Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

» Ecrire une review

 

GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Pourquoi ne puis-je pas accéder aux fanfictions NC-17?

 

Les fanfictions classées NC-17 comportent des scènes strictement réservées à un public adulte. Donc, pour pouvoir les lire, il faut être membre du site et m'envoyer un email certifiant que vous avez plus de 18 ans.

 

 

   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 15 :: Chapitre 15

Publiée: 29-08-22 - Mise à jour: 29-08-22

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Désolée pour le retard de publication. Week-end un peu chargé. Vivement la rentrée. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106


 

Chapitre 15  

 

Fidèle à ses habitudes, à peine revenue de la gare, Kaori vaqua à ses occupations matinales. Poussières, aspirateur, remise en place des revues laissées en plein milieu du divan du bout des doigts, lavage des carreaux… tout était fait de manière presque automatique, les gestes étant les mêmes depuis des années. La seule chose qui manquait par rapport aux autres fois était le petit chantonnement qui accompagnait en général cette activité. Perdue dans ses pensées, elle réfléchissait à la manière d’aborder de nouveau son client après l’esclandre de la dernière fois et les quelques jours de pause engendrés par un voyage d’affaires et le week-end. Ignorer l’évènement, mettre les pieds dans le plat, laisser venir… elle ne savait pas vraiment quelle serait la meilleure méthode avec Monsieur N.  

 

Le téléphone mit fin à ses réflexions. Elle posa le chiffon pour pouvoir prendre le combiné.  

 

- Allô ?, fit-elle.  

- Mademoiselle Makimura ?  

 

La jeune rouquine reconnut la voix de Madame Nishihara. Elle sentit un nœud se former à l’estomac : cet appel était vraisemblablement de mauvais augure.  

 

- Oui… c’est moi, Madame Nishihara., répondit-elle d’une voix neutre.  

- Je… J’ai fait une erreur en décidant d’imposer une personne de compagnie à mon fils. Je suis navrée mais je vais mettre fin immédiatement à votre contrat., lui apprit la vieille dame, visiblement contrariée.  

- Je… Je ne comprends pas. Si j’ai fait quelque chose qui a offusqué votre fils, je vous présente mes excuses., objecta Kaori.  

- Non… Vous n’avez rien fait de mal. C’était juste une erreur de jugement de ma part. En dédommagement, je vous paierai l’équivalent d’un mois de salaire., lui apprit Madame Nishihara.  

- Ce… Ce n’est pas la peine., refusa la jeune femme.  

 

Elle entendit un juron et le téléphone changea de main.  

 

- Quand allez-vous cesser de n’en faire qu’à votre tête ?!, gronda Yoshihide.  

- Vous viendrez prendre ce putain de chèque à l’accueil !, lui ordonna-t-il d’une voix autoritaire.  

- D’accord… mais alors dites-moi pourquoi vous me virez aussi brusquement de votre vie et surtout pourquoi vous ne le faites pas en me regardant droit dans les yeux ?, lui demanda-t-elle, retrouvant soudain tout son aplomb.  

- Parce que vous êtes une tête de mule qui ne m’a jamais écouté ! Je vous l’ai assez dit que je ne voulais pas de vous ! Vous n’êtes qu’une emmerdeuse têtue et bornée !, hurla-t-il, furieux.  

- Je devais sacrément déranger vos petites habitudes, Monsieur Nishihara. Très bien. Si vous préférez battre en retraite plutôt que de m’affronter, je vous laisse prendre la fuite. Au revoir., le salua-t-elle froidement.  

- Adieu !, cracha-t-il avant de raccrocher.  

 

Kaori jeta un regard noir à l’appareil avant de raccrocher mais n’eut pas le temps de tergiverser puisque le téléphone sonna de nouveau et elle décrocha de nouveau, fronçant les sourcils et se taisant, prête à se faire enguirlander par Monsieur N pour l’avoir traité de lâche.  

 

- Ryô ?, entendit-elle.  

 

Elle faillit raccrocher en entendant la voix de Saeko dans le combiné mais quelque chose la retint, peut-être le fait que son amie parlait un peu plus bas qu’à son habitude.  

 

- Je t’écoute., fit-il, l’invitant à poursuivre.  

 

Il se carra dans son oreiller et attendit.  

