Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 12 :: Chapitre 12

Publiée: 06-08-22 - Mise à jour: 06-08-22

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Les choses peuvent-elles s'arranger entre nos deux protagonistes? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 12  

 

- Sortons.  

- Pardon ?, répondit Kaori, interloquée.  

 

Monsieur Nishihara la regarda avec un petit sourire amusé, visiblement content de son effet. Il était arrivé au moment même où les portes de l’ascenseur se refermaient sur elle. Visiblement, la colère de leur dernière confrontation était visiblement passée… ou alors il avait revu ses méthodes la concernant également.  

 

- Vous êtes sensée me distraire, non ? Alors que diriez-vous de faire cela à l’extérieur ? Je suis d’humeur à aller dîner au restaurant et je n’aime pas manger seul., lui fit-il savoir.  

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée., murmura-t-elle.  

- Que craignez-vous ? Ah ! Je sais ! Ne vous inquiétez pas, ce sera moi qui paierai… et si nous devions dépasser vos horaires de travail, je vous paierai les heures supp et le taxi !, lui annonça-t-il.  

- Je m’en fiche de tout cela. Oh puis, après tout, pourquoi pas ? De toute manière, si vous ne voulez pas parler là-bas, je reviendrai demain. Ce n’est pas un problème pour moi., fit-elle.  

 

Elle mentait. A l’heure qu’il était, Ryô était seul avec leur cliente, leur très jolie et sexy cliente, mannequin de lingerie de son état… enfin seul, surtout sans elle, parce qu’il était aussi entouré d’une dizaine d’autres mannequins toutes très jolies… et dénudées… et prêtes à défiler en lingerie fine. Elle aurait dû être là-bas avec lui pour le surveiller mais, comme elle l’avait dit la veille, elle en avait marre de ce petit jeu. Ce n’était pas une relation saine. Elle avait hésité un moment à annuler son obligation du soir mais, quand elle avait dû aller le rechercher pour la dixième fois en deux heures dans les vestiaires où les filles se changeaient et avaient laissé leurs affaires personnelles et qu’à peine lâché, il s’était réfugié dans les portants des sous-vêtements retirés, elle avait pris sa décision finale et l’avait laissé se débrouiller. Au diable, leur réputation. Elle avait besoin de souffler.  

 

Seulement maintenant, elle le regrettait un peu. Dans son esprit, elle ne pouvait cesser d’imaginer Ryô en mode pervers, courant dans tous les sens après les filles, foutant un bordel monstre. Aussitôt la colère remonta. Si lui ne changeait pas, elle avait toujours sa conscience et elle mènerait son travail à bien, au moins celui qu’elle effectuait seule. Peut-être que ce dîner détendrait les relations entre Monsieur Nishihara et elle et leur permettrait d’avancer.  

 

- Très bien, allons-y alors. Je peux même me passer de garde du corps puisque j’ai une professionnelle à mes côtés., fit-il, taquin.  

 

Kaori lui lança un regard suspicieux, étonnée par ce revirement d’attitude. Elle décida cependant de ne pas approfondir la question et s’accommoder de la situation.  

 

- Je ne suis pas payée pour vous garder, Monsieur Nishihara., lui fit-elle remarquer.  

- Voulez-vous dire que, si je me faisais attaquer, vous ne feriez rien pour moi ?, l’interrogea-t-il.  

- Si certainement… pour ne pas peiner votre mère et non sans avoir marchandé avant., répondit-elle, affichant un sourire ironique.  

- Je suis doué en marchandage., lui opposa-t-il.  

- Et moi, très déterminée., le contra-t-elle.  

- Oh ça… Je n’ai aucun doute sur le sujet., approuva-t-il, lui faisant signe de se diriger vers l’ascenseur.  

 

Obligeamment, elle s’y rendit, suivie de près par son client qui s’engouffra dans la cabine et se posta très près d’elle. Malgré sa gêne, elle ne bougea pas et fit comme si de rien n’était. Il n’aurait pas le dessus sur elle. Une seule personne l’avait et un Nishihara n’avait rien avoir avec un Saeba. Elle avait eu le meilleur maître en matière de roublardise, jeu de dupes et manipulation. Il fallait bien que ça lui serve à quelque chose…  

 

Le laissant gérer la situation et décider de l’endroit où il voulait aller, Kaori le laissa appuyer sur le bouton de l’étage où il voulait se rendre et il les fit descendre au rez-de-chaussée. Sans un mot, ils sortirent dans la rue et elle put constater qu’ils étaient vraiment seuls.  

