Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 58 :: Chapitre 58

Publiée: 07-08-23 - Mise à jour: 07-08-23

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Nous avions laissé un couple entre les mains du personnel médical et un nettoyeur qui s'était fort pour eux deux. Comment va tourner la situation? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 58  

 

Se garant sur le parking de l’hôpital, Ryô prit deux minutes pour respirer et reprendre le contrôle de ses émotions. Il n’était parti que quelques heures pour aller à la pêche aux informations mais ça lui avait semblé une éternité. Il avait eu bien du mal à quitter le chevet de Kaori le matin même et ce n’était pas pour sa sécurité qu’il avait craint. Il savait que Miki était parfaitement capable de veiller sur elle. C’était pour sa santé. Cela faisait trois jours maintenant qu’elle était allongée sur ce lit inconsciente. Les médecins se montraient confiants mais il savait que tout pouvait basculer en un claquement de doigts que ce soit pour elle ou les enfants.  

 

Il ne voulait pas les perdre. Il ne pouvait pas. Pour la première fois de sa vie, il ne savait pas comment il ferait s’il devait se retrouver seul. Avant, il savait que ce serait difficile mais il aurait trouvé la force de continuer la route pour elle. Aujourd’hui, à l’idée de la perdre, de perdre les enfants qu’il considérait comme les siens et l’avenir qui se dessinait à ses yeux de manière beaucoup plus belle qu’avant, il ne savait pas s’il en aurait le courage.  

 

Quelque chose en lui se rebella, peut-être la petite part d’elle qui s’était incrustée dans sa façon de penser, et il l’entendit lui dire qu’il n’avait pas le droit de penser ainsi, que tout irait bien, qu’il devait juste y croire. Foutu espoir qui était le sien, pensa-t-il avant de sourire légèrement, se sentant un peu mieux et de sortir de la voiture. Il devait continuer à y croire, se reprit-il.  

 

Il ne se dirigea pas directement vers la chambre de Kaori mais vers celle de son mari. Comme elle, il ne s’était pas encore réveillé et il se demandait s’il le ferait. Lorsqu’il pénétra dans la chambre après avoir frappé, il ne vit pas ses parents mais Tami qui était assise à côté du lit et tenait la main de son ami.  

 

- Salut. Comment va-t-il ?, l’interrogea-t-il à mi-voix.  

- Il a ouvert les yeux quelques instants il y a deux heures. Les médecins pensent que c’est bon signe., lui apprit-elle, un léger sourire empli d’espoir aux lèvres.  

- Tant mieux. Fais-lui bien savoir que j’irai le chercher là où il sera pour ramener ses fesses ici s’il déconne., lâcha-t-il sérieusement.  

 

La jeune femme laissa échapper un léger rire et il lui sourit en retour, posant une main sur son épaule. Ils s’étaient rencontrés quelques fois depuis le mariage et s’appréciaient en toute amitié.  

 

- Je l’ai déjà menacé d’embrasser à nouveau sa femme., fit-elle, le regard pétillant.  

- Sois encore plus offensive… à moins qu’il n’aime mater deux femmes ensemble…, plaisanta le nettoyeur.  

- Pourquoi ? C’est ton cas ?, lui retourna-t-elle, un sourcil levé.  

- Non. Moi, je peux m’occuper de deux femmes en même temps., lui fit-il savoir d’une voix coquine.  

- Yoshi est trop exclusif pour cela. Il l’est certainement encore plus depuis qu’il a rencontré l’amour de sa vie., fit-elle, son regard s’assombrissant.  

- Ils auront encore du temps ensemble. Il verra ses enfants naître. Il les aime trop tous les trois pour baisser les bras., lui assura-t-il.  

- T’as entendu, j’espère. Tu n’as pas le droit de t’en aller maintenant., ordonna-t-il au patient.  

- Je lui dirai… et lui redirai encore. Avertis-moi s’il y a du changement pour Kaori., lui demanda-t-elle, inquiète.  

- Je le ferai. De même pour toi., lui retourna-t-il avant de la laisser.  

 

Il referma doucement la porte derrière lui et se dirigea vers la chambre de sa partenaire. Lorsqu’il y pénétra silencieusement, Miki suspendit son geste, l’air légèrement coupable en même temps qu’amusé. Il avança et ne put s’empêcher de sourire en voyant le vernis à ongles qui était venu colorer les pieds de Kaori.  

 

- Elle va te détester., pipa-t-il, voyant le florilège de couleurs.  