 

- Il doit partir en voyage dans les heures qui viennent pour plusieurs jours. Ca a été décidé de manière très soudaine., lui apprit-elle.  

- De mon côté, j’ai entendu dire que la marchandise allait quitter le Japon. Faut-il comprendre qu’il va s’assurer lui-même que le tout arrive à bon port ?, raisonna Ryô.  

 

De qui parlait-il ?, se demanda Kaori. Cela devait concerner l’affaire qu’il suivait mais dont il refusait de lui parler. La culpabilité qu’elle ressentait à écouter clandestinement la conversation s’évanouit. Elle allait enfin peut-être comprendre pourquoi Ryô s’évertuait à ne rien vouloir lui dire. N’avait-il pas confiance en elle, en ses capacités ou s’agissait-il d’autre chose même si elle ne voyait pas de quoi il pouvait retourner ?  

 

- Tu me poses la question ou c’est une affirmation ?, plaisanta l’inspectrice.  

 

C’était une affirmation, répondit Kaori silencieusement. Si elle le connaissait mieux, elle l’aurait su… comme elle le savait. Ryô était sûr qu’il y avait un lien entre le départ de la marchandise et celui de la personne en question. Et voilà, elle n’avait qu’une question en tête jusque là mais maintenant elle en avait une foultitude. Qu’était cette marchandise : armes, drogues, œuvres d’art ? Qui était cette personne : un ennemi connu, présent ou passé, un nouvel arrivant ?  

 

- A ton avis ?, ironisa-t-il.  

- Bon d’accord. Il faudrait au moins être sûr que la marchandise va bien au même endroit que l’homme., expliqua-t-elle.  

- Pour cela, il faudrait le suivre et ce n’est pas possible. Il peut très bien faire une étape professionnelle pour couvrir ce voyage extraprofessionnel. Tu as pu vérifier du côté des manifestes de transport ?, l’interrogea-t-il.  

- Rien de suspect mais tous les bateaux qui partent ce jour pourraient transporter de la marchandise illégale., lui apprit-elle.  

- Autant chercher une aiguille dans une botte de foin., soupira-t-elle.  

- Il n’y a pas des bateaux de sa compagnie ?, lui demanda-t-il.  

- Trois. L’Antarès, le Betelgeuse et le Sirius., nomma-t-elle, fouillant dans ses papiers.  

- Il a la tête dans les étoiles… Pour un homme de sa trempe, c’est plutôt comique. Pour le reste, il a les pieds bien sur Terre., plaisanta-t-il, mordant.  

 

Kaori fronça les sourcils. C’était assez inhabituel pour un malfrat de choisir des noms si singuliers qui pouvaient attirer l’attention aussi facilement. Ce qui l’intriguait aussi, c’était la ton étrange de son partenaire. Il y avait cette faille légère, ténue qui trahissait une émotion sous-jacente qu’elle n’arrivait pas à identifier. Ryô avait-il peur ? Non, elle ne pouvait y croire… mais si ce n’était pas ça, qu’était-ce alors ?  

 

- Il est sûr de lui. C’est plutôt bon pour nous en général. C’est comme cela qu’ils commettent des erreurs., pipa Saeko.  

- Ca les pousse aussi souvent à faire des choses assez ignobles. Reste prudente., lui conseilla-t-il.  

- Je vais continuer mes recherches. Je te tiens informée si je trouve quelque chose., l’informa-t-il.  

- Pareil. Bonne journée., le salua-t-elle.  

 

Ne pas commettre d’impair, s’enjoignit Kaori. Ne pas raccrocher trop tôt sinon il l’entendrait et il saurait qu’elle avait espionné toute la conversation. Ca risquait de ne pas lui plaire et de diminuer encore ses chances d’apprendre ce qui se tramait. L’un des deux raccrocha et elle attendit encore un peu que Ryô bouge dans sa chambre pour reposer le combiné à son tour. L’air de rien, elle reprit son ménage, réfléchissant. Elle avait maintenant la confirmation que Ryô lui mentait et qu’il travaillait bien sur une affaire mais seul, de son côté. Cela ne la mettait pas en joie mais ce qui la rendait vraiment furieuse, c’était qu’il avait accepté l’aide de Saeko. Elle ignorait qui avait été cherché qui mais le résultat était le même. Elle se sentait encore une fois rabaissée en temps que partenaire de leur duo. C’était eux, City Hunter, pas Saeko et lui.  

