Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 40 :: Chapitre 40

Publiée: 18-03-23 - Mise à jour: 18-03-23

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. J'espère que vous allez bien. Nous avions laissé nos héros en attente d'une discussion pour laquelle ne manquait que notre rouquine. Descendra-t-elle? Ryô devra-t-il aller la chercher? La réponse est là dessous. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 40  

 

Que pouvait bien vouloir lui dire Yoshihide ?, se demanda Kaori sous la douche. S’excuser ? Encore une fois ? Lui demander une troisième chance ? C’était un peu trop facile… non ?  

 

- Tu veux… m’aider à mener à bien mon projet ?  

- Oui. Alors qu’en dis-tu ?  

 

Elle se revit deux jours en arrière, assise face à lui, nerveuse, attendant sa réponse, le sourire qui éclairerait ses traits fatigués, l’espoir revenir dans son regard.  

 

- Tu veux porter mon enfant, Kaori ?, avait-il répété comme s’il n’avait pas compris.  

- Oui… enfin, celui que tu concevrais avec le don d’ovocytes., avait-elle corrigé, les joues roses.  

 

Elle n’avait su interpréter son regard ni son silence pendant les quelques secondes qui avaient suivi mais soudain il s’était levé et l’avait toisée de toute sa hauteur, fièrement appuyé sur sa canne.  

 

- Je n’ai pas besoin de ta pitié. Tu m’avais juré que ce n’était pas ce que tu m’apporterais et tu me la jettes en pleine figure au pire moment. Je suis… déçu, Kaori, extrêmement déçu. J’attendais mieux de ta part. Va-t’en maintenant, va-t’en et ne reviens jamais., lui avait-il soudain asséné avant de s’en aller.  

 

Il aurait pu la gifler que l’effet n’aurait pas été plus violent. Elle était restée là pendant quelques minutes seules, estomaquée avant de se lever, les jambes en coton, et de repartir vers l’ascenseur, l’esprit vide. Ce n’était qu’en arrivant à l’immeuble, en sortant de la voiture qu’elle avait commencé à réaliser et que le brouillard s’était estompé au profit de l’incompréhension. Elle ne comprenait d’ailleurs toujours pas sa réponse ni la violence dont il avait fait preuve avec elle. Il n’y avait eu aucune pitié dans ses intentions, juste l’envie d’être là et de l’aider, de lui permettre, et à elle aussi, de vivre quelque chose de merveilleux.  

 

- C’est trop facile., murmura-t-elle, coupant l’eau.  

 

Elle en avait marre de se faire balader par les hommes. D’abord Ryô qui jouait au yo-yo avec son cœur, qui l’avait repoussée comme une moins que rien après lui avoir fait l’amour et maintenant Yoshihide qui la rejetait pour la deuxième fois de manière injuste. Elle en avait assez. Elle ne pouvait envoyer paître Ryô mais elle ne s’abaisserait pas devant Monsieur N. Il pourrait toujours attendre, elle ne descendrait pas !  

 

- Si dans un quart d’heure, tu n’es pas en bas, je viendrai te chercher même si tu es nue sous la douche., se rappela-t-elle la menace de Ryô.  

 

Il ne viendrait pas. Il n’irait pas jusque là. Pas après ce qui s’était passé entre eux. Il ne…  

 

- Ne me fais pas ça, Kaori. Ni à toi ni à moi. Ce serait difficile., avait-il dit.  

 

Son regard… elle se souvint alors de son regard et elle frissonna. Avait-elle rêvé le remords, le désir réprimé ? Elle sentit son estomac se tordre en réponse. Non, elle ne l’avait pas rêvé. Le temps qu’ils avaient eu ensemble ne l’avait pas laissé indifférent et il souffrait comme elle… enfin au moins un peu. Cette pensée fit remonter sa colère. Avant de parler à Yoshihide, elle avait parlé à Ryô. Elle avait pris son courage à demain et lui avait évoqué son projet, lui demandant sa bénédiction, son acceptation, quémandant qu’il la reprenne après son accouchement. Avant même de savoir si le futur père acceptait, elle avait mis en danger sa relation avec Ryô, l’homme qu’elle aimait depuis tant de temps, sans qui elle ne pouvait envisager de vivre, pour qui elle était prête à tous les sacrifices. Et il avait accepté.  

