de jouer, je vais abréger., lui apprit-il, ce dont Ryô lui fut gré.  

 

Il était temps qu’il se décide à cracher le morceau, se dit-il. Il pourrait partir de ce bouge et aller boire un véritable alcool ailleurs et en bien meilleure compagnie… ou rentrer. Rentrer ? Quelle idée ?! Il était bien trop tôt pour aller se coucher… Mais était-il trop tôt pour passer un peu de temps avec Kaori ? Il se retint de grogner. Il devait arrêter de penser à elle.  

 

- Une belle Porsche gris argent et alors si tu savais qui en est sorti…, ironisa le vieil homme.  

- Ne t’inquiète pas… Je ne vais pas te demander de deviner. Je vais te le dire et tu ne vas pas en revenir…, lui promit-il.  

- J’essaierai de ne pas m’évanouir de surprise…, railla Ryô, impatient d’apprendre enfin une information qui serait peut-être valable.  

- Pfff… Tu ne sais pas apprécier les bonnes choses… Figure-toi que ce n’était pas un de tes clients habituels. Ce n’était pas un chef d’organisation., lui dit son interlocuteur, attirant son attention.  

- C’était un mec de la haute du genre bien sous tous rapports, qui fait régulièrement la une des journaux. Et quand je vais te dire son nom, tu en tomberas des nues, j’te jure !, lui affirma-t-il, ricanant par avance de l’effet qu’il allait produire.  

- Roulement de tambour…, annonça-t-il, tapant sur la table avec les doigts.  

- Il s’appelle…, commença-t-il.  

 

Au même moment, Ryô ressentit une vive tension meurtrière envahir la salle et entendit le son étouffé d’une détonation. Il se jeta sur le côté sortant son magnum mais la balle ne le visait pas. La tension s’évanouit tout aussi soudainement et, lorsqu’il tenta de partir dans sa direction, la foule le bloqua. Juste après, une femme se mit à crier et il fut forcé de reculer de quelques pas alors que les clients avançaient vers sa table. Il se retourna alors et vit son interlocuteur, immobile, la tête en arrière. Il ne se demanda même pas ce qui était arrivé, la trace de sang et de cervelle mêlés étant suffisamment explicite. Celui-là était cuit, se dit-il, juste avant d’aviser la sortie de secours et de quitter le bar.  

 

Il était furieux. Il n’avait pas su protéger son indic. Cela primait sur le fait qu’il avait raté une information importante, suffisamment importante pour justifier un assassinat. Jusqu’où étaient prêts à aller ces hommes pour protéger leur chef ? Un chef qui était apparemment haut placé et bénéficiait d’une certaine notoriété dans la ville, peut-être même dans les hautes sphères, un homme dont la réputation le classait dans les irréprochables et qui devait côtoyer les autorités… Désabusé, Ryô esquissa un sourire sans joie, sarcastique : si ça se trouvait, il serrait régulièrement la main du Préfet de Police… Peut-être même que celui-ci avait déjà envisagé de lui présenter Saeko… Ce serait le comble de l’ironie, pensa-t-il.  

 

Une Porsche gris argent… Ce ne devait pas être une voiture très rare parmi les riches héritiers de Tokyô… C’était néanmoins une première piste à explorer, une première piste dont il ferait part à son inspectrice préférée dès qu’il la rencontrerait et quelque chose lui laissait penser qu’elle viendrait le trouver assez rapidement. Consultant sa montre, il s’aperçut que, malgré le suspens qu’avait entretenu son indic, il n’était pas très tard, en tous cas pas assez pour que Kaori soit couchée. Il préféra donc faire durer la soirée un peu plus longtemps et, quittant les néons et strass du Kabuki Cho, il ne rentra chez lui que pour récupérer sa voiture et foncer vers le port. En cherchant, peut-être qu’il trouverait un autre invisible qui pourrait lui donner des informations.  

 

- Alors, raconte., fit Miki le lendemain matin.  

 

Kaori s’installa sur un tabouret du comptoir et s’amusa de l’empressement de son amie qui lui avait sauté dessus à peine la porte franchie.  

 

- Comment ça s’est passé hier avec Mister Richman ?, insista-t-elle.  

 

Mister Richman était le petit nom qu’elle avait donné à Yoshihide Nishihara depuis la veille au grand dam de la rouquine qui ne voyait pas d’un bon œil ce manque de respect envers son client. Elle fronça un peu plus les sourcils en pensant à ce terme qui ne seyait pas bien à la situation mais elle n’avait pas encore trouvé mieux.  

 

- Arrête de l’appeler ainsi, Miki., lui demanda-t-elle.  

- Je ne veux pas attirer les regards sur toi. Les gens pourraient se faire des idées et s’intéresser à ta liaison avec cet homme si je donnais son nom. Imagine qu’un journaliste entre par hasard ici et que je prononce son nom et le fait que tu passes du temps avec lui tous les jours et qu’en plus tu es payée… T’imagines ce qui pourrait arriver ?, lui répondit son amie.  