 

- Vous avez vraiment donné congés à votre garde du corps ou vous n’en avez pas ?, l’interrogea-t-elle.  

- Si je vous disais que je n’en ai pas ?, la questionna-t-il, un sourire en coin.  

- Même si je n’ai vu personne dans l’appartement, je ne vous croirais pas. Une personne dans votre position et avec une fortune comme la vôtre doit attirer les convoitises et, malgré votre entêtement, je doute que vous soyez stupide au point de vous mettre en danger., répondit-elle franchement.  

 

Elle l’entendit rire, de manière un peu jaune certes, mais ça lui tira un sourire malgré tout.  

 

- Je suppose que je dois prendre cela pour un compliment…, pipa-t-il.  

- En quelque sorte… je suppose., admit-elle, malicieuse.  

- Je ne suis pas stupide. Oui, j’ai un garde du corps… même plus. Mais dites-moi, Mademoiselle Alice (NDA : référence à la série de livres de la bibliothèque verte Alice Roy.), vous semblez bien renseignée alors qu’il ne s’agit que de me distraire…, fit-il remarquer, intéressé.  

- C’était nécessaire. Je devais trouver des renseignements éventuels sur les loisirs qui vous plairaient., répliqua-t-elle, relevant le menton.  

 

Ainsi elle lui montrait qu’elle ne ressentait aucune culpabilité à s’être informée à son sujet et qu’il pouvait la taquiner autant qu’il voulait.  

 

- Et qu’avez-vous trouvé ?, l’interrogea-t-il.  

- Pour être honnête, pas grand-chose d’extraordinaire. Vous assistez à des soirées mondaines, des évènements culturels, mais très peu de choses dans le domaine sportif…, commença-t-elle.  

- Je préfère pratiquer que regarder… enfin tout dépend aussi des occasions., répliqua-t-il d’une voix suave et, elle en était sûre, son message avait une certaine connotation sexuelle.  

- Je peux comprendre., acquiesça-t-elle, remerciant l’obscurité qui se faisait et cachait un peu la légère rougeur soudaine de ses pommettes.  

- Vous avez certainement déniché autre chose à mon sujet…, supposa-t-il.  

- Vous êtes un travailleur acharné et, jusqu’à il y a quelques mois, vous étiez un dragueur invétéré… tout du moins c’est ce que suggèrent les journaux parce que vous ne vous présentiez que rarement avec la même femme à plus de deux soirées., répondit-elle  

- Vous doutez de mon côté dragueur ?  

- Je ne vous connais pas assez pour cela et je sais que les apparences sont parfois trompeuses., lui dit-elle posément.  

 

Soudain, il s’arrêta sans prévenir et, lorsqu’elle se retourna, il avait les yeux rivés sur elle, les sourcils froncés, semblant la scruter comme pour la percer à jour.  

 

- Il y a un problème ?, fit-elle, s’interrogeant.  

- J’ai une question à votre sujet., éluda-t-il.  

- Etes-vous une excellente comédienne ?  

- Pardon ?  

- Etes-vous une excellente comédienne ou êtes-vous vraiment naïve ?, répéta-t-il sans faillir.  

 

Kaori serra les poings face à la colère qui la prit mais resta calme d’apparence.  

 

- Je ne suis pas une excellente comédienne et je suis loin d’être naïve., répliqua-t-elle.  

- Il faut croire que non. Si vous voyez des traces de sabots sur le sol, vous allez penser à un cheval ou à un zèbre ?, lui retourna-t-il.  

- Pourquoi pas à une licorne pendant que vous y êtes !, le rabroua-t-elle.  

- Je n’osais le dire., ironisa-t-il.  

- Dites-moi Monsieur Nishihara, vous cherchez ou vous l’êtes vraiment ?, lui retourna-t-elle.  

