Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 100 :: Chapitre 100

Publiée: 18-03-24 - Mise à jour: 18-03-24

Commentaires: Bonsoir, Voici la suite de l'histoire. Nous continuons vers des sentiers plus lumineux. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 100  

 

- Les enfants doucement, ne courez pas., leur demanda Kaori.  

- Autant parler à un mur., pipa Ryô, passant à ses côtés.  

 

Elle sourit légèrement malgré l’inquiétude. Les enfants n’avaient même pas tourné la tête vers elle, trop pris dans leur jeu qui consistait à tourner autour de la table sans faire très attention aux personnes qui y étaient installées. Derrière eux, Hime suivait vaille que vaille, poussant des cris extatiques.  

 

Un plat dans les mains, elle les regarda finir par s’arrêter et s’asseoir au milieu de leurs jouets nouvellement ouverts pour entamer un autre jeu. Un instant, elle eut l’impression de voir Yoshihide assis à leurs côtés, les regardant avec tendresse avant de se tourner vers elle et lui sourire. Elle se sentit nostalgique mais garda le sourire. Il aurait aimé ce moment, les voir aussi insouciants, heureux, les entendre rire.  

 

- Kaori, tout va bien ?, entendit-elle derrière elle.  

- Oui, Mick. Ca va., répondit-elle, se tournant vers son ami et lui adressant un sourire heureux, sourire qui s’agrandit un peu plus en croisant le regard de Ryô qui sortait de la cuisine.  

 

Mick lui retira le plat des mains et le posa sur la table avant de rejoindre Kazue, laissant la place à son ami qui approcha et posa une main sur l’épaule de sa partenaire. Il savait que cette journée était particulière. C’était le premier Noël après le décès de Yoshihide. Il appréhendait ce moment depuis quelques semaines, se demandant comment elle réagirait, si elle arriverait à faire face ou si elle s’effondrerait, aurait besoin de rester seule. Quand elle lui avait dit qu’elle voulait passer cette journée avec leurs amis, il avait hésité, se disant qu’elle avait trouvé le moyen de se forcer à garder un masque mais il avait fini par céder quand elle avait commencé à lui parler de ce qu’elle envisageait, signe qu’elle y avait déjà longuement réfléchi. Il n’avait pas voulu la peiner et il devait surtout lui faire confiance  

 

Il scruta ses traits, chercha la lueur de son regard qui lui indiquerait son état d’esprit et esquissa un sourire rassuré. Elle avait l’air bien, sereine. Il ne sentait aucune tension en elle. En réponse, elle lui sourit et se laissa aller contre lui. Il fut un peu surpris qu’elle le fasse devant les autres alors qu’elle restait discrète d’habitude mais il apprécia et en profita.  

 

- Merci de m’avoir aidée à préparer cette journée. Ca me tenait à cœur., lui dit-elle sur le ton de la confidence.  

- De rien. Allez, viens t’asseoir et manger pendant que c’est chaud. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de les appeler à table. Ils viendront s’ils ont faim., fit Ryô, la prenant par la main et l’emmenant s’asseoir.  

- Je crois qu’ils vont fonctionner à deux cents pour cent et tomberont d’un coup…, pensa-t-elle à voix haute.  

- Au moins, cette année, ils jouent avec les jouets et pas les emballages., pipa Miki, jetant un regard tendre sur sa fille qui jouait avec ses cousins.  

- C’est vrai que c’était un peu étrange de les voir s’intéresser plus aux papiers qu’aux jouets l’année dernière. Ils ont quand même fini par y venir et ils y jouent encore par moments., répondit Kaori avec tendresse.  

- Au fait, tu as des nouvelles de tes beaux-parents ? Je pensais qu’ils seraient rentrés pour passer Noël avec les enfants., demanda Kazue.  

- Je pensais aussi mais, non, je n’ai pas eu de nouvelles depuis deux mois où ils étaient au Canada. J’espère qu’ils ne pensent pas ne plus avoir le droit de venir les voir., s’inquiéta la rouquine.  