 

- L’aspirateur fait des siennes ?, entendit-elle soudain derrière elle.  

 

Elle se retourna brusquement, surprise, et vit Ryô derrière elle. Elle s’en voulut de ne pas l’avoir entendu arriver, d’avoir laissé ses émotions prendre le dessus sur son attention.  

 

- Non. Pourquoi ?, lui retourna-t-elle, intriguée.  

- Tu as l’air en pétard et, comme je n’ai pas eu le temps de faire des miennes, je me demande ce qui peut te mettre dans cet état…, plaisanta-t-il.  

 

Elle se retint de lui lancer un regard noir ainsi que de lui dire tout ce qu’elle venait d’apprendre en espionnant leur conversation téléphonique.  

 

- Madame Nishihara a appelé. Elle a mis fin à mon contrat., lui annonça-t-elle.  

- Vraiment ? Pour une casserole d’eau renversée ? C’est un peu fort…, fit-il, compréhensif.  

- Que veux-tu ? Il sait ce qu’il veut et, depuis le départ, il ne voulait pas de moi. J’ai essayé mais rien n’y a fait., dit-elle, haussant les épaules comme si cela ne lui faisait rien.  

 

Ryô ne s’y laissa pas prendre. Ce que ses mots ne disaient pas, ses yeux le trahissaient.  

 

- Tu dois être soulagée de ne plus avoir à cumuler deux boulots. Après tout, tu as renfloué le compte alors c’est bien que ça s’arrête., conclut-il nonchalamment.  

- Ca te suffirait, toi ?, lui demanda-t-elle, le fixant.  

- T’y as passé déjà beaucoup de temps., répliqua-t-il.  

 

Comme c’était difficile de pouvoir lui cacher le soulagement qui l’avait pris en sachant qu’elle ne serait plus en lien avec ce Nishihara. Elle serait plus en sécurité et il n’aurait plus à la surveiller pendant ces trois heures chaque soir. Il pourrait se consacrer à ses recherches totalement.  

 

Ce n’était pas la réponse qu’elle attendait. Même si ce n’était pas une mission XYZ, ils avaient une réputation et elle avait l’impression d’avoir failli. Ils allaient toujours jusqu’au bout après tout, c’était leur réputation.  

 

- J’ai échoué, Ryô. Elle voulait aider son fils et le retrouver, je pense. Je n’y suis pas arrivée. Je me suis fait jeter avant même d’avoir réussi à savoir ce qui bloquait entre eux. J’aurais voulu lui permettre… leur permettre de résoudre leur problème. C’est une famille après tout. Toi et moi, on sait à quel point c’est important., pipa-t-elle.  

- Ce n’est pas important pour tous, tu sais., éluda-t-il.  

 

Il était mal à l’aise sur ce sujet. Dans toute autre situation, il aurait approuvé mais, là, il ne le pouvait pas. Approuver, ça aurait revenu à l’inciter à essayer de persuader Nishihara de changer d’avis et donc se retrouver de nouveau en danger. Ca n’arriverait pas.  

 

- Mais je ne peux pas laisser cette mère avec sa tristesse, Ryô !, s’insurgea-t-elle.  

- Tu n’as pas vraiment le choix : c’est ce qu’elle t’a demandé, non ?, objecta-t-il.  

- Oui… mais je suis sûre qu’elle y a été forcée par son fils ! Il était juste derrière elle. Elle n’avait certainement pas d’autre choix !, le contra-t-elle.  

- C’est sa mère, Kaori… Si elle ne sait pas comment lui tenir tête, je ne sais pas qui le fera…, plaisanta-t-il.  

 

Elle le pouvait et il le savait. Elle lui tenait tête alors elle était bien capable de tenir tête à tous les hommes aussi bornés, furent-ils.  

 

- Moi… je l’ai déjà fait. Et d’ailleurs, je vais aller le trouver de ce pas !, lui affirma-t-elle, le dépassant pour aller prendre sa veste.  

 

Non, non et non, se dit Ryô. Elle ne devait pas aller le trouver. Il l’attrapa par le poignet et l’empêcha d’aller plus loin.  

