Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 88 :: Chapitre 88

Publiée: 29-01-24 - Mise à jour: 29-01-24

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Le deuil continue et ce n'est une phase évidente pour personne. Merci pour vos réponses sur le choix de fic, surtout pour le vote de confiance lol. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 88  

 

- Papa… est où papa ?  

 

Kaori ferma les yeux en entendant Hide appeler son père. Depuis une semaine, la question revenait régulièrement et restait toujours aussi douloureuse. Par moments, elle se voyait attraper celui qui lui posait la question et le secouer en lui demandant pourquoi il ou elle n’avait toujours pas compris que son père était mort. Elle s’en voulait à chaque fois mais elle était épuisée.  

 

- Hide, papa est au ciel. Tu te souviens ? Il s’est endormi et il est monté au ciel., lui rappela-t-elle avec douceur, le prenant sur ses genoux.  

 

Elle croisa le regard empli d’incompréhension de son fils, regard qui s’embua de larmes alors que sa petite lèvre inférieure se mit à trembler. Elle eut presque l’impression qu’il bondit de son assise et courut jusqu’à la baie vitrée de la suite qu’ils occupaient toujours.  

 

- Papa ! Papa, redescends !, se mit-il à crier.  

- Je veux papa !, continua-t-il.  

- Hide, arrête, chéri., murmura-t-elle, la gorge serrée, approchant de lui.  

- Je veux papa ! Papa, reviens !, hurlait-il toujours.  

 

Kaori entendit une porte s’ouvrir derrière elle et croisa le regard sombre de Ryô qui tenait une Hanae surprise agrippée à lui.  

 

- Ce n’est pas possible. Hide, papa ne peut pas revenir., lui répondit-elle, posant une main sur son bras.  

- Je veux papa !, cria-t-il, chassant sa main de son bras.  

- Hide. Papa ne peut pas revenir. Il s’est endormi pour toujours., lui rappela-t-elle pour ce qu’il lui semblait être la millième fois depuis une semaine.  

 

Dans ces moments-là, c’était dur de rester calme et posée mais elle le devait. Ils avaient besoin d’elle, ses enfants et ses beaux-parents. La journée, elle ne pouvait se laisser aller à sa douleur. Elle avait la nuit pour pleurer quand elle en avait besoin… et elle en avait besoin. Ces nuits-là, elle n’était pas seule tout comme elle pouvait sentir sa présence derrière elle, forte, lénifiante et elle ne flancha pas. Elle entoura son fils de ses deux bras et l’amena contre elle.  

 

- Je sais. C’est dur. Ca ira, Hide., lui promit-elle, caressant son dos de manière apaisante.  

 

Quand il cessa de lutter pour échapper à son emprise et se laissa aller contre elle, elle le souleva dans ses bras et glissa la main dans ses cheveux avec tendresse. Pendant un long moment, elle lui chuchota des mots empreints de tendresse et de douceur sur un ton rassurant tout en le berçant.  

 

Peu après, on toqua à la porte qui s’ouvrit pour laisser apparaître ses beaux-parents. Quand elle vit son petit-fils ainsi, Mitsuko ne put s’empêcher de pleurer à son tour et Kaori se retourna pour ne pas lui laisser voir son soupir de frustration. Elle regarda cette ville qui n’était pas la sienne, se tourna vers cette suite, magnifique au demeurant, spacieuse, lumineuse mais qui lui sortait par les trous de nez.  

 

- Faites vos bagages. On rentre à Tokyo par le premier vol demain matin., leur fit-elle savoir.  

 

Elle ne leur demandait pas leur avis. Elle imposait ce changement de décor qui leur ferait peut-être du bien. Tout du moins, elle en avait besoin et les enfants aussi. Ils avaient besoin de retrouver leurs repères, leur chambre, leurs lits, leurs jouets… Elle ne pouvait leur rendre leur père mais elle pouvait leur rendre leur maison.  

 

- Mais…, commença Mitsuko, éberluée.  

- Yoshihide est mort depuis une semaine. Je sais que c’est dur et que c’est ici qu’il a… qu’il est parti. Mais rester ici ne nous fait pas de bien. Alors on rentre., résuma sa belle-fille, déterminée.  

- Je vais gérer les réservations d’avion et le rapatriement des cendres., leur fit-elle savoir.  

- Je vais faire les bagages des petits., proposa Ryô.  

