Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 16 :: Chapitre 16

Publiée: 11-09-22 - Mise à jour: 11-09-22

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Désolée pour l'absence la semaine dernière: j'étais fatiguée et j'avais besoin d'une petite pause. Portez-vous bien. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 16  

 

Emergeant du nuage de fumée, Ryô chassa l’air qui l’entourait de la main. L’entrepôt brûlait. Il était donc hors de question d’aller fouiller les containers en train d’être chargés. Les dockers s’étaient mis en branle rapidement et arrosaient les lieux en attendant l’arrivée des pompiers. Il ne devait pas tarder, récupérer les informations et s’en aller. Il se tourna et chercha son indic mais, lorsqu’il le trouva, il soupira, frustré. L’homme était mort, une balle en pleine tête. Il perdait une nouvelle piste… deux, se corrigea-t-il en voyant l’entrepôt.  

 

Il serra les dents de rage. Monsieur N lui mettait des bâtons dans les roues. Il avait fait détruire des marchandises, prêt à sacrifier une partie de son bénéfice pour brouiller les pistes, et de nouveau tuer un homme qui allait lui donner des informations qui pouvaient le démasquer. Il ne s’en sortirait pas ainsi. Il le jurait sur sa propre vie : ce salopard paierait pour toutes ses exactions et ses vies sacrifiées. Si la justice ne faisait pas son œuvre, il y remédierait.  

 

Entendant les sirènes des pompiers et de la police arriver, il quitta les lieux et regagna la mini. La mâchoire serrée, il repartit vers le centre-ville et rentra à l’immeuble. Il se changea en vitesse, mettant ses vêtements couverts de poussière et de sang dans la machine à laver, et repartit pour le Cat’s. Il devait savoir si Umibozu ou Mick avait des informations. Saeko devait être sur le port et il la verrait donc plus tard. Peut-être trouverait-elle parmi les cendres des preuves du trafic de Nishihara…  

 

- Tu es d’humeur bien sombre…, fit remarquer le cafetier à peine fut-il assis au comptoir du café.  

- Je me suis encore fait griller sur la ligne., gronda le nettoyeur acceptant la tasse du breuvage noir fumant que son ami posa devant lui.  

- Tu veux dire…  

- Oui, il a tué l’indic qui allait me rencarder juste devant mes yeux… Et il a en plus fait sauter ses marchandises pour que je n’y ai pas accès., lui apprit Ryô.  

- C’est une drôle de manière de procéder. C’est très rare qu’ils en viennent là., pipa Umibozu, impassible.  

- Et ?, répliqua le nettoyeur, fronçant les sourcils.  

 

Est-ce que son ami avait des doutes, une information qu’il ne possédait pas ou un autre point de vue ? Il était prêt à argumenter sur chaque point s’il le fallait tellement il était sûr de lui.  

 

- Et rien… C’est juste… étrange., conclut le géant, sentant la tension qui émanait de son ami.  

 

Il ne craignait pas d’échanger avec lui même s’il n’était pas d’accord mais le fait était que, si certains faits étaient étonnants, ils ne le faisaient pas changer d’avis. En revanche, il n’était pas certain que Ryô aurait la clairvoyance nécessaire pour relativiser les choses.  

 

- Ouais… Ben, ce mec-là, il a des millions à disposition alors il peut bien en perdre un ou deux sans broncher… Quant aux vies des sans-abris, il doit être bien loin de s’en préoccuper là-haut dans sa tour., grommela le nettoyeur, reposant sa tasse de café.  

- Mets-moi un whisky, s’il te plaît., demanda-t-il.  

 

La clochette de la porte tinta en même temps que le verre fut posé devant lui.  

 

- Mauvaise nouvelle ?, l’interrogea Kaori, s’asseyant à ses côtés et voyant cela.  

- Non, juste envie d’un verre., mentit-il.  

- Miki n’est pas là alors il faut au moins ça pour supporter la présence de Tête de Poulpe., plaisanta-t-il.  

- Idiot., pesta-t-elle, n’appréciant pas son sens de l’humour.  

 

Umibozu se contenta de ricaner, l’affront ne le touchant pas. Il ne s’agissait que d’une diversion pour noyer le poisson nommé Kaori.  

