Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 82 :: Chapitre 82

Publiée: 10-01-24 - Mise à jour: 10-01-24

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Attention, chapitre difficile à lire, je pense. Bonne lecture (quand même) et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 82  

 

- Il faut qu’on parle.  

 

Ce fut ainsi que Yoshi réamorça le dialogue entre eux deux jours plus tard. Si les paroles sérieuses la firent se tendre, ça la soulagea tout de même devoir qu’il était décidé à lui reparler.  

 

- Je t’écoute., lui dit-elle simplement, se montrant disponible pour lui.  

 

Les enfants étaient couchés pour la nuit, les parents de Yoshi avaient regagné leur partie du manoir après qu’ils aient dîné ensemble. Sans un mot, il l’emmena dans son bureau et lui fit signe de s’asseoir dans son siège, ce qui l’étonna mais elle ne dit rien et s’y assit alors qu’il se mettait de l’autre côté.  

 

- De quoi veux-tu parler, Yoshi ?, lui demanda-t-elle calmement.  

 

Du calme, c’était ce dont elle aurait besoin pendant cette conversation, elle le pressentait.  

 

- De la fin de ma vie., lui apprit-il, plongeant dans son regard.  

 

Il avait pris un air sombre, sérieux et attendait certainement une réaction de sa part. Kaori baissa les yeux un instant pour lui cacher sa douleur. Quand elle reprit le contrôle de son cœur qui s’était serré douloureusement, elle releva la tête et acquiesça.  

 

- Je n’en ai pas envie mais je ne dirai rien et je t’écoute., lui expliqua-t-elle posément.  

 

Il entrouvrit les lèvres comme surpris, fronça les sourcils puis prit un air fermé. Il s’était attendu à autre chose, des larmes, des supplications, des cris de colères tout pour le pousser mais non, elle l’écoutait avec calme.  

 

- Si tu commences à te faire des idées malsaines, je m’en vais. Je n’ai pas envie de t’entendre me dire que tu as décidé de ta mort, Yoshi. Ca me fait mal et je prends sur moi pour rester là et t’écouter., commença-t-elle.  

- Mais je t’ai promis ce jour-là, celui où j’ai quitté ma vie pour te suivre et vivre notre histoire, que je n’essaierai pas de te dissuader le moment venu. Quand tu as perdu l’usage de tes jambes, pour moi le moment n’était pas venu et, pour moi toujours, il ne le viendra jamais mais je sais que tu perds l’usage de tes mains, de tes bras et j’ai l’impression que tu commences à ressentir des séquelles au niveau mental, je me trompe ?, lui demanda-t-elle avec empathie.  

 

Il détourna les yeux, s’en voulant qu’elle n’est pas été dupe de l’aggravation de son état. En fait, il se rendait compte qu’il n’avait jamais su vraiment la protéger et ce qu’il allait faire serait peut-être ce qu’il aurait fait de mieux pour elle au final.  

 

- Non, tu as vu juste., admit-il à mi-voix.  

- L’infection a accéléré un processus déjà entamé.  

- Tu n’as pas à culpabiliser de ce qui arrive, Yoshi. Tu n’es pas coupable., lui affirma-t-elle.  

- Comme tu n’as jamais culpabilisé d’aimer deux hommes à la fois ?, lui retourna-t-il avant de s’en vouloir en voyant sa tristesse.  

- Excuse-moi. Je savais dès le départ que tu ne serais jamais uniquement à moi. Une partie de moi est frustrée et en colère pour cela, une autre en est soulagée parce que tu ne seras pas seule après., lui avoua-t-il.  

- Je ne peux pas m’empêcher de culpabiliser, Kaori. Parce que ma mort va te faire du mal ainsi qu’à mes parents, parce que je vais vous abandonner tous les trois, que les enfants n’auront plus leur père, parce que tu devras affronter tant de choses et que tu as dû en affronter déjà tant…, soupira-t-il.  