- Attends… L’après-midi risque d’être encore longue pour eux. Tu pourrais les emmener faire une balade ou autre ? Quand vous rentrerez, je m’occuperai d’eux., suggéra Kaori, serrant son fils contre elle.  

- Ca te dit d’aller faire un tour dehors avec Ryô ?, lui demanda-t-elle avec douceur.  

 

Il hocha la tête en reniflant et elle le posa par terre, l’amenant à son partenaire dont il accepta la main. Ryô emmena les jumeaux mettre leurs chaussures et, quelques minutes plus tard, ils sortirent de la suite à trois.  

 

- Merci., fit-elle en silence à son attention et il acquiesça.  

 

Il connaissait sa douleur pour en être le témoin nuit après nuit depuis une semaine. Dès que les enfants étaient couchés, ils s’enfermaient dans la chambre et s’asseyaient sur le lit. Kaori acceptait son bras tendu et venait s’appuyer contre lui et peu après, les premières larmes sortaient. Les épisodes avaient raccourci dans la durée au fil des jours mais les silences qui suivaient avant qu’elle s’endorme augmenter d’autant. Au final, s’il comptait bien, elle avait dû dormir environ trois heures par nuit et c’était bien trop peu pour ce qu’elle devait affronter la journée.  

 

Tenant la main des jumeaux, il les fit monter dans l’ascenseur. Il les observa, les trouvant bien silencieux. Il aurait aimé prendre leur peine à tous les trois et la faire sienne. Il aurait été plus capable de gérer. Il avait la capacité d’enfouir la douleur, de l’occulter. Kaori, les enfants, ils n’avaient pas cette possibilité-là. Eux deux étaient juste complètement dépourvus, seulement protégés par le fait qu’ils étaient un peu trop jeunes pour bien comprendre et Kaori, malgré ses trop nombreuses rencontres avec la mort, restait toujours aussi atteignable… et même si c’était difficile de la voir souffrir ainsi, c’était une bonne chose. Ca voulait dire que tout ce qu’ils avaient traversé ne l’avait pas rendu insensible.  

 

- On va au parc juste à côté de l’hôtel ?, leur proposa-t-il.  

- Oui !, lança Hanae, joyeuse.  

- Hide ?, l’interrogea-t-il.  

 

Le petit garçon acquiesça en silence. Se demandant quoi faire, Ryô s’agenouilla et prit son menton entre deux doigts, levant son visage vers lui.  

 

- Tu ne veux pas aller au parc ? Tu préfères aller autre part ?, lui demanda-t-il.  

 

Hide haussa les épaules. Ryô passa les doigts dans ses cheveux et les ébouriffa avec tendresse avant de laisser ses doigts glisser jusqu’à son côté et le chatouiller. Enfin, le petit garçon se mit à rire, se détendant. L’ascenseur arrivé au rez-de-chaussée, il se releva et tendit de nouveau la main à Hide.  

 

- Alors au parc ou ailleurs ?, l’interrogea-t-il.  

- Au parc., acquiesça Hide avec un sourire.  

- Alors c’est parti., fit l’adulte avec engouement.  

 

Restée dans la suite avec ses beaux-parents, Kaori les observa un moment avant de se diriger vers la console où elle avait laissé tous les papiers rangés dans leur pochette.  

 

- Je… Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée., pipa soudain Mitsuko, la voix tremblante.  

- Je ne veux pas rentrer à la maison et affronter les souvenirs., fit-elle.  

 

Kaori ferma les yeux. Elle n’avait pas occulté ce fait. Rentrer signifiait aussi retrouver les souvenirs mais elle était persuadée que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire pour les enfants. Elle en avait aussi besoin.  

 

- Il faudra bien rentrer un jour, Mitsuko. Je sais que ce sera compliqué mais il faut le faire et avancer. C’est ce que Yoshi voulait pour nous. Je sais qu’en tant que parents, nous ne voulons pas voir nos enfants partir avant nous mais la vie n’est pas toujours juste. Elle est loin de l’être…, soupira-t-elle.  

- C’est pour cela que tu es déjà dans ses bras alors que ça fait seulement une semaine ?!, se fâcha sa belle-mère.  

- De quoi…, commença Kaori, surprise par sa violence.  