 

- Tu as récupéré ton chèque ?, l’interrogea Ryô pour diriger la conversation sur un sujet plus sain.  

- Oui et je l’ai déjà déposé à la banque., l’informa-t-elle, histoire de conclure la conversation.  

 

Elle ne voulait pas en parler plus. S’ils le faisaient, il finirait par lui faire dire ce qu’elle voulait lui cacher : qu’elle n’avait pas pu se retenir de parler à Yoshihide pour le convaincre qu’il faisait une erreur.  

 

- Tu as fini ton travail ?, s’intéressa Umibozu.  

- Oui., répondit-elle brièvement.  

- Elle s’est faite jeter., corrigea le nettoyeur avec un fond de sarcasme.  

- Oh, c’est bon…, grommela Kaori, vexée.  

- Il ne sait pas ce qu’il perd…, intervint le géant, ce qui lui valut un sourire touché de Kaori qui le fit quelque peu rougir.  

- Je crois que si. Il a juste mis du temps à réagir., objecta Ryô, moqueur.  

- Comme ça, tu dois te sentir moins seul !, répliqua la rouquine, fâchée.  

- Comme si j’avais l’occasion de me sentir seul…. Difficile d’ignorer ta présence., répliqua-t-il.  

 

Kaori le regarda, bouche bée, surprise de retrouver ces petites conversations mi-figue mi-raisin qui n’étaient plus intervenues depuis quelques temps.  

 

- Ma présence ne semblait pas te déranger l’autre soir quand j’ai eu fini plus tôt., lui balança-t-elle à la figure.  

- Ca m’a évité de devoir réchauffer le repas par moi-même puisque tu étais là., la contra-t-il de mauvaise foi.  

 

Il espérait bien que les mots de sa partenaire ne seraient pas interprétés de travers… enfin surtout qu’il pouvait noyer ce que cela signifiait réellement. La douleur qu’il ressentit sur le crâne le fit presque sourire. La détente était-elle enfin revenue entre eux après les disputes qu’ils avaient eues ? Si oui, c’était un bon point, un très bon point même.  

 

Massue encore en main, Kaori observa son partenaire. Si elle ne vit aucune réaction de sa part, elle sentit une certaine détente venant de son partenaire. Il ne râla même pas. Elle était satisfaite : ce geste n’avait pas été prémédité mais il lui permettait de mettre Ryô en confiance sur le fait qu’elle ne savait rien de son mensonge. C’était vraiment tordu comme situation. Deux partenaires qui se faisaient confiance en général en venaient à se mentir ou à induire l’autre en erreur pour une affaire… C’était vraiment le monde à l’envers… ou plutôt une grande régression.  

 

- Ah !, fit Ryô soudain à l’affût.  

- Mokkori !, hurla-t-il, bondissant de son siège et courant dehors.  

- Rien ne change…, maugréa Kaori, se retenant de se retourner pour voir ce qui arrivait.  

- Rien ? Tu es sûre ?, lui demanda Umibozu.  

 

Kaori releva le regard pour voir l’expression de son visage mais il était toujours aussi impassible. Soudain, on entendit des cris puis peu après, un bruit de poubelles renversées : Ryô venait de voler dans les airs avant d’atterrir dans les ordures.  

 

- Rien., conclut Kaori, prenant une gorgée de son café.  

 

Umibozu posa son torchon et la tasse qu’il venait de laver et s’appuya sur le comptoir tout en se penchant vers elle.  

 

- Et depuis quand tu lui mens ?, l’interrogea-t-il à voix basse.  

- Que… Quoi ?!, fit-elle, surprise.  

- Que lui te mente, ce n’est pas une grande surprise… mais toi, tu lui caches quelque chose., assura Umibozu.  

- Je…, commença-t-elle avant de s’arrêter et de pousser un long soupir de résignation.  

- Je devais aller récupérer mon chèque et m’en aller sans essayer de persuader mon client de me reprendre., lui expliqua-t-elle, jetant un œil derrière elle.  

 

Ryô courait dans tous les sens derrière les jolies femmes qui passaient.  

 

- Et tu es montée., supposa le cafetier.  

- Non ! Non… En fait, il est sorti de l’ascenseur au moment où je m’en allais et… eh bien, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire qu’il faisait une erreur. Remarque, on ne peut pas dire que j’ai essayé de le persuader, non ?, fit-elle avec un léger sourire gêné, essayant de se dédouaner.  

