Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 60 :: Chapitre 60

Publiée: 18-08-23 - Mise à jour: 18-08-23

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Je comprends que cette fic puisse déranger avec la présence de cet intrus que l'on finit par parfois aimer malgré tout alors merci à toutes celles qui malgré tout s'accrochent. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 60  

 

Le cœur battant, Kaori s’arrêta devant la stèle en granit qu’elle n’avait plus vue depuis une éternité, lui semblait-il. La dernière fois qu’elle était venue, elle venait d’avoir la confirmation de sa grossesse.  

 

- Six mois déjà…, souffla-t-elle, posant une main sur son ventre où les enfants ne bougeaient plus que peu.  

- Je vais bien, Hide. La dernière fois, j’étais en larmes mais, aujourd’hui, ça va. Je sais que ça ira et je profite de ce moment. Je me passerais bien des maux de dos mais, au final, ce n’est pas si grave., lui confia-t-elle d’une voix douce.  

- Il y a un grand timide non loin. Si si, timide. Ryô n’a pas voulu approcher. Il voulait que j’ai un moment seule avec toi. Il a peut-être peur que tu lui en veuilles., plaisanta-t-elle en chuchotant.  

- Je ne pense pas que ce soit le cas. Les choses n’ont pas tourné comme je le pensais mais je suis heureuse et tu dois le voir. J’espère que tu le vois. J’espère que tu es paisible. Tu ne dois plus t’inquiéter pour moi.  

 

Sentant une brise de vent sur son visage, elle se tut et laissa un léger sourire éclore sur son visage.  

 

- Ce sera bientôt le printemps. C’est étrange. Il me semble prendre une autre… dimension cette année. Je ne sais pas si j’ai envie de voir les fleurs de cerisier éclore en ayant accouché ou non. Dans l’idéal, il vaudrait mieux que non mais les chances sont plutôt de l’autre côté… et je ne sais pas ce que je préférerais. J’ai hâte de les tenir dans mes bras. Pourtant, j’ai attendu tant de temps, je n’y croyais même plus alors je devrais être plus raisonnable, non ?, musa-t-elle.  

 

Même s’il ne cherchait pas à capter ses confidences, Ryô l’entendit et s’esclaffa légèrement avant de se retenir d’approcher. Il avait envie de lui dire que la raison et elle avaient souvent fait deux, que c’était bien le moment pour elle d’être déraisonnable, les hormones lui apportant une justification bienvenue ou d’autres petites choses encore mais il préférait rester là où il était. Ce qu’ils avaient vécu peu avant était encore trop frais dans son esprit et il devait reprendre un peu de distance.  

 

- Ecoute-moi déblatérer., rit-elle d’elle-même avant de se tourner vers son partenaire.  

- Viens, Ryô. Après, on pourra y aller si tu veux., lui apprit-elle.  

- On a le temps, tu sais., lui opposa-t-il sans bouger.  

- Je sais mais mon dos et mes jambes eux en ont assez. Tu devras me porter sinon., répliqua-t-elle, le regard pétillant.  

 

Elle aurait peut-être dû être plus réservée mais elle se sentait bien, d’humeur légère. Yoshihide lui manquait, elle aurait aimé l’avoir avec elle mais il lui avait dit de profiter et elle le faisait. Cela faisait si longtemps qu’elle n’était pas sortie du manoir pour autre chose qu’une visite médicale. Et il y avait eu ce moment si particulier…  

 

- Hors de question. Je vais me faire un lumbago sinon., grogna-t-il, refusant de croiser son regard.  

 

Il ne pouvait pas, pas s’il n’était pas sûr de pouvoir lui cacher qu’en fait, ça ne le dérangerait pas tant que ça, même pas du tout à vrai dire… Alors il approcha, jeta deux-trois paroles banales et se tut, lui faisant comprendre qu’il avait fini.  

 

- Tu n’es toujours pas un grand bavard., se moqua-t-elle.  

- Je suis venu il y a peu., admit-il.  