 

Elle leva les yeux vers le miroir embué et l’essuya d’un geste rageur. Elle ne jouerait pas les lâches. Elle ne laisserait pas Ryô seul avec Yoshihide plus longtemps. Ce n’était pas à lui de le virer de chez eux mais à elle… même si ça lui faisait mal de faire une croix sur leur amitié, de faillir à une promesse. Un vrai ami l’aurait remerciée et éconduite poliment, un vrai ami l’aurait au moins écoutée jusqu’au bout. Bien décidée, elle s’habilla, se coiffa rapidement et sortit de la salle de bains.  

 

- Je te donne cinq minutes pour me dire ce que tu as à me dire et après tu t’en vas !, annonça-t-elle de but en blanc à peine arrivée en bas des escaliers.  

 

Yoshihide la dévisagea, surpris. La Kaori face à lui était non seulement déterminée, trait de caractère qu’il lui connaissait, mais semblait aussi très en colère contre lui, ce qui était nouveau. L’aura qu’elle dégageait à cet instant était si forte qu’il n’avait qu’une envie, se faire tout petit.  

 

- Assieds-toi, s’il te plaît., lui demanda Ryô posément.  

- Tu peux nous laisser. Je pense que nous sommes assez grands pour ne pas avoir besoin de chaperon pour nous expliquer., objecta sa partenaire, le défiant du regard.  

- Sauf qu’il veut nous parler à tous les deux, alors assieds-toi., lui opposa-t-il fermement, ne se laissant pas impressionner.  

 

La nouvelle la déstabilisa un instant et elle comprit après un autre regard à son partenaire qu’il ne céderait pas. Elle prit donc place dans le canapé à l’opposé de Yoshihide, Ryô s’installant sur le retour non loin d’elle.  

 

- Je pense que vous pouvez y aller., fit Ryô à leur invité, réfrénant un sourire face à l’air fermé, très inhabituel, de sa partenaire.  

 

C’était mieux que de la savoir enfermée à pleurer dans sa chambre, se disait-il.  

 

- Kaori, je… hmm… je suis désolé de ce que… de la façon… pour ce que je t’ai dit l’autre jour., se lança Monsieur N.  

- Très bien. Merci et au revoir., fit-elle, se levant prestement.  

 

Elle n’eut pas le temps de s’éloigner, saisie par le poignet et retenue par Ryô qui, d’un regard, lui enjoignit de se rasseoir, ce qu’elle fit, touchée par l’autorité qu’il dégageait.  

 

- Mes mots… J’ai été plus dur que ce que je pensais réellement. Je… J’ai été touché par ta proposition mais… je ne pouvais pas accepter… et je ne voulais pas prendre le risque de changer d’avis en te voyant., admit Yoshihide.  

 

Elle fit taire le pourquoi qui monta et croisa les bras en détournant le regard. Elle ne voulait pas lui montrer qu’il réussissait encore à la toucher. Jetant un regard perdu vers Ryô, Yoshihide reprit, incité par le signe de tête du nettoyeur.  

 

- Je l’ai fait pour deux raisons, Kaori. Je t’ai vue avec ces enfants à l’orphelinat et je ne peux imaginer te prendre l’enfant que tu aurais porté pendant neuf mois en te disant simplement merci et regarde ton filleul comme il, ou elle, est merveilleux. Tu viens le voir tous les dimanches si tu veux. T’imaginer les six autres jours à souffrir de ne pouvoir serrer cet enfant que tu aurais senti grandir en toi et aimer… Non, je ne pouvais pas le concevoir et je ne le pourrai jamais., expliqua-t-il, le regard baissé sur ses mains.  

 

Kaori ferma les yeux pour empêcher les larmes qui montaient de tomber. Elle savait que ça aurait été la partie la plus difficile mais elle comptait sur la présence de Ryô, le soutien de ses amis, pour pouvoir s’en remettre.  

