Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 108 chapitres

Publiée: 08-05-22

Mise à jour: 25-04-24

 

Commentaires: 94 reviews

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GeneralRomance

 

Résumé: Notre passage sur Terre n'est qu'éphémère... Comment le rendre plus durable ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Laisser une trace" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genre de choses reste subjective, donc certains seront plus vite choqués que d'autres. Nous essayons de respecter certaines limites pour les fanfiction ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Laisser une trace

 

Chapitre 61 :: Chapitre 61

Publiée: 23-08-23 - Mise à jour: 23-08-23

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Je ne sais pas quoi dire aujourd'hui alors j'espère que vous allez bien. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 61  

 

Il était déjà dix heures lorsque Kaori entra dans la chambre de Yoshihide, un plateau en main. Ne le voyant pas se lever, elle l’avait laissé dormir mais l’heure tournant, elle commençait à s’inquiéter, faire la grasse matinée n’étant pas une habitude de son mari. Elle avait alors trouvé une excuse tout à fait plausible pour aller vérifier que tout allait bien.  

 

- Tu es réveillé ?, fit-elle, surprise, le voyant les yeux grand ouvert fixant le plafond.  

 

Comme si elle l’avait surpris alors qu’elle avait frappé à la porte, il la regarda les yeux légèrement écarquillés avant de se reprendre et lui adresser un sourire chaud.  

 

- Oui. J’attendais ça., fit-il d’une voix taquine.  

- Ca, le petit déjeuner au lit ou le fait que je vienne ?, l’interrogea-t-elle d’une voix légère.  

- Le petit déjeuner au lit évidemment !, s’exclama-t-il, s’asseyant dans le lit.  

 

Elle remarqua qu’il se servait beaucoup plus de ses mains que de ses jambes pour se relever mais conserva le sourire malgré tout en posant le plateau à côté de lui.  

 

- Bien, alors bon appétit., fit-elle, se tournant pour repartir.  

- Non, reste !, l’appela-t-il.  

 

Elle ferma les yeux au son de sa voix rieuse mais où perçait une pointe d’appréhension. Elle comprenait pourquoi, elle savait mais, s’il ne lui en parlait pas, elle ne le ferait pas non plus. C’était son droit de vouloir la protéger et elle le laisserait être l’homme de la situation pendant qu’il le pouvait.  

 

- Il va falloir vous décider, Monsieur Nishihara., le sermonna-t-elle faussement, se retournant.  

- Tout ça n’aurait aucune saveur si je ne peux le partager avec la femme que j’aime., lui vendit-il, un sourire aimant aux lèvres.  

- C’est bien dit., murmura-t-elle, émue.  

 

Sans un mot de plus, elle vint s’asseoir à ses côtés et rapprocha le plateau pour qu’il puisse se servir plus aisément.  

 

- Tu as des choses à faire aujourd’hui ?, lui demanda-t-il.  

- Non. Je reste ici., lui apprit-elle.  

- Tu as pourtant encore des cours de préparation, non ? C’est important que tu les fasses., lui rappela-t-il.  

- Je vais les faire. Le prochain a lieu dans deux jours. Tu viendras avec moi ?, le questionna-t-elle.  

 

Il lui adressa un regard sombre avant de se pencher vers elle et caresser son ventre. Elle le sentait tendu et amer par moments et espérait qu’il ne regrettait pas cette expérience qu’il avait sans doute espérée plus paisible, plus intime.  

 

- Si je peux, oui. Tu sais, mes jambes…, commença-t-il avant de s’arrêter.  

- Si je peux, je viendrai., conclut-il.  

- Yoshi… Si tu as quelque chose à me dire… je peux tout entendre, tu sais. Je suis là pour toi. Je ne suis pas que la mère de tes enfants, je suis ta femme aussi., lui rappela-t-elle avec douceur.  

 

Il l’observa un moment et lui sourit avant de caresser sa joue avec tendresse.  