- Je l’ai prévenue. Si elle ne voulait pas, elle n’avait qu’à le dire. Remarque, tu crois qu’elle voit encore ses pieds ?, l’interrogea-t-elle d’un air léger.  

 

Il sut à son regard qu’il n’en était rien. Elle était aussi inquiète que lui mais, comme lui, faisait en sorte que ça ne se voit pas.  

 

- Oui, elle les voit encore… au moins les ongles., lui apprit-il, moqueur.  

- Elle n’a pas bougé d’un pouce., soupira-t-elle, jetant un œil vers l’endormie.  

- Les médecins sont passés : rien de neuf. Les bébés vont toujours bien et son état est stable mais elle est toujours inconsciente et ils ne savent dire quand elle se réveillera., lui apprit-elle.  

- Tu sais bien que…, tenta-t-il d’apaiser ses craintes  

- Je sais. C’est juste que c’est long et frustrant d’attendre., admit-elle.  

- Je me doute. Tu devrais rentrer et t’occuper du café. Ca te changera les idées., lui conseilla Ryô.  

- Oui. Tu as appris quelque chose ?, fit-elle, curieuse.  

- Non… et oui., pipa-t-il.  

 

Il sentit le regard interrogateur de Miki posé sur lui et récapitula mentalement ce qu’il avait appris et ce qu’il pouvait en conclure.  

 

- Je ne comprends pas. Tu as appris quelque chose ?, insista-t-elle.  

- Non. Je n’ai eu aucune information à part l’effet que la nouvelle a eu dans la rue., répondit-il.  

- Alors pourquoi dis-tu que oui ?, lui demanda-t-elle, fronçant les sourcils.  

- Parce que ça veut dire que personne du milieu n’est visiblement lié à cette affaire et que le vilain pas beau…, fit-il, mimant des guillemets.  

- Agit probablement seul ou alors dans un groupe très limité mais de personnes normales. Ce qui limite le champ des possibles., expliqua-t-il, posant un regard sombre sur la femme qu’il aimait.  

- Tu penches pour quelqu’un de la famille de Yoshihide ou des amis ?, suggéra-t-elle.  

- Tu sais ce qu’on dit : quand il y a de l’argent en jeu, le coupable est souvent très proche. Kaori est venue fausser la donne, encore plus avec sa grossesse. Il aura des héritiers maintenant., fit-il.  

- Alors qu’avant, c’était ses parents qui auraient probablement hérité et par la suite…, conclut Miki.  

 

Elle n’eut pas besoin de finir sa phrase pour qu’ils se comprennent. Avec les dernières informations qu’il avait eues, le meurtrier était parmi les héritiers potentiels de Yoshihide avant son mariage. Il ne restait plus qu’à trouver lequel. Pour cela, il devait attendre d’autres informations qui viendraient de Saeko.  

 

- Il ne reste plus qu’à débusquer le rat., fit-elle avec un regard dur.  

- Tout à fait. On va s’en occuper., lui affirma-t-il.  

- Je n’en ai aucun doute. Je te laisse avec elle. Essaie de dormir., lui conseilla-t-elle amicalement.  

- Je dors…, lui opposa-t-il, ne voulant pas l’inquiéter plus.  

- A d’autres. Tu dois te reposer, Ryô. Je t’ai laissé de quoi manger ce soir., lui fit-elle savoir.  

- Tu es un amour., apprécia-t-il, lui adressant un signe de tête reconnaissant.  

 

Une fois seul, il prit la chaise qu’avait occupée Miki, la rapprochant de la tête de lit. Il observa un temps les ongles de pieds colorés avant de rire légèrement et les couvrir pour ne pas qu’elle prenne froid.  

 

- Elle ne t’a pas loupé. Elle veut vraiment que tu te réveilles. Tu ne devrais pas tarder car je ne sais pas ce qu’elle est capable d’inventer pour la suite. Tant qu’elle ne te rase pas la tête…, murmura-t-il, passant les doigts dans ses cheveux.  

- Tu vas dormir encore longtemps ? Je sais que ce n’est pas une chute anodine mais quand même, ça ne te ressemble pas de rester inactive aussi longtemps., ajouta-t-il.  

 

Il avait vu deux jours auparavant les marques sur son corps. Il n’avait entendu que sa tête heurter l’escalier et vu son ventre après mais pas le reste. Les hématomes sur son côté ne mentaient cependant pas.  

