Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

» Ecrire une review

 

GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Pourquoi ne puis-je pas accéder aux fanfictions NC-17?

 

Les fanfictions classées NC-17 comportent des scènes strictement réservées à un public adulte. Donc, pour pouvoir les lire, il faut être membre du site et m'envoyer un email certifiant que vous avez plus de 18 ans.

 

 

   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 86 :: Chapitre 86

Publiée: 24-01-24 - Mise à jour: 24-01-24

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Je ne vais pas m'étaler en commentaire, vous devez tous vous attendre à ce qui va se passer. "Bonne" lecture.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106


 

Chapitre 86  

 

Lorsqu’ils arrivèrent à la clinique, Ryô fut surpris de la configuration de l’endroit. Ils avaient passé un grand bâtiment qui ressemblait tout à fait à un hôpital et avait continué leur route pendant quelques minutes de plus arrivant dans ce qui ressemblait plus à un centre de vacances qu’à une clinique avec ses bungalows fleuris, le cadre verdoyant et surtout la mer en toile de fond.  

 

- C’est déstabilisant, hein ?, fit remarquer Kaori, sortant Hanae de la voiture avant de se pencher vers Hide.  

- Je… oui., admit-il, attrapant la main de la petite.  

- Je ne m’attendais pas non plus à ça hier quand on est venus visiter., fit-elle, grimaçant sur le dernier mot.  

- C’est mieux pour les enfants. Et pour vous… c’est plus… intime…, pipa-t-il, avançant avec Hanae vers le bungalow non loin.  

- Il a cherché ce qu’il y avait de mieux pour nous et pour lui., lui expliqua Kaori, aidant Hide à monter les quelques marches qui menaient au porche.  

- Balançoire !, fit le petit garçon, désignant du doigt la balancelle immobile sous le porche.  

- On ira après, Hide. On va aller voir papa d’abord, d’accord ?, lui dit-elle.  

 

Il ne dit rien mais suivit sa mère, jetant un regard en arrière vers l’objet convoité. Ils pénétrèrent dans la maison et, loin de sentir les odeurs habituelles, furent accueillis par la fragrance délicate d’un bouquet de fleurs fraîches posé sur la table face à eux.  

 

- Si tu as besoin, il y a une petite cuisine là., lui indiqua-t-elle.  

- Là, il y a un salon qui donne sur la chambre où Yoshi est. Et les commodités sont là-bas., fit-elle, sentant une boule se formait dans sa trachée alors qu’ils approchaient de la porte du salon.  

 

Ryô tendit l’oreille mais n’entendit aucun son aux abords immédiats.  

 

- Kaori, tu devrais le prévenir que je suis là. Si ça pose un souci, je m’en irai, j’attendrai dehors., suggéra-t-il, tendu.  

 

Il ne voulait pas empiéter sur leurs derniers moments à deux ou à quatre.  

 

- Tu peux juste attendre avec les jumeaux que je vois avec lui s’ils peuvent venir le voir ?, lui demanda-t-elle, anxieuse.  

- Oui. N’oublie pas que tu es forte, Kaori., lui chuchota-t-il alors qu’elle ouvrait la porte.  

 

Elle acquiesça, faisant front alors qu’elle pâlissait devant ses yeux. Lorsqu’elle entra dans la pièce, elle chercha de suite vers l’ouverture qui menait à la chambre et vit son mari à moitié assis dans le lit, discutant avec ses parents… enfin discuter n’était peut-être pas le bon puisqu’il semblait surtout réconforter sa mère, assise à ses côtés. Le cœur lourd, elle baissa les yeux sur Hide qui tenait toujours sa main et se dit qu’elle devait vraiment faire face avec courage. Elle n’aurait pas que son chagrin à affronter, elle le savait déjà. Il y aurait celui des enfants et de ses beaux-parents qu’elle affectionnait énormément. Ce serait dur, émotionnellement et physiquement aussi certainement, mais elle se laissa toucher par la présence réconfortante derrière elle, cette présence qui serait un roc dans la tempête, elle le savait aussi.  

 

- Merci Ryô., murmura-t-elle, se tournant vers lui et lui tendant la main d’Hide.  

 

Elle plongea dans son regard et il comprit le message, se tenant prêt à jouer le rôle dont elle aurait besoin.  

