Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 77 :: Chapitre 77

Publiée: 31-12-23 - Mise à jour: 31-12-23

Commentaires: Coucou, voici la suite de l'histoire. J'espère que vous passez tous un bon réveillon. Je vous souhaite avec un peu d'avance mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2024 et surtout la santé et le bonheur. Bonne lecture ^^

 


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Chapitre 77  

 

- J’ai passé un excellent moment en ta compagnie, Ryô., susurra la jeune femme face à lui.  

 

Elle se mit sur la pointe des pieds et se pencha pour l’embrasser. Le nettoyeur eut un léger sourire mais détourna la tête au moment où ses lèvres allaient toucher les siennes. Il sentit la pression sur sa joue, le rouge à lèvres se déposant sur sa joue. Ce n’était pas la première tentative mais ce serait la dernière, sa mission se terminant maintenant.  

 

- Dommage que tu n’aies pas voulu…, commença-t-elle, laissant son doigt errer sur le torse musclé de son garde du corps.  

- Qu’on prolonge la protection rapprochée la nuit., murmura-t-elle, sa main glissant derrière sa nuque.  

 

Il attrapa les doigts fureteurs et les ramena le long du corps de la jeune femme.  

 

- Il n’y avait aucune raison d’être sur ton dos la nuit. L’appartement est sécurisé., lui rappela-t-il, impassible.  

- Oh mais ce n’était pas sur mon dos que je te voulais, mon cher., lui opposa-t-elle, moqueuse.  

- J’avais bien compris. Ton avion va décoller. Tes gardes du corps pour le voyage t’attendent., lui fit-il remarquer.  

- Tu remercieras Saeko du conseil. Dommage que tu ne veuilles pas rentrer à mon service permanent., bouda-t-elle.  

- Tu es une femme d’affaires qui aime parcourir le monde mais, moi, je reste attaché à ma petite île. C’est mon monde., objecta Ryô calmement.  

 

Et à Kaori, compléta-t-il. Il avait hâte de pouvoir s’en retourner chez lui, finir la journée par un peu de rangement, défaire les lits et faire une lessive et pouvoir ainsi se libérer le lendemain pour aller rendre visite à Kaori. Il l’appellerait en fin de journée pour savoir si elle était disponible. Bien qu’elle lui ait dit qu’il pouvait passer quand il le voulait, il préférait s’annoncer et ne pas tomber comme un cheveu sur la soupe.  

 

- Bon, si je ne peux vraiment pas te faire changer d’avis, je m’en vais. C’est vraiment dommage…, lui fit-elle savoir avec une mine renfrognée.  

 

Il ne dit rien et se contenta de lui faire signe du menton pour s’en aller. Elle attrapa le sac qu’il lui tendit et rejoignit les deux autres gardes du corps qui l’attendaient. Il la regarda s’éloigner, ne partant qu’une fois qu’elle avait disparu. Sa mission venait de se terminer et il s’en alla, les mains dans les poches.  

 

Finalement, plutôt que de rentrer directement chez lui, il préféra passer par le Cat’s. Ca faisait un moment qu’il n’y avait pas mis les pieds et il n’avait pas envie de se retrouver seul tout de suite. Un bon moment entre amis ne ferait pas de mal. Après, il rentrerait et rangerait et, ce soir, il sortirait faire le tour de ses indics et des bars et cabarets. C’était un bon programme pour le reste de la journée.  

 

Lorsqu’il passa près d’une berline noire familière devant le café, il sentit son cœur battre un peu plus fort. Finalement, il n’aurait pas à attendre le lendemain pour les voir. Elle était là et il était soulagé d’avoir ce moment. Ca faisait cinq semaines qu’ils ne s’étaient pas vus, cinq semaines qui lui avaient paru une éternité… Il se gara dès que possible et hâta le pas pour gagner le café, se félicitant d’avoir changé de plan au dernier moment.  

 

- Bonjour tout le monde !, lança-t-il à la cantonade en entrant.  

