Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genre de choses reste subjective, donc certains seront plus vite choqués que d'autres. Nous essayons de respecter certaines limites pour les fanfiction ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 90 :: Chapitre 90

Publiée: 06-02-24 - Mise à jour: 06-02-24

Commentaires: Bonsoir, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 90  

 

Le temps s’était mis au diapason du moment, pensa Kaori sombrement, sentant la fine pluie se transformer en véritable averse progressivement. Comme pour le protéger un peu plus, elle serra plus fort Hide contre elle, posant la main sur sa tête qui reposait sur son épaule.  

 

- Maman., murmura Hanae.  

 

Elle se tourna vers sa fille et attrapa ses petits doigts, y posant les lèvres.  

 

- Ca va, chérie ? Tu es bien là ?, lui demanda-t-elle, esquissant un sourire aussi rassurant que possible.  

- Oui., répondit la petite fille, posant la tête de nouveau sur l’épaule de son ange gardien.  

 

Comme elle la comprenait… Elle connaissait les pouvoirs de ces bras-là, leur capacité à protéger et rassurer. Elle aurait aimé être à sa place mais ce n’était pas que les bras. C’était la présence même de Ryô qui exerçait ce pouvoir et rien que le fait qu’il soit là à ses côtés lui faisait déjà un bien fou, l’aider à tenir debout malgré ses jambes qui lui avaient semblé en coton depuis qu’elle s’était réveillée le matin même après une nuit bien trop courte, le sommeil se refusant à elle et, cette fois, ça n’avait rien à voir avec les jumeaux.  

 

Un mouvement la ramena vers la réalité et elle regarda le père de Yoshihide poser l’urne qui contenaient ses cendres dans la stèle qui avait été érigée en sa mémoire.  

 

Quarante-neuf jours, sept semaines… c’était le temps qui s’était écoulé depuis son décès. Cela lui semblait si court et en même avait un arrière-goût d’éternité… C’était étrange, déroutant et si elle n’avait tenu son fils dans ses bras, sentant son petit cœur battre, son souffle chaud contre sa gorge, elle se serait peut-être même demandée si c’était réel. Tant de choses s’étaient passées depuis… ou peut-être si peu au final, elle ne savait dire.  

 

- Kaori…, entendit-elle derrière elle.  

 

Elle jeta un regard à Ryô, la seule voix qui avait su la ramener une nouvelle fois à la réalité alors que ses pensées avaient de nouveau dérivé et se tourna dans la direction qu’il lui signala d’un léger signe de tête. Elle rencontra alors le regard de l’homme qui guidait la cérémonie et semblait attendre. Mais qu’attendait-il exactement ?, se demanda-t-elle, fouillant sa mémoire dans laquelle un grand brouillard régnait.  

 

- Madame Nishihara, vous voulez dire quelques mots ?, lui demanda-t-il, probablement à nouveau.  

 

Ce n’était pas à elle de parler, non ? Si ? Apparemment si. Elle avait écrit quelques lignes mais avec Hide dans les bras, elle ne pouvait pas les sortir de sa poche… si seulement elle avait pensé à y mettre le papier avant de partir, ce dont elle n’était même pas sûre…  

 

- Je… oui., balbutia-t-elle, humectant ses lèvres nerveusement.  

 

Voyant sa tension, Ryô remonta légèrement Hanae sur lui, en profitant pour masquer le léger rapprochement qu’il effectua. Il voyait bien les regards agacés que la belle-mère de sa partenaire lui lançait parfois. Elle avait été vexée lorsque sa petite-fille s’était tournée vers lui dès qu’elle l’avait vu en sortant de la voiture. Peu lui importait, Hanae avait besoin de lui, Kaori avait besoin de lui et il serait là pour elles deux et Hide aussi qui profitait du soutien de sa mère.  

 

- Yoshi… Tu as… Tu as…, commença-t-elle, sentant sa gorge se serrer, lui permettant à peine de respirer.  