 

- Je… Je reviens., fit-elle avant de s’éloigner.  

- Coucou, on est là., s’annonça-t-elle, une main sur le mur de séparation.  

- Eh… La plus belle., murmura Yoshi, le regard brillant.  

 

Elle ne savait comment il faisait mais son sourire la contamina et elle y répondit, approchant du lit.  

 

- Les enfants sont dans le salon. Ils peuvent venir te voir ?, lui demanda-t-elle.  

- Tu les as laissés tous seuls ? Je ne suis pas sûr que la caution versée sera assez élevée pour couvrir les frais de leur curiosité., plaisanta-t-il, sachant qu’elle ne l’aurait jamais fait.  

- Ryô est arrivé ce matin., lui apprit-elle, attendant sa réaction.  

 

La surprise se peignit sur les traits de Yoshi et il fronça les sourcils, non par contrariété mais réflexion.  

 

- Mais je croyais que…, commença-t-il avant de se taire, sa femme ayant parfaitement compris où il voulait en venir.  

- Un petit coup de pouce amical. Il veut être là pour nous soutenir, tous., lui expliqua-t-elle.  

- Ryô !, l’appela Yoshi.  

 

Ils entendirent des petits pas approcher et le nettoyeur apparut, les deux enfants à ses côtés.  

 

- Papa !, s’exclamèrent-ils, avançant vers lui de leur démarche maintenant affirmée à peine gênée par la couche.  

 

Kaori les souleva tour à tour et ils allèrent chercher la chaleur et le réconfort de leur père.  

 

- Je ne veux pas m’imposer. Tu n’as qu’à un mot à dire et je…, commença Ryô, impassible.  

- Reste., le coupa Yoshi.  

- Si tu le veux bien, reste. A vrai dire, j’espérais bien te voir ici mais je ne me voyais pas te demander tout cela après tout ce que tu as déjà fait pour ma famille., fit-il.  

- Mais ça fait déjà un moment que c’est notre famille, non ?, ajouta-t-il, le regard serein.  

- Je ne cherche pas à prendre ta place. Je veux juste être là pour les aider., lui opposa le nettoyeur, sentant le regard des parents de Yoshi sur lui également.  

 

Il aurait à les gérer eux aussi après, alors il préférait que les choses soient claires et dites en présence de la personne concernée.  

 

- Je sais… et ils le savent aussi. J’ai mis mes parents au courant de notre arrangement au moment où j’ai pris ma décision. Ils savent qu’un jour, Kaori déménagera avec les enfants pour te retrouver et ils savent aussi qu’ils ne seront pas écartés de la vie de leurs petits-enfants parce que j’ai appris à te connaître et je sais que tu as le sens de la famille., lui dit Yoshi posément.  

- Je… oui. Vous serez toujours les bienvenus à l’appartement pour les voir et, si vous avez le moindre souci, je serai là également., leur assura Ryô.  

 

Mitsuko, la mère de Yoshihide, approcha de lui et il eut un moment de stress, se demandant ce qu’elle lui voulait. Elle posa les mains sur ses joues, les yeux emplis de larmes, et lui sourit affectueusement.  

 

- J’avoue que je n’aimais pas trop vous voir si proche de ma belle-fille au début mais vous vous êtes toujours montré correct avec elle et Yoshi et nous avons vu à quel point les enfants comptaient pour vous également. Merci aussi d’avoir été là pour notre fils, pour l’avoir poussé à se battre quand l’amour ne suffisait plus. Je suis rassurée de savoir que nos petits-enfants seront entre de bonnes mains en plus de celles de Kaori., lui dit-elle sincèrement.  

- Je… Je n’ai rien fait de particulier…, pipa Ryô, mal à l’aise face à ce regard maternel.  

- Je leur ai tout dit alors ne refuse pas les compliments., plaisanta Yoshi.  

- Au fait, je dois aussi te remercier., fit-il, malicieux.  

 

Ryô avait du mal à croire que ce même homme allait mourir dans moins de deux heures alors qu’il était là à plaisanter et garder le sourire.  

 

- A quel sujet ?, demanda Kaori, curieuse.  