 

- Et la deuxième raison ?, murmura-t-elle.  

 

Yoshihide releva la tête, soulagé de l’entendre enfin lui parler et non lui hurler dessus.  

 

- Je… Je t’aime, Kaori. Alors t’entendre me proposer de porter mon enfant, conçu avec les cellules d’une autre… C’est quelque chose que je ne pouvais concevoir… et ça m’a rendu furieux de ne pas avoir le temps nécessaire pour pouvoir vivre autre chose avec toi., lui avoua-t-il, refusant de regarder Ryô.  

 

Cette partie de la conversation, il aurait aimé ne l’avoir qu’avec elle mais il ne pouvait se permettre ce luxe, d’autant qu’il devrait composer avec le nettoyeur. Ce dernier semblait d’ailleurs impassible à la scène qui se déroulait mais en son for intérieur, c’était une déferlante d’émotions et d’envies contradictoires. Devait-il se lever et partir, se lever et emmener Kaori loin de là, se lever et jeter Monsieur N dehors à grand renfort de coups de pied au cul, se lever et dégainer son magnum ? Kaori était en plein désarroi à côté de lui, il le sentait, mais il restait là figé comme en attente de sa réaction qui lui dirait peut-être qu’il l’avait définitivement perdue, qu’elle prêtait un tant soit peu d’importance aux mots de son rival ou plus encore. Il savait qu’elle n’y était pas insensible mais à quel point ?  

 

C’était donc ça, se retrouver à regarder celle qu’on aime recevoir une déclaration d’amour d’un autre et se demander et si ? Il ne s’était pas vraiment posé de question à l’époque où Mick avait fait irruption dans leur vie mais, à ce moment-là, leurs liens étaient beaucoup plus forts. Aujourd’hui… Aujourd’hui, tant de choses étaient différentes…  

 

- Bon, maintenant que vous vous êtes excusé pour le mal que vous lui avez fait, que vouliez-vous nous dire à tous les deux ? J’ai des choses à faire moi !, intervint-il, ne supportant plus le silence qui régnait.  

- J’ai une… Je… Kaori, s’il te plaît, regarde-moi., lui demanda Yoshihide, très nerveux.  

 

Déboussolée, la rouquine jeta un léger coup d’oeil à son partenaire, cherchant sa force pour poursuivre cette conversation riche en émotions. Il ne la regarda pas mais hocha très légèrement la tête et elle se retourna.  

 

- Je… Je voudrais accepter ta proposition mais y poser quelques conditions., lui fit-il savoir.  

 

La nouvelle stupéfia les deux partenaires qui ne s’étaient pas du tout attendus à ça. Serrant les dents, Ryô se leva d’un bond, se retenant de bondir sur Monsieur N.  

 

- Je n’ai pas besoin de me retrouver entre vous deux. Je ne suis pas le père de Kaori. Ces choses-là, discutez-en à deux !, lui asséna-t-il.  

- Non, Monsieur Saeba. Je sais que vous n’êtes pas son père. Vous êtes l’homme qu’elle aime et celui qui l’aime mais, pour une raison que j’ignore, il ne se passe rien entre vous. Ce que j’ai compris également, c’est qu’elle ne fera rien qui puisse vous séparer mais que vous seriez certainement prêt à beaucoup de choses pour son bonheur. Très égoïstement, j’ai envie de pouvoir profiter de quelques mois, peut-être années de bonheur mais, pour le sien, je ne ferai rien qui puisse la rendre malheureuse., répondit Yoshihide, soudain très calme.  

- Ce qui implique que nous ayons cette discussion à trois., conclut-il, attendant sa réaction.  

 

Ryô soutint son regard un long moment avant de se rasseoir. Kaori relâcha sa respiration qu’elle avait retenue sans s’en rendre compte et se massa les tempes, les coudes sur les genoux.  

 

- Je ne comprends pas, Yoshi. Quelles conditions ? Je ne veux rien. Je renonce à tous droits sur l’enfant. Que pourrais-tu vouloir de plus ?, l’interrogea-t-elle, tendue.  