- Et il y a beaucoup de journalistes qui passent par ici par hasard ?, répliqua Kaori, un poing sous le menton.  

- C’est justement ça le problème : je ne sais pas. Ce n’est pas marqué sur leurs têtes. Sinon tu penses bien qu’on aurait déjà eu un petit article sur le café depuis longtemps., soupira la barmaid.  

- Ca nous ferait du bien… mais bon, ce n’est pas ça mon intérêt premier. Je veux d’abord éviter que ton… « métier » temporaire ne vienne pas à se savoir. Certains ne pourraient pas te croire comme nous le faisons., ajouta-t-elle.  

- Tu ne dois pas coucher avec lui, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-elle malgré tout.  

 

Ce n’était pas la première, et certainement pas la dernière, fois mais Kaori réagit de la même manière que précédemment : elle devint rouge comme une pivoine.  

 

- Non !, s’offusqua-t-elle.  

- Je lui tiens compagnie, c’est tout !, réitéra-t-elle.  

- Ben… C’est une manière de tenir compagnie après tout. Ryô te dirait certainement la même chose., fit Miki sans réfléchir.  

- Ryô… Ryô te dirait certainement que je ferais fuir tout homme à qui je voudrais tenir compagnie de cette manière., ricana Kaori sans joie.  

- Je… Pardon, je n’aurais pas dû parler de lui. Tu sais bien qu’il raconte n’importe quoi. Il t’aime…, lui assura son amie.  

- C’est de l’amour vache venant de sa part. Cessons de parler de lui, s’il te plaît., lui demanda la rouquine.  

- D’accord. Bon alors, comment ça s’est passé avec Mister… Monsieur N hier soir ?, se corrigea la barmaid au regard noir de son amie.  

 

Kaori esquissa un sourire amusé en repensant à la soirée, ses trois heures d’attente et la frustration de Monsieur N en sachant qu’elle reviendrait le soir même.  

 

- Super bien., répondit-elle.  

- Vraiment ? Vous avez beaucoup parlé ?, s’intéressa Miki.  

- Non, pas vraiment. On a échangé que quelques mots., lui avoua Kaori.  

- Oh… Je ne vais pas prendre le risque de me faire frapper en te demandant si vous vous êtes occupés d’une manière plus… intime., supposa la barmaid.  

- Je t’en serais gré.  

- Vous avez fait un jeu peut-être ? Lu chacun dans votre coin ? Vous vous êtes admirés mutuellement ? Un jeu de mimes ? Regardé un film ?, énuméra-t-elle, voyant Kaori lui faire un signe négatif de la tête à chaque fois, son sourire s’étirant.  

- Je donne ma langue au chat., finit-elle par céder.  

 

Elles entendirent un énorme bruit de fracas venir de la réserve et Miki alla voir. Kaori vit un corbeau sortir de là, pleurant de rire, avant que son amie referme la porte, se frappant la tête de la main.  

 

- Euh… Ce n’est rien. Juste Falcon qui a eu…, commença-t-elle, ne sachant comment finir.  

- Un petit mouvement de surprise en entendant un bruit incongru ? Un certain mot de quatre lettres peut-être ?, acheva Kaori, se retenant de rire.  

- Euh… oui…, avoua la barmaid, une goutte de sueur perlant sur la tempe.  

- Bon, alors… Dis-moi ce qui s’est passé., enchaîna-t-elle.  

- En fait… Rien., lui confia la rouquine.  

- Monsieur N ne s’est pointé qu’à passées neuf heures. Je l’ai juste attendu pour lui dire que je reviendrai ce soir., ajouta-t-elle.  

- Il n’a pas osé quand même ? Il t’a fait poireauter pendant plus de trois heures ?, s’offusqua Miki.  

- Eh oui… Que veux-tu ? Il n’avait pas envie de me voir… et n’en a toujours pas plus aujourd’hui, je pense., conclut Kaori, haussant les épaules.  

 

La barmaid admira le calme olympien de son amie. Elle aurait certainement été outrée et aurait voué le malotru aux gémonies, refusé d’y retourner le soir même en gardant le sourire en plus… Kaori n’était pas elle cependant. Il fallait des personnes beaucoup plus patientes et compréhensives, des personnes qui avaient connu un monde plus normal, policé.  

 

- Miki chérie !, entendirent-elles soudain.  

 

Ryô s’élança dans les airs, à moitié nu, en direction de la barmaid. Bien évidemment, il fut intercepté en plein vol par la massue de sa partenaire et s’écrasa lourdement au sol.  

 

- Bonfour, Kaori., fit-il.  

- Bonjour à toi aussi. Je ne te demande pas à quelle heure tu es rentré puisqu’à la façon dont tu braillais, il aurait été difficile de continuer à dormir., lui fit-elle remarquer d’une voix aigre.  

