Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 64 :: Chapitre 64

Publiée: 22-09-23 - Mise à jour: 22-09-23

Commentaires: Coucou, me revoilou après une longue attente. Désolée la rentrée a été chargée et ça a un peu de mal à se calmer. J'espère que vous vous portez bien et vos chéris aussi. Alors qu'arrive-t-il à notre chère Kaori qui a vraiment eu une journée compliquée? Quelle énième complication va-t-elle devoir subir? Découvrons-le. Bonne lecture et merci pour vos commentaire^^

 


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Chapitre 64  

 

Ne pas paniquer, s’enjoignit Ryô en entourant la taille de sa partenaire. Une main sur son avant-bras comme pour la retenir, il l’appela plusieurs fois sans avoir de réponse. Ce n’était pas ce qui l’angoissait le plus. C’était ce qu’il ressentait, la tension qui émanait de son corps, une tension d’une force qu’il n’avait jamais ressentie.  

 

- Les bébés…, souffla enfin Kaori, semblant à court d’oxygène.  

- Je te ramène à la clinique., lui fit-il savoir, se voulant rassurant.  

- Pas la clinique, l’hôpital., objecta-t-elle, sentant une nouvelle vague monter.  

- On a certainement encore le temps…, tenta-t-il, inquiet.  

- Non… Ne me demande pas pourquoi, je le sais., répondit-elle, glissant inconsciemment sa main dans celle de Ryô en quête de soutien.  

- Le Professeur a dit qu’il ne pourrait pas gérer des prématurés. J’ai peur, Ryô., lui confia-t-elle, avançant lentement, soutenue par son partenaire, en direction de la voiture où Yoshihide attendait.  

 

Un instant, il resta sans voix, ne sachant quoi lui dire. Bon sang, c’était bien la première fois qu’il gérait une femme enceinte sur le point d’accoucher. Que lui dire pour la rassurer sans être complètement à côté de la plaque ? Il n’avait même pas une petite vanne pour la faire rire…  

 

- Rappelle-toi des cours. Respire profondément et lentement. C’est ton premier accouchement, ça va prendre un peu de temps., lui dit-il enfin calmement.  

- Ils ne sont pas encore à leur taille normale…, souffla-t-elle, une contraction passant.  

- Et ?, répliqua Ryô, ne comprenant pas où elle voulait en venir.  

- Ils vont sortir plus vite., pipa-t-elle, la crainte bien présente dans sa voix.  

 

Il esquissa un sourire amusé mais ne se moqua pas d’elle. Elle venait déjà de passer une journée compliquée et la suite ne s’avérerait pas de tout repos.  

 

- Oui, c’est certain et tu seras peut-être soulagée quand le grand moment sera venu mais tu oublies une chose., lui rappela-t-il d’une voix calme.  

- Laquelle ?, l’interrogea-t-elle, s’apaisant.  

- Il faut quand même que tu sois dilatée de dix centimètres avant qu’ils sortent. Et si j’ai bien écouté tout ce que tu as dit aux autres aujourd’hui, ces bébés doivent faire environ quarante centimètres et peser à peine moins de deux kilos., se remémora-t-il.  

- Si, une fois encore, j’ai bien écouté mais aux cours d’accouchement cette fois, la tête est anormalement grosse par rapport aux adultes, alors il est probable qu’elle ne soit pas encore capable de passer par… là avant un bout de temps., conclut-il.  

 

Face au silence qui suivit, il baissa les yeux et observa les traits de Kaori. Il les vit encore mieux lorsqu’elle s’appuya à la voiture et lui fit face.  

 

- Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer…, admit-elle.  

- Tu as vraiment écouté tout ça ?, lui demanda-t-elle.  

- Et bien plus encore… Yoshi, tu vas tendre la main et prendre celle de ta femme., fit le nettoyeur, ouvrant la porte.  

- Il ne faut plus la laisser faire à sa tête…, comprit le futur père, s’exécutant.  

- Non. Je crois que je vais accoucher., lui expliqua sa femme.  

- Ca va aller., le rassura-t-elle, le voyant se tendre.  

 

Ryô l’observa et fut admiratif et en même temps très touché : elle trouvait en elle la force de se maîtriser pour ne pas inquiéter son mari mais il avait eu le privilège de recevoir ses confidences, ses craintes comme si elle pouvait être faible avec lui en toute confiance, comme si elle ne craignait plus d’être moquée de sa part… ce qui était le cas.  

 

- On ne traîne pas., lança-t-il au chauffeur.  