- Toi. Que tu sois la mère de cet enfant, que tu m’épouses et que tu le gardes avec toi quand je mourrai., résuma-t-il avant de se tourner vers Ryô.  

- Je… Je ne peux pas…, bredouilla-t-elle, jetant un regard anxieux ver son partenaire  

- Vous comprenez pourquoi vous deviez être là maintenant ?, fit Monsieur N à Ryô avec un sourire un peu désabusé.  

 

S’il comprenait ? Il ne le faisait que trop bien. Non seulement il devrait voir sa partenaire, la femme qu’il aimait en épouser un autre, porter leur enfant mais il devrait aussi accepter de la reprendre avec lui et avec elle, leur enfant quand elle serait veuve. Putain, quel merdier !, pensa-t-il, gardant ses traits aussi immobiles que possible.  

 

- Je… Non… Yoshi… Ryô… Je…, bafouilla Kaori, complètement perdue, les regardant tour à tour.  

 

C’en fut trop pour elle et elle se leva et partit en courant vers les escaliers. Elle avait besoin d’air, d’espace, de mettre de l’ordre dans ses idées, de sortir de ce triangle infernal dans lequel elle se retrouvait et se perdait. Arrivée sur le toit, elle s’appuya sur le garde-corps et se mit à rire pendant quelques instants avant de se laisser tomber par terre et pleurer.  

 

- Et vous ne lui avez même pas encore tout dit… Moi qui pensais que ce serait le plus dur., admit le nettoyeur, brisant le silence qui s’était installé depuis le départ de la rouquine.  

- Décidément, vous n’avez pas fini de foutre la merde dans nos vies, Monsieur Nishihara.  

- Je pense que vous êtes largement capable de le faire vous-même, Monsieur Saeba., lui opposa son interlocuteur, ne se démontant pas.  

- Mais dites-moi, si elle acceptait, vous le feriez ?, l’interrogea-t-il.  

 

Ryô ne répondit pas et se contenta de sortir une cigarette qu’il n’alluma cependant pas.  

 

- Je devrais peut-être aller la voir., s’inquiéta Yoshihide alors que le temps passait mais que Kaori ne revenait pas.  

- Je pense que vous en avez assez fait. Restez là. De toute façon, je refuse de vous porter pour monter les escaliers., lui ordonna Ryô sèchement.  

 

Il se ficha bien du regard noir que lui lança le milliardaire en retour et monta les escaliers à son tour.  

 

- Je ne pensais pas que tu aurais encore des larmes à verser., pipa-t-il, mal à l’aise en trouvant sa partenaire agenouillée au pied de la rambarde.  

- Moi non plus., admit-elle d’une voix fatiguée.  

- Dis-moi que j’ai rêvé, Ryô., lui demanda-t-elle.  

- Ca relevait plutôt du cauchemar à mon niveau mais bon…, plaisanta-t-il, lui tendant une main.  

- Debout Makimura !, lui ordonna-t-il.  

- Tu n’as jamais laissé un homme te mettre à terre. C’est pas aujourd’hui que ça va commencer, non ?, l’encouragea-t-il.  

- Il y en a un qui m’a mise à terre mais c’était le seul à qui je ne pouvais pas le montrer., lui confia-t-elle, plongeant dans son regard alors qu’il l’aidait à se relever.  

 

Ryô réprima l’envie de caresser sa joue et de s’excuser pour le mal qu’il lui avait fait. C’était un terrain trop glissant pour lui, surtout après ce qui s’était dit.  

 

- Sa proposition… Ca semble plutôt honnête, Kaori., osa-t-il lui dire, cherchant à savoir ce qu’elle en pensait.  

- Je… Je ne peux pas accepter., répondit-elle, se tournant vers la ville.  

- Pourquoi ?  

- Pourquoi ? Tu me demandes pourquoi ? Il me demande de garder l’enfant…  

- Votre enfant, donc ton enfant…, la coupa-t-il, s’accoudant à ses côtés en tirant sur sa cigarette.  

