Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 80 :: Chapitre 80

Publiée: 07-01-24 - Mise à jour: 07-01-24

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. C'est le temps des au revoir pour Ryô et Kaori, un au revoir temporaire mais malgré tout difficile. Bonne lecture et Merci pour vos commentaires qui sont toujours un plaisir ^^

 


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Chapitre 80  

 

Lorsque Kaori rentra ce soir-là, environ deux semaines après Noël, Ryô donnait le bain aux jumeaux… ou peut-être que c’était le contraire, se dit-elle, le voyant trempé de la tête aux pieds.  

 

- Regardez qui est là., fit-il, tournant vers elle un regard malicieux.  

 

Elle observa la goutte d’eau qui pendait à une de ses mèches et qui tomba sur son front avant qu’il ne l’essuie du revers de la main et entendit en bruit de fond les cris heureux des enfants. Elle tourna alors son attention vers eux et approcha… de deux pas seulement avant de recevoir les premières gouttes.  

 

- Je vois que tu as les choses bien en main, alors je vais aller préparer le repas de ce soir., fit-elle, se retirant.  

- Petite joueuse !, la taquina-t-il.  

- J’organise juste mon temps., répliqua-t-elle de l’autre pièce, vérifiant que les serviettes et vêtements étaient bien prêts.  

 

Elle devait avouer qu’elle était nerveuse. Elle avait eu des nouvelles de l’hôpital, nouvelles qui allaient impacter leur quotidien et elle appréhendait un peu de les lui transmettre. Elle descendit donc à la cuisine et prépara un repas avant de mettre la table… avec quatre couverts. Elle sourit en y pensant. Elle avait envie de tenter aujourd’hui. Ca aurait été plus juste avec Yoshihide peut-être mais Ryô avait aussi le droit d’y assister. Il leur avait été d’une grande aide et ils avaient passé un moment comme en famille ici aussi et la période de l’hospitalisation de Yoshi avait été plus facile.  

 

- Quatre assiettes ? Oh, je sens qu’on va bien s’amuser., fit Ryô, asseyant chaque enfant dans une chaise haute.  

 

Hide se mit à taper sur la tablette énergiquement et sa sœur l’imita, ce qui donna un joyeux bordel dans lequel pénétra Kaori avec des plats en mains. Elle les posa, les regarda tous les deux en secouant la tête avant d’aller chercher deux autres plats. Elle attrapa les deux assiettes en plastique prévues pour les enfants avec des rebords un peu hauts et y mit un peu d’aliments qu’elle recoupa en petits morceaux.  

 

- Tu peux leur donner., fit-elle à Ryô.  

- A la cuillère ?, demanda-t-il.  

- Non… juste l’assiette. Ils piocheront dedans pour commencer. On verra s’il faut les aider., répondit-elle, s’asseyant pour les servir.  

 

Elle observa les jumeaux contempler leurs assiettes, ne sachant quoi en faire. Hanae fut la plus aventureuse comme la première fois qu’elle avait pioché dans l’assiette de sa mère. Elle plongea la main dans les légumes cuits, en prit une poignée qu’elle porta à sa bouche et les deux adultes sourirent en voyant plus de la moitié retomber sur la tablette. Hide observa sa sœur refermer la bouche et sembla attendre sa réaction.  

 

- Mmmmmmh…. Miamiamia nananana…, s’exclama la petite, ravie.  

 

Il n’en fallut pas plus que son frère se jette sur son assiette et en prenne une pleine poignée à son tour. Ryô et Kaori rirent en le voyant écraser sa poignée sur son visage avant d’avoir ouvert la bouche mais ravi de la réaction adulte, il sourit de toutes ses dents.  

 

Le repas se déroula ainsi dans la joie et la bonne humeur, les enfants attrapant leurs biberons lorsqu’ils en eurent assez des légumes. Le calme s’installa progressivement et l’heure du sommeil se lut sur les traits des bambins, dans leurs frottements d’yeux de leurs poings serrés et les bâillements qu’ils laissèrent échapper.  

 

Délaissant la table pour le moment, chaque adulte attrapa un des enfants et ils montèrent à quatre jusque dans leur chambre. Un dernier câlin, un baiser et ils furent mis au lit.  

 

- Ca a été à l’hôpital aujourd’hui ?, l’interrogea enfin Ryô alors qu’ils redescendaient.  

- Je… oui… Ryô… Yoshi sort demain. Il rentre à la maison., lui apprit-elle, se tournant vers lui nerveusement.  