 

Elle se contrôlait mais il connaissait son langage corporel et, là, elle avait mal. Il se retint de pousser le chauffeur de sa place derrière le volant, certain qu’il irait plus vite, et se concentra sur les environs, veillant à ce que rien d’autre ne vienne perturber le moment. Par chance, rien ne se passa et ils s’arrêtèrent devant l’hôpital quelques minutes plus tard.  

 

- Pars en avant avec Ryô., conseilla Yoshihide à sa femme.  

- Je peux attendre…, objecta-t-elle, sa voix s’étranglant sur la fin.  

- Kaori, tu es adorable mais je marche moins vite que toi et je serai plus rassuré de te savoir entre de bonnes mains. Je vous rejoins. Je ne raterai en aucun cas la naissance de nos enfants. Va en avant., insista-t-il.  

- Ryô…, fit-il, lui déléguant le bien-être et la sécurité de sa femme qui ouvrit la bouche pour objecter.  

- N’en veux pas à un homme qui ne veut que ton bien., la coupa le nettoyeur, amusé.  

 

Il savait à son froncement de sourcils qu’elle n’était pas contente, qu’elle était prête à objecter et défendre sa vaillance. Il reçut son regard noir sans broncher et le soutint jusqu’à ce qu’une douloureuse distraction ne l’interrompe.  

 

- On part en avant et va éviter à ton mari de devoir patienter debout inutilement en plus de s’inquiéter de ta sécurité. Tu lui rendras service au final., argumenta-t-il, passant un bras autour de sa taille et l’entraînant à l’intérieur de l’hôpital.  

- Je suis inquiète. Ca fait beaucoup., souffla-t-elle.  

- Il est fort et il a les meilleures raisons de le rester pendant les heures à venir alors rends-lui service et concentre-toi sur toi., lui conseilla-t-il, appuyant sur le bouton de l’ascenseur qui les amènerait au premier étage, aux urgences de la maternité.  

 

Elle médita ses paroles pendant les instants qui suivirent et les mit en application dès qu’ils sortirent, le laissant gérer leur arrivée dans le service alors qu’une autre contraction montait. Bien qu’ils furent rapidement dirigés et entourés par une équipe médicale, ils ne ressentirent nullement le stress auquel ils auraient pu s’attendre alors que les jumeaux allaient arriver avec plusieurs semaines d’avance.  

 

- Tu resteras avec eux quand ils devront les emmener, hein, Ryô ?, fit Kaori alors qu’elle retirait ses vêtements.  

- On n’a pas encore mis la main sur cette Yomi. Tu protégeras les bébés, promets-le moi., insista-t-elle, anxieuse.  

 

Il posa les mains sur les siennes, les écartant du bouton fermant son haut dans son cou sur lequel ses doigts s’escrimaient en vain avant de le défaire calmement. N’ayant en tête que de l’aider, il l’aida à retirer sa blouse, fit abstraction de la peau laissée nue après qu’elle ait retiré son soutien-gorge et noua les cordons de la blouse d’hôpital derrière elle.  

 

- Ne t’inquiète pas. Ils ne seront pas seuls., lui promit-il d’une voix calme.  

- Promets-moi que tu resteras avec eux. Il ne peut pas leur arriver de mal., l’implora-t-elle, sa voix s’étranglant.  

 

Il posa les mains sur ses épaules et l’amena contre lui tout doucement. Il n’y avait pas que pour Yoshihide que la journée avait été dure. C’était elle qui s’était retrouvée au centre de tout, de la fête, de l’attaque au poison, à l’arme à feu, face à Yuji avec en toile de fond la fatigue, ce mal de dos qui l’avait taraudée et maintenant la naissance des enfants.  

 

- J’irai avec eux. Maintenant concentre-toi et essaie de te détendre. Tu veux marcher peut-être tant que tu le peux encore ?, suggéra-t-il.  

- Je… non. Je suis fatiguée. Tu crois que je pourrais demander une pause dans les contractions pour pouvoir dormir ?, plaisanta-t-elle.  

- C’est à négocier avec les occupants de la location., répondit-il, la guidant pour s’allonger sur le côté.  

 

Il contourna ensuite le lit et alla s’asseoir sur le matelas juste derrière elle. Il posa les mains sur le bas de son dos et, lentement, se mit à lui masser la zone.  

 

- Ca fait du bien., soupira-t-elle.  

- C’est déjà un bon point., pipa-t-il avec un léger sourire qui masquait un peu sa concentration.  