 

- On ne peut pas tous les sauver, Kaori…, tenta-t-il de la raisonner.  

- Nous n’échouons jamais ! Tu te souviens ? City Hunter arrive toujours au bout de ses missions !, se fâcha-t-elle.  

- Ce n’est pas une mission City Hunter. C’était un petit boulot., lui opposa-t-il.  

- Et alors ? Ca compte moins ?, lui reprocha-t-elle.  

- Non, bien sûr que non., mentit-il.  

 

S’il lui disait le contraire, elle se braquerait encore plus et elle le planterait là.  

 

- Il n’y a pas d’enjeu vital, Kaori., enchaîna-t-il.  

- C’est ce que tu aurais dit à ma mère si elle était venue te voir lorsque j’ai été enlevée par mon père ? Tu lui aurais dit que, comme ce n’était pas une question de vie ou de mort, ce n’était pas grave, ça pouvait attendre ?, l’interrogea-t-elle.  

- On n’en est pas là. Ils ont des problèmes de communication., relativisa-t-il.  

 

Quand il vit qu’elle n’était toujours pas convaincue, il changea son fusil d’épaule. Il devait gagner du temps, l’empêcher d’y aller jusqu’à la résolution de son affaire. Après, ce serait fini. Elle saurait qui était cet homme et elle n’aurait plus de velléité à vouloir aller le rencontrer. Il serait derrière les barreaux… sauf s’il avait un geste malencontreux et qu’il devait lui régler son compte définitivement…  

 

- Change de stratégie., suggéra-t-il alors.  

- Changer de stratégie ?, répéta Kaori.  

 

Elle le regarda et esquissa un sourire, amusée. Après tout, c’était ce qu’elle avait conseillé de faire à Monsieur N, alors pourquoi elle ne pourrait pas appliquer son propre conseil ?  

 

- J’ai dit quelque chose de drôle ?, répliqua-t-il, intrigué.  

- Non… J’avais conseillé la même chose à Yoshihide quand il a voulu me virer., lui expliqua-t-elle.  

 

Il régna sur ses traits en l’entendant appeler son client par son prénom. Il était jaloux et en colère qu’il ait réussi à l’approcher autant, soulagé aussi qu’elle n’ait plus à faire à lui désormais.  

 

- Tu développes tes qualités de stratège, c’est bon signe…, fit-il avec un léger sourire.  

 

Il avait bien eu une vanne sur le bout de la langue mais lui aussi devait revoir sa stratégie pour la protéger. S’il recommençait à la dénigrer, le fossé entre eux pouvait grandir à nouveau et l’éloigner de lui, ce qui pouvait augmenter les chances de la rapprocher de l’autre… Ce n’était pas le moment.  

 

- Il neige ?, fit-elle, regardant par la fenêtre les rayons de soleil qui filtraient.  

- Très drôle… Bon, je te conseillerai seulement de laisser couler un peu d’eau sous les ponts puisque l’attaque frontale n’a pas fonctionné., lui dit-il, se dirigeant vers la penderie pour attraper sa veste.  

- Tu sors ?, l’interrogea-t-elle innocemment.  

- Ben oui… Avec un soleil pareil, ce serait un crime de rester enfermé…, répliqua-t-il, malicieux.  

- Oh… Tu vas seulement draguer… Aucun lien avec le coup de téléphone que tu as reçu alors ?, dit-elle, remettant un coussin en place.  

- Pourquoi ? Il devrait y en avoir ?, lui retourna-t-il impassiblement.  

- Non. Je me demandais juste qui avait appelé pour que tu décroches si vite., fit-elle remarquer, lui jetant un bref coup d’œil.  

 

Il n’eut aucun signe de stress ou d’étonnement mais elle s’en doutait : Ryô était très fort pour cacher ses émotions même à elle.  

 

- Une de mes petites amies… ou peut-être un inconscient qui voulait m’affronter, qui sait ?, répondit-il, une lueur moqueuse dans le regard.  

 

Il lui mentait et elle aurait pu s’en énerver, le punir sur le champ d’une énorme massue et lui faire savoir qu’elle avait tout entendu… mais une autre stratégie s’imposait pour son cas également. Il était bien plus dur qu’un Nishihara et ils se connaissaient tellement bien qu’ils pouvaient presque prévoir chaque geste de l’autre, chaque pensée. Elle ne dégaina donc pas d’arme de punition massive.  