 

Elle sentit une main prendre la sienne et la presser et tourna le regard vers son partenaire. Elle vit son regard serein et cela apaisa son anxiété. Il connaissait ses craintes concernant ses beaux-parents. Il savait qu’elle appréhendait de revoir sa belle-mère qui avait eu du mal à accepter leur rapprochement, y voyant plus que de l’amitié. Il savait aussi qu’elle ferait tout pour que les jumeaux connaissent leurs grands-parents et qu’eux-mêmes ne se retrouvent pas seuls, isolés même s’ils avaient en quelque sorte déserté le navire depuis des mois maintenant. Elle le faisait parce que c’était sa conviction profonde, pour Yoshihide aussi, pour les enfants, pour elle et l’affection qui avait grandi entre eux et elle pendant ces deux années.  

 

- S’ils étaient rentrés, je pense qu’ils nous en auraient informés., lui dit-il pour l’apaiser.  

- Papa, ‘garde !, entendirent-ils Hime appeler son père, lui montrant sa toute nouvelle peluche.  

 

Kaori vit la brève lueur d’envie passer dans le regard de Ryô, certainement liée au fait qu’il aimerait énormément que les jumeaux l’appellent papa. Ca lui avait déjà échappé quelquefois mais ils n’avaient pas compris et ils l’appelaient toujours Ryô. Peut-être devrait-elle cesser de l’appeler par son prénom et lui dire papa quand il était là et qu’elle leur parlait de lui mais elle avait encore quelques scrupules à le faire même si elle estimait qu’il méritait amplement le titre. Ce n’était peut-être qu’une question de trouver le bon moment, se dit-elle.  

 

- Papa, regarde aussi les nôtres !, fit Hide, venant vers Umibozu.  

 

Le silence se fit autour de la table et, après un instant de stupéfaction, Kaori se leva et approcha de ses enfants, s’agenouillant. Le moment était peut-être arrivé, celui des explications tout du moins, pensa-t-elle, nerveuse.  

 

- Hide, Hanae, Umi n’est pas papa pour vous. C’est le papa de Hime., leur dit-elle.  

- Le papa ?, fit Hanae.  

- C’est quoi ?, demanda Hide.  

- Je… Venez., leur dit-elle, leur tendant la main.  

 

Ils la regardèrent et acceptèrent, la suivant jusqu’au divan. Elle n’avait pas besoin de s’isoler pour leur parler. Elle avait juste usé de ces quelques secondes pour se remettre les idées en place, décider de la manière dont elle devait aborder la question. Elle s’assit et attira les petits sur ses genoux.  

 

- Je suis votre maman., commença-t-elle, les regardant acquiescer.  

- Miki est la maman de Hime. La plupart des enfants ont une maman et un papa. Hime a donc sa maman, Miki, et son papa, Umibozu. Quand vous parlez à Tonton Umi, vous ne devez pas l’appeler papa mais tonton. D’accord ?, les interrogea-t-elle.  

 

Les enfants la regardèrent en silence un instant avant d’acquiescer. Nerveuse, elle leva les yeux et croisa le regard de Ryô, un regard serein et apaisant qui lui fit du bien.  

 

- Notre papa… Il est où ?, la questionna Hanae, les sourcils froncés, faisant se serrer son cœur un instant.  

- Votre papa… Il… il est au ciel avec les anges. Il nous regarde de là-haut., leur dit-elle, appréhendant leur réaction.  

 

Elle craignait de devoir affronter de nouveau les cauchemars et les pleurs du début d’année au moment où Yoshi était décédé. Elle ferait face mais elle n’avait pas envie de les revoir tristes. Elle voulait les voir sourire.  

 

- On n’a pas de papa ?, fit Hide.  

 

Kaori croisa son regard qui brillait des larmes s’amoncelant dans ses yeux. Elle l’entendit renifler et lui tendit les bras. Il vint se réfugier contre elle et Hanae fit un pas. Elle l’engloba dans leur câlin. Elle sentait la tension dans la pièce, les regards peinés posés sur eux mais elle ne se laissa pas minée.  

 

- Votre papa, celui qui vous a permis de venir au monde, est au ciel… mais il y a quelqu’un d’autre qui vous aime comme un papa. Il vous protège, vous lit des histoires, joue avec vous. Vous n’êtes pas seuls, nous ne sommes pas seuls. Il n’y a pas que maman et vous., leur dit-elle, croisant le regard ému de son partenaire.  