- Je m’en fous de tout ça parce que j’aurai eu du temps avec toi et que tu m’auras donné tout ce que tu pouvais, tout ce que tu auras jugé soutenable., lui opposa-t-elle.  

 

Il la contempla et sentit son cœur se gonfler. Comme il pouvait l’aimer, comme cette conversation serait difficile, se dit-il, mais il devait aller au bout par respect pour elle, pour sa force et le courage qu’elle avait de rester malgré tout ce qu’il s’était passé.  

 

- Le temps est arrivé, Kaori., lui apprit-il, la voyant écarquiller les yeux.  

- Je ne te parle pas de quelques jours, rassure-toi., voulut-il tout de suite la soulager.  

- Combien de temps alors ?, l’interrogea-t-elle, la voix tendue.  

- Dix semaines. Le temps de fêter les un an des enfants et de les voir marcher. J’espère encore avoir l’usage de mes bras d’ici là. Je voudrais pouvoir te tenir dans mes bras au moment où je m’endormirai pour toujours si tu veux bien., lui fit-il savoir.  

- Je serai là où tu voudras que je sois. Je te l’ai promis et je tiens mes promesses., lui assura-t-elle.  

- Kaori, ce que je vais te dire ce soir, je ne reviendrai pas dessus dans les dix semaines à venir. Ces dix semaines, je les veux sereines et uniquement centrées sur notre famille et nos amis. Les dispositions que j’ai prises, je les ai réfléchies et j’escompte que tu ne t’opposeras à rien et que tu sauras expliquer et faire accepter le moment venu certaines dispositions prises., lui annonça-t-il.  

 

Ne comprenant pas où il voulait en venir, elle fronça les sourcils mais ne dit rien comme elle lui avait promis.  

 

- Trois jours avant la date prévue, on prendra l’avion pour Melbourne. J’ai réservé pour mes parents et vous trois deux suites dans un hôtel proche de la clinique qui procédera au traitement., lui apprit-il.  

 

Elle grimaça au terme « traitement », le trouvant très inopportun pour parler d’un suicide assisté, mais ne le fit pas remarquer.  

 

- Le soir de mon décès, je serai incinéré selon le rituel japonais et mes cendres te seront remises. J’ai réservé l’hôtel pour deux semaines donc vous reviendrez quand vous le souhaiterez. Il y a dans le dossier face à toi toutes les réservations d’avion et d’hôtels nécessaires, les renseignements sur la concession au cimetière et l’avocat qui va gérer la succession. Les passeports des enfants seront prêts d’ici deux semaines et j’ai confié ton passeport à mon avocat pour qu’il gère les visas., lui apprit-il.  

 

Kaori essuya deux larmes qui lui échappèrent, incapable de dire quoi que ce soit. Ce n’était pas un projet annoncé à la légère. Le processus était en marche et elle ne pouvait plus l’arrêter.  

 

- Tu as déjà tout géré à ce que je vois., murmura-t-elle, feuilletant rapidement les premières pages avant de refermer la pochette.  

- J’ai eu deux jours pour le faire. Deux jours pour réfléchir au délai raisonnable, à ce que je voulais, ce que je pouvais te demander raisonnablement, savoir ce qui serait le mieux pour nous quatre., lui retourna-t-il posément.  

- Il y a autre chose dont il faut qu’on discute, Kaori., lui apprit-il.  

- De quoi ? Des fleurs ou des plaques ?, lui demanda-t-elle d’une voix dont elle n’arrivait plus à cacher la tristesse.  

- Non… d’argent, de mon héritage., lui dit-il.  

- Je ne veux rien, je te l’ai déjà dit et tu étais d’accord., lui rappela-t-elle, épuisée.  

- Je sais… mais je ne peux pas accéder à tous tes désirs., lui fit-il savoir.  

 

Elle le regarda, les sourcils froncés. Ce n’était pas un problème puisqu’elle ne voulait rien alors pourquoi dire cela ?  