 

Il vit son regard se ternir et s’en voulut de l’avoir chagrinée. Il avait pris le temps à un moment où il avait quitté la demeure Nishihara pour aller à la pêche aux infos. Il avait éprouvé le besoin de se confier à son ami, de lui expliquer ce qu’il avait sur le cœur, ses doutes, ses espoirs pour le futur, les sentiments confus qui l’agitaient parfois et l’amour qui continuait à grandir en lui pour sa petite sœur. Il découvrait une autre Kaori, une future mère, courageuse, prudente, lumineuse. Il l’aimait encore plus.  

 

- Je le rassure sur ta santé. Comme tu ne peux le faire, je le fais pour toi., lui expliqua-t-il, lui taisant l’autre partie de la vérité.  

- Merci, c’est gentil., murmura-t-elle, émue.  

- Ne pleure pas, s’il te plaît., maugréa-t-il, se frottant les cheveux nerveusement.  

 

Elle lui sourit et frotta ses yeux du dos de la main. Il lui en fut gré. En silence, ils retournèrent au parking où les attendait la mini et se dirigèrent vers leur seconde étape.  

 

- Bon sang, là aussi, ça fait longtemps que je ne suis plus venue., lâcha-t-elle, étonnée par le monde qu’il y avait dans le Cat’s.  

- Umichou ne doit pas être là., plaisanta Ryô, contournant la voiture.  

- Tu es mauvaise langue. Regarde, il sort de la réserve., lui fit-elle remarquer, lui donnant un coup de coude.  

 

Cette petite chamaillerie lui fit du bien car, bêtement, elle se sentait intimidée de remettre les pieds dans le café. Pourtant, combien de fois y était-elle venue auparavant ? Elle ne comptait même plus. C’était peut-être les présences fort nombreuses qui la perturbaient. Elle n’avait jamais été habituée à ce qu’il y ait autant de monde et nerveusement elle lissa le tissu sur l’arrondi de son abdomen.  

 

- Ce serait dommage de rester sur le pas de la porte. Tu priverais ces demoiselles de la possibilité de se projeter dans quelques années plus tard., lui glissa-t-il à l’oreille.  

- Et je me ferai tuer par Miki pour t’avoir laissée partir., ajouta-t-il.  

 

Elle ne pouvait le contredire d’autant que son amie venait de la voir. Miki lui fit signe et vint lui ouvrir la porte avec un énorme sourire.  

 

- Entrez, ne restez pas là. Je suis si contente de vous voir !, leur fit-elle savoir, les emmenant vers les tabourets qui semblaient être devenus les leurs et étaient libres.  

 

Une main tendue pour l’aider, Kaori se hissa assez maladroitement, croisant les doigts pour ne pas basculer ou tomber de sa chaise.  

 

- Merci., souffla-t-elle à Ryô qui l’avait sécurisée dans la péripétie.  

- De rien. J’ai promis de te ramener en un morceau., plaisanta-t-il.  

- Yoshihide n’est pas avec vous ?, les interrogea Miki, regardant derrière eux.  

 

La présence de la mini était une réponse en elle-même mais les deux partenaires acquiescèrent.  

 

- Il avait mal dans les jambes et craignait de tomber. Il a préféré rester à la maison., expliqua Kaori, une ombre traversant son regard.  

- Oh… J’espère que ça passera vite. C’est étonnant de te voir ici dans ce cas., fit Miki.  

 

Connaissant son amie, elle aurait pensé qu’elle resterait avec lui pour le soutenir.  

 

- J’avais rendez-vous pour un cours de préparation à l’accouchement et il n’a pas voulu que j’annule. Comme il a pris un médicament qui a tendance à le faire somnoler, il m’a conseillé d’en profiter pour joindre l’agréable à l’utile., répondit la future mère.  

- Tu le remercieras. Je suis ravie de te voir ici. Toi aussi, Nounours, n’est-ce pas ?, fit la barmaid d’un ton enjoué.  

- Oui., grommela Umibozu, détournant le regard en rougissant.  

- Mais dis-moi, le papa n’est pas nécessaire au cours ?, fit remarquer Miki, étonnée.  

 

Les deux partenaires se jetèrent un léger regard embarrassé avant que la future maman acquiesce.  

 

- Si… enfin, c’est plus pratique puisqu’il est sensé aider., expliqua-t-elle.  

- Mais donc comment tu as fait ?, lui demanda son amie.  

- Je… Ryô a joué le jeu., balbutia la rouquine, observant du coin de l’oeil son partenaire qui ne disait rien.  