 

- Tu t’en sors pas si mal pour en finir, Kaori. Pas de membre cassé, pas de côte fêlée et les enfants n’ont rien. Tu ne vas pas me dire que c’est un petit bobo à la tête qui t’empêche de te réveiller., fit-il, la taquinant.  

 

Il l’observa, attendant une réponse qui ne vint pas. Il s’arma alors de patience pour les heures qui s’annonçaient. Il détestait attendre. Il ne bougerait cependant pas de là jusqu’au lendemain lorsqu’il partirait pour aller observer un peu ses ennemis potentiels… si rien ne se passait entre temps qui mette en danger leurs vies…  

 

Comme si de rien n’était, il se mit à réfléchir à la voix haute sur les impressions qu’il avait eues des membres de la famille Nishihara. Il expliqua à Kaori pourquoi il écartait d’emblée les parents, pas parce qu’ils étaient ses parents mais parce qu’il y avait tant de choses qui allaient à l’encontre des desseins affichées par la personne qui leur en voulait. Elle lui aurait certainement dit qu’elle ne les avait même pas sur sa liste des suspects.  

 

Il continua sur les autres membres de la famille, ceux qu’il avait rencontrés le dimanche précédent et l’effet qu’ils lui avaient fait. Pas toujours très bon mais pour des raisons différentes : manque de tact, manque d’empathie, volonté de se mettre en avant et ce qui l’avait plus agacé, la volonté de nier le bonheur du couple récent. Il pouvait comprendre la surprise qu’avait provoqué ce mariage. Il pouvait entendre la méfiance à l’égard de Kaori mais il aurait préféré la franchise et surtout il aurait aimé qu’ils lui donnent une chance.  

 

Si ça n’aurait pas été susceptible de jeter plus d’huile sur ce feu couvant, il leur aurait même parlé de la personne magnifique qui venait d’entrer dans leur giron familial, de la femme aimante et empathique et de la mère formidable qu’elle ferait. Il leur aurait conseillé de lui ouvrir grand les bras et leurs cœurs comme il aurait dû le faire depuis si longtemps.  

 

Pensif, il revint s’asseoir près d’elle et attrapa sa main, la caressant doucement du pouce. Elle dormait et Yoshihide n’était pas là. Il pouvait se permettre ce geste amical… voire un peu plus, qui n’ébranlerait pas l’équilibre bancal qui s’était installé depuis le jour où il lui avait conseillée de ne pas regretter, la poussant à épouser l’homme dont elle était tombée amoureuse et qui l’aimait et était capable de le lui montrer. Lui ne le pouvait toujours pas. Il avait été trop loin avec elle. Il n’avait déjà pas été à la hauteur avant mais cette affaire lui avait fait toucher le fond de leur relation même si elle lui avait apporté la plus belle relation éphémère qu’il ait jamais eue.  

 

- Je n’aurais jamais dû te laisser penser que tu n’étais qu’une de mes conquêtes supplémentaire. Quand on a… Je n’ai pas couché avec toi, Kaori. Même si j’étais en colère, je n’ai pas couché avec toi. Mais je n’aurais pas dû laisser ça arriver. Tu méritais mieux et… c’était de ma faute. Je ne pouvais pas me dire que ce qui s’était passé pouvait être le début de quelque chose., lui confia-t-il à voix basse.  

- J’aurais dû parce qu’au contraire, ça a été la fin. Sans ça, tu m’aurais peut-être pardonné de t’avoir menti une fois de plus. Tu m’en aurais voulu mais ce serait passé.  

 

Il l’observa un moment en silence, réfléchissant, s’apaisant aussi alors que les mots sortaient enfin. Elle ne l’entendait peut-être pas mais il osait enfin s’exprimer.  

 

- Vouloir mettre de la distance entre nous était certainement une bonne idée mais je dois t’avouer que te savoir et maintenant te voir avec lui, ça… ça fait réfléchir, ça fait mal parfois…, fit-il, se mettant à rire cyniquement.  

- Ok, toujours., admit-il.  

- Mais c’est ta place pour le moment et je le respecterai. J’espère que, plus tard, lorsque tu auras eu le temps de faire ton deuil, tu trouveras une place pour moi. Je ne veux plus n’être qu’un ami pour toi, ni l’homme dont tu t’es languie. Je veux être ton… je ne pourrai pas être ton mari mais ton compagnon pour le restant de nos jours., lui confia-t-il.  