 

- Je ne comprends pas., lui avoua-t-elle.  

- Je ne peux pas te laisser sans rien. J’ai besoin de te savoir à l’abri du besoin., lui apprit-il.  

- J’ai ouvert un compte pour les enfants pour leur créer une épargne personnelle raisonnable ainsi qu’une autre pour financer leurs études. Ils hériteront à leur majorité des actions de la société mais c’est toi qui devras les gérer jusque là., lui apprit-il.  

- Moi ? Mais je n’y connais rien. Je ne saurai même pas quoi faire !, s’écria-t-elle.  

- En fait, j’aurais dû être plus clair. Tu n’auras pas grand-chose à faire Tu devras aller au conseil d’administration et donner ton avis sur ce qui devra être décidé. J’ai engagé un cabinet de conseil pour te seconder, quelqu’un de confiance qui répondre à toutes tes questions. Tu n’auras pas à gérer la société., la rassura-t-il.  

- Je te laisse juger de l’endroit où tu… vous déciderez d’envoyer les enfants à l’école. Je pense que c’est une décision que tu prendras avec Ryô., musa-t-il sans l’ombre d’un doute.  

- Tu as ton mot à dire., lui opposa-t-elle.  

 

Il la regarda et, pour la première fois depuis deux jours, il lui sourit.  

 

- Non. Je te laisse gérer avec lui. Pour être honnête et même si c’est dur aussi à dire, j’espère que cette expérience lui aura fait comprendre le plus important et qu’il voudra tenter une vraie expérience de vie de couple avec toi. Peut-être même que vous aurez des enfants ensemble., suggéra-t-il.  

 

Abasourdie par la tournure de la conversation, Kaori posa les coudes sur le bureau et laissa sa tête reposer entre ses mains. Ce n’était vraiment pas le genre de discussion qu’elle avait escomptée avoir avec son mari. Elle ne voulait pas évoquer l’après, les souhaits éventuels qu’ils pouvaient avoir, elle-même étant dans le flou à ce sujet quand la culpabilité ne s’invitait pas dans ses pensées.  

 

- Tu n’y as pas songé ?, s’étonna-t-il, la voyant perdue.  

- Non… Je suis mariée avec toi. Je suis encore mariée avec toi., souffla-t-elle.  

- Je pensais… Ce n’est pas grave. Concernant vos éventuels enfants, ils bénéficieront des mêmes avantages que les nôtres., lui apprit-il.  

- Quoi ?! Mais…, s’exclama-t-elle, surprise.  

 

Ca devenait complètement surréaliste, se dit-elle. Elle devait rêver. Oui, c’était cela, elle rêvait.  

 

- Je sais que Ryô va traiter mes enfants comme les siens et je t’avoue que je considère vos enfants potentiels comme les miens aussi., lui dit-il.  

- Tout est prévu, Kaori, et je ne changerai plus rien, que ça vous plaise ou non. Je n’ai pas envie que nos enfants se regardent en se sentant inégaux. Ils auront les mêmes fonds et la même part dans la société. J’en ai déjà parlé avec mes parents, leur ai expliqué toute la situation et ils ont compris. Tu n’auras pas à t’inquiéter de cela., lui apprit-il.  

- Ils savent qu’après mon décès, tu retourneras vivre avec Ryô.  

- Tu me mets à la porte ?, le questionna-t-elle, blessée.  

- Non, bien sûr que non, Kaori. C’est toi qui décideras du moment où tu voudras le rejoindre et tu n’as pas à attendre le délai des sept semaines., ajouta-t-il.  

 

Soudain, sans qu’elle s’en rende compte, Kaori était debout, les poings serrés sur le bureau.  

 

- Je… je ne peux pas en entendre plus., lui dit-elle, bouleversée et aussi fâchée.  