- Salut Ryô !, le salua Miki avec une léger sourire.  

 

Surpris, il vit Kaori carrer les épaules avant de se retourner pour lui faire face avec un sourire aux lèvres… forcé, nota-t-il. Ce ne fut pas ce qui le surprit le plus néanmoins. Non, ce qui le marqua fut ses traits tirés et les cernes sous ses yeux. Ce n’était pas l’expression de joie apaisée à laquelle il s’attendait.  

 

- Bonjour Ryô., lui dit-elle.  

 

Sa présence était inattendue et il y avait toujours ce petit instant de malaise où elle luttait entre la joie et la culpabilité mais elle fut heureuse de le voir. Rien que sa présence lui redonnait de la force.  

 

- Que se passe-t-il, Kaori ?, lui demanda-t-il, cherchant des yeux la présence des jumeaux.  

 

Ils n’étaient pas là, il n’y avait même pas de poussette, ce qui signifiait qu’ils n’étaient pas non plus à la sieste dans une autre pièce. C’était un autre signe que quelque chose n’allait pas.  

 

- Yoshi est à l’hôpital depuis une semaine. Il a fait une infection qui s’est aggravée en septicémie., lui apprit-elle.  

- Il est aux soins intensifs de l’hôpital., résuma-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Le pronostic ?, demanda Ryô, posant une main sur son épaule en soutien.  

- Les médecins refusent de se prononcer. A priori, ils ne sont pas d’accord sur ses chances de guérir., lui apprit-elle.  

- Il va se battre. Je suis sûr qu’il fera en sorte d’être là pour fêter le premier Noël de ses enfants., lui affirma-t-il d’une voix assurée.  

 

Elle plongea dans son regard et puisa dans sa force pour y croire, se dire que la fin n’approchait pas et qu’ils avaient encore du temps.  

 

- Tu ne crois pas ?, lui demanda-t-il, voulant absolument qu’elle y croit, qu’elle s’y accroche.  

- Si., acquiesça-t-elle.  

- D’autant que vous êtes tous de la partie., lui apprit-elle, le surprenant.  

- Vraiment ? Vous ne le fêtez pas à quatre… ou six avec ses parents ?, lui retourna-t-il.  

- Non. Il veut qu’on le fête avec toute notre famille. Il sait que c’est important pour moi, pour nous…, dit-elle, soutenant son regard et lui faisant comprendre qu’elle parlait d’eux deux.  

- Et il a envie de voir les enfants et ses parents dans une certaine forme de configuration future.  

- Il a besoin d’être rassuré., intervint Miki avec empathie.  

- Oui., souffla Kaori.  

 

Ryô poussa sa partenaire à se rasseoir et prit place à ses côtés. Il accepta avec plaisir la tasse de café que Miki glissa vers lui. Elle en versa une autre pour Kaori qui posa les mains autour de la porcelaine pour se réchauffer les mains.  

 

- Tu n’es pas à l’hôpital ? Ne me dis pas qu’il ne veut pas te voir comme la dernière fois., l’interrogea-t-il, souhaitant s’assurer qu’il n’y avait pas de loup.  

- Non. Il devait passer plusieurs examens cette après-midi. J’y retourne dans une demi-heure., répondit-elle, consultant sa montre.  

- Je suis venue ici pour m’aérer plutôt que d’attendre inutilement seule dans sa chambre d’hôpital. J’en avais besoin., admit-elle.  

- Tu as l’air épuisée., pipa Ryô, soucieux.  

- J’essaie d’être là où il le faut quand il le faut. L’hôpital m’a déjà à plusieurs reprises appelée en pleine nuit. Et je viens pendant les heures de visite et aussi quand les médecins doivent lui donner des résultats. Sinon, je suis à la maison pour les enfants qui sont particulièrement grognons en ce moment et ne font plus leurs nuits non plus., soupira-t-elle.  

- Ils doivent sentir mon appréhension., regretta-t-elle.  