 

- Je le sais et je m’en réjouis chaque jour qui passe. Crois-moi, Kaori, chaque jour., lui affirma-t-il.  

- Moi aussi., lui retourna-t-elle, inclinant un peu plus sa joue contre sa paume.  

 

Quand il l’attira à lui, elle se laissa faire et l’embrassa avec beaucoup de douceur. Cet amour-là n’était peut-être pas empreint de passion mais il était doux et chaud comme le soleil d’été, apaisant aussi.  

 

- Tu veux aller marcher un peu dans le parc quand tu seras levé ?, l’interrogea-t-elle, reprenant sa tasse vide pour ne pas risquer de faire des traces sur les draps blancs.  

 

Elle ne vit pas son regard douloureux qu’il masqua dès qu’elle se tourna de nouveau vers lui.  

 

- On verra cette après-midi. J’ai des exercices à faire d’abord., lui opposa-t-il.  

- Tu veux de l’aide ?, lui proposa-t-elle à la fois pour lui donner un coup de main et passer du temps avec lui.  

- Ne perds pas ton temps avec moi. Je vais déjà me lever et me préparer., lui dit-il avec un sourire pour atténuer le refus.  

- Je n’ai pas le sentiment de perdre mon temps avec toi ! Si tu veux être seul, dis-le-moi simplement, Yoshihide., lui asséna-t-elle, contrariée.  

 

Il n’aima pas son regard sombre et ses traits fermés mais il avait encore moins envie de la voir peinée. C’était ce qui arriverait si elle le voyait se traîner de meuble en meuble jusqu’à la salle de bains. Il aurait bien pu se faciliter la tâche, accepter le déambulateur dans un premier temps, le fauteuil roulant comme le lui avaient conseillé les médecins depuis peu mais il avait encore sa fierté et surtout une femme qu’il voulait protéger. Il ne voulait pas exposer Kaori à l’approche de l’échéance funeste, pas alors qu’elle pouvait accoucher à tout moment et que toute journée gagnée serait d’un grand bénéfice pour leurs enfants. Alors il avait refusé et interdit à quiconque d’en toucher mot à sa femme ou ses parents.  

 

- Kaori… Laisse-moi mon intimité pour me laver. Si j’ai le temps de faire mes exercices, je te ferai appeler, d’accord ?, tempéra-t-il.  

- D’accord… mais n’oublie pas que je n’aurai jamais pitié de toi. Ce n’est pas la raison qui me pousse à te proposer mon aide. J’ai envie d’être avec toi., lui rappela-t-elle.  

- Et moi, j’ai envie de cela aussi mais je sais quels risques je peux te faire courir. Si je te tombais dessus… Non, pas maintenant. Je ne veux pas que ça arrive., lui opposa-t-il, la gorge serrée.  

- Je comprends. Je vais te laisser. Je repasserai ou tu m’appelles quand tu veux me voir., lui dit-elle avant de se retirer.  

- Tout le temps, ma Kaori. Je voudrais te voir tout le temps, pouvoir te tenir contre moi pour dormir, te faire l’amour, te tenir la main quand nous nous promenons. Il y a tant de choses que je voudrais faire avec toi…, murmura-t-il, le cœur lourd.  

 

Il contempla ainsi la porte de sa chambre rêvant à certains voyages qu’il aurait aimé faire avec elle, à certaines activités aussi comme nager avec elle ou encore mieux danser comme ils ne l’avaient plus fait depuis leur mariage, juste là dans le salon au gré d’une musique prise au hasard… Alors oui, il se réjouissait de chaque jour qu’il avait avec elle mais parfois il avait cette saveur douce-amère en bouche quand il pensait à ce qu’il ne pouvait et ne pourrait avoir avec elle.  