 

Pour seule réponse, Umibozu esquissa un sourire en coin amusé. Imaginait-elle à quel point Ryô avait déteint sur elle toutes ces années ?  

 

- De toute façon, il partait en voyage d’affaires après avoir réglé un problème urgent donc je ne serai pas amené à le revoir. Ca règle la question., résuma-t-elle, haussant les épaules.  

- Hmmm… Il ne sait pas ce qu’il perd., fit simplement Umibozu.  

- C’est tout. Comme dit Ryô, ce n’était pas une mission City Hunter., lui dit-elle, tentant de rester impassible.  

- C’était une mission comme une autre pour toi., lui répondit-il.  

 

Elle le dévisagea un moment sans rien dire, cherchant à comprendre ce qu’il voulait dire, mais elle n’en avait pas besoin. Il savait que c’était important pour elle, que son renvoi ne la laissait pas insensible.  

 

- Oui., admit-elle à mi-voix.  

- On ne peut pas aider tout le monde, Kaori., lui dit-il simplement.  

- Ce n’est pas toujours facile à accepter., fit-elle, se levant.  

- Je dois aller faire des courses. Passe le bonjour à Miki., lui demanda-t-elle.  

- Ce sera fait., lui promit-il.  

 

Elle le salua et s’en alla, voyant Ryô non loin courtisant une jeune femme. Elle ne voulait pas s’étaler sur ses sentiments alors qu’il y avait des choses bien plus importantes qui se passaient, l’affaire de Ryô notamment. Ce qu’elle ne vit pas en revanche, ce fut le regard que son partenaire lança vers elle. Sombre, soucieux, il prit congé de la jeune femme à qui il faisait du plat avant de retourner vers le café.  

 

- Nishihara est parti en voyage d’affaires., l’informa Umibozu.  

- Je sais. Saeko me l’avait dit., lui apprit Ryô calmement.  

- Tu savais qu’il devait régler quelque chose avant de partir, quelque chose d’urgent ?, ajouta son ami.  

- Qui te l’a appris ?, s’étonna le nettoyeur.  

- Hmm… Kaori., avoua le cafetier, un peu gêné de trahir une partie des confidences de son amie.  

- Une petite chose urgente… Faire sauter la tête d’un gars et son entrepôt ? Il se serait sali les mains pour une fois ?, ironisa Ryô.  

 

Il préférait ne pas réfléchir au fait que Kaori avait parlé à Nishihara, encore moins l’évoquer… et il ne pourrait pas en parler avec elle non plus au risque de lui faire savoir que leur ami avait trahi ses confidences.  

 

- Peut-être voulait-il assister à ta déchéance…, se moqua Umibozu.  

- J’aurais bien aimé y assister aussi d’ailleurs., ajouta-t-il.  

- Tu n’auras pas encore cette chance cette fois-ci., répliqua Ryô tout aussi moqueur.  

- Il faut croire…, pipa le géant avec un sourire sardonique.  

- Bon, après tous ces échanges amicaux fort sympathiques, je vais te laisser à tes occupations., fit le nettoyeur, se levant.  

- Tu dois être rassuré que Kaori ne travaille plus chez lui., intervint Falcon alors que Ryô se tournait.  

- Oui., admit-il.  

- Elle ne sait pas tout ce que nous savons. Elle ne le prend pas aussi bien., lui apprit son ami.  

 

Il le savait. Elle le lui avait dit à sa manière après tout. Il aurait même été étonné qu’elle ne tente pas de dissuader Nishihara… Il l’avait touchée d’une manière ou d’une autre après tout. Pendant ses quelques secondes de silence, Ryô vit Mick arriver et ne se précipita pas pour répondre.  

 

- Eh bien… Vous en faites une tête… en fait, non. C’est juste l’habituelle., plaisanta l’américain, sentant la tension dans la pièce.  

- Kaori a été virée de son boulot., l’informa Ryô.  

- Ah… Eh bien, tant mieux pour nous., répondit Mick sérieusement.  

- Oui… Même si elle ne le vit pas bien, tant mieux pour nous. Elle sera plus en sécurité, alors on continue à se taire., ordonna le nettoyeur.  

