Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 72 :: Chapitre 72

Publiée: 18-11-23 - Mise à jour: 18-11-23

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. J'espère que ça vous plaira. Bonne lecture et merci pour vos commentaires ^^ PS désolée, pas le temps de faire mieux

 


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Chapitre 72  

 

- Tu m’avais promis d’accepter ma décision., reprocha Yoshi à sa femme.  

- Je t’ai promis d’être là et de te laisser mourir dignement quand le moment serait venu., argumenta-t-elle pour la énième fois.  

- Le moment est venu., insista-t-il.  

- Je sors de l’hôpital dans cinq jours et je prends l’avion pour Sydney dans cinq jours. Dans six, ce sera fini., lui apprit-il.  

 

Kaori fit un pas en arrière, la main sur le cœur comme s’il l’avait giflée. Il ne lui avait pas dit jusque là qu’il avait pris contact avec la clinique qui gérerait son « départ », même pas qu’il envisageait de le faire.  

 

- Alors ça y est, ta décision est arrêtée… Tu abandonnes le combat. Les jumeaux n’ont pas trois mois et tu vas les quitter sans un regard en arrière, sans même leur dire au revoir., lui lança-t-elle, amère.  

- Ils ne s’en souviendront pas. Alors pourquoi…., commença-t-il.  

- Pourquoi t’embêter à le faire, hein ? Pourquoi prendre la peine de les affronter et de souffrir en leur disant au revoir ? Que te diront-ils de toute manière ? C’est vrai après tout. Tu pourras juste les tenir dans tes bras, les serrer contre ton cœur, les embrasser, les toucher… Tu ne te sens déjà plus assez homme pour faire cela ?, lui demanda-t-elle d’un ton aigre.  

 

Elle était en colère comme elle ne l’avait jamais été. Il ne pouvait pas ne pas vouloir dire au revoir à leurs enfants. C’était inenvisageable. Yoshihide ne répondit pas, gardant la mâchoire serrée.  

 

- Que vas-tu me dire après ? Que tu ne souhaites plus que je vienne non plus ? Dis-le mais je viendrai jusqu’au bout mais je ne te dirai pas au revoir !, lui assura-t-elle.  

- Je ne te laisserai pas te complaire dans ton auto-pitié. Tu as encore beaucoup de choses à vivre et offrir à tes enfants.  

- Madame, les heures des visites sont passées., les interrompit une infirmière.  

- Je vous remercie., la salua Kaori avec un sourire crispé.  

 

Elle reprit son manteau et son sac à main et se tourna vers Yoshihide.  

 

- Je m’en vais… pour ce soir. S’il te prenait l’idée de te faire transférer pour échapper à cette conversation, sache que je remuerai ciel et terre pour te retrouver. Je n’en ai pas fini avec toi, Nishihara., le prévint-elle, lui lançant un regard noir.  

 

Sans un au revoir, elle sortit de la chambre et prit les escaliers pour laisser toute cette énergie qu’elle ressentait sortir.  

 

- Je vais passer voir des amis… à pieds. Je serai au Cat’s. Pas la peine de me suivre, ça ira et je suis sûre que l’un d’eux pourra me raccompagner alors rentrez au manoir., dit-elle à son chauffeur.  

 

Il n’essaya pas de la contredire et s’en alla, la voyant s’éloigner dans le rétroviseur. Le soleil était bas mais les jour rallongeaient et c’était plutôt agréable. Cet air frais qui fouettait son visage lui faisait beaucoup de bien. Il apaisait progressivement sa colère… mais il la laissait aussi désemparée. Elle avait besoin de se changer les idées et elle savait qu’elle trouverait cela au Cat’s auprès de ses amis. Elle aurait aimé avoir ses enfants auprès d’elle mais ils étaient mieux au manoir. A cette heure, ils prenaient leur biberon et elle n’aurait même pas eu le temps de rentrer qu’ils auraient déjà été couchés. Là, elle prendrait un peu de temps pour elle, pour chasser ses mauvaises pensées et elle les retrouverait pour le biberon de la nuit.  