 

Il sentit son cœur se serrer en comprenant que le lendemain soir, il serait de nouveau seul dans cet appartement. Ce serait dur après quatre semaines de cohabitation, quatre semaines à avoir ce qu’il attendait avec impatience.  

 

- C’est une bonne nouvelle., réussit-il à dire d’une voix à peu près normale.  

- Oui… Je… Merci pour ces quatre semaines. Merci pour le soutien que tu m’as apporté., fit-elle avant de le regarder et d’approcher de lui.  

- Je sais… Je me doute que notre départ ne va pas être facile pour toi… mais ça ne le sera pas pour moi non plus. Je peux te le jurer., lui murmura-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Ne dis rien. Je le sais déjà., lui retourna-t-il, l’enlaçant.  

 

Il déposa un baiser dans ses cheveux et la serra contre lui fort, très fort, sentant ses bras autour de lui. Elle ne pleura pas mais il sentait son émotion.  

 

- Je t’aiderai à préparer leurs affaires demain matin et demain soir quand tu quitteras l’hôpital, tu n’auras pas à t’inquiéter, j’aurai ramené les petits chez vous., lui dit-il, lui ôtant toutes ces questions pragmatiques de la tête.  

- Je ne sais pas quoi te dire, ni quoi faire pour te remercier., lui avoua-t-elle, touchée par sa prévenance.  

 

Même si ça semblait facile pour lui d’en parler, elle ne douterait jamais qu’il les aimait et qu’il souffrait de leur départ.  

 

- Dors avec moi ce soir, Kaori. Juste dormir. J’ai besoin de pouvoir te tenir contre moi., lui demanda-t-il.  

- D’accord., acquiesça-t-elle, ne craignant rien de sa part.  

- Je te promets…, commença-t-il.  

- Je sais. Je sais que tu n’auras pas de geste déplacé envers moi., le coupa-t-elle.  

 

Comme si plus rien ne comptait, ils montèrent tous deux à l’étage et, après à peine quelques minutes séparés, se retrouvèrent dans la chambre de Ryô, tous deux en pyjama.  

 

- Parce que tu en as un ? Et pas que le bas ?, plaisanta-t-elle, un peu nerveuse.  

- Oui… mais il ne m’était d’aucune utilité… ou presque avant., fit-il, malicieux.  

- J’étais là quand même… et j’ai une certaine pudeur., grommela-t-elle.  

- Et moi un certain don pour pousser les personnes hors des sentiers battus., lui opposa-t-il sans se démonter.  

- C’est vrai., admit-elle.  

- On va rester là à discutailler ou on se met au lit ?, lui demanda-t-il, un peu plus sérieusement même si le ton se voulait léger.  

 

Kaori se glissa entre les draps et se tourna sur le côté vers lui, une main sous l’oreiller. Il la rejoignit et l’imita, se tournant vers elle pour la regarder. La dernière fois qu’ils avaient été à deux dans ce lit, ils n’y avaient que peu dormi. Cette nuit, ils n’étaient pas là pour réitérer ce qui s’était passé et d’ailleurs, ça n’aurait plus jamais lieu. Plus jamais il ne coucherait avec elle.  

 

- Peut-être que ce n’est pas la dernière nuit qu’on passe ensemble., murmura-t-il, osant lever la main et caresser sa joue.  

- Je… Je ne sais pas… Je pense… je pense que je l’espère., admit-elle.  

- J’ai du mal à me projeter dans l’avenir. C’est trop douloureux., lui expliqua-t-elle, posant la main sur la sienne.  

- Mais quand le temps aura fait son œuvre, peut-être que ça arrivera., ajouta-t-elle.  

- Je ne suis pas pressé. Profite de ta vie avec Yoshi pour le moment., lui dit-il.  

- Donne-moi juste cette nuit, cette chaste nuit pour tenir jusque là., lui demanda-t-il.  

 

Elle ne répondit pas mais se glissa plus près de lui jusqu’à sentir son bras l’entourer et l’approcher encore plus près. Elle se retrouva la tête contre son épaule, la main sur son cœur et ferma les yeux pour mémoriser ce battement fort et régulier. Elle ne le sentit pas venir mais le sommeil l’emporta dans un monde lointain fait de beaux rêves, où la souffrance et la mort n’avaient pas leur place, certainement la première belle nuit qu’elle eut depuis longtemps.  