- … Oui… je devrai garder l’en… notre enfant après… et je sais que… Je sais que tu ne me laisseras pas revenir dans ces conditions., lui expliqua-t-elle, le cœur lourd.  

- Je ne veux pas être séparée de toi. Quelques mois… je pouvais l’imaginer en me disant que ça nous permettrait de mieux nous retrouver mais définitivement… non, c’est impossible., murmura-t-elle.  

 

Ryô digéra ses paroles qui lui disaient, répétaient à nouveau à quel point elle l’aimait malgré le mal qu’ils s’étaient faits, qu’il lui avait fait, cet amour qui le laissait toujours autant sans voix tant il était fort et immuable.  

 

- Et… si c’était possible ?, lui retourna-t-il, se surprenant lui-même.  

- Quoi ?, lâcha-t-elle, surprise.  

- Si vous reveniez tous les deux… après, je veux dire., clarifia-t-il malgré son envie très forte d’éluder la conversation.  

- Ne fais pas ça…, murmura-t-elle.  

- Ne… Ne me dis pas ça., insista-t-elle.  

- Ce ne sont pas des paroles en l’air., se défendit-il, tournant le visage vers elle.  

- Je sais… Je le sens., acquiesça-t-elle.  

- Si c’est tout ce qui te bloque, fonce Kaori. Accepte sa proposition et prends ce qu’il te donne. Je serai encore là après., lui assura-t-il, se retournant et s’adossant au garde-corps.  

 

Il ne voulait pas qu’elle voit à quel point ça l’affectait. Il était sérieux en lui disant qu’elle reviendrait après, même avec le mioche de Monsieur N en bagage accompagné. Il était comme elle : vivre sans elle lui était devenu impossible mais il pourrait faire face à une coupure temporaire si ça la rendait heureuse. Elle avait le droit à sa part du gâteau même dans ce monde pourri et, si, pendant quelques mois, Yoshihide pouvait lui offrir la lumière, le confort et la chaleur d’un foyer normal, elle ne pouvait refuser.  

 

- C’est tout ce que ça te fait ?, l’interrogea-t-elle.  

- Je vais porter l’enfant d’un autre et tu me dis juste… fonce ? C’est tout ce que ça signifie pour toi ?, fit-elle, les dents serrés.  

- J’ai envie d’être mère, Ryô, mais je voudrais porter l’enfant de l’homme que j’aime. C’est ton enfant que je voudrais avoir !, lui affirma-t-elle avec force.  

- Ton enfant et toi, tu m’envoies dans les bras d’un autre !, lui reprocha-t-elle, serrant la rambarde de toutes ses forces.  

- Je pensais représenter un peu plus que ça à tes yeux.  

 

Elle se retourna et fit pour s’éloigner mais il l’attrapa et l’attira brusquement à lui, la tenant fermement contre lui.  

 

- Je ne peux pas avoir d’enfant, Kaori. Tu le sais. Tu connais notre monde. Et je n’ai pas envie qu’un autre te touche., vociféra-t-il à son oreille.  

- J’ai envie de le dégommer depuis qu’il est entré dans ta vie. Il a cependant raison sur un point.  

 

Il glissa les doigts dans ses cheveux et l’obligea à relever le visage pour pouvoir plonger dans son regard.  

 

- Je veux le meilleur pour toi. Je veux que tu sois heureuse. Je ne veux pas que tu aies de regrets. Il te propose quelque chose que je ne peux pas t’offrir : un mariage, un enfant, une vraie vie pour quelques années. Ce que je t’offre, c’est une maison pour après, un ami sur qui compter, quelqu’un qui vous protégera, ton enfant et toi. Tu n’as qu’une question à te poser, Kaori : est-ce que tu le veux ?, lui demanda-t-il.  

 

Il vit son regard fouiller le sien et ne lui cacha rien de ses sentiments, son amour, sa colère, sa frustration, sa jalousie à ne pouvoir lui donner ce qu’il estimait qu’elle méritait et une larme roula sur sa joue avant qu’elle ne se détourne de lui.  

 

- Je ne peux pas., murmura-t-elle.  

- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?, la questionna-t-il.  