 

Elle traversa le parc qui prenait ce petit côté obscur alors que le jour tombait. Elle vit les passants qui pressaient le pas pour quitter les lieux qui devenaient inquiétants, laissant trop d’endroits où des personnes avec de mauvaises intentions pouvaient se cacher. Elle n’avait pas peur. Elle contempla les lieux, se réappropria les senteurs, les bruits, les oiseaux, le vent dans les feuilles renaissantes des arbres, ses pas sur le gravier des allées… C’était familier, nostalgique mais ça faisait du bien. Ca la ramenait à des temps où les choses étaient plus simples…  

 

Elle se mit à rire. A l’époque, elle n’avait pas vraiment trouvé les choses plus simples et pourtant, elle l’était. Elle n’avait pas à se battre pour que Ryô reste en vie, se demander de quoi les jours suivants seraient faits et quelle image du père elle inventerait pour ses enfants… Elle devait juste se battre pour travailler un peu…  

 

Lorsqu’elle arriva au café, l’enseigne était éteinte et le petit panneau tourné sur « Fermé ». Malgré tout, Miki et Umibozu étaient derrière le comptoir tous les deux, effectuant leur routine, et elle les observa un temps. Ca aussi, c’était apaisant. Certaines choses ne changeaient pas… comme le fait que la poignée de la porte ne lui opposa aucune résistance lorsqu’elle appuya dessus.  

 

- Kaori ! Comme je suis contente de te voir !, fut-elle accueillie immédiatement.  

 

Miki courut presque jusqu’à elle avant de la prendre dans ses bras et la serrer contre elle pendant un long moment.  

 

- Ca fait si longtemps… Tu m’as manquée., lui dit-elle.  

- Toi aussi… Vous aussi., se corrigea Kaori adressant un sourire à Umibozu.  

- Tu es seule ? Les enfants ?, demanda Miki, un peu déçue.  

- Je reviens de l’hôpital. Je ne peux pas emmener les jumeaux avec moi pour voir leur père. , expliqua la rouquine.  

- Vous allez bien ?, les interrogea-t-elle alors que son amie l’emmenait vers une table.  

- Ce serait à nous de te poser la question., lui opposa la barmaid, adressant un sourire à son mari qui leur ramenait trois tasses fumantes.  

- S’il te plaît… Parlez-moi un peu de vous. J’ai l’impression d’avoir vécu une année dans un tourbillon et de ne plus rien savoir en ce qui vous concerne, de vous avoir négligés. J’en suis tellement désolée., s’excusa-t-elle.  

- Ne le sois pas. Ecoute, ici, ça a été plutôt calme. Quelques petites escarmouches, la clientèle habituelle, la routine quoi !, s’exclama Miki joyeusement.  

- De petites escarmouches qui nécessitent un double vitrage blindé… Ca n’a pas dû être que la routine…, remarqua la rouquine, toquant sur la fenêtre.  

- Oh ça…, pipa son amie, les joues rosies.  

 

Elle adressa un regard lumineux à son mari, assis face à elle, et celui-ci esquissa un léger sourire en coin.  

 

- On prévoit pour l’arrivée du bébé., répondit simplement le géant.  

- Du… du bébé ?, souffla Kaori, les regardant tour à tour.  

- C’est merveilleux !, s’exclama-t-elle, prenant à son tour son amie dans ses bras.  

 

Elle sentit les larmes perler à ses yeux tellement elle était heureuse pour eux.  

 

- C’est merveilleux… Je suis si contente pour vous., murmura-t-elle.  

- Ca a été une décision assez soudaine mais on a eu de la chance de ne pas avoir à trop attendre., lui apprit Miki.  

- Et donc tu es enceinte de combien de semaines ?, continua Kaori.  