 

Elle lui fit un signe de tête et il se leva et approcha, venant s’asseoir à leurs côtés. Hide lui jeta un coup d’oeil et vint vers lui. Ryô le prit contre lui avec plaisir, lui apportant tout l’amour dont il pouvait avoir besoin, et aussi le sentiment de sécurité.  

 

- Je suis là pour vous deux. Tu n’as rien à craindre., lui dit-il.  

 

Il croisa le regard d’Hanae qui le fixait pensivement. Soudain, elle s’écarta un peu de sa mère et se tourna vers lui complètement.  

 

- Alors c’est toi notre papa ?, résuma-t-elle, attendant sa réponse avec ses grands yeux noisettes posés sur lui.  

- Tu n’es pas obligé…, articula silencieusement Kaori à son attention, ne voulant pas le bousculer.  

 

Elle savait qu’il agissait comme tel mais était-il prêt à l’admettre devant tout le monde ? Elle aurait dû trouver un moyen de retarder cette discussion après le départ de leurs invités. Elle n’avait pas assez réfléchi. Elle culpabilisait d’avoir mis son partenaire dans cette situation. La caresse de ses doigts sur sa joue la tirèrent de ses pensées et elle le vit esquisser un sourire.  

 

- Seulement si vous en avez envie. Je ne vous obligerai à rien., leur affirma-t-il.  

- Je vous aime comme mes propres enfants. Je vous ai connus quand vous étiez encore dans le ventre de votre maman. Peu importe comment vous voulez m’appeler, ça ne changera rien pour moi. Vous êtes mes enfants.  

- Moi aussi, je t’aime., lui assura Hanae, approchant de lui.  

- Moi aussi… papa., ajouta Hide, lui adressant un regard incertain.  

 

Ryô sentit son cœur se gonfler de joie, ce que Kaori put voir dans son regard, et, levant les deux mains, il caressa leurs joues, leur souriant affectueusement.  

 

- On peut t’appeler papa ?, demanda Hanae, voulant être sûre.  

- Oui… Oui, vous pouvez. J’en serais même très heureux., leur assura-t-il, les attirant à lui et les embrassant sur le front.  

- Je vous aime., leur murmura-t-il.  

- Moi aussi., fit Hanae.  

- On peut retourner jouer maintenant ?, demanda Hide, ayant retrouvé son entrain habituel.  

- Oui, allez-y., leur dit leur mère.  

 

Ils leur sourirent et s’en allèrent retrouver leurs nouveaux jouets.  

 

- Merci, Ryô., murmura Kaori, lui tendant la main.  

- Tu n’as pas à me remercier. Je n’ai dit que ce que je ressentais et je les considère vraiment comme mes enfants. Tu le sais, tu me l’as déjà dit., lui rappela-t-il.  

- Je sais. Je ne remets rien en cause. J’avais juste peur de te bousculer, que tu ne sois pas prêt à mettre le mot sur ce que tu étais pour eux., lui expliqua-t-elle.  

- Je suis prêt. Je suis même prêt pour beaucoup plus mais je ne veux pas vous bousculer., lui retourna-t-il, pressant sa main avec tendresse.  

 

Elle ouvrit les lèvres mais aucun son ne sortit, la stupéfaction l’empêchant de penser correctement. Elle comprenait l’allusion. Elle avait saisi le message. Elle savait depuis longtemps que la balle était dans son camp.  

 

- Merci de ta patience., lui souffla-t-elle avant de se lever, sa main toujours dans la sienne.  

- Il est certainement temps de passer au dessert., annonça-t-elle, fermant cette parenthèse pleine d’émotions.  

- Sages paroles…, approuva son partenaire, pressant une dernière fois sa main avant de la lâcher.  

 

Le repas reprit dans la joie et la bonne humeur. Encore ému par le nouveau développement, Ryô jetait par moments des regards aimants sur les enfants, regards qui n’échappèrent à personne et il se fichait bien d’être découvert. Il aimait les jumeaux. Il était leur père. Comme si les liens entre eux s’étaient encore resserrés, les enfants venaient régulièrement le voir et l’étreindre ou lui faire des baisers humides. Il prenait et appréciait ces moments.  