 

Seulement, elle refusait de se mettre en colère maintenant, aussi décida-t-elle de s’isoler. Sans un mot de plus, elle sortit du bureau avant de sortir de la maison. Sans même se couvrir, elle partit faire le tour du jardin malgré le froid, profitant du ciel totalement dégagé pour observer les étoiles, immuables sur cette toile noire, ce qui finit par l’apaiser au bout d’un long moment.  

 

Cette soirée, c’était comme sentir les premiers vrombissements de la terre juste avant un séisme. C’était le moment où, petite, elle devait sortir son casque jaune et cherchait à gagner une abri anti-séisme ou alors se glisser sous son bureau ou tout meuble qui la protégerait. Cependant, le séisme aurait lieu et elle n’aurait pas de casque jaune à mettre ni aucune table ou meuble pour la protéger de ce qui allait arriver. Elle ne serait pas seule mais la peine serait là, pleine et entière. Alors, quand il lui disait tous ces mots qui visaient à amoindrir ce qui, à ses yeux, semblaient plus s’apparenter à des convenances qu’à un besoin, elle n’avait qu’une envie : hurler, lui dire qu’elle avait déjà mal de savoir qu’il allait partir, qu’elle ne le voulait pas même si Ryô était là parce qu’elle l’aimait sincèrement et que l’autoriser à abréger ces convenances, c’était comme nier les sentiments qu’elle éprouvait et qu’elle avait pensé partagés.  

 

Au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas l’objectif de son mari, qu’il voulait juste lui ôter la culpabilité, le questionnement du retour à la vie normale, du droit qu’elle aurait d’aimer à nouveau, du moment où ça pouvait arriver mais ça faisait mal quand même. Pour qui la prenait-il ? La femme qui irait sauter dans les bras de l’homme qui l’attendait dès qu’il aurait expiré son dernier souffle ? Elle aimait Ryô mais elle aurait besoin de temps pour envisager une nouvelle relation et elle savait qu’il le lui laisserait, qu’il ne la presserait pas. Il serait là pour la soutenir, aimer les enfants, les protéger. Certainement se posait-il les mêmes questions, pensa-t-elle.  

 

Le temps ferait son œuvre et les mènerait là où ils devaient aller.  

 

Commençant à frissonner, elle revint vers le manoir et s’aperçut en passant devant la fenêtre que Yoshi n’avait pas bougé du bureau. Visiblement, la conversation n’était pas finie et, si elle avait bien l’envie de faire semblant de ne pas savoir et d’aller se coucher, elle n’en fit rien et revint à lui après un détour par la cuisine, rapportant deux tasses de thé.  

 

- Merci d’être revenue., lui dit-il.  

- Pour être honnête, je n’en avais aucune envie. Je resterai et t’écouterai mais ne me dis pas comment je dois gérer mon deuil et ma vie après ta mort., lui fit-elle savoir, dardant un regard déterminé sur lui.  

- Je veux juste all…, commença-t-il.  

- Je n’ai pas besoin que tu allèges mes souffrances. Je t’aime, Yoshi. Je t’aime d’un amour sincère et profond malgré cette foutue situation dans laquelle nous nous trouvons où j’en aime aussi un autre. Je t’aime. Ryô m’a poussée en quelque sorte dans tes bras et en ce qui nous concernait, il n’y avait pas de temps à perdre, mais j’entends bien faire mon deuil comme il me conviendra parce que je t’aime et je sais que je vais avoir mal, que j’aurai à gérer les enfants et leur propre perte, que tes parents auront aussi besoin de soutien. Je ne vais pas simplement tourner la page et mener une joyeuse vie avec Ryô dans l’instant qui suit ton trépas., lui apprit-elle d’un ton légèrement mordant.  