- Six semaines… et tout va bien si c’est ta question suivante., fit son amie, tout sourire.  

- Tu me coupes l’herbe sous le pied., plaisanta la rouquine.  

- Je suis si contente pour vous., répéta-t-elle.  

 

Ils virent un mouvement le long de la fenêtre et peu après, Mick et Kazue rentrèrent, faisant tinter la clochette.  

 

- On peut ? On ne voudrait pas déranger mais Kaori étant là…, commença Mick.  

- Oui, entrez. Plus on est de fous, plus on rit., répondit la barmaid, leur faisant signe de la main.  

- Je ne m’attendais pas à te trouver ici. Tu ne rentres pas ?, demanda l’américain à la rouquine.  

- Si… un peu plus tard. J’avais envie de vous voir., expliqua-t-elle.  

- Comment va Yoshihide ? Il sort bientôt de l’hôpital ?, l’interrogea Kazue, prenant place à ses côtés.  

- Ce n’est pas prévu pour le moment mais son état est stationnaire., répondit Kaori, régnant sur ses traits.  

- Ils le gardent même ainsi. Ils craignent quelque chose ?, s’étonna la doctoresse.  

- Ils ne m’ont rien dit en tous cas. Peut-être un peu d’excès de prudence du fait de sa maladie., suggéra plausiblement la rouquine.  

- Si ça nous donne l’occasion de te voir, je ne m’en plaindrai pas., fit Mick, sautant sur elle avec un regard pervers.  

 

Il fut retenu par deux massues qui l’aplatirent comme une crêpe au pied de la table sous le regard navré des quatre autres personnes présentes puis l’ignorant, elles entamèrent une conversation animée au moins pour les trois femmes présentes jusqu’à ce que l’américain vienne s’asseoir à leurs côtés et se joignent à elles ou plutôt rajoute de l’ambiance en taquinant son compère.  

 

Nul ne fut surpris de l’arrivée d’un sixième membre de leur bande et, sans aucun mot échangé, une place se fit à la droite de Kaori. La présence familière sembla envahir l’espace, pourtant son arrivée avait été plus que discrète. Le froid quitta enfin le corps de la jeune femme. Il suffisait d’un bras posé sur le dossier de sa chaise pour cela. Elle n’avait pas voulu aller le voir mais c’était lui dont elle avait eu principalement besoin… seulement, elle devait apprendre à faire sans lui.  

 

- Quand tu voudras rentrer, dis-le moi, je te ramènerai., lui murmura-t-il à l’oreille.  

- Merci, Ryô., chuchota-t-elle, faisant taire sa conscience qui lui disait d’objecter.  

 

Pendant une heure encore, ils profitèrent de ce moment en famille, moment qui leur fit le plus grand bien, puis Miki montra des signes évidents de fatigue et Kaori voyait l’heure du réveil des jumeaux approcher et ils se séparèrent donc sans regrets mais avec le sourire.  

 

- Comment ça va ?, lui demanda Ryô une fois dans la mini.  

- Ca va., répondit-elle, tentant d’être le plus convaincante possible.  

 

Ca allait beaucoup mieux que quelques heures auparavant en tous cas. Elle n’écumait plus de colère. Elle avait passé un bon moment, ce qui lui avait permis de reprendre son souffle et elle allait retrouver ses enfants, ce qui lui procurait beaucoup de joie… Elle aurait même été immense si elle n’avait pas cette épée de Damoclès au dessus de la tête.  

 

Ryô ne dit rien même s’il n’était pas dupe. Elle était soucieuse, elle avait cette lueur dans le regard qui le ternissait, la tension tendait la ligne de ses épaules et le pli de ses lèvres n’était pas orienté vers le haut. Elle n’allait pas bien.  

 

- Tu veux rentrer cinq minutes ? Tu aimerais peut-être voir les jumeaux…, suggéra-t-elle lorsqu’il se gara devant l’entrée du manoir.  