- Tu vas t’effondrer ainsi, Kaori., fit Miki, posant une main sur celle de son amie.  

- Ca ira. Je ne peux pas abandonner mon mari ni mes enfants., lui opposa la rouquine.  

 

Elle porta la tasse à ses lèvres, appréciant la saveur amère de la caféine qui semblait correspondre à la couleur de sa vie depuis quelques jours. Elle l’aiderait à tenir le coup sachant qu’elle aurait certainement de nouveau une nuit hachée avec les enfants. Pouvait-elle espérer qu’il n’y aurait pas d’appel de l’hôpital qui l’obligerait à faire le trajet en plus ? Elle le souhaitait rien que pour le fait que ce serait un signe positif concernant la santé de Yoshihide.  

 

- Ta mission est finie ?, lui demanda-t-elle pour changer de conversation.  

 

Elle avait besoin de penser à autre chose pendant quelques minutes, à des choses sans enjeu immédiat, et, en plus, ça avait l’avantage d’avoir été son quotidien pendant de longues années, des années beaucoup moins stressantes que maintenant il lui semblait… mais son point de vue était certainement biaisé.  

 

- Oui. J’ai laissé ma cliente à l’aéroport avant de venir ici., lui apprit-il.  

- Elle t’aimait bien, j’ai l’impression., pipa-t-elle, légèrement amusée.  

- Pourquoi tu dis ça ?, fit-il, fronçant les sourcils.  

- Elle t’a laissé du rouge à lèvres sur la joue., lui apprit-elle, effaçant la trace du bout du pouce.  

- Oh… Oui, elle a tenté de m’amadouer pour que j’entre à son service entier et dévoué…, lui dévoila-t-il, lui jetant un rapide coup d’oeil.  

 

Il nota l’éclat de jalousie dans ses prunelles noisette, éclat qu’elle dompta rapidement, mais qui lui fit beaucoup de bien néanmoins, qui lui rappelait qu’elle tenait à lui.  

 

- Tu as dit non, rassure-moi !, intervint Miki, inquiète.  

- Bien sûr qu’il a dit non., fit Kaori, sûre d’elle.  

- C’est sa ville ici., ajouta-t-elle pour donner une raison à son affirmation.  

- Et j’y ai toute ma famille et puis… il aurait fallu que je prenne l’avion à n’en plus finir., grimaça-t-il.  

 

Kaori fut soulagée de savoir qu’il n’avait aucun doute sur son choix. Elle avait besoin de lui même si elle devait admettre qu’aussi douloureux que ce puisse être, elle l’aurait laissé partir si ça avait pu le rendre heureux.  

 

- Gros point noir., pipa-t-elle avec un sourire de connivence.  

- Oui, énorme… mais ce n’est pas l’argument qui m’a fait dire non., lui affirma-t-il.  

 

Elle ne lui posa pas de question puisqu’ils se parlèrent à leur manière, les yeux dans les yeux. C’était elle qui l’avait fait rester et elle en fut émue, encore et toujours.  

 

- J’en suis heureuse., murmura Kaori.  

- Moi aussi…, pipa-t-il.  

 

Le téléphone sonna et Miki alla décrocher. Ramenée à la réalité, la rouquine regarda sa montre et se leva.  

 

- Je vais y retourner. Il ne devrait pas tarder à revenir., s’excusa-t-elle, mettant son manteau.  

- Tu me téléphones si tu as besoin d’aide, Kaori. Tu n’as pas à affronter cela seule., lui dit-il.  

 

Sa sollicitude lui amena les larmes aux yeux mais elle fit l’effort de les retenir. Elle se contenta d’acquiescer avec un sourire de reconnaissance avant de saluer Miki d’un geste de la main et de s’en aller.  

 

- Ils ne seront jamais tranquilles…, soupira la barmaid après avoir raccroché.  

- Non, apparemment pas. Sa constitution est certainement plus fragile depuis qu’il a développé cette foutue maladie., suggéra Ryô.  