- D’avoir cru pendant quelques semaines que j’étais un vilain caïd de je-ne-sais-quel-trafic. C’est plutôt flatteur à bien y penser, moi qui me trouvait lisse comme une coquille d’oeuf., répondit-il, amusé.  

- L’homme que j’ai rencontré n’était pas vraiment lisse., lui fit remarquer Kaori, un sourcil levé.  

 

Elle ne se souvenait que trop bien encore à quel point il avait pu être colérique, changeant et pas vraiment enclin à lui laisser une chance.  

 

- L’homme que j’ai rencontré m’a même fait croire qu’il couchait avec sa meilleure amie alors que j’étais dans la pièce d’à-côté., lui rappela-t-elle.  

- Yoshihide !, s’écria sa mère, choquée.  

- C’était Tami, maman. On ne faisait que simuler., se défendit-il.  

- Quand même, ce n’est pas ainsi qu’on t’a élevé !, lui rappela-t-elle.  

- Oui… Ben tu mettras ça sur le compte d’une erreur de jeunesse… C’était au moment où je n’étais pas prêt à me laisser approcher., s’excusa-t-il, posant la main sur celle de sa femme.  

- Balançoire !, lança soudain Hide, descendant du lit.  

- Maman, balançoire !, insista-t-il.  

 

Kaori regarda son fils en se mordillant les lèvres. Elle n’avait pas espéré qu’ils resteraient tranquilles pendant les deux heures qui suivaient mais elle avait espéré pouvoir passer du temps avec son mari.  

 

- On va vous laisser un peu seuls. Tu viens avec grand-mère, Hide ? On va aller à la balançoire., lui proposa Mitsuko, lui tendant la main.  

 

Maman ou mamie, peu importait pour le petit garçon pour le coup. Il voulait aller à la balançoire et c’était tout.  

 

- Moi aussi !, lança Hanae, descendant à son tour du lit précipitamment.  

 

Elle trouva la main tendue de son grand-père et ils sortirent tous les quatre sous le regard triste de leur père.  

 

- Je suis soulagé qu’ils ne réalisent pas…, murmura Yoshihide d’une voix tendue.  

- C’est déjà difficile pour mes parents mais eux… Et d’un autre côté, rester n’est pas une solution non plus., musa-t-il, se tournant vers sa femme.  

- Et toi, tu vas devoir gérer tout cela. C’est peut-être ce qui me met le plus en colère dans toute cette situation., lui dit-il.  

- Elle ne sera pas seule et tu l’as déjà vu : il y a toute une famille qui l’attend… qui les attend à Tokyo., intervint Ryô.  

- Et toi., ajouta son homologue.  

- Et moi. De jour comme de nuit, je serai là s’ils ont besoin de moi… même lorsqu’ils ne seront pas encore à l’appartement., affirma le nettoyeur.  

- Merci Ryô. Merci de t’être mis en retrait quand il le fallait mais d’avoir su rester l’ami malgré tout. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu le faire à ta place., avoua Yoshi.  

- Tu sais bien que je n’ai pas toujours été à la hauteur., objecta Ryô.  

 

Yoshi esquissa un sourire de connivence. Oui, il savait. Il savait qu’il y avait eu du désir entre les deux, que la tentation avait dû être grande, qu’ils avaient eu des moments de connivence mais le seul moment où il avait failli, c’était lors de ce baiser et il le lui avait avoué.  

 

- Tu es un homme bien., lui retourna-t-il, fermant les yeux quelques secondes.  

- Yoshi, ça va ?, s’inquiéta Kaori.  

- Oui, je suis juste un peu fatigué. Je vais me reposer un peu. Allez faire un tour ou prenez un café. J’ai besoin de quelques minutes seul pour me requinquer., lui dit-il avec douceur.  

 

S’il y avait bien un endroit qu’elle n’avait pas envie de quitter pour le moment, c’était le chevet de son mari alors Kaori se mordilla la lèvre, hésitant sur ce qu’elle devait faire.  

 

- Ils ne m’ont pas encore donné le dernier médicament, Kaori. Je suis juste un peu fatigué à force de parler. Alors fais-moi plaisir, sors un peu d’ici et ramène-moi un peu de thé glacé en revenant dans un quart d’heure, s’il te plaît., lui demanda-t-il.  