- C’est bien que tu aies pris le temps d’expliquer la situation à tes parents mais ne me pousse pas dans ses bras à lui parce que je n’y serai pas prête tout comme il m’aurait fallu plus de temps pour nous construire lorsque je l’ai quitté. Je vous fais peut-être l’impression d’être un jouet que vous vous êtes prêtés mais je suis encore maîtresse de ma vie et de mon destin !, lui asséna-t-elle.  

 

Ils échangèrent un long regard lourd de sens, sachant qu’il suffisait que l’un d’eux se fâche pour que la conversation se termine et qui savait quel impact ça aurait sur les dix semaines à venir…  

 

- Je le sais… et je n’avais pas l’intention de te dicter ta manière d’agir. Ca me tue de vous laisser ainsi. Une partie de moi sait que partir ainsi est la meilleure chose à faire, une autre veut rester le plus longtemps possible., soupira-t-il, tapotant du doigt de manière irrégulière sur l’accoudoir, son appendice glissant par moment loin de là où il voulait certainement le poser.  

- Je voudrais t’avoir le plus longtemps possible mais c’est ton choix et je t’ai promis de le respecter. Je n’ai pas peur de m’occuper de toi si ton handicap s’aggravait et que tu voulais continuer. Je ne te verrais pas différemment. Tu resterais mon mari et le père de mes enfants., lui assura-t-elle.  

 

Il la contempla pensivement, se demandant si ça pouvait être vrai, s’il pouvait rester le même à ses yeux et non devenir un poids, un autre être qui dépendrait d’elle… sauf que les jumeaux grandiraient et deviendraient indépendants. Non, il ne voulait pas. Il voulait mourir dignement en se sentant encore homme en possession de son esprit à défaut de son corps et il voulait le voir aussi dans ses yeux à elle.  

 

- Je t’entends, Kaori, et ne crois pas que je n’y ai pas réfléchi ces deux derniers jours., lui opposa-t-il.  

- C’est de m’avoir vue discuter avec Ryô ?, l’interrogea-t-elle, le cœur serré.  

- Non… et oui. Comment te dire ? Tu as vu ce qu’il s’est passé avec les enfants. Je ne peux plus rien faire avec eux sans risquer de les blesser comme je l’ai fait avec toi. Je ne peux plus te toucher sans craindre de te faire mal. C’était déjà dur de ne pouvoir le faire complètement alors maintenant, ça devient un enfer., lui avoua-t-il.  

- J’ai compris., soupira-t-elle.  

- Bon, revenons-en aux dispositions que j’ai prises. Tu auras donc la gestion des actions des enfants et a siégé au conseil d’administration de la société. Tu percevras des indemnités pour cela… comme tous les membres donc ne me tombe pas dessus., lui apprit-il avant de prendre une petite inspiration nerveuse.  

- J’ai aussi pris la décision de te verser une certaine somme mensuellement pour m’assurer que vous ne manquez de rien., lui fit-il savoir.  

- Je t’avais dit que je ne voulais rien et tu es en train de contrevenir à tout ce que tu m’avais promis., lui reprocha-t-elle.  

- Je sais… Tu feras ce que tu veux de cet argent, Kaori. Prends ce dont tu as besoin et le reste… Je ne me fais pas d’illusion., ricana-t-il.  

 

Elle lui adressa un regard noir mais se radoucit face à la flamme chaude qui y brillait.  

 

- D’accord. Y a-t-il autre chose dont tu veux qu’on parle ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il l’observa, son regard se troublant de nouveau, et il poussa un long soupir.  

 

- Je voudrais laisser une lettre pour les enfants, une lettre que tu leur liras quand tu le jugeras nécessaire. Je pourrais peut-être l’écrire moi-même mais je ne veux pas qu’elle soit raturée., lui expliqua-t-il.  

- Donc… tu veux que je l’écrive, c’est cela ?, murmura-t-elle, la gorge nouée.  

- Si tu veux bien. J’aurais pu demander à mon avocat ou un inconnu mais je préfère que ce soit toi., lui dit-il.  