 

Les deux autres hommes ne dirent rien, approuvant silencieusement sa stratégie. Ils avaient bien compris que la jeune femme risquait de faire quelque chose d’insensé si on lui parlait des soupçons envers son ancien client. Il n’était pas question pour eux de la remettre au milieu du danger. Sans plus un mot, Ryô s’en alla. Il passa par le parc, attendit un moment l’arrivée de Saeko et, dès qu’il en vit l’opportunité, se faufila dans le parking réservé au personnel. Comme il s’en doutait, sa Porsche n’était pas là. Elle n’était donc pas encore rentrée du port et il devrait attendre pour avoir ses renseignements. Il rageait mais il n’avait pas le choix. Il sortit de là sans voir personne et se dirigea vers le centre-ville.  

 

Quand il s’engagea dans une ruelle, l’indic qu’il venait voir partit en courant. Le nettoyeur fronça les sourcils, surpris, puis haussa les épaules avant d’aller voir le suivant. Celui-là, il le choperait certainement avant la fin de la journée… Le second le regarda comme s’il était le diable en personne, lui assura qu’il ne savait rien et se terra dans son carton. Ryô ne chercha pas plus loin voyant qu’il ne tirerait rien de plus. Dans le genre journée pourrie, elle semblait devoir l’être jusqu’au bout. Il continua sa quête et ne trouva aucun de ses indics habituels aux endroits où ils créchaient normalement. Il ne se demanda même pas pourquoi. Un deuxième mort en sa présence devait lui avoir créé une réputation funeste et tous le fuyaient comme la peste.  

 

- Tu es encore là, toi ?, fit-il, ironique, voyant Sam, un de ses vieux indics.  

- Où veux-tu que j’aille, Saeba ?, répliqua le vieil homme, ricanant.  

- Loin de moi… C’est ce que semblent faire tous les autres en tous cas., répondit le nettoyeur.  

- Et je te répète : où veux-tu que j’aille ? C’est ma place ici et on ne m’en dévissera pas, même pas ta sale réputation !, lui asséna l’indic avec un sourire en coin.  

- De toute façon, il faut bien mourir un jour…, philosopha-t-il.  

- Oui, il faut mais pour beaucoup, le plus tard, le mieux, non ?, lui retourna Ryô.  

- J’ai déjà bien vécu alors même pas peur., assura Sam, riant légèrement.  

- Je te dirais bien tout ce que je sais mais en fait, je n’ai aucune information à te donner., lui apprit-il plus sérieusement.  

 

Le nettoyeur l’observa un moment, surpris que rien n’ait filtré jusqu’à Sam qui était pourtant l’un de ses indicateurs les plus performants, voire le meilleur. En général, il était souvent au courant de ce qu’il se tramait dans la ville.  

 

- Rien ?, insista-t-il malgré tout.  

- Rien de rien. J’ai bien appris qu’il y avait un nouveau venu, des enlèvements mais rien de plus. Il est sacrément discret ton gars., pipa le sans-abri.  

- D’accord. Fais attention à toi., lui conseilla Ryô.  

- Eh eh… Tu t’inquiètes pour une vieille branche comme moi ? C’est sympa, Saeba., ricana son interlocuteur.  

- C’est beau de rêver. Tes informations me manqueraient, vieille branche !, rétorqua le nettoyeur.  

- Tu ne changeras jamais…, souffla l’autre, moqueur.  

 

Ryô eut un sourire tout intérieur à la réflexion. Si Sam venait à disparaître, tout comme tout autre de ses plus fidèles indics, il serait touché personnellement. L’humain lui manquerait bien plus que ses informations. Si en plus il venait à être tué à cause de lui, il aurait le sentiment d’avoir échoué à le protéger.  

 

Avec juste un petit signe de la main, il laissa Sam et rentra à l’appartement. Après tout, rien ne servait de continuer à chercher des gens qui le fuyaient et fuyaient certainement tout autant toute source d’informations qui risquerait de les mettre en danger. Il rentra et trouva Kaori dans le séjour, lisant le journal, assise à la table.  

 

- Tu es déjà là ? Je ne m’attendais pas à te voir de la journée vu que ma présence t’importune., fit-elle d’un ton acerbe.  