 

Dans la cuisine, Kaori reposa le plateau et le débarrassa. Ignorant le lave-vaisselle pourtant présent juste à ses côtés, elle lava la tasse et les quelques couverts à la main avant de nettoyer tout le plan de travail, chose bien inutile puisque la cuisinière l’avait déjà fait. C’était l’un des inconvénients d’avoir une maison avec des personnes pour les aider. Quand elle avait besoin de se défouler pour oublier, elle ne trouvait rien à laver ou récurer. Peut-être… Peut-être devrait-elle demander qu’ils lui laissent au moins une pièce sale et, quand elle aurait passé ses nerfs, une autre… C’était peut-être une bonne idée si tant est qu’ils accepteraient de faire défaut à leurs tâches… ce qui était peu probable.  

 

Elle poussa un long soupir et ressortit de la pièce, se sentant désoeuvrée. Elle aurait aimé sortir, aller voir Miki ou se balader au parc public mais la dernière expérience l’avait échaudée. Elle n’avait pas le droit d’en faire à sa tête sans penser au reste. Elle ne pouvait pas risquer sa vie impunément, encore moins celle de ses enfants et des personnes qui les entouraient.  

 

Passant devant la bibliothèque, elle s’arrêta et y pénétra. Avec tous ces livres, elle trouverait bien de quoi s’occuper. Les remettre par ordre alphabétique lui prendrait un temps certain et un sourire illumina ses traits. Oh oui, ça lui ferait du bien de penser à autre chose et trier les ouvrages, les remettre à leur place lui permettraient de remettre aussi à leur place ses idées, à accepter les décisions de son mari, ses cachotteries.  

 

Elle se dirigea donc vers les étagères et observa les titres et les auteurs… et déchanta rapidement. Tout était nickel, dans l’ordre. Alors les employés n’avaient pas non plus négligé ce point-là… Elle pourrait faire remarquer à Yoshihide à quel point ils étaient performants… quoiqu’il devait déjà le savoir. Un instant, agacée, elle faillit défaire tous les rayonnages, rien que pour pouvoir les remettre après mais l’idée la quitta aussitôt. Cela aurait supposé de les porter, parce qu’elle ne les aurait quand même pas vulgairement jetés à terre rien que pour le fait qu’elle n’aurait pas su se baisser pour les ramasser mais aussi parce qu’elle ne voulait pas les abîmer, et elle doutait que la nouvelle aurait plu à son mari, si Ryô n’était pas passé entre temps pour l’enguirlander.  

 

C’était qu’il était plutôt protecteur, son partenaire, et bien au-delà du rôle de garde du corps qui lui avait été confié. Il n’avait l’air de rien, comme toujours, pensa-t-elle, il faisait ses coups en douce, glisser une petite phrase par ci, un geste par là, mais il était là et l’entourait. Comme le carré de chocolat qu’il lui avait donné la veille au soir, en ayant pris deux et s’étant soi-disant fait piquer alors qu’il s’était pointé sciemment dans le salon où elle lisait. Il n’était pas reparti comme un voleur. Il était resté là non loin à observer je-ne-sais-quoi mais dans la même pièce qu’elle.  

 

- Il n’y a pas un livre pour comprendre les hommes ou les relations triangulaires ?, se demanda-t-elle, parcourant les ouvrages.  

- Hide-Saeko-Ryô, Saeko-Ryô-moi, Ryô-moi-Mick, Ryô-moi-Yoshihide… Je n’en demandais pas tant. Un seul m’aurait suffi., pensa-t-elle.  

- Mais jamais non plus je n’aurais pensé pouvoir tomber amoureuse de deux hommes en même temps., soupira-t-elle, sentant un mal de crâne poindre.  

 

Avec lui, arrivèrent la fatigue et le mal de dos et elle s’appuya sur le dossier d’un fauteuil. Songeuse, elle posa les mains sur son ventre qui lui semblait énorme, chose à la fois merveilleuse et surprenante, et le caressa.  

 

- J’espère que votre vie sera plus simple. J’espère que vous n’aurez pas à affronter trop de malheurs., murmura-t-elle.  