- Elle le fera., lui assura Ryô.  

 

La voix assurée de son partenaire mit fin à ses doutes et elle se pencha vers son mari, l’embrassant avant de se lever.  

 

- Un quart d’heure., lui dit-elle, lui faisant comprendre qu’elle ne perdrait pas une minute de plus de ce précieux temps qu’il leur restait.  

 

Ils sortirent de la chambre et se rendirent dans la cuisine, préparant du café et une collation pour les enfants.  

 

- Quand lui donneront-ils le dernier médicament ?, demanda Ryô.  

 

Il vit Kaori consulter sa montre puis l’entendit prendre une profonde inspiration.  

 

- Dans un peu plus d’une demi-heure. Après… après son cœur va ralentir progressivement et il va s’endormir avant de mourir., lui apprit-elle d’une voix neutre.  

 

Mais de neutralité il n’était pas question lorsqu’il vit son regard hanté par la douleur et l’appréhension.  

 

- Je n’arrive pas à croire que plus d’une heure soit déjà passée depuis qu’on est arrivés., lui confia-t-elle.  

 

Il sentit la détresse monter en elle et elle s’accrocha au plan de travail si fort que ses phalanges en étaient blanches. Il se plaça derrière elle et l’entoura de ses bras, lui donnant une bouée à laquelle se raccrocher. Aucun mot ne fut échangé pendant ces quelques minutes qu’ils partagèrent ensemble et, quand elle pressa doucement sur son avant-bras, il la laissa partir comprenant qu’elle avait repris le dessus.  

 

Il la regarda sortir sur le porche et, moins de trente secondes après, les deux bambins tout excités de savoir qu’ils avaient le droit de manger un biscuit arrivèrent en courant, attrapés au vol par Ryô qui leur fit se laver les mains, assis près de l’évier, avant de les laisser aller voir leur mère sur les genoux de laquelle ils grimpèrent.  

 

- Kaori…, l’interpela son beau-père.  

 

Elle leva la tête et vit que les deux se tenaient la main, tentant de sourire malgré leur douleur et la tension qui les habitaient.  

 

- Nous allons aller voir Yoshi quelques minutes puis nous vous laisserons seuls. Nous serons dans le parc., l’informa-t-il.  

- Mais… vous pouvez rester. Vous êtes ses parents., bredouilla-t-elle d’une voix blanche.  

- Justement… c’est trop dur. On accepte son choix mais… on ne peut pas être là au moment où ça arrivera. Nous passerons régulièrement devant la maison pour voir s’il faut prendre les enfants., lui apprit-il, les larmes aux yeux.  

- Je… d’accord. Je vais voir s’il a pu se reposer comme il le voulait., leur dit-elle.  

- Vous voulez aller jouer les enfants ?, leur demanda-t-elle.  

- On peut aller à la mer ?, demanda Hanae, le regard expectatif.  

 

Kaori prit sur elle pour ne pas pleurer puis secoua la tête en esquissant un sourire.  

 

- Demain, Hanae. Je pense que demain nous pourrons aller à la mer., lui répondit-elle, espérant qu’elle accepterait sa réponse sans faire de crise.  

- Si on allait jouer au ballon dehors ?, proposa Ryô.  

 

Les enfants crièrent de joie et bondirent des genoux de leur mère avec qui il échangea un bref regard.  

 

- Quand ils arriveront, je les amènerai pour qu’ils l’embrassent avant…, murmura-t-il.  

- D’accord, merci., acquiesça-t-elle.  

 

Elle les regarda partir tous les trois, soulagée de la présence de Ryô. Sans lui, elle se demandait vraiment comment elle aurait fait.  

 

- Yoshi avait raison. C’est bien qu’il soit là après., murmura sa belle-mère alors qu’elle versait un verre de thé glacé pour Yoshi.  

- Oui… mais ne doutez jamais des sentiments que j’éprouve pour Yoshi., leur retourna Kaori, prenant le verre d’une main tremblante.  

- Loin de nous, cette idée., lui affirma Mitsuko.  

- Yoshi, tes parents voudraient te voir., fit Kaori, s’asseyant pour l’aider à boire.  