- J’espère que tu voudras le même que moi… mais on a le temps, le temps que tu vives ta vie avec lui et vos enfants et le temps d’attendre pour nous après. Pas de regrets, Kaori. Je reste là., lui promit-il, portant sa main à ses lèvres et la baisant avant de la reposer.  

 

Le silence les enveloppa et la nuit tomba lentement. Sans s’en rendre compte, Ryô sombra dans un sommeil léger. Après les trois dernières nuits sans fermer l’oeil, il en avait besoin mais il n’était pas assez fatigué pour ne pas se réveiller si un danger survenait. Aussi profita-t-il de ce moment de manière assez sereine, sa seule inquiétude restant la santé de sa rouquine.  

 

En plein milieu de la nuit, il se réveilla, les doigts qu’il avait gardés dans les siens bougeant. Il ouvrit les yeux et les releva vers le visage de Kaori qui se tourna vers lui légèrement. Ravi et surtout soulagé, il se leva et alla s’asseoir à ses côtés sur le matelas. Il ne la pressa pas et lui laissa le temps d’émerger. Elle mit quelques minutes à ouvrir les yeux à son tour et, quelques secondes supplémentaires, avant de les poser sur lui.  

 

- Ryô…, murmura-t-elle.  

- Tu ne rêves pas : je te rends une visite nocturne., plaisanta-t-il.  

 

Elle esquissa un sourire fatigué et posa la main sur son ventre.  

 

- Je suis tombée dans les escaliers…, chuchota-t-elle.  

- Les bébés ?, s’inquiéta-t-elle.  

 

Si sa voix ne trahissait pas son inquiétude, les machines le firent et il posa la main sur la sienne, essayant de la calmer.  

 

- Ils vont bien. Ils sont surveillés en permanence., la rassura-t-il.  

- C’est toi qui as subi le plus gros du choc., lui expliqua-t-il.  

- En dévalant tous les escaliers ? Je n’arrive pas à y croire., lui dit-elle, caressant son ventre.  

- Je t’ai rattrapée au tiers. Tu aurais dû m’attendre, Kaori., la sermonna-t-il doucement.  

- On m’a poussée. Je sentais les enfants bouger, j’étais en haut des escaliers et…, se défendit-elle, un bâillement la prenant.  

- On m’a poussée., finit-elle.  

- Je sais. A la façon dont tu es tombée, je m’en étais douté.  

- Yoshi ?, s’inquiéta-t-elle de nouveau, tentant de se redresser.  

 

Il la repoussa en arrière, l’obligeant à se rallonger. Il ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle de l’hospitalisation de son mari mais il se lança.  

 

- Il dort., commença-t-il.  

- C’est bien. J’avais peur qu’il réagisse mal., soupira-t-elle, ses yeux se refermant.  

- Dors. On en reparlera demain., chuchota-t-il.  

 

C’était peut-être mieux ainsi, lui permettre de dormir et récupérer encore un peu avant de devoir lui apprendre que son mari était quelques chambres non loin d’elle. Ce n’était pas le genre de nouvelle qui la laisserait sans réaction. Il l’observa dormir paisiblement pendant quelques minutes avant de sortir de la chambre. Il ne s’inquiétait pas : toute personne qui voudrait l’atteindre devrait passer sur son chemin et, la nuit, ce service était désert à part le personnel qui vaquait à ses occupations et dont il avait déjà vérifié les détails.  

 

Il entra dans la chambre de Yoshihide et approcha du lit. C’était un fait nouveau pour lui de s’aventurer dans la chambre d’un homme mais il avait la meilleure raison pour le faire : le sourire d’une femme.  

 

- Ecoute-moi bien, Yoshihide Nishihara, ta femme s’est réveillée et tes enfants vont bien. Pour le moment, je n’ai pas eu à l’inquiéter alors tâche que, demain matin, je n’ai à lui dire ni que tu es encore dans les vaps ni que tes jours sont encore plus comptés qu’elle ne le pensait., lui ordonna-t-il avant de s’en aller.  

 

Il retourna dans la chambre de Kaori et, malgré l’heure, prévint tout le monde qu’elle s’était réveillée. Ils avaient le droit de souffler un peu.  

 

Lorsque le matin arriva, Kaori se réveilla de nouveau et, encore un peu déphasée, observa les lieux jusqu’à voir Ryô, adossé près de la fenêtre, le regard perdu dans le vide. Sa présence la rassura et elle se souvint qu’il avait aussi été là cette nuit, elle ne l’avait pas rêvé.  