- Oui… C’est moche qu’il ne puisse pas finir sa vie tranquillement. Il y a déjà tous ces examens en temps normal mais ça en plus… J’espère qu’il pourra sortir pour Noël. Il faut qu’il puisse le fêter avec ses enfants., affirma-t-elle, le souhaitant de toutes ses forces, une main posée sur son ventre.  

- Ca pousse, dis donc…, la taquina-t-il.  

- Oui, il faut bien et ça ne me gêne pas vraiment pour le moment. Il faut dire qu’il est tout seul. Ce n’est pas comme Kaori avec les jumeaux., répondit-elle, plongeant dans ses souvenirs et jaugeant un peu mieux ce qu’avait pu être la grossesse de son amie, la poussant à profiter au maximum de la sienne qui se passait bien.  

- Ryô… Tu penses qu’on peut faire quelque chose pour l’aider ? Ca m’inquiète tous ces allers-retours. L’hôpital est ici en centre-ville et elle est en banlieue. Elle va finir par tomber., lui confia-t-elle son inquiétude.  

- Je ne sais pas, Miki. Le problème, c’est qu’on ne peut pas la remplacer en tant que mère ni lui suggérer de moins aller à l’hôpital. Elle ne pourra pas s’empêcher d’accourir au moindre coup de fil en pleine nuit parce qu’elle ne voudra pas le laisser seul s’il devait mourir et la journée… elle veut être là et le soutenir. Elle en ferait autant pour chacun d’entre nous., pensa-t-il à voix haute.  

 

Il entendit le soupir de son amie et le partagea intérieurement. C’était vraiment une situation délicate et pour laquelle ils ne pouvaient pas faire grand-chose. Restait à espérer qu’il n’arriverait rien aux jumeaux, sinon elle ne saurait plus où donner de la tête…  

 

- La prochaine fois qu’elle viendra, fais ce que tu as fait là, soutiens-la, parle-lui d’autre chose pour la distraire, de ta grossesse par exemple, du café… Elle a besoin de cette légèreté-là aussi., lui dit-il, se levant à son tour.  

- Tu t’en vas ?, s’étonna Miki alors qu’il n’avait pas encore vu Falcon.  

- Oui. J’avais moi aussi envie de m’aérer l’esprit et ici, on est toujours bien accueillis. Je ne viens pas que pour ton mari., la taquina-t-il, lui adressant un clin d’oeil.  

- Maintenant, je vais rentrer chez moi et remettre un peu d’ordre. J’ai un lit à défaire, des courses à faire et un peu de ménage. Tu vois comme je deviens un homme sérieux ?, plaisanta-t-il.  

- Tu l’as toujours été… sous tes airs idiots., ricana-t-elle de bon cœur.  

 

Elle le regarda s’en aller et, en l’absence de client, en profita pour aller un peu s’allonger dans l’arrière-salle, histoire de se reposer et de profiter de son bébé.  

 

Arrivé à l’appartement, la première chose que Ryô fit fut de s’installer à la table et nettoyer son arme. Il en avait besoin : c’était ce qu’il faisait systématiquement en fin de mission et ça l’aidait à reprendre la maîtrise des choses lorsqu’il était un peu perturbé. La maladie de Yoshihide, son hospitalisation lui rappelait que la mort pouvait les rattraper à tout moment et que, du jour au lendemain, il pouvait se retrouver à assumer ce rôle qu’il attendait avec une certaine impatience mêlée d’inquiétude. Ce qui était compliqué à gérer, ce n’était pas ce qui allait arriver mais quand car, même s’il était impatient, il ne souhaitait pas la mort de Yoshi. Kaori avait encore besoin de moments avec lui et les enfants aussi. Cependant, la vie ne se privait pas de leur rappeler à quel point ils n’étaient pas maîtres de leur destin et ça, c’était rageant.  