- Je ne peux pas me marier avec lui parce que ça voudrait dire que je l’aime… et c’est toi que j’aime., lui réaffirma-t-elle, posant la tête contre son épaule en fermant les yeux.  

- C’est toi que j’aime., répéta-t-elle, sa voix se brisant.  

- C’est toi que j’ai failli perdre en faisant cette stupide proposition, toi avant lui. C’est toi qui es là quand j’en ai besoin. C’est toi… Il n’y a que toi !, martela-t-elle avec force.  

 

Il comprit alors ce qui avait alimenté sa détresse pendant ces deux derniers jours en plus de la réponse cinglante de Yoshihide. Elle avait eu peur de le perdre lui, de se faire rejeter pour n’avoir que songer à cette possibilité, de subir son refus de la voir revenir après cette grossesse, de devoir abandonner son projet, cette possibilité de donner la vie, d’aider un ami mais lorsque Yoshihide l’avait repoussée, il lui avait aussi brisé le cœur.  

 

- Et… et s’il y avait un peu de lui aussi ?, répondit-il.  

- Quoi ?! Non !, s’écria-t-elle.  

- Je t’aime !, répéta-t-elle.  

- Je sais… mais… putain, je déteste me retrouver dans cette conversation…, avoua-t-il.  

- Malgré ce que ça me coûte de te le dire, il a peut-être réussi à se frayer un chemin jusqu’à ton cœur aussi., acheva-t-il.  

- Non !, insista-t-elle.  

- On ne peut pas aimer deux personnes à la fois ! Je t’aime !, fit-elle.  

- Ce n’est pas toi que j’entends crier, Kaori. C’est ton cœur, ta peur., lui murmura-t-il, la ramenant contre lui.  

 

Il la serra pendant un long moment, attendant de la sentir s’apaiser un peu avant de reprendre. C’était dur de jeter la femme qu’on aime dans les bras d’un autre mais, après tout ce qu’elle avait fait pour lui, il se sentait l’obligation de lui offrir mieux, surtout qu’il n’était toujours pas prêt à le faire lui-même.  

 

- Sois honnête avec toi. Sois honnête avec moi. Tu me connais, je ne suis pas très manichéen. Pour moi, les choses sont souvent grises plutôt que noires ou blanches. Je pense qu’on peut aimer plus qu’une personne dans notre vie. Tout dépend des circonstances, du moment… de la personne. Je ne doute pas de ce que tu ressens pour moi mais… n’es-tu pas également tombée amoureuse de lui au cours de tous ces mois passés ensemble ?, l’interrogea-t-il.  

- Ryô…, gémit-elle, refusant d’affronter son regard alors qu’il lui mettait le doute.  

- Kaori, regarde-moi. Tu ne me perdras pas., lui réaffirma-t-il.  

 

Elle leva les yeux et plongea dans son regard. Elle entrevoyait une certaine réalité qu’elle n’avait osé s’avouer jusque là, quelque chose d’inimaginable à ses yeux.  

 

- Je… C’est… oui… je crois que oui., admit-elle, la gorge serrée.  

- Mais je te jure…  

 

Il posa un doigt sur ses lèvres pour l’empêcher de continuer. Elle n’avait pas besoin de lui redire qu’elle l’aimait, il le savait.  

 

- Alors maintenant, il n’y a plus qu’une question à te poser : est-ce que tu veux profiter de ce moment avec lui ou est-ce que tu préfères vivre avec des regrets ? Et je te le répète, tu auras toujours ta place ici., lui dit-il.  

- Mais toi ?, lui retourna-t-elle.  

- Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu me pousses vers lui, Ryô., lui confia-t-elle.  

- Je ne le lui dirai pas mais Monsieur N a raison : il y a beaucoup de choses que je serais prêt à faire pour ton bonheur. Te laisser vivre cette parenthèse en fait partie, l’admettre aussi., lui dit-il, caressant ses cheveux pendant qu’il pouvait encore le faire.  

- Je connais le poids des regrets, Kaori. Prends ce qui vient, accepte les sacrifices et vis chaque minute qui t’est donnée., lui conseilla-t-il.  