 

- Il n’y a pas de jolie infirmière en vue ?, l’interrogea-t-elle.  

- Aucune…, soupira-t-il, faussement déçu.  

- De toute façon, je suis coincé ici avec une femme enceinte., ajouta-t-il, approchant d’elle, le regard pétillant.  

- La tuile…, pipa-t-elle avec un léger sourire.  

- Tu es resté toute la nuit ?, lui demanda-t-elle, ses joues se colorant légèrement, ce qui lui fit plaisir.  

 

Il préférait ça que le teint cachet d’aspirine et, allant à l’encontre de ses habitudes, ne lui mentit pas.  

 

- Toutes les nuits depuis que tu es ici., lui avoua-t-il.  

- Je me suis absenté la journée pour chasser le méchant mais la nuit, c’était moi ton garde du corps.  

- Merci, Ryô. Merci de m’avoir empêchée de dévaler les escaliers et de m’avoir protégée, de nous avoir protégés., lui dit-elle, posant une main sur la sienne.  

- C’est mon boulot… et même plus que ça., lui répondit-il, baissant la voix.  

- Tu n’as pas d’obligation envers moi, tu sais., lui retourna-t-elle, gênée.  

- Je ne parlais pas d’obligation, Kaori. Juste du besoin de te savoir bien, heureuse même., admit-il.  

 

Visiblement, la confession la surprit et elle le regarda, les yeux légèrement écarquillés, avant de les baisser.  

 

- Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Tu sais bien que je ne ferai rien à l’encontre des vœux que j’ai prononcés lors de mon mariage., souffla-t-elle, le cœur serré.  

 

Elle avait attendu une telle franchise pendant des années et ce n’était que depuis que leurs chemins s’étaient séparés et qu’elle était liée à un autre qu’il accédait à son souhait. C’était beau mais dur aussi.  

 

- Je ne te le demande pas. Tu as le droit de savoir, tu as toujours eu le droit de savoir mais je ne pouvais pas avant., lui avoua-t-il.  

- J’aime Yoshi, Ryô. Je t’aime aussi mais c’est avec lui que je suis mariée et je l’aime sincèrement. Je ne trompe pas l’ennui avec lui., lui affirma-t-elle, chamboulée.  

- Je sais. Oublions tout ça, Kaori., suggéra-t-il, voyant son émotion.  

 

Ca n’avait peut-être pas été le moment le plus judicieux pour lui parler de tout ça, surtout qu’il avait autre chose à lui annoncer.  

 

- Kaori, il faut que je te dise quelque chose… commença-t-il, interrompu par quelqu’un qui frappait à la porte.  

 

Lui faisant signe d’attendre, il alla ouvrir prudemment avant d’écarter plus la porte, laissant entrer Yoshihide en fauteuil roulant poussé par une infirmière.  

 

- Monsieur menaçait de se lever de son lit sans aide si on ne l’emmenait pas voir sa femme., leur fit savoir cette dernière, l’amenant proche de Kaori.  

- Tu… Tu es hospitalisé ? Que s’est-il passé ?, s’inquiéta-t-elle tout de suite.  

- Une nouvelle crise mais ça va mieux maintenant. Ils font de l’excès de zèle avec ce fauteuil., la rassura-t-il, prenant sa main.  

- Comment tu vas ?, l’interrogea-t-il.  

 

Se sentant de trop, Ryô préféra sortir de la chambre et les laisser seuls, un peu frustré d’être relégué au second plan mais c’était ainsi que ça devait se passer. Mick ne devant pas arriver avant la fin de matinée, il se prépara à une longue attente avant de pouvoir quitter son poste de guet. Il regarda le personnel médical faire des allers-retours dans la chambre avant de voir Yoshihide ressortir, visiblement frustré également.  

 

- Je dois regagner ma chambre pour être transféré dans un autre service. Vous nous mettez dans la même chambre même si c’est en maternité !, redit-il à l’infirmière avec un regard noir qui fit sourire le nettoyeur.  

 

Il retrouvait l’homme déterminé et était content de le voir se battre pour passer du temps avec elle. Il n’avait pas aimé le voir baisser les bras et culpabiliser pour ce qui s’était passé. Le vrai coupable serait arrêté. Ce n’était qu’une question de temps. Peu après, Kaori fut emmenée dans un autre service dans une grande chambre et, un quart d’heure après, ce fut Yoshihide qui arriva.  

 

- Nous allons faire une échographie dans la demi-heure qui vient., les prévint l’infirmier avant de sortir.  