- Je suis désolée, Ryô. Je suis tellement navrée., murmura-t-elle, la gorge serrée.  

 

Il fronça les sourcils en se demandant ce qui lui valait cet aveu de culpabilité venu de nulle part.  

 

- Tu as déjà tellement supporté de ma part. Tu ne devais pas t’attendre à te retrouver là le jour où j’accoucherais., s’excusa-t-elle.  

- Je t’aurais vraiment tout fait dans cette histoire.  

- Compter sur moi, te confier à moi, m’obliger… encore que non, tu ne m’as obligé à rien. Si je l’avais voulu, j’aurais pu trouver toutes les excuses du monde pour ne pas faire ce que j’ai fait…, objecta-t-il, continuant à masser son dos.  

- Je ne vais pas te dire que c’est facile d’être là à te regarder être avec lui ce que j’aurais certainement dû accepter entre nous… mais je le prends comme une chance. Et si je ne suis pas ton mari, le père de tes enfants, je reste ton ami et je veux être là si je peux t’aider., argumenta-t-il.  

- Ca m’aide. Tu m’aides à rester forte quand ça devient difficile et tu m’écoutes quand j’en ai besoin. Tu n’imagines même pas le bien que ça me fait., lui confia-t-elle.  

 

Ryô attendit la suite, celle où elle lui dirait qu’elle avait attendu cela depuis qu’ils s’étaient connus, qu’elle lui en voulait de ne pas avoir essayé, que ça lui semblait si facile mais rien ne vint. Pas de reproche ni de culpabilisation. Elle restait elle malgré tout. Elle lui avait dit qu’elle en avait assez, qu’elle ne supportait plus son comportement, qu’elle le laisserait vivre sa vie et ses expériences, c’était le plus proche d’un reproche qu’elle avait pu lui faire dans ses souvenirs mais ce n’en était pas vraiment un, pas pour lui en tout cas. Elle lui avait simplement dit qu’elle ne subirait plus et c’était ce à quoi il s’attendait depuis tellement longtemps.  

 

- Je…, commença-t-il, coupé par la porte qui s’ouvrit.  

 

Que lui aurait-il dit ? Qu’il s’excusait ? Qu’il s’en voulait pour le mal qu’il lui avait fait ? Certainement et bien plus encore et elle lui aurait tout pardonné encore, l’aurait soulagé de son désarroi, de son sentiment de culpabilité et, s’il savait une chose, c’était que ce n’était pas le moment. Elle devait se concentrer sur elle, ses bébés, son accouchement.  

 

- Comment tu vas ?, s’inquiéta Yoshihide, approchant du lit.  

- Je ne vais pas dire que je me sens le mieux du monde mais ça va. Et toi, tu tiens le coup ?, l’interrogea-t-elle, sentant à regrets les mains de Ryô quitter son dos.  

- Oui. J’ai fait ce que je sais faire le mieux : des papiers., plaisanta-t-il, enlaçant ses doigts.  

- Je vais vous laisser. Je vais prévenir le Professeur et les autres que vous êtes ici et j’attendrai dans le couloir., les avertit Ryô.  

- … D’accord. Je… merci., balbutia Kaori, un peu inquiète.  

 

Elle avait apprécié la force contaminante de son partenaire, cette force qui l’avait enveloppée et soutenue. Elle comprenait que ce n’était pas l’endroit où il voulait être, pas sa place mais elle aurait aimé qu’il reste.  

 

- Tu devrais revenir quand tu auras téléphoné., suggéra Yoshihide.  

- Non. Vous ne risquez rien ici. Vous pouvez profiter de ce moment en couple., lui opposa Ryô d’une voix impassible.  

 

Il devait lutter pour ne pas dire oui. C’était leur moment, la naissance des enfants qu’ils avaient voulu à deux. C’était privé… Privé résonna un moment dans son cerveau, flottant entre les images de tous les autres moments privés auxquels il n’aurait pas dû participer.  

 

- Ryô… Ne me demande pas de me mettre à genoux. Je serais doublement rassuré si tu pouvais rester et être là. Kaori a besoin de toi…, commença Yoshihide.  

- C’est ton rôle maintenant., lui opposa Ryô.  

- Je peux prendre soin de son cœur mais face à sa force, ses peurs, je ne suis pas encore de taille. Tu la connais mieux que moi., argumenta l’époux calmement.  

- Et je veux être sûr qu’elle sera accompagnée jusqu’au bout., murmura-t-il discrètement.  