- Mais tu as peut-être des choses à faire., murmura-t-elle, tempérant son envie qu’il ne la laisse pas seule.  

- Tu n’auras pas trop de deux mains supplémentaires s’ils se réveillent en même temps., répondit-il nonchalamment.  

 

Il trépignait d’impatience à l’idée de revoir les enfants, de pouvoir les regarder et peut-être même les toucher mais il ne voulait pas imposer sa joie à Kaori alors qu’elle devait visiblement affronter le refus de Yoshihide de poursuivre leur vie commune. C’était lui qui aurait dû être là et partager cela avec elle.  

 

- C’est vrai, merci., acquiesça-t-elle, esquissant un sourire.  

 

Ils se rendirent dans la chambre des enfants toujours endormis. Pendant quelques minutes, ils les regardèrent dans le plus grand silence. Ils avaient tellement changé, pensa Ryô. Ils avaient grandi, leurs traits s’affirmaient, leurs doigts s’étaient allongés. Il l’avait déjà vu avec Hanae mais les voir côte à côte, ça lui semblait encore plus réel. Paisibles, innocents, protégés, c’étaient les mots qui virevoltaient dans l’esprit de leur mère qui, sentant son cœur se serrer, finit par se retourner et préparer les couches et autres petites choses qui seraient nécessaires sous peu.  

 

- Je vais préparer les biberons., dit-elle à Ryô quand elle eut fini.  

- Reste avec eux si tu veux.  

 

Il ne se fit pas prier et resta un peu plus longtemps debout entre les deux berceaux à peine séparés de quelques centimètres avant de rejoindre sa partenaire en cuisine.  

 

- Tu ne les allaites plus ?, lui demanda-t-il, voyant les boîtes de lait en poudre.  

- Non. Ils ont arrêté cette semaine tous les deux., expliqua-t-elle, une pointe au cœur.  

- Ca reste tes bébés., tenta-t-il de la rassurer en entendant le regret dans sa voix.  

- Je sais… Ca fait juste beaucoup en même temps., se défendit-elle.  

- Il n’a toujours pas changé d’avis, n’est-ce pas ?, affirma Ryô.  

 

Elle se retourna et croisa son regard sombre. Il était appuyé au chambranle de la porte, les bras croisés et il donnait l’impression de remplir l’espace comme pour l’empêcher de partir… ou quelqu’un d’entrer et elle se sentait moins seule et surtout très protégée.  

 

- Il prend un vol pour l’Australie dans cinq jours., lui apprit-elle.  

- L’Australie… Je croyais qu’il irait en Suisse ou autre.  

- Non. Ce sera à Sydney. Je… Je ne sais plus quoi lui dire. Il ne veut même pas quitter l’hôpital pour pouvoir passer ses derniers jours ici avec les enfants et je ne peux pas les amener dans son service. Il ne veut pas leur dire au revoir., lui expliqua-t-elle, la colère et la tristesse faisant leur grand retour.  

 

Au même moment, les premiers geignements se firent entendre et elle régna sur ses sentiments pour pouvoir s’occuper de ses enfants sans les imprégner de ses mauvaises pensées. Parée, calme intérieurement autant qu’elle pouvait l’être, elle mélangea les deux biberons et les prit avec elle.  

 

Hide fut le premier à se réveiller comme toujours. Elle le prit à bras, le berça quelques instants pour le calmer et gagner du temps avec Hanae qui dormait encore mais plus très profondément avant d’aller le changer. Elle prit son temps, caressa ses pieds, lui parla à voix basse comme pour rattraper toutes ces heures qu’elle avait passées loin de lui et elle en ferait autant avec sa sœur après. Elle n’avait pas honte du regard que portait Ryô, adossé au mur juste à côté d’eux. Elle savait qu’il les aimait tout autant que Yoshi. Quand elle eut fini de changer sa couche, elle referma son body puis son pyjama et attacha la bavoir autour de son cou.  