- Dragueur ?  

- Non, un connard fini !, lâcha-t-elle avant de tourner les talons et de s’éloigner.  

 

Il la regarda partir quelques instants avant de la rattraper et de l’arrêter, la prenant par le bras. Quand elle se retourna, il était visiblement furieux. Ah ça ! Monsieur N ne devait pas avoir l’habitude qu’on lui dise ses quatre vérités, surtout pas d’une petite personne comme elle, probablement insignifiante à ses yeux. Eh bien, elle, elle s’en fichait bien de son insignifiance. Elle existait et tant qu’elle le pourrait, elle ne se priverait pas de remettre à leur place les personnes qui le méritaient. Elle ne se laisserait pas mener par le bout du nez une deuxième fois.  

 

- Je n’autorise personne à me parler sur ce ton-là !, lui fit-il savoir, furieux.  

- Et moi pareil, Monsieur Nishihara !, rétorqua Kaori.  

- Vous voulez que je vous respecte ? Respectez-moi également !, lui asséna-t-elle, dégageant son bras vivement.  

- Que je vous respecte ? Alors que vous minaudez devant moi et prétendez penser que je me cache derrière une face de salaud ? Vous ne me connaissez pas. Je ne suis que ce que je suis !, répliqua-t-il sèchement.  

- Vous voyez, Monsieur Nishihara, à force de travailler en tant que garde du corps, je ressens certaines choses et en ce qui vous concerne, je serais loin de dire que vous êtes ce que vous êtes. Vous n’êtes que ce que vous prétendez être., lui répondit-elle calmement, ne faisant pas de cas de son air agacé.  

- Vous ne souhaitez peut-être plus dîner maintenant… surtout en ma compagnie., conclut-elle, refusant de détourner le regard.  

 

Il l’étudia un long moment en silence avant de se détendre. Il se mit même à rire apparemment de bon cœur, ce qui ne désarma pas la méfiance de la jeune femme malgré tout.  

 

- J’ai toujours faim et votre présence me paraît encore plus attrayante. J’ai envie d’en entendre plus sur votre expérience de garde du corps. J’aime connaître les gens que j’affronte., lâcha-t-il.  

- Il n’y a d’affrontement que si nous sommes dans deux positions opposées…, lui fit-elle remarquer.  

- Mais pour le moment, nous ne sommes pas alliés, détective Alice., lui dit-il, lui tendant le coude par politesse.  

- Est-ce seulement près d’arriver ?, lui retourna-t-elle, refusant son offre et marchant sans lui.  

- C’est de bonne guerre., murmura-t-il, amusé avant de la rejoindre.  

 

Il l’amena jusqu’au restaurant où ils furent installés à une table.  

 

- Alors Kaori, parlez-moi de votre métier., l’invita-t-il.  

- Quel genre d’affaires avez-vous traitées ?  

- Je… Je ne veux pas en parler. Ce n’est pas très intéressant de toute manière., éluda-t-elle.  

- Avec votre caractère et tout ce que vous m’avez dit, ma curiosité est piquée. Allez-y, parlez-moi de ces affaires inintéressantes comme vous le dites… mais peut-être que vous aussi, vous n’êtes pas ce que vous êtes…, la piqua-t-il au vif.  

 

Elle lui lança un regard noir, lui montrant bien son mécontentement. Elle réfléchit un instant et trouva quelques affaires dont elle pouvait bien parler sans trop en dire.  

 

- Bon d’accord… Mais je ne citerai aucun nom et vous ne me poserez pas de questions personnelles sur mes clients., lui dit-elle.  

- Promis juré., fit Nishihara.  

 

Elle le regarda une dernière fois et lui raconta une première affaire qui intéressa son interlocuteur qui l’incita à continuer.  

 

Après la fin du défilé et une centaine de coups, baffes et autres punitions infligées, Ryô ramena sa cliente à l’hôtel où elle logeait. Faisant un détour dont cette dernière ignora même l’existence, il passa devant l’immeuble où habitait Nishihara. Il ralentit légèrement le temps de cibler le bon étage et si reprit même à deux fois pour être sûr de ne pas s’être trompé. La lumière était éteinte. Pourtant, Kaori devait encore y être normalement, pensa-t-il, jetant un œil à sa montre. Il sentit l’appréhension le prendre ou plutôt monter un peu plus, se rendit-il compte.  