- Je… je t’écoute. Donne-moi juste le temps de prendre une feuille et un stylo.  

 

Elle n’eut pas à chercher bien loin, les trouvant juste en dessous de la pochette qui contenait les réservations.  

 

- Tu avais tout prévu…, constata-t-elle, retenant difficilement ses larmes.  

- Oui. J’ai eu le temps., admit-il.  

- Donne-moi deux minutes., lui demanda-t-elle, se levant pour prendre un mouchoir et tamponner ses yeux.  

- Ce serait idiot de devoir recommencer., lança-t-elle, tentant bravement de faire preuve de légèreté.  

- Kaori… Je suis désolé de t’imposer tout cela., s’excusa-t-il, navrée.  

 

Elle l’observa et esquissa un sourire qui n’était pas forcé même s’il était humide.  

 

- Pour le meilleur et pour le pire, Yoshi. Vas-y quand tu veux. Je suis prête., lui affirma-t-elle.  

- D’accord. Alors, commençons par le plus facile : mes enfants adorés…, entama-t-il sa lettre.  

 

Il observa Kaori écrire, la manière dont elle faisait glisser le stylo sur la feuille, s’imagina un instant que c’était lui qui écrivait. Il ferma les yeux pour ne pas se laisser aller à l’émotion qui montait et allait l’étreindre.  

 

- J’aurais aimé vous voir grandir, pouvoir vous accompagner toute votre vie, continua-t-il, voyant des images flasher de ses enfants grandissant, de ce qu’il allait manquer, des choses qui lui auraient plu de vivre avec eux, de ce qui leur souhaitait.  

- Amener ma petite fille à l’autel le jour de son mariage, voir mon fils trouver une femme aussi bien que sa mère, vous savoir tous les deux heureux. Je ne le peux pas…, continua-t-il, s’arrêtant un instant pour déglutir et pouvoir continuer.  

 

Il sentait les larmes rouler le long de ses joues mais ne fit rien pour les chasser. Il pensa aux derniers jours, aux derniers mois, à ce jour-là où il avait confié ses intentions à celui qui était pourtant son rival mais aussi son meilleur allié pour le futur. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il soit également avant son décès.  

 

- Mais je pars serein en vous sachant tous deux en sécurité et bien entourés. Vous serez aimés et choyés et j’en suis heureux., reprit-il, sachant sur quoi embrayer, serein sur ce qu’il voulait leur dire.  

- Et si un jour, vous voulez appeler un autre homme papa…, continua-t-il avant de s’arrêter en entendant un léger bruit de chute.  

 

Il rouvrit les yeux et vit Kaori comme statufiée, les larmes aux yeux, le stylo gisant sur le bureau après avoir glissé de ses doigts.  

 

- Tu ne peux pas penser à ça…, murmura-t-elle, la voix étranglée.  

- Si, je le peux et je leur souhaite si il est d’accord avec ça, ce qui je pense sera le cas. Il les aime comme ses propres enfants, je l’ai bien vu… et ça me fait du bien de le savoir. Alors si ça doit arriver, je ne veux pas qu’ils culpabilisent. Je veux qu’ils sachent que c’était tout ce que je leur souhaitais, que j’étais d’accord pour que ça arrive., lui expliqua-t-il.  

 

Elle le contempla, attrapa un autre mouchoir et s’essuya les yeux avant de se moucher. Il lui fallut quelques minutes pour maîtriser les tremblements de sa main et reprendre le dessus.  

 

- Tu peux continuer. On en était à «  Et si un jour, vous voulez appeler un autre homme papa », lui rappela-t-elle.  

- D’accord. Alors la suite…, fit-il prenant une profonde inspiration.  

- parce qu’il saura vous aimer comme je l’aurais fait, faites-le avec le cœur léger et l’esprit serein. Vous avez le droit d’aimer qui vous le souhaitez, comme vous le souhaitez. Seul votre bonheur et celui de votre mère comptent., lui dicta-t-il lentement, lui laissant le temps d’écrire alors qu’elle tamponnait ses yeux régulièrement.  