 

Elle sentit une larme rouler sur sa joue et prit une profonde inspiration pour se calmer. Sans le vouloir, des flashs de leurs moments à deux lui revinrent et elle s’appuya dessus pour reprendre.  

 

- Si tu savais comme tu m’as agacée quand on s’est rencontrés… Tu t’ingéniais à m’énerver pour que je ne revienne pas. Tu insinuais que je voulais jouer de mes charmes pour me faire une place dans la société alors que je ne voulais que faire mon travail., se souvint-elle.  

- Je ne sais pas combien de temps ça a duré mais les choses ont changé, évolué. Je suis tombée amoureuse de toi sans m’en rendre compte et tu m’as laissé entrer dans ton cœur. Notre mariage aura été court, trop court mais tu me laisses avec de merveilleux souvenirs et nos enfants, le signe le plus évident de l’amour que nous avons partagé. Tu me manques, tu nous manques mais je te promets que, comme tu le veux, nous continuerons à vivre pour toi et avec toi dans nos cœurs. Je t’aime, Yoshihide. Tu resteras à jamais dans nos vies.  

 

Elle sentit ses lèvres trembler, les mordit comme pour le cacher avant de reprendre une profonde inspiration et de poser la joue contre la tête de son fils. Elle sentit une main se poser sur son épaule et se tourna légèrement vers Mick, acquiesçant son soutien avec reconnaissance, avant de revenir vers la stèle et d’entendre les premiers mots de sa belle-mère, mots qui semblèrent se fondre dans le souvenir qui remonta à la surface.  

 

- Regarde maman !, avait crié Hanae alors qu’ils fendaient la foule présente dans le parc.  

 

C’était deux semaines auparavant ou presque. Elle avait rejoint Ryô à l’appartement et ils étaient partis à quatre rejoindre leurs amis dans le jardin public pour pique-niquer. Elle était encore fatiguée mais les enfants avaient dormi plus tard ce matin-là et donc elle aussi. Cette journée leur ferait du bien, elle en avait été certaine et, lorsque Hanae s’était émerveillée devant la pluie de pétales blancs et roses, levant sa petite main en l’air, elle avait souri, simplement souri, appréciant ce moment qui ramenait la chaleur en elle.  

 

Lorsqu’elle avait tourné la tête et vu Hide tout sourire sur les épaules de Ryô qui le tenait fermement par les jambes, son cœur avait raté un battement comme s’il réapprenait à battre au bon rythme et ne savait plus trop où il en était. C’était ça la vie, s’était-elle dit, ses enfants heureux, un sourire qui leur fendait le visage et quelqu’un avec qui partageait ce moment. Elle avait bien ressenti une pointe de tristesse mais le souvenir des mots de Yoshihide, lui enjoignant de vivre pour lui et pour eux, l’avait apaisée.  

 

Ils avaient passé un bon moment, une belle journée tous ensemble. Elle se souvenait des jumeaux louvoyant près de Hime. Elle avait eu peur qu’ils lui fassent mal par manque de prudence, par leurs gestes parfois un peu brusques de jeunes enfants mais ils avaient été d’une douceur extraordinaire avec elle et ça l’avait émue. Immanquablement, elle n’avait pas pu s’empêcher de repenser au souhait de Yoshihide que ses enfants aient des frères et sœurs.  

 

A ses côtés, Ryô attendait avec impatience que la cérémonie se termine. Il ne voulait pas la bâcler par respect pour Yoshihide mais il se demandait si, et peut-être même plus quand, Kaori allait s’effondrer. Elle avait été quasiment absente en esprit pendant tout le déroulement et il s’interrogeait sur le cours de ses pensées, la voyant parfois pleurer, parfois sourire. C’était déroutant alors qu’il pensait qu’elle avait fait face. Avait-il présumé de ses forces ou alors seulement ce moment-ci qui était plus dur que les autres ? Il avait pensé qu’elle avait eu le temps de se préparer à cette séparation maintenant définitive mais était-ce seulement possible ? Il n’arrivait pas à imaginer s’il devait être à sa place, devoir lui dire au revoir pour la dernière fois. Il n’y arrivait pas, son esprit bloquait.  