 

En fait, il avait eu beau courir les filles, se sentant libre après le départ de sa partenaire, il n’avait cessé d’avoir cette inquiétude latente… mêlée à de la colère. Pourquoi avait-il le sentiment de l’abandonner, de l’avoir laissée tomber alors que c’était elle qui partait pour son autre job et donc ne prenait pas la peine de faire celui-là à plein temps ? Elle était sa partenaire ou baby-sitter ? Il fallait croire qu’il devrait lui rappeler les priorités. Non, en fait, il se demandait ce qui pouvait se passer, si on était en train de l’attaquer, de l’enfermer quelque part et, là, il passait devant l’appartement et aucune lumière n’était allumée… Il était sur le point de devenir fou.  

 

Malgré tout, il ne pouvait faire n’importe quoi et il ramena la mannequin à l’hôtel où, à sa grande surprise, il ne lui fit aucun numéro, la confiant seulement à la sécurité de l’hôtel. Il n’y avait aucun grand enjeu dans cette mission. Pas de harcèlement, pas de risque, pas de menace, rien… Juste une histoire d’assurance. Une mission ennuyeuse si ce n’était pour la présence des jeunes femmes… quoique finalement c’était beaucoup moins drôle sans Kaori. C’était ça aussi le jeu : voir combien de temps elle mettrait à le rattraper et le frapper. Il devait avouer qu’elle y avait mis beaucoup moins de cœur cette fois-ci…  

 

De retour dans la mini, il sortit son récepteur et le régla pour trouver le signal de sa partenaire. Il fut surpris de le voir apparaître de suite. Ce n’était pas du tout ce à quoi il s’attendait. Cependant, le vague soulagement qu’il ressentit se transforma vite et il n’aurait su dire si ça tenait plus de la colère ou de la désillusion. L’endroit où elle se situait était un hôtel-restaurant. Pourquoi était-elle là ? Avec qui ? Que faisaient-ils ? Il fut incapable d’attendre là sans savoir. Il se faufila discrètement dans le bâtiment et commença par l’endroit le plus facile : le restaurant. Echappant au personnel, il parvint à atteindre le balcon qui entourait les lieux et, ne prêtant aucune attention au vent qui le fouettait en rafales, fit le tour de la salle.  

 

Lorsqu’il l’aperçut enfin, il ne put que rester là à la regarder rire à quelque chose que lui avait dit Nishihara. C’était pourtant le même dont elle avait dit qu’ils avaient beaucoup de mal à communiquer… Est-ce que Miki s’était fourvoyée en lui retransmettant ces informations ? Avait-elle minimisé pour ne pas le blesser, l’inquiéter ? On ne dînait pas avec quelqu’un qu’on ne supportait pas, non ? On ne riait pas franchement non plus ? Ou alors suite à leur dispute de la veille, elle avait changé son fusil d’épaules… Il n’arrivait pas à y croire. Là où il aurait dû être soulagé de la voir en public avec cet homme, à l’abri de tout geste malencontreux, il ressentait un péril encore plus grand et pourtant… il était incapable du moindre mouvement, incapable de rentrer dans cette salle et de l’emmener au loin. Il ne pouvait que la regarder sourire et discuter avec animation… et lui semblait l’écouter…  

 

Non, se reprit-il, il s’informait, il cherchait son point faible. Il ne faisait que jauger sa proie pour pouvoir l’avoir plus facilement. Il endormait sa méfiance et elle se laissait faire. Il sentit la colère reprendre vigueur en lui, contre cet homme, contre elle, oui surtout contre elle qui se faisait berner comme une amateur ! N’avait-elle donc rien appris à ses côtés ?! Etait-elle donc encore si naïve qu’elle ne voyait que le bon, même celui qui n’existait pas, en chaque homme ?! Allait-il devoir lui mettre les points sur les i, lui redire que le mal était un versant normal de la nature humaine ? Apparemment oui. Quand il la vit soudain tourner la tête vers lui, il maîtrisa ses émotions tout en se cachant derrière un pan de béton. Cela ne dura qu’un temps avant qu’il s’en aille dès qu’elle se concentra de nouveau vers son interlocuteur.  

