Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 51 :: Chapitre 51

Publiée: 11-06-23 - Mise à jour: 11-06-23

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Nous allons enfin savoir ce que vit Kaori, ce qui ternit son bonheur. Des regrets? Des remords? Autre chose? Découvrez-le. Bonne lecture et merci pour vos commentaires qui font toujours chaud au coeur.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106


 

Chapitre 51  

 

Fronçant les sourcils, Kaori observa son mari déplier la lettre et la lire, son air se figeant. Sans un mot, il la lui tendit et elle la survola rapidement, une main posée sur son ventre alors qu’elle sentait la tension monter.  

 

- Rien de neuf…, pipa-t-elle, tentant de ne pas laisser sa nervosité apparaître.  

- Rien de neuf, Kaori ? C’est encore une lettre de menaces, une menace envers moi mais surtout toi !, se fâcha-t-il.  

- Yoshi, s’il te plaît, ne t’énerve pas ainsi. Ce n’est bon ni pour toi ni pour moi., lui dit-elle, se levant.  

 

Elle le rejoignit et posa une main sur son avant-bras. Elle comprenait sa colère et son inquiétude mais jusqu’à présent, ils avaient géré. Elle faillit rire à l’ironie de la situation. Ils avaient déménagé pour qu’elle soit en sécurité et, au final, le danger semblait la suivre. Au final, peut-être que Ryô était tranquille et se la coulait douce de son côté… Elle prit sur elle pour régner sur ses émotions.  

 

- On va trouver qui nous envoie ses lettres et on va mettre fin à tout ça., lui affirma-t-elle.  

- On ? Je ne suis pas détective, Kaori, et toi… non, tu ne prendras pas ce risque-là, pas maintenant. Je sais que je dois mourir mais pas parce que tu seras morte avant moi et nos enfants avec toi., la supplia-t-il.  

- Ne dis pas ça. Si tu veux, on peut donner ça à Saeko. Elle trouvera peut-être des indices sur les lettres et on peut faire savoir que la police est impliquée. Ca arrêtera peut-être tout ça., lui expliqua-t-elle calmement.  

 

Il l’observa pensivement et acquiesça. Il n’avait pas mieux à lui proposer, son propre service de sécurité n’ayant pas ces capacités-là.  

 

- Très bien. Alors je vais aller la voir…, commença-t-elle, prenant les choses en main.  

- Non. Tu l’appelles mais j’enverrai quelqu’un lui amener tout cela. Là-bas… C’est dangereux pour toi aussi., objecta-t-il sérieusement.  

- D’accord, comme tu voudras., admit-elle.  

- Merci de ne pas te battre pour cela, Kaori. Je sais que tu es tout à fait capable de te défendre mais…, s’expliqua-t-il.  

- Je l’étais. Je suis enceinte et je sens bien que dans ma vie de tous les jours, ce n’est déjà plus pareil alors pour me défendre…, l’apaisa-t-elle.  

- J’apprécie ta sagesse., lui confia-t-il avec un sourire aimant.  

- Bon, je vais donner cela puis je passerai un coup de fil au service communication de la société. Ce sera toujours plus simple que d’avoir annoncé à ma famille que je suis mourant., fit-il, désabusé.  

 

Kaori vint lui faire face et plongea dans son regard, lui apportant tout le soutien et l’amour dont il avait besoin. Elle se souvenait de ce moment, trois semaines plus tôt. Il hésitait à le faire mais elle l’avait encouragée dans cette voie pour lui laisser le temps de dire au revoir à sa famille. Ca avait été dur. Tout le monde avait été surpris, certains étaient pudiquement sortis mais personne n’avait osé approcher avant quelques minutes, probablement choqué, mais elle savait que ça lui avait fait mal.  

 

Un moment, elle s’était demandée s’il y avait un lien mais a première lettre était arrivée la veille de l’annonce. Il n’y avait donc vraisemblablement aucun lien entre les deux évènements. Elle sentit sa main se poser sur son ventre et le caresser et elle le laissa faire. C’étaient des moments qu’ils partageaient souvent ensemble. Quand il glissa les doigts sur sa taille, elle approcha de lui et l’enlaça. Elle sentit ses lèvres effleurer son front alors qu’elle le posait contre son épaule.  