- Il a… Tu as joué le rôle du père ?, répéta Miki, se tournant vers le nettoyeur.  

- J’étais là., répondit-il simplement.  

- J’expliquerai à Yoshi lorsqu’il ira mieux ce qu’on… j’ai appris., intervint Kaori, détournant l’attention de son amie volontairement.  

- Et qu’est-ce que tu as appris ?, s’intéressa cette dernière.  

 

Kaori fit le plaisir à son amie de lui expliquer le déroulement de la séance, principalement composée de séances de respiration et de postures pouvant apporter du confort à la future maman.  

 

- C’est tout ? Je pensais qu’ils te montreraient des vidéos d’accouchement ou d’allaitement. C’est décevant, non ?, pipa Miki, fronçant les sourcils.  

- Pas vraiment, non., répondit Ryô.  

 

S’ils avaient visionné des vidéos ou assisté à une séance sur l’allaitement, il n’aurait pas eu le plaisir de la tenir entre ses bras, bien calée pour pouvoir soulager son dos. Il aurait encore moins eu l’occasion de pouvoir la toucher avec une bonne excuse, lui masser le ventre ou sentir tout son corps contre le sien. Ils n’auraient jamais été assis face à face, sa tête reposant contre son épaule, son souffle effleurant sa gorge alors qu’il lui massait les reins et il savait que ça lui avait fait du bien. Il n’aurait jamais dû être là mais le père biologique n’avait pas pu et lui avait demandé s’il voulait bien le remplacer.  

 

Il jeta un regard rapide à Kaori qui discutait avec Miki, espérant qu’elle n’apprendrait pas la véritable raison qui avait empêché son mari de l’accompagner. Il n’avait pas de douleur dans les jambes. Il ne les sentait pas tout simplement. C’était passager, probablement, mais il n’avait aucune idée du temps que ça durerait. Tout ce qu’il savait, c’était que les épisodes étaient toujours plus longs et son seul espoir, c’était d’être capable de se tenir debout le jour de l’accouchement, pour elle et pour leurs enfants. Et il refusait qu’elle le sache parce qu’elle avait déjà assez de choses à gérer et qu’elle devait prendre soin d’elle et se préparer pour son accouchement, un accouchement qui pouvait se déclencher à tout moment. Alors Yoshihide lui avait demandé d’être là pour elle.  

 

- Je joue encore une fois les substituts en somme., avait-il maugréé quand il le lui avait demandé.  

- Pas les substituts, Ryô. Ca aussi, ça fait partie de leur vie et vous pourrez en parler quand ils seront plus grands, lorsque notre fille sera en passe de devenir mère à son tour et se posera des questions. Tu pourras la rassurer elle aussi., lui avait opposé Yoshi.  

 

Ryô savait que dans le « notre fille », le « notre » n’incluait pas uniquement Kaori et Yoshi. Il faisait partie de l’équation, il le sentait, et, chaque jour qui passait, il comprenait un peu plus l’étendue de ce que le mari de Kaori attendait de sa part à l’avenir : qu’il soit leur père à part entière, qu’il soit celui qu’il aurait aimé être pour eux s’il n’y avait pas eu cette échéance trop précoce. Il se sentait dès lors beaucoup moins illégitime dans la place qu’il comptait occuper mais ça ne rendait pas les choses beaucoup moins faciles. Il ne serait pas le seul à décider : il y aurait Kaori mais les enfants aussi. Et peut-être que les parents de Yoshihide ne seraient pas d’accord non plus.  

 

- Ils m’ont appris des techniques de relaxation pour lutter contre la douleur au moment de l’accouchement., entendit-il soudain Kaori expliquer.  

- Tu vas devoir faire le petit chien ?, répliqua Miki, l’oeil pétillant.  

 

L’idée lui semblait visiblement amusante et Ryô ne put s’empêcher d’en rajouter une couche.  

 

- Non… le petit chat ! Hein Umimi ? Tu entends ? Lorsque tu seras dans une salle d’accouchement avec ta chérie, tu devras l’écouter faire : miaou…. Miaou…, le taquina le nettoyeur, lui sautant dessus et miaulant à ses oreilles tout en se frottant contre lui.  