 

- Ils dorment. Je dois dégouliner avec tous les bisous auxquels j’ai eu le droit depuis cette après-midi., plaisanta-t-il, redescendant quelques heures plus tard de l’étage où il avait été couché les jumeaux.  

 

Kaori sourit : s’il dégoulinait comme il le disait, il n’avait pas l’air de mal s’en porter bien au contraire. Il avait l’air léger et heureux. C’était agréable à voir, d’autant qu’elle savait que le sentiment était partagé par les enfants.  

 

- Tu leur as fait plaisir… et à moi aussi. Cette journée… Cette journée a été parfaite, Ryô. On était ensemble, entourés de notre famille. Les enfants étaient heureux. C’était ce que j’en attendais, de la joie, de la légèreté, un moment convivial… C’était parfait., lui affirma-t-elle, posant le torchon qu’elle venait d’utiliser.  

- Je… J’ai eu l’impression de voir Yoshi à un moment et il était bien. Il souriait comme s’il était heureux de la situation., lui apprit-elle.  

 

Ryô s’assombrit en apprenant cela. Il se demandait s’il devait s’inquiéter de la voir rechuter. Il la sentait nerveuse, le mordillement de sa lèvre confirmant son impression. Il n’avait pas envie que la soirée soit ternie par cette apparition, pas après cette belle journée qu’il avait appréciée autant qu’elle, peut-être même encore plus.  

 

- Je vais bien, Ryô. J’ai pensé à lui mais… je vais bien., lui affirma-t-elle, voyant son regard inquiet.  

- Tu devrais cesser de t’inquiéter autant pour moi. Il sera toujours là, il y aura certainement d’autres moments où je le verrai, il y en aura peut-être où je pleurerai parce qu’il aurait dû être là mais le plus dur est derrière moi., lui affirma-t-elle avant de lever les yeux et plonger dans son regard.  

- Je devrais d’ailleurs dire que le plus dur est derrière nous parce que tu as été là tout du long pour me soutenir même lorsque je t’ai demandé de l’espace. Je savais que tu serais là si je ne tenais pas le coup.  

 

Décidément, se dit-il. Ca devait être le jour des confessions et des avancées, pensa-t-il, approchant d’elle.  

 

- J’essaie juste d’être l’ami, le soutien que tu aurais dû avoir depuis le début., lui opposa-t-il, gêné par la reconnaissance qu’il voyait dans son regard.  

 

Il leva la main et la posa sur sa joue, la caressant avec tendresse. Ca faisait partie des gestes qu’il pouvait avoir désormais. Elle les acceptait sans arrière-pensée et, comme d’autres fois, elle ferma les yeux, se laissant aller au moment. L’envie lui démangeait de l’attirer à lui, glisser les doigts dans ses cheveux et l’embrasser mais il se retint. Il préférait que ça vienne d’elle et, après avoir laissé les choses en plan pendant plus de sept ans, il pouvait encore patienter. Il n’allait pas nier être frustré mais elle était là, avec lui, et ça suffisait à le satisfaire. Son cœur et sa conscience le laissaient enfin en paix.  

 

Kaori laissa la chaleur de sa main imprégner sa joue et le sentiment de douceur la gagner. Ca avait été une belle journée, en bonne compagnie, pleine de cadeaux dont le plus beau avait été l’attachement verbalisé entre les jumeaux et Ryô. Ils étaient sur le chemin pour être une famille. Les jumeaux avaient maintenant un père et une mère. Quelque part, le dernier lien à matérialiser, c’était celui qui les lierait tous les deux et, si elle ressentit une pointe de nervosité à l’idée d’aller de l’avant, de franchir le pas, elle nota qu’elle en avait désormais plus qu’envie. Elle en avait besoin. Peut-être qu’elle avait inconsciemment craint que les jumeaux ne soient pas d’accord, peut-être qu’elle avait eu peur de les blesser mais cette peur s’était effacée et il ne lui restait qu’à assembler les derniers morceaux du puzzle pour qu’il soit enfin beau et complet.  