 

Ce moment de concentration mêlé à des gestes connus et éprouvés ramena un certain apaisement en lui et il put s’atteler ensuite aux autres tâches qui l’attendaient. Il se dirigea vers la chambre qu’avait occupée sa cliente et défit les draps avant de les mettre au lavage avec d’autres vêtements qui attendaient leur tour. Il aéra la pièce et en fit les poussières avant de passer l’aspirateur et de remettre en place ce qui avait été déplacé. Il laissait chaque occupant disposer la pièce selon ses préférences s’il en ressentait le besoin mais remettait tout en place dès son départ. Ce n’était pas compulsif de sa part, c’était juste la disposition qu’avait choisi Kaori et il voulait qu’elle ne soit pas perdue le jour où elle rentrerait.  

 

Dès qu’il eut fini, il referma la fenêtre puis la porte soigneusement et, instinctivement, se dirigea vers la chambre de sa partenaire. Il y entra le cœur battant à un rythme particulier comme à chaque fois. Il ouvrit la fenêtre pour chasser l’odeur de renfermé qui aurait pu s’y installer, retapa l’oreiller sur le lit avant d’en faire le ménage à son tour. Ce n’était pas un sanctuaire qu’il maintenait précieusement en ordre mais juste la chambre qu’elle réintégrerait un jour, pour un temps donné selon son espoir ou pour toujours si sa présence était tout ce qu’elle pouvait lui offrir. Il prendrait ce qu’elle lui donnerait.  

 

Il resta un long moment dans cette pièce à s’imprégner de toutes ces choses qui en faisaient sa chambre avant de se diriger vers l’autre pièce qu’il avait commencé à vider. C’était une pièce qui n’avait jamais eu d’autre usage que celle de débarras et pourtant elle offrait de belles dimensions. Naturellement, il s’était dit qu’elle pourrait être la chambre des jumeaux quand ils viendraient et il avait retiré certains cartons qui traînaient là depuis des lustres. Il avisa ce qu’il restait à ranger et s’en occupa de suite avant d’en faire le ménage également après avoir ouvert les fenêtres qu’il nettoya aussi.  

 

Remise au propre, son intuition se confirma : cette pièce serait parfaite pour eux et située entre leurs deux chambres, ce qui leur permettrait d’intervenir à tour de rôle. C’était ainsi qu’il envisageait les choses tout du moins. Il ne manquait que quelques meubles pour pouvoir l’utiliser, des meubles qu’il s’était refusé à acheter du vivant de Yoshihide. Il se prit cependant à imaginer une armoire et deux lits à barreaux, une table à langer dans un coin et peut-être un fauteuil. Définitivement, ce serait une belle chambre d’enfants, au moins pour leurs jeunes années. Lorsque le besoin se ferait sentir, il y aurait toujours d’autres pièces à aménager pour leur offrir leur intimité.  

 

Une pensée germa dans son esprit, pensée sur laquelle il ne voulait pas trop s’attarder, ce qui l’amena à aller faire les courses. Sortant du magasin, il dut malgré tout s’avouer vaincu en voyant les choses dont il n’avait pas besoin mais qui seraient peut-être nécessaires d’ici peu. Il rentra, avisa l’heure et rangea rapidement ses courses avant de repartir.  

 

- Dors bien, Yoshi. On se voit demain, d’accord ?, fit Kaori à voix basse.  

 

Penchée sur lui, elle caressa ses cheveux et croisa son regard épuisé. Ca faisait mal de voir son teint livide, ses joues creusées, et à quel point le simple fait de hocher la tête lui demandait de la concentration.  

 

- Je t’aime. J’embrasserai les enfants pour toi., lui affirma-t-elle, posant la main sur sa joue qui lui parut bien froide.  

 

Elle reçut son léger sourire en remerciement et le lui retourna, confiant, chaud, aimant. Elle posa légèrement les lèvres sur sa joue puis se redressa.  

 

- Dors aussi, Kaori…, murmura-t-il, retirant son masque à oxygène.  