 

- Tu peux lui donner son biberon ? Hanae se réveille., lui demanda-t-elle, tenant Hide contre elle.  

- Tu es sûre ? Sinon, je fais patienter la petite., proposa-t-il.  

- Non. Occupe-toi de lui., lui assura-t-elle.  

- Je sais que tu sais faire., fit-elle avec un léger sourire malicieux.  

- Je ne leur ai jamais donné le biberon., lui opposa-t-il, prenant malgré tout le bébé dans les bras.  

 

Kaori le laissa s’installer dans l’un des deux fauteuils prévus pour l’occasion et lui donna la bouteille qu’Hide essaya d’attraper avec ses menottes. Finalement, mettre un biberon dans la bouche d’un enfant affamé était aussi facile que de viser le centre de la cible, se dit Ryô, grimaçant à la comparaison certainement très mal choisie. Il regarda un moment le bébé boire goulûment avant d’observer Kaori s’occuper d’Hanae puis s’asseoir dans l’autre fauteuil et lui donner à son tour sa pitance. Il aima ce moment malgré le silence, l’absence de regards échangés entre eux. C’était un moment de sérénité comme il espérait en avoir plus tard, lorsque ce serait son moment. Les enfants seraient plus grands mais ils trouveraient des occasions.  

 

Les enfants s’étaient rendormis depuis longtemps lorsqu’ils les remirent au lit et les laissèrent.  

 

- Tu veux un café ? Un alcool peut-être ?, demanda Kaori, appréhendant de le voir partir.  

 

Ryô s’arrêta dans le couloir et se tourna vers sa partenaire. Il voyait son anxiété et il leva la main vers elle pour caresser sa joue. Elle inclina le visage et en profita, laissant échapper un léger soupir, les yeux fermés.  

 

- J’aimerais avoir la capacité qu’ont certains à délier amour et sexe…, murmura-t-elle soudain.  

- Quoique je t’aime mais…, commença-t-elle.  

- Kaori…, l’appela-t-il avec tendresse.  

 

Elle rouvrit les yeux et eut du mal à les lever vers lui, craignant sa désapprobation… ou peut-être de lire la même chose qu’elle ressentait et de ne pouvoir résister. Il y avait de la deuxième partie mais il se contrôla tout comme elle mais elle ne se sentit nullement jugée.  

 

- Excuse-moi, je suis fatiguée., fit-elle.  

- Je sais. Le sexe pour oublier, ça fait du bien mais juste un temps. Ca n’est qu’éphémère., lui rappela-t-il, l’attirant à lui.  

 

Il la serra contre lui pour lui rappeler qu’elle n’était pas seule et elle se laissa aller sans chercher plus. Au bout de quelques minutes, il déposa un baiser dans ses cheveux et s’écarta.  

 

- Ne va pas à l’hôpital demain., lui demanda-t-il.  

- Je dois convaincre Yoshi…, objecta-t-elle.  

- Je sais. Surprends-le, mets-le face à ses contradiction en n’y allant pas et occupe-toi des jumeaux. Ils ont besoin de toi. Cinq jours, c’est peu mais c’est beaucoup aussi et ça fait déjà une semaine que tu te bats avec lui. Prends du recul et prends du temps pour toi et eux., lui conseilla-t-il.  

- Promets-le moi., insista-t-il.  

- Je… D’accord, c’est promis., murmura-t-elle, culpabilisant par avance.  

- Ca ira, Kaori. Va te coucher., lui ordonna-t-il, lui adressant un signe de la main et s’en allant.  

 

Personne ne faisait du mal à la femme qu’il aimait et aux enfants, s’était-il juré, même pas leur propre père.  

 

- Elle promène les enfants dans le jardin., entendit Ryô au bout du fil le lendemain au moment de l’ouverture du services des soins intensifs.  

- Très bien. Merci Mick., répliqua-t-il, soulagé.  

- Je peux les accompagner ?, l’entendit-il lui demander d’une voix particulière.  