 

- Et tu en fais tout un secret ? C’est étrange, non ?, lui retourna-t-elle, attrapant sa veste.  

- Je n’ai pas envie de me prendre une massue sur la tête…, lui murmura-t-il tout près de l’oreille.  

 

Kaori sentit un frisson la parcourir à cette proximité aussi rare qu’espérée.  

 

- Peut-être que la vérité ne conduirait pas à une massue., répondit-elle après un léger temps de silence.  

- Peut-être… ou pas. Tu sors aussi ?, fit-il.  

- J’ai un chèque qui m’attend. Je ne vais pas contrarier mon ex-employeur. Ce ne serait pas un bon point dans ma stratégie, non ?, lui retourna-t-elle.  

- Donc tu ne vas pas essayer de le voir pour le persuader de te reprendre ?, l’interrogea-t-il, indécis sur ce qu’elle allait faire.  

- Je ne suis pas bête, Ryô… et j’ai eu un très bon spécimen pour m’entraîner., ajouta-t-elle, ouvrant la porte et sortant, la tenant pour lui.  

 

Il ne savait pas s’il devait le prendre comme un compliment ou non… mais il ne s’aventura pas à lui poser la question. Elle pouvait mener à une conversation plus chronophage et surtout gênante et il était bien décidé à en terminer au plus vite avec cette histoire.  

 

Après s’être séparés sur le perron de l’immeuble, Kaori traversa le parc, serrant contre elle son sac à main dans lequel elle avait glissé son arme au dessus de ses autres affaires préventivement. Elle arriva sans encombre jusqu’à l’immeuble de Monsieur Nishihara et se présenta au gardien. Elle lui rendit son passe et récupéra l’enveloppe qui contenait son chèque. Elle échangea quelques mots avec l’homme, lui souhaitant une bonne continuation, avant de se retourner pour s’en aller. Soudain, il y eut un bruit de sonnerie et l’ascenseur s’ouvrit. Par réflexe, elle vérifia qui arriva. C’était Monsieur N. Se rappelant qu’elle ne devait pas lui parler, elle se retourna et s’éloigna.  

 

- Vous me fuyez maintenant ?, l’interpela-t-il, railleur.  

 

Elle s’arrêta et se retourna, l’air déterminé et sûre d’elle.  

 

- Vous me cherchez ?, répliqua-t-elle.  

- Je ne faisais que me plier à vos exigences. Vous ne vouliez plus me voir., lui rappela-t-elle.  

- C’est vrai. Vous êtes venue chercher votre chèque ?, l’interrogea-t-il, jetant un regard vers l’enveloppe qu’elle tenait.  

- Oui. Je ne voulais pas vous contrarier à nouveau., fit-elle, l’observant.  

- Sage décision… même si ça ne changera rien., pipa-t-il, détournant légèrement le regard.  

- Je ne comprends pas votre obstination à vouloir vous isoler de tous, Yoshi., ne put-elle se retenir de lui dire.  

 

C’était plus fort qu’elle : elle devait tenter de le raisonner. Elle devait aider sa mère, elle devait au moins essayer. Il la regarda et sourit cyniquement.  

 

- La solitude n’est pas un drame, Kaori. Elle ne l’est que pour les personnes qui ont des regrets sur ce qui n’a pas été. Au final, notre bonheur ne dépend que de nous, pas des personnes qui nous entourent., lui asséna-t-il.  

- Je dois vous laisser. Je prends l’avion dans quelques heures et j’ai encore une affaire urgente à boucler, un souci à régler définitivement., lui apprit-il, la dépassant pour sortir, accompagné de deux gardes du corps.  

 

Elle le regarda partir, sidérée par ses paroles. Se rendait-il compte de l’égoïsme de son raisonnement, du biais abyssal qu’il ignorait ?  

 

- Vous avez raison, Monsieur Nishihara : le bonheur ne dépend que de nous, surtout de la manière dont on gère ce qui nous arrive… Mais le bonheur de votre mère dépend aussi du vôtre et, pour le moment, votre mère est malheureuse et très inquiète. Vous pouvez me laisser à la porte de votre vie mais elle, le mérite-t-elle ?, lui retourna-t-elle alors qu’il était à la porte.  