- Kaori ? Ca va ?, entendit-elle Ryô l’appeler derrière elle.  

 

Protecteur, pensa-t-elle, baissant les yeux et, comme si elle n’avait plus à porter un masque ou une armure, elle sentit sa gorge se nouer et hocha la tête à défaut de pouvoir parler.  

 

- Tu envisages de refaire la bibliothèque ?, la taquina-t-il, approchant d’elle.  

- Yoshihide ne saura bientôt plus marcher., répondit-elle, ôtant ce poids de son cœur.  

- Il te l’a dit alors…, fit-il, soulagé.  

- Il ne m’a rien dit… mais tu le savais ?, s’étonna-t-elle, se tournant vers lui.  

- Oui. Il ne voulait pas t’inquiéter. Comment tu as su ?, la questionna-t-il.  

- Je l’ai vu. Il dit qu’il a mal aux jambes mais il ne montre pas de signe de douleurs particuliers. Je sais qu’il ne cherche pas à me fuir alors c’est qu’il y a autre chose et je me suis rappelée toutes ces fois où il trébuchait et la manière dont il a perdu les sensations dans la première zone touchée., répondit-elle.  

- Toujours aussi fine…, admira-t-il.  

- Que t’a-t-il dit ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle fixa de nouveau l’étagère, cambrant quelques fois le dos, et il glissa une main sur ses reins pour la masser. Pendant quelques instants, aucun mot ne fut échangé puis Kaori soupira.  

 

- Il n’a rien dit… parce que je ne lui en ai pas parlé. Il a sa fierté et, que j’aime ça ou non, il veut me protéger. Je dois le laisser faire, non ?, fit-elle, l’interrogeant du regard.  

- Si tu peux le supporter, oui., lui conseilla-t-il.  

- Tu as souvent su trouver le juste milieu, Kaori. Tu le trouveras là aussi., lui assura-t-il.  

- J’espère., soupira-t-elle, caressant son ventre, pensive.  

- Ils bougent encore ?, l’interrogea Ryô, faisant un petit signe de menton vers les bébés.  

- Plus beaucoup. Tu veux… les sentir ?, lui proposa-t-elle, se sentant rosir.  

- Non, tu sais très bien que…, commença-t-il par objecter.  

- Oh ! Arrête ton numéro du nettoyeur qui déteste les enfants, Ryô Saeba ! Tu sais comme moi que c’est du chiqué., le coupa-t-elle abruptement.  

 

Contrairement à ce qu’elle pensait, il ne protesta pas mais se mit à rire légèrement… ce qui la fit sourire à son tour.  

 

- Ok. J’aimerais bien, oui., admit-il.  

 

Elle lui tendit la main et il y posa la sienne qu’elle plaça sur l’arrondi. Il sentit de nouveau cette masse beaucoup plus ferme qu’avant, les bébés ayant pris possession de l’espace en poussant les murs.  

 

- Tu te sens comment ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle leva les yeux vers lui, un peu surprise par cette question directe, et lut l’intérêt dans son regard.  

 

- Pas trop mal. Un peu lourde et gauche mais sinon ça va., fit-elle, ne voulant pas s’appesantir sur les petits maux.  

- A part le mal de dos, le fait de ne plus voir tes pieds même s’ils gonflent, ne plus pouvoir te pencher ou baisser ou soulever une massue et, j’allais oublier, ne pas trouver de bonne position pour dormir ?, énuméra-t-il, malicieux.  

- Tu m’espionnes ou quoi ?, lui retourna-t-elle, suspicieuse.  

- J’ai l’ouïe fine, n’oublie pas, et un regard de lynx., lui rappela-t-il.  

- Et des doigts de fée., admit-elle, son mal de dos disparaissant.  

- Ravi qu’ils te soient utiles., lâcha-t-il.  