- Ryô… Vous dormez ensemble ou je ne sais quoi d’autre toutes les nuits depuis que Yoshi est mort. Tu n’attendais donc que ça ? Qu’il meure ?, cracha Mitsuko, furieuse.  

- Ryô… Oui, nous sommes dans la même chambre nuit après nuit. La nuit, c’est le seul moment où je peux pleurer, le seul moment où je peux laisser la douleur sortir et Ryô est là pour m’aider et me soutenir. C’est mon ami., se défendit Kaori.  

- La journée, je n’ai pas le droit de flancher pour les enfants et pour vous aussi. Alors ne venez pas m’accuser d’avoir trahi Yoshi parce que moi aussi, j’ai mal.  

 

Elle attrapa la pochette, la serrant entre ses doigts, et ferma les yeux, prenant une profonde inspiration.  

 

- Si vous ne voulez pas rentrer, faites comme bon vous semble. Nous, nous rentrons et, si vous ne voulez pas nous voir à la maison, je… je déménagerai avant que vous soyez de retour., leur apprit-elle, partant dans sa chambre pour passer ses appels.  

 

Elle n’en avait aucune envie. Elle avait encore besoin de sentir Yoshi autour d’elle et la maison était un lieu propice pour cela. Elle savait qu’affronter les souvenirs seraient durs mais elle devait le faire et, de plus, retrouver une certaine normalité lui serait certainement aussi utile qu’aux enfants.  

 

- Kaori, nous ne voulons pas que vous partiez… pas tant que tu ne seras pas prête., intervint enfin son beau-père.  

- Et nous rentrons à Tokyo. Tu as raison, il est temps., ajouta-t-il.  

- D’accord… Merci., acquiesça la jeune femme, soulagée.  

- Viens, Mitsuko. Allons faire nos bagages., lui enjoignit son mari.  

 

Un bras autour de sa taille, il l’emmena jusqu’à leur chambre où ils disparurent tous deux. Kaori elle s’enferma dans la sienne et régla tous les détails pratiques avant de préparer ses bagages, ne laissant que ce dont elle avait besoin pour le lendemain matin avant de commencer ceux des enfants.  

 

- Maman !, entendit-elle soudain crier.  

 

Elle sortit de la chambre et vit ses deux bambins… maculés de traces marron pour l’un et rouge pour l’autre et grimaça en les voyant arriver vers elle.  

 

- Stop ! Salle de bains d’abord., leur fit-elle savoir.  

- Elle était bonne cette glace ?, leur demanda-t-elle avec un sourire en les débarbouillant avant de leur retirer leurs vêtements sales.  

- Oui !, s’écrièrent-ils en chœur.  

- Je suis désolé. Je n’ai pas imaginé que ça finirait en carnage., s’excusa Ryô, se présentant à la porte.  

 

Kaori le regarda et se mit à rire en voyant des traces de même couleur un peu partout sur lui. Quand elle s’en rendit compte, elle posa la main sur ses lèvres et sentit les larmes lui monter aux yeux. Profitant de son inattention, les jumeaux filèrent à l’anglaise alors que son partenaire approcha et s’accroupit face à elle, prenant sa main dans la sienne.  

 

- Tu as le droit de rire, Kaori. Il adorait ton rire et moi aussi alors ne culpabilise pas., lui chuchota-t-il.  

- Je… Je ne sais pas., admit-elle.  

- J’ai cru que je n’y arriverais plus et ça me désespérait mais c’est sorti tout seul et j’ai l’impression que c’est trop tôt.  

- Ce n’est pas trop tôt. C’est juste la vie qui reprend son cours et c’est normal. Et pense aux enfants. Ca ne peut que leur faire du bien aussi., lui affirma-t-il, pressant ses doigts.  

 

Elle acquiesça et prit une profonde inspiration avant de se lever, cherchant du regard ses deux petits monstres.  

 

- Où ils sont ?, lâcha-t-elle.  

- Ils ont filé plus vite que l’éclair et, à les entendre, ils s’amusent bien., lui dit-il.  

- Je vais me changer et faire mes bagages. Tu veux que je m’occupe de ceux des enfants ?, lui demanda-t-il.  

- Je les ai commencés, je vais finir., répondit-elle, se dirigeant vers la porte.  

- Laisse. Va passer du temps avec eux., lui opposa-t-il.  