 

La réaction du géant ne se fit pas attendre et il termina la tête la première dans un mur du café.  

 

- Idiot ! Je serai là quoi qu’il arrive., tonna le cafetier, s’essuyant les mains.  

 

Kaori trouva étrange sa réaction bien plus contrôlée que les autres fois et surtout accompagnée du silence de Miki qui l’observait, le regard ému, comme s’il n’y avait personne d’autre. Elle comprit comme si sa propre grossesse lui permettait d’avoir un lien ou un don spécial mais elle sut que Miki était elle aussi enceinte. Ca la rendit tellement heureuse qu’elle ne put s’empêcher de verser quelques larmes de joie.  

 

- Kaori ! Ca ne va pas ?, s’inquiéta son amie, prenant sa main par dessus le comptoir.  

- Ne t’inquiète pas. Tu comprendras vite., répondit la rouquine tout simplement, lui adressant un sourire chaud.  

 

Elle vit les sourcils de son amie se froncer un instant avant qu’elle ne réalise et confirme sa pensée d’un simple sourire ému.  

 

- J’ai juste besoin…, commença Miki.  

- D’un peu de temps, je comprends., termina Kaori pour elle.  

 

Elle se souvenait des trois premiers mois même s’ils l’avaient vite annoncé. Elle avait été inquiète de savoir si sa grossesse tiendrait, surprise des changements d’humeur auxquels elle avait eu du mal à s’adapter, de la fatigue qu’elle ressentait, de la joie, de la sérénité… toutes ces émotions dont on parlait, contradictoires même parfois, mais dont on ne prenait réellement la mesure qu’en les vivant. Elle comprenait le besoin de son amie d’attendre pour être sûre ou pour apprivoiser ou toute autre raison qui la poussait à se taire pour le moment C’était leur privilège.  

 

- Donc pas de petit chien ?, reprit Miki, reprenant une attitude normale.  

- Non, pas de petit chien.  

- Et tu vas faire une péridurale ?, l’interrogea-t-elle, curieuse.  

- En fait, je n’étais pas vraiment décidée sur le sujet mais je pense que ce sera plus simple, moins stressant pour Yoshi si j’en fais une., répondit Kaori, ayant déjà entendu le souci que se faisait son mari sur les douleurs de l’accouchement.  

 

Ca devait être un beau moment pour tous les deux alors elle ferait en sorte de lui causer le moins de trouble possible. Il fallait limiter les risques qu’il ne fasse un malaise au moment crucial. Sans un mot, Ryô revint s’asseoir à ses côtés, frôlant son dos légèrement.  

 

- Tu m’aideras à m’entraîner à la maison ?, lui avait-elle demandé en sortant du cours.  

- Pourquoi ?, s’était-il enquis, un peu gêné, encore sous le coup de ce qu’il avait ressenti en jouant le papa.  

 

A bien la regarder, elle n’avait pas été plus à l’aise que lui mais elle prenait sur elle pour lui demander de l’aide.  

 

- Mieux j’arriverai à gérer ma douleur, mieux ce sera pour Yoshi… Tu étais là, j’ai besoin de savoir que je ne fais pas d’erreur. Je n’ai pas besoin que tu joues les supports, juste que tu me guides… si tu veux bien., avait-elle expliqué avec pudeur.  

- C’est d’accord., avait-il accepté.  

 

Par pur égoïsme cette fois. Parce qu’il voulait connaître de nouveau ces sensations, avoir le droit de la toucher, de caresser ses enfants. Il n’avait pas encore franchi la barrière de les considérer comme leurs enfants à eux trois comme Yoshihide le faisait. Au gré de ses pensées, ils étaient les enfants du couple ou ceux de Kaori, les enfants qu’il adopterait et aimerait mais pas encore tout à fait leurs enfants à eux trois. C’était étrange, non ?, de songer qu’ils formaient une espèce de couple à trois sans les implications perverses que cela pouvait avoir. Ils étaient juste deux hommes amoureux de la même femme qui les aimait tous les deux, deux hommes qui avaient accepté la présence de l’autre pour son bonheur à elle et ils composaient tous les trois une partition délicate pour optimiser la situation. Le plus dur, c’étaient les secrets qu’ils pouvaient se faire les uns aux autres…  

 

- Vous allez profiter de l’après-midi pour aller faire un tour en magasin, chercher des vêtements pour les bébés ?, leur demanda Miki.  