- Rentre chez toi et fous-lui la paix ou je te rends une petite visite dans la soirée avec les seringues de ta chérie ou un couteau… au choix., le menaça-t-il.  

- Je rentre !, répondit l’américain d’une voix précipitée.  

- Excellente décision., apprécia Ryô, raccrochant.  

- Que fais-tu là ?  

 

La question ne désarçonna pas le nettoyeur, pas plus que l’agressivité qu’il ressentit.  

 

- Kaori ne devrait pas tarder à arriver. Tu devrais l’attendre et partir avec elle… et occupe-la jusqu’à la fin de la semaine., fit Yoshihide d’un ton aigre.  

- Je n’ai pas pour habitude de baiser les femmes mariées., répondit Ryô, se demandant si la vulgarité vaudrait à sa partenaire un minimum d’indignation de son mari.  

- Considère qu’elle ne l’est plus., répondit ledit mari, la colère flashant dans son regard malgré tout.  

- Intéressant, elle ne nous a pas parlé de divorce hier soir au Cat’s., pipa le nettoyeur, se grattant le menton comme s’il cherchait à se souvenir.  

- Dans moins d’une semaine, elle sera veuve alors tu ne ferais rien de plus que prendre un peu d’avance., répliqua le patient.  

- Tu n’as donc toujours pas changé d’avis ? Et tu ne veux pas profiter du temps qu’il te reste pour être avec ta famille ?, constata son homologue.  

- Pourquoi faire ? Me battre avec Kaori ? Voir les larmes de ma mère ou le regard blessé de mon père ?, résuma Yoshihide.  

- J’ai serré Hide contre moi hier. C’est fou comme un si petit corps peut faire une telle impression., murmura Ryô, suffisamment haut pour être entendu.  

 

Il vit la lueur d’envie qui passa dans le regard de Yoshihide, lueur qu’il dompta aussi vite.  

 

- Tu n’as donc pas envie de cela non plus. Tenir tes enfants une dernière fois, les serrer contre toi, leur dire que tu les aimes, qu’ils ont eu une place importante dans ta vie, des petits miracles ? Tu veux vraiment que le dernier contact qu’Hanae ait eu avec toi ce soit ce moment où elle t’a échappé des bras, où tu as cru l’avoir blessée ?, lui demanda Ryô.  

- Ils n’ont plus besoin de moi. Je ne peux pas être un danger ni une charge pour eux., répliqua Yoshihide.  

- Très bien. Alors pourquoi attendre cinq jours de plus ? Mettons fin à tout ça aujourd’hui., suggéra le nettoyeur d’une voix froide.  

- Demande à sortir de l’hôpital.  

- Quoi ?!, s’étonna Yoshihide.  

- Demande à sortir de l’hôpital et tu n’auras pas cinq jours à attendre avant de mourir. Je suis un tueur professionnel. Tu veux libérer Kaori, tu ne veux plus voir tes enfants ni parents alors pourquoi les faire souffrir plus longtemps. Demande à sortir d’ici., lui ordonna Ryô.  

- Tu… tu le ferais vraiment ?, souffla Nishihara.  

 

Le nettoyeur ne répondit pas mais le patient appela aussitôt l’infirmière qui fit venir le médecin qui, malgré sa surprise à le voir changer d’avis, le laissa sortir sans aucune difficulté, n’ayant aucune raison de le retenir plus. Moins de dix minutes plus tard, les deux hommes étaient dans la mini, le fauteuil roulant abandonné sur le trottoir.  

 

- De toute façon, tu n’en auras pas besoin là où tu vas., répliqua simplement Ryô, le poussant négligemment.  

 

Ils prirent la route, s’éloignant du centre de Tokyô et se dirigeant vers le manoir Nishihara.  

 

- Je ne veux pas rentrer !, gronda Yoshihide en comprenant où ils allaient.  