 

Elle allait objecter lorsqu’elle croisa son regard sérieux, souligné d’un sourcil levé qui la mettait au défi de le contredire. Elle esquissa un léger sourire, surprise qu’après le temps qu’ils n’avaient pas eu ensemble, les liens soient restés visiblement intacts.  

 

- D’accord. Merci Ryô. On prend l’avion demain matin à dix heures., l’informa-t-elle.  

 

Le reste de la journée passa rapidement et ils se retrouvèrent le lendemain matin à l’aéroport, les enfants toujours aussi émerveillés à la vue des gros porteurs.  

 

- Avion !, cria Hide, sautillant sur place.  

 

Ryô le regarda faire, comprenant sa joie enfantine mais ayant beaucoup de mal à s’en laisser imprégner. Il monterait dans la boîte à sardines volante et il fermerait les yeux pendant les dix heures qui suivraient, en essayant d’occulter le vrombissement des moteurs, le fait qu’ils seraient loin au dessus de la terre ou de la mer… Il avait les mains moites, rien que d’y penser. Le plus dur, ce serait de ne pas être avec eux mais dans une autre partie.  

 

- Tous nos bagages sont enregistrés. Tiens, ton billet., fit Kaori, lui tendant un bordereau papier.  

 

Il le fourra rapidement dans sa poche, préférant oublier pendant quelques temps les heures à venir. Sa partenaire ne dit rien mais esquissa un sourire, passant un bras autour du sien.  

 

- Ca ira, tu verras., le soutint-elle.  

- Facile à dire pour toi. Tu ne seras pas pliée en deux sur un siège minuscule à voir ces satanés réacteurs tourner dans un boucan d’enfer et assise à côté d’un homme bedonnant qui dépasse à moitié sur ton siège ou suffocant au parfum capiteux de ta voisine., maugréa-t-il.  

- Pourtant, les parfum capiteux ne te font rien d’habitude., lui rappela-t-elle, veillant du regard les jumeaux qui jouaient autour d’eux.  

- Sans commentaire., grommela-t-il.  

- Tenez, un café., leur tendit ensuite son beau-père, revenant avec deux gobelets pendant que sa femme donnait deux briquettes aux enfants.  

- Merci !, firent-ils en chœur.  

- Avec un trait de whisky ?, demanda Ryô sur le ton de la plaisanterie.  

 

Pour le coup, il aurait plutôt pris un grand whisky avec un trait de café, pensa-t-il. Heureusement qu’elle était là, sinon il n’y survivrait certainement pas… ou les autres passagers du vol quand il aurait détruit l’aéronef en piquant une crise de nerfs.  

 

- Ca ira, tu verras., lui répéta Kaori, le lâchant avant de prendre son gobelet vide pour aller le jeter.  

- On doit y aller. Ca va être l’heure de l’embarquement., leur dit-elle.  

 

Poussant un long, profond et très douloureux soupir, Ryô les suivit, traînant en queue de groupe jusqu’à ce qu’il sente une petite menotte tapoter sa grande main. Il baissa les yeux et vit Hanae à ses côtés. Surpris, il releva le regard et croisa celui de Kaori qui avait veillé sa fille jusqu’à lui. Il prit sur lui pour cacher ses peurs, frotta rapidement sa paume de main moite sur son jean avant de prendre celle de la petite.  

 

- A bras !, lui demanda-t-elle soudain.  

 

Il ne se le fit pas dire deux fois et la souleva, la faisant rire. Sentir son cœur battre sous sa main lui permit de mieux se contrôler encore et il arriva presque serein devant le guichet d’embarquement.  

 

- Les familles d’abord !, leur précisa-t-on.  

- Venez., leur enjoignit Kaori, ne lui laissant pas le temps de lui redonner sa fille pour attendre son tour.  

 

Il ne put que suivre et tendit son billet à l’hôtesse, ignorant totalement son regard appréciateur sur sa personne et le joli spectacle attendrissant qu’il formait avec la petite accrochée à son cou.  

 

- C’est par ici, Monsieur., lui indiqua une autre hôtesse, lui bloquant le passage de la classe économique et le dirigeant vers la classe affaire.  

- Je ne comprends pas., murmura-t-il à l’oreille de Kaori.  

- J’ai demandé ton surclassement. Tu seras plus à l’aise et tes deux bras ne seront pas de trop avec ces deux-là., lui expliqua-t-elle, croisant brièvement son regard.  