- S’il vous plaît, je pourrais avoir un café., les interrompit un client.  

- Excusez-moi de vous interrompre en pleine conversation, Mesdames., s’excusa-t-il.  

- C’est moi qui vous présente mes excuses pour occuper mon amie. Nous n’avons pas l’occasion de nous voir très souvent., répondit Kaori, esquissant un sourire poli.  

- Avec un si joli sourire, je ne peux que les accepter., fit-il.  

 

Ryô le saisit soudain par le poignet et le tordit, lui arrachant le minuscule comprimé qu’il allait glisser dans la tasse de sa partenaire.  

 

- Et mon sourire à moi, il te plaît aussi ?, gronda le nettoyeur.  

 

Il se levait pour contourner Kaori et la mettre à l’abri lorsque le client aux mauvaises intentions la poussa. Ryô n’eut d’autres choix que de le lâcher pour la rattraper et lui éviter une chute beaucoup trop dangereuse dans son état. A peine quelques secondes plus tard, assuré du fait qu’elle ne risquait plus rien, il prit le même chemin que l’homme mais il dut vite accepter le fait qu’il s’était enfui. Furieux, il retourna vers le café, régnant progressivement sur ses traits.  

 

Voyant Kaori une main sous son ventre et l’autre crispée sur le bord du comptoir, il s’inquiéta mais n’en montra rien.  

 

- Tu ne vas pas accoucher maintenant, n’est-ce pas ? Tu n’as pas fini tes cours., la taquina-t-il pour effacer son regard un peu hagard.  

 

Elle leva les yeux vers lui et s’accrocha à ses prunelles pour s’apaiser et se reprendre.  

 

- C’était une drogue ?, lui demanda-t-elle, s’accrochant à cette version pour ne pas perdre pied en pensant à l’autre possibilité beaucoup plus effrayante.  

 

Ryô examina le comprimé avant de le tendre avec précaution à Umibozu.  

 

- Tu sais à qui donner ça., fit-il simplement.  

- Ryô…, souffla Kaori, attendant une réponse.  

- Tu sais très bien que non mais, tu vois, j’ai encore une fois assuré !, répondit-il d’un ton léger.  

- Oui… et moi pas… à croire que je n’apprends pas de mes erreurs., lâcha-t-elle d’un ton amer.  

 

Elle attrapa ses affaires, salua le couple et se dirigea vers la sortie, y attendant qu’il la rejoigne. Ce n’était pas le moment de se mettre une nouvelle fois en danger. Elle ne cessait de visualiser de nouveau la scène qui se calquait sur celle qui avait eu lieu quelques années auparavant, quand elle était Cendrillon et qu’un homme avait tenté de la droguer… Lorsqu’elle sentit l’air frais sur son visage, elle avança machinalement précédée par Ryô qui lui ouvrit la portière de la mini sans un mot. Il savait qu’elle tergiversait sur son manque de vigilance, sur le fait qu’elle aurait certainement pu mourir et ses enfants avec. Il aurait pu lui dire beaucoup de choses mais ça ne l’aurait pas beaucoup aidée. Il la connaissait suffisamment pour le savoir alors il fit simplement ce qu’il faisait de mieux. Dès qu’il fut engagé dans la circulation, il attrapa sa main et la pressa et le geste se répéta aussi souvent qu’il le pouvait jusqu’à ce qu’ils arrivent au manoir.  

 

- Je ne ferai plus de sortie inutile jusqu’à mon accouchement., lui fit-elle savoir avant de sortir de la voiture.  

- Kaori, tu n’as pas à…, tenta-t-il d’objecter.  

- Si ! Il le faut ! J’ai naïvement pensé que j’étais en sécurité chez nos amis, que personne n’y tenterait quoi que ce soit. Si tu n’avais pas été là, si tu avais été dehors, tu sais ce qu’il se serait passé. Je ne serais pas ici, Ryô. Je ne serais peut-être même plus de ce monde !, s’emporta-t-elle, fébrile.  