 

Il s’arrêta et se retourna pour l’observer attentivement. Elle vit l’ombre qui assombrit son regard un instant avant qu’il ne se fasse narquois. Cela énerva Kaori qui n’en montra cependant rien : elle était persuadée que c’était ce qu’il cherchait.  

 

- On n’a qu’une mère dans sa vie… quand on a la chance d’en avoir une. Etes-vous égoïste à ce point ?, conclut-elle leur entrevue avant de passer devant lui et de sortir de l’immeuble.  

 

Elle n’avait pas su tenir sa langue ni résisté à sa conscience qui lui disait de tenter quelque chose pour renouer les liens entre mère et fils. Enfonçant l’enveloppe dans sa poche, elle prit la route et se dirigea vers le Cat’s où elle pourrait discuter un moment avec Miki.  

 

Après des heures à passer ses indics en revue, Ryô atterrit dans les allées du port qu’il connaissait si bien. Ce n’était pas la même zone que la dernière fois. Il regarda vers les quais et observa un temps les immenses bateaux amarrés et le ballet des containers qu’on chargeait sur eux, les chariots-élévateurs qui amenaient les vivres embarqués pour le personnel et les hommes qui allaient et venaient sur l’étendue de béton. Sirius… les lettres blanches se détachaient sur la peinture noire du cargo le plus proche. C’était vers ce bateau-là que ses renseignements l’avaient dirigé. Il savait que les deux autres bateaux étaient sur deux autres quais non loin mais ce n’étaient pas leurs noms qui étaient remontés…  

 

Fouillant l’endroit du regard, il trouva ce qu’il cherchait. Discrètement, il approcha, échappant aux regards des travailleurs. Le regard sombre, il s’accroupit et secoua la forme face à lui, lui tirant un grognement sourd.  

 

- Fichez-moi la paix !, fut-il rabroué.  

- Je n’ai pas le temps. Plus vite tu me répondras, plus vite je te laisserai tranquille., répondit-il.  

 

La couverture qui lui parlait fut repliée et apparut un visage buriné, ravagé par le temps qui passe et les rigueurs météorologiques.  

 

- T’es qui ? Qu’est-ce que tu veux ?, aboya le sans-abri.  

- Saeba… Ryô… City Hunter si tu n’es toujours pas convaincu., se présenta le nettoyeur.  

- Ouais… Ca me dit vaguement quelque chose… qu’est-ce que tu veux ?, fit l’homme d’un ton bourru.  

- Je me disais que tu aurais peut-être des informations sur ce qu’il se passe ici, les trucs un peu louches, les mouvements suspects. Tu vois ce que je veux dire, hein ?, expliqua Ryô, sortant quelques billets de sa poche et les faisant tourner entre ses doigts.  

 

L’homme regarda les coupures défiler, la lueur de ses prunelles brillant un peu plus fort à chaque billet ajouté.  

 

- Bien sûr, si tu n’as rien à me dire…, conclut le nettoyeur, repliant le tout brusquement et le remettant dans sa poche.  

- Attends… attends un peu, mec., l’interpela l’autre.  

- Tu veux des informations ?, ricana-t-il, repoussant un peu plus la couverture.  

 

Ryô retint une grimace à l’odeur nauséabonde du tissu et se releva, sortant une cigarette. La nicotine eut l’heur de masquer le parfum fleur des rues. Il vit l’homme se lever, se raccrochant au mur pour tenir debout, les jambes ankylosés par le manque d’activité.  

 

- J’ai plein de choses à te dire. Alors on commence par quoi ?, lui demanda-t-il.  

- Disons ce qu’il se passe dans l’entrepôt d’où sortent les marchandises qui vont sur ce bateau., indiqua Ryô, pointant du doigt vers le Sirius.  

- Ce bateau ?, répéta le sans-abri, fronçant les sourcils.  

- Oui, ce bateau., insista le nettoyeur, commençant à s’agacer.  

- Ah bah ça…, fit l’autre.  

 

Soudain, Ryô se retourna et sortit son arme, pointant vers les toits des entrepôts adjacents. Avant qu’il ait eu le temps de tirer, deux détonations résonnèrent et un immense nuage de fumée s’éleva dans les airs. 

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de