 

Le lendemain, ils virent l’annonce passer aux informations ainsi qu’à la une de certains journaux. Ils se regardèrent, en discutèrent quelques minutes avec les parents de Yoshihide avant de clore le sujet et passer à autre chose. Deux jours passèrent puis trois et aucune lettre n’arriva. La quatrième journée, les deux époux restèrent tendus jusqu’à l’arrivée du courrier, persuadés qu’une nouvelle enveloppe en ferait partie mais rien, toujours rien.  

 

- Ca doit être bon signe., fit Yoshihide, soulagé.  

- Oui. Dommage que Saeko n’ait rien pu tirer des autres missives. On ne saura pas qui en était l’auteur…, pipa Kaori qui n’aimait pas ce goût d’inachevé.  

 

Cet abandon était trop soudain, trop facile et des années de prudence l’avaient conditionnée à ne pas admettre aussi facilement cette fin. Malgré tout, elle ne l’évoqua pas. Elle avait vu sa ville dans sa partie la plus violente, la plus dure alors peut-être qu’elle était juste partiale…  

 

- C’est étrange…, murmura-t-elle au dîner alors qu’ils étaient tous les quatre à table comme ça leur arrivait une fois par semaine.  

- Vous ne m’aviez pas dit être allergique aux amandes ?, interrogea-t-elle son beau-père qui allait avaler une bouchée.  

- Oui. Pourquoi ?, s’étonna-t-il.  

- Parce que ça sent l’amande., lui répondit-elle.  

- Généralement, je le sens à cette distance., fit-il, humant les aliments.  

- Non, je ne sens rien., affirma-t-il, prêt à manger.  

- N’avalez rien !, leur intima-t-elle.  

- Kaori ?, s’inquiéta Yoshihide.  

 

Elle tenta de contrôler les battements de son cœur qui s’était affolé et prit une profonde inspiration avant de répondre.  

 

- S’il n’y a pas d’amande mais que ça sent l’amande, la nourriture est peut-être empoisonnée., l’informa-t-elle.  

- Le cyanure a cette odeur… une odeur d’amande amère., précisa-t-elle, sentant de nouveau le fumet de son assiette.  

- Tu veux dire…, murmura-t-il, pâle comme un linge.  

 

Elle le vit trembler puis ses yeux se révulsèrent et elle eut à peine le temps de le rattraper avant que son corps ne heurte le sol. Elle resta près de lui avec sa mère pendant que son père appelait une ambulance. Elle l’appelait par son prénom, lui demandant de se réveiller, frottait énergiquement son torse pour le faire réagir, restant forte et positive en apparence. Silencieusement, elle l’implorait de tenir le coup, de ne pas la laisser tomber, pas maintenant. Elle n’était pas prête. C’était beaucoup trop tôt. Il avait encore beaucoup de choses à vivre et c’était déjà tellement injuste qu’il soit condamné. Il ne pouvait pas partir pour une autre raison.  

 

Les ambulanciers arrivèrent quelques minutes plus tard et, après l’avoir examiné et stabilisé, l’emmenèrent à l’hôpital, toutes sirènes hurlantes. Malgré le bruit assourdissant qui lui vrillait le nerfs, elle garda sa main sur la sienne, s’écartant quand c’était nécessaire pour laisser l’ambulancier faire son travail.  

 

- Vous vous sentez bien ?, s’inquiéta ce dernier, faisant un signe vers son ventre arrondi.  

- Oui. Ne vous occupez que de lui, s’il vous plaît., lui répondit-elle, lui adressant un sourire reconnaissant.  

 

Après une prise en charge rapide, ils furent séparés et elle dut attendre patiemment que les médecins reviennent vers elle puis ses beaux-parents qui arrivèrent peu après, portant le sac toujours prêt en cas d’urgence. Ils n’échangèrent que quelques mots avant de s’asseoir et patienter.  

 

- Madame Nishihara., entendirent-ils enfin une heure plus tard.  

 

Kaori et sa belle-mère se levèrent en même temps mais cette dernière, se rendant compte que c’était sa belle-fille qui était concernée, se retourna pour s’asseoir. La rouquine ne lui en laissa pas le temps, l’attrapant par le poignet avec douceur.  