 

Il prit à peine une petite gorgée et commença à tousser alors qu’il avalait de travers. Kaori l’aida à passer ce mauvais moment avant de le recaler contre les coussins, le souffle court et difficile.  

 

- Laisse-les venir. Ca ira., lui fit-il savoir.  

 

Elle alla chercher ses beaux-parents et leur laissa l’intimité dont ils avaient besoin tous les trois. Lorsqu’ils sortirent delà, ils ne purent retenir plus les larmes qui montaient, larmes qui redoublèrent lorsqu’entrèrent le médecin et l’infirmière qui venaient lui donner le dernier médicament.  

 

Alors que son beau-père et sa belle-mère sortaient, Ryô entrait avec les enfants et chercha Kaori du regard. Il avança dans le salon et la trouva appuyée contre le mur, les yeux rivés sur les deux inconnus, la jeune femme retirant l’aiguille de son bras.  

 

- Vous vous souvenez de ce qu’on a dit ?, demanda le médecin à son patient.  

- Oui, docteur. Je tenais à vous remercier vous et votre équipe pour les soins de qualité., fit Yoshi d’une voix stable et calme.  

- Je vous en prie. Au revoir, Monsieur Nishihara., le salua le médecin qui se retira.  

- Ca ne devrait pas durer plus d’une demi-heure., fit-il, s’arrêtant près de Kaori qui s’était redressée.  

- Il ne souffrira pas. Il va juste s’endormir. Prenez votre temps pour nous prévenir., lui dit-il avec beaucoup de compassion.  

- Merci docteur., acquiesça-t-elle.  

- Je vous en prie. A tout à l’heure., la salua-t-il.  

 

Elle essuya ses yeux discrètement puis se tourna vers ses enfants qui attendaient derrière elle sagement.  

 

- Vous vous souvenez de ce que j’ai dit ce matin ? Papa va faire un gros dodo maintenant. Si vous alliez lui faire un énorme câlin et plein de bisous avant qu’il ne ferme les yeux ?, leur suggéra-t-elle avec un sourire rassurant.  

 

Il n’en fallut pas plus pour que quatre petits pieds foncent à toute allure vers l’homme qui les aimait plus que tout au monde et, aidés par leur mère, ils grimpèrent sur le lit où ils ne se firent pas prier pour le câliner et lui faire des bisous tout baveux.  

 

- Je vous aime, mes chéris. Je vous aime plus que tout au monde et je veillerai toujours sur vous., leur promit-il, l’émotion bien présente dans sa voix.  

 

Kaori vit les larmes rouler sur les joues de son mari et vint s’asseoir à ses côtés pour pouvoir le soutenir. Elle ne savait pourquoi ni comment mais sa propre détresse semblait avoir disparu pour laisser place à une force qu’elle ne se soupçonnait pas sur le moment. Avec douceur, elle posa la main derrière son épaule, lui assurant son soutien alors que les adieux à ses enfants étaient douloureux pour lui.  

 

- Dors bien papa., fit Hanae, posant une dernière fois sa tête contre lui avant de se relever.  

- On peut aller jouer ?, demanda-t-elle.  

- Oui., acquiesça-t-il, manquant déjà leur contact mais à peine déçu par leur départ.  

 

C’était mieux ainsi pour eux.  

 

- Papa, beaux rêves !, lui souhaita Hide, lui faisant un petit signe de la main.  

- Merci bonhomme., lui sourit Yoshi.  

- Je vais m’occuper d’eux., fit Ryô.  

- Attends Ryô. Je… Je te confie ma famille. Je sais que tu seras à la hauteur. C’est terrifiant, peut-être même plus que mourir, mais ça vaut le coup. Alors, sois leur père si tu en as envie et, en ce qui vous concerne… vous avez ma bénédiction quoiqu’il advienne., lui dit son ancien rival devenu ami.  

 

Ryô sentit une boule se former dans sa trachée et mit quelques secondes à la chasser pour pouvoir parler.  

 

- Ils seront en sécurité et aimés comme tu l’aurais fait. Fais bon voyage., lui souhaita-t-il avant de rejoindre les petits qui martelaient la porte pour sortir.  

 

Il ne resta dans la chambre que Yoshi et Kaori qui se regardèrent un moment en silence.  