 

Et elle préféra de loin cela à une ânerie sur le nombre incalculable de filles qui en avaient déjà profité et qui ne s’en étaient pas plaintes, nombre de filles dont elle avait fait partie, pensa-t-elle sombrement.  

 

- A quoi tu penses ?, l’interrogea-t-il.  

- A… rien. Merci pour ce que tu fais. Merci d’être là. Ca me fait beaucoup de bien., lui dit-elle, s’écartant de lui pour aller s’asseoir dans le fauteuil.  

 

Elle devait s’éloigner parce que l’amertume côtoyait des souvenirs encore bien vivaces dans son esprit et pour cause c’était sa première et seule expérience complète avec un homme. Yoshi lui avait apporté du plaisir mais Ryô… il l’avait embrasée… avant de la refroidir.  

 

- Pour un rien, ça semble te remuer beaucoup., fit-il remarquer, se contentant de se tourner vers elle sans s’approcher.  

- Je n’ai pas envie d’en parler, Ryô., lui opposa-t-elle.  

- Tu crois que je devrais lui commander un fauteuil roulant ?, embraya-t-elle pour faire diversion.  

- Ce ne serait pas plutôt à lui de le faire ?, accepta-t-il le changement de sujet.  

- Il ne le fera pas, pas avant que j’ai accouché au moins. Je ne veux pas qu’il se retrouve incapable de se mouvoir seul du jour au lendemain et tu sais comme moi que sa maladie peut faire des poussées fulgurantes. Je n’imagine même pas la frustration qu’il pourrait ressentir si on devait le porter pour se déplacer. Il se sentirait à la même place que les bébés alors qu’il ne devrait pas. Il devrait être là pour les porter et les balader., soupira-t-elle.  

- Je déteste le fait qu’il ne m’en parle pas. Je déteste le fait qu’il veuille me protéger. C’est comme s’il n’acceptait pas que je puisse le voir comme un homme normal, comme s’il n’avait pas confiance en moi pour ne pas avoir pitié de lui.  

 

Contrariée, elle tira sèchement sur les bords du coussin près d’elle pour en chasser les plis comme si ça pouvait la soulager.  

 

- Moi aussi, tu me détestais ?, l’interrogea-t-il, songeur.  

 

Ces mots avaient résonné étrangement en lui, pas pour les mêmes raisons, mais ça lui parlait et forcément il se posait des questions.  

 

- Te détester ? Pourquoi ?, lui retourna-t-elle, fronçant les sourcils.  

- Parce que ce que tu ressens face à ses silences, ça devait un peu ressembler face aux miens., expliqua-t-il.  

 

Il avait besoin qu’elle lui réponde par l’affirmative. Il ne savait pas pourquoi mais il en avait besoin. Peut-être simplement pour s’assurer qu’elle l’avait aimé comme elle aimait Yoshi, être sûr de ses sentiments, que les choses n’avaient pas vraiment changé entre eux, qu’il n’avait pas vendu leur relation au diable et finalement tout perdu.  

 

- Je ne t’ai pas détesté… comme je ne déteste pas Yoshi. Ce sont vos silences que je hais, qui me font mal… mais je les comprends aussi. C’est dur de ne pas savoir quelle est la juste réponse à vous apporter dans ces cas-là., murmura-t-elle.  

- Il n’y a pas de bonne réponse., lui fit-il savoir.  

- Je ne comprends pas., lui avoua-t-elle, perplexe et désemparée.  

 

Rassuré sur ces sentiments, sur sa place, il vint s’asseoir à ses côtés et, après un moment d’hésitation, passa un bras autour de ses épaules, l’attirant contre lui.  

 

- Tu pourras dire n’importe quoi, lui assurer de la manière la plus flagrante que tu le vois comme un homme normal, il ne le comprendra pas., lui expliqua-t-il.  

- Mais pourquoi ? Qu’est-ce que je dois faire ?, lui demanda-t-elle, levant un regard intense vers lui.  