 

Ryô lui ne ferma pas l’oeil de la nuit. Il resta là à apprivoiser cette douce sensation qui naissait en lui, ce besoin de la tenir contre lui qui serait bientôt frustré par la réalité lorsque le jour reviendrait… mais elle reviendrait aussi un jour et il aurait de nouveau cela et ce serait déjà bien suffisant si ça devait s’arrêter là.  

 

Le matin arrivant, il sentit qu’elle se réveillait et, ne voulant pas qu’elle sache qu’il n’avait pas dormi, ferma les yeux, simulant de dormir. Kaori l’observa quelques minutes avant de voir ses yeux s’ouvrir et de croiser son regard sombre.  

 

- Tu as bien dormi ?, lui demanda-t-elle avec un léger sourire.  

- Oui et toi ?, lui retourna-t-il.  

- Merveilleusement. Ca m’a fait un bien fou., admit-elle.  

 

Il put en effet admirer ses traits reposés, les couleurs qui étaient revenues sur ses pommettes depuis qu’elle n’était plus réveillée chaque nuit par les appels de l’hôpital et qu’ils avaient alterné pour s’occuper des enfants pendant les poussées dentaires.  

 

Ils restèrent encore enlacés un moment en silence, profitant juste du moment, avant que la réalité ne se rappelle à eux sous la forme de babillages.  

 

- Ca change des pleurs., fit-elle, se levant.  

- C’est plus doux. Tu vois quel effet me faisait la massue…, la taquina-t-il, l’imitant.  

- C’était amplement mérité., lui retourna-t-elle.  

- Que tu dis !, lui lança-t-il, se dirigeant vers les escaliers.  

 

Kaori alla gérer les jumeaux, les changeant avant de descendre en cuisine où les attendaient leurs biberons. Ils les saisirent avec plaisir et les burent goulûment.  

 

- Dans quelques semaines à peine, ils auront un an déjà., soupira-t-elle, les regardant.  

- Le temps passe si vite.  

- Ne le laisse pas faire. Profite de chaque moment., lui conseilla-t-il, posant une tasse de café devant elle.  

 

Surprise, elle leva les yeux vers lui et le regarda avant que son cœur ne se serre.  

 

- Tu le sens aussi, n’est-ce pas ?, murmura-t-elle, baissant les yeux pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux.  

- Que Yoshi…, continua-t-elle sans le pouvoir vraiment.  

- Profite de chaque moment… et si tu as besoin d’aide ou de soutien, tu sais où me trouver., lui dit-il.  

- Merci., souffla-t-elle.  

 

Ne se sentant pas de tenir plus longtemps sans risquer de pleurer devant ses enfants, elle le laissa et monta à l’étage prendre sa douche et se préparer avant de commencer à faire leurs bagages. C’était la deuxième fois, songea-t-elle, qu’elle s’en allait de là… C’était étrange, toujours aussi frustrant et difficile mais elle devait admettre qu’elle était aussi soulagée parce que cela signifiait qu’elle avait encore du temps avec son mari, que leurs enfants auraient encore du temps avec lui aussi et c’était important.  

 

Quand elle eut fini dans sa chambre, elle se retrouva dans celle des jumeaux où Ryô les habillait et commença à sortir leurs vêtements de l’armoire pour les transférer dans le sac posé sur une chaise. C’était toujours autant un sentiment doux-amer où elle se retrouvait partager, et les enfants avec, entre deux hommes, entre deux pères… parce qu’il s’était comporté comme tel avec eux. Il les avait aimés, choyés, grondés quand il le fallait. Il les avait nourris, lavés, avait joué avec eux…  

 

- Je peux le faire après si tu veux., lui proposa-t-il.  

- Profite d’eux, je sais que tu les aimes et qu’ils te manqueront. Je suis sûre que tu leur manqueras aussi., fit-elle, ne souhaitant pas le priver de ces moments.  

 

Des moments qui seraient également très précieux pour Yoshihide, d’autant que, malgré tout l’espoir qu’elle portait, elle sentait que ce n’était plus qu’une question de mois. Elle ferma les yeux pour réprimer les larmes qui montaient. Elle se l’était promis, elle tiendrait bon, toujours avec le sourire. C’était ce que Yoshi attendait d’elle, ce qu’il avait attendu d’elle quand elle s’était engagée dans cette histoire, quand elle lui avait juré qu’elle serait là jusqu’au dernier jour.  