 

Face au regard gêné qu’il détourna, le nettoyeur comprit la crainte profonde de Yoshihide. Il avait peur de faiblir pendant l’accouchement, de devoir être emporté loin de Kaori qui s’inquiéterait pour lui au lieu de gérer son accouchement. Et peut-être qu’il espérait que sa présence rendrait les choses moins stressantes pour elle et donc pour lui.  

 

- Et au moins il y aura une autre personne pour leur parler de leur naissance., conclut-il.  

 

Ryô laissa échapper un léger ricanement, de nouveau pris au dépourvu et au pied d’un mur qui s’effondrait. Il le prenait par les sentiments à la fois ceux qu’il ressentait pour Kaori et ceux qu’il avait développés pour les enfants… peut-être aussi un peu par le respect qu’il éprouvait pour lui.  

 

- D’accord. Fais attention à tes doigts et… elle a mal au dos. Elle appréciera un massage., lui conseilla le nettoyeur avant de sortir.  

 

A peine la porte fermée, il s’appuya contre le mur et prit une profonde inspiration. Il avait besoin de faire redescendre la pression, mettre de côté le danger qui les avait entourés, la tension et juste se préparer à accueillir les deux petites vies qui allaient arriver sur Terre. Il ne prit que quelques instants mais ça lui fit le plus grand bien.  

 

- Professeur…, commença-t-il après que son ami ait décroché le téléphone.  

- Kaori est partie sans prévenir. Je ne sais pas où elle est. Je suis inquiet pour elle entre les brûlures, le stress et l’avancement de sa grossesse…, lui expliqua le vieil homme.  

- Elle va accoucher., intervint Ryô calmement.  

- C’est une possibilité, oui., concéda le Professeur.  

- Ce n’est pas une possibilité. Nous sommes à l’hôpital. Elle va accoucher. Comme vous lui aviez dit que vous ne pourriez gérer les bébés s’ils étaient prématurés, nous sommes allés à l’hôpital., lui expliqua-t-il.  

- J’ai quelques consignes que je vais leur faxer mais tu dois leur dire juste au cas où…, fit le médecin qui lui donna la liste assez courte heureusement des produits que Kaori ne pouvait avoir.  

- Ce n’est pas pour…, fit Ryô, fronçant les sourcils.  

- Si… Bon courage., le salua le Professeur en ricanant avant de raccrocher.  

- Il en faudra…, pipa le nettoyeur.  

 

Il retourna vers la chambre de Kaori et toqua, mal à l’aise dans son rôle de messager. Un homme était dans le dos de sa partenaire assise sur le bord du lit.  

 

- Péridurale… Ca va me faire du bien., soupira-t-elle avec un léger sourire de soulagement.  

- Arrêtez tout., leur ordonna-t-il.  

- Tu ne peux pas avoir le produit anesthésiant, ordre du Professeur. Je suppose qu’il pourrait interagir avec le produit que tu as reçu. Il va falloir être forte mais tu auras deux hommes pour t’entourer. Alors serre les dents, serre nos doigts et on y arrivera. Par contre, pour les malédictions, tu vois avec ton mari, moi je veux bien le double de pression. Et la massue est interdite. On ne frappe pas celui qui regarde sous ta jupe., plaisanta-t-il.  

 

Pendant un temps, le silence régna. L’anesthésiste n’opposa pas de résistance une fois que l’infirmière lui fournit le fax du Professeur. Il remballa simplement ses affaires. Kaori resta le regard plongé dans celui de son partenaire, sa main entourée par celle de son mari.  

 

- C’est une plaisanterie…, lâcha-t-elle enfin d’une voix blanche.  

- Je suis désolé, non. Ce n’était certainement pas l’accouchement de tes rêves., pipa-t-il, mal à l’aise.  

 

Il ne savait quoi dire ou faire pour la réconforter, tout en restant dans les limites de l’amitié.  

 

- Mais tu auras deux personnes sur qui t’appuyer, deux hommes qui t’aiment et feraient tout pour que tu te sentes bien alors profites-en. Ca pourrait même être mieux que ce que tu avais imaginé., plaida Yoshihide d’un ton enjoué.  

- On sera là tous les deux, n’est-ce pas, Ryô ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui, chacun d’un côté. J’assure la droite, son côté fort., proposa le nettoyeur avec un sourire malicieux, passant de l’autre côté du lit.  

- Tu auras besoin de tes mains pour tenir les enfants., se justifia-t-il auprès de Yoshihide.  

- J’existe…, marmonna-t-elle, se sentant comme une petite chose entre les deux hommes de sa vie.  