 

Elle était inquiète de ne rien pouvoir faire pour son mari mais lui était aussi reconnaissante de ce qu’il faisait, de ce qu’il allait peut-être lui confier. Pour une fois, Ryô semblait enclin à lui parler de son ressenti et c’était si rare qu’elle l’appréciait à sa juste valeur.  

 

- Parce que tu sais ce qu’on dit, il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre., répondit-il.  

- Mais pourquoi ? C’est la vérité, la stricte vérité., insista-t-elle.  

- Pour toi, à tes yeux. Mais à nos yeux, ce n’est pas le cas. Il ne peut pas oublier ce qui le ronge, ce qui l’empêche d’être pleinement ton mari et de le rester… « Jusqu’à ce que la mort vous sépare », normalement, on ne sait pas quand ça arrive, on sait juste que normalement, ça doit arriver tard mais pas dans votre cas., lui opposa-t-il doucement.  

 

Elle garda le silence un moment, comprenant où il voulait en venir, le point de vue de Yoshi. Elle n’avait jamais occulté le fait qu’il était malade, qu’il devait mourir mais elle n’avait pas voulu penser que ça pouvait intervenir dans ce contexte… Elle avait eu confiance en lui pour qu’il ait confiance en elle. Elle savait cependant que Ryô ne pourrait répondre à cela. Elle devrait voir avec Yoshi… si c’était la meilleure chose à faire, ce dont elle n’était pas sûre.  

 

- Et toi, qu’est-ce qui te rongeait ?, lui demanda-t-elle d’une voix douce.  

- Moi ?, répéta-t-il.  

- Oui, toi. Tu as dit « à nos yeux »., explicita-t-elle.  

- Tu aurais pu faire comme si tu n’avais pas entendu., ironisa-t-il.  

- Me concernant… Difficile de se voir comme un homme normal après ce que j’ai vécu, en sachant ce que j’ai fait et ce que je ne serai jamais., répondit-il malgré tout.  

- Mais on a tous le droit de changer, d’avoir une deuxième chance. Ce qui t’est arrivé, ce n’était pas de ta faute… Et puis regarde ce que tu fais maintenant., plaida-t-elle.  

 

Elle le sentit rire contre elle et le frappa sur l’épaule, un peu vexée.  

 

- Pas de violence contre un ami qui se confie., lui asséna-t-il, moqueur.  

- Alors pourquoi tu te moques de moi ?, lui demanda-t-elle.  

- Parce que tu essaies encore de me convaincre. Je ne serai jamais un homme normal, Kaori, mais je commence à intégrer que je peux en approcher. Et si tu demandes pourquoi je ne pourrais pas l’être totalement, rappelle-toi que je n’ai pas d’existence légale. Tu n’y pourras rien et moi non plus mais je peux vivre avec et me sentir à peu près normal., lui offrit-il.  

- On pourrait faire des recherches. On pourrait essayer et…, lui proposa-t-elle, sentant l’excitation revenir.  

 

Il posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire en douceur et plongea dans son regard surpris et interrogateur.  

 

- Non. Je ne veux pas, Kaori. Je… Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Comprends-moi bien, une existence légale, ce serait le rêve pour pouvoir… certaines choses., se reprit-il, ne voulant pas la bousculer avec des idées de mariage alors qu’elle l’était encore.  

- Mais je risquerais de me faire rattraper par la justice.  

- Mais tu pourrais rencontrer ta famille., lui opposa-t-elle.  

- Ma famille…  

 

Elle le vit fixer un point dans le vide et réfléchir. Elle attendit patiemment qu’il aille au bout de sa pensée comme elle sentait qu’il allait le faire. Ils avaient une discussion franche et c’était plaisant.  