- Ce n’était qu’une petite pique, rien de bien méchant., se dédouana-t-il.  

- Et puis, tu m’as puni., ajouta-t-il, se frottant le crâne.  

- Je n’aurais pas dû., pipa-t-elle.  

 

Ryô l’observa un moment alors qu’elle gardait le regard baissé sur le journal, volontairement ou non, ça il ne savait pas. Que voulait-elle dire par « je n’aurais pas dû » ? Qu’elle regrettait de lui avoir fait mal ou qu’elle regrettait le geste en lui-même ? Il approcha un peu plus d’elle, cherchant à voir si elle était concentrée sur un article ou si sa présence lui faisait quelque chose. Visiblement, elle lisait vraiment ce qui était écrit mais il vit aussi la feuille qu’elle tenait légèrement trembler quand il s’arrêta derrière elle.  

 

- C’était pourtant mérité. Tu sais bien que j’ai menti là-bas., lui dit-il nonchalamment.  

- Je le sais ? Comment je suis sensée le savoir ? Pourquoi n’aurais-tu pas menti ici ?, lui retourna-t-elle calmement.  

- Parce que tu me connais mieux que ça…, lui dit-il avant de se pencher sur elle, l’encadrant de ses deux bras.  

 

Kaori se figea en sentant sa proximité, son torse derrière elle qui frôlait ses cheveux, ses bras qui touchaient légèrement les siens. Il augmenta son supplice en positionnant sa bouche non loin de son oreille.  

 

- Tu sais qu’il y a des choses que je ne peux pas dire., murmura-t-il.  

- Tu n’es pas non plus obligé de mentir., chuchota-t-elle.  

- Il y a des choses que je ne peux pas laisser croire., la contra-t-il toujours à voix basse.  

- Ce sont nos amis., objecta-t-elle.  

- Alors disons juste que c’est plus fort que moi., conclut-il.  

- Ryô…, souffla-t-elle.  

 

Elle se tourna vers lui et plongea dans ses prunelles grises. Elle sentait qu’elle perdait pied, que tout ce qu’elle avait voulu lui dire, que ce n’était pas normal de continuer à se cacher ainsi après autant d’années, auprès de personnes en qui ils avaient confiance, qu’elle en avait assez de ses montagnes russes sur lesquelles il la baladait. La tension entre eux monta instantanément et ils se rapprochèrent l’un de l’autre sans même s’en rendre compte. Ils s’observaient, sentaient le souffle de l’autre sur leurs lèvres, la chaleur qui émanait de son corps et attendaient le moment suivant, le cœur battant. Un geste de l’autre déterminerait ce qui adviendrait. Raison garder était bien difficile pour le moment pour chacun d’entre eux.  

 

Qui serait le premier à esquisser le geste qui le mènerait à l’autre ? Qui serait celui qui briserait peut-être le moment, par peur, par timidité, par colère ? La suite restait du domaine du mystère et aucun des deux ne savait ce qui allait se passer. Précipiter le moment était aussi tentant que le fait de patienter, de profiter de ce moment exaltant où l’inconnu de l’avenir perdurait encore. Ni l’un ni l’autre ne savait combien de temps cela durerait mais le temps semblait s’étirer un peu plus à chaque seconde qui passait.  

 

- Qu’est-ce que tu as là ?, fit soudain Kaori, le regard attiré par une trace de sang dans le cou de son partenaire.  

- Quoi ?, souffla Ryô, sortant difficilement de ce moment hors du temps.  

- Dans ton cou, tu as du sang. Tu t’es blessé ? Tu t’es battu ? Que s’est-il passé ?, s’inquiéta-t-elle.  

 

Avant même qu’il ait pu réagir, elle était debout et tenait sa tête penchée pour pouvoir voir ladite tâche. Il sentait ses doigts sur son cou, dans ses cheveux. C’était agréable mais en même temps terriblement frustrant parce qu’il allait devoir lui mentir à nouveau et se priver d’autres moments comme celui-là dans un avenir proche… il n’avait cependant pas le choix.  

 

- Ca… J’ai dragué une nana et elle m’a envoyé valser. J’ai dû me couper sur quelque chose., expliqua-t-il, tentant de se relever.  