 

- Tu peux m’aider à m’allonger, s’il te plaît ?, lui demanda-t-il.  

- Oui., souffla-t-elle d’une voix éteinte.  

- Viens à côté de moi., lui demanda-t-il ensuite, réunissant ses dernières forces pour pousser son bras pour qu’elle vienne se blottir contre lui.  

 

Il sentit avec bonheur sa tête se poser contre son épaule et sa main gauche se poser sur son ventre. Soulagé, il parvint à remonter sa main pour la poser sur son épaule et la caresser du pouce.  

 

- Ces deux dernières années ont été… un cadeau du ciel pour moi., chuchota-t-il.  

- Pour moi aussi, Yoshi. Je suis heureuse avec toi., lui répondit-elle.  

- Je t’aime, Kaori. Ne doute jamais de cela. Je t’aime et j’aime nos enfants. S’il y avait eu un traitement, même long et douloureux, qui m’avait permis de guérir, je l’aurais suivi sans hésiter pour pouvoir finir ma vie avec toi., lui confia-t-il.  

 

Il la sentit hocher la tête contre lui et cette réponse lui suffisait.  

 

- Tu comprends que je parte maintenant volontairement plutôt que de devenir un légume, n’est-ce pas ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. Tu t’es suffisamment relevé pour nous. Ce qui arrivait… je comprends que tu ne veuilles pas vivre ainsi., lui assura-t-elle.  

- Et je ne te trouve pas faible. Je t’aime et je respecte celui que tu es. Il t’a fallu beaucoup de courage pour prendre ce chemin… et nous affronter., ajouta-t-elle.  

- J’ai plutôt eu l’impression de t’avoir de mon côté., pipa-t-il, amusé.  

- Ces dernières semaines… Les fois d’avant, je n’y suis pas allée de main morte avec toi., admit-elle.  

- Et tu avais raison : mon heure n’était pas encore venue. Merci pour ça. Je n’aurais pas vu leur premier pas ni leur anniversaire dans le cas contraire., lui opposa-t-il avec douceur.  

 

Elle ne sut quoi répondre et, pendant quelques secondes, le silence fut de mise. De sa main droite, Yoshi attrapa sa main posée sur son ventre et la caressa.  

 

- Je sais que tu vas souffrir dans les jours et semaines qui viennent, Kaori, mais promets-moi de ne pas te renfermer, de jouer les femmes fortes et laisser la douleur t’enfermer dans sa prison noire et sombre. Laisse les autres t’entourer et t’aider., lui demanda-t-il.  

 

Il sentit qu’elle enfouissait son visage dans son torse et l’humidité qui arriva.  

 

- Promis., répondit-elle d’une voix étouffée.  

- C’est important pour moi de savoir que tu réussiras à retrouver le chemin du bonheur, pas seulement à rendre heureux les enfants., insista-t-il.  

- J’ai dit promis., s’entêta-t-elle, relevant son regard noisette troublé vers lui.  

 

Il lui sourit avec tendresse, son doigt sur son épaule commençant à ralentir.  

 

- Embrasse-moi., quémanda-t-il.  

 

Elle se hissa à sa hauteur et l’embrassa avec tout l’amour qu’elle ressentait pour lui. Quand elle s’écarta, elle resta un moment au dessus de lui à le fixer du regard, gravant ses traits dans sa mémoire alors que son regard brillait d’une douce chaleur. Elle sentait ses doigts errer sur les siens et soudain son alliance glissa de son doigt  

 

- Yoshi ?, s’inquiéta-t-elle, fronçant les sourcils.  

- Tu ne peux plus me tuer maintenant…, plaisanta-t-il avant de redevenir sérieux.  

 

Il sentait la fin proche et il devait absolument lui dire ce qu’il avait en tête.  

 

- Tu trouveras une chaîne dans le tiroir., indiqua-t-il, montrant la chevet.  

- Je te délie de notre mariage, Kaori. Je ne veux plus que tu portes ton alliance au doigt mais au cou jusqu’à ce que tu sois prête à la retirer et la ranger. Je sais que tu m’aimes vraiment. Je le sais et je l’emporte avec moi., lui dit-il d’une voix profonde.  