 

- Venez… tous les deux. Vous êtes aussi inquiets que moi., lui dit-elle ainsi qu’à son beau-père.  

 

Elle les aimait tous les deux. Ils étaient devenus sa famille par ce mariage et elle les appréciait, ce qui ne gâchait rien. Le médecin les informa de l’état de son patient qu’il avait sédaté, les laissa brièvement le voir avant de leur demander de rentrer chez eux, ne pliant pas face à l’insistance de Kaori de pouvoir rester.  

 

Lorsqu’elle se retrouva chez elle, enfin dans cette maison où elle ne se sentait pas encore tout à fait chez elle tellement c’était grand et aussi parce qu’elle n’avait pas grand-chose à y faire, elle se sentit seule. Elle regarda le téléphone, hésitant à appeler la seule personne qui réussirait à la rassurer. Elle se rappela le message qu’elle avait laissé quelques jours plus tôt… ou était-ce deux semaines auparavant déjà ? Elle ne savait même plus. Il n’avait pas rappelé. C’était certainement sa façon de lui dire qu’elle devait vivre sa vie sans penser tout le temps à lui.  

 

Elle ne pensait pas tout le temps à lui. Il y avait les bébés qui commençaient à se faire sentir et Yoshihide qui faisait son possible pour qu’elle soit bien. Elle prenait aussi du temps pour apprendre à connaître ses beaux-parents. Alors, il lui était impossible de penser tout le temps à lui mais souvent quand elle se couchait ou se reposait, son esprit voguait vers Shinjuku et elle se demandait ce qu’il faisait, comment il allait. Elle avait aussi parfois envie de se rendre à l’appartement et s’y poser, juste l’espace de quelques minutes, retrouver ses marques, se sentir en sécurité… ne pas oublier peut-être…  

 

Elle poussa un long soupir et se coucha, tournant le dos au téléphone. Elle ne pouvait pas appeler. Si elle le faisait, il risquait de comprendre qu’il y avait un problème et elle ne voulait pas être un poids pour lui. Pour l’instant, elle gérait et il y avait le service de sécurité de Yoshihide. Elle devait apprendre à leur faire confiance et à les laisser agir. Elle s’endormit, épuisée, et attendit les jours qui suivirent le retour de son mari chez eux, lui rendant visite autant que possible.  

 

Lorsqu’il se réveilla, Yoshi la gronda pour avoir passé autant de temps à attendre sur ses sièges inconfortables d’hôpital alors qu’elle avait besoin de repos et confort. Il devait encore passer quelques jours à l’hôpital et parvint après d’âpres négociations à lui faire promettre de ne plus venir qu’une heure par jour. Elle le lui concéda de mauvaise grâce mais refusa de le contrarier, pas alors qu’il avait failli mourir.  

 

Elle s’évertua donc à s’occuper, alors que les parents de Yoshihide allaient le voir, la laissant seule dans cette grande maison. Ayant la sensation d’étouffer entre ces murs, elle sortit de plus en plus dans le jardin. Elle se promenait dans les allées, observait les parterres de fleurs, s’asseyait parfois sous un arbre avec un peu moins d’aisance qu’avant. Là, elle pouvait rêver, s’apaiser, penser à d’autres choses qu’au fait que quelqu’un leur en voulait, que sa grossesse n’arrêtait pas celui qui les avait visés, que Yoshihide était à l’hôpital, que Ryô était loin et ses amis aussi. Ils étaient là tous ensemble, soudés comme ils l’avaient toujours été, Yoshi en plus et elle souriait en sentant l’amour qui émanait d’eux et la réchauffer, les deux hommes qui l’aimaient à ses côtés et, dans ces moments-là, elle ne se sentait pas coupable d’en avoir choisi un et laissé l’autre en attente. Ca ne durait que quelques secondes mais ça faisait du bien.  

 

Elle rêvassait ainsi après être rentrée de l’hôpital, profitant de la tiédeur automnale de l’air, des rayons du soleil, lorsqu’elle entendit un bruit anormal et ressentit presque aussitôt la sensation d’un poids sur sa poitrine. Elle était pourtant seule mais l’air était devenu lourd et menaçant. Elle se releva aussi vite que possible et se dirigea vers la maison. Quand elle entendit des bruits de pas se précipiter vers elle, elle se mit à courir. Elle sentit une main la frôler et son instinct la poussa à courir encore plus vite malgré sa respiration difficile, le point de côté qui lui donnait envie de se plier en deux.  