 

La cérémonie arrivant à sa fin, la stèle fut refermée et les derniers mots furent prononcés. Malgré tout, personne ne bougea pendant quelques minutes jusqu’à ce que Miki s’éloigne avec Hime pour la protéger de la pluie qui tombait de manière diluvienne.  

 

- Hanae, tu veux bien aller avec Kazue ?, demanda Ryô à la petite qui acquiesça, se laissant prendre à bras par la doctoresse.  

 

Forçant son passage entre mère et fils, il attrapa Hide qui vint se serrer contre lui et il l’étreignit brièvement, soucieux de le mettre à l’abri lui aussi.  

 

- Tu vas avec Mick ? J’arrive avec maman., fit-il, confiant l’enfant à son ami.  

 

Heureusement qu’ils étaient tous là et qu’ils pouvaient compter les uns sur les autres, se dit-il, se tournant vers Kaori.  

 

- Kaori., l’appela-t-il.  

- Kaori., insista-t-il, posant une main sur son épaule.  

 

Elle sursauta et se tourna brusquement vers lui, les yeux écarquillés.  

 

Pourquoi pleuvait-il soudain ?, se demanda-t-elle alors que la seconde d’avant, elle sentait les rayons du soleil sur son visage. Le froid avait remplacé la chaleur et elle ne savait distinguer ses larmes de la pluie qui tombait sur ses joues.  

 

- La cérémonie est finie. Viens, il ne faut pas rester là., lui dit-il, prenant son coude.  

 

Elle acquiesça et se laissa entraîner mais ils n’avaient pas fait deux mètres que Monsieur Nishihara les interpela.  

 

- Je… Je ne veux pas vous dire cela devant tout le monde mais demain, nous partons en voyage., leur apprit-il.  

- En voyage ?, fit Kaori, émergeant doucement de sa léthargie.  

- Oui. Nous… Nous avons besoin de… de changer d’air en quelque sorte, de nous éloigner. C’est trop dur de rester à la maison alors qu’il n’est plus là., lui fit-il savoir, soutenant sa femme.  

 

Kaori se sentit vaciller. Seule ? Au manoir ? Avec les enfants ? Non…, pensa-t-elle, sans se rendre compte qu’elle l’avait soufflé tout haut. Une poigne solide la maintint en place.  

 

- Je… Ne vous inquiétez pas, vous pouvez rester là sans souci., lui indiqua son beau-père.  

- On devrait retourner aux voitures., suggéra Ryô, soucieux de la mettre à l’abri autant du temps que de l’anxiété que lui causait la conversation.  

- Oui., acquiesça le vieil homme, luttant visiblement contre la tristesse qui l’étreignait.  

 

Ils se calquèrent sur le même rythme et avancèrent un moment dans le silence jusqu’à atteindre les grilles du cimetière.  

 

- Yoshihide nous a tout expliqué avant… avant de partir., leur rappela soudain Monsieur Nishihara, les faisant s’arrêter.  

- Il nous a dit que vous aviez promis de prendre soin de Kaori et des enfants et que vous devriez déménager, retourner chez toi, Kaori., dit-il, posant un regard affectueux sur sa belle-fille.  

- Il est peut-être temps que tu le fasses. Tu as besoin d’être soutenue et Ryô le fait très bien. Il fait du bien aux enfants aussi., ajouta-t-il.  

- Mais…, firent les deux femmes en chœur, aussi surprises l’une que l’autre.  