- Ne t’inquiète pas pour moi., lui opposa-t-elle, le remettant en place.  

- A demain., le salua-t-elle, voyant l’infirmière approcher pour les soins.  

- Au revoir, Mademoiselle Futawa., lui dit-elle.  

- Au revoir, Madame Nishihara. J’espère que nous n’aurons pas à vous appeler cette nuit., lui répondit la soignante avec un sourire compatissant.  

- Je croise les doigts. Ce serait bon signe., admit Kaori avant de s’éloigner.  

 

Arrivée dans l’ascenseur, elle se laissa aller contre la paroi et ferma les yeux, luttant contre la tristesse et l’inquiétude qui l’avaient assaillie dès qu’elle avait franchi le seuil de la chambre. Elle savait qu’elle réussirait à les garder à distance lorsqu’elle verrait les enfants mais, en attendant et après qu’ils seraient couchés, ce serait une lutte permanente. Dormir si elle y arrivait serait un petit moment de paix mais le réveil se ferait certainement dans la panique d’avoir raté un appel de l’hôpital… si la sonnerie du téléphone ne la réveillait pas avant…  

 

Elle ne devait pas penser à ça, se dit-elle, sortant de la cabine d’ascenseur. Elle profiterait du trajet pour somnoler un peu et reprendre quelques forces avant de s’abreuver du sourire et du babillage d’Hanae et Hide.  

 

Hide… Elle eut soudain une pensée nostalgique pour son frère dont elle n’avait pas visité la tombe depuis ce qui lui semblait une éternité. Lui parler lui ferait certainement du bien mais elle ne voyait pas bien où elle caserait tout cela entre l’hôpital et les enfants. Ses beaux-parents étaient tout aussi épuisés et inquiets qu’elle et elle se devait de rentrer au plus vite.  

 

- Kaori !, entendit-elle soudain alors qu’elle traversait le hall de l’hôpital pour rejoindre la voiture qui l’attendait.  

 

Reconnaissant la voix de Ryô malgré le brouhaha ambiant, elle stoppa net et se tourna vers lui, le trouvant adossé à un pylône. Elle n’arrivait pas à croire qu’il était là et cligna des yeux pour être sûre de ne pas être en pleine hallucination. C’était réel et elle se laissa guider par ses pieds jusqu’à lui.  

 

- Que… Que fais-tu là ?, bredouilla-t-elle, confuse.  

- Je devais te parler. Tu as le temps de prendre un thé ?, lui offrit-il, désignant les machines à boisson derrière eux.  

- Je n’abuserai pas de ton temps mais ça te ferait certainement du bien., argumenta-t-il d’une voix amicale.  

- D’accord., souffla-t-elle.  

 

Elle se laissa guider et accepta avec gratitude le gobelet qu’il lui tendit une minute plus tard.  

 

- Je suis inquiet pour toi., commença-t-il.  

- Et je ne suis pas le seul. Tu as l’air à bout, Kaori., lui fit-il remarquer calmement.  

 

Elle sentit les larmes monter à nouveau, se refusant à lui mentir face à ce qui n’était que pure vérité.  

 

- J’ai une proposition à te faire. Je ne sais pas si ce sera déplacé ou non mais… peut-être que tu devrais revenir vivre à l’appartement le temps de l’hospitalisation de Yoshihide., suggéra-t-il avec sollicitude.  

 

Elle l’observa, surprise et touchée. Comme elle avait envie de lui dire oui, de retrouver son environnement familier, apaisant…  

 

- Je te remercie mais je ne peux pas… Il y a les jumeaux, Ryô. Je ne peux pas les laisser autant de jours sans moi et je ne peux pas faire sans eux., lui expliqua-t-elle d’un ton contrit.  

- En fait, je… j’aurais dû être plus clair : vous devriez venir vivre tous les trois à la maison. Tes beaux-parents le peuvent aussi s’ils le souhaitent., ajouta-t-il sans en ressentir la moindre gêne.  