 

Ses doigts migrèrent vers sa joue et elle releva le visage vers lui. Elle ne savait encore quoi faire avec Yoshihide mais elle savait ce qu’elle voulait avec Ryô. Elle se mit sur la pointe des pieds et posa les lèvres sur les siennes. Ils s’embrassèrent avec tendresse pendant un moment avant de se séparer.  

 

- Merci., murmura-t-elle.  

- Ce baiser… Je ne sais pas ce que je vais répondre à Yoshi mais ce n’était pas… comment dire… ce n’était pas pour t’amadouer ou te tromper., s’expliqua-t-elle.  

- Eh… en général, c’est moi qui gâche les beaux moments alors tais-toi., la taquina-t-il, caressant le bout de son nez avec un petit sourire.  

 

Rassurée qu’il n’y ait pas d’incompréhension entre eux, elle lui sourit en réponse et, apaisés, ils retournèrent près de leur invité qui attendait debout près de la fenêtre.  

 

- Avant que tu ne me dises quoique ce soit, Kaori, tu dois savoir une dernière chose., lui apprit Yoshihide.  

- Je pourrais encore vivre une dizaine d’années avec ma maladie mais j’ai décidé d’abréger mes jours le moment venu. Je refuse de vivre en totale dépendance, incapable de bouger mes membres, de parler, d’être nourri avec une sonde ou autre.  

- Tu parles d’euthanasie ?, murmura Kaori d’une voix blanche.  

- Oui et, malgré tout l’amour que je te porte, Kaori, si tu ne peux pas accepter ce fait, alors cette discussion prend fin tout de suite. Je refuse d’être un poids pour qui que ce soit., lui fit-il savoir.  

 

Surprise, ne sachant comment réagir, elle se tourna vers son partenaire, cherchant le calme qu’il pouvait lui apporter.  

 

- Je ferais le même choix à sa place. Ca me ferait plus mal de te savoir bousiller ta vie à me maintenir en vie que de perdre quelques années mais que tu gardes de beaux souvenirs… toi ou ma famille., lui fit savoir Ryô.  

- C’est… C’est ton choix…, admit-elle, se tournant de nouveau vers Yoshihide.  

- Merci. Je vais te laisser réfléchir à ma proposition. Prends le temps dont tu auras besoin., lui dit-il, se dirigeant vers la porte.  

 

Kaori baissa les yeux, indécise, se demandant si les jours à venir lui apporteraient plus de raisons d’accepter ou de refuser, ou si elle devait continuer à se fier à son instinct.  

 

- N’oublie pas, Kaori : les regrets…, murmura Ryô, les mains dans les poches.  

- Je t’aime., chuchota-t-elle, se tournant légèrement vers lui.  

 

Un instant, ils furent seuls dans cette pièce, seuls dans un espace-temps comme figé, empli de douceur, de tendresse, d’une aura chaude et sereine, de confiance, tout ce qui les faisaient eux.  

 

- Yoshi… C’est oui., lui annonça-t-elle avant qu’il ait franchi la porte.  

 

Estimant avoir fait sa part, Ryô se retira, faisant taire sa jalousie. La parenthèse s’ouvrait et il resterait non loin mais il devait laisser l’amant s’effacer pour laisser une place exclusive à l’ami.  

 

De la mezzanine, il vit Yoshihide approcher de Kaori et l’étreindre avec un sourire chaud et heureux.  

 

- Je sais que tu ne m’aimes pas comme lui mais je m’en fiche. J’ai confiance en toi, Kaori. Je sais que tu ne triches pas., lui fit-il savoir.  

- Je ferai mon possible pour te rendre heureuse., lui promit-il, posant une main sur sa joue.  

 

Comme hypnotisé, Ryô continua à observer la scène, s’attendant à devoir voir le couple s’embrasser mais Yoshihide se contenta de déposer un baiser sur le front de sa promise, chose dont Kaori lui fut gré. Les sentiments étaient réels mais elle avait besoin d’un peu plus de temps pour maîtriser l’inquiétude, les doutes et la culpabilité concomitants. 

 


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