 

C’était sans compter sur la force de Kaori qui l’empêcha de le faire et le maintint en position, cherchant la coupure pour voir s’il y avait un danger, si elle devait le soigner ou le recoudre. Elle fronça les sourcils et chercha un peu plus dans son cuir chevelu.  

 

- Il n’y a rien. Tu n’as pas été blessé…, fit-elle, s’écartant de lui.  

- Tant mieux. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter !, répondit-il, jovial.  

- Bon, qu’est-ce qu’on mange ?, lui demanda-t-il, cherchant à dévier la conversation.  

 

Il sentait l’orage gronder au loin et il pouvait arriver très vite s’il ne soufflait pas les vilains nuages au loin.  

 

Kaori le regarda s’éloigner d’elle et aller jusqu’à la fenêtre, sortant une cigarette de son étui. Il ne l’allumerait pas là, elle le savait. C’était une des choses qu’il faisait lorsqu’il voulait paraître nonchalant et, généralement, elle le sermonnait aussi vite… mais elle ne se laissa pas embarquer dans ce schéma habituel.  

 

- Où étais-tu ce matin ? Tu as été en danger ? Parle-moi, Ryô., l’implora-t-elle.  

- Arrête de te faire des idées. Il ne s’est rien passé. Je me suis juste fait jeter comme d’hab’ quoi., éluda-t-il.  

- Ryô…, l’appela-t-elle, nerveuse.  

 

Il la coupa d’un geste de la main avant de monter sur le toit et d’allumer sa cigarette. Il s’en voulait de ne pas avoir été plus vigilant, de ne pas avoir effacé toutes les traces de ce qui s’était passé le matin. Il n’aimait pas l’inquiéter et il ne voulait surtout pas lui donner la moindre occasion de douter de lui plus qu’elle ne le faisait déjà. Il sentait que la confiance entre eux était encore ébranlée malgré le retour des massues. Il termina sa cigarette et redescendit, impassible, aucune trace de ses pensées n’apparaissant sur ses traits. Il eut cependant la surprise de trouver sa partenaire au pied des escaliers, l’attendant visiblement.  

 

- Et ça ? Je me fais aussi des idées, Ryô ?, l’interrogea-t-elle, lui lançant sa veste bleue.  

 

Il vit les traces de sang sur le dos de sa veste, de sang et de poussières également.  

 

- La prochaine fois que tu veux me le cacher, lance au moins la machine. Pour le repas, regarde dans le frigo. Moi, je sors. J’ai besoin de prendre l’air., lui fit-elle savoir avant de s’en aller.  

- Bordel…, grogna-t-il.  

 

Il entendit la porte claquer et s’ébouriffa les cheveux rageusement. Pourquoi tout partait-il de travers ? Pourquoi rien ne pouvait bien se passer ?  

 

Soulagé, il entendit la porte de nouveau s’ouvrir mais il déchanta rapidement : ce n’était pas la bonne présence qu’il ressentait. Il se força à reprendre un masque impassible et descendit jusqu’au séjour où il retrouva son inspectrice préférée.  

 

- Saeko… Si tu es là, c’est que c’est important. Alors qu’as-tu trouvé ?, lui demanda-t-il sans détour.  

- En fait… Rien à part le corps du sans-abri., lui apprit-elle, venant se mettre à ses côtés et prenant le verre qu’il venait de se verser.  

- Tu veux dire que l’entrepôt était vide ?, explicita-t-il.  

- Non. Il était plein et tout a brûlé mais il n’y avait aucune marchandise illicite. Nous avons également pu fouiller le cargo et il était clean aussi., lui répondit-elle.  

- Tu plaisantes ?, répliqua Ryô, incrédule.  

- Non.  

- Et les autres bateaux ?, l’interrogea-t-il.  

- Ils sont clean aussi., lui assura-t-elle.  

 

Il serra les poings et observa la rue pensivement, sombrement. Il avait réussi à passer entre les mailles du filet. Il était encore libre et apte à faire souffrir du monde. Il pouvait encore s’en prendre à des jeunes femmes, à des personnes dépendantes des saloperies qu’il leur vendait, à Kaori… Ca n’arriverait pas.  

 

- Je ne lâcherai pas., gronda-t-il.  

- Il va tomber, Saeko. Je te le jure, il va tomber. 

 


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