- Je dois penser à ça. Je dois penser à la sécurité de mes enfants, à la tienne, à Yoshihide. Quelle mère je serais si je ne réfléchissais pas à tout cela et ne prenais pas les mesures nécessaires ! J’aurais pu perdre mes enfants aujourd’hui !, cria-t-elle, sa voix mourant sur les derniers mots.  

 

Il vit la carapace se fendre et avança pour l’enlacer et lui apporter le réconfort et le soutien dont elle avait besoin. Une maudite fois, la première fois qu’elle sortait de manière « superflue » depuis des mois et il fallait que ça arrive… Il était furieux mais, d’un autre côté, ça lui apporterait peut-être de nouvelles informations pour resserrer les mailles du filet. Il n’était pas prévu qu’ils sortent après le cours. Ils auraient dû rentrer directement. Ce qui signifiait que quelqu’un les surveillait, une personne probablement différente de celle qui avait attaqué sinon il aurait senti sa malveillance. Ils avaient dû être suivis à partir du cours ou alors quelqu’un épiait le café, connaissant leurs habitudes… Il trouverait.  

 

- Tu n’as rien perdu aujourd’hui et tu n’as pas à t’en vouloir, Kaori. Ce n’est pas contre toi que tu dois être furieuse mais contre celui qui t’empêche d’avoir la vie normale à laquelle tu devais pouvoir prétendre en épousant Yoshihide, de pouvoir profiter de ta grossesse pour courir les magasins et faire tourner chèvre ton époux avec tous les bodys et biberons que tu aurais eu la lubie d’acheter., la défendit-il, prenant son visage entre ses mains et l’obligeant à le regarder.  

- Sois en colère mais contre lui, pas toi. C’était ton droit le plus strict de papoter avec ta meilleure amie et il n’aurait pas dû gâcher ce moment. Deux futures mères devraient pouvoir partager cette expérience ensemble.  

- Tu savais pour Miki ?, bredouilla-t-elle entre ses larmes, un peu fâchée qu’il ne lui ait pas dit.  

- Non, pas avant aujourd’hui. Elle avait ce petit quelque chose que tu as aussi depuis le début de ta grossesse et les paroles de Umi, son sérieux… Tu sais, un et un font deux… Enfin trois dans leur cas., plaisanta-t-il, la voyant sourire avec plaisir.  

- Allez, rentrons. Tu vas aller voir ton mari et lui expliquer tout ce que tu as appris. Le chien, le chat, tout !, lui ordonna-t-il.  

- Il n’y a pas de chien et chat, Ryô., lui rappela-t-elle, consciente qu’il l’avait fait exprès mais rentrant dans son jeu malgré tout… parce que ça faisait du bien de penser à autre chose.  

- Ah ? Je viendrai peut-être écouter à la porte alors., pipa-t-il, lui adressant un clin d’oeil complice.  

- Passe le bonjour à Saeko., lui demanda-t-elle alors qu’il la laissait à la porte de la chambre de Yoshihide et se dirigeait dans une autre pièce.  

- Ce sera fait. Repose-toi un peu., lui conseilla-t-il avec un regard attentionné posé sur elle.  

 

Elle sentit des papillons s’envoler dans son estomac et acquiesça, pénétrant dans la chambre. Yoshihide dormait, paisiblement allongé d’un côté de son lit. Cédant à son envie, elle alla prendre place de l’autre côté et s’endormit à son tour, fatiguée par les dernières émotions. Ce fut ainsi que Ryô les trouva quelques minutes plus tard après en avoir terminé avec Saeko et il referma doucement la porte, les laissant seuls à deux.  

 

Il se rendit dans sa chambre où il s’allongea sur son lit, la porte ouverte pour pouvoir entendre le moindre bruit suspect. C’était bien du poison que contenait le comprimé, un poison très puissant et à effet quasi immédiat. Ils l’avaient échappé belle. Lui assurant la protection de Kaori, il comptait sur les informations que lui remonteraient les autres. Il laissa donc le sujet de côté et repensa à la dernière image qu’il avait eue du couple. Il esquissa un léger sourire. Loin d’être jaloux, il était heureux pour eux deux, qu’ils aient ces instants. Pour sa part, il avait eu son moment avec elle et il avait de quoi rêver et réfléchir jusqu’à la prochaine fois. Oui définitivement, ils formaient un drôle de couple à trois…  

 


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