- On sait, on le sait très bien., la rassura son mari, prenant sa main gauche entre les siennes.  

- Il faudrait appeler le médecin., leur dit-elle, les regardant tour à tour.  

- J’ai perdu les eaux. Je les sens descendre et…  

 

Elle serra soudain les dents en empoignant les mains des deux hommes. Dans un élan de mansuétude, Ryô espéra qu’elle y allait plus doucement avec celle de son mari sinon il se retrouverait dans le plâtre. Il n’était pas contre avoir plus d’occasions d’être avec elle et les nourrissons, se surprit-il, mais Yoshihide devait pouvoir profiter de chaque moment.  

 

- Tu es capable d’affronter cette douleur, Kaori. Pour toi et pour ton mari. Rappelle-toi des cours. Pense à ta respiration et imagine un lieu où tu te sentes bien. Yoshihide peut peut-être t’aider pour le coup., suggéra Ryô avec tendresse.  

- Oh… Mais tu aurais peut-être plus d’idées. Vous vous connaissez depuis plus longtemps., répondit l’époux, gêné.  

- J’aime… les endroits… où la nuit tombée… on a l’impression d’être seul., murmura Kaori, haletante.  

- Comme le soir où je t’ai emmenée voir les étoiles ?, suggéra Yoshi.  

 

Comme tous les soirs où ils se retrouvaient sur le toit à regarder la ville et les étoiles, pensa Ryô.  

 

- Oui., acquiesça-t-elle, pressant en même temps les doigts de son partenaire.  

- Alors réfugie-toi là-bas lorsque ça vient trop dur., lui conseilla son mari.  

 

Ils l’aidèrent tous les deux à passer les contractions qui suivirent jusqu’au moment où l’enchaînement se fit trop rapide. Malgré ce qu’ils craignaient, elle ne perdit pas pied. La résolution tendit ses traits et elle se concentra. Ils l’avaient aidée à arriver à ce moment-là et maintenant c’était à elle de faire le dernier bout de chemin avec force et détermination, pour eux, pour leurs enfants, pour elle.  

 

Soudain, le premier cri se fit entendre, un cri qui les fit rire, brisant le stress qui s’était installé. Ryô regarda les deux parents accueillir leur fils les larmes aux yeux, l’entourant d’amour, de caresses et de mots tendres.  

 

- Regarde., souffla Kaori, attirant son attention.  

 

Elle replia un peu le tissu qui entourait son visage pour qu’il puisse mieux le voir et il pu s’abreuver du visage légèrement rouge, des yeux noirs grand ouverts, des mèches sombres collés à son front.  

 

- Il est superbe., murmura Ryô, la voix étranglée.  

- Hide… Il s’appelle Hide. Ca te convient ?, lui demanda Yoshihide, lui adressant un regard humide.  

- Je… C’est votre enfant…, bredouilla le nettoyeur.  

- Mais c’était ton ami, ton meilleur ami., lui opposa son homologue.  

 

Ryô regarda le bébé dans les bras de la femme qu’il aimait et il acquiesça.  

 

- Il en serait honoré., chuchota-t-il.  

- Votre fille arrive. On va lâcher ce jeune homme., les avertit le médecin.  

- Je veux l’avoir près de moi pour la naissance de sa sœur., intervint Kaori d’une voix pressante.  

- Je vais le prendre., suggéra Ryô.  

 

C’était une occasion de connaître ce petit bout qu’il avait dû attendre avec autant d’impatience que ses parents dernièrement. Il se retrouva donc avec le bébé, un minuscule bébé dans ses grands bras à regarder Kaori mettre au monde leur deuxième enfant, leur à eux trois. La petite ne se fit pas attendre et pointa le bout de son nez à peine quelques minutes plus tard, brisant le silence à nouveau. La même beauté, le portrait de sa mère en minuscule mais une petite fille qui peinait à s’apaiser malgré les caresses maternelles. Ryô approcha et fit signe à sa partenaire qu’il voulait lui rendre l’aîné. Presque aussitôt, la petite se calma, se tournant vers son frère. Leurs regards se connectèrent et un instant plus tard, ils se fermèrent.  

 

- Le pouvoir des jumeaux., musa une sage-femme avec un sourire.  

- Comment va s’appeler cette petite fille ?, leur demanda-t-elle.  

- Hanae., répondit Kaori, observant les larmes aux yeux ses deux enfants.  

- Hanae et Hide Nishihara. Très bon choix., approuva la sage-femme.  