- Je sais que tu es fâchée contre elle, Mitsuko. Tu crois qu’ils sont déjà entrain de s’en donner à cœur joie mais il n’en est rien. Il est là pour eux comme il l’a été avec Yoshi et je suis rassuré de savoir que c’est un homme de parole. Et tu sais que Yoshihide ne voulait pas voir ceux qu’il aimait se morfondre à tout jamais. La vie doit reprendre son cours. De plus, je ne serais pas rassuré de savoir notre belle-fille seule avec nos petits-enfants alors qu’elle doit elle-même faire son deuil., opposa-t-il à sa femme d’une manière calme et posée.  

- Je… Je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment pour les enfants…, murmura Kaori, n’osant regarder son partenaire en face.  

 

Elle craignait qu’il pense qu’elle ne voulait plus de lui mais elle craignait de bousculer le fragile équilibre auquel ils étaient parvenus depuis quelques jours. Les enfants redormaient à peu près normalement et s’étaient calmés. Elle pouvait enfin récupérer et retrouver un rythme normal et, s’ils avaient apprécié de se retrouver à l’appartement le soir du pique-nique, qu’ils avaient même passé un très bon moment, déménager ne serait peut-être pas aussi facile pour eux.  

 

- Moi, je ne pense pas qu’attendre plus longtemps soit une bonne chose non plus., lui répondit son beau-père.  

- Qu’en pensez-vous, Ryô ?, l’interrogea-t-il, les surprenant tous deux.  

 

Le nettoyeur fixa son beau-père du regard un moment avant de se tourner vers Kaori, visiblement anxieuse. Instinctivement, il passa un bras autour de ses épaules et esquissa un sourire rassurant.  

 

- Que c’est à elle de décider. Elle n’a que le bonheur des jumeaux en tête et elle sait que la porte lui est ouverte. Elle décidera du moment opportun mais aujourd’hui n’est certainement pas le bon jour pour en parler et statuer., répliqua-t-il posément.  

 

Le couple le regarda un instant, un peu stupéfaits qu’il n’en ait pas profité pour enfoncer le clou, alors que Kaori se détendit légèrement.  

 

- On devrait monter en voiture. Les autres nous attendent., intervint-elle, ayant plus qu’envie de retrouver ses enfants.  

 

Elle se tourna vers la mini mais son cœur sombra en se rappelant qu’elle était venue avec une des berlines de Yoshihide. Elle en fut surprise et déstabilisée et se dit que finalement, ce ne serait peut-être pas plus mal d’être un peu seule avec ses enfants l’espace de quelques minutes. A peine la portière refermée, elle quitta le masque qu’elle avait tenté de porter. Tenté était le bon mot parce qu’elle savait qu’elle avait échoué. Elle se souvenait à peine de la cérémonie. Elle ne se rappelait même pas du moment où l’urne avait été mise dans la stèle. Au départ, c’était elle qui devait le faire mais, lorsque Hide s’était accroché à elle en arrivant dans le cimetière, elle avait demandé à son beau-père de s’en charger. Elle ne voulait pas lâcher son fils qui avait besoin d’elle… autant qu’elle de lui tout comme Hanae avait trouvé refuge auprès de Ryô qui avait aussi été là pour elle d’une certaine manière.  

 

Dans le brouillard qui l’avait entourée, elle avait senti sa présence non loin, la force qui semblait la faire tenir debout. Il avait su la faire sortir de ses pensées au bon moment et elle savait que la vie serait tellement plus facile en vivant à l’appartement plutôt que seule au manoir. Mais était-ce le bon moment pour les deux enfants qui la regardaient en silence ? Elle eut mal au cœur en pensant que c’était la première qu’ils étaient aussi calmes depuis des semaines, comme s’ils sentaient la solennité du moment. Leurs regards semblaient vibrer aux sensations qui les entouraient et elle avait le sentiment qu’ils pouvaient partir en larmes comme s’éclairer de rire sans prévenir selon le message qu’on leur enverrait.  

 

Elle voulait les voir rire. Ils avaient perdu leur père mais elle voulait les voir rire et heureux comme il l’avait souhaité. Il serait toujours trop tôt pour leur parler de celui qui les avait fait venir au monde mais qui était parti avant qu’ils aient l’âge de s’en souvenir, chose qui les ferait certainement souffrir, mais, ce jour-là, elle devait pouvoir leur dire, leur montrer qu’ils avaient fait ce qu’il leur demandait : vivre.  