- Je serai juste à l’extérieur de la chambre jusqu’à l’arrivée de Mick. Je reviendrai ce soir., leur fit savoir Ryô, se dirigeant vers la sortie.  

- Ryô, ne reste pas à l’extérieur, s’il te plaît. Je serai plus rassuré si tu pouvais rester ici quand il y a du monde dans la chambre., lui demanda Yoshihide d’un air très sérieux.  

- L’échographie, c’est un moment qui vous appartient à tous les deux et on a déjà fait le tour du passé du personnel des services susceptibles de vous accueillir., lui opposa le nettoyeur, impassible.  

 

Il vit le mari de sa partenaire réfléchir un instant, lui jetant un rapide coup d’oeil avant de revenir sur lui.  

 

- Je voudrais que tu sois là. Moi, je n’ai pas ton assurance. J’ai besoin de savoir qu’elle est en sécurité pour pouvoir profiter de ce moment., objecta Yoshihide, le regardant droit dans les yeux.  

 

Ryô se retint de gigoter comme un asticot sous ce regard : il avait comme l’impression qu’il y avait beaucoup plus que cela derrière cette demande et, à en juger, le regard de Kaori, il ne devait pas être le seul.  

 

- Très bien. Je vais prévenir tout le monde de votre transfert et je reviens., lui concéda-t-il.  

 

Passer quelques coups de téléphone ne lui prit que quelques minutes mais il resta un moment seul à la porte de la chambre, histoire de souffler un peu et évacuer la tension qu’il n’avait pas senti arriver et qui envahissait son cœur autant que son corps. Il se souvint de ce jour trois mois en arrière, deux mois peut-être, où il avait entendu à travers la porte les battements de cœur des bébés. Ca l’avait remué comme il ne l’avait pas imaginé possible. Aujourd’hui, ce serait un pas supplémentaire et il ne pouvait flancher.  

 

- On y est. Regardez, ils sont là., entendit-il l’échographe dire quelques minutes plus tard.  

- En pleine forme apparemment. Alors je vous laisse regarder les images pendant que je fais les contrôles d’usage., continua le praticien.  

 

Il vit les deux petits bouger comme ils le pouvaient alors qu’ils étaient deux dans un espace restreint. Il sentit son cœur battre en voyant leur petit nez, leurs jambes, leurs bras, devinant un pied, une main avec ses petits doigts, un pouce porté à la bouche.  

 

- Vous voulez connaître le sexe des bébés ?, demanda soudain l’échographe.  

 

Il n’avait rien écouté des mensurations des enfants ni de l’énumération des organes ou autre mais cette information-là ne lui échapperait pas.  

 

- Oui., souffla Kaori, les larmes aux yeux après avoir consulté son mari du regard.  

 

Oh oui, pensa-t-il aussi.  

 

- Alors, nous avons ici… une petite fille., fit le médecin, examinant l’un des enfants avant de passer à l’autre.  

- Vous avez une préférence ?, les interrogea-t-il, curieux.  

- Des enfants en bonne santé, ce que nous avons déjà., répondit Yoshihide, la gorge serrée.  

 

Ryô ne se moquerait certainement pas de lui parce qu’il se sentait aussi fébrile. La seule pensée qui lui venait en tête, c’était : faites que ce soit un garçon. S’il n’avait plus que quelques mois à vivre et que cette grossesse était l’unique chance qu’il avait, il voudrait avoir un garçon et une fille, savoir ce que ça ferait, avoir une fille aussi belle que sa mère et un fils qui lui ressemblerait peut-être et rappellerait à celle qu’il aimait qui il était, imaginer que le frère protégerait sa sœur, qu’elle aussi d’une autre manière, partir un peu plus serein.  

 

- Un garçon. Vous allez avoir un enfant de chaque sexe., leur apprit l’échographe.  

 

Les deux époux s’observèrent visiblement bouleversés par la nouvelle et très heureux et, en silence, le nettoyeur ou plutôt l’homme derrière le nettoyeur les contempla et participa à leur joie. Peu après, alors que le médecin donnait à Kaori de quoi nettoyer son ventre du gel, Ryô croisa le regard de Yoshihide, sombre, intense et il eut la sensation qu’il les lui confiait, pas seulement pour endosser le rôle de celui qui les protégerait physiquement mais dans un rôle beaucoup plus vaste. Il ne détourna pas le regard et, instinctivement, il acquiesça. 

 


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