 

Elle trébucha et faillit tomber mais se rattrapa de justesse. Elle aurait aimé crier mais elle n’en avait pas le souffle. Néanmoins, cela lui fit perdre du temps et, cette fois, son agresseur parvint à la saisir, la retournant brusquement. Elle vit l’éclat du soleil dans la lame métallique qui se leva dans l’air et ne trouva qu’un moyen de se protéger. Une gigantesque massue apparut dans ses mains et le couteau se planta dedans. Surpris, l’homme face à elle la lâcha et recula d’un pas, ce qui lui permit de s’enfuir à nouveau. Arrivant à quelques mètres de la maison, elle vit avec soulagement les deux gardes du corps sortir de la demeure. Elle ne se retourna pas pour les accompagner mais entra dans la maison, se mettant à l’abri pour ses enfants. De là où elle était, elle put voir l’homme s’enfuir à toutes jambes en sens inverse.  

 

Elle se laissa glisser sur la chaise derrière elle et posa une main sur son ventre.  

 

- Vous allez bien, Madame ?, s’enquit l’un des deux hommes.  

- Oui, merci., murmura-t-elle, son cœur battant encore à cent à l’heure.  

- Nous allons aviser Monsieur de ce qui s’est passé., l’informa-t-il.  

- Non !, s’écria Kaori.  

- Non, vous ne lui direz rien. Il est encore convalescent. S’il apprend… s’il apprend ce qui vient de se passer, il risque de retourner à l’hôpital. Tout va bien. Alors pas un mot., leur ordonna-t-elle.  

 

Ils se regardèrent, se demandant quoi faire, et elle insista jusqu’à avoir gain de cause. Lorsqu’ils la laissèrent, elle ferma les portes qui menaient à l’extérieur et s’allongea dans le sofa. N’arrivant pas à fermer les yeux malgré la fatigue qu’elle ressentait, elle resta un long moment à caresser son ventre avant d’attraper le téléphone non loin. Elle avait besoin de parler à quelqu’un de proche, juste entendre une voix amicale quelques minutes.  

 

- Le Cat’s Eyes, bonjour., entendit-elle Miki claironner gaiement.  

 

Elle ferma les yeux alors que les larmes montaient. Elle voulait entendre une voix amicale, pas s’épancher ou faire porter le poids de son trouble sur ceux qu’elle aimait. Elle mit toutes ses pensées négatives de côté et força un sourire sur ses lèvres.  

 

- Bonjour Miki… C’est… c’est Kaori., se présenta-t-elle.  

- Kaori… Comme si tu avais besoin de me le dire. Je reconnaîtrais ta voix entre mille. Comment vas-tu ?, lui demanda son amie d’un ton enjoué.  

- Je vais bien. C’est très calme ici… et reposant., se reprit la rouquine, ne voulant pas lui laisser penser qu’elle n’aimait pas cette vie moins citadine.  

 

Ce n’était pas le cas. C’était juste… loin de ses habitudes, loin de l’agitation à laquelle elle était habituée, du bruit, des personnes qu’elle côtoyait. Son quartier lui manquait mais elle ne pouvait nier également que cette vie-là paisible, loin des ennuis, au moins au début, était aussi plaisante.  

 

- Tu vas bientôt venir nous voir ?, lui demanda Miki.  

 

Kaori entendit l’impatience dans sa voix, la même que celle qu’elle ressentait mais elle se souvenait aussi des indications de Ryô lorsqu’il leur avait conseillé de partir de Tokyo. Elle devait se faire oublier et tenter de ne pas venir dans le centre-ville pendant une longue période. C’était le meilleur moyen et elle était d’accord avec lui même si l’idée ne lui plaisait pas.  

 

- Je pense que d’ici un mois, je pourrais faire un saut. J’espère. Vous me manquez, Miki. Vous me manquez tous tellement., lui apprit-elle.  

- Je ne veux pas que tu penses que je vous oublie. Ce n’est pas le cas., lui affirma-t-elle.  