 

- Hanae a besoin des bras de sa mère., entendit-elle soudain, voyant Ryô apparaître à ses côtés.  

- Bon, elle préférerait certainement les miens mais j’ai un petit garçon qui attend d’être habillé pour aller jouer., lui dit-il, ne lui laissant pas vraiment le choix.  

 

Elle attrapa sa fille et la serra contre elle, observant le sourire qu’elle lui envoya tout en glissant les doigts autour de sa chaîne.  

 

- Doucement. C’est un cadeau de papa. Un jour, il sera à toi., murmura-t-elle, desserrant légèrement l’emprise qu’elle avait.  

 

Hanae s’intéressa ensuite à l’armoire et vit les vêtements encore dedans.  

 

- Bébé., fit-elle, pointant du doigt.  

- Oui, ce sont des vêtements de bébé. Tes vêtements Hanae., répondit patiemment Kaori.  

- Nae ?, répéta la petite.  

- Oui, Hanae, c’est toi., lui annonça Kaori, posant le doigt sur elle.  

- Nae., répéta le bébé sans toutefois sembler le rattacher à sa personne.  

- Hide., fit-elle ensuite, regardant les vêtements.  

- Oui, là, il y a aussi des habits à Hide., affirma sa mère.  

- On rentre à la maison d’avant., lui apprit-elle.  

 

En silence, écoutant Kaori, Ryô habillait Hide. Il n’avait pas envie de les voir partir et, lorsqu’elle parla de la maison d’avant, il ferma les yeux pour juguler l’afflux d’émotion. La maison d’avant, c’était chez Yoshi. Ca voulait dire qu’elle considérait pour elle comme pour eux qu’ici aussi, c’était une maison et il savait que ce n’était pas un terme anodin pour elle… comme ça ne l’était plus pour lui depuis qu’elle était arrivée dans sa vie et encore moins depuis quelques semaines.  

 

- On va revoir papa., lui annonça-t-elle.  

- Papa…, scanda la petite.  

- Papa…, répéta Hide, le regard dans celui de Ryô.  

- Oui, tu vas revoir papa aussi, Hide., murmura le nettoyeur, la voix troublée.  

 

Kaori ferma les yeux en l’entendant et posa les lèvres sur le front de sa fille comme pour la protéger de ce qu’elle ressentait.  

 

- Je suis désolée, Ryô., murmura-t-elle.  

- Ne le sois pas. On savait que ça arriverait., répondit-il.  

- Je vais descendre avec eux deux. Tu pourras finir tranquillement., lui fit-il savoir.  

 

Un peu d’espace leur ferait certainement du bien. Il fallait commencer à s’habituer et il se souvenait que les jours où elle avait préparé son déménagement avaient été particulièrement chargés émotionnellement. Il ne risquerait pas un dérapage, pas maintenant. Elle avait encore une vie à côté.  

 

Le reste de la matinée s’écoula tranquillement entre les préparatifs du départ et les enfants. Ils prirent leur dernier repas ensemble, le cœur lourd à peine allégé par les pitreries des enfants qui essayaient de se nourrir seuls et finirent par se lancer de la nourriture. Seul ce fait parvint à leur tirer un sourire amusé suivi d’un cri horrifié lorsqu’ils en reçurent, victimes collatérales de la guerre qu’ils s’étaient déclarée… et qui les faisait beaucoup rire visiblement.  

 

Forfait général fut déclaré et Kaori emmena sa progéniture se nettoyer et changer avant la sieste, ce qui lui prit un temps certain alors que les petits étaient énervés. Lorsqu’elle les laissa, couchés pour la sieste, aucun des deux ne semblaient vouloir dormir. Elle ne s’en inquiéta pas. Ils finiraient bien par se laisser happer et elle avait confiance en Ryô pour gérer en son absence.  

 

- Je les ai couchés., l’informa-t-elle, l’aidant à nettoyer les restes du repas et surtout de la guerre alimentaire qui avait eu lieu.  

- Je n’aurais jamais cru que de si petits enfants pouvaient faire autant de dégâts., fit-elle.  

- C’est vrai. Tu peux y aller, Kaori. Je vais finir., lui dit-il.  

 

Elle serra dans son poing l’éponge qu’elle tenait dans sa main. C’était dur. Elle ne voulait pas et le voulait en même temps, deux envies contradictoires qui la rendaient fébrile.  

 

- D’accord., finit-elle par murmurer.  

- Ryô…, l’interpela-t-elle d’une voix douce.  