 

- Ma famille biologique… ça va peut-être te sembler cruel mais je ne ressens aucun lien particulier à son égard et je ne suis pas sûr qu’il y aurait grand sens à renouer le contact maintenant. Nos mondes seraient trop différents. Ma famille est ailleurs. Elle est dans mes bras à l’heure actuelle., lui confia-t-il.  

- Ryô…, souffla-t-elle, émue, les larmes aux yeux.  

- Toi, les enfants. Ce n’est pas ma place pour le moment mais sache que je ne veux pas d’une simple colocation à l’avenir., lui avoua-t-il.  

 

C’était sorti tout seul, comme si le moment était venu de lui confier ses espoirs futurs, de remettre peut-être un peu de lumière dans cet avenir sombre et ce présent beaucoup moins lumineux qu’il l’avait espéré pour elle.  

 

- Je… Je ne…, commença-t-elle.  

- Ne dis rien parce que je sais que le moment n’est pas le bon pour toi. Je voulais juste que tu le saches et aussi que je respecte le couple que tu formes avec Yoshi, la famille que vous formerez à quatre., lui affirma-t-il sincèrement.  

- Et aussi que je n’attends pas de toi que tu me sautes dans les bras dès que… enfin tu vois… Tu auras le temps de faire ton deuil et je serai là pour t’accompagner comme un ami., ajouta-t-il pour qu’il n’y ait pas de malaise entre eux.  

 

La gorge nouée, elle acquiesça. C’était un soulagement de l’entendre dire tout cela tout comme ça lui faisait du bien. Le présent était incertain, le futur plus ou moins proche serait dur mais elle avait ce phare qui la guidait d’un lointain rivage et elle s’y accrocherait.  

 

- Merci., finit-elle par murmurer, caressant sa joue avec tendresse, reconnaissante du cadeau qu’il venait de lui faire.  

 

Il esquissa un léger sourire avant de se faire plus sérieux. Il ne résista pas à l’envie qui le prit et l’embrassa avec douceur un bref instant avant de s’écarter et d’attirer son visage dans son cou.  

 

- Je ne recommencerai pas tant que tu seras mariée. Je te le promets. Je… Je voulais juste effacer ce rien qui te touche encore beaucoup., murmura-t-il contre son oreille.  

- Je sais à quoi tu pensais et je voudrais pouvoir revenir en arrière et ne pas être le connard qui t’a fait souffrir ce jour-là mais je ne le peux pas. Ce n’était pas de ta faute. C’était la mienne. Une conséquence de ma surdité sélective. Si j’avais été honnête avec moi-même, je n’aurais jamais quitté ce lit., lui confia-t-il.  

- Pour Yoshi, je ne sais pas ce que tu pourrais lui dire mais tu as peut-être raison de vouloir prévoir l’arrivée soudaine de son hémiplégie. Si ça peut te rassurer, il comprendra le moment venu, il pourra l’accepter., lui dit-il.  

 

Chamboulée par tout ce qu’ils venaient de se dire et ce qui s’était passé, Kaori eut juste la force de hocher la tête contre lui. Elle resta dans ses bras malgré le baiser qu’il lui avait donné parce qu’elle avait confiance en lui et que ses gestes subséquents ne prêtaient pas à confusion. Sa main entourait son épaule et la tenait contre lui mais il ne la caressait pas du pouce. Elle ne ressentait aucune tension particulière entre eux et se souvenait de ces autres moments qu’ils avaient pu passer ainsi, proches l’un de l’autre comme les deux amis qu’ils savaient être l’un pour l’autre.  

 

Ca faisait du bien de pouvoir se poser et calmer les choses. Ca faisait du bien de pouvoir se reposer sur quelqu’un de confiance. Elle sourit, rit presque, en pensant que finalement ce n’était pas toujours une mauvaise chose d’avoir deux hommes pour soi… Elle se reprit mais se dit que ce triangle-là avait ses bons comme ses mauvais côtés et que tout dépendait de la façon dont ils géraient les choses… et ils ne se débrouillaient pas si mal au final. 

 


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