 

Elle craignait toujours cependant que le changement soit trop brutal pour eux. Quitter leur maison, leur chambre alors que leurs grands-parents ne seraient déjà plus là… Elle s’était toujours dit qu’il ne servait à rien de tergiverser mais, pour le coup, elle se voyait mal simplement faire leurs bagages et les emmenait du jour au lendemain du manoir à l’appartement.  

 

- On pourrait peut-être aller passer la journée chez Ryô demain…, murmura-t-elle, pensant à voix haute inconsciemment.  

- Ryô ? Oui !, firent les enfants visiblement ravis.  

 

Elle releva la tête, stupéfaite, et vit ses deux enfants dont les yeux s’étaient éclairés et brillaient d’une flamme joyeuse.  

 

- Ca vous plairait ?, les interrogea-t-elle.  

- Oui !, crièrent-ils, s’excitant dans leurs sièges-autos.  

 

Elle ne put s’empêcher de sourire à leur joie revenue. Elle n’avait vraiment pas aimé les voir aussi tristes. C’était peut-être ça la solution, se dit-elle finalement. Aller un peu plus souvent à l’appartement, peut-être y rester deux jours d’affilée pour les habituer avant de prolonger le tout et d’en faire quelque chose de définitif. Ce serait une bonne solution pour eux, pensa-t-elle, son estomac se nouant malgré tout.  

 

Le problème des jumeaux réglé, il en restait un autre : elle vis-à-vis de lui. Elle savait ce que Ryô espérait. Après leur séparation, après avoir eu le temps de réfléchir et d’apaiser leur relation, il avait été clair avec elle : il espérait quelque chose entre eux, quelque chose qu’il n’avait pas été capable de lui donner avant : un couple et même une famille avec les jumeaux. Il lui avait dit qu’il attendrait qu’elle soit prête et jusque là, elle n’avait absolument rien à lui reprocher. Ses gestes, ses paroles, rien n’avait été équivoque mais en serait-il de même lorsqu’elle serait de nouveau sous son toit ?  

 

Instinctivement, elle se disait que oui mais une infime part d’elle-même se souvenait de ce jour où la raison avait perdu sa place et où ils avaient dépassé la ligne invisible qui les séparait. Ryô était normalement maîtrise et contrôle et elle plutôt timide et prudente mais, ce jour-là, ils avaient laissé la passion l’emporter et ils l’avaient repayé après. Elle avait peur que ça n’arrive à nouveau. Elle avait peur de se laisser submerger par ses sentiments qu’elle éprouvait depuis bien longtemps, par les émotions violentes qui la traversaient encore depuis sept semaines et qui lui donnaient parfois envie de trouver un subterfuge pour ne plus les ressentir et de fauter, de s’engager dans une relation pour laquelle elle n’était pas prête.  

 

Elle avait encore besoin de temps pour faire son deuil. Malgré ce que semblait en penser sa belle-mère, elle avait aimé Yoshihide comme elle aimait Ryô, entièrement. C’était peut-être difficile à comprendre en partageant des sentiments similaires pour deux hommes mais c’était la stricte vérité. Elle l’avait aimé cœur, corps et âme et la perte qu’elle venait de subir était dure, encore plus que ce qu’elle avait imaginé.  

 

- On est arrivés, Madame., l’avertit le chauffeur.  

- Merci., répondit-elle, tirant sur la veste qu’elle portait.  

 

Comme pour être sûr qu’elle ne resterait pas enfermée dans la voiture, la portière s’ouvrit et Ryô apparut.  

 

- Besoin d’un coup de main pour eux ?, lui demanda-t-il, posant un regard insondable sur elle.  