- Refais ta vie et donne à Ryô une seconde chance. Aime-le comme tu m’as aimé et fais ta vie. Donne-toi, donne-lui et à nos enfants la chance d’être une vraie famille… Et donne à nos enfants des frères et sœurs si vous en avez envie., lui demanda-t-il, lui rappelant la conversation qu’ils avaient eue dix semaines plus tôt.  

- Je…, commença-t-elle, ses mots s’étouffant sur la boule d’émotions qui obstruait sa trachée.  

 

Dix semaines auparavant, elle était partie en vrille lorsqu’il lui avait dit cela mais, aujourd’hui, elle se sentait juste très amoureuse de cet homme qui, au moment de quitter ce monde, pensait à son bonheur, à celui de leurs enfants et de l’autre homme de sa vie.  

 

- Prends la chaîne, Kaori., lui demanda-t-il, sa voix devenant faible.  

 

Elle comprit que la fin approchait à grand pas et décida de ne pas s’obstiner à le contredire et perdre du temps. Elle trouva la chaîne et y glissa son alliance avant de la suspendre autour de son cou.  

 

- Reviens ici. Tu veux bien rester avec moi jusqu’à la fin ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui, Yoshi. Tu peux t’endormir en paix. Je suis là., lui assura-t-elle d’une voix calme.  

 

Elle ne sut encore une fois pas où elle trouva cette force en elle mais elle le fit. Elle se rallongea près de lui et posa sa tête contre son épaule.  

 

- Je veux te voir sourire., murmura-t-il.  

 

Quand elle leva les yeux, les siens étaient fermés et elle sut sans savoir pourquoi qu’il ne les rouvrirait pas. Elle prit sa main et la posa sur sa joue avant de sourire comme elle l’avait fait lorsque tout allait bien, comme le jour où ils s’étaient mariés.  

 

- Merci., lâcha-t-il.  

- Je t’aime, Yoshi.  

- Moi aussi.  

 

Le silence s’en suivit et elle ferma les yeux, se laissant glisser dans ce moment, bercée par les battements de cœur de son mari… Elle resta un long moment ainsi, même après qu’ils aient cessé et qu’elle ait senti sa poitrine s’affaisser définitivement.  

 

Quand les rires des enfants l’atteignirent enfin venant de dehors, elle rouvrit les yeux et observa le visage apaisé de Yoshihide. Elle se hissa de nouveau sur lui et embrassa ses lèvres encore chaudes. Elle caressa sa joue, l’observant intensément avant de se lever du lit. Elle approcha de la fenêtre et vit Ryô jouer avec les enfants et, au loin, ses beaux-parents qui marchaient dans le parc. Elle regarda la scène un bon moment, laissant la réalité s’insinuer de nouveau en elle, avant de décrocher le téléphone sur la table de chevet pour prévenir le centre que c’était fini, que Yoshihide Nishihara, son mari, le père de ses enfants n’était plus.  

 

Quand elle raccrocha, elle se tourna vers lui, prête à se rasseoir, et sa main attrapa son alliance qui pendait à son cou. Elle lui rappela ses derniers mots et contourna le lit avant de sortir de la chambre, puis du salon et enfin de la maison. Elle fut cependant incapable d’aller plus loin que le porche et s’assit sur la balançoire, observant l’environnement.  

 

- Papa dort ?, entendit-elle soudain.  

 

Elle regarda la petite fille appuyée sur son genou, une petite fille dont le sourire la réchauffa et lui rappela que la vie continuait. Elle le lui avait même promis.  

 

- A bras maman !, fit Hanae, lui tendant les bras, alors que Ryô s’asseyait à ses côtés, passant un bras derrière elle.  

 

Elle attrapa sa fille puis son fils qui réclama à son tour et les serra contre son cœur avant de se sentir attirée en douceur contre un corps puissant et solide.  

 

- Oui… Papa s’est endormi., répondit-elle, se forçant à réprimer ses larmes jusqu’au moment où les enfants seraient couchés.  

 

Après… après elle le laisserait l’aider, la soutenir. Yoshi le lui avait demandé et Ryô avait lutté contre sa phobie de l’avion pour elle. Elle le laisserait la soutenir et peut-être qu’un jour… un jour peut-être la vie reprendrait vraiment son cours et ils pourraient espérer mieux. 

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de