 

Il prit une légère inspiration et se retourna, lui adressant un léger sourire.  

 

- On s’est déjà tout dit, Kaori. Tu sais ce que tu as à faire et tu n’es pas seule. Alors cesse d’avoir des regrets et de culpabiliser., lui conseilla-t-il.  

- Je… Facile à dire., ricana-t-elle, la voix tremblante.  

- Je ne peux pas oublier que, si moi je rentrerai avec mon mari près de mes enfants, toi, tu seras seul ici., expliqua-t-elle, refusant de le regarder car elle se sentait sur le point de pleurer.  

 

Ryô approcha et l’enlaça, poussant son visage contre son épaule.  

 

- Je ne serai pas seul ici. Tu seras là aussi et les enfants aussi. Vous êtes là dans mon cœur et dans ma mémoire., la consola-t-il.  

- Je préférerais que vous soyez là en réalité mais je peux patienter ainsi en attendant., lui assura-t-il.  

- S’il te plaît, ne gâche pas ça., lui demanda-t-il.  

 

Elle garda le silence un moment, puisant la force en lui de venir à bout de cette journée difficile, puis acquiesça.  

 

- D’accord., murmura-t-elle.  

- Je… Je m’en vais alors. On se retrouve ce soir au manoir., lui dit-elle.  

 

Ryô prit sur lui pour rester impassible et attendit qu’elle soit à la porte pour lui annoncer :  

 

- Je ne serai pas là quand vous rentrerez. Je laisserai les enfants à tes beaux-parents.  

- Mais…, fit-elle, prise au dépourvu.  

- Je pense que c’est le mieux pour tout le monde. Je ne veux pas qu’on reproduise ce moment ce soir. Je sais que ce sera aussi difficile pour toi., lui expliqua-t-il.  

- Tu… as certainement raison. Alors… au revoir., fit-elle, refermant derrière elle.  

 

Elle fit quelques pas dans le hall avant de s’arrêter comme incapable d’avancer, de respirer. Elle n’y arriverait pas. Il fallait être folle pour vouloir retourner dans un quotidien entouré de la maladie et de la mort et y plonger deux jeunes enfants alors qu’une autre vie bien meilleure les attendait.  

 

Elle ne pouvait pas abandonner Yoshi, se reprit-elle. Non seulement elle l’aimait mais elle lui avait assuré qu’elle serait là jusqu’au bout… et, pour elle, ça avait été encore plus fort qu’un XYZ. Ils avaient deux enfants ensemble, deux magnifiques enfants qui ne connaîtraient leur père que par de vagues sensations et à travers des photos, à travers elle.  

 

Mais il y avait Ryô, Ryô et sa force tranquille, Ryô et cette nuit chaste qu’ils avaient passée ensemble, cette nuit où elle avait si bien dormi, se sentant protégée et apaisée. Pendant quatre semaines, il avait été là pour eux trois. Il les avait aimés et protégés, il l’avait soutenue à chaque fois qu’elle devait se lever en pleine nuit pour aller à l’hôpital, toutes ces fois où il l’avait renvoyée au lit alors que l’un des jumeaux pleurait pris d’une fièvre de cheval, souffrant des ces foutues dents qui devaient sortir.  

 

C’était à son tour de le protéger et le soutenir. Elle ne retournerait pas en courant dans ses bras pleine de sa douleur et de sa culpabilité, de ses envies refoulées et de son envie d’une autre vie. Elle ne ferait pas en sorte de rentrer assez tôt dans l’après-midi pour le voir encore. Elle le laisserait déposer les enfants au manoir puis s’en aller après leur avoir dit au revoir. Elle ferait ça. Elle serait forte pour lui et pour Yoshihide qui verrait à quel point leur séparation la faisait souffrir, ce que son retour engendrait comme frustration. Non, elle tiendrait jusqu’à la prochaine fois où ils se verraient et, d’ici là, les émotions seraient moins fortes, moins à vif. Elle aimait son mari, il n’y avait aucun doute sur le sujet.  

 

Elle prit une profonde inspiration et avança une jambe puis l’autre. Elle continua, droite puis gauche et encore droite puis gauche… et elle se retrouva soudain dehors, au pied du perron. L’air frais la frappa de plein fouet et lui donna ce qu’il lui manquait pour continuer son chemin. Marcher lui permit de relativiser et reprendre le contrôle. Lorsqu’elle arriva à l’hôpital, elle ne portait pas ses regrets mais un léger sourire, ravie de retrouver son mari.  