- Tu ne rentreras pas. Je ne te laisserai plus leur faire du mal. Alors tu vas juste te taire et regarder., lui dit-il, lui tendant une paire de jumelles.  

 

Il pointa du doigt dans une direction et Yoshihide regarda. Il vit la silhouette de Kaori debout dans la lumière du soleil, tenant l’un des bébés dans ses bras. Son cerveau lui hurlait de lâcher les jumelles mais sa main refusait d’obéir. Malgré tout ce qu’il avait pu lui dire, c’était dur de la laisser mais c’était ce qu’il avait de mieux à faire. Elle n’avait pas besoin d’un grabataire en plus de deux enfants en bas âge.  

 

- Dommage qu’il n’y ait personne à ses côtés pour tenir le deuxième…, pipa soudain Ryô.  

- On y va., fit-il brusquement, reprenant la route avant que Yoshihide ait eu le temps de protester.  

- Après tout, tu as raison : elle a déjà une poussette à gérer, un fauteuil roulant en plus…, lâcha-t-il cyniquement.  

- Vous pourriez faire la chenille, tiens. Tu pousserais la poussette pendant qu’elle te pousse. Ca ferait une belle balade en famille., ironisa-t-il.  

 

Yoshihide ne répondit rien mais serra les dents face aux moqueries évidentes de son rival. Il lui en voulait. Pourquoi être aussi méchant alors qu’au final il aurait tout ce qu’il, et ce que lui, voulait, Kaori et ses enfants ?  

 

- On y est., l’informa Ryô.  

 

Sans aucune formalité, il l’attrapa dans ses bras et l’emmena dans une cabane en bois où il le déposa sur une couchette crasseuse sans ménagement. La poussière vola et le fit tousser mais visiblement le nettoyeur n’en avait rien à faire, sortant de ses poches des choses qu’il ne pouvait voir.  

 

- Alors que préfères-tu ? La balle ? Le couteau dans le cœur ? Je ne te trancherai pas la gorge, ça ferait trop à nettoyer… Après, j’ai poison à volonté, plus ou moins violent. Je peux aussi te briser la nuque ou t’étrangler…, lui proposa Ryô comme s’il lui lisait un menu.  

 

C’était sans affect, neutre.  

 

- Je… Je ne sais pas., bredouilla Yoshihide.  

 

Tout ça allait trop vite soudain. Il était seul avec Ryô, en dehors de toute structure. Ce n’était pas du tout ce qu’il avait prévu, il perdait le contrôle et le cours de ses pensées bien structurées. Tout ce qu’il avait en tête pour le moment, c’étaient les images de Kaori et du bébé.  

 

- Alors Yoshi ! Décide-toi !, le pressa Ryô.  

- Le poison !, lança l’homme, sentant qu’il ne pouvait plus attendre, qu’il risquait de changer d’avis.  

- Tiens ! Cul sec !, lui ordonna le nettoyeur, lui tendant un verre.  

- Même pas un dernier mot… T’étais pressé dis donc…, ironisa-t-il quand il eut fini.  

 

Yoshihide le regarda sans comprendre. Il commençait à avoir chaud et froid aussi. Il se sentait bizarre comme si tout en lui se bloquait, se tétanisait. Sa gorge le brûlait et il avait envie de hurler… mais pas pour ça, pas parce qu’il avait mal du poison. Il avait mal de ce qu’il laissait derrière lui, il avait mal du regard de Kaori quand il lui avait dit vouloir en finir. Il s’était trompé. Il aurait voulu être la deuxième paire de bras pour que leur deuxième enfant puisse lui aussi baigner dans le soleil. Il aurait voulu pousser la poussette même si Kaori aurait dû le pousser lui.  

 

- Non… Je ne peux pas…, murmura-t-il, juste avant de sombrer dans l’inconscience.  

 

Ryô le regarda d’un air fermé un instant avant de rassembler tout ce qu’il avait sorti. Il avait fait ce qu’il avait à faire. 

 


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