 

Seul dans la mini, il avait largement eu le temps de cogiter et de se préparer à la suite. Il avait été déçu d’entendre Kaori presque refuser de revenir vivre chez eux mais il n’avait pas voulu insister alors qu’elle était émotionnellement sous le choc. Il pouvait comprendre ses réticences vis-à-vis des enfants. Ils étaient passés par monts et par vaux depuis sept semaines et l’apaisement ne durait que depuis quelques jours. Il sentait néanmoins qu’il y avait autre chose, quelque chose qui les concernait eux et seulement eux.  

 

Dans son idée, c’était le fait qu’elle reviendrait chez eux et que ça remettrait en première ligne, ou dans les premières lignes, l’évolution de leur relation. Il avait d’abord été fâché qu’elle ne lui fasse pas confiance et puisse penser qu’il se jetterait sur elle comme une bête affamée. Il pouvait admettre qu’il crevait d’impatience de commencer leur histoire, de retrouver cette intimité qu’ils avaient eue pendant quelques heures. Il n’était qu’un homme après tout mais, quand même, elle devait savoir depuis le temps qu’il était capable de se maîtriser. Le volant de la mini avait reçu quelques coups de rage mais, après s’être calme, il avait été soulagé d’être seul dans la voiture.  

 

Il n’était qu’un homme, un homme souvent capable d’agir selon sa raison malgré les apparences, mais la seule fois où ils avaient été plus que des partenaires avait été le fruit de la colère et de la jalousie, d’une perte totale de contrôle. Certes, il ne pensait pas que ça arriverait à nouveau mais qui pouvait lui assurer que dans un moment où elle aurait besoin de lui, il ou elle n’essaierait pas de se réfugier derrière un miroir aux alouettes qu’ils regretteraient par la suite et viendrait entacher leur relation. Il pouvait comprendre cette crainte-là mais ils pouvaient certainement trouver un moyen d’en parler et de l’apaiser et c’était dans cette optique qu’il avait approché la berline après s’être garé derrière.  

 

- Je veux bien., acquiesça Kaori, détachant les jumeaux.  

 

Revenus à la vie alors qu’ils étaient de retour au manoir où une collation attendait les personnes qui avaient assisté à la cérémonie, les jumeaux sautèrent de leurs sièges et tentèrent de sauter de la voiture également, retenus par Ryô.  

 

- Doucement, vous deux, on ne court pas, il y a d’autres voitures., leur dit-il, les retenant par la main.  

- Merci. Heureusement que tu as toujours tes réflexes parce que, moi, je marche au ralenti aujourd’hui., plaisanta Kaori faiblement.  

- C’est normal. C’est un jour particulier. Encore un sur le chemin du deuil., lui répondit-il, tendant sa main libre pour l’aider à sortir de la voiture.  

 

Elle n’en avait pas besoin mais elle la prit quand même, appréciant la chaleur de ses doigts autour des siens. Elle regarda autour d’elle et vit que les invités se dirigeaient vers le manoir, sans s’intéresser à eux et elle prit son courage à deux mains.  

 

- Ryô… Je me disais qu’on pourrait peut-être venir te voir demain., commença-t-elle nerveusement.  

- Avec plaisir., apprécia-t-il, un léger sourire aux lèvres.  

- Bien… bien bien… Je… Peut-être qu’on… trouvera le temps de planifier notre emménagement et la phase d’adaptation avant., balbutia-t-elle.  

 

Face au silence qui suivit, elle leva les yeux vers lui, se demandant si elle allait trop vite mais elle ne croisa que son regard chaud et brillant d’une douce flamme… qui ne la laissa pas indifférente. Elle sentit ses craintes remonter mais les étouffa. Ryô était quelqu’un en qui elle pouvait avoir confiance.  

 

- Si on ne le trouve pas, on le prendra., lui répondit-il posément.  

 

Oh oui, demain ils planifieraient leur retour à l’appartement et il accepterait probablement tout ce qu’elle lui demanderait puisqu’elle revenait. 

 


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