 

- C’est le grand jour…, lui dit-il, soulagé en l’accueillant.  

- Oui. Tu vas rentrer à la maison. On va tous rentrer à la maison., lui affirma-t-elle, l’étreignant.  

- Je suis tellement soulagée que tu t’en sois sorti. Tu t’es battu comme un lion., lui affirma-t-elle chaudement.  

- J’avais de très bonnes raisons de le faire. Je voulais voir leur premier Noël…, lui affirma-t-il.  

- Et tu l’as vu. Ca m’a fait un bien fou de partager cela avec toi, d’avoir ses souvenirs., lui fit-elle savoir.  

- Que veux-tu faire en rentrant ?, l’interrogea-t-elle, se levant pour commencer à ranger ses affaires.  

- Voyager., lui dit-il.  

 

Elle s’immobilisa, dos à lui, sous le choc. Voyager, partir dans un pays étranger, alors qu’il risquait à tout moment une rechute. Il faudrait expliquer aux médecins ce qu’il avait, si tant est qu’ils étaient dans un hôpital possédant les compétences nécessaires… Elle sentit une suée froide la prendre.  

 

- Tu veux… voyager ?, répéta-t-elle, sceptique.  

- Oui. J’aimerais beaucoup voyager…, soupira-t-il.  

- Mais je sais bien que ce ne sera pas possible. En revanche, je peux te faire voyager à travers mon expérience. Tu as un passeport ?, lui demanda-t-il, amusé.  

 

Il avait vu sa tension et il imaginait le flot de questions qui avait dû lui traverser l’esprit. Il aurait aimé voyager avec elle et il aurait dû le faire au début, même si elle était enceinte. Ils avaient été tellement anxieux à propos de sa grossesse mais les premiers mois, ils auraient peut-être pu… Ce qui était fait était fait et il n’y pouvait plus rien mais, pour le temps à venir, pour le temps qu’il lui restait, il pouvait la faire voyager dans ses souvenirs.  

 

- Bien sûr ! Alors où m’emmènes-tu ?, lui demanda-t-elle d’un ton enjoué, ayant surmonté le choc.  

- Pour aujourd’hui, à la maison dès que les médecins m’autoriseront à sortir. Demain… Je ne sais pas encore mais loin d’ici., lui apprit-il, le regard malicieux.  

- On doit passer récupérer les enfants chez Ryô ?, l’interrogea-t-il, curieux, préférant avoir un temps pour se préparer le cas échéant.  

- Non. Il va les ramener dès qu’ils auront fini leur sieste et les laissera à tes parents., lui apprit-elle d’une voix neutre.  

- Dommage… J’aurais aimé le remercier de ce qu’il a fait., pipa Yoshi.  

 

Kaori lui jeta un léger coup d’oeil : il regardait simplement par la fenêtre d’un air légèrement absent.  

 

- Tu n’auras qu’à l’appeler… ou le lui dire la prochaine fois., lui conseilla-t-elle.  

- Ou tu pourrais lui proposer de rester dîner avec nous., suggéra-t-il, se tournant vers elle.  

 

Elle ferma sa trousse de toilettes et la rangea dans sa valise.  

 

- Il m’a dit qu’il avait déjà prévu de passer la fin de l’après-midi et la soirée à rattraper le temps perdu professionnellement. Une prochaine fois., répondit-elle d’une voix tout à fait normale.  

- Oui… Une prochaine fois., relativisa-t-il.  

 

Ils durent attendre encore un long moment avant que les médecins ne viennent enfin les voir et libèrent Yoshi. Ils purent enfin quitter la chambre d’hôpital et rejoignirent le van qui les attendait dehors devant l’entrée. Yoshi attrapa la main de sa femme et la pressa. Il ne pensait pas pouvoir refaire un jour ce trajet. Il savait qu’il l’avait échappé belle et il savait aussi que le temps lui était plus que compté maintenant. Il en profiterait un maximum.  

 

Arrivant près du manoir, Kaori veilla les alentours, cherchant la trace du mini rouge mais n’en vit aucune. Elle ne doutait pas que Ryô soit déjà passé mais elle savait aussi qu’il était déjà reparti. C’était mieux ainsi. Elle devait admettre qu’il avait encore une fois eu raison. Elle devait se concentrer sur son mari et le temps qu’il leur restait. Ryô serait toujours là après, elle le savait. 

 


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