 

- Je n’arrive pas à croire qu’une jeune femme comme vous puisse avoir vécu de telles expériences… Et jamais un échec ?, l’interrogea Nishihara.  

- Non jamais mais c’est principalement dû au fait que j’ai une totale confiance en mon partenaire. C’est un homme fiable. C’est d’ailleurs lui qui m’a tout appris., admit-elle, pensant à Ryô.  

 

C’était étrange ce petit pincement au cœur. Quelques instants auparavant, elle aurait juré l’avoir senti non loin comme s’il l’observait mais elle ne l’avait pas vu et, s’il avait été là, il serait probablement venu la voir, rien que pour la taquiner, non ? Ou alors… il se fichait bien de ce qu’elle faisait et prenait à son compte ce qu’elle lui avait dit la veille : il ne voulait plus l’écouter non plus.  

 

- Eh Alice détective ! Vous m’écoutez ?, l’interpela Monsieur N, amusé.  

 

Réalisant qu’il lui parlait, Kaori dompta ses sentiments et ses traits et releva les yeux.  

 

- Pardon… j’étais perdue dans mes pensées., s’excusa-t-elle.  

- Mille yens pour les connaître ?, tenta-t-il.  

- Elles n’en valent pas un…, répliqua-t-elle avec un petit sourire.  

- J’en doute. Alors ? Enfin, si vous ne risquez pas de devoir me tuer après., plaisanta-t-il.  

- Je… Je pensais juste à ma journée de travail de demain., mentit-elle.  

- Parce que vous avez une affaire actuellement ?, s’étonna-t-il.  

- Oui. Aujourd’hui et demain pour être honnête., admit-elle.  

 

Il l’observa attentivement un moment avant de prendre une gorgée d’eau et de reposer son verre.  

 

- Vous auriez pu annuler nos rendez-vous pour ces deux jours. Je peux toujours vous libérer pour demain., lui proposa-t-il.  

- Quand je prends un engagement, je le fais sérieusement, Monsieur Nishihara., lui opposa-t-elle.  

- Pour la troisième fois, vous pourriez cesser de m’appeler Monsieur Nishihara ? On dîne ensemble et passe un moment qui, pour moi, est très agréable…, fit-il.  

- Pour moi aussi., avoua Kaori, un léger rose aux pommettes.  

- C’est une bonne nouvelle. Pour en revenir à notre sujet, je ne doute pas de votre sérieux ni du fait que vous ne me lâcherez pas d’aussitôt mais annuler quelques rendez-vous, séances, je ne sais pas trop comment dire en fait, lorsque vous avez un autre travail ne serait pas un drame. Je ne me gênerai pas de mon côté lorsque j’aurai des déplacements comme c’est déjà arrivé., lui offrit-il.  

- Ce n’est pas pareil., objecta-t-elle.  

- Vraiment ? Et en quoi ?, l’interrogea-t-il, curieux.  

- Votre travail est important., répondit-elle.  

 

Il l’observa si intensément qu’elle avait l’impression d’être un insecte dans un microscope. Elle avait très envie de gigoter sur sa chaise par gêne mais elle se retint. Contrairement à Ryô, il ne tenta pas de cacher ce qu’il pensait et, si elle ne le connaissait pas très bien, elle vit au moins de la surprise ou c’était peut-être de l’incrédulité, le doute et l’amusement.  

 

- Je résume : vous aidez des personnes dans une situation extrêmement délicate ou dont la vie est en danger au péril de votre propre vie alors que je gère des dossiers pour faire plus d’argent et vous me dites que mon travail est important en ayant l’air d’estimer que le vôtre ne l’est pas., lui dit-il d’une voix posée.  

- Vous gérez plusieurs entreprises, employez des milliers de personnes et donc alimentez des milliers de familles. Vous impactez plus de personnes positivement., se défendit-elle.  