- Je sais, Kaori. Je te connais. Tu nous manques aussi… mais on comprend. Alors nous allons patienter et nos retrouvailles n’en seront que meilleures, tu verras., lui promit son amie.  

- Tu as raison. J’ai un autre appel, Miki. Je dois te laisser, excuse-moi., fit Kaori, navrée de devoir la quitter mais un espoir insensé lui laissait penser que c’était peut-être enfin Ryô qui l’appelait.  

 

Ce n’était pas le cas. C’était un cousine de Yoshi qui voulait prendre de ses nouvelles et elle s’excusa de ne pouvoir lui passer mais promit de lui donner le message dès le lendemain lorsqu’elle irait le voir. Elle l’avait encore en tête alors qu’elle observait distraitement les rues sur le chemin de l’hôpital lorsqu’elle entendit le chauffeur jurer.  

 

- Que se passe-t-il ?, l’interrogea-t-elle sur la défensive.  

- Je n’ai plus de frein. Accrochez-vous, Madame., lui conseilla-t-il.  

 

Kaori se tendit. Il n’y avait aucune échappatoire sur cette route mais, plus loin, il y avait un terrain qu’elle ne connaissait que trop bien, Ryô y ayant relevé plusieurs duels. C’était un endroit où on stockait des matériaux de construction, graviers, ciment mais surtout du sable.  

 

- Suivez les indications pour cette entreprise !, lui indiqua-t-elle, pointant du doigt vers le panneau.  

 

Il vira brusquement, s’excusant alors qu’elle heurtait la portière. Elle s’en fichait. Ce n’était rien comparé à ce qui pourrait les attendre s’il n’arrivait pas à stopper la voiture en douceur… enfin de manière plus douce que prévue. Elle aurait voulu que ce soit Ryô au volant. Elle n’aurait jamais douté qu’il réussisse… Le premier choc brisa une partie du pare-brise et les fit trembler lorsque la voiture fit voler la barrière de l’entreprise. Ce fut loin d’être agréable mais cela eut l’heur de ralentir un peu la course du véhicule. Incapable de fermer les yeux, Kaori vit son chauffeur slalomer entre les engins de chantier et plusieurs salariés se jeter sur le côté. Si elle n’avait connu d’autres courses du genre, elle se serait peut-être crue dans un film d’action.  

 

- Là !, cria-t-elle soudain, avisant une dune de sable.  

- J’ai vu. Calez-vous bien., l’avertit-il.  

 

Il commença par monter sur un tas de gravier pour perdre encore en vitesse avant de se diriger vers le tas de sable. Le choc fut rude. La respiration coupée par la ceinture de sécurité, Kaori porta la main à son ventre, le tâtant anxieusement et surtout là où la ceinture passait en dessous. Rassurée, elle s’inquiéta du chauffeur mais le vit dégonfler l’airbag et sortir de la voiture, visiblement sain et sauf. Il ouvrit sa porte et l’observa attentivement. Elle défit sa ceinture, les doigts encore tremblants, et lui tendit la main pour qu’il l’aide à sortir. Elle se sentait fébrile et craignait que ses jambes ne la portent pas. Elle avait déjà traversé un panneau publicitaire mais elle n’était pas enceinte à cette époque.  

 

- Madame ?, l’interrogea-t-il.  

- Je… Je vais bien… je crois., lui répondit-elle, le cœur battant.  

- Vous allez bien ? On a appelé une ambulance. Elle ne devrait pas tarder à arriver., les avertit un des salariés.  

 

Kaori acquiesça et son esprit s’évada ailleurs, la fatigue lui tombant dessus. La main sur son ventre arrondi, elle avait du mal à réfléchir correctement, ses pensées revenant inlassablement sur l’inquiétude montante pour ses enfants. Elle s’allongea sur le brancard et revint doucement à la réalité en sentant qu’on la touchait. Les ambulanciers l’auscultaient et, peu après, elle fut transportée dans l’ambulance, le garde du corps la suivant.  

 

Trois heures plus tard, elle sortit de là et put rejoindre Yoshihide. Elle s’excusa de son regard, lui raconta comment ils avaient eu un accrochage en voiture et le rassura immédiatement. Les examens aux urgences n’avaient détecté aucun problème. Ils allaient bien tous les trois.  