 

Il avait vu qu’elle avait recouvert la feuille de mouchoirs secs pour éviter de la mouiller et les déplacer ou changer régulièrement.  

 

Il avait mal de la douleur qu’il lui infligeait mais c’était un mal nécessaire pour leur futur. Il s’était promis que la lettre ne serait pas trop longue, à la fois à écrire et à lire. Il voulait faire passer un message, pas tomber dans le mélodrame.  

 

- Soyez sages avec votre maman, faites ce qu’elle vous dit et écoutez bien ses conseils, ils sont sages et justes… même si c’est parfois rageant., poursuivit-il.  

- Ecris aussi entre parenthèses : rires., lui indiqua-t-il avec un petit sourire.  

- Rageant, Yoshi ?, l’interrogea-t-elle, trouvant enfin un court moment de légèreté dans toute cette soirée.  

- Je n’avais pas l’habitude qu’on me tienne tête et personne n’avait jamais réussi à me faire changer d’optique. Ton arrivée… ça a été une bouffée d’air frais dans ma vie. Tu m’as redonné du courage et l’envie de vivre., lui affirma-t-il.  

- Sans toi, je serais déjà parti. On continue ? Je commence à fatiguer., lui fit-il savoir.  

- Vas-y., acquiesça-t-elle avec compréhension.  

- Surtout n’ayez pas peur de vivre votre vie même si vous avez l’impression de ne pas faire ce qu’on attend de vous. Parlez-en. Votre destin n’est pas tracé. Votre seul devoir est d’être heureux, juste heureux. C’est tout ce que j’attends de vous et votre mère sera certainement d’accord avec moi., enchaîna-t-il, attendant qu’elle finisse de noter pour voir si elle le regarderait et confirmerait sa vision des choses.  

 

Il vit le stylo s’immobiliser avant d’avancer et tracer un point et enfin Kaori releva les yeux vers lui, hochant légèrement la tête.  

 

- Je suis d’accord avec toi. Parfaitement d’accord., acquiesça-t-elle.  

- Il ne reste plus que quelques lignes., l’informa-t-il, passant une main fébrile sur le visage.  

- Je vous aime, mes amours. Je vous aime de tout mon cœur et je veillerai toujours sur vous de là où je suis. Il vous suffira d’écouter votre cœur pour savoir que je suis là, à vos côtés. Pour toujours. Papa. C’est… c’est tout., conclut-il, poussant un long soupir fatigué.  

 

Pendant quelques instants, le silence régna dans la pièce. Kaori prit le temps de relire la lettre avant de la lui tendre ainsi que le stylo.  

 

- Je n’ai pas écrit Papa. C’est à toi de le faire., murmura-t-elle.  

- C’est une lettre magnifique, Yoshi., lui fit-elle savoir.  

- Elle aurait peut-être dû être plus longue ?, tenta-t-il pour recueillir son jugement.  

- Non. Elle est parfaite. Je serai là pour la lire avec eux chaque fois qu’ils le voudront., lui promit-elle.  

 

Rassuré, il prit le stylo et signa Papa de sa plus belle écriture avant de le reposer et de soulever la lettre. Il la parcourut du regard et, d’un coup, le barrage céda et il se mit à pleurer. Kaori vint s’asseoir sur ses genoux et l’enlaça, sentant ses bras l’étreindre maladroitement. Aucun des deux ne regarda le temps qui passa. Ils restèrent ainsi le temps dont ils avaient besoin avant de se séparer pour la nuit, Yoshi refusant de la laisser rester avec lui pour ne pas la blesser bien qu’elle insista à plusieurs reprises. La nuit fut dure pour tous les deux mais le lendemain, ils s’accordèrent pour ne penser à rien d’autre qu’à profiter du temps qu’il leur restait. 

 


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