 

Sereine, elle ouvrit les yeux et plongea dans le regard de son partenaire. Hésitant un peu sur la marche à suivre, elle posa la main sur sa joue à son tour, sentant et voyant le bord de ses lèvres esquisser un sourire, et, comme lui, elle la caressa avec tendresse avant de laisser son pouce approcher progressivement de ses lèvres, en frôlant la commissure avant d’en tracer leur contour.  

 

- Kaori ?, murmura Ryô, surpris par son geste.  

 

Elle posa un doigt dessus, lui jetant un regard incertain. Allait-il la repousser, lui demander d’arrêter là ? Elle sentit les vieux démons remonter à la surface, ceux qui avaient été nourris à coup de boutades, vannes et rejets. Elle ne pouvait pas le laisser parler parce que, s’il le faisait, elle avait peur de s’enfuir à toutes jambes. Leur histoire n’avait pas été facile et, à chaque fois qu’ils auraient dû se rapprocher, quelque chose était arrivé de leur fait ou non et elle refusait que ça arrive aujourd’hui.  

 

- Ne dis rien. S’il te plaît, ne dis rien., lui demanda-t-elle.  

- Je vais t’embrasser mais, si tu ne veux pas que ça arrive, ne dis rien et pars simplement., ajouta-t-elle avec une pointe d’anxiété dans la voix.  

 

Elle vit la lueur concernée dans son regard et elle savait qu’il était juste soucieux pour elle, certainement parce qu’elle avait l’air d’avoir peur de sa réaction. Il lui apporta la réponse qui lui semblait la plus adéquate en bougeant. Il fit juste un pas vers elle, ne laissant que quelques centimètres entre eux, pour lui montrer qu’il n’avait pas l’intention de partir.  

 

Elle allait l’embrasser. Il l’espérait depuis un moment maintenant, se disant toujours que ça n’arriverait pas de si tôt, mais il semblait que finalement le jour était arrivé. Il se sentait impatient et très nerveux. Il espérait bien réussir à se contenir pour ne pas la brusquer et gâcher ce qui serait le premier d’une longue série de baisers qu’ils partageraient enfin ensemble.  

 

C’était ce qu’il espérait tout du moins…. A moins… à moins qu’elle veuille juste marquer le coup aujourd’hui pour le remercier du pas qu’il avait fait vers les enfants. L’idée lui déplut et tempéra ses espérances. Si c’était le cas, il serait contrarié parce qu’il ne voulait pas être remercié pour ça. Il avait juste pris sa place, une place dans laquelle il se sentait légitime et dont il avait vraiment envie. C’était autant pour eux que pour lui.  

 

Kaori regarda son partenaire s’assombrir et se mordit la lèvre nerveusement, se demandant à quoi il pensait. Elle devait accélérer le mouvement mais elle était elle, timide, pudique et pas forcément à l’aise dans le rôle de l’initiatrice. Elle avait besoin de s’acclimater alors qu’elle allait embrasser pour la première fois un autre homme que son mari défunt. Ce n’était pas un geste anodin d’autant que ce serait un geste qui compterait, qui mènerait à une autre vie pour eux.  

 

Du bout des doigts, elle traça de nouveau le contour des lèvres de Ryô, en appréciant la douceur et la chaleur. Elle continua en longeant sa mâchoire, la caressant du pouce doucement, allant et venant. Elle aurait aimé capter son regard mais il semblait un peu perdu et elle se dit qu’elle était certainement trop longue, qu’elle devait se montrer plus courageuse et cesser de rester dans les coulisses : elle devait gagner la scène. Nerveuse, elle glissa les bras sur ses épaules, approchant un peu plus de lui.  

 

- Ryô…, souffla-t-elle.  

 

Elle avait besoin de lui, de sa confiance, de sa force. Elle avait besoin de croiser son regard qui apaiserait sa nervosité, de lire les sentiments qu’il ressentait pour elle, qu’il lise les siens en retour, qu’il sache que ce qu’ils partageraient à ce moment-là durerait. Ce n’était que le début…  

 

Quand il l’entendit prononcer son prénom et sentit son souffle sur ses lèvres, le nettoyeur revint à la réalité, sortant de ses pensées sombres. Il plongea dans son regard et toute pensée obscure le quitta. Il esquissa un sourire, laissa ses émotions affleurer et posa les mains sur ses reins, la poussant à fermer la distance entre eux.  