 

Deux jours plus tard, Yoshihide rentra et ils s’étreignirent longuement sur le pas de la porte.  

 

- Tu vas bien ?, l’interrogea-t-elle, soucieuse.  

- Oui. Sinon, ils ne m’auraient pas laissé sortir. Et toi ? Comment te sens-tu ?, l’interrogea-t-il, posant une main sur son ventre.  

- Bien, je vais bien comme tu peux le voir. J’ai découvert le jardin. Il est magnifique et propice aux balades. Je nous vois bien y promener les enfants quand ils seront nés., lui fit-elle savoir avec un grand sourire.  

 

Elle voulait lui redonner le sourire, voir l’inquiétude quitter son regard… et elle y parvint. Il la sonda un moment avant de sourire et l’entraîna devant la baie vitrée.  

 

- Si tu savais comme j’ai pu jouer dans ce jardin. Ma mère était folle d’inquiétude en me voyant grimper aux arbres., lui apprit-il.  

- Toi, tu grimpais aux arbres ?, s’étonna-t-elle, se tournant vers lui.  

- J’ai été un enfant, tu sais. Je n’ai pas toujours eu une quarantaine d’années et ce caractère si sérieux., la taquina-t-il.  

- Sérieux ou exécrable ?, répondit-elle, malicieuse.  

- Je me suis amélioré depuis que tu es entrée dans ma vie, tu sais., lui opposa-t-il avec un sourire.  

- Je ne me suis jamais senti aussi bien de ma vie d’adulte, Kaori. Je suis heureux., lui assura-t-il.  

- Moi aussi., lui retourna-t-elle, posant la tête contre son épaule.  

 

Il l’emmena jusqu’au divan où ils prirent place tous deux. A son air, Kaori sut que la discussion allait changer de ton. Il prit sa main et la pressa.  

 

- On a tenté de nous empoisonner, Kaori. Ce n’est pas rien et il faut qu’on trouve une solution pour trouver le coupable. Je ne peux pas laisser un tel danger peser sur ta vie. Il faut que…, commença-t-il.  

- Ne pense pas à cela, s’il te plaît. Regarde, tout va bien., le coupa-t-elle.  

- Mais Kaori…, tenta-t-il de s’opposer.  

- Ecoute, s’il arrive de nouveau quelque chose, nous ferons le nécessaire mais, pour le moment, tout va bien., lui affirma-t-elle.  

 

Il la regarda, dubitatif, puis acquiesça et laissa le sujet de côté, se fiant à son expérience. Elle s’en voulut un peu de lui avoir menti sur l’accident de voiture mais elle le faisait pour lui. Si elle restait dans la maison, sous bonne garde, et que tout le monde respectait les quelques consignes de sécurité qu’elle avait mises en place avec le service de sécurité, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter.  

 

Elle se rappela de cela lorsqu’une semaine plus tard alors qu’elle se promenait dans le parc, elle ressentit soudain une forte tension dans l’air que ne semblèrent pas percevoir les deux hommes qui l’accompagnaient. Elle se jeta derrière un buisson touffu et, à peine quelques dixièmes de seconde plus tard, un pot de fleurs éclata juste derrière l’endroit où elle se trouvait debout. Rapidement soulevée de terre et entourée des deux gardes du corps, elle se retrouva à l’intérieur, assise sur le divan, Yoshihide se précipitant vers elle, soucieux.  

 

- Kaori…, fit-il après l’avoir examinée.  

- Je sais. Il est temps de faire le nécessaire., acquiesça-t-elle.  

- Je pense aussi. Je vais gérer. Repose-toi., lui dit-il, pressant sa main avant de la laisser.  

 

Moins d’un quart d’heure plus tard, on sonnait à la porte mais Kaori ne se leva pas, vidée de toute énergie. Juste après, ce fut celle de la pièce où elle était qui s’ouvrit et la surprise qu’elle éprouva la fit se redresser…  

 

- Ryô ?, souffla-t-elle.  

- Dis donc, Tête de mule, tu comptais m’appeler pour tes funérailles ? Pourquoi j’ai dû apprendre par mes indics qu’il y avait un contrat sur ta tête et par ton mari qu’on avait attenté à ta vie par deux fois ?, la sermonna-t-il, son sourire taquin contrastant avec son regard sérieux.  