- Parce que, parmi les personnes que vous avez sauvées et protégées, il n’y en a pas qui ont influencé positivement la vie d’autres personnes, par unité, dizaines, centaines voire milliers ?, lui retourna-t-il, un sourcil levé.  

- Si., admit-elle, détournant les yeux.  

- Donc mon métier n’a rien de plus important que le vôtre., conclut-il.  

- Qui êtes-vous donc, Kaori Makimura ?, l’interrogea-t-il, posant les coudes sur la table et le menton sur ses mains.  

- Jusqu’alors je vous prenais pour une emmerdeuse qui s’imposait fièrement à tout bout de champ mais ce soir… non, vous êtes beaucoup plus complexe que cela., lui affirma-t-il.  

- Au contraire, je suis quelqu’un de très simple. Je dois rentrer maintenant., lui répondit-elle, un peu mal à l’aise.  

 

Il lui sourit amusé par son subterfuge mais acquiesça malgré tout, se levant et la suivant.  

 

- Merci pour le dîner. Je vous raccompagne ?, suggéra-t-elle, un peu soucieuse de laisser un homme dans sa position sans protection.  

- Je vais appeler deux taxis., lui répondit-il, se souvenant de sa promesse.  

- Un suffira. Je vais rentrer à pieds., lui opposa-t-elle, refusant de le faire débourser plus.  

- Vous pourriez cesser d’être si têtue ?, la rabroua-t-il, fâché.  

- Je…  

- Ne me dites pas que ce n’est pas le cas : vous êtes têtue !, la coupa-t-il, hélant un taxi puis un deuxième.  

- Vous emmenez la dame où elle voudra., ordonna-t-il au premier chauffeur, lui tendant une coupure d’un montant conséquent.  

- Si vous me rendez mon billet après-demain, je vous botte les fesses, Kaori., la prévint-il, la voyant ouvrir les lèvres.  

- Et oui, nous ne nous verrons pas demain. Vous avez un autre travail alors à dans deux jours., ajouta-t-il avant de refermer la portière et de signifier au conducteur qu’il pouvait s’en aller.  

 

Comprenant qu’il ne servait à rien de discuter, la rouquine indiqua son adresse et se laissa conduire. Elle ne savait que penser de cette soirée. Ca avait été agréable, elle ne pouvait le nier. Monsieur N s’était montré charmant, d’une compagnie plaisante mais elle n’oubliait pas sa défiance précédente. Elle resterait quand même sur ses gardes la prochaine fois. Malgré tout, cette soirée lui avait fait du bien. Elle avait pu décompresser un peu et oublier un temps sa colère contre Ryô. Elle n’eut pas à se demander s’il était déjà rentré puisqu’elle vit les lumières allumées quand le taxi entra dans sa rue.  

 

Elle remercia le chauffeur et descendit du véhicule qui repartit aussitôt. Instinctivement, elle leva les yeux vers le toit et vit la silhouette de son partenaire se découper à peine dans la nuit. Elle avait envie de le rejoindre et profiter de ce moment probablement silencieux mais de quel droit pouvait-elle s’imposer auprès de lui après ce qu’elle lui avait dit ? Non, il valait mieux le laisser seul et donner un peu de temps aux choses de se tasser.  

 

Enfin…, pensa Ryô, voyant Kaori pénétrer dans l’immeuble. Encore un peu et il aurait dû aller la rechercher. Elle croyait quoi ? Qu’elle avait tout loisir de passer sa soirée dehors alors qu’ils avaient du boulot ?! Si elle s’octroyait le droit de lui faire la morale quand il sortait le soir, elle pouvait en faire de même, non ? Surtout lorsque c’était professionnel… parce qu’il n’y avait rien de personnel dans sa démarche, rien du tout… Ecrasant sa cigarette, il redescendit jusqu’au séjour où il attendit qu’elle arrive.  

 

- Tu as vu l’heure ?, fit-il alors qu’elle avait à peine mis le pied dans l’appartement.  

 

Elle se tétanisa un instant avant de se reprendre. Elle avança alors jusqu’à la penderie et retira sa veste et ses chaussures.  

 

- Tu te crois le droit de me faire la leçon après tout ce que tu as fait ?, lui dit-elle d’un ton blasé.  