 

Ryô se releva, apparemment indifférent à ses reproches pleinement justifiés, et se dirigea vers la réserve. Si elle savait qu’il n’était même pas ivre lorsqu’il était revenu, qu’il avait seulement feint pour ne pas qu’elle se pose de questions et s’inquiète. Ainsi, elle ne lui demanderait même pas où il était. Elle présumerait qu’il s’était encore saoulé dans un cabaret ou un bar. C’était bien ainsi, au moins le temps qu’il sache de quoi il retournait et puisse lui en dire plus sur la situation, ce qui les attendait.  

 

- Tu dormais ? Je n’ai pas entendu tes ronflements…, fit-il simplement, refermant la porte derrière lui.  

- Elle est dans la salle de tir. Elle t’attend., lui indiqua Falcon.  

 

Ryô acquiesça et s’y dirigea, suivi par son ami.  

 

- Ton adversaire s’est loupé hier soir ?, lui demanda Saeko de but en blanc.  

- Bonjour à toi aussi. Je pensais que tu viendrais me trouver chez moi., fit remarquer le nettoyeur.  

- Non. Je ne voulais pas alerter Kaori., admit-elle, remettant une mèche en place et détournant un instant le regard pendant cet aveu de faiblesse.  

- Il ne m’a pas loupé. Ce n’était pas moi qu’il visait mais mon indic., lui apprit Ryô, s’appuyant sur l’un des stands de tir.  

- Que t’a-t-il appris ?, l’interrogea Falcon.  

- Qu’il avait assisté à un déchargement nocturne au port et qu’une huile en Porsche gris argent s’était pointée., expliqua le nettoyeur.  

- Un chef d’organisation ? De clan ?, le questionna l’inspectrice, curieuse.  

 

Ryô entendit l’intérêt dans le son de sa voix. Il savait qu’il l’avait appâtée mais la suite la décevrait malheureusement.  

 

- Ni l’un ni l’autre. Apparemment, quelqu’un bien sous tous rapports, quelqu’un que tu pourrais même côtoyer… ou ton père., lui expliqua-t-il.  

- Qui ?, le pressa-t-elle.  

- Ca… il est mort avant d’avoir pu le dire., lui apprit Ryô d’une voix neutre.  

- Et je n’ai trouvé personne sur le port ou ses environs pour m’en apprendre plus cette nuit., ajouta-t-il, lui faisant bien comprendre qu’il prenait l’information au sérieux.  

 

Le silence se fit dans la pièce, chacun considérant cette nouvelle donnée et les implications qu’elle pouvait avoir.  

 

- Je vais faire une recherche sur le véhicule mais je crains que ça ne donne pas grand-chose. Je visualiserai aussi les vidéos du port et de ses environs. On ne sait jamais., finit par dire Saeko.  

- Je vais continuer à questionner mon réseau et veiller., ajouta Umibozu.  

- On sait tous ce qu’on a à faire., conclut Ryô.  

 

Il n’avait pas besoin de consulter Mick spécialement sur le sujet. Même s’il était plus en retrait, ce dernier restait toujours à l’affût et les aurait avertis s’il avait appris quelque chose. Il lui en parlerait donc la prochaine fois qu’ils se croiseraient.  

 

- Tu vas en parler à Kaori ?, l’interrogea Saeko, soucieuse.  

- Non., répondit-il après un temps de réflexion.  

- Elle a son travail et continue à aller au tableau. Laissez-moi mon espace de liberté. Avec un peu de chance, ce n’est pas un homme mais une femme après tout…, fit-il, prenant un air de pervers.  

 

Ses deux acolytes poussèrent un grognement de dépit mais le laissèrent dire.  

 

- Et si le type qu’on cherche était celui pour lequel elle travaille ?, lui demanda Umibozu.  

 

Ryô ne montra pas que la chose l’inquiétait tout autant que lui. Cette possibilité lui avait sauté à la figure dès le moment où son indic en avait parlé.  

 

- Elle n’est qu’une fille lambda pour lui. Elle ne risque rien., répondit-il.  

- Mais s’il cherche à enlever des filles…, intervint Saeko.  

- Alors Kaori ne craint rien., plaisanta le nettoyeur.  

 

Jamais il n’avouerait qu’il avait ajouté un émetteur plus puissant sur elle à son insu. Il pouvait jouer les imbéciles mais il était loin d’être négligent, surtout lorsque cela concernait Kaori.  

 

- Tu as de la chance, Ryô… Si j’étais à sa place, je t’aurais étripé depuis longtemps., lui fit savoir l’inspectrice.  

- Si tu étais à sa place, nous n’aurions pas cette conversation., lui répondit-il d’une voix suave.  

- Bon, j’y vais. J’ai à faire. Il fait un temps superbe aujourd’hui.  

 

Il repassa par le café, adressa un petit geste de la main à Miki, ignora le regard désabusé de Kaori et se dirigea vers le parc. S’il y fit un peu de tapage, il ne s’y attarda pas. Il devait vérifier quelque chose de l’autre côté…  

 


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