- En fait…, commença-t-elle.  

 

Elle se tut, incapable de lui avouer qu’au delà du fait de ne pas vouloir être un poids pour lui, elle commençait seulement à accepter leur séparation physique, que ça n’avait pas semblé aussi réel quand elle avait juste le parc à traverser.  

 

- Ce n’est pas deux mais quatre… J’ai voulu préserver Yoshi., lui avoua-t-elle en l’absence de son mari qui les avait laissés à deux quelques minutes.  

- Idiote ! A quoi tu pensais ?, la gronda-t-il, l’inquiétude grimpant de quelques degrés.  

- Je ne sais pas. A être à la hauteur peut-être. Tu as quelqu’un à nous conseiller pour enquêter sur cette affaire ?, l’interrogea-t-elle, ne voulant pas le forcer à travailler pour eux, ce qui pouvait le mettre mal à l’aise ainsi que Yoshi… et peut-être elle aussi.  

- Tu as entendu parler de mon premier échec alors ?, fit-il nonchalamment.  

- Quoi ? Tu n’as pas été blessé, j’espère., répondit-elle, soucieuse.  

- Je n’ai pas échoué, Kaori. Tu crois vraiment que je vais laisser n’importe qui assurer ta sécurité ?, répliqua-t-il sèchement.  

- Non… mais je ne veux pas t’imposer cela., lui apprit-elle.  

- Tu ne m’imposes rien. Tout au plus, mets-le sur le compte de ton frère mais, avant tout, tu as besoin du meilleur et c’est moi le meilleur., rétorqua-t-il avec un petit sourire narquois.  

 

Elle se laissa contaminer et sourit en retour, se sentant soulagée d’un poids immense. Avec Ryô à ses côtés, tout irait bien, elle le savait.  

 

- Je sais… Et on fait comment ? Je… on revient à l’appartement ?, l’interrogea-t-elle, nerveuse.  

 

Elle avait envie qu’il lui dise oui même si c’était égoïste vis-à-vis de son mari. Cependant, Ryô tiqua.  

 

- Ce serait mieux ici. On commence à peine à moins parler de toi dans la rue. Tu crois que vous me trouverez une petite place ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle fit taire sa déception et acquiesça.  

 

- Il faudra qu’on s’arrange mais ça devrait être possible., plaisanta-t-elle.  

- Je vais voir Yoshi pour voir si ça lui va.  

 

La porte s’ouvrit avant qu’elle ait eu le temps d’y arriver et son mari apparut.  

 

- Elle a accepté ?, demanda-t-il à Ryô.  

- Oui. Elle voulait juste ton accord., répondit ce dernier.  

 

Kaori les regarda tour à tour et comprit qu’ils en avaient déjà parlé à deux. Ca la surprenait toujours autant de voir à quel point ils étaient capables de coopérer malgré la situation. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux : ils le faisaient pour une seule raison, elle. C’était leur façon de l’aimer et elle en était bouleversée.  

 

- Je devrais vous en vouloir., murmura-t-elle.  

- Et moi alors ? J’ai vu la voiture, Kaori. Ce n’était pas un accrochage. Alors cesse de vouloir me protéger., lui fit savoir Yoshihide.  

- Plus de mensonge, Kaori., ajouta Ryô, lui adressant un regard sombre.  

 

Elle comprit leur mécontentement commun et ne put qu’abdiquer. De toute façon, tout irait bien à compter de maintenant.  

 

- Promis, juré. On va te trouver une chambre. Une préférence ?, demanda-t-elle à son ex-partenaire.  

 

Il se retint de dire qu’il aimerait être non loin de la sienne comme avant.  

 

- Je pense que tu sauras juger laquelle sera la plus adéquate., répondit-il simplement.  

- Prends la chambre face à la tienne, Kaori., lui demanda Yoshihide.  

 

Leurs regards se croisèrent un temps avant qu’il aille demander qu’on prépare la chambre.  

 

- Je… Ca t’ira ?, s’enquit-elle, se tournant vers Ryô.  

 

Seul un sourire lui répondit, un sourire qui fit battre son cœur. Elle retrouvait son ami mais non loin il y avait l’autre, celui avec qui elle partageait des sentiments, celui qui l’attendait. 

 


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