 

Il y lut un peu de timidité et surtout le souci qu’elle se faisait pour lui.  

 

- Merci., lui retourna-t-il, prenant sa place à côté d’elle, un siège entre eux pour les enfants.  

- Merci à toi. Je sais ce que ça t’a coûté de prendre l’avion et de devoir le reprendre., lui répondit-elle, un regard reconnaissant et chaud posé sur lui.  

 

Cela chassa ses craintes et il sentit cette force qui l’avait pris cette fois-là aussi sur le petit aérodrome l’inonder. Il n’y avait que pour elle et maintenant aussi pour eux qu’il serait capable de surpasser sa phobie de l’avion et le vol qui suivit en fut la preuve, ce qui fut d’un certain réconfort pour lui mais n’ôta pas du tout son soulagement de sentir les roues enfin toucher le sol après dix heures de vol. Ils ne tardèrent pas à récupérer leurs bagages, Ryô s’imposant dans le flux des passagers sans grande difficulté avant de sortir à six du terminal où les attendaient deux berlines.  

 

- Je voudrais aller voir mon frère et voir mes amis qui doivent s’inquiéter., fit Kaori à ses beaux-parents, appréhendant leur réaction.  

- Voulez-vous qu’on prenne les enfants ?, lui proposa son beau-père.  

- Je… Non, je pense qu’ils seront contents de se dégourdir les jambes un peu., répondit-elle.  

- On se retrouve à la maison plus tard., conclut-il, acquiesçant et ouvrant la porte à sa femme qui avait pris un air fermé.  

- Apparemment, ce que Yoshi leur a dit, toute la préparation qu’il a faite n’a pas vraiment fonctionné., soupira-t-elle.  

- Elle est encore sous le choc. Laisse-lui un peu de temps., lui conseilla Ryô, posant une main sur son épaule.  

- Tu ne dois pas récupérer ta mini sur le parking de l’aéroport ?, se demanda-t-elle soudain avant de monter en voiture.  

- Non, j’ai été conduit. Un petit tour en Porsche rouge avant de prendre un vol. C’était comme le dernier repas du condamné…, plaisanta-t-il avant de s’en vouloir au vu des circonstances.  

 

La réflexion la fit sourire après un bref instant d’hésitation et elle s’engouffra dans la berline, prenant place entre les sièges des jumeaux pendant que Ryô prenait place à l’avant.  

 

Quittant la zone aéroportuaire, ils prirent la direction du cimetière où était enterré Hideyuki. Pendant un peu plus d’un quart d’heure, Ryô surveilla les enfants qui jouaient, trop heureux de se retrouver à l’air libre après avoir été coincés dans les allées de l’avion, attendant que leur mère revienne.  

 

- Ca t’a fait du bien ?, l’interrogea-t-il quand elle revint à ses côtés.  

- Oui. Ca a remis certaines choses en place. J’avais, comment dire ?, comme oublié comment il fallait faire pour continuer à vivre. Ici, je n’ai pas la vengeance sur laquelle m’appuyer mais la joie, leur joie et, dans quelques temps… dans quelques temps, la nôtre peut-être., fit-elle, lui adressant un regard cherchant son soutien.  

 

Il passa un bras autour de ses épaules et l’attira contre lui, déposant un baiser dans ses cheveux. Ca faisait du bien de l’entendre dire ça, vraiment du bien.  

 

- L’ami restera toujours là, Kaori. Ton amant, dans le sens le plus noble du terme, attendra que tu sois prête. Ne te force surtout pas à aller plus vite que la musique. Prends le temps de faire ton deuil. Prends le temps de rester au manoir si tu en as besoin et, quand tu seras prête, tu connais le chemin. Et si tu as besoin de moi, dis-le moi et je viendrai. Je ne te laisse pas tomber., lui affirma-t-il.  

- Merci., murmura-t-elle, émue et rassurée.  

- Maman !, crièrent les jumeaux, revenant vers elle en courant et se jetant dans ses jambes.  

- J’ai faim !, lui firent-ils savoir.  

 

Elle leur sourit avec amour et prit leurs mains, les emmenant vers la voiture.  

 

- Je suis sûre que Miki aura quelque chose à vous donner., fit-elle, suscitant leur enthousiasme.  

 

A peine quelques minutes plus tard, ils se garèrent devant le café et débarquèrent en fanfare, allant chercher câlins et bisous auprès de leurs oncles et tantes présents. Même Saeko en fut pour ses frais et elle ne put refuser l’accolade de Kaori.  