- En fait… Ce sera Makimura, pas Nishihara., la corrigea Yoshihide.  

 

Le silence se fit dans la chambre. Tous les regards se tournèrent vers lui, y compris celui de Kaori jusque là captivée par les deux nouveaux-nés.  

 

- Tu ne veux pas les reconnaître ? Tu as des doutes ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Tu sais bien qu’ils sont de toi. Je n’ai vu personne, couché avec personne au moment où…, s’emporta-t-elle, les larmes aux yeux.  

 

Yoshihide vit Ryô poser une main sur l’épaule nue de sa femme avant de sentir le froid de son regard sur lui. Il la protégerait, il les protégerait tous les trois et lui il devait juste faire taire une partie de son orgueil pour leur faciliter la vie après.  

 

- Calme-toi, Kaori. Je ne renie pas nos enfants et je n’ai aucun doute sur le fait que je suis leur père. Tu viens de me faire le plus beau cadeau possible. Tu m’as rendu éternel., lui dit-il avec tendresse.  

- Tu m’as donné ces deux enfants dont je n’avais pas rêvé avant de te rencontrer, tu m’as amené le bonheur comme je ne l’avais jamais connu. Je veux que cette vie continue encore et encore et même lorsque je serai mort. Je veux croire que tu connaîtras encore ce bonheur avec un autre…, fit-il, levant les yeux vers Ryô, le désignant volontairement.  

- Et peut-être que tu… vous trouverez vous aussi l’envie, la force de trouver cette éternité. Ce jour-là, s’il arrive, vos enfants porteraient ton nom et j’aimerais que rien, surtout pas un nom de famille, ne vienne briser l’harmonie. Je sais que vous ne laisserez pas nos enfants de côté, ne ferez pas de différence entre eux alors autant ne pas leur laisser croire qu’ils ne sont pas de la même famille., conclut-il.  

- Est-ce présomptueux de ma part ?, les interrogea-t-il.  

 

Tous trois se concertèrent du regard un moment, cherchant, réfléchissant au fait que c’était la meilleure solution ou non, au sacrifice que Yoshihide faisait, aux implications qu’il laissait entendre…  

 

- Non, ça ne l’est pas., finit par admettre Ryô très sérieusement.  

- Ils seront élevés comme tu le souhaiteras, Yoshi. Ils connaîtront leur père., lui promit Kaori, la gorge serrée.  

- Mais, s’il te plaît, dis-moi que tu n’as pas décidé que c’était le moment de partir. Parce que… Parce que moi, j’ai encore besoin de toi., lui fit-elle savoir, retenant difficilement ses larmes.  

- On doit emmener les bébés en néonatalogie., les prévinrent les infirmières, émues.  

- Je les suis., indiqua Ryô, fidèle à la promesse qu’il avait faite.  

- Dis-le moi, Yoshi., l’implora-t-elle, l’attirant à lui pour l’enlacer.  

 

Il la serra contre lui, s’en voulant d’avoir gâché ce moment de pur bonheur mais il ne pouvait attendre que les papiers soient faits… et il n’avait pas voulu en parler avant d’être sûr. C’était de les avoir vus là tous les deux au chevet de Kaori qui lui avait fait comprendre, la façon dont il avait regardé les bébés avec ce même élan d’amour que lui. Ryô ne serait pas que le compagnon de Kaori, son ami. Il serait un père pour ses enfants et c’était un soulagement de savoir qu’ils ne seraient pas qu’à trois sentimentalement. Le reste, ce n’était qu’un plan sur la comète mais après sa propre expérience, il savait que tout pouvait arriver.  

 

- Non, je ne pars pas encore, Kaori. Rassure-toi, je suis encore là pour un moment. Merci pour nos deux beaux enfants, Kaori. Merci d’avoir bousculé mes certitudes., lui murmura-t-il, levant son visage vers le sien.  

 

Il pressa légèrement les lèvres sur les siennes avant de l’attirer contre lui, caressant ses cheveux.  

 

- Tu devrais dormir. Tu as eu une sacrée journée. Je reste à tes côtés., lui promit-il.  

 

Elle le regarda incertaine pendant un temps avant de lui sourire bravement et elle se cala sur son oreiller. Yoshi s’assit dans le fauteuil juste à côté, soulagé d’avoir tenu bon jusque là alors que ses jambes tremblaient de plus en plus. Lui aussi avait besoin de repos. Il glissa la main sur le matelas et sentit celle de sa femme entourer ses doigts. Se regardant, sereins et heureux, ils finirent par s’endormir. 

 


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