- Je ne veux pas vous séparer mais vous faciliter la vie. Tu aurais moins de distance à faire, voir les enfants plus souvent et je pourrai vous aider. Ca ne serait pas aussi grand que le manoir mais…  

 

Il fut coupé en pleine phrase lorsque Kaori se jeta dans ses bras, laissant tomber son gobelet vide à terre. Il sentit son corps secoué par les larmes et l’entoura comme elle en avait besoin. Il ne savait pas quoi dire ni faire, craignant d’avoir été maladroit alors il garda le silence et la serra contre lui.  

 

- Merci Ryô., finit-elle par murmurer au bout d’un long moment.  

 

Les émotions qui s’étaient bousculées en elle lorsqu’il avait explicité sa proposition se calmaient et lui permettaient enfin de parler.  

 

- Tu n’imagines pas à quel point ta proposition me touche, surtout quand tu inclues mes beaux-parents., expliqua-t-elle, la voix éraillée.  

- Je suis sérieux. Ce n’est pas pour te faire plaisir… pas uniquement., admit-il.  

- Ils font partie de ta famille et donc de la mienne. Ils en feront toujours partie même lorsque Yoshihide ne sera plus., lui fit-il savoir.  

 

Elle leva les yeux vers lui et il vit de nouvelles larmes perler puis rouler sur ses joues. Du pouce, il les essuya avant de reposer sa tête contre lui.  

 

- Discutes-en avec eux mais je pense que ce serait une situation plus saine pour vous tous. Ils sont âgés et ce ne doit pas être évident pour eux de s’inquiéter pour leur fils et devoir gérer les petits. Ils doivent aussi s’inquiéter pour toi, de ton implication. Yoshi aussi. Moi, ça m’inquiète en tous cas., lui fit-il savoir d’une voix légèrement tendue.  

- Ta chambre est toujours là. J’ai une pièce prête pour les petits pour laquelle il faudrait juste deux lits et quelques accessoires et la chambre des invités pour les Nishihara senior. Tu n’as qu’un mot à dire. Alors réfléchis-y, parles-en avec eux et appelle-moi pour me donner ta réponse. Tu pourrais même arriver dès demain., lui offrit-il.  

- C’est du rapide…, pipa-t-elle, un peu submergée.  

- J’ai acheté des petits pots…, lui répondit-il, faisant une légère grimace.  

- Tu as quoi ?, s’étonna-t-elle, s’écartant de lui, incrédule.  

- Ben, je faisais les courses tout à l’heure pour remplir le frigo, quoi… comme d’habitude… Figure-toi qu’il y a des petits pots pour bébé qui ont sauté dans mon sac., lui raconta-t-il.  

- C’est que c’est malicieux ces choses-là…, concourut-elle, ne pouvant rester imperméable à son regard malicieux.  

- Tout à fait… donc si ça se trouve, demain je vais dans un magasin et j’aurai deux lits pour bébé qui vont me sauter dessus et me supplier de les emmener. Tu connais mon grand cœur…, suggéra-t-il, esquissant un sourire.  

- Oui, je le connais., chuchota-t-elle, un regard humide d’émotions débordantes posé sur lui.  

 

Il eut envie de gigoter sous ce regard, un peu mal à l’aise mais aussi réchauffé à l’intérieur.  

 

- Allez, rentre vite et appelle-moi pour me dire ce que tu veux faire., lui ordonna-t-il, désormais plus qu’impatient de savoir s’il allait encore être seul le lendemain soir.  

 

Elle acquiesça et s’éloigna avant de revenir et poser un baiser sur sa joue, un merci chuchoté en accompagnement. Elle repartit presque aussitôt et il la regarda disparaître par les portes coulissantes, espérant qu’il n’aurait pas trop longtemps à attendre.  

 

Même pas une heure après, le téléphone sonna et, dès qu’il raccrocha, il regarda vers l’étage résumant tout ce qu’il pouvait déjà faire le soir même. 

 


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