 

Pourquoi avait-elle espéré une soirée calme et sereine ?  

 

- Après cette mission, nous aurons gagné suffisamment d’argent pour quelques mois. Tu vas pouvoir arrêter de perdre ton temps avec ce type et te concentrer sur ton vrai travail., lui asséna-t-il.  

- C’est un vrai travail et je ne néglige en rien notre mission. Si ça peut te rassurer, demain, je serai toute la journée et la soirée avec vous !, lui apprit-elle.  

- Vraiment ? Tu vas lâcher Monsieur Millions, tu sais, ce type revêche, hautain et pénible pendant trois heures ? C’est étonnant., railla-t-il.  

- Je pensais que, depuis le temps, tu aurais compris qu’il fallait voir au-delà des apparences. Si je m’étais arrêtée à cela, je ne serais jamais restée avec toi, je ne serais pas…  

 

« tombée amoureuse de toi »., acheva-t-elle en pensée. Elle préféra cependant ne pas le dire plutôt que de lui tendre une perche pour qu’il la frappe avec à sa manière.  

 

- Finalement, il a réussi à te subjuguer… Je ne pensais pas que le manque d’hommes te ferait perdre toute ta lucidité. Je suis étonné qu’il n’ait pas réussi à te persuader de le suivre dans l’une des chambres de l’hôtel., cracha-t-il.  

- Je ne suis pas en manque d’hommes !, s’écria-t-elle, fâchée avant de réaliser la portée de ses paroles.  

- Alors tu étais bien là… Au restaurant, j’ai senti ta présence. J’avais raison. Pourquoi tu m’as suivie ?, l’interrogea-t-elle, reprenant un peu espoir.  

- Pourquoi tu as accepté de le suivre hors de son appartement ? Tu sais très bien que je dois pouvoir te trouver à tout moment !, lui retourna-t-il, éluda-t-il, trop mal à l’aise pour répondre.  

- Alors tu me surveilles maintenant ? Tu en es arrivé à ce degré de confiance en moi ? Est-ce que je dois y voir un message, Ryô ?, lui demanda-t-elle, blessée.  

- Il serait peut-être temps que tu vois le message !, fit-il, incapable de contrôler la colère qui le prit, colère d’autant plus grande qu’elle était alimentée par la douleur qui montait en lui alors qu’il voyait qu’il la perdait.  

- Ne m’attends pas !, lui fit-il savoir.  

 

Il prit sa veste, mit ses chaussures et s’en alla, claquant sèchement la porte derrière lui. Il avait besoin de temps loin d’elle pour reprendre le dessus. Il perdait toute sa tempérance avec elle. L’idée qu’elle puisse apprécier et se rapprocher d’un homme comme ce Nishihara, un homme qui lui voulait du mal, qu’il devrait peut-être éliminer le mettait hors de lui. Il savait comment elle réagirait : elle douterait, elle aurait mal et, si entre temps elle se rendait compte de ce qui se passait, elle tenterait peut-être de sauver l’âme de ce bandit et y laisserait peut-être la vie. Il détestait tant ce maudit espoir, cette foi en l’humanité qui la motivaient et qui pouvaient tout autant la blesser. Et il se maudissait d’être l’un de ceux qui lui faisaient du mal.  

 

- Pourquoi ?, murmura Kaori quelques minutes plus tard.  

 

Comme anesthésiée, elle n’avait pas pu bouger depuis qu’il était parti. Son cerveau s’était bloqué, son cœur avait battu au ralenti, elle était complètement engourdie…  

 

- Pourquoi ?, répéta-t-elle un peu plus fort.  

- Pourquoi ?!, finit-elle par hurler en regardant la porte.  

- Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu ne cesses de me mentir et de me faire mal, nous faire mal ? Je ne comprends plus, Ryô…  

 

Epuisée, le pas lourd des regrets qu’elle portait, elle monta les marches puis se dirigea vers sa chambre. N’ayant plus aucune force, elle se laissa tomber sur son lit et, pendant un long moment, son regard se perdit dans le vide, le même vide qu’elle ressentait au fond de son cœur. 

 


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