 

Il se souvint de ce qu’il lui avait dit lorsqu’elle était Cendrillon, qu’un baiser amoureux se faisait les yeux fermés mais il savait que ce baiser-là, qui serait bien un baiser partagé entre deux amoureux, se ferait les yeux ouverts. Ils en avaient besoin l’un comme l’autre, de partager ce geste amoureux tout en se parlant d’amour en même temps.  

 

Il sentit les lèvres de Kaori l’effleurer avant de s’éloigner légèrement. Il vint alors effleurer les siennes, lui laissant voir ses prunelles qui s’assombrissaient au plaisir qu’il ressentait. Il voyait dans les siennes la nervosité diminuer, la légèreté revenir et ils continuèrent ainsi quelques instants échangeant des baisers évanescents, aériens jusqu’au moment où tous deux s’immobilisèrent et eurent l’impression que le temps se suspendit.  

 

Ils savaient.  

 

Ils eurent à ce moment précis la conscience aiguë que le temps de jouer était terminé. Ils savaient que le prochain baiser serait le baiser qui les ferait basculer dans le statut de couple enfin réuni. Ils s’observèrent longuement, ou peut-être pas, leur conscience du temps semblant parfaitement déréglée, avant d’approcher millimètre après millimètre, sentant leurs souffles se mêler, s’effleurer. Leurs paupières se fermèrent d’elles-mêmes et, soudain, ce fut le contact.  

 

Léger au départ, leurs lèvres se pressèrent ensuite les unes contre les autres, douces, chaudes, humides. Les mains glissèrent dans les cheveux de l’un pour l’une, une main dans le haut, l’autre dans le bas du dos pour l’autre comme pour éviter que l’autre s’échappe et brise ce moment tant attendu. Il n’y eut ni tambour, ni musique, ni feux d’artifice, juste la sensation d’être enfin arrivé à bon port, entouré d’une douce chaleur, d’une lumière plus chaude, de sérénité…  

 

Le baiser dura, s’éternisa, enfin peut-être ou pas… Ils n’en savaient rien et c’était bien le cadet de leurs soucis. Ils en profitèrent, s’en apaisèrent, s’en repurent parce qu’il fallait l’admettre, ils avaient attendu cela un bon bout de temps, une éternité même…  

 

Quand ils s’écartèrent en quête de cet élément vital qu’on appelait oxygène, ils se regardèrent, se sentant un peu béats, légèrement ivres peut-être un peu aussi, et un sourire étira leurs traits.  

 

- C’était…, commencèrent-ils en même temps, se mettant à rire un peu nerveux.  

- Agréable…  

- Délicieux…, continuèrent-ils simultanément aussi.  

- J’ai encore envie de t’embrasser., lui avoua-t-elle, les pommettes rosies.  

- Et moi je n’ai pas envie que tu arrêtes. J’y passerais bien la nuit., lui confia-t-il d’une voix légèrement rauque.  

 

Kaori sentit son estomac se nouer d’une légère appréhension et ressentit le besoin d’éclaircir les choses avant de tout perdre.  

 

- Je… J’aurais besoin d’un peu de temps pour… la suite., lui dit-elle, baissant les yeux, gênée et inquiète de sa réponse.  

 

Il glissa les doigts sous son menton et la força à relever le visage.  

 

- On a tout le temps. Tu sais ce qu’on dit : tout vient à point pour qui sait attendre., lui répondit-il d’une voix calme, lui adressant un regard et un sourire chauds.  

- Tu me fais confiance pour savoir t’embrasser sans aller plus loin ?, l’interrogea-t-il.  

- Je sais que tu sais embrasser., répliqua-t-elle, malicieuse, se détendant.  

- Et j’ai confiance en toi., lui assura-t-elle plus sérieusement.  

 

Il lui sourit et se pencha vers elle, venant cueillir sur ses lèvres le deuxième baiser qui ne fit que précéder le suivant et tous les autres encore qu’ils partagèrent tranquillement ce soir-là entourés de sérénité. 

 


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