 

- Merci de ce que tu as fait., lui murmura-t-elle.  

- Je ne pouvais faire revenir Hide… C’était le seul moyen., répondit l’inspectrice d’une voix légèrement émue.  

- Je ne sais pas comment je m’en serais sortie s’il n’avait pas été là., admit Kaori, la relâchant.  

- Merci Saeko.  

 

Lorsqu’elle se tourna vers le reste de la bande, elle ne croisa que regards concernés, tristes même s’ils étaient contents de la revoir. Elle sentit une certaine tension monter en elle mais croisa le regard de Ryô et se détendit.  

 

- Merci pour vos messages qui nous ont accompagné toute cette semaine. Vous n’imaginez pas le bien que ça nous a fait, enfin surtout à moi., leur confia-t-elle.  

- Je ne veux pas que vous vous inquiétiez. C’est dur et je vais certainement encore pleurer par moments mais je sais aussi que ça ira parce que je peux compter sur vous, ma famille, pour traverser ce douloureux moment, pour me rappeler à quel point la vie vaut la peine d’être vécue. Umi, tu nous sers un saké, s’il te plaît. C’est moi qui offre., annonça-t-elle, approchant du comptoir et s’asseyant entre ses deux enfants qui dévoraient ce que Miki leur avait servi à la vitesse de la lumière.  

- Un saké, Kaori chérie ? Tu vas tenir le coup ?, la taquina Mick.  

 

Elle le regarda, plongeant dans son regard, y lisant toute l’affection qu’il lui portait et son inquiétude, et elle hocha la tête légèrement.  

 

- Oui, je tiendrai le coup pour lui, pour eux et pour vous et surtout pour la vie qui continue., fit-elle, levant son verre.  

 

Ils trinquèrent avant d’avaler d’un trait le liquide transparent.  

 

- Saleté…, grommela-t-elle, sentant sa gorge prendre feu, les larmes rouler sur ses joues, ce qui fit rire tous ses amis.  

- Rien de mieux pour se rappeler qu’on vit., pipa Ryô, lui adressant un clin d’oeil.  

- Tu en es sûr ?, lui retourna-t-elle, ses joues se teintant sous l’effet de l’alcool.  

 

Il fronça les sourcils, se demandant ce qu’elle insinuait mais son attention fut vite détournée par le chenapan à côté de lui qui tenta de prendre sa veste pour une serviette.  

 

Ils restèrent encore un bon moment à discuter jusqu’à ce que les jumeaux ne montrent des signes de fatigue et Kaori décida de lever le camp.  

 

- Tu veux que je vienne avec vous ?, lui demanda Ryô après l’avoir aidée à installer les petits dans les sièges-autos.  

 

Elle les regarda puis lui et se mordilla la lèvre. La solution de facilité aurait été de dire oui, d’accepter qu’ils passent de nouveau la nuit à dormir ensemble mais elle savait qu’elle devrait affronter tôt ou tard la réalité, retourner à la normalité. Elle était rentrée dans ce but à Tokyo. Aussi prit-elle une profonde inspiration pour lutter contre l’anxiété qui montait.  

 

- Ne te méprends pas, j’aimerais beaucoup… mais je pense que je dois faire un bout de chemin seule, affronter ce qu’il y a à affronter et les nuits pour commencer., lui dit-elle, nerveuse.  

 

Il l’observa, se demandant si elle aurait la force, si ce ne serait pas trop dur, et décida de lui faire confiance pour connaître ses limites, pour l’appeler en cas de besoin.  

 

- Tu es forte, Kaori., lui dit-il, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille.  

- Tu sais où je suis en cas de besoin., ajouta-t-il.  

- Merci Ryô. Je t’appelle demain… si tu veux bien., fit-elle, ne voulant pas l’accaparer.  

- J’attendrai avec impatience., lui murmura-t-il à l’oreille avant de l’embrasser sur la tempe amicalement.  

 

Elle esquissa un sourire qui le réchauffa avant de grimper en voiture et il la regarda s’en aller, espérant que tout irait bien, qu’il et elle n’avaient pas présumé de ses forces. Il saurait très vite, le lendemain au plus tard. Sentant déjà l’impatience le guetter, il prit le chemin de son appartement. 

 


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